Page images
PDF
EPUB

3

ence de ce beau royaume.» FÉN. « Imitez les | liers et ecclésiastiques, électeurs et rois, com;rands qui sont nés dans le sein de l'opulence; posaient un corps ayant à sa tête un empereur; Is rient quelquefois. » LABR. « Crassus balançait plusieurs empereurs, qui avaient à ce titre autoe crédit de Pompée par une opulence énorme. » rité sur toute l'Allemagne, étaient en même ROLL. « J'ai toujours vu du même œil l'opulence temps rois d'une certaine partie de cette contrée, t la misère. » J. J. « On dit tout haut dans le témoin l'empereur Rodolphe II, qui était à la fois aonde que ces équipages pompeux, ces édifices roi de Bohème et de Hongrie. uperbes, cette opulence domestique est le bien le la veuve et de l'orphelin. » MASS. « Ce mépris njuste des autres hommes naît dans le sein de 'opulence, qui ne mesure le mérite que par la ;randeur des richesses, et estime les hommes, on par ce qu'ils sont, mais par ce qu'ils possèlent. » D'AG. « Venise était redoutable par son pulence; elle avait acquis de grandes richesses lans les croisades. » VOLT.

Mes richesses des rois égalent l'opulence.

Monarque et potentat ne sont pas des termes spéciaux d'une signification stricte, appartenant au langage particulier de la politique, mais des mots de la langue ordinaire, où ils représentent les rois, les princes ou les empereurs sous leur aspect le plus grand, le plus propre à imposer. Ils ont beaucoup de pompe et ne conviennent guère qu'au style soutenu. « La loi de JésusChrist a humilié les monarques et les potentats du siècle. BOURD. « La religion humilie aux pieds des pauvres les monarques et les potenEntre les adjectifs riche, aisé et opulent la tats. » ID. « Rois, monarques, potentats, sacrées eule différence remarquable consiste en ce que majestés, vous ai-je nommés par tous vos suiche tient le milieu entre aisé et opulent, qui perbes noms ? » LABR. « Basilide dit dans le disexpriment qu'on possède, l'un ce qu'il y a de plus cours familier: notre auguste héros, notre grand nodeste, l'autre ce qu'il y a de plus considé-potentat, notre invincible monarque. » ID. able en fait de belle fortune. « Chez eux chacun le nécessaire; un grand nombre vit dans l'aisance; peu sont riches; personne n'est opulent.» COND.

(Aman dans Esther). RAG.

ROI, PRINCE, EMPEREUR; MONARQUE, POTENTAT. Chef d'un Etat; qui gouverne un État.

Le monarque, du grec póvos, seul, et åpỵɛı, commander, régner, commande seul, est seul maître, jouit d'une autorité absolue, et d'ordinaire ce mot emporte l'idée d'un contraste avec un nombre considérable de sujets; le potentat, de potens, puissant, a beaucoup de puissance.

possessions. « Il ne faut pas entendre par ce nom de roi (appliqué à un chef des Romains dans les commencements) des monarques tels que Cyrus et ses successeurs. Le chef d'un peuple de brigands ne peut jamais être despotique. » VOLT.

Monarque donne du personnage une haute Roi, prince et empereur sont des titres de sou- idée quant à son indépendance, à son autocratie, veraineté rigoureusement distingués par l'usage, à l'éminence et à l'éclat de son rang, à sa maet dont la confusion prouverait l'ignorance poli-jesté, à l'étendue de sa domination et de ses tique la plus grossière. Le roi est plus que le prince et moins que l'empereur. Le roi est à la tête d'un royaume; le prince, à la tête d'une principauté; or, le royaume l'emporte évidemment et de beaucoup sur la principauté, qui n'est qu'une province ou un canton. « C'est par l'imagination et la mémoire que les enfants parlent aux rois et aux plus grands princes. » LABR. L'intérêt de l'État est de n'avoir qu'un roi,

[ocr errors]
[ocr errors]

L'action du prince, occupé à faire du bien à ses peuples, me montre sa grandeur et son abondance: c'est le caractère de la royauté, c'est ce qui fait la majesté des monarques. » Boss. « La mort confond et réduit en poussière les plus superbes monarques comme les derniers de leurs sujets. ID.

