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erreurs, des maximes détestables, de folles amours, des hérésies.

Sur tous ces points douteux c'est ainsi qu'il (le directeur) prononce.

Alors, croyant d'un ange entendre la réponse,
Sa dévote s'incline, et, calmant son esprit,

A cet ordre d'en haut sans réplique souscrit, BOIL.

Une femme, quoi qu'il lui en coûte, renonce au monde, pour être toute à ses enfants ou à Dieu; par le baptême nous abjurons le monde et ses pompes, hautement, avec serment, par un acte Plus souvent encore, qui réplique répond en public, ou bien en général abjurer le monde, opposant des raisons, des preuves, en défendant c'est s'en détacher en le réprouvant avec force et une cause par des arguments. « A cela je n'ai dédain. « A la naissance de l'Eglise, on quittait, pour toute réponse que deux paroles à vous dire, on renonçait, on abjurait le monde.» PASc. Re- mais qui sont d'une autorité si vénérable, et en noncer au bon sens, c'est cesser d'user d'une si même temps d'une décision si expresse, qu'elles excellente chose; l'abjurer, c'est l'abandonner ne souffrent nulle réplique. » BOURD. M. le duc ouvertement, sans crainte ni retenue.-D'ailleurs, d'Orléans céda à la force de mes raisons et de à la différence de renier et en opposition à renier, mes preuves, ne put s'empêcher de demeurer abjurer peut exprimer une action louable; on convaincu, et ne put me rien opposer par direnie un passé honorable, on abjure un passé qui verses répliques, sinon que.... » S. S. . De maudoit faire rougir: « On n'était reçu alors dans vais moyens sont faciles à détruire; et donnant l'Eglise qu'après avoir abjuré sa vie passée. »prise à la réplique, ils laissent un grand avanPASC. Qui renie sa religion apostasie; qui l'abjure ordinairement quitte l'erreur, se convertit.

RÉPONDRE, RÉPLIQUER, REPARTIR. Dire quelque chose au discours de quelqu'un, parler après un autre et sur ce qu'il a dit.

Répondre est un mot très-usité; il a la plus grande étendue de signification. On répond aux questions des personnes qui s'informent; aux demandes de celles qui attendent des grâces ou des services; aux interrogations des maîtres et des juges; aux lettres qu'on nous écrit; aux reproches qu'on nous adresse; et aux difficultés qu'on nous propose touchant la conduite, les affaires et les sentiments. Répliquer et repartir par rapport à répondre expriment des espèces.

Pour ce qui concerne répliqner, c'est répondre à une réponse, reprendre la parole après celui qui a répondu. « Ma lettre était une réplique à sa réponse. BEAUM. « Je viens de voir la réponse de votre apologiste à ma treizième lettre. Mais s'i ne répond pas mieux à celle-ci, il ne méritera pas de réplique. » PASC. « La chancelière se mit de la partie je répondis, ils répliquèrent. » J. J. «La cour de Vienne envoie à Christiern IV des lettres monitoriales, et lui enjoint d'évacuer les terres du Sleswig. Le roi de Danemark répond que jamais ce duché n'a été un fief impérial. La cour de Vienne réplique que le royaume de Danemark lui-même est un fief de l'empire. » VOLT. << Savez-vous, lui dit don Luis, que vous êtes couché depuis hier matin? Cela n'est pas pos sible, répondit Leandro. Rien n'est plus vrai, répliqua son ami. » Les. — Ensuite, répliquer est le fait d'un homme qui, non satisfait de ce qui a été répondu, entre en discussion, engage une lutte; ce qui peut être, suivant les cas, un acte d'indocilité, d'impertinence, ou un moyen légitime de combattré un adversaire. On réplique en raisonnant, en répondant par des raisons; aussi dit-on une preuve sans réplique. Qui réplique répond en raisonnant ou fait le raisonneur, au lieu de recevoir sans mot dire les réprimandes qu'on lui fait ou les ordres qu'on lui donne. Retirez-vous, vous dis-je, et ne répliquez pas. (Roxane à Atalide dans Bajazet). Rac. Je ne réplique pas ce qu'un maître ordonne.

