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cause; le mariage et ce qui s'ensuit, c'est-à-dire le mariage et ses suites, le mariage et les faits subséquents.

En termes de logique, résulter, à la différence de suivre et de s'ensuivre, suppose une opération, un raisonnement, une recherche. D'une démonstration il résulte, et d'un principe il suit telle chose. Résulter résume une discussion: « Ce qui résulte de tout ceci est que.... » FÉN. Suivre et s'ensuivre conviennent davantage par rapport à une conséquence immédiate: « Ce fondement posé, il s'ensuit que.... » FÉN.

Suivre et s'ensuivre équivalent l'un à l'autre, si ce n'est que s'ensuivre signifie suivre de là. De là il suit que...; il s'ensuit que. « Si cette nature universelle ne peut pas être les corps, il suit de là que.... Comme elle est une matière qui pense, il s'ensuit que.... » LABR. Dire, d'où il s'ensuit ou de là il s'ensuit, c'est faire un pleonasme.

3° Venir, partir, naître. Tirer son origine de De ces trois mots le premier est le plus commun et le plus général. Partir implique l'idée de mouvement: une injure part de telle personne, c'est comme un trait lancé de sa main. Telle façon de parler vient de tel usage ou de tel préjugé; tel mouvement de compassion part d'un bon naturel. Le mécontentement peut venir (MOL.) d'un mauvais accueil; les répréhensions peuvent partir ou d'un esprit de piété et de charité, ou d'un esprit d'impiété et de haine (PASc.). Rien ne vient de rien; rien de généreux ne peut partir d'un motif égoïste ou d'une plume toute vénale.

Naître, c'est venir par voie ou comme par voie de génération, ou commencer à voir le jour. Nos plus grands plaisirs naissent de nos besoins (ACAD.), ils sont fils de nos besoins. Les sciences ne prospèrent pas toujours dans les pays où elles naissent (ACAD.), c'est-à-dire où elles viennent au monde, où elles commencent à paraître pour croître ensuite et se développer.

La modération des personnes heureuses vient du calme que la bonne fortune donne à leur humeur. » LAROCH.

De jaloux mouvements doivent être odieux,
S'ils partent d'un amour qui déplaît à nos yeux.

MOL. Une querelle fait naître entre deux familles une haine irréconciliable (ACAD.), sentiment susceptible de s'entretenir et de s'accroître.

4° Provenir, procéder. Tirer son origine de; non pas dans le langage commun et en parlant de choses communes, mais quand il est question de choses extraordinaires ou scientifiques, ou dont on veut donner expressément l'explication. Provenir est matériel; procéder, excepté dans le langage théologique, où on dit que le SaintEsprit procède du Père et du Fils, est formel. Aussi provenance signifie-t-il une denrée, et procédé une manière d'agir. Les enfants qui proviendront de ce mariage, les biens qui proviennent de la succession (ACAD.); un mal, une maladie procède de tel ou tel accident.

Les médecins disent, quand on est ivre,
Que de sa femme on se doit abstenir;
Et que, dans cet état, il ne peut provenir

Que des enfants pesants et qui ne sauraient vivre.

MOL.

Mais dans le Médecin malgré lui, on lit : « Cette maladie est une feinte maladie. Les médecins ont raisonné là-dessus comme il faut; et ils n'ont pas manqué de dire que cela procédait, qui du cerveau, qui des entrailles, qui de la rate, qui du foie. »

"

