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s de votre visage, et par le ton de votre voix, présenter avec horreur aux enfants les gens 'ils ont vus en colère ou dans quelque autre réglement. » ID. Zelmis animait ses paroles in ton de voix si passionné, qu'Elvire en fut tue. » REGN. « Il prononça ces mots d'un ton voix et d'un air de visage qui firent trembler rpédon. » ROLL. « C. Gracchus s'abandonnait, ns ses harangues, à des mouvements excessifs colère, et à des termes et des tons de voix qui répondaient. » ID. « Caton parla avec un feu, e véhémence, un ton de voir qui le décelènt, et changèrent en certitude les soupçons e l'on avait du dessein où il était de se donner mort. » ID.

Le son de voix est beau (ROLL., DEST.), charant (SÉv.), agréable (LABR.), doux (LES.), rude >.), rauque (BUFF.), net, plein, bien timbré J.). Le ton de voix est, suivant les circonances, élevé (ROLL., LES.) ou bas, fier (PASC), enaçant (LES.), terrible (ID.), timide (J. J.), fable (ID.), languissant (MOL.). « Cet armurier rait un son de voix rude.... Le sommeil me gna: la lime me tombait des mains; je m'enstormais debout. Il me réveilla d'un ton de voix terrible, qu'il ne me prit plus envie de dorir.» LES.

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Les deux sexes n'ont pas le même son de voix .J., LAH.). « Tous les sentiments ont chacun n ton de voix, des gestes et des mines qui leur ont propres. » LAROCH.

SONGE, RÊVE. Idées qui nous viennent à l'esrit pendant le sommeil.

Songe, latin somnium, de somnus, sommeil, St le terme propre. Rêve, de l'anglais rave, rêer, déraisonner, extravaguer, être en délire, a primitivement aucun rapport au sommeil. Ce not a le même sens fondamental que le mot Everie, dont le radical est en effet le même. Or, les rêveries sont les songes des veillants. >> [ONTAIGN. Et Massillon dit qu'on croit voir uelquefois des présages de mort dans les rêve ies d'un songe. Rêve, rêver, rêveur, rêverie, Ont rapport à la veille et y expriment un déveLoppement de la pensée, ou plutôt de l'imagination, irrégulier, indépendant de la volonté, fantastique. On appellera donc rêves, et non pas songes, les idées et châteaux en Espagne que conçoit pendant le jour un esprit oisif, les soupçons d'un jaloux, les visions de ces contemplatifs de l'Orient dont les extases touchent au délire. « Ce n'est pas là un système de philosophie, c'est le rêve d'un homme en délire. » VOLT. « Pourquoi vous reprochez-vous d'avoir été frappé d'un songe? Pour un homme à systèmes ce n'est pas une si grande affaire qu'un - rêve de plus? » J. J. « De là cet irrésistible instinct qui promène nos pensées dans un autre ordre de choses; de là cette foule de sentiments confus, mais tendres, qui sont des rêves de l'imagination passionnée où notre âme aime à se reposer, même en se trompant, comme nos sens se reposent pendant les songes du sommeil. »>

LAH.

Mais rêve, à la différence de rêverie (voy. I partie, p. 202), se rapporte aussi parfois au

sommeil et devient plus étroitement synonyme de songe.

