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Taire, celer et cacher sont négatifs; ils signifient ne pas produire, ne pas manifester, ne pas laisser paraître, tenir hors de la vue. Un pénitent aux pieds de son confesseur, un témoin devant la justice, tout homme rendant compte de sa conduite, tait, cèle ou cache quelque chose, quand il le garde pour lui, qu'il en fait un secret.

C'est ce que taire exprime simplement: on tait en ne parlant pas, en n'ouvrant pas la bouche. «La jalousie est une passion qu'on peut avoir, mais qu'on doit taire. MONTESQ. « Il n'est pas toujours défendu de taire la vérité, quand c'est pour la mieux honorer. » J. J. Il serait important de convenir des confesssions qu'un prêtre doit révéler et de celles qu'il doit taire. » VOLT. Il se peut qu'on taise une chose par paresse, par timidité, par caprice, par omission.

"

Mais celer marque l'attention qu'on a, le soin qu'on met à retenir sa langue et l'effort nécessaire pour cela.

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J'ai de fortes raisons qui m'ont fait révéler
Un hymen que vous-même aviez peine à celer.
MOL.

Sire, il n'est plus besoin de vous dissimuler
Ce que tous mes efforts ne vous ont pu celer.
(Chimène). CORN.
Les temps sont accomplis, princesse: il faut parler;
Et votre heureux larcin ne se peut plus celer.
(Joad à Josabet). RAC.

Il y a un édit de Henri II qui ordonne qu'on punisse de mort toute femme ou fille qui, ayant celé sa grossesse, accouche d'un enfant trouvé mort sans avoir été baptisé. » VOLT. « Je conçois qu'un scélérat associé à d'autres cèle d'abord ses complices cependant il avoue tout à la fin. »> ID. Au reste, celer, latin celare, n'est guère usité qu'en poésie et en termes de palais.

Cacher renchérit sur celer: c'est faire d'une chose, non-seulement un secret, mais un mystère, c'est l'ensevelir dans un profond silence; ce qui suppose une affaire de plus grande conséquence et des motifs ou des intérêts plus puissants. « C'est un secret important; car je le dis à vous-même à regret, et si je pouvais le cacher davantage, vous ne le sauriez point. » MOL. « Il en est peu qui, de dessein formé, cachent un péché mortel à leur confesseur. » BOURD. « Le czar menaça son fils Alexis de mort, s'il lui cachait quelque chose. » VOLT. Quel état affreux pour une femme de cacher à son mari la moitié de sa vie pour assurer le repos de l'autre. » J. J. Il est clair, dit Roubaud, que taire marque le pur silence qu'on garde sur la chose; celer, le secret qu'on en fait; cacher, le mystère dans lequel on veut l'ensevelir. Pour taire une chose, il suffit de ne la pas dire, quand il y a occasion d'en parler; pour la celer, il faut non-seulement la taire, mais encore avoir une intention formelle

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de ne point la manifester, et une attention part culière à ne pas se déceler; pour la cacher. [ est obligé non-seulement de la celer, mais mir de la renfermer dans le fond de son cœu tait ce qui déplairait à quelqu'un; on cêle cet lui nuirait; on cache avec le plus grand soin': qui le perdrait, s'il n'y a pas une obligation à parler.

2o Dissimuler, déguiser.

Dissimuler et déguiser ne sont point négati celui qui dissimule ou qui déguise ne se contere point de dérober aux yeux une certaine chose, i agit pour faire illusion relativement à cette chose. Une femme qui tait, cèle ou cache se sentiments n'en laisse rien voir; une femme qui dissimule ou déguise ses sentiments se conduit de manière à faire accroire que ses sentiments ne sont pas ce qu'ils sont. Discrète, prudente et réservée, vous avez l'art de cacher vos seati ments sans les dissimuler. » D'AL. Qu'on trise, qu'on cèle, qu'on cache, c'est de la reticence, de la retenue, de la réserve; qu'on dissimule ou qu'on déguise, c'est de l'imposture. Un homme caché est retiré, secret; un homme dissimulé est trompeur, fourbe. Dissimuler et déguiser ont donc cela de très-distinctif, qu'ils impliquent

