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Par exemple', si, en même temps que la ligne AB tombe sur CD, on fait avancer son point A vers B, la ligne AD, qui sera décrite par le point A, ne dépendra pas moins des deux mouvements de A vers B et de AB sur CD, qui sont droits, que la ligne courbe qui est décrite par chaque point de la roue dépend du mouvement droit et du circulaire. Et, bien qu'il soit utile de distinguer quelquefois un mouvement en plusieurs parties, afin d'en avoir une connoissance plus distincte, néanmoins, absolument parlant, nous n'en devons jamais compter plus d'un en chaque corps.

Après ce qui a été démontré ci-dessus, à savoir que tous les lieux sont pleins de corps, et que chaque partie de la matière est tellement proportionnée à la grandeur du lieu qu'elle occupe, qu'il n'est pas possible qu'elle en remplisse un plus grand, ni qu'elle se resserre en un moindre, ni qu'aucun autre corps y trouve place pendant qu'elle y est, nous devons conclure qu'il faut nécessairement qu'il y ait toujours un cercle de matière ou anneau de corps qui se meuvent ensemble en même temps; en sorte que quand un corps quitte sa place à quelque autre qui le chasse, il entre en celle d'un autre, et cet autre en celle d'une autre, et ainsi de suite jusques au dernier, qui occupe au même instant le lieu délaissé

par

le

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premier. Nous concevons cela sans peine en un cercle parfait, à cause que, sans recourir au vide et à la raréfaction ou condensation, nous voyons' que la partie A de ce cercle peut se mouvoir vers B, pourvu que sa partie B se meuve en même temps vers C, et C vers D, et D vers A. Mais on n'aura pas plus de peine à concevoir cela même en un cercle imparfait et le plus irrégulier qu'on sauroit imaginer, si on prend garde à la façon dont toutes les inégalités des lieux peuvent être compensées par d'autres inégalités qui se trouvent dans le mouvement des parties: en sorte que toute la matière qui est comprise en l'espace EFGH peut se mouvoir circulairement, et sa partie qui est vers E passer vers G, et celle qui est vers G passer en même temps vers E, sans qu'il faille supposer de condensation ou de vide, pourvu que, comme on suppose l'espace G quatre fois plus grand que l'espace E, et deux fois plus grand que les espaces Fet H, on suppose aussi que son mouvement est quatre fois plus vite vers E que vers G, et deux fois plus que vers F ou vers H, et qu'en tous les endroits de ce cercle la vitesse du mouvement compense la petitesse du lieu; car par ce moyen il est aisé de connoître qu'en chaque espace de temps qu'on voudra déterminer il passera tout

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autant de matière dans ce cercle par un endroit
l'autre.
Toutefois, il faut avouer qu'il y a quelque chose

que par

là que

34.

la ma

tière se divise en des parties

innombra

bles.

en ce mouvement que notre esprit conçoit être qu'il suit de vrai, mais que néanmoins il ne sauroit comprendre, à savoir une division de quelques parties de indéfinies et la matière jusques à l'infini, ou bien une division indéfinie, et qui se fait en tant de parties, que nous n'en saurions déterminer de la pensée aucune si petite que nous ne concevions qu'elle est divisée en effet en d'autres plus petites; car il n'est pas possible que la matière qui remplit maintenant l'espace G remplisse successivement tous les espaces qui sont entre G et E, plus petits les uns que les autres, par des degrés qui sont innombrables, si quelqu'une de ses parties ne change sa figure, et ne se divise ainsi qu'il faut pour emplir tout justement les grandeurs de ces espaces qui sont différentes les unes des autres et innombrables: mais, afin que cela soit, il faut que toutes les petites parcelles auxquelles on peut imaginer qu'une telle partie est divisée, lesquelles véritablement sont innombrables, s'éloignent quelque peu les unes des autres; car, si petit que soit cet éloignement, il ne laisse pas d'être une vraie division.

Il faut remarquer que je ne parle pas de toute la matière, mais seulement de quelqu'une de ses parties: car, encore que nous supposions qu'il y a deux

35. Que nous ne devons point

douter que cette division

ne se fasse, encore que

puissions

ou trois parties en l'espace G de la grandeur de nous ne la l'espace E, et qu'il y en a d'autres plus petites en comprendre. plus grand nombre qui demeurent indivises, nous concevons néanmoins qu'elles peuvent se mouvoir toutes circulairement vers E', pourvu qu'il y en ait d'autres mêlées parmi, qui changent leurs figures en tant de façons qu'étant jointes à celles qui ne peuvent changer les leurs si facilement, mais qui vont plus ou moins vite à raison du lieu qu'elles doivent occuper, elles puissent emplir tous les angles et les petits recoins où ces autres, pour être trop grandes, ne sauroient entrer; et, bien que nous n'entendions pas comment se fait cette division indéfinie, nous ne devons point douter qu'elle ne se fasse, parceque nous apercevons qu'elle suit nécessairement de la nature de la matière dont nous avons déjà une connoissance très distincte, et que nous apercevons aussi que cette vérité est du nombre de celles que nous ne saurions comprendre, à cause que notre pensée est finie.

36. Que Dieu est

la première cause du mou

vement et

Après avoir examiné la nature du mouvement, il faut que nous en considérions la cause, et parcequ'elle peut être prise en deux façons, nous qu'il en con- commencerons par la première et plus universelle, qui produit généralement tous les mouveégale quantité en l'univers. ments qui sont au monde; nous considérerons par après l'autre, qui fait que chaque partie de la

serve tou

jours une

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matière en acquiert qu'elle n'avoit pas auparavant. Pour ce qui est de la première, il me semble qu'il est évident qu'il n'y en a point d'autre que Dieu, qui, par sa toute-puissance, a créé la matière avec le mouvement et le repos de ses parties, et qui conserve maintenant en l'univers, par son concours ordinaire, autant de mouvement et de repos qu'il y en a mis en le créant. Car, bien que le mouvement ne soit qu'une façon en la matière qui est mue, elle en a pourtant une certaine quantité qui n'augmente et ne diminue jamais, encore qu'il y en ait tantôt plus et tantôt moins en quelques unes de ses parties; c'est pourquoi, lorsqu'une partie de la matière se meut deux fois plus vite qu'une autre, et que cette autre est deux fois plus grande que la première, nous devons penser qu'il y a tout autant de mouvement dans la plus petite que dans la plus grande, et que toutes fois et quantes que le mouvement d'une partie diminue, celui de quelque autre partie augmente à proportion. Nous connoissons aussi que c'est une perfection en Dieu, non seulement de ce qu'il est immuable en sa nature, mais encore de ce qu'il agit d'une façon qu'il ne change jamais tellement qu'outre les changements que nous voyons dans le monde, et ceux que nous croyons parceque Dieu les a révélés, et que nous savons arriver ou être arrivés en la nature sans aucun changement de la part du Créateur, nous

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