Malgré tout son orgueil, ce monarque si fier....

RAC.

Qui, d'un ordre constant gouvernant ses provinces, Accoutume à ses lois et le peuple et les princes. RAC. Quand même quelque vieux manuscrit aurait conservé les noms de plusieurs seigneurs qui ont dominé en Suède, qui nous a dit qu'ils étaient << Venez dans ma chambre; je vous montrerai des - rois, ou simplement princes de quelque contrée trésors immenses et des richesses enviées des particulière?» VERT. « Ce seigneur assyrien plus grands monarques. » MONTESQ. — Mais poétait prince d'un peuple nombreux et puissant. tentat désigne le personnage eu égard à ce qu'il Le roi actuellement régnant l'avait traité d'une peut, aux forces extraordinaires dont il dispose, manière indigne. » ROLL. Et, d'autre part, comme une puissance. « Quelle comparaison entre roi et empereur la différence est la même entre le bon grand Henri IV et le petit Ulysse qu'entre royaume et empire (voy. p. 558): le roi ou le fier Agamemnon, entre nos potentats et a un Etat moins vaste que l'empereur, ou il ces rois de village dont toutes les forces réunies règne sur un seul peuple, et l'empereur sur plu- feraient à peine un détachement de nos armées?» sieurs. Les deux mots viennent du latin, rex, BUFF. « Presque tous les potentats, ennemis les imperator, et leur signification actuelle est con- uns des autres, suspendirent leur querelle (1508) forme à celle qu'ils ont eue chez les Romains, pour s'unir ensemble à Cambrai contre Venise.» dont les possessions sous les rois étaient bien pe- VOLT. « Comment ne pas sentir qu'il n'y a point tites en comparaison de ce qu'elles furent sous de potentat en Europe assez supérieur aux aules empereurs. Les rois de France ont toujours tres pour en devenir le maître ? Où prendrait un commandé à moins de sujets que l'empereur prince européen des forces inattendues pour Charlemagne. Autrefois l'Allemagne était une accabler tous les autres?... Veut-on supposer à réunion d'Etats, dont les chefs, princes sécu-plaisir l'accord de deux ou trois potentats pour

SYN. FRANC.

59

s'en départ point, il la suit tout entière, n connaît qu'elle; il est très-régulier, très-erat C'est par humeur qu'on est roide; c'est par priacipe qu'on est rigoureux ou rigide.

subjuguer tout le reste? » J. J. Dieu employa
les Romains pour détruire Jérusalem : « Tant il
est vrai que les plus grands potentats de la terre
ne sont autre chose que les ministres de ses con-
seils. Boss. Voilà quelle était l'armée avec
laquelle Charles VIII devait traverser toute l'Ita-à
lie, pleine de potentats armés contre lui. ID.

D

Un roi de France, dit Saint-Simon, a les moyens de tenir une cour splendide, digne d'un aussi grand monarque, et ses ressources pour la guerre le rendent redoutable à tous les potentats de l'Europe. ROIDEUR,