une idée de feinte ou d'artifice. « L'aveu de nos crimes n'est souvent qu'un artifice coupable qui les déguise, et nous portons la dissimulation jusqu'au pied même du tribunal de la pénitence.. MASS. Minerve sourit de la feinte d'Ulysse, et lui dit O le plus dissimulé des mortels, homme inépuisable en détours et en finesse, vous D pouvez vous empêcher de recourir à vos déguise ments ordinaires. Mais laissons là ces tromperies. » FÉN.

On voit déjà que dissimuler est plus général, et déguiser plus particulier. L'homme dissimulé use de déguisements. On dit absolument dissimuler; avec déguiser, il faut nécessairement un régime. La dissimulation est l'art, l'habitude ou le défaut; les déguisements en sont les traits ou les tours. « Nous naissons tous avec un fonds de dissimulation sur ce qui se passe au dedans de nous-mêmes; toute notre vie n'est presque qu'un déguisement continuel. » MASS. D'autre part, dissimuler, c'est mentir plus nettement, faire semblant que la chose n'est pas; déguiser, c'est mentir plus indirectement, en travestissant la chose, en la faisant paraître autre qu'elle n'est. L'orateur chrétien ne doit ni dissimuler ni déguiser nos vices (Boss.); les dissimuler serait faire croire que nous ne les avons pas; les déguiser serait les rendre spécieux, leur donner des couleurs mensongères. Suivant Labruyère, un homme qui sait la cour dissimule les mauvais offices (c'est-à-dire feint qu'on ne lui en a pas rendus ou qu'il ne s'en est pas aperçu, n'en tient nul compte), et il déguise ses passions (c'est-àdire qu'il en impose sur leur caractère, qu'il leur donne l'air d'être ce qu'elles ne son tpas). L'historien qui dissimule des miracles (Boss.) les supprime comme n'ayant pas eu lieu; celui qui les déguise (ID.) les défigure par la manière de les présenter. Une femme dissimule son amour en faisant l'indifférente; elle le déguise en don

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qu'elles sont, elles choqueraient ou déplairaient. Les voix de ces jeunes filles fardaient leurs visages, et tant qu'elles chantaient, je m'obstinais, en dépit de mes yeux, à les trouver belles. » J. J. « Les poëtes dépouillent les passions de ce qu'elles ont de plus horrible, et les fardent tellement par l'adresse de leur esprit, qu'elles attirent l'affection. » NIC. « Je pris le parti de farder la vérité dans les endroits où elle aurait fait peur toute nue. » LES.

Ces verbes n'emportent pas, comme dissimuler t déguiser, l'idée d'une fausseté toujours plus u moins odieuse, et ils diffèrent de taire, de eler et de cacher de la manière suivante. D'aord on tait, on cèle et on cache à quelqu'un : ous me taisez, me celez ou me cachez un seret. On couvre, on voile, etc., simplement, et Pallier, c'est couvrir ou voiler, non plus en on pas à tel ou tel. Ensuite, taire, celer et ca- obscurcissant, comme envelopper, non plus en her sont négatifs; pour faire l'action qu'ils si- embellissant, comme farder, mais en atténuant, nifient, il n'y a qu'à s'abstenir ou à se conte- en faisant paraître moins mauvais ou moins ir. Mais pour couvrir, voiler, etc., il faut trou-coupable. « M. de Cambrai s'acquiert seulement rer de quoi, des prétextes, des couleurs, des aisons, et l'idée de pareilles choses est tout à ait caractéristique de couvrir ou mettre une couverture, de voiler ou mettre un voile, d'envelopper ou mettre une enveloppe, de farder ou mettre du fard, de pallier ou mettre un manteau (pallium). Avec de l'empire sur soi-même, on tait, on cèle et on cache; avec des ressources dans l'esprit et de l'habileté, on n'est jamais embarrassé pour couvrir, voiler, envelopper, farder, pallier. Taire, celer, cacher, c'est garder en dedans; couvrir, voiler, envelopper, farder, pallier, c'est mettre quelque chose dessus ou de

vant.