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Cependant, conformément à sa signification primitive, il indique même alors moins de suite et moins d'apparence de raison; de sorte que les rêves sont des songes vagues, décousus, confus, informes, extravagants. « Le plus sage des hommes veut-il connaître la folie? Qu'il réfléchisse sur la marche de ses idées pendant ses rêves. S'il a une digestion laborieuse dans la nuit, mille idées incohérentes l'agitent. Les rêves inquiets sont réellement une folie passagère. » VOLT. « Cinq ou six apocalypses ressemblant à des rêves d'un malade qui a le transport au cerveau. » ID. « Un conte doit être fondé sur la vraisemblance et ne ressembler pas toujours à un rêve. » ID. « Je ne conçois rien à tout ce qu'on me mande de chez vous; il semble que ce soit un rêve. ID. Les songes, au contraire, sont plus liés : on les raconte, on les interprète, on en tire des présages; un songe peut former le noeud d'une tragédie. « Chez les Juifs on prédisait l'avenir par les songes, on ne défendait pas l'onéiromancie, c'est-à-dire la science des songes. » VOLT. « J'ai connu des avocats qui plaidaient en songe, des mathématiciens qui cherchaient à résoudre des problèmes, des poëtes qui faisaient des vers. On fait quelquefois en songe des discours suivis et éloquents. On a donc dans le sommeil des idées suivies comme en veillant. >> ID. « Un songe qu'eut saint Grégoire dans sa plus tendre jeunesse et dont il nous a laissé en vers une élégante description, contribua beaucoup à lui inspirer de tels sentiments. » ROLL. « Dieu vous a révélé dans votre songe les choses qui doivent arriver.... Votre songe était de cette sorte vous avez vu une statue grande.... Ce songe est véritable, et l'interprétation en est fidèle. » PASC. Anne de Gonzague fut rappelée aux vérités de la religion catholique par un songe admirable, un songe mystérieux, un songe vraiment divin (Boss.). Voltaire met ce songe parmi les visions et l'appelle un rêve.

Dans un sens figuré, le songe est seulement quelque chose de vain, à quoi manque la réalité, comme ce que nous nous représentons pendant la nuit; et le rêve est quelque chose d'absurde, d'extravagant, de ridicule, à quoi manquent la raison et la vraisemblance, comme ce qui est conçu par un rêveur, un visionnaire, un homme en délire. « La vie est un songe, et nos projets sont des rêves. » ROUB. « La gloire des princes n'est souvent qu'un songe, et les systèmes des philosophes ne sont souvent que des rêves. » COND.

SOT, FAT, IMPERTINENT. Ces mots expriment dans les paroles, le ton et les manières, le défaut ridicule et choquant d'un homme à prétentions ou qui s'en fait accroire. « Ce qu'il y aurait en nous de meilleur après l'esprit, ce serait de connaître qu'il nous manque par là on saurait, sans esprit, n'être pas un sot, ni un fat, ni un impertinent. Labr.

Mais d'abord ce qu'on considère surtout dans le sot, c'est ce qui lui manque; et dans le fat, c'est ce qu'il prétend être : l'un est bête ou dé

pourvu d'esprit, de raison, de jugement; l'autre est vain, avantageux, plein de la bonne opinion de lui-même et d'ostentation. Gresset a dit:

Tel est devenu fat à force de lecture,
Qui n'eût été que sot en suivant la nature.
Et on rapporte de l'abbé Terrasson ce bon mot :
« Parler peu et mal est d'un sot; parler beaucoup
et mal est d'un fat. - Notre sottise est en nous
contre nous; notre fatuité est en nous contre
les autres, dont elle blesse l'amour-propre. Le
sot fait ou dit des sottises, c'est-à-dire des ac- |
tions dont il a lui-même à souffrir; le fat indis-
pose tout le monde par les airs ou les louanges
qu'il se donne.

L'homme vraiment sensé fait le mépris qu'il doit
Des mensonges du fat, et du sot qui les croit.
J. J.

« Un graveur ayant demandé à Boileau des vers
pour un de ses portraits, le poëte lui répondit :
Je ne suis ni assez sot pour dire du mal de moi,
ni assez fat pour en dire du bien. » D'AL.

« L'impertinent est un fat outré. Le fat lasse, ennuie, dégoûte, rebute: l'impertinent rebute, aigrit, irrite, offense; il commence où l'autre finit. » LABR. L'impertinent ne respecte rien, ni rang, ni bienséances; il traite tout le monde et se mêle de toutes choses avec une liberté et une hardiesse parfaitement inconvenantes; en un mot, il porte la fatuité jusqu'à l'imprudence, et, au lieu d'être seulement fade, fastidieux, ennuyeux, comme le fat, il est blessant et irritant. « Le marquis du Tour est le plus fat et le plus impertinent de tous les hommes.» DEST. « Le berger Tircis est un impertinent et la bergère Philis une impudente, de parler de la sorte devant son père. » MOL.

