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les Egyptiens conservaient les corps morts. Leurs momies se voient encore. » Boss.

De plus, soigneusement, comme soin et soigneux, ne se prend qu'en bonne part; au lieu que curieusement emporte quelquefois une idée de blâme, marque abus ou excès, signifie un soin recherché, minutieux, indiscret. L'humilité est soigneuse de se cacher; la vanité, curieuse de se produire. Boileau dit au sujet de sa satire contre l'équivoque : « Bien loin de la publier, je la tenais soigneusement cachée...; aussi soigneux désormais de me faire oublier que j'avais été autrefois curieux de faire parler de moi. La critique reprend dans un ouvrage des antithèses surieusement arrangées (MARM.), et reproche aux sophistes une éloquence curieusement travaillée (ID.).

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SOIN, SOUCI, SOLLICITUDE. Préoccupation qui porte à veiller sur une personne ou sur une chose, à prendre des mesures, des précautions en sa faveur, à s'y appliquer afin de la faire prospérer ou réussir.

Soin est le terme générique; aussi l'Académie s'en sert-elle pour définir souci et sollicitude. Outre cela, il a un caractère tout à fait particulier qui contribue encore plus à le séparer de ses synonymes, c'est qu'il est objectif. Le soin est considéré extérieurement: c'est la préoccupation par rapport à la manière d'agir, l'application à bien faire (travailler avec soin), ou c'est la charge, le devoir de faire certaines démarches, de prendre certaines mesures; et, au pluriel, les soins sont ces démarches mêmes, ces mesures, des embarras, des attentions, des services. Le souci et la sollicitude sont subjectifs : ils expriment, le souci surtout, la préoccupation dans l'âme qu'ils possèdent et les effets qu'elle y produit. Avec du soin ou des soins on fait bien, attentivement, exactement, on conserve ou on préserve, on pourvoit à ses besoins ou à ceux des autres; avec du souci ou des soucis et de la sollicitude on est toujours disposé à bien faire, toujours en éveil sur ses propres intérêts ou ceux des autres, et sur le soin ou les soins qu'ils réclament. Cette différence capitale a été sentie et très-clairement indiquée par plusieurs de nos meilleurs écrivains.

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Souci est défini par l'Académie, soin acermpagné d'inquiétude, et par Fénelon, soia inquieu « Cette âme a quelque reste de souci ou soin □quiet sur son salut. » Comme sollicitude, il parat venir du latin sollicitus, dont le sens est à net près le même. La même préoccupation, le mème zèle que le mot soin représente au dehors, comme se déployant, souci les exprime dans l'âme et par rapport à l'âme qu'ils agitent et tourmentent. Soucis cuisants (ACAD.), rongeants (Boss., J. J.), sombres et cruels (MASS.); noirs soucis (ACADİ, être dévoré de soucis (ACAD.). N'avoir nul soin de sa conservation, c'est ne rien faire pour se conserver; n'avoir nul souci de sa conservation, c'est n'y pas songer, ne pas s'en inquiéter. « Le coq a beaucoup de soin et même d'inquiétude et de souci pour ses poules.» BUFF. La poule se livre à ses tendres soins pour ses petits avec tant d'ardeur et de souci, que sa constitution en est visiblement altérée. » ID. «L'inquiétude. les soucis, la peur, l'effroi, l'horreur et l'epouvante ne sont autre chose que les degrés differents et les differents effets de la crainte. Un homme, mal assuré du bien qu'il poursuit ou qu'il possède, entre en inquiétude. Si les périls augmentent, ils lui causent de fâcheux soucis. » Boss. - Dans un sens souci enchèrit sur soin: il marque plus de peine d'esprit. Soin signifie seulement qu'on ne rit pas, qu'on ne badine pas; ce mot vient, dit-on, du << M'envoyer à Turin, c'était, selon moi, s'en- latin senium, vieillesse, sévérité. Molière dit en gager à m'y faire vivre, à m'y placer convena-parlant des mariages dont la beauté a été le seul blement. Je n'avais plus de souci pour moi-même; d'autres s'étaient chargés de ce soin. » J. J. « Moi, | que le moindre tracas effarouche, et qui laisse dépérir mes propres livres dans les transports, faute d'en pouvoir prendre le moindre soin, juzez Soins et soucis son esprit tenaillèrent. du souci où me met la crainte que celui-là ne Mais dans un autre sens, c'est soin qui enchérit soit pas assez bien emballé. » ID. « Les engage-sur souci; car il ne désigne pas seulement une ments que ces libraires prendront avec moi se- disposition, mais une conduite, l'application. ront-ils assez sûrs pour que je puisse y compter Avec des soucis, des soins, des frais enormes, et n'avoir plus de souci là-dessus le reste de ma mes persécuteurs travaillent à me rendre le plus vie? En supposant que oui, voudrez-vous bien malheureux des êtres. » J. J. m'aider de vos soins et de vos conseils pour établir mes sûretés sur un fondement solide?» ID. La réflexion, la prévoyance, mère des soucis et des peines, n'approchent guère d'une âme enivrée des charmes de la contemplation. Tous les soins fatigants de la vie active lui de