Voltaire dit, un roide calomniateur, et il é d'Alembert: « Envoyez-moi votre roide da cours sur l'Histoire, prononcé dans l'Académie. J'avais trop ménagé mon monde.» « Le P. Tela avait été renvoyé de Rome en France pour Fardeur de son naturel et son roïde.... Il ne exnaissait ni monde, ni mesure, ni degres, a ménagements. » S. S. « Les hérésiarques ont un RIGUEUR, RIGIDITÉ. Ces mots courage roide et hautain, un zèle amer ccatre sont définis de même par l'Académie, grande sé- les abus. » FÉN. « Vous prenez sur le pecheur vérité. Peut-être ont-ils au fond même radical, un ascendant trop impérieux vous vous butez, et Roubaud a eu raison de les traiter comme sy-vous vous obstinez contre lui, ne tenant nai nonymes. compte du triste abandonnement où votre infieri La roideur cependant diffère bien de la rigueur ble roideur le précipite.... Il eût été bien plus i et de la rigidité. Elle consiste, non pas à épar-propos de seconder ses bonnes dispositions pr gner, comme ces dernières, mais à ménager. On de sages et salutaires ménagements, en le traitant se montre roide dans le commerce de la vie, dans avec plus de circonspection et de moderation. ses relations avec les autres; on se montre rigou- BOURD. « Un homme d'esprit, et qui est né fier. reux et rigide dans l'application des règles et ne perd rien de sa fierté et de sa roideur pour des lois. L'homme roide est très-attaché à son se trouver pauvre : si quelque chose au contraire sens, et n'en démord point; il est hautain, ob- doit amollir son humeur, le rendre plus doux et stinė, inflexible; il va droit à son but, sans se plus sociable, c'est un peu de prospérité. » laisser détourner, sans craindre de choquer, de LABR. froisser, de rebuter: l'homme rigoureux ou rigide est très-attaché à la règle ou à la loi; il ne

Quant à la différence de rigueur et de rigidité, voy. Ire partie, p. 214 et 215.

S

SACERDOCE, PRÊTRISE. Etat, qualité, carac- plutôt particulier, et signifie une place dans le tère de ministre de Dieu.

Sacerdoce, latin sacerdotium, se dit bien en parlant des religions de l'antiquité, soit païenne soit juive. Prêtrise, mot formě, depuis l'institution du christianisme, du grec peoútepoc, plus ancien, est surtout usité quand il est question de Jésus-Christ, de ses apôtres et de leurs successeurs. « C'est là que, par la comparaison du sacerdoce de la loi mosaïque, je tâcherais de vous faire connaître la dignité infinie de la prêtrise de Jésus-Christ. » Boss.

D'autre part, sacerdoce est plus noble que prétrise. Il s'applique aux places les plus éminentes; au lieu que prêtrise annonce un rang inférieur dans la hiérarchie. « A Rome, on avait fait de la prêtrise une charge civile.... Les rois de Rome avaient une espèce de sacerdoce. Il y avait de certaines cérémonies qui ne pouvaient être faites que par eux. » MONTESQ. « Le sénat se vit obligė, pour éloigner Scipion Nasica du péril et le mettre en sûreté, de le faire sortir de l'Italie, quoiqu'il fût revêtu du plus grand des sacerdoces. » ROLL. La supériorité de noblesse de sacerdoce se montre aussi en ce qu'il est général et désigne la dignité d'une manière absolue : les droits du sacerdoce (COND.), les fonctions redoutables du sacerdoce (MASS.), l'état du sacerdoce sous la loi de Moïse (FEN.), les querelles de l'empire et du sacerdoce (VOLT.); à Rome, l'autorité de l'empire et du sacerdoce se trouve réunie dans la même personne (Mass.). Prêtrise, au contraire, est

sacerdoce ou la dignité considérée par rapport au Dieu auquel elle attache. « Le second des archontes est chargé de juger les contestations qui s'élèvent dans les familles sacerdotales au sujet de quelque prêtrise vacante. » BARTH. « César se présenta devant une assemblée du peuple pour demander la prêtrise de Jupiter. » VERT. «Hispala dit que d'abord ces mystères (des bacchanales) avaient été célébrés par des femmes, sans qu'on y admît aucun homme; que les danes parvenaient à la prêtrise chacune à leur wur. > ROLL.

Dans la religion chrétienne, le sacerdoce n'appartient pleinement qu'au pape et aux évêques, qui ont seuls le droit de conférer tous les sacrements sans exception; la prêtrise est au-dessous et ne donne que le pouvoir de dire la messe et d'administrer certains sacrements parmi lesquels il ne faut compter ni la confirmation ni l'ordre. « Dubois n'attendait que le moment de mettre le pied dans le sacerdoce.... Tressan lui administra dans une matinée depuis la tonsure jusqu'à la prêtrise; le cardinal de Rohan voulut bien se charger de l'ignominie de son sacre. » MARM. On n'est pas dans le sacerdoce à moins d'être sacré; dans la prêtrise, on n'est qu'ordonné. - Sacerdoce se dit particulièrement bien en parlant d'un évêque ou d'un archevêque. « Étant déjà en possession d'être juge du civil dans son fief, et pensant ne l'être qu'en vertu du sacerdoce, chaque évêque crut devoir l'être en