ARGAN.

« On vient de me mettre en colère. Votre coquine de Toinette est devenue plus insolente que jamais.... Elle a eu l'effronterie de me dire que je ne suis point malade. »

BÉLINE.

ID.

« C'est une impertinente.» SOUDOYER, STIPENDIER. Payer, solder, avoir à ses gages.

Soudoyer, de la même famille que soudard, solde et soldat, est un des plus anciens mots de notre langue, qu'il dérive ou non du latin : il se dit spécialement des soldats et plus spécialement encore des soldats étrangers qu'un prince entretient à ses frais. « Théodose soudoyait Alaric et ses Goths. Cette paye devint un tribut. » VOLT. « Annibal plaça ensuite les étrangers soudoyés, au nombre d'environ douze mille, Liguriens, Gaulois, Baléares, Maures. » ROLL. Stipendier est un verbe formé, au XVIIIe siècle, du latin stipendium, paye militaire, tribut, impôt. On ne l'emploie pas seulement en parlant de soldats. « Charondas stipendia des maîtres publics, afin que l'intruction, étant gratuite, pût devenir générale. » ROLL. « Et moi, dit Cicéron, qui avais-je à combattre? Un ramas d'artisans stipendies (par Clodius), qu'excitait l'espoir du pillage.» LAH. « Si cet hommage solennel (à Dieu dans la fête des Rogations) osalt se reproduire,

des bandes d'assassins stipendiés marcheraie avec le fer et le feu contre ce paisible et i gieux concours. » ID. Et à l'égard de scllate stipendier signifie plutôt payer les siens pro apparemment parce que les Romains n'ont p connu l'usage d'avoir à leur solde des trone étrangères. « Chez les Grecs, les soldats faisant d'abord la guerre à leurs dépens.... La paunti dont Sparte fit longtemps profession donne is de croire qu'elle ne stipendiait point ses tre pes. » ROLL. « On renouvela le traité entre is deux peuples (romain et carthaginois). On ajom aux articles précédents que chaque peuple a cas où tous deux seraient attaqués) stipendie rait ses troupes. » ID. -Les alliés faisaient l grand nombre des troupes dans les deur républiques (d'Athènes et de Sparte), et ils étaient stipendiés par les villes qui les envoyaient. On appelait mercenaires les troupes étrangères qu étaient soudoyées par la république au secours de laquelle elles étaient appelées. » ID.

D'ailleurs, soudoyer est un mot commun, e stipendier tient de son origine, visiblement latine, un certain caractère de noblesse. C'est sant doute à cause de cela qu'on dit stipendier, et non soudoyer, des maîtres, des professeurs, et que Saint-Simon rapporte, au sujet de Ragotzi, prince de Transylvanie, que la France l'avait reconnu et stipendié. Que si soudoyer est usite comme stipendier quand il est question de toutes sortes de gens qu'on aposte, dont on s'assure & prix d'argent le secours pour faire un mauvais coup, c'est dans un style inférieur, ou bien quand il s'agit de l'exécution d'un dessein moins éclatant: on soudoie le parterre pour applaudır ou pour siffler une pièce; on stipendie un assas sin pour tuer un grand personnage.

SOUFFRIR, TOLÉRER, PERMETTRE. On peut faire ce que nous souffrons, tolérons ou permettons, ce qui est souffert, toléré ou permis.