mobile :

De là viennent les soins, les soucis, les miséres, Et Voltaire, pour peindre la grande inquietude de quelqu'un :

Ce qui distingue la sollicitude, c'est l'affection et la constance. La sollicitude est une suite, une multitude de soucis et de soins pour une personne chérie sur laquelle on veille sans cèsse. C'est à cause de cette continuité, de cette permanence, que sollicitude se dit presque toujours au

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gulier comme signifiant un genre, une habile sollicitude pastorale, sollicitude materle. « C'est à la constante sollicitude des mères aux soins assidus de leur tendre affection 'est dû le développement des premiers germes la société. BUFF. « Cette sollicitude, ces rques de tendresse et d'affection maternelle furent pas de longue durée. » ID. « La mère 3 petits tétras les conduit avec beaucoup de licitude et d'affection. » ID. Le père et la ere ne cessent d'entrer et de sortir pour leur rter à manger; et par cette sollicitude ils délent leur nichée. » ID. « Une sainte et religieuse llicitude fait le caractère propre de tout homme éposé à la conduite des autres. » ROLL. « Dans s premières années, les magistrats et les vieilrds nous apprennent, par leur tendre sollicide, que l'Etat n'a rien de si précieux que ous. BARTH.

Solennel, qu'on célèbre avec solennité, comme certaines fêtes annuelles (quod solet annis, qu'on a coutume de faire chaque année), a rapport au fait. Authentique, du grec aùbevτixós, qui peut faire autorité, a rapport à l'effet.