core dans tous les fiefs dont il était évêque. » COND. « Cet archevêque, heureux d'avoir vu, pendant les jours de son sacerdoce, la piété d'un autre Ézéchias.... » MASS. Il n'est pas rare, au contraire, de trouver la prêtrise opposée à l'épiscopat. « Les Aériens niaient l'utilité des oblations pour les morts, avec la distinction de l'épiscopat et de la prêtrise. » Boss. « Dans les premiers siècles de l'Eglise, il fallait faire violence aux saints pour les engager dans la prêtrise ou dans l'épiscopat.» ROLL.

Jamais prêtrise ne convient à l'égard du haut clergé. Mais sacerdoce se trouve parfois employé pour exprimer les fonctions d'un simple prêtre. Alors c'est un terme de choix, honorable, propre à relever le ministère des autels. « Que l'honneur du sacerdoce est grand! Prêtres du Seigneur, n'oubliez pas votre qualité, votre dignité, votre ministère. » MAL. « Restes de ces désirs du siècle qu'une sainte discipline a bannis du sanctuaire, et qui blessent l'excellence et la gravité du sacerdoce chrétien. » MASS. Le sacerdoce vous élève à une dignité qui vous approche de Dieu et fait de vous son organe; la prêtrise vous engage, vous enrôle dans le clergé. « Le czar Pierre a fondé à Moscou trois colléges, où l'on apprend les langues, et où ceux qui se destinaient à la prêtrise étaient obligés d'étudier. » VOLT.

SACRIFIER, IMMOLER. Offrir ou vouer quelque chose à la divinité.

Sacrifier, sacrum facere, faire ou rendre sacré, consacrer, c'est renoncer à une chose, s'en priver, en faveur de Dieu. Immoler, c'est offrir un sacrifice sanglant, égorger une victime, détruire ce qu'on dévoue; ce mot vient de mola, espèce de pâte salée qu'on mettait sur la tête des animaux qu'on allait immoler.

[ocr errors][ocr errors]

Jephté sacrifie sa fille en la dévouant à l'état de vierge; mais il ne l'immole pas, puisqu'elle va dans les bois avec ses compagnes pleurer sa virginité.

3° Sacrifier emporte une idée de renoncement, de peine qu'on éprouve à se séparer de la chose. « Dieu commande à Abraham d'immoler Isaac. A quelles épreuves la foi est-elle exposée ? Abraham allait sacrifier ce fils en qui seul Dieu lui promettait de le rendre père et de son peuple et du Messie. Boss. Agamemnon sacrifie Iphigénie; Calchas et les Grecs l'immolent (RAC.). Des peuples sauvages, croyant qu'il fallait sacrifier aux dieux ce qu'on a de plus cher, ont immolé des victimes humaines (VOLT.).

[ocr errors]

:

Pris dans un sens profane, ces deux mots gardent les mêmes différences immoler signifie toujours positivement faire mourir, et sacrifier veut dire simplement offrir ou exposer à la mort, ou même à des dangers, à des inconvénients. « On dit qu'un général a sacrifié ses troupes; on ne dit pas qu'il les a immolées, parce que, si on peut le soupçonner de témérité, on ne peut pas lui supposer le dessein d'avoir voulu les faire périr. » COND. Pyrrhus, renonçant un moment à son amour pour Andromaque, s'écrie :

Que d'amis, de devoirs j'allais sacrifier;
Quels périls!

D

RAC.

Mais « Brutus immole à la liberté sa propre famille. » Boss. Sacrifier ses jours ou sa vie à quelqu'un, c'est les mettre à son service, les lui vouer, quoi qu'il en coûte, quelque danger qu'il y ait à courir; les lui immoler, c'est rigoureusement mourir pour lui.

