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femme?» MARM. « Dans le plaidoyer de Cicéron pour Muréna les qualités du cœur se font admirer encore plus que les talents de l'esprit. ROLL.M. le Prince avait hérité des grandeurs, des lumières du prince de Condé, des rares talents de son esprit, et de ses qualités héroïques. » BOURD.

Les qualités peuvent avoir été apportées en naissant ou contractées par l'habitude; les talents sont plutôt des dons de la nature. « Que la nature nous ait doués des plus belles qualités, ces qualités naturelles sont des talents, mais il les faut cultiver. » BOURD. « Dans le chien, les talents naturels se réunissent aux qualités acquises.» BUFF. « Le chien de berger est de tous les chiens celui qui a le moins de qualités acquises et le plus de talents naturels. » ID.

QUAND, LORSQUE, COMME. Adverbes de temps.

Entre quand et lorsque la différence est bien simple et bien évidente. Quand est général, vague, hypothétique, relatif à un fait possible ou idéal. En effet il s'emploie seul toutes les fois qu'il y a doute : Quand viendrez-vous? A quand la partie? Je ne sais quand je pourrai sortir; j'irai vous trouver, mais je ne puis dire quand; quand on découvrirajt votre démarche, on ne pourrait la blâmer. « C'est presque toujours la faute de celui qui aime, de ne pas connaître quand on cesse de l'aimer. » LAROCH. « On ne peut rien apprendre qui nous instruise quand, comment, de quelle manière, et pourquoi les anges ont été créés.» VOLT. Au contraire, lorsque est précis, positif, historique, relatif à un fait réel lorsque Alexandre pénétra dans l'Inde (ACAD.); lorsque le siége de l'empire fut établi en Orient (MONTESQ.); lorsque Auguste ent conquis l'Egypte (ID.); lorsque je fus un instant votre voisin (J. J.); lorsque Saül fut déclaré roi (VOLT.). Quand, quando, annonce un temps ou un fait en question, quelconque, indéterminé, incertain; et lorsque, alors que, à l'heure que, un temps ou un fait particulier, fixe, positif, assuré. Si vous venez, apportez-moi telle chose quand vous viendrez; puisque vous devez venir, apportez-moi telle chose lorsque vous viendrez.

Dans les propositions générales où il est question, non de ce qui est arrivé, mais de ce qui peut avoir lieu ou de ce qui a lieu parfois, où on parle d'une manière absolue, indépendamment des cas ou des événements particuliers, quand est le seul mot qui convienne. « La première chose qui s'offre à l'homme quand il se regarde, c'est son corps. » PASC. « Quand on se porte bien, on ne comprend pas comment on pourrait faire si on était malade. » ID. « Quand nous vou

étaient renfermés dans la sphère du ciel et de l lune, lorsque, durant le cours de tant de siecles, ils n'avaient point encore remarqué de corre tions ni de générations hors de cet espace? Mi ne devons-nous pas assurer le contraire, lors toute la terre a vu sensiblement des comé s'enflammer, et disparaître bien loin au delà de cette sphère?» PASC. « Ezechias ne se rendit pas moins célèbre lorsqu'il assembla les lévites pcz les obliger à purifier le temple. » Boss. « Il part certain que lorsque Arbace révolta les Medes contre Sardanapale, il ne fit que les affranchir. » ID. « Tous ces contes furent écrits dans des galetas, et entièrement ignorés de l'empire romain. Lorsque ensuite les moines furent établis, ils augmentèrent prodigieusement le nombre de ces rêveries. VOLT. « Les Romains recurent dans leur ville les dieux des autres pays; mais lorsque les étrangers vinrent eux-mêmes les retablir, n les réprima d'abord.» MONTESQ.