Couvrir et voiler sont opposés en ce que couvrir signifie rendre invisible de tous les côtés, complétement, au lieu que voiler veut dire seulement mettre devant la chose un corps mince qui permet au moins de l'entrevoir. Les nuages qui voilent le ciel ne le font pas disparaître aussi entièrement que s'ils le couvraient. Les vêtements d'une femme couvrent son corps; son voile ne fait qu'empêcher de voir distinctement son visage. Une femme adultère cherche à couvrir (FEN.) et non pas seulement à voiler son infidélité. Ce qui couvre notre ignorance (MAL.) la met à couvert de tout regard indiscret; ce qui la voile (BUFF.) ne la laisse pas apercevoir aisément. Il en est de même de ce qu'écrit un philosophe pour couvrir (MAL.) ou pour voiler (LAH.) son athéisme.

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Envelopper a exclusivement rapport au sens des choses on enveloppe ce qu'on ne veut pas qui soit développé, éclairci, entendu. « Il sait parler ambigument, d'une manière enveloppée. » LABR. « Un auteur ne doit rien laisser à chercher dans sa pensée; il n'y a que les faiseurs d'énigmes qui soient en droit de présenter un sens enveloppé. FÉN. « Je voulais, dit Aristote, cacher mes principes c'est ce qui m'a fait envelopper ma physique. » ID. « Je l'ai fait voir dans l'Exposition, et l'anonyme ne fait qu'envelopper la matière. » Boss. « Le duc de Glocestre disait que les Français étaient trop subtils, et qu'ils enveloppaient tellement les choses par des paroles ambiguës, qu'il n'y avait dans les traités que ce qu'ils voulaient. ID. Raisonnement enveloppé (ACAD.), prédiction enveloppée (MASS.).

Farder a exclusivement rapport à l'effet désagréable des choses: on farde celles auxquelles on met des couleurs, parce que, présentées telles

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la réputation de bien et éloquemment pallier une cause visiblement mauvaise. » Boss. On pallie des défauts (LABR., VOLT.), des crimes (PASC., Boss.), la noirceur d'un forfait (J. J.), des méchancetés (Boss.), des abus (MASS.), le mensonge (RAC.), des usures (BOURD.), des maximes pernicieuses (PASC.), des torts (MARM.), etc.

TAPIR (SE), SE BLOTTIR. Se mettre dans une posture resserrée, dans laquelle on est retiré sur soi-même; en parlant des hommes et des ani

maux.

Se tapir, c'est se mettre à la manière des fruits tapés, s'aplatir, s'appliquer contre, comme une tapisserie contre la muraille. Aussi dit-on bien se tapir contre ou derrière. « Nous avons essuyé dans le bateau à cent pas de ce pont un petit orage; mais nous nous sommes tapis contre le rivage. » SÉv. « S'ils aperçoivent les chasseurs, les tétras se tapiront contre terre, et se cacheront de leur mieux. » BUFF. Si on entrait dans l'endroit où cette chienne était enfermée, elle se contentait de se tapir à terre, comme si elle se croyait alors bien cachée.... Dès qu'on se retournait de son côté, elle se retirait bien vite et se tapissait de nouveau sur la terre. » ID. Se tapir derrière une haie, derrière une porte (ACAD.).

Mais se blottir, c'est s'arrondir et non s'aplatir, c'est se mettre en bloc, en boule, se rouler sur soi-même, se ramasser, dans un trou ou quelque chose de semblable, qui enveloppe et couvre au lieu d'abriter. On ne se blottit pas contre ou derrière, mais dans ou sous.

Le trou de l'escarbot se rencontre en chemin.
Jean lapin s'y blottit.

