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27.

Que le mou

vement et le

repos ne sont

rien que deux

diverses facons dans le

nous remarquons que nous ne faisons pas seulement quelque effort pour mouvoir les corps qui sont proches de nous, mais que nous en faisons aussi pour arrêter leurs mouvements lorsqu'ils ne sont point amortis par quelque autre cause; de sorte que nous n'employons pas plus d'action pour faire aller, par exemple, un bateau qui est en repos dans une eau calme et qui n'a point de cours, que pour l'arrêter tout-à-coup pendant qu'il se meut; et si l'expérience nous fait voir en ce cas qu'il en faut quelque peu moins pour l'arrêter que pour le faire aller, c'est à cause que la pesanteur de l'eau qu'il soulève lorsqu'il se meut, et sa lenteur (car je la suppose calme et comme dormante) diminuent peu à peu son mouvement.

Mais parcequ'il ne s'agit pas ici de l'action qui est en celui qui meut ou qui arrête le mouvement, et que nous considérons principalement le transport et la cessation du transport ou le repos, il est évicorps où ils dent que ce transport n'est rien hors du corps qui est mû, mais que seulement un corps est autrement disposé lorsqu'il est transporté que lorsqu'il ne l'est pas, de sorte que le mouvement et le repos ne sont en lui que deux diverses façons.

se trouvent.

28. Que le mou

vement en sa

J'ai aussi ajouté que le transport du corps se fait du voisinage de ceux qui le touchent dans le voipropre signi- sinage de quelques autres, et non pas d'un lieu en rapporte un autre, parceque le lieu peut être pris en plusieurs

fication ne se

qui touchent

celui qu'on

dit se mou

voir.

façons qui dépendent de notre pensée, comme il a qu'aux corps été remarqué ci-dessus. Mais quand nous prenons le mouvement pour le transport d'un corps qui quitte le voisinage de ceux qui le touchent, il est certain que nous ne saurions attribuer à un même mobile plus d'un mouvement, à cause qu'il n'y a qu'une certaine quantité de corps qui le puissent toucher en même temps.

Enfin, j'ai dit que le transport ne se fait pas du voisinage de toutes sortes de corps contigus, mais seulement de ceux que nous considérons comme en repos; car ce transport est réciproque. Et nous ne saurions concevoir que le corps AB1 soit transporté du voisinage du corps CD que nous ne sachions aussi que le corps CD est transporté du voisinage du corps AB, et qu'il faut tout autant d'action pour l'un que pour l'autre. Tellement que si nous voulons attribuer au mouvement une nature qui lui soit entièrement propre, que l'on puisse considérer toute seule et sans qu'il soit besoin de la rapporter à quelque autre chose, lorsque nous verrons que deux corps qui se touchent immédiatement seront transportés l'un d'un côté et l'autre d'un autre, et seront réciproquement séparés nous ne ferons point de difficulté de dire qu'il y a tout autant de mouvement en l'un comme en l'autre. J'avoue qu'en cela nous nous éloignerons

29.

Et même qu'il

ne se rapporte qu'à ceux de

ces corps que nous considé

rons comme en repos.

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30. D'où vient que le mouvement qui sépare deux

ment ex corps qui se

touchent est

plutôt attri

bué à l'un qu'à l'autre.

beaucoup de la façon de parler qui est en usage. Car, comme nous sommes sur la terre, et que nous pensons qu'elle est en repos, bien que nous voyions que quelques unes de ses parties qui touchent d'autres corps plus petits soient transportées du voisinage de ces corps, nous n'entendons pas pour cela qu'elle soit mue.

Parceque nous pensons qu'un corps ne se meut point s'il ne se meut tout entier, et que nous ne saurions nous persuader que la terre se meuve tout entière de cela seul que quelques unes de ses parties sont transportées du voisinage de quelques autres corps plus petits qui les touchent, dont la raison est que nous remarquons souvent auprès de nous plusieurs tels transports qui sont contraires les uns aux autres; car si nous supposons, par exemple, que le corps EFGH soit la terre', et qu'en même temps que le corps AB est transporté de E vers F le corps CD soit transporté de H vers G, bien que nous sachions que les parties de la terre qui touchent le corps AB sont transportées de B vers A, et que l'action qui sert à ce transport n'est point d'autre nature ni moindre dans les parties de la terre que dans celles du corps AB, la terre se meuve de B vers bien de l'occident vers l'orient; à cause que

nous ne dirons pas que

A, qu
celles de ses parties qui touchent le corps CD, étant

Voyez première planche, figure 2.

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transportées en même sorte de C vers D, il faudroit dire aussi qu'elle se meut vers le côté opposé, à savoir du levant au couchant, et il y auroit en cela trop d'embarras; c'est pourquoi nous nous contenterons de dire que les corps AB et CD, et autres semblables, se meuvent, et non pas la terre. Mais cependant nous nous souviendrons que tout ce qu'il y a de réel dans les corps qui se meuvent, en vertu de quoi nous disons qu'ils se meuvent, se trouve pareillement en ceux qui les touchent, quoique nous les considérions comme en repos.

31.

Comment il

plusieurs di

vers mouve

même corps.

Mais encore que chaque corps en particulier n'ait qu'un seul mouvement qui lui soit propre, peut y avoir à cause qu'il n'y a qu'une certaine quantité de corps qui le touchent, et qui soient en repos à ments en un son égard, toutefois il peut participer à une infinité d'autres mouvements, en tant qu'il fait partie de quelques autres corps qui se meuvent diversement. Par exemple, si un marinier se promenant dans son vaisseau porte sur soi une montre, bien que les roues de sa montre n'aient qu'un mouvement unique qui leur soit propre, il est certain qu'elles participent aussi à celui du marinier qui se promène, parcequ'elles composent avec lui un corps qui est transporté tout ensemble; il est certain aussi qu'elles participent. à celui du vaisseau, et même à celui de la mer, parcequ'elles suivent

32.

Comment le

unique pro

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son cours; et à celui de la terre, si on suppose que la terre tourne sur son essieu, parcequ'elles com⚫ posent un corps avec elle: et bien qu'il soit vrai que tous ces mouvements sont dans les roues de cette montre, néanmoins, parceque nous n'en concevons pas ordinairement un si grand nombre à la fois, et que même il n'est pas en notre pouvoir de connoître tous ceux auxquels elles participent, il suffira que nous considérions en chaque corps celui qui est unique et duquel nous pouvons avoir une connoissance certaine.

Nous pouvons même considérer ce mouvement mouvement unique qui est proprement attribué à chaque corps comme s'il étoit composé de plusieurs autres mouqui est unique vements, tout ainsi que nous en distinguons deux dans les roues d'un carrosse, à savoir un circulaire,

prement dit,

en chaque

corps, peut

aussi être pris pour

qui se fait autour de leur essieu, et l'autre droit, plusieurs. qui laisse une trace le long du chemin qu'elles parcourent. Toutefois il est évident que ces deux mouvements ne diffèrent pas en effet l'un de l'autre, parceque chaque point de ces roues, et de tout autre corps qui se meut, ne décrit jamais plus d'une seule ligne: et n'importe que cette ligne soit souvent tortue, en sorte qu'elle semble avoir été produite par plusieurs mouvements divers; car on peut imaginer que quelque ligne que ce soit, même la droite, qui est la plus simple de toutes, a été décrite par une infinité de tels mouvements.

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