Mais le mot permettre se distingue aisément des deux autres et doit en être séparé d'abord. Souffrir et tolérer, c'est seulement ne pas empêcher; permettre, c'est autoriser, donner la faculté de faire, consentir formellement à ce qu'on fasse on ne sera pas puni pour faire, on fait impunément ce qui est souffert ou toléré; on est en droit de faire ce qui est permis. Permettre enchérit donc sur souffrir et tolérer. « Les religions païennes ont toléré et permis tous les crimes. » BOURD. « Ou Dieu a manqué de pouvoir, ou il n'a pas voulu défendre le culte des autres dieux, il l'a toléré et même permis. VOLT. « Si la loi permet l'usure à l'égard des étrangers, c'est une de ces permissions, ou plutôt de ces tolérances, accordées à la dureté des caurs. » Boss. De quel front auraient-ils osé sévir contre moi, tandis qu'ils toléraient, qu'ils permettaient même les écrits les plus odieux ?» J. J. «lly a beaucoup de choses qu'on ne doit pas permettre, et qu'il convient de tolerer; d'où il suit qu'oa peut et qu'on doit souffrir l'entrée de tel livre, dont....» ID.-On improuve ce qu'on souffre et ce qu'on tolère ; c'est un mal, quelque chose dont on souffre ou qui est à charge, qu'on supporte (tolérer, de tolerare, supporter): on souffre et on

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α

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que la sensibilité est péniblement affectée. Les maux que vous souffrez vous causent de la douleur; souffrir le martyre, c'est souffrir beaucoup. « Ces peines intérieures faisaient partie de ce que Jésus-Christ devait souffrir pour le péché. » Boss.

olère des maux, des abuş, des désordres. « Nos égislateurs condamnent le prêt à intérêt, et ils = tolèrent. » COND. « Le libertinage ne demande oint précisément d'être applaudi, d'être soutenu t appuyé; il se contente qu'on le tolère. » BOURD. Eh quoi! mon père, l'Eglise, à ce ompte-là, approuverait donc tous les abusi Des maux qu'elle a soufferts elle est trop bien qu'elle souffre? PASC. Mais par cela seul qu'on payée. CORN. ermet quelque chose, on l'approuve, on le dé- Endurer, du latin durare, durer, persévérer, lare bien. << Ne reconnaître pour légitime que ce patienter, emporte l'idée de patience, de longaque la conscience permet et ce que la religion nimité, de soumission. Endurant est synonyme pprouve.» MASS. Souffrez que je vous dise, ex- de patient. Les maux que vous endurez ne vous rime une prière par laquelle on implore une causent pas de colère ou d'emportement, ne vous grâce, en quelque sorte, quelque chose à quoi font pas sortir de votre calme, vous trouvent dur on n'a pas droit, qui n'est pas bon en soi; per- ou endurci contre, persistant dans votre état. nettes que je vous dise, est une formule de civi- << Tout ce que la patience des martyrs a été caité, qui ne suppose aucun doute sur la légitimité pable d'endurer. » BOURD. « Pour avoir cette chade la demande qu'on adresse. Que si quelque- rité patiente, que ne faut-il pas endurer? ID. ois on permet aussi ce qu'on blâme, le mal, ce << Quand Dieu nous exerce par les souffrances. si 'est pas comme quand on le souffre, ou qu'on le nous l'endurons chrétiennement, notre patience olère, par indulgence, par tolérance, par faci- tient lieu de martyre. » Boss. « J'endurai patiemité, mais par nécessité (il faut bien permettrement ses dédains. » J. J. « La douceur angélique ce qu'on ne peut empêcher, ACAD.) ou en vue de celle-ci lui faisait tout endurer sans se plain. d'un grand bien qui ne peut être obtenu qu'à dre. » ID. « Une patience à tout endurer. » MARM. cette condition: c'est ainsi que Dieu permet le Après avoir tant enduré pour votre satisfaction, mal. je pense qu'à la fin j'éclaterai pour la mienne. >> Souffrir, tolérer. Ne pas empêcher, laisser PASC. « Endurer un affront comme celui-là en faire le mal ou ce qu'on estime tel.