Le chat blanchit sa robe et s'enfarine;
Et, de la sorte déguisé,

LAF.

Se niche et se blottit dans une huche ouverte. ID. côté dans les herbes et dans les feuilles. » BUFF. « Les perdreaux se sont blottis chacun de son

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rester blottis dans leur trou, voilà la vie des Sagiter avec effort dans le vague de l'air, ou

martinets. » ID.

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on se blottisse pour se cacher, ce but est particu- | sur-le-champ, on se met dans le cas de la lièrement indiqué par se tapir. On se tapit pour ultérieurement, en un temps plus ou moins n'être pas vu, pour être en tapinois, en cachette. gné. On tarde à partir, on retarde son deşer Mais il peut se faire qu'on se blottisse sans avoir on le diffère ou on le recule; on le remet ou a l'intention de se cacher: c'est ainsi qu'un enfant, renvoie à une autre époque. pour avoir moins froid, se blottit, se pelotonne, 1o Tarder, retarder. se couche en rond dans son lit.

TAPISSERIE, TENTURE. Grandes pièces d'étoffe qu'on applique sur les murs pour les parer. Tapisserie a rapport à la façon, à la fabrication de la chose, et tenture à son usage. La tapisserie est un ouvrage, le résultat de l'action d'un artiste ou d'un artisan, comme la bijouterie, la draperie, la coutellerie, la bonneterie, etc. La tenture, c'est ce qui est tendu, ce qui se trouve actuellement employé à couvrir les murs et à les orner. La manufacture des Gobelins travaille en tapisserie; un décorateur place des tentures. Voltaire raconte qu'il songea à faire exécuter la Henriade en tapisserie, promettant à l'artiste d'en acheter pour lui-même une tenture. La tapisserie tendue, mise en place, est tenture; la tenture, considérée dans la main de l'ouvrier qui la fait à l'aiguille ou au métier, est tapisserie. Une belle tapisserie se distingue par la main-d'œuvre ou le sujet; une belle tenture, par l'effet ou le nombre des pièces dont elle se compose. « Je me contenterai de parler d'une tapisserie relevée d'or, laquelle on fit remarquer principalement à Psyché, non tant pour l'ouvrage, quoiqu'il fût rare, que pour le sujet. La tenture était composée de six pièces. Dans la première on voyait.... LAP.

Une seconde différence résulte de la terminaison de tenture, et elle est clairement indiquée dans l'exemple précédent, c'est que la tenture est, comme la toiture, la mature, l'armure, etc., quelque chose de collectif, quelque chose dans quoi entre la tapisserie comme élément. « On distingue les tapisseries par pièces, on les vend à la pièce, on les compte par aunes de cours. Plusieurs pièces qui tapissent un appartement s'appellent une tenture. » VOLT. On dit tenture de tapisserie, comme on dit habit de drap ou en broderie, robe de mousseline, bonnet de dentelles. La tenture est donc, suivant l'exacte définition de l'Académie, un certain nombre de pièces de tapisserie ordinairement de même dessin, de même facture, se servant l'une à l'autre de pendants, ou représentant des sujets qui font suite l'un à l'autre.

Tarder et retarder se distinguent de tous les synonymes par un caractère frappant, c'est quù marquent inopportunité, c'est qu'ils ont rapper. à un temps où la chose devrait ou aurait dû être faite. La chose qu'on tarde à faire ou qu'on retarde se fait ensuite tard, c'est-à-dire après l temps nécessaire ou déterminé, soit relativement à sa destination, soit relativement au désir de ceux qui l'attendent, et soit que le retard vienne de notre faute ou qu'il soit l'effet d'un accident, d'un malheur, d'un obstacle. Il faut donc se servir de tarder ou de retarder toutes les fois qu'on aurait dû agir sur-le-champ.

Quant à la différence à mettre entre tarder & retarder, elle a été indiquée dans la I" partie, | p. 112.

2o Différer, reculer.