Comme est très-propre à éclaircir et à confir mer au besoin la distinction ci-dessus établie: car, sans être synonyme de quand, il l'est de lorsque, dont il possède à un degré supérieur le caractère distinctif, étant encore plus précis ou plus déterminé que lui. Vous direz en général : quand on entre, c'est-à-dire, si on entre, toutes les fois qu'on entre, à l'église, on doit être respectueux; ou, en parlant de l'habitude, de la conduite ordinaire d'une personne : quand elle entre à l'église, elle est respectueuse. Mais dans une occasion particulière on dira: lorsque cette personne entra dans l'église, elle témoigna beaucoup de respect. Que si on veut marquer plus rigoureusement encore qu'au moment même de l'entrée d'une personne dans l'église, tel événement eut lieu, on se servira de comme: comme elle entrait dans l'église, je l'abordai, le pied lui glissa, ou autre chose semblable. Pompadour fut arrêté à huit heures, comme il se levait. » S. S. « Alcée, qui était auprès de Pisistrate, le soutint comme il allait tomber. FEN. Comme je fermais la lettre que je vous ai écrite, je fus visité par M. N. » PASC. Comme on le menait au supplice,... Boss. « Comme nous partions pour nous en retourner,... » J. J. QUERELLER, GRONDER, TANCER. Maltraiter de paroles.

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D

GOURMANDER,

Quereller marque plus de bruit que gronder, et annonce de l'aigreur : qui querelle éclate, tem pête; qui gronde murmure, fait un bruit sourd.

Pendant ces mots l'époux gronde à part soi.
Magdeleine est en un courroux extrême,
Querelle Pierre, et lui dit: Malheureux!
Tu ne seras qu'un misérable gueux
Toute ta vie !

LAF.

lons voir, il faut ouvrir les yeux. » Boss. « Quand On querelle en public, ouvertement: «Cléoon veut se prévaloir de la décision d'un législa- bule disait qu'un homme ne devait jamais cares teur, il faut que cette décision soit précise et ser sa femme ni la quereller devant les etranclaire. VOLT. « Quand nous sommes las d'ai-gers. » FÉN. Mais on gronde dans l'intimité: mer, nous sommes bien aises qu'on nous devienne infidèle. LAROCH. Mais dans les propositions particulières, où il s'agit de ce qui s'est effectivement passé, où l'on raconte, c'est lorsque qui doit être préféré. « Les anciens n'avaient-ils pas sujet de dire que tous les corps corruptibles

De ces maris fâcheux, Qui jamais sans gronder ne reviennent chez eux.

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Tant que le jour est long, il gronde entre ses dents

REGN.

Vous êtes avec moi toujours prête à gronder.

CO

Je

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Voir un prince emporté....

Qui, dans les soins jaloux où son âme se noie, Querelle également mon chagrin et ma joie. MOL. Dans le Distrait de Regnard, Mme Grognac gronde sans cesse sa fille et ses valets. En un sens, quereller enchérit sur gronder, puisqu'on querelle à voix haute, vivement, en faisant des plaintes, en poussant des cris, et qu'on gronde à demi-voix, entre ses dents : « Tiens, ma Julie, gronde-moi, querelle-moi, bats-moi; je souffrirai tout, mais je n'en continuerai pas moins à te dire ce que je pense. » J. J.

On querelle tout le monde, tout le monde pouvant être l'objet de notre humeur et de notre dépit « L'abbé d'Andigné nous conta tout ce que je viens d'écrire; ce ne fut pas sans le quereller avec dépit, d'avoir brûlé de si précieux mémoires. » S. S. On ne gronde que les personnes contre lesquelles on ne crie pas fort, les amis, les parents, et, ce qui fait qu'on les gronde, c'est l'intérêt qu'on leur porte plutôt que l'envie de disputer, de décharger sa bile : « Quand nos amis nous manquent, il faut les gronder. » J. J.