Telles sont aussi les nuances distinctives de se sacrifier et de s'immoler. « On se sacrifie pour quelqu'un lorsqu'on renonce pour lui à ce qui peut être plus agréable; on s'immole lorsqu'on s'expose aux plus grandes peines, aux plus

1° Sacrifier exprime un genre dont immoler est une espèce, l'espèce la plus considérable. On sacrifie toute sorte de choses : « Les premiers hom-grands malheurs, lorsqu'on périt pour lui. » mes ne sacrifiaient que de l'herbe. » MONTESQ. COND. « Nous devons nous faire un devoir de On n'immole que des êtres animés. Aussi sacri- nous renoncer, de nous sacrifier, de nous immofier s'emploie bien d'une manière absolue pour ler pour Jésus-Christ. » BOURD. Deux amants qui signifier un acte de culte quelconque, comme de par devoir renoncent l'un à l'autre se sacrifient brûler de l'encens. « Salomon sacrifiait à des (RAC.). « Un roi doit s'oublier lui-même pour se dieux étrangers. Ses successeurs permettent le sacrifier au bien public. » FÉN. Du temps de culte de ces dieux et leur offrent de l'encens. » Louis XIV, un gentilhomme qui se battait en VOLT. Mais immoler est toujours suivi d'un mot duel se sacrifiait à l'honneur, car, s'il n'était pas désignant une victime. « Si les Juifs avaient eu tué, il était contraint de quitter le royaume alors leur loi qui leur défend de sacrifier aux (MOL.). Mais Codrus s'immole pour sa patrie dieux, ils n'auraient pas immolé leurs enfants à (ROUB.). Il y a des peuples sauvages qui s'immodes dieux. VOLT. Voilà le Dieu à qui Noé a sa-lent sur les tombeaux de leurs proches (Mass.). crifié en sortant de l'arche, à qui Abraham a bien voulu immoler son fils unique (Boss.).

Je vais sacrifier; mais c'est à ces beautés
Que je vais immoler toutes mes volontés.

CORN.

<< Les oracles étaient vérifiés: on voyait dans Jé-sus-Christ ce Messie, d'une part victorieux et triomphant, et de l'autre sacrifié et immolé. » BOURD.

Au figuré, on sacrifie et on immole ce à quoi 2. En parlant des êtres animés, sacrifier n'in- on renonce volontairement, en faveur de queldique pas qu'on aille jusqu'à les égorger. Ce qu'un ou pour quoi que ce soit. Mais immoler qu'on sacrifie, on le voue seulement à la divinité; exprime toujours un sacrifice plus considérable ce qu'on immole, on le détruit en l'honneur de et qui va jusqu'à l'anéantissement de la chose. la divinité. Tous les saints qui ont souffert pour On sacrifie tout à ses intérêts ou à l'amour, c'estJésus-Christ des persécutions ou des mauvais à-dire qu'on y subordonne tout. « Ce sont de traitements se sont sacrifiés ou ont été sacrifiés à petits désagréments qu'il faut sacrifier à la néDieu. Ce mot s'applique aux confesseurs comme cessité. » VOLT. On immole son bonheur au deaux martyrs; les martys seuls ont été immolés. | voir (J. J.), son amour à son devoir (VOLT.),

c'est-à-dire qu'on anéantit son bonheur ou son efforts héroïques qui nous effrayent. » J. J. — amour par devoir.

Il faut que mon amour se venge avec éclat, Qu'ici j'immole tout à ma fureur extrême. MOL. Un père sacrifie sa fille à l'intérêt, quand il n'a en vue que la fortune en la mariant (MoL.). Autrefois des pères barbares immolaient leurs enfants à la cupidité, quand il les faisaient mourir au monde et les enfermaient dans des cloîtres, afin de laisser tous leurs biens à un seul fils (MASS.).

On revient donc toujours aux idées primitives: le sacrifice est un simple renoncement, un dommage, une offrande; et l'immolation, un sacrifice sanglant, qui détruit une victime. Par l'aumône on sacrifie ses biens; par le jeûne on immole son corps. » Boss.