On souffre faute d'énergie, par molles e, par négligence, par débonnaireté : c'est ainsi qu'un mari souffre les infidélités de sa femme (MoL., MONTESQ.). On tolère par ménagement et par condescendance, avec résolution et en vertu d'un système de conduite : c'est ainsi qu'on tolère les défauts du prochain (ACAD., MASS.). Là où toutes les religions sont souffertes, on leur laisse le champ libre, sans s'en soucier, et comme si on ne les voyait pas là où toutes les religions sont tolérécs, on veut bien ne pas les inquiéter ni les proscrire. Souffrir convient aussi mieux pour les faits, pour les actions particulières, et tolérer à l'égard de tout un genre d'actions. « Vous souf* frez que Mathan vous parle ? » dit Joad à Josabet dans une occasion. Vous tolérez qu'il vous parle? - indiquerait une habitude générale. D'ailleurs, tolérer, exactement traduit du latin tolerare, et qui n'est d'usage que dans cette acception, n'appartient pas au langage commun, comme souffrir: il ne se dit guère qu'en parlant de la conduite des Etats, des gouvernements, ou bien en De termes de droit. Dans tel pays on tolère les jésuites; ⚫ dans les maisons propres on ne souffre pas les araignées. » J. J.

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D

Un père souffre tout à ses enfants. Les États et les magistrats tolèrent certains abus. Il y a des choses que la loi permet, comme il y en a qu'elle défend.

SOUFFRIR, ENDURER, SUPPORTER (PORTER), DIGÉRER. C'est essuyer ou éprouver, avec telle ou telle disposition, des choses désagréables ou mauvaises, des maux.

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notre présence! » MOL.

Au moins s'il faut souffrir, endurez doucement;
L'amour est de soi-même assez plein de tourment,
Sans que l'impatience augmente encor le vôtre.

LAF.

Supporter, supportare, sub portare, diffère étymologiquement de souffrir, sufferre, sub ferre, comme portare de ferre. Or, portare signifie porter physiquement, et d'ordinaire un lourd fardeau; au lieu que ferre, c'est porter au figuré, ou bien porter quelque chose qui n'est pas un fardeau, comme une bague au doigt, des cheveux sur la tête. En conséquence, supporter donne toujours et seul l'idée d'un fardeau, d'une charge qui est imposée. Vous supportez les maux qui pèsent sur vous, et par suite ceux qui vous assaillent, qui viennent fondre sur vous, auxquels vous résistez où sous lesquels vous succombez. Supporter les injures de l'air, l'éclat de la lumière (ACAD.). « On trouvait Persée si malheureux de n'être plus roi, qu'on trouvait étrange qu'il pût supporter la vie. » PASC. « Jusqu'ici j'ai supporté le malheur.» J. J. « Et moi comment supporterais-je le spectacle continuel d'une tristesse dont je serais cause?» ID. « Toute cette jeunesse romaine était accoutumée à supporter les fatigues les plus rudes, à souffrir le soleil, la pluie, la gelée. » ROLL.

Souffrir est plus général. Il se dit en parlant de tous les maux, par cela seul qu'ils sont maux, qu'ils blessent la sensibilité. Endurer et supporter se rapportent à différentes espèces de maux: savoir, endurer à ceux que Dieu nous envoie pour nous exercer et nous éprouver, ainsi qu'à ceux Scuffrir est le terme général, applicable à tous qui sont de leur nature propres à nous exciter, les maux, et il se distingue moins par une dispo- comme les mauvais traitements, les persécutions, sition avec laquelle on les subit que par une cir-les affronts, les soufflets; et supporter à ceux qui constance plus remarquable en lui que dans ses sont des attaques ou des coups de la fortune, les synonymes, savoir qu'on est dans la souffrance, accidents, les pertes, les disgrâces, les fatigues,

SYN. FRANC.

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et en général à ceux qui résultent des impres- pas la même dureté de sens que subjuguer et sions extérieures, une trop forte lumière, un asservir : ils expriment, non pas comme ces der• spectacle hideux. Cette idée du dehors, d'un far-niers une destruction, mais seulement une resdeau apporté et mis sur nous est toute particulière à supporter. C'est pourquoi on ne dit pas supporter, comme on dit souffrir ou endurer la faim, la soif, la fièvre, des peines, des ennuis. | On supporte proprement des malheurs.