On querelle qui peut se défendre, répondre, entrer en querelle ou en discussion, soit par son rang, soit parce qu'on ne lui impute que des torts imaginaires ou très-faibles. C'est ainsi que, ne sa chant plus à qui s'en prendre d'une chose, on querelle le sort (MOL.); c'est ainsi qu'on que relle les malheureux pour se dispenser de les plaindre (VAUV.). Au contraire, on a toujours droi

de gronder, soit parce qu'on a l'autorité, la supériorité, soit parce qu'on se fonde sur des griefs incontestables ou de conséquence. Un mari, un père, grondent à l'occasion de fautes commises, dont ils espèrent prévenir le retour. - Quelquefois on querelle comme on chicane, pour rien; on ne gronde guère sans un sujet, si mince qu'il soit, sans raison au moins appa

rente.

Un paysan son seigneur offensa:
L'histoire dit que c'était bagatelle;
Et toutefois ce seigneur le tanca
Fort rudement.

LAF.

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<< En chaire on ose bien tancer de petites faiblesses et des fragilités communes; mais les passions désastreuses, les fléaux politiques, qui ose les attaquer?» MARM.

J'ai voulu prendre un peu de liberté.

Ciel! comme elle a tance ma hardiesse! VOLT. QUITTER, ABANDONNER, RENONCER. Ne pas tenir davantage à une chose, cesser de la garder, de s'en occuper ou de la demander. « On n'était reçu dans l'Église qu'après avoir renoncé au monde. Entre ces deux partis on quittait celui-ci pour entrer dans celui-là on abandonnait les maximes de l'un pour suivre celles de l'autre. » PASC. « Les thérapeutes abandonnent leurs biens à leurs parents ou à leurs amis; ils quittent leurs pères, leurs mères...; ils renoncent, en un mot, à tous les attachements terrestres. » COND.

α

Quitter et abandonner se distinguent nettement de renoncer. Ils peuvent exprimer une action involontaire, et se rapporter à une position mauvaise aussi bien qu'à quelque chose d'avantageux. Quitter et abandonner une position, une étude, un dessein, un ouvrage, marquent le simple fait de ne plus s'y adonner, et les choses ainsi quittées ou abandonnées peuvent être déplaisantes ou nuisibles. Au contraire, on renonce toujours volontairement, expressément, avec quelque peine, à quelque chose qui est cher ou qui doit l'être. Ce n'est plus seulement une séparation, c'est un sacrifice. On renonce à regret, en se faisant une sorte de violence, mais résolûment, à une profession, à une étude, à un dessein, à un ouvrage qu'on aimait, ou bien qui rendait ou promettait beaucoup. On renonce au plaisir, à Gourmander, c'est quereller ou gronder avec des attachements, à des espérances. « Il n'est dureté et impérieusement, comme on fait à l'é- pas si facile qu'on pense de renoncer à la vertu : 1 gard d'un cheval qu'on mène rudement après elle tourmente longtemps ceux qui l'abandonl'avoir gourmé ou à l'aide de la gourmette. On nent. » J. J. « Les jeunes Athéniens quittaient gourmande, non pas seulement comme on que-père et mère, et renonçaient à toutes leurs parties relle, d'une manière vive et emportée, mais en maître, sans ménagement, d'une manière despotique, inflexible, impitoyable. C'est ainsi que Lucien et Boileau ont gourmandé les vices (FÉN., BOIL.). Gourmandez-vous vous-même sans pitié sur la vie molle, oisive et amusée. » FÉN. C'est ainsi que Montaigne gourmande si fortement et si cruellement la raison dénuée de la foi, que.... PASC. Alceste ne peut supporter les vices des hommes et les gourmande avec une aigreur intraitable. LAH. « Il est fort impérieux, il veut gourmander tout le monde. » ACAD.