Dans les sciences qui ont pour objet des réalités, provenir est le mot propre. « Il m'arrive souvent de voir sur certains objets certaines couleurs ou certaines taches, qui ne proviennent point des objets mêmes, mais du milieu à travers lequel je les regarde, ou de l'altération de mon organe. » Boss. D'où provient cette race d'anthropophages, supposé qu'elle existe?» VOLT. « Les bitumes et les autres huiles terrestres paraissent provenir des substances végétales et animales, et en même temps l'acide provient de la décomposition du sable vitrescible par le feu, l'air et l'eau. » Buff. Mais en matière de métaphysique ou par rapport aux objets intellectuels, on doit se servir de procéder. « De la crainte procède ordinairement le respect; du respect, l'amour. » Boss. « La liberté ne procède précisément ni d'irrésolution, ni d'incertitude, ni d'aucune autre imperfection. » ID. « Il n'y a pas moins de répugnance que la fausseté ou l'imperfection procède de Dieu en tant que telle, qu'il y en a que la vérité ou la perfection procède du néant. » DESC. « Cette faiblesse de l'art ne procède pas seulement de la résistance trop forte que fait la nature, mais aussi de la propre imperfection de ses principes. Vauv.

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5° Découler, dériver, émaner. Tirer sa source de. Ce qui découle coule de haut en bas, comme l'eau qui découle d'une voûte ou d'une montagne, la sueur du front, etc. Ce qui dérive ne suit pas la direction du courant d'où il vient, mais il s'en éloigne, comme les saignées ou les ruisseaux. qu'on dérive d'un fleuve. Une chose qui découle descend ou tombe en droite ligne; une chose qui dérive s'écarte du lieu d'où elle sort et forme comme une branche à part. D'une vérité supérieure découle immédiatement telle vérité subordonnée; d'une vérité générale dérive d'une manière plus ou moins détournée telle vérité particulière. Il est plus facile de trouver la source d'où découlent les choses que de découvrir celle d'où elles dérivent. « Il y a un souverain bien duquel tous les biens découlent dans cet univers.» Boss. « Innombrable fut la quantité de familles ruinées, et les cascades de maux de toute espèce qui en dérivèrent. » S. S. La justice divine est la source d'où découlent nos idées du juste ou du droit, et d'où dérive en définitive tout ce que nos lois renferment de raisonnable.

Émaner ne se dit pas toujours des liquides, comme les deux mots qui précèdent, mais quelquefois aussi des fluides; c'est alors une émission proprement, et non un écoulement qu'il exprime. Il y a des corpuscules qui émanent des corps odorants (ACAD.); la lumière émane du soleil (VOLT.); une certaine chaleur émane de la terre (BUFF.).— Ensuite, ce qui émane ne sort pas d'une manière quelconque, mais avec force et en se répandant

de toutes parts, par une espèce d'effusion. C'est pourquoi émaner est le seul de ces verbes dont on se sert à l'égard de ce qui part du pouvoir ou de l'autorité. Un acte qui émane ou émané de la puissance, de la volonté souveraine, du prince, de l'autorité (ACAD.). « Les lettres émanées canoniquement de la chaire de Saint-Pierre.» Boss. Ces lois passagères ne subsistent qu'avec la puissance dont elles émanent. » VOLT. « La royauté renferme en soi toute l'autorité et la puissance des autres magistratures qui émanent d'elle. » ROLL. Des principes pouvant être considérés comme féconds, on dit bien métaphoriquement que des conséquences en découlent ou en dérivent; on ne dit point qu'elles en émanent, ce dernier mot est réservé pour les choses douées d'activité et de puissance.

TERME, LIMITES, BORNES. Ces mots signifient où les choses doivent s'arrêter, la fin qu'elles doivent avoir: « Les Romains tenaient qu'il y avait une divinité particulière qui présidait aux bornes, aux limites des terres, et ils l'appelaient le dieu Terme. » ACAD.