MOL.

D

tage à un adversaire éloquent.» MARM. « Cette dernière raison est si forte que je n'y connais point de réplique.... » LAH. « Ce qui le prouve sans réplique, c'est que....» ID. « Cicéron ne s'épargne pas lui-même sur les productions de sa première jeunesse.... Il n'était pas de ces hommes qui croient qu'on n'a rien à leur répliquer, lorsqu'ils ont dit : J'ai été applaudi, donc j'avais raison.» ID.

Quant à repartir, c'est répondre par un trait, par quelque chose qu'on fait partir, qu'on lance vivement et adroitement : la repartie, voisine de la riposte, est une sorte de réponse moins sérieuse que la réplique, et demandant moins de solidité que de finesse et d'à-propos. « En vérité, vous êtes bien fou pour le disciple d'un sage, lui dit Rodope en souriant. Il répliqua le plus sérieusement du monde; elle repartit en badinant.» MARM. Dans les disputes, dans les controverses, dans les plaidoyers, on réplique; mais c'est dans la conversation, et presque toujours en plaisantant qu'on fait des reparties. « Tu verras que nous donnerons le ton à toutes les conversations, et qu'on admirera la vivacité de notre esprit et le bonheur de nos reparties. » MONTESQ. « J'ai connu un joaillier qui était un homme incomparable pour faire des reparties vives et piquantes : cela partait comme un coup de pistolet. << Henri IV va paraître, dit-on, à la Comédie française. Je souhaite qu'il y paraisse avec beaucoup d'esprit, car il en avait; il faisait de ces reparties que la postérité n'oubliera jamais. » VOLT. « Leur esprit toujours présent et pénétrant leur fournit sans cesse des pensées neuves, des saillies, des réponses heureuses; quelque force et quelque finesse qu'on mette à ce qu'on peut leur dire, ils étonnent par la promptitude de leurs reparties, et ne restent jamais court. » J. J. « L'à -propos de ses reparties toujours précises et spirituelles. >> LAH. Les contes de milord Maréchal étaient ordinairement une repartie délicate et ingénieuse aux sottises qu'il entendait dire. C'était là sa manière de plaisanter. » D'AL.

LES.

Il suffit à la réponse, comme en général au discours, d'être claire; et, de plus, parce qu'elle se rapporte à quelque chose de dit antérieurement, elle doit être juste. Mais, en conséquence de leurs buts spéciaux, la réplique doit être forte

et convaincante, la repartie spirituelle et sou- | s'empara de la tyrannie malgré les remontras

daine.

Par la réponse on fait savoir; par la réplique on réfute; par la repartie on brille, on montre de l'esprit.

de Solon (FEN.). Dans l'affaire des Ariciens et de Ardéates, les consuls remontrèrent au pess qu'il allait se desbonorer pour toujours s'ils jugeait à lui-même le territoire contesté (Ro

REPRÉSENTATION, REMONTRANCE. Observa--La représentation tend à vous empêcher d'a tions critiques adressées à quelqu'un sur ses actions ou sur sa conduite.

A la rigueur, les représentations ont rapport à ce qu'on doit faire; ce sont des objections, des raisons contraires oubliées ou inconnues que nous rendons présentes à l'esprit : les remontrances portent sur ce qu'on a fait; ce sont des reproches par lesquels nous remontrons, nous remettons sous les yeux de quelqu'un sa conduite passée pour l'en faire rougir et repentir. Des officiers font pour détourner leur général d'une attaque les représentations les plus vives (S. S.). Le prophète Nathan fait à David des remontrances sur ses excès et sur ses crimes (MASS.).

inconsidérément; et la remontrance, d'une ma nière répréhensible et coupable. On ne peut rie représenter à qui est infaillible, ni rien remon trer à qui est impeccable.

