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33.

Que la terre

tée en rond

centre, et la

lune autour

de la terre.

ficie, et emploient vingt-six jours à y faire leur tour. Pensons, outre cela, que dans ce grand tourbillon est aussi por- qui compose un ciel, duquel le soleil est le centre, autour de son il y en a d'autres plus petits qu'on peut comparer à ceux qu'on voit quelquefois dans le tournant des rivières, où ils suivent tous ensemble le cours du plus grand qui les contient, et se meuvent du même côté qu'il se meut; et que l'un de ces tourbillons a upiter en son centre, lequel fait mouvoir avec lui les autres quatre planètes qui font leur circuit autour de cet astre d'une vitesse tellement proportionnée que la plus éloignée des quatre achève le sien à peu près en seize jours, celle qui la suit en sept, la troisième en quatre-vingt-cinq heures, et la plus proche du centre en quarante-deux, et qu'elles tournent ainsi plusieurs fois autour de lui pendant qu'il décrit un grand cercle autour du soleil; et que tout de même le tourbillon dont la terre est le centre fait mouvoir la lune autour de la terre en l'espace d'un mois, et la terre même sur son essieu en l'espace de vingt-quatre heures, et que dans le temps que la lune et la terre parcourent ce grand cercle qui leur est commun et qui fait l'année, la terre tourne environ trois cent soixantecinq fois sur son essieu, et la lune environ douze fois autour de la terre.

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Enfin, nous devons penser que les centres des vements des planètes ne sont point tous exactement en un même

Que les mou

pas parfaite

laires.

plan, et que les cercles qu'elles décrivent ne sont cieux ne sont point parfaitement ronds, mais qu'il s'en faut tou- ment circujours quelque peu que cela ne soit exact, et même que le temps y apporte sans cesse du changement, ainsi que nous voyons arriver en tous les autres effets de la nature.

De façon que si cette figure nous représente le plan dans lequel est le cercle que le centre de la terre décrit chaque année, lequel on nomme le plan de l'écliptique, on doit penser que chacune des autres planètes fait son cours dans un autre plan quelque peu incliné sur celui-ci, et qui le coupe par une ligne qui ne passe pas loin du centre du soleil, et que les diverses inclinations de ces plans sont déterminées par le moyen des étoiles fixes. Par exemple, le plan dans lequel est maintenant la route de Saturne coupe l'écliptique vis-à-vis des signes de l'écrevisse et du capricorne, et est incliné vers le nord vis-à-vis de la balance, et vers le sud vis-à-vis du belier, et l'angle qu'il fait avec le plan de l'écliptique, en s'inclinant de la sorte, est environ de deux degrés et demi. De même, les autres planètes font leur cours en des plans qui coupent celui de l'écliptique en d'autres endroits; mais l'inclination est moindre en ceux de Jupiter et de Mars qu'elle n'est en celui de Saturne; elle est environ d'un degré plus grande en celui de Vénus, et elle est beaucoup plus grande en celui de Mercure, où

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Que toutes les planètes ne sont pas tou

jours en uu même plan.

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toujours éga

gnée d'un

même centre.

elle est presque de sept degrés. De plus, les taches qui paroissent sur la superficie du soleil y font aussi leurs cours en des plans inclinés à celui de l'écliptique de sept degrés ou davantage, au moins si les observations du P. Scheiner sont vraies; et il les a faites avec tant de soin qu'il ne semble pas qu'on en doive désirer d'autres que les siennes sur cette matière. La lune aussi fait son cours autour de la terre dans un plan incliné de cinq degrés sur celui de l'écliptique; et enfin la terre même est portée autour de son centre suivant le plan de l'équateur, lequel elle transfère partout avec soi, et qui est écarté de vingt-trois degrés et demi de celui de l'écliptique. Or on nommé la latitude des planètes la quantité des degrés qui se comptent ainsi entre l'écliptique et les endroits de leurs plans ou elles se

trouvent.

Mais le circuit qu'elles font autour du soleil se Et que chacune n'est pas nomme leur longitude, en laquelle il y a aussi de lement éloi l'irrégularité, en ce que, n'étant pas toujours à même distance du soleil, elles ne semblent pas se mouvoir toujours à son égard de même vitesse. Car, au siècle où nous sommes, Saturne est plus éloigné du soleil, lorsqu'il est au signe du sagittaire que lorsqu'il est au signe des gémeaux, d'environ la vingtième partie de la distance qui est entre eux; et lorsque Jupiter est en la balance, il en est plus éloigné que lorsqu'il est au belier; et ainsi les autres

planètes se trouvent en des lieux différents, et ne sont pas vis-à-vis des mêmes signes, lorsqu'elles sont aux endroits où elles s'approchent ou s'éloignent le plus du soleil. Mais après quelques siècles toutes ces choses seront autrement disposées qu'elles ne sont à présent, et ceux qui seront alors pourront remarquer que les planètes, et la terre aussi, couperont le plan où est maintenant l'écliptique en des lieux différents de ceux où elles le coupent à présent, et qu'elles s'en écarteront un peu plus ou moins, et ne seront pas vis-à-vis des mêmes signes où elles se trouvent maintenant, lorsqu'elles sont plus ou moins éloignées du soleil.

Ensuite de quoi il n'est pas besoin que j'explique comment on peut entendre par cette hypothèse que se font les jours et les nuits, les étés et les hivers, le croissant et le décours de la lune, les éclipses, les stations et rétrogradations des planètes, l'avancement des équinoxes, la variation qu'on remarque en l'obliquité de l'écliptique, et choses semblables; car il n'y a rien en cela qui ne soit facile à ceux qui sont un peu versés en l'astronomie.

Mais je dirai encore ici en peú de mots comment par l'hypothèse de Tycho, qui est reçue communément par ceux qui rejettent celle de Copernic, on attribue plus de mouvement à la terre que par l'autre. Premièrement, il faut que, pendant que la terre, selon l'opinion de Tycho, demeure immobile,

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le ciel avec les étoiles tourne autour d'elle chaque jour; ce qu'on ne sauroit entendre sans concevoir aussi que toutes les parties de la terre sont séparées de toutes les parties du ciel qu'elles touchoient auparavant, et que de moment en moment elles en touchent d'autres; et parceque cette séparation est réciproque, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, et qu'il faut qu'il y ait autant de force ou d'action en la terre comme au ciel, je ne vois rien qui nous oblige à croire que le ciel soit plutôt mû que la terre; au contraire, nous avons bien plus de raison d'attribuer ce mouvement à la terre, parceque la séparation se fait en toute sa superficie, et non pas de même en toute la superficie du ciel, mais seulement en la concave qui touche la terre et qui est extrêmement petite à comparaison de la convexe. Et n'importe qu'ils disent que, selon leur opinion, la superficie convexe du ciel étoilé est aussi bien séparée du ciel qui l'environne, à savoir du cristallin ou de l'empyrée, comme la superficie concave du même ciel l'est de la terre, et que pour cela ils attribuent le mouvement au ciel plutôt qu'à la terre; car ils n'ont aucune preuve qui fasse paroître cette séparation de toute la superficie convexe du ciel étoilé d'avec l'autre ciel qui l'environne, mais ils la feignent à plaisir : et ainsi, par leur hypothèse, la raison pour laquelle on doit attribuer le mouvement au ciel et le repos à la terre est ima

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