monceaux de terre, servant à séparer les champ exprime quelque chose de concret et se rapp davantage à la pratique. Louis XIV croyaig. verner, parce qu'il avait réglé les limites e ceux qui gouvernaient (FÉN.); si on se pers d'ébranler les traités de paix, la guerre devis dra un mal sans remède, et toutes les born Etats seront comme en l'air (ID.). On régie ... limites; on franchit les bornes. « Nama ft m divinité de toutes les bornes qui marquaieste limites (des champs); dès lors on ne crut pa pouvoir en reculer aucune sans devenir sacri lege. » COND. « En considérant les discussions du sacerdoce et de l'empire, vous reconnaitrez iss limites des deux puissances. Si vous êtes attentif à ne pas franchir les bornes qui vous seat prescrites, vous en rendrez vos droits plus respectables. ID. La miséricorde de Dieu est infinie; mais ses effets ont leurs limites prescrites par s sagesse : c'est elle qui a prescrit des bornes aux flots de la mer. » Boss. « Il faut que la croix de Jésus soit adorée par toute la terre: parce que sa puissance n'a point de limites, son empire n'aura point de bornes. » ID. «Rien n'est plus difficile à marquer que les limites du devoir de l'avocat et les bornes où se renferme une défense légitime. » MARM.

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Terme est facile à distinguer de limites et de bornes. Il donne l'idée d'un but à atteindre, et convient en parlant de choses en mouvement. qui ont un cours : le terme est jusqu'où les choses doivent aller. Limites et bornes font plutôt concevoir une enceinte, et indiquent jusqu'où les choses doivent s'étendre. «Demeurés depuis plus de deux mille ans à tous les termes où ils étaient parvenus, les Chinois sont restés médiocres dans les sciences...... Le respect pour leurs anciens maîtres leur prescrit des bornes qu'ils n'osent passer. » VOLT. On ne va pas au delà du terme; on se contient, on se renferme dans les limites et dans les bornes. Le terme est prochain ou éloigné: les limites et les bornes sont plus ou moins étroites. On dit proprement le terme d'une course; et les limites ou les bornes d'un royaume. Terme s'emploie de préférence au singulier, parce qu'il désigne quelque chose d'unique, un point opposé au point de départ; limites et bornes affectent, au contraire, le pluriel, parce qu'ils repré-caput, sont fort peu usités. sentent quelque chose de multiple, d'étendu, quelque chose qui forme une sorte de chaîne ou de contour. « La mort est le terme où aboutissent tous les desseins des hommes. » BOURD. « Vous voilà arrivé heureusement au terme. » FEN. « Jésus-Christ est tombé par plusieurs degrés jusqu'à l'ignominie du supplice.... Mais comme il ne pouvait tomber plus bas, c'était là aussi le terme fatal de ses chutes mystérieuses. » Boss. « Le Kolima paraît être le dernier terme où aient atteint les Russes par ces navigations coupées sans cesse par les glaces. » BUFF. « L'excessive grandeur s'écroule sur elle-même; c'est le terme que les dieux ont mis à nos prospérités. » MARM.

Le terme est un point; les limites sont une ligne; et les bornes, des objets qui, placés à distance les uns des autres, forment comme une barrière.

On approche ou on éloigne le terme; on resserre ou on étend les limites; on avance ou on recule les bornes.

On tend, on aboutit, on arrive à un terme; on marque, on assigne des limites; on met ou on donne des bornes.

TÊTE, CHEF, CABOCHE. Partie du corps animal la plus haute ou la plus avancée, laquelle est le siége du cerveau et des principaux organes des sens.

« Ce fut une chose rare de voir les succès de Crébillon aller en augmentant, et le poëte, semblable aux dieux d'Homère, faire trois pas et arriver au terme.» D'AL.

Limites et bornes ont aussi leurs nuances. Limites, du latin limes, chemin de traverse, sillon, trace, est pour l'abstrait et la théorie. Mais bornes, c'est-à-dire pierres, et primitivement

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Tête, du latin testa, test ou têt, pot de terre, carapace, crâne, est le mot commun. Au contraire, chef et caboche, dérivés l'un et l'autre de

Chef ne se dit plus guère qu'en parlant des reliques; le chef de saint Jean. On l'a dit aussi de Jésus-Christ, mais en y joignant une épithète pour le déterminer et le relever. « Les Juifs mirent à Jésus-Christ une couronne d'épines sur la tête, que l'on enfonçait dans son chef sacrẻ. Boss. « On enfonce profondément sur son chef sacré une couronne d'épines.... La marque effroyable de royauté dont on l'a couronné déchire son chef auguste le sang de toutes parts ruisselle sur sa face céleste. » MASS. Hors de là, c'est un terme de badinage.