D'autre part, la représentation a plutôt lieu de l'inférieur au supérieur : c'est, par exemple. la démarche d'un sujet qui avant d'obeir presente des explications pour obtenir dispensé et délai. Les remontrances sont plutôt d'en matre qui parle avec autorité, force, insistance, ou si elles vont de l'inférieur au supérieur, elles doivent être pleines de respect et de soumission, car elles annoncent qu'on commettra une faute. une injustice, une action mauvaise ou criminelle, si on y résiste.

Mais les deux mots ne sont pas toujours à une A peine est-il besoin d'ajouter, comme conse telle distance l'un de l'autre. Remontrance sequence de tout ce qui précède, que remontranc prend le plus souvent, ainsi que représentation.enchérit sur représentation et qu'il doit être mis pour ce qu'on dit à quelqu'un relativement à ce après plutôt qu'avant, parce qu'il exprime quelqu'il se propose de faire et afin de l'en dissuader. que chose de plus fort. Découvrons à nos amis, Alors la représentation est une pure contradic-avec autant de fermeté et de liberté que de chation ou objection qui tend à faire changer de rité et de douceur, leurs égarements. Tachons dessein, avant que l'exécution soit commencée, de les redresser par nos représentations et nos au lieu que la remontrance, inséparable de l'idée remontrances. » BOURD. « Qu'il soit permis aux de blâme, de répréhension et de plainte, a plu- magistrats ordinaires de faire des représentations tôt pour objet de faire cesser une entreprise et des remontrances. » COND. « Le duc d'Orleans commencée, de corriger un abus ou une habi- m'ouvrit carrière à lui représenter, pour ne tude vicieuse, en reprochant et en censurant ce pas dire reprocher, ses méfaits à notre égard qui a déjà été fait. Remontrances contre l'énor- (à l'égard des ducs).... Il m'allégua pour dernier mité des impôts (S. S.), contre la tyrannie des retranchement la noblesse qu'il ne voulait pas moines (VOLT.), contre une manière de parler dé- soulever. Je lui remontrai, avec une indignation fectueuse (MOL.), contre des désordres habituels que je ne pus contraindre, que c'etait lui-même (MASS., MAL.). qui l'avait soulevée. » S. S.- - Des instituteurs respectables et indulgents ramenaient les jeunes pythagoriciens par des corrections douces, qu avaient plus l'air de la représentation que du reproche. c'est-à-dire des reproches, que le maître d'ecole de Lafontaine adresse à l'enfant qui se noie:

D

» BARTH. Ce sont des remontrances,

Dans ce récit je prétends faire voir
D'un certain sot la remontrance vaine....

RÉPUTATION, CONSIDÉRATION; — NOY, RE NOM, RENOMMÉE, CELEBRITÉ. Place qu'on a dans l'opinion des hommes. « Vous, vous êtes M. de Voltaire, nom qui renferme tous les geared de bonheur, réputation, considération, celebrika DUDEFF.

Enfin, remontrance s'emploie aussi quand il s'agit d'une action particulière à prévenir. Mais il garde toujours dans sa signification quelque chose de distinctif. La représentation est une considération, une raison qui vous éclaire; c'es un conseil négatif, elle vous fait voir des difficultés, des inconvénients, des dangers. « Nonobstant les représentations du commerce de Cadix, le roi d'Espagne voulait accorder cette permission aux Anglais. » S. S. « Obéir sans opposer de difficultés, et sans faire de représenta tions. » BOURD. « Julie ayant ordonné de rejeter à l'eau tous les poissons, cette opération se fit lentement, à contre-cœur, non sans quelques représentations. » J. J. « Si vous croyez être ab- Réputation est le terme général, le plus com solument sûr que la pièce réussira auprès de mun de tous et le plus faible. Il est si bien inde tout le monde, et ne déplaira personne, mes terminé, qu'on y ajoute souvent d'autres mots raisons, mes représentations ne valent rien. » qui le déterminent: réputation de vertu, de misVOLT. Mais la remontrance est une censure anti-anthropie, de savoir, de talent. Il n'exprime rien cipée; elle vous signale des torts, des erreurs, de brillant, rien de grand, des fautes, des crimes à éviter, elle tient plus de puisse prétendre et parvenir. Il a d'alleurs cell l'avertissement et de l'avis. Pilate a beau remon- de spécial et de distinctif, qu'il marque pas trer aux Juifs que Jésus-Christ est leur roi, et particulièrement l'idée que les autres out de que d'attenter à sa vie, c'est pour eux le crime nous sous le point de vue moral ou quan; à là