Ce qui est solennel ne se fait pas en secret, mais au grand jour, hautement, devant nombre de témoins, dans des circonstances qui lui donnent beaucoup d'éclat, et plus un acte a de publicité ou de notoriété, plus il est solennel. M. de Cambrai ne fait que citer en marge comme répréhensibles quelques-uns de ces ouvrages. Ne fallait-il pas édifier l'Eglise par quelque chose de plus qu'une simple note marginale, et n'avait-on pas raison d'attendre une condamnation plus expliquée et plus solennelle? » Boss. << Le czar crut qu'il était important que la sentence fût prononcée publiquement au prince, afin qu'après cet acte solennel il ne pût jamais Toute affaire doit donner du soin: tout danger, revenir contre un arrêt auquel il avait acquiescé 1 souci; toute responsabilité, de la sollicitude. lui-même. » VOLT. « Tout ce qui s'est fait en faAvec du soin ou des soins on est soigneux, veur des Anciens (espèce de sénat de Genève) n'a iligent, empressé; avec du souci ou des soucis pas été assez solennel des arrêts secrets n'arrêa est soucieux, inquiet, intérieurement tourtent point la populace qui les ignore. Un arrêt entė, sombre, chagrin; avec de la sollicitude affiché, ou quelque témoignage public d'appron exerce une surveillance bienveillante, com- bation, voilà ce qu'on leur devrait pour l'utilité atissante et de tous les instants. Sans soin, publique. » J. J. « On prit le parti, à l'égard des ous sommes négligents, nous faisons mal, faute papiers publics acquittés, de les remettre toutes 'application; sans souci, nous sommes insou- les semaines par compte au prévôt des mariants, nous vivons tranquillement, au jour le chands, qui les brûlait solennellement à l'hôtel our, ne nous affectant et ne nous mettant en de ville en présence de tout le corps de ville et eine de rien; sans sollicitude, nous sommes de quiconque y voulait assister. » S. S. Mais ndifférents, nous n'accordons à certaines per- authentique détermine moins la manière que la onnes, qui ordinairement nous sont soumises nature; c'est une qualification moins historique ou liées par le sang, ni un grand intérêt, ni une qu'essentielle et légale; ce qui est authentique continuelle assistance. est une bonne garantie, et ceux qui y sont intéCependant l'Académie dit de soin et de sollici-ressés peuvent avec confiance l'invoquer, au tude qu'ils se prennent quelquefois dans le sens l'inquiétude, de souci. Mais alors même soin est tout relatif à la conduite, aux effets, et peu ex pressif quant à la peine d'esprit. Les soins de l'ambition sont surtout ses démarches et ses poursuites; on est libre de soins quand on est sans embarras, sans beaucoup d'affaires. Sollicitude garde aussi et doit garder ses nuances dans cette acception; en sorte que les sollicitudes sont, ou de tendres soucis, ou de continuels soucis, ou des soucis auxquels on est obligé par ses lonctions, en qualité de maître ou de supérieur. Les sollicitudes d'un père (ACAD.). « Les tendres sollicitudes d'un gouverneur pour les besoins de son - peuple.» MASS. « Saint Louis était effrayé des sollicitudes et des obligations immenses cachées sous l'éclat trompeur qui environne le trône. » ID. Au reste, sollicitude a aussi peu que soin l'énergie de souci: on ne dit point des sollicitudes rongeantes, ni être dévoré de sollicitudes. L'idée de grande ínquiétude est tellement propre à souci, que, lorsqu'il faut l'exprimer pure et au plus haut degré, lui seul en est capable.

besoin, et s'en prévaloir. « Il ne faut pas que le peuple sente la vérité de l'usurpation : elle a été introduite autrefois sans raison; elle est devenue raisonnable; il faut la faire regarder comme authentique, éternelle, et en cacher le commencement. PASC. « Il ne suffit pas que M. de Cambrai désavoue en l'air des calomnies manifestes débitées en son nom contre des évêques; la justice et la vérité demandent une déclaration plus expresse et plus authentique. » Boss. « Lorsque Cléopâtre voulait faire un serment bien authentique, elle jurait par les lois qu'elle dicterait dans le Capitole à tout l'univers. » ROLL.

« On déterminait les droits respectifs des métropoles et des colonies. On réglait ce qu'elles se devaient réciproquement les unes aux autres: on en dressait un acte authentique ; et pour rendre ces préliminaires plus solennels et plus sacrés, on les accompagnait de sacrifices et d'autres cérémonies religieuses. » COND.

Nous avons fait au baptême une promesse solennelle de renoncer à Satan et à ses pompes (Boss.), une profession solennelle de cervir Dieu SOLENNEL, AUTHENTIQUE. Ces mots servent (MASS.). « Qui peut douter que Dieu ne se converà qualifier des actes, des déclarations, des re-tisse à nous après la parole authentique qu'il nonciations, des ratifications, des promesses, des serments, des vœux, faits en public, avec un certain appareil, et qui deviennent par là des titres d'une grande valeur.

nous en a donnée?» BOURD. « Dieu, par le plus solennel de tous les serments, a promis à la pénitence la rémission des péchés. Fortifié d'une promesse si authentique, on pèche avec sécurité.>

ID. Louis XIV ratifia de la manière la plus solennelle et fit ensuite enregistrer au parlement la renonciation solennelle de sa femme, Marie-Thérèse, au trône d'Espagne; mais à l'approche de la mort de Charles II, cette renonciation authentique ne parut plus qu'une vaine signature (VOLT.).