Par mon chef, c'est un siècle étrange que le nôtre!
(Anselme dans l'Étourdi). MOL.

Assez souvent d'un vin bien pris et mal cuvé
Je vous ai vu le chef plus lourd qu'à l'ordinaire.
(Valentin dans les Ménechmes). REGN,

<< Mon maître a le chef mal timbré, il est fou. »
DESI. « Cette plume verte vint ravir au vieux
plumet jaune la gloire dont il était en possession
immémoriale d'orner le noble chef de don Tho-
mas. » LES.

Caboche signifie une tête grosse, dure ou sode, et n'est d'usage que dans le discours failier.

Voyez-vous? vous avez la caboche un peu dure.

MOL.

treté ou en obstination. « Dès lors l'ignorance des enfants n'est point entêtée, et leurs desirs ne sont point obstinés. » J. J. Le têtu et l'entêté ne veulent point qu'on les éclaire, qu'on les guide; l'opiniâtre et l'obstiné ne veulent point qu'on les

ans une autre acception, on appelle caboche une contrarie, qu'on les empêche, qu'on les arrête. spèce de clou à grosse tête.

Au figuré, tête ne peut être confondu avec hef; car l'un s'applique uniquement aux choses t en désigne la partie antérieure, au lieu que 'autre s'applique uniquement aux hommes et les eprésente comme étant avant d'autres, comme es conduisant. La tête d'un bois, d'un canal, l'un pont, d'un convoi; le chef d'un jury, d'une entreprise, d'une faction. A la tête d'une armée narche le général qui en est le chef, qui la commande en chef. — Quant à caboche, si on dit de quelqu'un, c'est une bonne caboche, cela ne revient pas tout à fait à, c'est une bonne tête. Bonne tête dénote du jugement; et bonne cabo- | che, un bon gros jugement, surtout par rapport aux affaires. C'est la distinction qui évidemment résulte de ce mot du maréchal de Villars sur le maréchal d'Uxelles : J'ai toujours entendu dire que c'était une bonne caboche; mais personne n'a jamais osé dire que ce fût une bonne tête (D'AL.).

On dit qu'elle entend tout, et même les affaires; Une bonne caboche! VOLT. 1o TÊTU, ENTÊTÉ (AHEURTÉ); ;2° OPINIATRE, OBSTINE (ENTIER, MUTIN). Trop attaché à son opinion ou à sa résolution.

1° Têtu, entêté (aheurte). Trop attaché à son sens, tellement livré à une idée ou à ses idées, qu'on n'écoute rien.

a

Le tétu l'est absolument, par nature, par caractère. « L'âne est lent, indocile et têtu.» BUFF. « Je bénis le ciel de m'avoir fait ours, ermite et têtu, plutôt que philosophe. » J. J. « Il faut leur faire entendre cela (au roi et à la cour d'Espagne), et y tenir ferme, rien n'est si important. Tout cela est vrai, répliqua M. le duc d'Orléans; mais ils sont tétus en Espagne.» S. S. « Je connais mon mari, il n'en fera rien : c'est un petit homme têtu, tout propre à se laisser pendre, plutôt que de permettre qu'on me touche du bout du doigt. » VOLT. « J'ai présenté au roi votre projet de négociation. Il m'a assuré qu'il sent tout le prix de vos conseils; mais je vous avouerai qu'il y a des articles sur lesquels le roi mon maître est têtu comme un mulet. » ID. « On eut beau remontrer à l'Ingénu que les usages avaient changé, il était têtu, car il était Breton et Huron. » ID. L'entété l'est relativement, par accident, par suite d'une impression reçue, parce qu'il lui est arrivé de se laisser prévenir. Aussi dit-on entêté de quelque chose, au lieu qu'on dit têtu simplement, et jamais têtu de quelque chose. « Les philosophes sont si fort entêtés de toutes ces entités imaginaires, que.... » MAL., a J'ai mes secrets aussi bien que notre astrologue dont la princesse Aris