le plus énorme, ils n'écoutent ni ces remontrances tant de fois réitérées ni reproches inté

probité.

quoi chacun ne

La considération est une haute réputation,

rieurs de la conscience (BOURD.). Pisistrate une réputation distinguée, qui rend considera

le, qui fait qu'on est regardé, compté, tenu our beaucoup, qu'on impose. Elle peut provenir es qualités, du mérite, il y a une considéraon personnelle; mais elle dépend plutôt encore e l'état, du rang, des richesses, du pouvoir obliger et de nuire. « Il ne faut pas confondre a considération avec la réputation: celle-ci est rincipalement le fruit des talents ou du savoir; elle-là est attachée au rang, à la place, aux ichesses, ou en genéral au besoin qu'on a de eux à qui on l'accorde. » D'AL. « On voit dans "'entrée triomphante de Jésus-Christ à Jérusalem in homme, qui paraissait le dernier de tous les lommes en considération et en puissance, recevoir de tout le peuple les plus grands honneurs.» Boss. Après la mort de Charles I, l'Angleterre perdit sa considération avec son bonheur; les autres nations la crurent ensevelie sous ses ruines jusqu'au temps où elle devint tout à coup plus formidable sous la domination de Cromwell. VOLT. Persée voyait avec une peine infinie que la considération de son frère Démétrius dans la Macédoine et son crédit chez les Romains augmentaient de jour en jour. » ROLL. Lorsque dans la monarchie la profession lucrative des traitants parvient encore à être une profession honorée, un dégoût saisit tous les autres états, l'honneur y perd toute sa considération, » MONTESQ. « Le mépris des richesses était dans les philosophes un chemin détourné pour aller à a la considération qu'ils ne pouvaient avoir par les richesses. » LAROCH, « Helvétius avait une grande fortune, une place à la cour, une consi1: dération personnelle et méritée. » LAH. D'un autre côté, considération est de tous ces mots le seul relatif à ce que l'opinion que les autres ont de nous nous attire de leur part. On dit des témoignages de considération (J. J.), c'est-à-dire des égards, des attentions, des respects. On se fait une réputation, on obtient de la considéra tion. A cinquante-cinq ans la fortune est établie, la réputation faite, la considération obtenue. BUFF.

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La réputation et la considération sont d'ordinaire bornées, elles ne s'étendent pas au delà du cercle des personnes qui nous entourent. En cela, elles diffèrent profondément du nom, du renom, de la renommée et de la célébrité, par lesquels on est connu au loin dans l'espace ou dans le temps, par lesquels on fait du bruit, on a de la vogue ou de l'éclat. Chacun de ces mots désigne une grande réputation, une réputation répandue dans le monde, qui fait qu'on est dans toutes les bouches: volito per ora virúm.

Le renom est le redoublement du nom, il renchérit sur le nom, il désigne non pas seulement une grande, mais une très-grande réputation. Quant à la renommée, elle n'est autre chose que le renom considéré d'une manière concrète : le renom se mesure par le bruit ou par l'étendue qu'il remplit, la renommée par les choses, le nombre des choses qui en font le sujet. Un homme de renom; attaquer la renommée d'un homme. Pour plus ample distinction de ces trois mots, voy. Ire partie, p. 111 et 199.