Tout, jusqu'à son amour (d'Hérode), est à crité
de lui :

Vous le voyez trop bien; la sombre jalousie
Au delà du tombeau portait sa frénésie. h
Entre les deux partis Calchas s'est avancé,
L'œil farouche, l'air sombre et le poil hérissé,
Terrible....

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On ne peut douter que ce qui est solennel n'ait Mais morne est négatif et dépeint le sujet d eu lieu, trop de monde en a été témoin, ou il une disposition toute passive, dans l'acers s'est passé dans des circonstances trop éclatantes.ment, dans la consternation, dans une espère à On ne peut récuser ce qui est authentique, ni s'en défier, tant l'autorité en est considérable. Il arrive assez souvent que l'authenticité ré

sulte de la solennité. Aussi dit-on solennel et au

thentique plutôt que authentique et solennel. « Voilà les expériences solennelles et authentiques sur lesquelles il se faut fonder. » Boss. Saint Pierre avait mérité que Jésus-Christ lui fit cette promesse solennelle et authentique. » BOURD. C'est sur la croix que Jésus-Christ a fulminė solennellement et authentiquement ces

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stupeur ou de stupidité. On dit une morne t ́s tesse (MOL., S. S.), un morne accablement (S. S.), un air languissant et morne (1),

morne confusion (VOLT.), un morne engourde

sement (MARM.). L'envie est la passion la plus honteuse et la plus morne (LAH.). • L'unan € l'ai paraissent très-mal ou très-peu sentir: lem air morne, leur regard pesant, leur resistance indolente aux coups qu'ils reçoivent sans s'ence

voir annoncent leur insensibilité. » BFF, « 1 résulte de tout cela (dans l'engoulevent) me lourd et ignoble.» ID. « Son œil morne et s physionomie morne et stupide, un air de fam )

fameux anathèmes contre les mondains. » ID. « Une déclaration solennelle et authentique. ROLL. « Une condamnation solennelle et authen-contenance effacée annonçaient l'abattement de tique. » ID.

son cœur. J. J. « Son accablement ne saurait

s'imaginer.... Elle se tient jour et nuit à genour

au chevet de sa mère, l'air morne, l'œil firé en terre, gardant un profond silence.» ID. Brutus se présente avec un front morne, et dans to

SOMBRE, MORNE, MÉLANCOLIQUE, RÊVEUR, SOUCIEUX. Ces mots représentent l'état d'un homme retiré ou concentré en lui-même, qui ne prend part à rien de ce qui se passe autour de l'accablement d'une âme qui porte un grand farlui, qui ne s'épanouit ni ne se répand.

deau.» LAH.

Morne, triste, abattu, regrettant le trépas. Votr.
Ce morne et froid accueil me surprend à mon tour.
CORY.

Sombre et morne paraissent avoir la même signification primitive: couleur sombre ou morne, temps sombre ou morne, c'est-à-dire tirant sur le noir, et par conséquent triste. Mais sombre dit plus que morne. Ce qui est sombre est à l'ombre ou dans l'ombre; ce qui est morne est éclairé, mais d'une lumière sans vivacité et sans éclat, terne. La nuit est sombre quand elle est ténébreuse; le soleil est morne lorsqu'il ne répand qu'une clarté pâle et languissante. On appelle royaumes sombres, et non pas royaumes mornes Il y a plus; pendant qu'une idée d'ardeur, seulement, l'enfer des païens, le lieu des ombres.