tione est entêtée. » MOL. « Vous ne le croiriez

α

Le télu et l'entété ne cèdent point aux conseils, suivent leurs lumières, font à leur téte: « Voilà ce que c'est qu'une jeunesse inconsidérée qui veut agir à sa tête, et qui ne croit pas conseil. » LAF. L'opiniâtre et l'obstiné ne cèdent point aux peut-être pas, entêté comme vous êtes des prévolontés, aux désirs, aux difficultés, aux atta- jugés de l'Orient. » MONTESQ. « Il est inconcevable ques, et c'est pourquoi on dit, un courage, un à quel point les Français sont entêtés de leurs combat, un travail, un mal, des efforts opinia-modes. » ID. Le défaut du têtu est irrémédiatres ou obstinés, et non pas têtus ou entêtés: « Cable, c'est une borne contre laquelle la raison tinat se rend maître de Montmélian par un siège vient se briser. «Socrate est tetu comme une opiniâtre.... Guillaume se releva, et continua le mule, dit Xantippe; j'ai passé ma vie à le tourcombat avec les efforts les plus obstinés. » VOLT. menter, je l'ai même battu quelquefois; nonLe télu et l'entêté sont fortement attachés à leurs seulement je n'ai pu le corriger, je n'ai même idées, préoccupés, frappés d'une espèce de folie; jamais pu le mettre en colère. » VOLT. Mais on l'opiniâtre et l'obstiné sont fortement attachés à désabuse quelquefois l'entété. « Ces philosophes leurs résolutions, agissent, se défendent avec ont quitté les opinions dont ils s'étaient entêtés une sorte de fureur. Il faut guérir, désabuser, mal à propos. » MAL. faire revenir le têtu et l'entêté; il faut réduire l'opiniâtre et l'obstiné. S'entêter, c'est s'infatuer, se remplir la tête ou l'esprit d'idées auxquelles on tient trop; s'opiniâtrer ou s'obstiner, c'est 4. Aheurté ressemble fort à entêté. Mais aheurté, s'acharner, se mettre à faire une chose opinidtrément ou obstinément, sans se laisser détourner qui a heurté à ou contre un écueil, et qui y reste accroché, se dit principalement, sinon uniquement, ou abattre. L'entêtement rend indocile, fait qu'on en matière de doctrines; au lieu qu'entété peut regarne consulte qe soi, qu'on ferme l'oreille aux der aussi les choses de goût et de cœur. L'aheurteavis; l'opiniâtreté et l'obstination rendent invin- ment est une adhésion, et l'entétement une sorte cible, infatigable, persévérant, et font qu'on ré- d'enivrement. « Les donatistes s'étaient séparés de siste à tout, qu'on surmonte tout. Il faut prendre l'unité par un aheurtement et une insolence inouïe.» garde que la persuasion ne dégénère en entête- Boss. « Ces hérétiques étaient aheurtés à ne vouloir ment, et la constance ou la fermeté en opinid-même que Jésus-Christ homme. » ID. « Elle ne s'éjamais croire que le Verbe, qui était Dieu, fût le

1. Beauzée et l'Encyclopédie ont eu tort de faire fermeté synonyme d'entétement et d'opiniátreté, qui expriment sensiblement des défauts.

Venez donc employer votre vivacité,
Et déployer votre éloquence,
Pour faire revenir un auteur entété.

α

REGN.'.

tait jamais aheurtée à défendre ces opinions hétérodoxes. » J. J. « Les philosophes du xv siècle s'aheurteront encore à chercher des connaissances chez les Grecs. COND.

4.