La célébrité (latin celebritas) est une grande

réputation d'une certaine espèce, celle qui s'acquiert par les talents de l'esprit, et donne une place dans la mémoire et dans l'estime des gens instruits: la célébrité littéraire (J. J., D'AL.), d'un ouvrage d'esprit (VOLT.), d'un écrivain (VOLT., J. J., LAH.), d'un poëte (COND.), d'un philosophe (ID.), d'un savant (MONTESQ.). « La célébrité des deux avocats, Cicéron, accusateur, et Hortensius, défenseur de Verrès, me paraît digne de curiosité. » ROLL. « L'Art poétique mit le comble à la célébrité de Boileau et à l'autorité qu'il avait dans les lettres. » MARM. « Helvétius avait une vaine et malheureuse ambition de célébrité. » LAH. Ou bien la célébrité est simplement une grande réputation dans les livres, dans l'histoire, celle qui fait vivre chez la postérité. « Les catholiques d'Irlande égorgèrent presque tous les protestants de leur ile en 1641; ce massacre n'a pas dans l'histoire des crimes la même célébrité que la Saint-Barthélemy. VOLT. Le règne de Sixte-Quint a plus de célébrité que celui de Grégoire XIII. » ID.

α

RÉSERVE, RETENUE; DÉCENCE, MODESTIE, PUDEUR. Disposition à se contenir dans de certaines bornes.

La réserve et la retenue sont des principes d'action généraux, des qualités négatives, qui consistent à ne pas se donner trop de liberté, à s'abstenir, dans certains cas, de parler ou d'agir. Ainsi l'économie est réserve ou retenue dans l'emploi de ses biens; la sobriété, réserve ou retenue dans l'usage des aliments; la discrétion, réserve ou retenue à l'égard des autres, etc. Mais la décence, la modestie et la pudeur sont plus particulières : ce sont des espèces par rapport à la réserve et à la retenue. La réserve et la retenue nous empêchent de faire quoi que ce soit; la décence, la modestie et la pudeur nous empêchent chacune de faire une certaine sorte d'actions.

Ensuite, avec de la réserve, on se préserve, on se tient sur ses gardes, on est circonspect; avec de la retenue, on se gouverne, on réprime ses mouvements, on est maître de soi (voy. Discrétion, réserve, retenue, p. 529). C'est-à-dire que la réserve et la retenue sont des conditions du bien, mais non pas quelque chose d'essentiellement bon. Au contraire, la décence, la modestie et la pudeur sont proprement des vertus, et non pas de simples qualités. On ne dit pas blesser la réserve et la retenue, comme on dit blesser la décence, la modestie et la pudeur; on ne dit pas non plus passer les bornes de la réserve et de la retenue, comme on dit passer les bornes de la décence, de la modestie, de la pudeur. La réserve et la retenue peuvent être employées à dissimuler, par exemple; mais la décence, la modestie et la pudeur sont toujours recommandables.

Décence, modestie, pudeur. Vertus qui demandent de la réserve ou de la retenue, qui consistent dans une sorte de réserve ou de retenue.

La décence nous empêche de violer les lois de la bienséance: c'est une réserve ou une retenue en ce qui concerne les convenances sociales. La modestie nous empêche de nous trop faire valoir: c'est une réserve ou une retenue en ce qui con

cerne l'opinion que nous avons et que nous voulons donner de nous aux autres. La pudeur nous empêche d'offenser les mœurs : c'est une réserve ou une retenue en ce qui concerne l'honnê

teté.

Décence implique l'idée de société : la décence regarde le maintien, et, avec de la décence, on observe le décorum, on se montre en public bien, comme il faut, avec dignité. Modestie implique l'idée d'humilité : la modestie porte à se faire petit, à s'effacer par rapport aux autres, et, avec de la modestie, on est sûr de plaire, parce qu'on ne blesse aucun amour-propre. Pudeur implique l'idée d'une extrême délicatesse, d'une crainte candide relativement à tout ce qui peut altérer la | pureté de l'âme, et, avec de la pudeur, on rougit de tout, même d'être vu.