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Au figuré, la différence est sensible sombre exprime quelque chose de plus noir, de plus lugubre, de plus repoussant. « Un jour qu'il m'avait invité à dîner, je le trouvai d'un sérieux morne et sombre que je ne lui avais jamais vu. >> MARM.- Sombre est positif, il marque une disposition active du sujet, qui effraye. On dit une sombre terreur (VOLT.), une sombre fureur (LAH.), un air sombre et sévère (BOIL.), sombre et farouche (MARM.). « Les yeux et les sourcils de Protesilas montraient je ne sais quoi d'agité, de sombre et de farouche. » FÉN. « Par cette harmonie on adoucit un peu les esprits farouches et violents. Mais, malgré les charmes de la musique, ils retombent toujours dans leur humeur sombre et incompatible. » ID. « Quels sont ces malheureux dont les âmes sombres et concentrées couvent le crime? » J. J. « Ah! sens-tu bien tout ce qu'il y a de sombre et d'horrible dans cette funeste idée?» ID. « Le poste de confesseur de Louis XIV fut donné à Le Tellier, homme sombre, ardent, inflexible, cachant ses violences sous un flegme apparent. » VOLT.

Ses superbes coursiers, qu'on voyait autrefois
Pleins d'une ardeur si noble obéir à sa voix,
L'œil morne maintenant et la tête baissée,
Semblaient se conformer à sa triste pensée, Rac,
Le roi Latin pensif et morne,
Pétrifié comme une borne
Demeura décontenancé.

SCABR.

d'irritation, de menace, est inséparable de som-
bre, souvent le caractère négatif de morne se
restreint à ne pas parler, à rester interdit. Un
morne silence (ACAD., MOL., LABR.); morne et
silencieux (LABR., S. S., LAH.). « ̧Qu'aurens-nous
autre chose à faire (devant Dieu) que de demeu-
rer dans un triste et morne silence, confus, in-
terdits, effrayés?» BOURD.

Quel changement nouveau, quelle sombre terreur
Ont écarté de nous la cour et l'empereur?
Au palais des sept tours une garde inconnue
Dans un silence morne étonne ici ma vue. VOLT.

« Un silence morne et impénétrable régnait dans
ce palais. Les gens en étaient consternes; et l'eff
froi que leur inspirait la douleur sombre et me-
naçante de leur maître les rendait eux-mêmes
farouches.» MARM. « Il fallait voir à table ces
deux époux vis-à-vis l'un de l'autre: la morse
taciturnité du mari, la fière et froide indignation
de la femme, le soin que prenaient leurs regards
de s'éviter, et l'air terrible et sombre dont ils se
rencontraient. » ID.

Mélancolique, de deux mots grecs qui veulent dire bile noire, atrabile, annonce un état constant ou habituel, qui dépend du tempérament

me. Un tempérament mélancolique (FÉN.). Le re est appelé par Lafontaine un mélancolique mal. « Xénocrate était naturellement mélanique, et avait quelque chose de dur et d'ausDe dans l'humeur. » ROLL. Quand mélancolique met après sombre, c'est pour le déterminer, 1r marquer qu'il s'agit d'une disposition du actère ou inhérente au sujet. « Les Egyptiens it beaucoup plus sombres et plus mélancolies que les Arabes. » BUFF. (Voy. Mélancolie, atrabilaire, p. 770 et 771). Reveur a aussi sa nuance propre et distinctive. mbre, morne et mélancolique, qui impliquent as trois l'idée de la noirceur, de la couleur la bins agréable et la moins gaie, indiquent un at sensible; au lieu que rêveur désigne visiement un état intellectuel. L'homme sombre, orne, mélancolique, est plongé dans la trissse; le rêveur est pensif ou absorbé dans ses ensées. « Ariste, avec un air rêveur, feignit aller méditer dans une allée où il digéra sans enser à rien. » MARM. « Oh! Ariste, que vous Dilà rêveur! A quoi pensez-vous si profondéent?» MAL. « Sidrac le rencontra dans le parc aint-James, tout pensif, tout rêveur, et l'air lus embarrassé qu'un algébriste qui vient de ire un faux calcul.» VOLT. « Tous ces sauvages nt l'air rêveur, quoiqu'ils ne pensent à rien; ils nt aussi le visage triste et ils paraissent mélan oliques. » BUFF.