Tancer est familier. Il ne se dit que dans la conversation, ou en plaisantant, ou en parlant de légers défauts. « On se rassemble pour aller

de plaisir pour s'attacher à Socrate et pour l'entendre. » ROLL. « Christine, reine de Suède, vint à Paris. On admira en elle une jeune reine, qui à vingt-sept ans avait renoncé à la souveraineté dont elle était digne, pour vivre libre et tranquille. Il est honteux aux écrivains protestants d'avoir osé dire, sans la moindre preuve, qu'elle ne quitta sa couronne que parce qu'elle ne pouvait plus la garder. » VOLT.

Mais voyant de ses yeux tous les brillants baisser, Au monde qui la quitte elle veut renoncer, Et du voile pompeux d'une haute sagesse De ses attraits usés déguiser la faiblesse. MOL. La différence entre quitter et abandonner consiste en ce qu'on quitte de toutes les manières, au lieu qu'on n'abandonne que par insouciance

ou par mollesse. « Il faut quitter tout ressenti-, par laisser-aller, par indifférence; on y renonc ment.... Voudrais-tu m'abandonner, Scapin, dans quand on la quitte formellement, en le dechla cruelle extrémité où se voit mon amour? » rant, et quoi qu'il en coûte ou qu'il en duir MOL. Nous sommes assurés qu'après avoir été coûter. si favorable à ses enfants ingrats, Jésus-Christ ne nous abandonnera jamais qu'après que nous l'aurons abandonné, et que sa grâce ne nous quitte jamais la première. » Boss. « S'il y en a qui m'ont abandonné comme des ingrats et des misérables, tu m'as quitté, comme j'ai quitté moi-même, en honnête homme qui croit avoir raison.» HAM.

α

Je quittai mon pays, j'abandonnai mon père. RAC. On quitte une religion, quand on cesse de la professer; on l'abandonne, quand on la quitte

RACE, SANG; FAMILLE, MAISON ; LIGNÉE. Espèce ou classe particulière à laquelle on appartient par la naissance: race royale, sang royal, famille royale, maison royale, lignée d'un roi ou des rois.

Race est le terme commun et le plus général. Il se dit des animaux comme des hommes, en mal comme en bien; et même il ne suppose pas toujours aux individus, auxquels il s'applique, communauté de naissance ou d'origine : c'est en se fondant sur une ressemblance de profession, d'inclinations ou d'habitudes qu'on dit de certains hommes, race d'usuriers, race de fripons, race de pédants, race de vipères. De plus, le mot race, de radice, racine, a particulièrement rapport à la souche ou au chef: race capétienne, dérivant de Hugues Capet; race merovingienne, descendant de Merovée; race des Héraclides, Enfin la race est essentiellement bonne ou mauvaise, c'est-à-dire qu'on en considère surtout les qualités naturelles, transmises par la génération.

issus d'Hercule.

-

Sang ne differe guère de race, que parce que étant un terme figuré il s'emploie surtout dans le style noble, et, par suite, pour exprimer une race grande, distinguée, excellente. « Ménélas dit à Télémaque par tous vos discours vous faites bien sentir la noblesse du sang dont vous sor

tez. » FÉN.

S'il en est temps encore, épargnez votre race,
Respectez votre sang.

(Phèdre à Thésée). RAC.

Il (Mardochée) descend comme moi Du sang infortuné de notre premier roi.... Plein d'une juste horreur pour un Amalécite, Race que notre Dieu de sa bouche a maudite, Il n'a devant Aman pu fléchir les genoux.

(Esther). In. Bon chien chasse de race, se prend plutôt en mauvaise qu'en bonne part; bon sang ne peut mentir, au contraire.

R

Tout homme qui va vivre dans la retraite. quitte le monde. On abandonne le monde négligence, faute de prendre intérêt à ce qui s passe. Il faut à une jeune fille du courage por renoncer au monde et aller s'ensevelir dans cloître.