Sans décence, on est ou on agit d'une manière malséante ou messéante; sans modestie, on est vain; et sans pudeur, effronté.

fie un grand respect. Les miracles de Jésu Christ devaient lui attirer le respect et la vénét tion, que dis-je? l'adoration même et le cubed toute la terre.» BOURD. Quand je vois des pe sonnes de piété en qui je crois reconnaître & élus, j'entre en une vénération qui me transie respect. » PASC. « Le premier effet de l'amon c'est d'inspirer un grand respect; on a de la r | nération pour ce que l'on aime. ID. On a à respect pour le génie, de la vénération pour b vertu. Ce qui me charmait le plus, c'était l respect de Vauvenargues pour le génie de Voltaire, et la tendre vénération de Vcliaire pour la vertu de Vauvenargues. » MARM. Il y a dans la vénération quelque chose de religiear, c'est proprement ou souvent un respect pour les chose saintes ou sacrées. « La considération que les lediens ont pour les bœufs à bosse est si grande. qu'elle a dégénéré en superstition, dernier terme de l'aveugle respect de l'objet de leur vénérs tion ils ont fait une idole. » BUFF. « On portai au nom de citoyen romain un respect profond. une vénération religieuse. » LAR. « Inspirez au fidèles tout le respect et toute la vénération nécessaire pour honorer cet auguste sacrement. » BOURD. D'un autre côté, respect se rapporte Alors la décence regarde la manière dont on se plus à l'extérieur, aux démonstrations, et véné montre en public; la modestie, la manière dont ration, à l'intérieur, au sentiment; aussi emon parle ou dont on agit; et la pudeur, les sen-ploie-t-on bien respect, mais non vénération, au timents qu'on a dans l'âme. On dit un habit indé-pluriel pour exprimer des témoignages ou des cent; des discours, des regards, des actions immodestes; des désirs impudiques. Une femme a de la décence, quand elle a un extérieur, une mise, une tenue, un habillement convenables, quand elle ne fait rien dont le monde puisse se scandaliser. Elle a de la modestie, quand elle Révérence enchérit aussi sur respect et ressem n'est pas trop libre, quand elle est modérée (mo-ble davantage à vénération 1. « Assister au sacrideste et modéré ont la même racine, modus, me- fice en toutes les manières qui peuvent nous insure) dans ses discours, son ton, ses gestes, ses spirer le respect et la révérence due à Dieu. » mouvements, ses œillades. Elle a de la pudeur, BOURD. « Il y a des formules de respect et de réquand elle est pénétrée d'un sentiment d'aversion térence que nous prescrit à l'égard du noble le pour tout ce qui peut effleurer son honneur, souvenir des vertus de ses pères. » MARM. quand son innocence s'effraye de tout et fuit jusqu'à l'ombre du mal.

La différence n'est pas aussi marquée entre ces mots, lorsqu'ils se disent tous les trois dans le sens plus particulièrement propre à pudeur, c'est-à-dire en parlant du soin que les hommes et surtout les femmes doivent avoir d'être ou de rester chastes, de respecter l'honnêteté.

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marques de ce que ces mots supposent que l'âme éprouve. « Est-on idolâtre en faisant paraitre par quelque posture de respect le sentiment de vénération vraiment sainte qu'on a dans l'esprit ? =

Boss.

La révérence n'est pourtant pas identique à l vénération c'est un grand respect mělé de