L'un et l'autre se prennent bien dans le sens neutre : on diffère, on recule, au moment d'agir; remettre et renvoyer veulent toujours après eux un complément. Quand différer et reculer sont actifs, ils ne s'emploient qu'avec des noms de choses; remettre et renvoyer se disent également des choses et des personnes. Outre cela, différer et reculer expriment un ajournement indéfini, ils ne font point entrevoir de quelle durée sera le délai; les deux autres, qui sont plutôt des termes de palais, déterminent l'ajournement, le firent. Enfin, différer et reculer dénotent de l'hésitation, de la crainte et tout au moins de la prudence, ils tiennent plus aux circonstances dont on ne dispose pas, et de là vient qu'ils ne marquent pas d'époque fixe; remettre et renvoyer sont des actes d'autorité, des dispositions souveraines, des résolutions bien arrêtées, ils tiennent plus aux convenances et au libre choix de celui qui remet ou renvoie, et c'est pourquoi la remise et le renvoi sont à époques fixes.

On diffère dans l'espoir de mieux, on retaile dans la crainte du mal. Quand on diffère, on a la perspective d'arriver à un bien; quand on recule, on se propose uniquement d'éviter un mal. Il y a dans différer quelque chose de plus positif, et quelque chose de plus négatif dans reculer. Différer, c'est temporiser, c'est-à-dire ne pas agir actuellement, dans l'espérance d'un temps plus favorable; reculer, c'est traîner en longueur, chercher des détours, des subterfuges, tergiverser, barguigner, biaiser, tâcher d'éluder quelque chose de pénible qu'on ne veut faire qu'à la dernière extrémité et à son corps defendant, mais qu'on sera toujours obligé de subir.

Quand les deux mots s'emploient en parlant d'un ornement qui n'est pas en tapisserie, qui ne consiste pas en une étoffe travaillée à l'aiguille ou au métier, mais qui est composé d'une étoffe ou d'un tissu quelconque, de cuir, de papier, etc., tapisserie donne idée de la matière, et tenture de l'ensemble: une tapisserie de papier peint (ACAD.), une tenture de papiers peints (ID.); On diffère une chose, parce qu'on compte trouune tapisserie de brocatelle, une tenture de deuil. ver pour la faire un moment plus propice que le Il semble aussi que la tapisserie a moins d'éten-moment actuel; c'est un calcul, un acte de pru due, et que le mot convient mieux quand il est question de petites chambres ou de cabinets. 1° TARDER, RETARDER; 2° DIFFERER, RECULER; 3o REMETTRE, RENVOYER. Tous ces verbes signifient que, au lieu de faire une chose

dence et de raison. « Dieu peut différer la récompense et la peine, selon que l'exige ou le permet l'ordre de sa providence.» MAL. J'aime mieux différer mon plaisir et en jouir à mon aise. » J. J. « Je voulais goûter dans tout son charme le plai

D

est las, qui lui pèse, qu'il n'a pas le courage de faire.

Quand on remet une affaire, on prend dès ce moment avec soi-même l'engagement d'y revenir à l'époque déterminée; mais renvoyer exprime qu'on prend peu de souci de l'affaire, qu'on ne l'a pas à cœur, qu'on tient surtout à sortir de peine, d'ennui, d'embarras.

ir de la revoir. J'aimais mieux le différer un peu our y joindre celui d'être attendu.» ID. « Je 'avais différé jusques alors à vous envoyer cette ettre que pour vous en épargner le port. DESC. On recule une chose, parce qu'on ne voudrait pas qu'elle se fît, ou parce qu'on voudrait qu'elle se fît le plus tard possible; ce mot emporte l'idée le gêne, de contrainte; on cherche à gagner du terrain ou plutôt du temps: on recule le moment TEL, SEMBLABLE, PAREIL. Termes de compad'une entrevue qui effraye, l'occasion d'un aveu raison. Achille, tel qu'un lion, semblable à un qui coûte, d'une dépense qui pèse, d'une opéra- lion, pareil à un lion; de tels discours ou de tion qui sera douloureuse. « Pendant un an montels abus, de semblables discours ou de semblaadversaire ne fit que traîner et reculer le juge-bles abus, de pareils discours ou de pareils ment.» BEAUM. « Le peuple (en nommant des décemvirs) ne songeait qu'à reculer le rétablissement de l'autorité consulaire qui lui était formidable. VERT. «Jugurtha crut qu'il lui restait encore assez de forces pour traîner la guerre en longueur, ou du moins pour reculer sa perte de quelque temps. » ID. Eriphile, dans les Amants magnifiques, déteste le mariage et recule toujours le choix qui la doit engager (MOL.).