A l'égard des autres hommes, nous supportons leurs défauts, nous les supportons eux-mêmes; ce sont comme des fardeaux dont ils nous char-¡ gent. Je porte cet homme sur mes épaules, c'est à-dire il m'est à charge. Nous endurons les procédés injustes, les injures, les insolences, les tracasseries de nos semblables, lorsque nous avons assez de douceur et de retenue pour ne pas nous en irriter.

Quant à la manière, on souffre avec douleur: circonstance qui n'est pas une disposition d'esprit, une qualité morale, telle que celles qui sont supposées par endurer et supporter. On endure avec calme, sans se laisser emporter; on supporte avec courage, sans se laisser accabler. On ne dit point en conservant à souffrir le sens qui lui est commun avec ses synonymes ici considérés je ne puis souffrir ce mal, car on peut toujours souffrir, ce qui ne suppose que de la passivité. Mais on dit bien : je ne puis endurer ce mal, c'est-à-dire il m'impatiente, il m'indigne, il me soulève, il me provoque à la vengeance; et, je ne puis supporter ce mal, c'est-à-dire je n'en ai pas la force, j'y succombe.

triction de la liberté; non pas une contrainte, mais une simple influence. Soumis et assujetti, on obéit, on ne résiste guère, on est gagne; subjugué et asservi, il faut de nécessité qu'on obéisse, on ne saurait résister, on est forte. Soumettre et assujettir, c'est mettre dans la dépendance, sous soi, dans un état inferieur; b juguer et asservir, c'est mettre dans une grande dépendance, puisque c'est mettre sous le joug on dans la servitude.

1° Soumettre, assujettir.

Vous eta

Soumettre est un terme générique, d'une signification vague et capable de marquer was les degrés, même les plus faibles. Je sais que je depends d'un père, et que le nom de fils me soumet à ses volontés.» MOL. Assujettir indique plus de rigueur, quelque chose de plus strict, & quoi on est plus tenu, dont il est moins possible de s'écarter. « Nous avons une raison qui nous pres crit des devoirs, qui nous impose des lois, qui nous assujettit à l'ordre. » BOURD. — « blirez des règles, et vos domestiques refuseront de s'y soumettre, ou, pour les y assujettir, il faudra reprendre, menacer. In. On n'aime pas l'uniformité de la vertu, une vie toujours soumise aux mêmes règles, toujours assujette aur mêmes lois. » MASS. « Il y a une philosophie qui nous soumet et nous assujettit à demander, prier, solliciter, importuner en faveur de nos prochés et de nos amis. LABR.

D

Qu'une personne souffre la misère, cela nous Ensuite soumettre peut se rapporter à un fail touche et intéresse notre sensibilité en sa faveur. Qu'elle endure la misère, elle fait preuve de pa- unique ou tout au moins rare; au lieu qu'assu tience et de résignation. Qu'elle supporte la mi-jettir suppose une sorte d'assiduité, quelque sère, elle montre de la force d'âme ou du courage contre tout ce qui lui arrive de fâcheux de la part de la fortune ou des hommes.

Porter, étant le radical même de supporter, n'en diffère pas essentiellement (voy. Ire partie, p. 156).

chose d'habituel. On se soumet dans un seal cas particulier à une punition, au jugement de qualqu'un; on s'assujettit à un usage, à une mode, aux heures de quelqu'un, quand on sy accorsmode sans cesse. Dieu ne devait pas attendre qu'Eve eût péché pour la soumettre aux dialects de l'enfantement, ni qu'Adam eût deschi l'assujettir à tant de miseres.» Boss. La s sion peut humilier; l'assujettissement est peaded gênant, importun, par la fréquente regel des actes qu'il commande.

2o Subjuguer, asservir.