La décence est une modestie sociale, pour le monde ou le public. « Louis XIV fut toujours dé- 4. Un mot synonyme de respect, et de force à peu cent en public. VOLT. « Notre régularité n'est près égale, c'est hommage: on dit presque indiffequ'une décence que nous donnons au monde. >> remment offrir à quelqu'un, à une dame, ses hommaMASS. Polixène en tombant sur la scène observe ges ou ses respects. L'hommage cependant, selon la la décence (J. J.). La modestie est une manière de juste distinction de Condillac, est volontaire et se fai: à la personne, parce qu'elle a du mérite, ou, s parler ou d'agir conforme à la pudeur; la pu- c'est une femme, de la beauté ; le respect est forcé deur est le fond, le sentiment, l'amour naturel et se fait à l'état ou à la naissance. On est maître de de ce qui est pur, chaste, honnête. « Une femme porter ses hommages où l'on veut, mais on n'est pas à pied dans un pareil équipage n'est pas trop en libre de refuser ses respects. La politesse rend des sûreté contre les insultes de la populace. Ces in-hommages, des attentions; l'honnêteté rend des ressultes sont le cri de la pudeur révoltée, et la pects, des devoirs. D'ailleurs l'hommage consiste encore brutalité du peuple, plus honnête que la bien- plus dans l'extérieur, la montre, la man festation; séance des gens polis, retient peut-être ici cent souvent et plus volontiers au pluriel, c'est qu'il se preuve, c'est que le mot hommage s'emploie plus mille femmes dans les bornes de la modestie. »prend quelquefois pour une chose offerte ou donnée, J. J.

α

RESPECT, VÉNÉRATION, RÉVÉRENCE. (HOMMAGE). Ces mots désignent une sorte de culte, les égards qu'on a pour une personnne au-dessous de laquelle on se trouve placé et devant laquelle on se prosterne en esprit.

Respect est le mot commun, vénération signi

la

c'est qu'on ne dit pas un sentiment d'hommage, comme on dit un sentiment de respect. Hommages pompeux, solennels, éclatants (Mass.). « Les rois sont plus jaloux de s'attirer des hommages que de

tants des quatre lunes de Jupiter lui rendissent quelgagner des cœurs. » ID. « Je voudrais que les habique sorte d'hommage, et ne regardassent la grande planète qu'avec respect. » FONT.

point de vue que ce soit, et, par exemple, sous le point de vue intérieur, intellectuel ou abstrait: on dit des cas, des raisonnements semblables, et non pas ressemblants. Achille n'est pas ressem blant à un lion, n'étant pas fait comme lui; mais il est semblable à un lion, c'est-à-dire animé comme un lion. Les hommes sont les semblables les uns des autres, ou sont semblables les uns aux autres; mais on dira bien, en n'ayant égard qu'à la figure, que de tous les animaux le singe est le plus ressemblant à l'homme.

inte, suivant le sens du latin revereri, aphender, redouter; au lieu que la vénération un grand respect joint à l'affection, à une te d'épanchement incompatible avec la crainte. La révérence est réservée, timide. « Le jeune mme qui serait méprisé si, devant tel autre e son père, il paraissait obséquieux, humble craintif, est cité pour modèle lorsqu'il fait narquer dans l'amour filial cette révérence aide.› MARM. S'abstenir de prendre le bien utrui par la révérence des lois (LABR.). « Le être touche le pain vivifiant avec grande révé- Secondement et en conséquence, ressemblant nce et tremblement. » Boss. « Même sous les dit moins que semblable: il exprime quelque ures de l'ancienne loi, il faudrait toujours as- chose de superficiel et d'approchant seulement, ster aux sacrifices avec crainte et avec tremble- en un mot une simple ressemblance, et non une ent.... Aussi voyez avec quelle révérence Dieu similitude ou une conformité. « Rapin aurait dû oulait que les Juifs entrassent dans le sanc-savoir qu'imiter ce n'est pas faire une chose semaire. » BOURD. — Mais la vénération est ten-blable, mais une chose ressemblante; que ce ne re. « Le duc de Bourgogne était pénétré pour serait pas la peine d'aller au théâtre pour ne énelon, son maître, de la vénération la plus voir que la copie exacte de ce que l'on voit endre. » D'AL. « Je ne vois jamais sans atten- dans le monde. » MARM. « Le prince de Conti, rissement et vénération ces groupes de bons ressemblant au grand Condé par l'esprit et le ieillards (les Invalides). » J. J. « Nous allons courage.... » VOLT. L'auteur n'a pas osé dire uelquefois jusqu'à sentir de la vénération, de semblable. « La nature produit des pierres un 'amitié pour l'auteur d'un chef-d'œuvre d'art, peu ressemblantes à des langues. » VOLT. « Voilà t, s'il était là, nous l'embrasserions. » VOLT. deux mariages assez ressemblants.—A peu près.»> Une autre différence, aussi importante tout au LES. noins, se tire de l'objectivité de révérence.