Les apôtres quittèrent tout pour suivre Jésus Christ. Ils abandonnèrent tout pour se consacre entièrement au soin de propager la foi. Ils renoncèrent à tout pour le seul bien véritable, le salut, la félicité éternelle.

naturelles. Quand on est de race royale on de sang royal, on a telles qualités ou tels instincts quand on est de la famille ou de la main royale, on se trouve classé par sa naissance dans telles de ces petites sociétés ou de ces sociétés élémentaires, dont se compose la grande sociéte appelée nation. Ma race ou mon sang fait cornaitre ce que je suis, ce que je vaux; ma famille ou ma maison indique avec quels hommes ma naissance m'a plus étroitement lié. La valeu vient de la race, est dans le sang; on trouve dans sa famille ou dans sa maison des exemples de valeur.

La famille peut n'avoir ni feu ni lieu, ou bien peut-être habite-t-elle une cabane. La maison est une famille qui a pignon sur rue, un cher soi grand, considérable, c'est par conséquent une famille noble ou illustre, ou quelque chose de plus étendu que la famille. « Claudius fut l tige de la famille des Claudes, qui se distingu entre les plus illustres maisons de Rome. » ROLL « Q. Pompéius est le premier de son nom et de sa famille qui se soit élevé aux grandes charges. La maison des Pompées, qui bientôt deviendra si puissante, n'est pas d'une plus ancienne noblesse. » ID. Chez les Romains, a le nom marque la maison dont on descend, et le surnom ce qui convient à une famille particulière ou à une branche de cette maison.... Tite Live a dit que la maison des Potitiens était divisée en douze familles. » ID. « Les prêtres étaient de la famili d'Aaron.... Les rois de Juda étaient de la ma de David. » RAC. Dès que la Suède avait admis des distinctions de rang, de grade et d'honneur entre les familles, il devenait avantageur pour elle qu'il y eût une maison privilégiée qui portat la couronne. » COND.'.- D'ailleurs, famille designe

D

1. Si on en croit l'Académie, le mot de maison De s'emploie point en pariant des grandes races de la La famille et la maison sont des races d'hom-tiquité grecque ou latine, et on leur donne pr mes qui ont même naissance ou même origine, mais qu'on n'envisage point spécialement par rapport à la source ou au fondateur. Ajoutez que

exception le nom de familles. C'est là une store que rien ne justifie et qui est démentie par l'osage. taines, ni ruiner sa maison par ses conquests « Alexandre ne croyait pas travailler pour ses cap

la famille et la maison sont sociales, et non pas Boss. « Vespasien se moqua publiquement de ces

te

F

les membres, le contenu; et maison, le con- | piéceter, c'est rapiécer sans cesse, être toujours tenant, ce par quoi la famille paraît ou brille à mettre une multitude de petites pièces (voy. plus ou moins. Une famille est nombreuse, Ire partie, p. 287). Rapetasser est un mot plus heureuse, honnête; une maison est grande, vulgaire encore, plus trivial, qui signifie rapidancienne, souveraine, auguste. Les familles cer grossièrement des haillons, des guenilles. Sa s'épuisent, les maisons tombent. « Ne leur im- racine est, non pas, comme celle des deux preprimez-vous pas, Seigneur, ces caractères de miers verbes, pièce, pecia (mot de la basse latimalheur et de désolation qui vont tarir la source nité), mais petacia (usité autrefois dans le midi des familles, qui amènent les disgrâces écla- de la France), comme qui dirait piéçasse, grosse tantes, la décadence et l'extinction entière des mauvaise pièce. Si ce qui est rapiéceté fait pitié, maisons? » MASS. La ruine d'une famille excite ce qui est rapelassé dégoûte. « Vous devez être Votre compassion pour ceux qui en sont les vic-las des fatras de mon ex-jésuite; il n'y a que vos tim es. La ruine d'une maison vous représente la excessives bontés qui puissent combattre le déchute d'un grand édifice, ou l'extinction d'une goût que doit vous donner une œuvre tant rapegrande lumière. « La médisance flétrit des fa- tassée. » VOLT. On se rappelle ces vers de Boileau mizles et humilie des maisons. » BOURD. Qu'un dépeignant la hideuse lésine de la lieutenante personnage vienne à mourir, sa famille le pleure, criminelle : sa maison est en deuil. Sous la tyrannie des Trente, « chaque maison était en deuil, chaque famille pleurait la perte de quelque parent. » ROLL. Une bonne famille se fait estimer par ses mœurs, sa politesse ou son union; une bonne maison se distingue par l'éclat du nom, des titres, des emplois ou des exploits. « M. de La moignon naquit d'une des plus nobles et des plus anciennes maisons du Nivernais, qui a soutenu dans le parlement la gloire qu'elle avait acquise dans les armées.... Mais ne louons de sa naissance que ce qu'il en loua lui-même, et disons qu'il sortait d'une famille, où l'on ne semble naître que pour exercer la justice et la charité; où la vertu se communique avec le sang, s'entretient par les bons conseils et s'excite par les grands exemples. » FLÉCH.