On diffère jusqu'à l'occasion favorable; on recule le plus possible.

On ne cesse pas de s'occuper de la chose différée, on ne l'abandonne pas, on est toujours prêt à la faire au premier moment convenable; quand on a reculé une chose, c'est une affaire qu'on a laissée là, on n'est pas disposé à saisir l'occasion prochaine de la faire, on s'en est débarrassé et on n'y songe plus.

D

abus,

etc.

Tel se distingue des deux autres mots par sa rigueur : il exprime un rapport de conformité absolue, et jusqu'à l'identité. Tel est mon sentiment voilà mon sentiment, c'est mon sentiment même. Tel maître, tel valet: dites-moi quel est le maître, son caractère propre, je vous dirai quel est le valet, ses qualités, sa nature. Tel, comme l'adjectif démonstratif ce, cet, est propre à rappeler une personne ou une chose dont il vient d'être question. « Libanius dit qu'à Athènes un étranger qui se mêlait dans l'assemblée du peuple était puni de mort. C'est qu'un tél homme usurpait le droit de souveraineté. » MONTESQ. On dit, de tels ou de semblables discours (Boss.), c'est-à-dire ces discours, ou quelque chose d'approchant, des discours analogues« Avec de tels ou de semblables sentiments, il faut goûter intérieurement Jésus-Christ. » Boss. « Joconde fit un dénombrement des rois et des césars qui avaient vu leurs femmes tomber en telle ou semblable pratique. » LAF.

3° Remettre, renvoyer. Remettre, c'est ajourner; renvoyer, c'est presque rejeter. On remet ce qu'on n'a pu faire; on renvoie souvent ce qu'il ne plaît pas de faire, et ainsi on s'en débarrasse. Il y a de la réflexion, Semblable et pareil sont relatifs, non pas, du calcul, de la prévoyance dans l'action de re- comme tel, à l'exactitude du rapport, mais à sa mettre. M. Racine est présentement tout occupé nature. Semblable annonce une ressemblance, un à finir sa pièce.... Je vous prie donc de remettre rapport extérieur de traits, de forme, de configuà la semaine qui vient le récit que vous souhaitez ration; et pareil, un rapport intrinsèque de vaqu'il fasse à Mme de Lamoignon. » BOIL. « Je me leur, de mérite, de force, une équipollence. On fis une petite garde-robe arménienne; mais l'orage dit, de semblables monuments (ROLL.), et un paexcité contre moi m'en fit remettre l'usage à des reil nombre (ID. ); de semblables manières : temps plus tranquilles. » J. J. (BOURD.), de semblables disputes (P. R.), et une Quand voulez-vous aimer que dans votre printemps? pareille honte (MOL.), de pareilles lois (VOLT.), Gardez-vous bien surtout de remettre à l'automne. un pareil mérite (BOURD.). Nos semblables sont faits comme nous; nos pareils sont du même degré, du même étage, ils ne nous sont ni supérieurs ni inférieurs pour la condition, le talent, etc. Semblable est un terme de description, concret, significatif du réel: pareil est un terme d'estimation, abstrait, significatif de l'idéal, du possible ou de l'hypothétique. « Je ne condamne pas votre réponse ni de semblables dans des cas pareils. » Boss. « La contagion fit un grand dégât dans Athènes : on n'en avait jamais vu de semblable. Thucydide la décrit, afin qu'une relation exacte pût servir d'instruction à la postérité, si un pareil malheur arrivait une seconde fois. » ROLL.