Soucieux diffère autrement de sombre, morne at mélancolique. Il se rapporte à l'avenir, à ce qui peut avoir lieu, et non pas à ce qui a eu ieu. Il suppose, non pas un sentiment de trisesse, mais un sentiment d'inquiétude, une préoccupation relative à des mesures, à des précautions à prendre. Le mécontentement et l'ennui peuvent rendre sombre, morne et mélancolique; la crainte d'un danger rend soucieux. « Platon me parut d'abord inquiet et soucieux; mais il reprit bientôt son air serein. » BARTH. M. Necker laissait à sa femme le soin d'entretenir la conversation. Elle y faisait bien son possible; mais son esprit n'avait rien d'avenant à des propos de table. Soucieuse, inquiète, sitôt qu'elle voyait la scène et le dialogue languir, ses regards en cherchaient la cause dans nos yeux. MARM.

ments. » BOURD. « La cigogne blanche pose son nid sur les combles élevés.... On dispose, en Hollande, pour les engager à y faire leur nid, des caisses carrées aux faites des édifices.» BUFF. « Les colonnes ont pris leur modèle sur les arbres qui ont d'abord été employés pour soutenir le faîte; et l'architecture n'est autre chose qu'une grosse poutre, comme son nom le porte, pour être mise entre les colonnes et le comble. » ROLL.

C'est qu'en effet il y a cette différence entre sommet et cime, d'une part, comble et faite, de l'autre, que les premiers se disent d'objets de la nature, et les derniers, de choses faites de main d'homme : le sommet ou la cime d'une montagne; le comble ou le faite d'une maison. On parvient au sommet ou à la cime, c'est quelque chose de donné, à quoi on tend; on met le comble ou le faîte, c'est quelque chose qui dépend de notre travail. Le sommet et la cime sont opposés au pied; le comble et le faite le sont aux fondements. Sommet et cime appartiennent plutôt à la langue de l'histoire naturelle; comble et faite sont particulièrement des termes d'architecture. « On admire à Amsterdam ce mélange singulier, formé par les cimes des arbres, les faites des maisons et les banderoles des vaisseaux. » VOLT. « Le diable emporta Jésus-Christ à la cime d'une montagne et au faite du temple. » ID.

1o Sommet, cime.

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Sommet est plus général et n'a aucun rapport à la forme de l'objet; cime est plus particulier et signifie un sommet aizu ou la partie la plus élancée d'un corps terminé en pointe. On dit le sommet de la tête (BUFF., VOLT.), du front (BOIL.), d'une colonne (MARM.), d'une courbe |(ACAD.), d'un cône (VOLT.); mais on dit la cime d'un arbre (BUFF., VOLT.). « La frégate prend difficilement son essor: il lui faut une pointe de rocher ou la cime d'un arbre. » BUFF. « Quoique le vol du traquet soit bas et qu'il s'élève rarement jusqu'à la cime des arbres, il se pose toujours au sommet des buissons. » ID. Les deux mots sont usités en parlant des montagnes; mais le sommet est la partie qui les termine en haut, de quelque manière que ce soit, par un plateau, par exemple, et la cime est cette même partie, quand elle est pointue, ou en forme de pyramide. Or, comme c'est ainsi que semblent finir les plus hautes montagnes, le mot cime leur est L'analogie paraît grande entre sommet et cime; surtout applicable. Dans le péril, Condé était aussi vont-ils souvent ensemble. « On trouve au semblable à ces hautes montagnes dont la cime, sommet des Alpes les plantes des pays du Nord, au-dessus des nues et des tempêtes, trouve la séet on les retrouve sur les cimes glacées des rénité dans sa hauteur. » Boss. « Un premier mimontagnes d'Afrique. BUFF. Que ces monts nistre ne voit plus le tonnerre et la foudre que couverts de neige, dont le sommet se perd dans bien loin sous ses pieds, comme ces voyageurs les cieux, ne vous effrayent point leurs cimes qui passent sur la cime des plus hautes montaélevées s'abaisseront pour favoriser votre pas-gnes. » S. S. Ou bien, au contraire, pendant que sage. » J. J. « Je m'acheminai vers le sommet de sommet désigne l'extrémité supérieure de la monla montagne qu'habitait le solitaire.... Sa cabane tagne entière, le mot cime signifie celle des roétait située entre deux cimes de la montagne. »chers, c'est-à-dire de quelque chose de moins MARM. De leur côté, comble et faîte paraissent élevé, et cela toujours par la même considéraavoir plus de ressemblance entre eux qu'ils n'en tion, celle de la figure. « Ce point noir s'étendit, ont avec les deux premiers mots. « Par cette voie et le sommet de la montagne fut couvert d'un rapide on arrive à une opulence dont le faîte et nuage sombre.... L'un des guides d'Alonzo avait le comble paraît presque aussitôt que les fonde- gagné la cime d'une roche. » MARM. C'est aussi