Digérer rappelle une opération du corps qui n'a rien de noble en elle-même. Aussi est-ce un terme familier. De plus, les maux qu'on digère ont toujours du rapport avec ceux des aliments qui sont désagréables et difficiles à digérer ainsi qu'à avaler: ils ont de l'amertume ou inspirent du Subjuguer annonce un vainqueur et un vaste dégoût. « En te commandant le jeûne pendant le carème, l'Eglise veut te donner quelque goût de assertir, un tyran et un esclave. Cela qu la pénitence; estimant que l'utilité que tu rece-jugue l'emporte, est le plus fort, mais il se p vras d'une médecine si salutaire t'en fera digérer qu'il n'opprime point; ce mot ne marque pas l'amertume et continuer l'usage. » Boss. « Pra- cessairement l'injustice et la vexation. Al tiquer les austérités de la vie religieuse, en di- dre subjugua avec une promptitude iscr gérer les amertumes et les dégoûts. » BOURD. toutes les terres de la domination pers «Essuyer mille rebuts, digérer mille dégoûts. » Boss. « Sésostris attaqua la Libye. ep ID. « Dites tout ce que vous voudrez, je ne sau- grande partie de cette vaste region fo rais digérer cela, non plus que le potage et la guée. » ID. « Avec ce roseau Jesus-Cinsau tarte à la crème dont madame a parlé tantôt. » jugué plus de nations que les plus fex c

(Elise dans la Critique de l'École des Femmes). quérants. » BOURD. « On voit dans MOL. On endure un affront dont on ne se venge des hommes qui remportent des victoires. pas; on digère un affront auquel on est très-sen- prennent des villes, qui subjuguent les e sible, qui est amer.

1° SOUMETTRE, ASSUJETTIR; GUER, ASSERVIR. Ranger sous sa puissance.

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qui détrônent les souverains, MASS. 20 SUBJU rions tort en résistant à cette évidence qu subjuguerait enfin malgré nos vaines resista Mais soumettre et assujettir n'ont évidemment FÉN. Asservir, au contraire, exprime

un abus. « Le moi est incommode aux autres, en ce qu'il veut les asservir car chaque moi est Pennemi et voudrait être le tyran de tous les autres.» PASC. « Une femme perdue d'honneur s'é1. puise, s'endette, se ruine pour un mondain à qui elle est asservie, dont elle essuie tous les caprices, qui n'a pour elle que des hauteurs, et qui ordonne .de tout chez elle en maître. » BOURD. « Que des hommes épars soient successivement asservis à un seul, je ne vois là qu'un maître et des esclaves. » J. J.

E

Loin d'être aux lois d'un homme en esclave asser-
vie,

Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie. MoL.

différence apparente, faire une chose sous teľ prétexte et sur tel prétexte, défendre une chose sous telle peine et sur telle peine.

Dans ces exemples, et autres semblables, s'il y en a, sous s'emploie beaucoup plus souvent que sur. D'où résulte une première indication qui a déjà son importance. Sous annonce un prétexte ou une peine ordinaire, qui n'a rien de saillant, quelque chose de général ou de vague sur quoi l'attention n'est pas particulièrement appelée; au lieu que sur est un mot rare réservé pour les cas remarquables, dont on ne se sert que quand il est question d'un prétexte ou d'une peine extraordinaire, qui est ou qu'on met en relief de quelque façon que ce soit. A l'appui de cette dis

Un peuple subjugué a eu le dessous; un peuple asservi gémit dans les fers. Si on est sub-tinction vient un autre fait, savoir que, avec jugué, c'est qu'on est faible; si on est asservi, c'est quelquefois parce qu'on est lâche. Avec beaucoup d'attraits, une femme subjugue facilement les hommes; avec beaucoup d'empire, de hauteur et d'exigence, une femme asservit un amant ou un mari à tous ses caprices. L'évidence nous subjugue, les passions nous asservissent. <<< Les riches ne songèrent qu'à subjuguer et asservir leurs voisins. J. J.

SOUPÇON, SUSPICION. (SOUPÇONNER, SUSPECTER). Croyance légère, faible, incertaine, à ▲ quelque chose de désavantageux pour une per

sonne.