[ocr errors]

:

3o La sagesse et la prudence n'agissent que sur l'esprit les conseils de la sagesse ou de la prudence. La vertu intéresse le cœur; ce n'est piz une lumière qui éclaire, c'est un sentiment q nous fait incliner au bien ou nous y pousse : les attraits, l'enthousiasme de la tertu. La philoso phie et l'expérience peuvent rendre sage et prsdent; la vertu est plutôt l'effet du naturel cultive par la religion et par l'exercice habituel de l'empire sur soi-même.

La sagesse et la prudence diffèrent aussi l'ane de l'autre.

La sagesse est positive, la prudence négative; l'une dirige, l'autre contient. Sage entreprise, prudente retraite; sage réponse, prudent silence! << Comme les monarques doivent avoir de la sogesse pour augmenter leur puissance, ils ne doivent pas avoir moins de prudence afin de la borner. » MONTESQ. « Le sage est éclairé sur ce qu'il doit faire; le prudent, sur ce qu'il doit éviter. » COND. Le démon de Socrate lui inspirait, non la sagesse, mais la prudence; car, sans lui indi

Rendez vains mes serments, sacrifiez nos lois, Immolez votre époux et le sang de vos rois. VOLT. SAGESSE, PRUDENCE, VERTU. Principes d'action que suivent les êtres moraux, les êtres intelligents et libres, lorsqu'ils agissent de manière à mériter l'approbation et l'estime. Plusieurs différences séparent d'abord la sa- quer les actions qu'il devait faire, il le détourgesse et la prudence de la vertu.

nait de celles dont il devait s'abstenir. Or, la prudence, consistant à s'interdire le mal, est inferieure à la sagesse qui prescrit le bien. Avec de la prudence seulement, on est circonspect, reservé, innocent; avec de la sagesse, on ne se contente pas de dire :

Si non culpabor, sat mihi laudis erit; on se rend digne de louanges par un mérite effectif. Les sages de l'antiquité n'ont pas seulement tenu une conduite irréprochable; ils ont contribué au progrès de la civilisation en tout genre. Rien ne périclite sous une administration prudente; mais tout prospère, tout fleurit sous une sage administration. — D'autre part, la sagesse et la prudence sont relatives, l'une à la theorie, l'autre à la pratique. « Dieu a donné à Salomon la sagesse pour l'intelligence de la loi et des maximes, la prudence pour l'application. Boss.

α

1o La sagesse et la prudence ne sont louables que sous un point de vue; la vertu l'est absolument. La sagesse et la prudence guident bien, elles font connaître, choisir et employer les moyens les meilleurs pour arriver à un but; mais ce but peut être mauvais, personnel ou coupable. La vertu pose le but, un but essentiellement bon, l'accomplissement du devoir ou de la loi et y dirige par les voies les plus convenables, si rudes qu'elles soient. Sagesse et prudence donnent l'idée de lumières, d'habileté, de talent utile : l'homme sage ou prudent n'est pas insensé, extravagant, | fou; tel fut le sage ou le prudent Ulysse. Vertu donne l'idée de courage (virtus), de dévouement, de sacrifice, de désintéressement : l'homme vertueux n'est pas vicieux, lâchement asservi à ses passions égoïstes, malveillantes ou criminelles; tel fut le vertueux Caton. « Dans la position où je suis, me livrer aux amusements qui me flattent est une grande sagesse, et même une grande vertu; c'est le moyen de ne laisser germer dans mon cœur aucun levain de vengeance ou de haine. » J. J. « Voici les pièces du procès des Sirven nous vous les adressons à vous, mon cher frère (Damilaville), dont la philosophie consiste dans la vertu autant que dans la sagesse. » VOLT. Ainsi la sagesse et la prudence peuvent n'avoir rapport qu'à nous; la vertu a nécessairement rapport aux autres ou au bien en soi.-née par la science; la prudence est la droite rai2° Sagesse et prudence expriment des principes de conduite doux, calmes, qui ne demandent pas beaucoup d'efforts; la vertu, au contraire, exige de la constance, de l'énergie, veut qu'on se fasse violence, oblige à lutter. « On se plaint de manquer de force quand il est déjà trop tard pour en user. La vertu ne nous coûte que par notre faute; et, si nous voulions être toujours sages, rarement aurions-nous besoin d'être vertueux. En cédant à des penchants faciles et à des tentations légères, nous tombons dans des situations périlleuses, dont nous ne pouvons plus nous tirer sans des

