Page images
PDF
EPUB

ronné de tous côtés de la liqueur FD sans se mouvoir, est maintenant poussé assez lentement par quelque force extérieure, à savoir par celle de ma main, nous ne devons pas croire qu'il se meuve avec plus de vitesse qu'il n'en a reçu de ma main, parcequ'il n'y a que la seule impulsion qu'il a reçue de ma main qui soit cause de ce qu'il se meut; et bien que les parties du corps fluide se meuvent peut-être beaucoup plus vite, nous ne devons pas croire qu'elles soient déterminées à des mouvements circulaires, tels que aeioa et ayuoa, ou autres semblables qui aient plus de vitesse que la force qui pousse le corps B, mais seulement qu'elles emploient l'agitation qu'elles ont de reste à se mouvoir en plusieurs autres façons.

61.

Qu'un corps meut tout en

fluide qui se

tier vers quel

que côté em

porte nécessairement avec soi tous

Or il est aisé de connoître, par ce qui vient d'être démontré, qu'un corps dur qui est en repos entre les petites parties d'un corps fluide qui l'environne de tous côtés est également balancé; en sorte que la moindre petite force le peut pousser de côté et d'autre, nonobstant qu'on le suppose fort grand, les corps durs soit que cette force lui vienne de quelque cause qu'il contient extérieure, ou qu'elle consiste en ce que tout le corps fluide qui l'environne prend son cours vers un certain côté, de même que les rivières coulent vers la mer, et l'air vers le couchant lorsque les vents d'orient soufflent: car en ce cas il faut que le corps dur qui est environné de tous côtés de cette

ou environne.

62. Qu'on ne

peut pas dire

proprement

qu'un corps

dur se meut

lorsqu'il est

par un corps fluide.

liqueur soit emporté avec elle; et la quatrième règle, suivant laquelle il a été dit ci-dessus qu'un corps qui est en repos ne peut être mû par un plus petit, bien que ce plus petit se meuve extrêmement vite, ne répugne en aucune façon à cela.

Et même si nous prenons garde à la vraie nature du mouvement, qui n'est proprement que le transport du corps qui se meut du voisinage de quelques autres corps qui le touchent, et que ce ainsi emporté transport est réciproque dans les corps qui se touchent l'un l'autre, encore que nous n'ayons pas coutume de dire qu'ils se meuvent tous deux, nous saurons néanmoins qu'il n'est pas si vrai de dire qu'uncorps dur se meut lorsque, étant environné de tous côtés d'une liqueur, il obéit à son cours, que s'il avoit tant de force pour lui résister qu'il pût s'empêcher d'être emporté par elle, car il s'éloigne beaucoup moins des parties qui l'environnent lorsqu'il suit le cours de cette liqueur que lorsqu'il ne le suit point.

63.

D'où vient

qu'il y a des

corps si durs

qu'ils ne peu

vent être divi

Après avoir montré que la facilité que nous avons quelquefois à mouvoir de fort grands corps, lorsqu'ils flottent ou sont suspendus en quelque liqueur, ne répugne point à la quatrième règle cimains, bien dessus expliquée, il faut aussi que je montre comment la difficulté que nous avons à en rompre d'autres qui sont assez petits se peut accorderavec

sés par nos

qu'ils soient

plus petits

qu'elles.

la cinquième. Car, s'il est vrai que les parties des corps durs ne soient jointes ensemble par aucun ciment, et qu'il n'y ait rien du tout qui empêche leur séparation, sinon qu'elles sont en repos les unes contre les autres, ainsi qu'il a été tantôt dit, et qu'il soit vrai aussi qu'un corps qui se meut, quoique lentement, a toujours assez de force pour en mouvoir un autre plus petit qui est en repos, ainsi qu'enseigne cette cinquième règle, on peut demander pourquoi nous ne pouvons avec la seule force de nos mains rompre un clou ou un autre morceau de fer qui est plus petit qu'elles ; d'autant que chacune des moitiés de ce clou peut être prise pour un corps qui est en repos contre son autre moitié, et qui doit ce semble en pouvoir être séparé par la force de nos mains, puisqu'il n'est pas si grand qu'elles, et que la nature du mouvement consiste en ce que le corps qu'on dit se mouvoir est séparé des autres corps qui le touchent. Mais il faut remarquer que nos mains sont fort molles, c'est-à-dire qu'elles participent davantage de la nature des corps liquides que des corps durs; ce qui est cause que toutes les parties dont elles sont composées n'agissent pas ensemble contre le corps que nous voulons séparer, et qu'il n'y a que celles qui, en le touchant, s'appuient conjointement sur lui. Car, comme la moitié d'un clou peut être prise pour un corps, à cause qu'on la peut

64.

Que je ne re

séparer de son autre moitié, de même la partie de notre main qui touche cette moitié de clou, et qui est beaucoup plus petite que la main entière, peut être prise pour un autre corps, à cause qu'elle peut être séparée des autres parties qui composent cette main; et parcequ'elle peut être séparée plus aisément du reste de la main qu'une partie de clou du reste du clou, et que nous sentons de la douleur lorsqu'une telle séparation arrive aux parties de notre corps, nous ne saurions rompre un clou avec nos mains: mais si nous prenons un marteau, ou une lime, ou des ciseaux, ou quelque autre tel instrument, et nous en servons en telle sorte que nous appliquions la force de notre main contre la partie du corps que nous voulons diviser, qui doit être plus petite que la partie de l'instrument que nous appliquons contre elle, nous pourrons venir à bout de la dureté de ce corps, bien qu'elle soit fort grande.

Je n'ajoute rien ici touchant les figures, ni comçois point de ment de leurs diversités infinies il arrive dans les mouvements des diversités innombrables, d'autant ne soient aus- que ces choses pourront être assez entendues d'elles

principes en

physique qui

si recus

en mathéma- mêmes lorsqu'il sera temps d'en parler, et que je

tique, afin de

monstration

pouvoir prou- suppose que ceux qui liront mes écrits savent les ver par dé- éléments de la géométrie, ou pour le moins qu'ils ont l'esprit propre à comprendre les démonstrations de mathématique. Car j'avoue franchement

tout ce que

j'en déduirai, et que ces

fisent, d'au

les phénomè

être expliqués

par leur moyen.

ici que je ne connois point d'autre matière des principes sufchoses corporelles que celle qui peut être divisée, tant que tous figurée et mue en toutes sortes de façons, c'est-à- nes de la nadire celle que les géomètres nomment la quantité ture peuvent et qu'ils prennent pour l'objet de leurs démonstrations; et que je ne considère en cette matière que ses divisions, ses figures et ses mouvements; et enfin que touchant cela je ne veux rien recevoir pour vrai, sinon ce qui en sera déduit avec tant d'évidence qu'il pourra tenir lieu d'une démonstration mathématique. Et, d'autant que par ce moyen on peut rendre raison de tous les phénomènes de la nature, comme on pourra voir par ce qui suit, je ne pense pas qu'on doive recevoir d'autres principes en physique, ni même qu'on en doive souhaiter d'autres que ceux qui sont ici expliqués.

[ocr errors]
« PreviousContinue »