Soupçon, autrefois souspeçon, et suspicion, latin suspicio, viennent tous deux du verbe latin - suspicari, soupçonner, se douter, conjecturer. Mais soupçon, qui a une forme toute française, est un terme vulgaire; au lieu que suspicion, - étant calqué sur le latin suspicio, est un terme erde palais. Le soupçon a pour objet toute sorte de faute ou de mauvaise action; la suspicion tombe proprement sur les délits. Vous entrez en soupçon contre votre ami que vous croyez infidèle, et en suspicion contre un juge qui vous paraît prévariquer.

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D'où il suit que la suspicion est moins vague ou mieux fondée, comme l'est la présomption par rapport à la conjecture: devant les tribunaux on ne se contente pas d'idées imaginaires, qui ne s'appuient pas au moins sur des indices, sur des raisons apparentes. Le soupçon fait qu'on est soupçonné; la suspicion suppose qu'on est suspect, c'est-à-dire soupçonné et méritant de

l'être.

Entre soupçonner et suspecter même différence, suspecter désignant dans l'objet un sujet de le soupçonner. La défiance ou plutôt la méfiance soupçonne les gens mêmes qui n'ont donné aucun lieu au soupçon: la prudence suspecte ceux qui ont donné matière à la suspicion. Un homme vrai peut être soupçonné de ne pas dire la vérité dans certains cas: le menteur est justement suspecté de dire faux dans le cours ordinaire des choses. La femme la plus vertueuse sera soupçonnée par un jaloux; la coquette est suspectée de tout le monde ou suspecte au public. SOUS, SUR. Ces deux prépositions 'de signification contraire entrent néanmoins dans des locutions qui semblent équivaloir et sont assez difficiles à distinguer. On dit également, et sans

prétexte, sous peut très-bien se passer de l'article, mais jamais sur: sous prétexte, sur le prétexte. Il y a plus non-seulement sur prend nécessairement l'article, ce qui prouve que sur, dans cette acception, est précis, mais encore, ce qui confirme cette preuve, c'est que l'article lui-même se trouve quelquefois accompagné d'autres mots déterminatifs sur le seul prétexte (VOLT.), sur le simple prétexte (ID.), que....

Sous le prétexte fait concevoir un prétexte vague, tacite, sous lequel on se cache, suivant le sens primitif et ordinaire de prétexte (de præ texere, tisser devant ou dessus), ce qui couvre. « L'amour - propre craint moins de résister secrètement à Dieu sous de beaux prétextes que de choquer les hommes. » FÉN. « Tout consiste à bien vivre, disent nos Indifférents. Mais c'est encore, sous le prétexte de la piété, la plus fine et la plus dangereuse hypocrisie. Boss. Mais sur le prétexte est l'expression dont on se sert de préférence quand il s'agit d'un prétexte qu'on met en avant, qu'on allègue, qu'on pose ouvertement comme une raison ou comme un droit. << Vous savez bien que c'est ce que Dieu demande, et vous le lui refusez toujours sur de beaux prétextes. » FÉN. « La faction de Mustapha persuada aux janissaires que le jeune Osman avait dessein de diminuer leur nombre pour affaiblir leur pouvoir. On déposa Osman sur ce prétexte. » VOLT. « Ferdinand prétendait avoir droit sur le royaume de Naples, conquis sur la maison d'Anjou par Alphonse, son oncle, avec les forces du royaume d'Aragon. Sur ce prétexte, il proposait à Charles VIII de faire conjointement et de partager avec lui cette conquête. » Boss. Tartufe se fait doucement donner les biens d'Orgon sous le prétexte qu'ils pourraient tomber en de méchantes mains, qui en mésuseraient. Mais on déclare la guerre, on intente un procès, on prétend un droit, sur tel ou tel prétexte. Le prétexte sous lequel on fait une chose n'est pas la véritable raison; le prétexte sur lequel on fait une chose n'est pas une raison solide.

Sous peine peut indiquer une petite peine : sous peine d'amende (ACAD.). « Le roi s'obligeait au bout de ce temps de rendre Calais, sous peine de payer cinq cent mille écus à l'Angleterre. » Boss. Sur peine n'est usité qu'en parlant de

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