1° SOMMET, CIME; -2° COMBLE, FAÎTE. Le haut ou la partie supérieure d'un corps élevé.

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parce que les eaux de la mer agitée s'élèvent en pointe qu'on dit voguer sur la cime des flots (BUFF.) ou des vagues (LAH.).

2o Comble, faite.

Le comble est l'ouvrage de charpente qui soutient la couverture d'un édifice, et le faite est la plus haute pièce de cette charpente, ou la bande de plomb laminé, ou la tuile faitière, qui termine la couverture par en haut. Le comble achève, couronne l'œuvre; c'est une partie concrète; il a de l'étendue monter sur des combles (LABR., J. J.); les choucas font souvent leur nid dans le comble d'un vieux château abandonné (BUFF.). « Le duc d'Orléans avait accordé à Raymond un petit logement dans les combles de son palais. » MARM. Le faite est le dernier rang de pièces de bois ou de tuiles auquel on arrive en montant: faite est un mot tout abstrait, purement local; il | signifie une ligne et non toute une partie de l'édifice où on puisse marcher ou habiter. - Ensuite, comme faite exprime quelque chose de moins matériel et désigne le haut du comble luimême, il convient mieux quand il est question d'édifices plus nobles et plus élevés : le faite du temple (RAC., VOLT., MARM.).

Quand verrai-je, ô Sion, relever tes remparts,

Et de tes tours les magnifiques faites? RAC. « C'est la science de l'humilité qui vous bâtira sur la terre un édifice spirituel, dont le faite s'élèvera jusqu'aux cieux. » Boss.

Ainsi, le sommet est, dans un corps naturel plus ou moins élevé, sa partie la plus haute de quelque façon qu'elle se termine; la cime est le sommet d'un corps naturel qui s'élève en pointe, comme un pic ou un arbre. Le comble et le faite sont la partie la plus haute d'un édifice : le comble est toute cette partie de surcroît qui couronne l'œuvre en mettant le corps du bâtiment à couvert sous une sorte de voûte; le faite est la plus haute pièce du comble, le dernier terme de l'élévation, la dernière ligne, le point le plus culminant, ou c'est le comble d'un grand édifice'.