D

2° Opiniâtre, obstiné (entier, mutin). Trop attaché à ses volontés, à un parti, qui en poursuit la réalisation avec ténacité, mordicus. Opiniâtre exprime une qualité essentielle, caractéristique, et obstiné une qualité de fait ou phénoménale. On est opiniâtre, plein d'opinidtreté; on se montre obstiné, on agit avec obstination. Ces peuples opiniâtres (les Saxons) ne laissèrent pas de se révolter contre Charlemagne avec un courage obstiné. » Boss. « Il n'y a point de conviction dans toute la conduite de Dieu pour les esprits opiniâtres.... Nous ne pouvons donc convaincre l'obstination des infidèles. » PASC. Contre un mal opiniâtre il faut employer des remèdes énergiques; telle personne meurt ou est morte d'un mal obstiné contre lequel on n'a pas employé de remèdes énergiques. On est naturellement opiniâtre, on est obstiné dans ses tentatives (J. J.). L'opiniâtreté est une détermination passive, une manière d'être; l'obstination est une détermination active, une manière d'agir. « Quand la coterie holbachique vit que je fixais en ore ma demeure à la campagne, elle soutint que c'était obstination pure, que j'étais rongé d'orgueil, et que j'aimais mieux périr victime de mon opiniâtreté que de m'en dédire et de revenir à Paris. » J. J. Le même auteur déplore « l'invincible obstination de Mme Dudeffand, et l'enthousiasme de déraison où la portait l'opiniâtreté de | ses jugements passionnés. » Et quand opiniâtreté se rapporte aussi à la manière d'agir, il en désigne la nature, la force, la persistance; tandis que le mot obstination, tout subjectif, fait pen-au contraire, cette autre personne n'est point ser à la conduite de l'agent. « On m'interroge je nie d'avoir touché le peigne. On me menace, je persiste avec opiniâtreté.... La chose méritait d'être prise au sérieux. La méchanceté, le mensonge, l'obstination, parurent également dignes de punition. » J. J.

TIMIDITÉ, EMBARRAS. Défaut de hardies d'assurance.

La timidité est subjective ou relative à l'embarras est objectif ou dépendant des ti stances. Aussi dit-on bien la timidité nati d'une personne (J. J.), et l'embarras d'un rõè d'une réponse (ID.). L'air timide annonce un a ractère de timidité; l'air embarrassé ame: qu'on est troublé ou décontenancé par quelp chose. Le duc du Maine me voyait dans la pi grande liberté avec le régent, et dans une cofiance qui me rendait un personnage: sa tin, dité s'en alarmait, il ne savait comment me r procher.... Un matin je le vis entrer dans m chambre. Il couvrit son embarras d'un air aisé. S. S. Mentor dit à Télémaque : « Je parlerais volontiers à Idoménée pour le faire consentir à notre départ, et je vous épargnera's l'embarras d'une conversation si fâcheuse; mais je ne veux point que la mauvaise honte et l timidité dominent votre cœur. » FÉN.

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α

Outre cela, l'opiniâtreté peut n'être blâmable que par une ardeur trop grande, comme est celle d'un disputeur qui soutient sans démordre son opinion qu'il croit bonne (opiniâtre, d'opinion, et de la terminaison dépréciative ou péjorative atre). Quand un homme qui suit ses passions s'attache fortement à son opinion, et qu'il prétend dans les mouvements de sa passion qu'il a raison de la suivre, on juge avec sujet que c'est un opiniâtre. » MAL. Mais l'obstiné (du latin ob et stare ou tenere, se tenir devant, faire obstacle, s'opposer), persévère contre toute raison, quoique à bout de raison, par caprice, par parti pris, par esprit d'opposition, par taquinerie. « Votre vaine constance (à aimer Julie) ne pouvant plus causer que des malheurs ne mérite que le nom d'obstination. J. J. « Comme vous vous étiez toujours opiniâtré à refuser de dire ce que vous entendez par le sens de Jansenius, je vous ai enfin poussé.... Cela vous a mis dans la nécessité de répondre; car, si vous vous fussiez encore obstiné après cela à ne point expliquer ce sens, il eût paru que vous n'en vouliez qu'à la grâce efficace.» PASC. 1.