LAF.

D

Mais il y a de la brusquerie, de l'humeur, de la légèreté, de l'indifférence dans l'action de renvoyer. « Renvoyer à des années de langueur et d'infirmité l'affaire du salut, c'est la manquer. » MASS. «Que je ne renvoie plus (mon repentir, ma conversion) à un lendemain qui n'arrive jamais. » ID. De peur que vous ne vous imaginiez peutêtre sur ma lettre d'aujourd'hui que je voudrais renvoyer aux Rois votre visite, de quoi je serais bien fâché. » J. J. On doit dire renvoyer et non pas remettre aux calendes grecques. Les tyrans de Thèbes dans l'ivresse d'un festin renvoient au lendemain les affaires sérieuses. Un juge remet à huitaine une affaire sur laquelle il veut s'éclairer, recueillir de plus amples renseignements; il renvoie à huitaine une autre affaire par lassitude, par ennui, parce qu'elle lui semble trop longue. Un élève fatigué remet son devoir au lendemain; un élève renvoie au lendemain un devoir dont il

Un objet tel qu'un autre n'en diffère point; un objet semblable à un autre s'y rapporte; un objet pareil à un autre le vaut, ne lui cède point. Achille, tel qu'un lion, est tout à fait comme un lion, on le prendrait pour un lion, et on pourrait dire de lui ce lion s'élance; semblable à un

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lion, il a l'air d'un lion, il en imite la furie, sa vue rappelle l'idée du lion; pareil à un lion, il est animé comme un lion, il a le même degré de fureur. De tels discours, signifie ces discours; de semblables discours, des discours de ce style, ainsi tournés; de pareils discours, des discours de cette sorte ou de cette force.

TEMPLE, ÉGLISE. Edifices publics consacrés à Dieu et destinés à l'exercice du culte.

Temple vient du latin templum, que les Latins employaient dans la même acception. Eglise tire son origine du grec éxxλnoia, qui signifie seulement assemblée. Ce sont les chrétiens qui les premiers ont attaché à ce mot l'idée de temple, qu'il n'avait pas dans l'antiquité, et qui est ensuite passée à ses dérivés, le latin ecclesia et le français église. En conséquence, temple exprime le genre, et il est plus noble.

de respect devant Dieu; tous les dimanches, le fidèles se rendent à l'église pour assister at vice divin.

Enfin, temple se prend seul au figuré. «E vous présentant à l'autel, rendez-vous dignes a devenir les temples et la demeure de votre Dieu MASS. « Les hommes ont été rachetés d'un pri infini pour être faits les temples du Dieu vivanta PASC. Dans ces passages nous sommes appela le temple du Saint-Esprit. » Boss. • Les fideles que Dieu anime par son esprit et dans lesquels E réside comme dans son temple. MAL. Pope dit que l'immensité est le temple de Dieu.» VOLT. 1o TENIR À, DÉPENDRE DE; 2o RÉSULTER, SUIVRE, S'ENSUIVRE ; 3o VENIR, PARTIR, NAÎTRE; 4° PROVENIR, PROCÉDER ; 5o DÉCOULER, DÉRIVER, ÉMANER. Tous ces verbes servent à expliquer les choses, à en rendre raison.