Au figuré, sommet, latin summum, n'est usité

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que dans le style soutenu. Cime, du latin cyma,
grec xuua, ne s'emploie jamais, si ce n'est dan
un langage raffiné ou mystique. « Nous sentu
les objets réels; mais l'infini ne fait pour ainsi
dire qu'effleurer légèrement la cime de notre s-
prit. » P. A. « Corbinelli est plus mystique que
jamais il a découvert que ma grande
(Sainte-Chantal), dans la cime de son âme, étai
toute distillée dans l'oraison. » Siv.
comble et faite, dérivés du latin cumulus et fur-
tigium, d'une manière médiate et assez difficile
à apercevoir, appartiennent à la langue commune
et y sont d'un fréquent usage. Du reste, ils
n'équivalent pas l'un à l'autre dans cette accep
tion, tant s'en faut. Comble marque hevement,
accomplissement, plénitude, en bien comme en
mal: le comble du bonheur (VOLT.), des forfaits
(ID.), des douleurs (RAC.), de la haine (Mos-
TESQ.), de l'orgueil (PASc.). Faite marque éléva
tion, signifie le plus haut rang auquel on arrive
par des degrés inférieurs. On a laissé M. de
Cambrai être archevêque; il est maintenant par-
venu à ce faite des dignités ecclésiastiques. »
Boss. « Du plus bas rang, l'ambitieux croit pou-
voir monter au plus haut, et, sans passer par au-
cun milieu, avoir de quoi parvenir au faite.»
POURD. Il est plus difficile de faire descendre la
majesté des rois du fatte au milieu, que de la
précipiter du milieu jusqu'au bas.» ROLL. Quand
on est au comble, il n'y a plus rien à ajouter, la
mesure est comble ou remplie; quand on est au
faite, il n'y a plus de degrés à monter, on a at-
teint le haut de l'échelle.

SON DE VOIX, TON DE VOIX. Forme ou espèce de voix.

Comme chaque instrument de musique a un sou propre, déterminé par sa construction, de même chaque homme tient de la nature un son de voiz particulier; et comme avec un même instrument on peut jouer bien des airs, modeler de bien des manières différentes, de même chaque homme parle, selon l'occurrence, avec divers tons de our qui marquent les affections de son âme dans le moment.

Le son de voix est constant et caracteristique 1. Quoique les distinctions ci-dessus établies soient de la personne; les tons de voir sont acciden rigoureuses, l'usage ne s'y astreint pas toujours, et tels et variables comme les sentiments tarpels c'est à un livre comme celui-ci à rendre raison même des exceptions et des anomalies. - Sommet et cime ils correspondent. Le son de voir est purement s'emploient abusivement en parlant, le premier d'un musical, tout dépendant de la conformation de mur (BOIL.), le second d'un clocher (ACAD.), c'est-à-l'organe et sans aucun rapport avec l'interieur. dire l'un et l'autre quand il est question d'objets que l'homme a batis. C'est que, d'une part, un mur ne se termine pas dans sa partie supérieure par un ouvrage de charpenterie et de maçonnerie, par un assemblage de pièces qui l'achèvent et le couvrent,

auquel cas il aurait un comble ou un faite; c'est que,

d'autre part, on ne considère dans le clocher que sa forme qui est à pic, comme celle de certains arbres, de certaines montagnes, de certains rochers. De son côté, faîte, mais non pas comble, s'applique bien par extension à des objets naturels. On dit quelquefois, par exemple, le faite d'un arbre; mais c'est quand il s'agit d'un arbre dont les branches disposées par étages forment différentes hauteurs toutes dominées par le faute comme le sont par les faitières les divers rangs de tuiles d'un toit. «Les manakins ne se perchent pas au faîte des arbres, mais sur les branches à une moyenne hauteur. » BUFF.

« L'harmonie la plus douce est le son de la tai de celle qu'on aime. » LABR. Reconnaitre personne au son de sa voix (MONTESQ., LES) « Quelle extrême joie quand j'entendrai le dos de votre voix!» SEV. « On était charme à re

seulement parler Cléopâtre, tant il y a de douceur et d'harmonie dans le son de vie, » ROLL. « Mon fils, dit Quintilien, avait cus les avantages que donne la nature: unde cour charmant, une physionomie douce... D. L ton de voix est expressif et fait partie du lancar d'action. « Saint Augustin traite avec bea de science le mélange des divers styles. cessité d'être simple et familier, même pr tons de la voix et pour l'action, en certains es droits. » FÉN. « Vous pouvez, par les diferess

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