1. L'homme entier est opiniâtre ou obstiné pour ce qui concerne ses droits ou son autorité, il n'en veut

La timidité ne se montre pas toujours dehors; l'embarras est toujours extérieur. J. I. Rousseau dépeint dans ses Confessions « son humeur timide et son embarras à parler. » Comme on dit l'embarras de la honte (J. J.), on pourrait dire, à la rigueur, l'embarras de la timidité.

« On peut être timide sans être embarrassé, et embarrassé sans être timide. Exemple: Cette personne est naturellement timide, par considėration et par réserve; mais l'usage qu'elle a du monde fait qu'elle n'a jamais l'air embarrassé :

timide, elle dit tout ce qui lui vient à la bouche; mais elle devient embarrassée quand elle a dit une sottise. » D'AL.

TISSU, TISSURE, TEXTURE, CONTEXTURE. Termes relatifs à ce qui est tissé, formé ou comme formé par un entrelacement de fils.

H

Tissu, primitivement participe de tistre, vieux
mot qui signifie tisser, désigne seul la chose
même qui a été tissée, l'ouvrage, l'étoffe, la
toile: un tissu de laine ou de cheveux. Tissure,
texture et contexture, au contraire, expriment la
façon, la manière dont la chose a été tissée : la
rien rabattre. « Se flatter d'avoir la charité chré-
tienne, et cependant être toujours aussi entier dans
terminé à n'en rien rabattre. BousD. « Un vieux
ses prétentions, aussi jaloux de ses droits, aussi dé-
plaideur, inflexible et entier. » J. J. « Le czar Pierre
et ses gens étaient très-délicats et très-entiers sur ce
qu'ils prétendaient leur être dû ou permis. » S. S.
Le roi insista, sans que Louvois, qui était entier,
brutal et enflé de son autorité, voulut ceder. » ID.
« Le cardinal de Richelieu était si entier dans son
l'Académie sur le Cid, il mit en marge, de sa ma'n........>
sentiment que, quand on lui apporta le travail de
VOLT. Mutin se dit des enfants, ou, par badinage,
de ceux qui leur ressemblent. « Tant que les enfants
ne trouveront de résistance que dans les choses et ja-
mais dans les volontés, ils ne deviendront ni mutins
ni colères. » J. J. « Nous sommes une nation d'en-
fants mutins à qui il faut donner le fouet et des su-
creries. » » VOLT. < Cette dame était avec son fils, au-
quel je trouvai un petit air mutin. » LES.

Votre plus court sera, madame la mutine,
D'accepter sans façon l'époux qu'on vous destine.
MOL.

ssure est lâche ou serrée, égale ou inégale. Toy., dans la Ir partie, p. 176, Tissu, tissure.) Ensuite, entre tissure d'une part, texture et ontexture de l'autre, la différence tient à ce que ssure rappelle un verbe français, tisser, ancienement tistre, au lieu que texture et contexture iennent du latin texere et contexere, dont le ens est le même que celui de tisser. Tissure se bit seul au propre la tissure d'une toile. Au fiuré, on se sert de texture et de contexture: la exture des tendons, la contexture des os; la exture d'une période, la contexture d'un poëme. Texture et contexture ont été distingués l'un le l'autre dans la Ire partie, p. 118.

TOMBE, TOMBEAU, SÉPULCRE, SEPULTURE. Lieux où on dépose les morts.