La vénération s'attribue toujours aux personnes, et elle marque la manière dont elles sont disposées ou dont elles agissent la révérence s'attribue bien aux choses, et elle indique ce qui leur ́est dû, la manière dont on doit être disposé ou dont on doit agir à leur égard. Une personne pieuse se comporte à l'église avec vénération et conformément à la révérence du lieu saint. « Le duc de Montausier assistait tous les jours au saint sacrifice; et son attention et sa modestie imprimaient le respect aux âmes les moins touchées de la révérence du lieu et de la sainteté du culte. >> FLÉCH. « M. Jurieu ébranle ainsi avec la révé=rence des premiers conciles les fondements de la foi. » Boss. « C'était une manière honnête d'exprimer une condition sans blesser la révérence d'une si grande assemblée (un synode national).» ID. « Les spectacles et les jeux publics, où la révérence de l'ordre sacerdotal est ravalée. » ID.

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RÉTABLIR, RÉPARER, RESTAURER. (RELEVER, REMETTRE, RAMENER, REHABILITER ). Rendre ou faire revenir à l'état primitif.

On rétablit ce qui est abattu, ruiné ou détruit; on répare ce qui est endommagé. L'action de rétablir a pour effet de remettre sur pied ou debout, et par extension de faire renaître ce qui est aboli, supprimé ou tombé en désuétude; l'action de réparer, comme celle de raccommoder ou de rajuster, a pour effet de pourvoir à des échecs, à des déchets, à des préjudices, à des pertes. Le rétablissement est une reddition, un renouvellement d'existence; la réparation, un travail de réforme on rétablit une ancienne route depuis longtemps abandonnée; on répare une route défoncée. Rétablir exprime simplement le retour au premier état; réparer ne l'exprime que par l'intermédiaire de l'idée d'un remède apporté à un mal, d'une détérioration corrigée. On rétablit une muraille qu'on rebâtit; on y répare une brèche. On rétablit le combat en réparant le désordre causé par quelques fuyards. On rétablit sa fortune en réparant ses pertes ou ses Les deux mots ont la même racine, sembler, malheurs. Vous rétablissez l'honneur d'une perdu latin similis, semblable. Mais ressemblant est sonne en réparant le tort que vous lui avez fait proprement un participe, le participe du verbe par vos médisances. Rétablis dans leur terre ressembler, et semblable est un adjectif; d'où il après la captivité, les Juifs s'appliquèrent à résuit qu'ils expriment, ressemblant une qualité parer les chemins, les fortifications, et en géde fait, contingente, visible, de forme, et sem-néral tout ce qui avait été altéré ou gâté pendant blable une qualité de fond, de nature, essen- leur longue absence. tielle, métaphysique. Deux choses ressemblantes ont le même air, les mêmes traits, les mêmes apparences des enfants ressemblants à leurs pères (ROLL.); un portrait ressemblant (ACAD.); une plante ressemblante au ginseng des Chinois croît au Canada (VOLT.); les Chinois élèvent pour le combat certains petits oiseaux ressemblants à des cailles ou à des linottes (BUFF.). Des choses semblables ont de mutuels rapports sous quelque

RESSEMBLANT, SEMBLABLE. Qui est presque le même qu'une autre chose; qui s'y rapporte; qui a des qualités identiques ou pareilles.

Restaurer ressemble fort à réparer : il suppose aussi un mal ou un dommage éprouvé, un dépérissement auquel il s'agit de subvenir. Mais, au lieu qu'on répare une chose en remplaçant les parties qui en ont été enlevées, ou en remettant en ordre celles qu'elle a, on restaure une chose en.lui faisant recouvrer ce qui lui a été ôté de force, de vigueur, d'éclat, de prospérité. On répare une toiture; on restaure l'estomac. Un

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