La sagesse est la connaissance certaine des effets par les premières causes; comme quand on rend raison des événements ou de l'ordre de l'univers par la Providence.... La prudence est une connaissance des choses qui regardent les mœurs; ce qui nous conduit tout naturellement à la morale. » ID. « De toutes les qualités de l'âme, la plus éminente est la sagesse, la plus utile est la prudence. » BARTH. La sagesse dicte des préceptes certains; la prudence donne des règles sûres. La sagesse est la raison perfection

son appliquée à la conduite de la vie. La sagesse voit plus en grand et montre les voies générales; la prudence voit plus en détail, et détermine le choix et l'emploi des moyens particuliers. A sagesse s'attache une idée d'excellence et de dignité; à prudence une idée de savoir faire.

Une femme sage se conduit bien; une femme prudente ne s'expose pas; une femme vertueuse résiste, se défend, triomphe de ses penchants et des tentations. Dieu est sage, car en tout il voit ce qu'il y a de mieux et s'y conforme :

Le ciel est juste et sage, et ne fait rien en vain. RAG

Mais on ne peut pas dire que Dieu soit prudent; car, comme le remarquait très-bien le pontife Cotta, au rapport de Cicéron, il n'y a point pour Dieu de mal, de fautes, de dangers possibles. Et il n'est pas non plus vertueux; car il agit conformément au bien sans peine, sans effort, sans avoir de penchants ou de passions à combattre.

SALUT, SALUTATION, RÉVÉRENCE. L'idée commune à ces trois mots est celle d'une démon:stration extérieure par laquelle on témoigne aux personnes quelque sentiment favorable, de l'in-térêt, de la bienveillance, de l'estime ou du respect.

Salut et salutation ont été distingués l'un de l'autre dans la Ire partie, p. 169 et 170. Ils diffè rent considérablement de révérence.

Salut et salutation viennent du latin salus, salut, santé, de salvere, se bien porter; en sorte que le salut ou la salutation consiste à dire, portez-vous bien, bonjour, ou à souhaiter une bonne santé. Révérence dérive de revereri, craindre par respect, éprouver une crainte respectueuse, et indique une sorte d'hommage ou même de culte, rendu à une personne qu'on vénère. On salue un inférieur ou un égal, comme un supérieur; au lieu que la révérence s'adresse toujours à un supérieur, devant lequel on s'abaisse pour l'honorer, et ce n'est pas seulement le respect qu'elle marque, mais un grand respect mêlé de crainte. << Mon Dieu ! laissez-là votre révérence; ce n'est pas de ces sortes de respects dont je vous parle.» MOL. Alors l'ambassadeur ottoman fit sa révérence et se retira à reculons, sans tourner le dos tant qu'il put être vu du roi, fit ses deux autres révérences où il les avait faites en venant, puis 2102 s'en alla lentement. » S. S. « La révérence que j'ai faite à M. le duc de Bourgogne n'est pas ce que vous croyez. » FÉN. « J'embrasse Mlles de Grignan, et leur fais aussi mille souhaits pour cette année; je n'ose hasarder qu'une révérence à M. le comte. >> SEV.

[merged small][ocr errors][ocr errors]
[ocr errors]

Quant à la manière ou à la forme, on salue du geste, en se découvrant, en touchant la main, par un léger signe de tête, ou même sans se mouvoir, en prononçant certains mots; mais la révérence se fait en inclinant beaucoup le corps ou en pliant les genoux. « Je fis au magistrat une révérence si profonde, que je pensai donner du nez à terre. Il répondit à mon salut par une légère inclination de tête. » LES. « Calderone, secrétaire du ministre, mettait pour ainsi dire des nuances de considération dans les civilités qu'il faisait: il se contentait de faire à ceux-ci une légère inclination de tête; il honorait ceux-là d'une révérence. » ID. « Nous saluâmes ces Lapons en leur donnant la main, et leur disant pourist, qui est la salutation laponne, qui veut dire bien venu. Ces pauvres gens nous saluèrent de même, et nous rendirent le salut par le mot de pourist oni, soyez bien venu aussi. Ils accompagnèrent ces mots de leur révérence ordinaire, qu'ils font à la mode des Moscovites, en fléchissant les deux genoux. REGN.