D

Décrirai-je ses bas en trente endroits percés, Ses souliers grimaçants vingt fois rapetassés ? C'est aussi pour exprimer ce qu'il y a de plus misérable et de plus fastidieux que Pasquier (Lettres, vII, 12) se sert de rapelasser: « Nous seuls entre toutes les autres nations faisons profession de rapiécer, ou pour mieux dire, rapetasser notre éloquence de divers passages; rendant les morceaux comme un estomac cacochyme et mal affecté, ainsi que nous les avons pris. »

LIAI

RAPPORT, ANALOGIE, CORRESPONDANCE, CONVENANCE; CONCERT, ACCORD; SON, ALLIANCE, UNION, AFFINITÉ, CONNEXION, CONNEXITÉ. Ces mots expriment ce que des choses sont les unes à l'égard des rutres, ou un point de vue commun sous lequel. elles sont ou peuvent être envisagées ensemble..

Lignée, ce qui est en ligne, ce qui forme une file, une série, a cela de particulier qu'il marque Rapport est le plus général de tous, il signifie. la filiation, la descendance, les enfants. Une le plus faible rapprochement, et même il est race, une famille, une maison est ancienne; on propre à marquer le contraire du rapprochemeurt sans lignée, ou sans laisser de lignée. La ment; car on dit bien un rapport de différence, erice, la famille et la maison se compose plutôt de disconvenance, d'opposition. Ce qui a rapport des ancêtres, et la lignée n'est autre chose que à une chose la concerne, y a trait, n'y est pas la postérité, mais la postérité formant une étranger, peut y être rapporté, y est relatif. chaîne, susceptible de se rompre ou de se con- Du reste, il y a des rapports de toutes sortes,tinuer. « La naissance du prince de Galles causa de causalité, de signe, de contenance, de filiade la joie en Angleterre, par la satisfaction de tion, de dépendance, de commerce, d'amitié, etc. voir continuer une lignée dont ils pussent tou-Chacun des mots suivants désigne un rapport jours menacer leurs rois. » S. S. Outre cela, la lignée, comme la branche, est presque toujours relative ou opposée à d'autres. « Dans la lignée où s'est conservée la connaissance de Dieu, on conservait aussi par écrit des mémoires des anciens temps. » Boss. « Le landgrave, content de la lignée des princes que lui avait donnés sa première femme, ne recherchait dans la seconde, que lui accordaient les réformateurs, qu'un moyen d'assouvir sa convoitise. » ID.

RAPIÉCER, RAPIÉCETER, RAPETASSER. Raccommoder un vêtement en y mettant des pièces. Rapiécer exprime cette idée simplement. Ra

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particulier.

L'analogie est un rapport de ressemblance (voy. Analogie, ressemblance, etc., p. 339, 340).