Tombe et tombeau ont été distingués dans la fre partie, p. 8. Ils paraissent venir du latin tumulus, qui signifie primitivement une élévation de terrain, un tertre. Sépulcre ne vient pas seulement du latin, c'est un mot latin, sepulcrum, dont la terminaison a été un peu modifiée. En conséquence, tombe et tombeau sont d'un usage général, au lieu que sépulcre ne se dit qu'en parlant des anciens. « Les sépulcres des anciens Egyptiens subsistent encore à présent. » BUFF. Hercule pria Philoctète en mourant de cacher son sépulcre. » FÉN. On a imaginé des trésors dans les sépulcres de Cyrus, de Rustan, d'Alexandre, de Charlemagne. » VOLT. Le sépulcre de David (Boss.), de Jésus-Christ (BOURD., Boss.). Notre-Seigneur appelle les hypocrites 2des sépulcres blanchis. » ACAD. « Antiochus menaça de faire de Jérusalem le sépulcre de toute la nation juive. » ROLL.

12.

Sépulture, en vertu de sa terminaison, est un mot collectif, comme armure, par exemple. Il dé21 signe un lieu d'inhumation pour plusieurs, pour toute une classe d'hommes, pour une famille. Saint-Denis est la sépulture des rois de France. ACAD. « La ville de Saïs était le lieu de la sépulture des rois d'Egypte.» ROLL. « C'était dans ce palais qu'était la sépulture ordinaire des rois des Perses et des Parthes. » ID. << La maison de Saint-Mesmin avait fait de grands biens au couvent des cordeliers, et avait sa sépulture dans leur église.» VOLT. « Les ruines de Port-Royal et les ossements de tant d'hommes célèbres insultés dans leurs sépultures par les jésuites s'élevèrent contre leur crédit expirant. » ID. - D'ailleurs, ce substantif féminin qui marque proprement le résultat de l'action d'ensevelir, d'enterrer, sepelire, exprime plutôt d'une manière vague un lieu qui se trouve servir de tombe ou de tombeau, qu'un lieu précisément disposé pour cet usage. La terre est notre origine et notre sépulture (Boss.).

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(Trissotin). ID.

Des larmes grosses comme pois

Lui churent des yeux trois à trois. SCARR. Faillir, également inusité à la plupart de ses temps, n'a que l'acception figurée. Faillir, c'est commettre une faute ou donner dans le faux, faire quelque chose contre le bien ou contre le vrai. Et ce qui distingue nettement ce verbe des deux autres, c'est son caractère de subjectivité, c'est qu'il suppose dans le sujet un défaut, une imperfection, quelque chose de fautif, de répréhensible ou de blâmable. Tomber ou choir est l'effet d'un accident; mais faillir fait concevoir l'idée d'un manquement moral ou intellectuel, d'une faute ou d'une erreur. «< Puisque nous sommes en usage, moi de faillir, vous de pardonner, couvrez encore mes fautes de votre indulgence. » J. J. « Vous vous êtes mépris (en faisant un quiproquo d'apothicaire); eh bien! l'homme n'est-il pas sujet à faillir, et surtout dans cette profession? LES. « Le sot projet que Montaigne a eu de se peindre! Et cela non pas en passant et contre ses maximes, comme il arrive à tout le monde de faillir, mais par ses propres maximes, et par un dessein premier et principal. Car de dire des sottises par hasard et par faiblesse, c'est un mal ordinaire; mais d'en dire à dessein, c'est ce qui n'est pas supportable. » PASC.

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TOME, VOLUME. Noms qu'on donne aux livres matériellement pris comme objets qui ont place dans les bibliothèques.

Tome, de réuvεtv, couper, diviser, est une division ou une partie d'un ouvrage : un tome en suppose d'autres, c'est un commencement ou une suite. Volume vient de volvere, rouler. Les anciens roulaient leurs livres et ils entendaient par volume chaque livre roulé séparément. Ce mot signifie aujourd'hui tout ce qui est réuni dans une même brochure ou dans une même reliure. C'est un tout distinct. Quelquefois on fait mettre deux ou plusieurs tomes en un volume : c'est, par exemple, quand il n'y a qu'une table pour tout l'ouvrage. On peut même réunir ainsi des ouvrages différents, des opuscules qui aient peu ou point de rapport. Un tome peut à son tour être publié en deux ou plusieurs volumes.

Dans telle édition de Voltaire il y a tant de

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