Une église est un temple de chrétiens. « Les grands de la nation (chez les Français) s'assemblent dans un temple qu'ils nomment église. » LABR. « Dès lors Constantin permit de doter les églises, comme l'étaient les temples de l'ancienne religion.» VOLT. « Les chrétiens avaient publique-tenants et aboutissants. Résulter, suivre et s'enment des églises élevées sur les débris de quelques temples tombés ou ruinés. » ID. «Jésus-Christ chassa les vendeurs du temple de Jérusalem. C'est à ce premier temple que nos églises ont succédé. » Boss. « On se figure d'ordinaire les temples anciens semblables à nos églises, une longue nef, un choeur pour les chanoines et un autel au bout. ID. Les sauvages de l'Amérique n'avaient pas de temples; nos missionnaires leur ont fait bâtir des églises au Paraguay (MONTESQ.). — Le terme d'église est même encore plus particulier, car parmi les chrétiens les protestants se servent toujours de celui de temple. « Charles XII avait exigé qu'on dépouillât les catholiques de cent cinq églises en faveur des Silésiens de la confession d'Augsbourg; les catholiques reprirent presque tous les temples luthériens après la bataille de Pultava. » VOLT. « Par cet édit il fut permis aux réformés d'avoir des temples dans les faubourgs; mais aussi ils devaient restituer les églises dont ils s'étaient emparés. ID.

Mais tenir à et dépendre de marquent à quoi elles sont liées; un événement tient à celui ou dépend de celui auquel il se rapporte comme accompagnement ou accessoire, comme un de ses

Lorsque temple et église se disent en parlant du culte catholique, temple est plus noble et église plus commun. « La barbarie avait introduit l'ordre gothique pour les palais et pour les temples.» LABR. « Les chrétiens avaient un temple superbe à Nicomédie. VOLT. Le moment où notre Dieu se montre dans le temple. » ID. « Les chrétiens eurent (alors) des temples magnifiques, ornés de vases d'or et d'argent. » COND. « Seigneur, rendez la majesté à tant de temples profanés, le culte et la dignité à tant d'églises dépouillées. » MASS. « Onuphre évite une église déserte et solitaire; il aime la paroisse, il fréquente les temples où se fait un grand concours.» LABR. - Ensuite, temple exprime plus particulièrement l'idée qu'on s'est faite partout et toujours de ces sortes de lieux, c'est que la divinité y habite plus qu'ailleurs, y fait son séjour; et église, conformément au sens étymologique du mot, a plutôt rapport à la réunion du peuple en un édifice commun pour prier. Dans le temple on doit être recueilli, plein

suivre indiquent après quoi elles se trouvent ou ont lieu, ce dont elles sont des effets, des suites ou des conséquences. Venir, partir et naitre annoncent d'où elles sortent, leur point de départ, leur extraction, leur descendance. Provenir et procéder ont exactement le même sens que les trois mots précédents; seulement ils sont plus scientifiques ou s'appliquent à des choses plus remarquables, à des phénomènes, à des choses qui apparaissent, qui sont mises dehors ou en avant, pro. Découler, dériver et émaner expriment aussi d'où sortent les choses, mais d'où elles sortent à la manière des liquides ou des fluides qui s'échappent du sein où ils sont contenus; ce sont des termes métaphoriques qui désignent, non pas d'une manière simple et abstraite l'origine, mais d'une manière figurée et concrète la source. (Voy. Commencement, naissance; origine, source, p. 446 et 447.)

1o Tenir à, dépendre de. Etre attaché à. Une chose tient à une autre ou en dépend, quand elle va avec elle, quand elle en est inséparable, quand celle-ci entraîne ou amène celle-là.

Mais tenir à s'emploie en parlant d'une chose arrivée ou constante, et dépendre de (de pendere, être en suspens), quand il est question d'une chose éventuelle, pendante, indécise. Vous dites d'un événement passé que vous racontez: cet événement tient à telle cause; et au sujet d'une affaire à traiter le succès dépend de l'emploi de tels moyens. La mauvaise humeur de cet homme tient à sa santé; l'humeur dépend de la santé. Il est fort timide, cela tient à ce qu'il manque d'usage (ACAD.); mon salut ou ma perte dépendent de sa réponse (ID.).

2o Résulter, suivre, s'ensuivre. Succéder, venir après, et particulièrement, en termes de logique, se déduire d'une vérité antérieure.

Une chose résulte d'une autre qui la produit; une chose en suit une autre ou suit d'une autre qui la précède. La guerre et ce qui en résulte, c'est-à-dire la guerre et ses effets, et ce qu'elle

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