La révérence n'est pour l'ordinaire qu'un vain cérémonial, un acte de pure civilité ou d'étiquette, comme sont la plupart des compliments.

« On croirait que c'est une contradiction que le pape fût venu en France se prosterner aux pieds de Pépin, et disposer ensuite de la couronne; mais non; ces prosternements n'étaient regardés alors que comme le sont aujourd'hui nos révérences: c'était l'ancien usage de l'Orient.... Tout cela était sans conséquence. » VOLT. « On vient au prince par cérémonie, en effet on traite avec le ministre. Le prince a les révérences, le ministre a l'autorité effective. » Boss. Racine à Uzès, chez un chanoine, son oncle, à cause duquel on lui faisait force caresses, écrit à un de ses amis : « En ce pays, les civilités sont encore plus en usage qu'en Italie.... Je suis épouvanté de voir tous les jours des villageois pieds-nus ou ensabotés, qui font des révérences comme s'ils avaient appris à danser toute leur vie. »

SANG-FROID (DE), DE SENS RASSIS. Calme ou d'une manière calme, sans être ému.

De sang-froid se rapporte à l'activité, de sens rassis à l'intelligence. Quand on est de sangfroid, on n'a pas le sang chaud, on n'est pas bouillant, fougueux, prêt à commettre des violences; quand on est de sens rassis, on a le sens droit, et non troublé, on n'est pas dérangé mentalement, prêt à déraisonner. On agit de sangfroid; on juge de sens rassis. Le furieux et le fanatique ne sont pas de sang-froid; l'insensé, l'extravagant, n'est pas de sens rassis. Alexandre n'était pas de sang-froid lorsqu'il tua Clitus; des juges prévenus, aveuglés par la passion, ne sont pas de sens rassis. De sang-froid, c'est-à-dire sans emportement; de sens rassis, c'est-à-dire sans égarement, sans folie.

L'homme ivre n'est pas de sang-froid, maître de lui-même, de ses mouvements; il peut faire un mauvais coup. « Un homme de ce caractère (un coquin) entre sans masque dans une danse comique, et même sans être ivre, mais de sangfroid.» LABR. « Vous sortiez d'un long repas.... Soyez certain qu'un tête à tête où vous m'auriez traitée ainsi de sang-froid eût été le dernier de notre vie. » J. J. Un docteur entêté d'un système et un homme rempli de préjugés ne sont pas de sens rassis. Voltaire' dit de certains docteurs en Sorbonne :

Ils avaient l'air d'être de sens rassis : Chacun passait pour sage en son logis...; Quelques-uns même étaient de bonnes têtes; Ils sont tous fous, quand ils sont sur les bancs. « Alors nous pouvons mieux raisonner que jamais.... N'ayant plus ni préjugés, ni vues propres à quoi nous demeurions opiniâtrément attachés, nous voyons d'un œil plus épuré, et nous jugeons d'un sens beaucoup plus rassis. » BOURD. — Suivant Cicéron, l'orateur qui veut n'être que sublime, qui ne peut traiter aucune matière d'un air tranquille, qui s'enflamme dès le commencement, ressemble à un homme ivre parmi des gens à jeun et de sang-froid, à un homme en délire parmi des gens de sens rassis (LAH.).

On a dit quelquefois de sang-rassis et de sensfroid. Le dessein de conquérir toute la terre est une idée romanesque qui ne peut tomber dans la tête d'un homme de sang rassis. » VOLT. a Les feux de la jeunesse ont passé.... Je hais les fem

« PreviousContinue »