Mais n'y a-t-il plus aucun rapport d'analogie entre la plante et l'animal? Dans la plante l'action n'est pas visible, mais est-elle moins réelle ?... Combien ne trouverais-je pas encore de caractères d'analogie et de ressemblance entre l'animal et la plante, dans les organes de la vie? MARM. « Quelques naturalistes ont été frappés de ces traits de ressemblance et de la grande analogie de nature qui se trouve entre ces oiseaux. » BUFF. Que si rapport s'emploie bien aussi dans cette acception, il indique quelque chose de plus vague ou de moins prochain : « Il n'y a rien dans les objets extérieurs qui ait la moindre analogie, le moindre rapport avec un sentiment, une idée, une pensée. » VOLT. De plus, le rapport se considère en soi, et l'analogie relativement à l'usage scientifique que

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nous en faisons pour former des analogies ou des inductions. Il y a du rapport ou un certain rapport entre une chose et une autre, une chose a du rapport avec une autre; mais l'analogie nous conduit (Boss.), nous porte à croire telle chos (ID.); nous raisonnons par analogie (VOLT.), nous fondons des raisonnements sur des analogies (BUFF.). On dit un petit rapport, et une fausse analogie (ID.).

sentent un rapport de concours et de concordance, un rapport entre choses qui jouent ensemble pour ainsi dire, qui coopèrent au conspirent à un même effet: on agit de concert. on rame d'accord (ACAD.). Mais le concert s trouve entre les parties d'un même tout ou entre choses de la même sorte; tandis que l'accord comporte des dissonances et a lieu entre des choses de nature differente. « Ce concert des voir de femmes n'est pas non plus sans douceur. Je suis convaincu que de toutes les harmonies il n'y en a point d'aussi agréable que le chant à

c'est parce que nous avons le goût dépravé. » J. J. On dira donc avec Bossuet: Les armées grecques étaient si bien commandées, et si souples aux ordres de leurs généraux, qu'on eût cru que les soldats n'avaient tous qu'une même âme, tant on voyait de concert dans leurs mouvements. » D'autre part, accord doit s'employer dans des phrases telles que celles-ci. Des dis sonances dans la musique concourent à l'accord total. » MONTESQ. « Par lui (le regent), cet a cord si désirable, mais si difficile, de la liberté et de l'autorité, se trouve heureusement accompli. D'AG. « Quel admirable accord de deux choses aussi incompatibles, ce semble, que le sont tant de défiance d'une part, et de l'autre tant de confiance et de force!» BOURD.'.

D

La correspondance est un rapport de corrélation ou de réciprocité, rapport en vertu duquel deux choses sont placées vis-à-vis l'une de l'autre, ou agissent et réagissent alternative-l'unisson, et que, s'il nous faut des accords, ment, comme deux personnes qui parlent ensemble. « Le rapport de cause à effet étant le fondement essentiel de toute la communication qu'on peut concevoir entre Dieu et la créature, tout ce qu'on supposera que Dieu ne fait pas demeurera éternellement sans aucune correspondance avec lui.... Il faut établir la correspondance entre la chose connue et la chose connaissante; sans quoi elles seront à l'égard l'une de l'autre comme n'étant point du tout.» Boss. << On trouve sur le visage une infinité de nerfs et de muscles, dont on ne reconnaît point d'autre usage, que d'en tirer en divers sens toutes les parties et d'y peindre les passions, par la secrète correspondance de leurs mouvements avec les mouvements intérieurs. » ID. « Ce corps rond a une superficie qui correspond à d'autres corps voisins; et comme toute cette superficie change de situation et de correspondance aux corps voisins, on peut conclure par là que.... » FÉN. <<< Secondons la loi chrétienne par une pleine correspondance. » BOURD. Il y a correspondance entre les angles saillants et les angles rentrants de deux montagnes voisines (BUFF.); il y a correspondance de sentiments (FEN.) entre deux personnes qui s'aiment l'une l'autre, qui se payent mutuellement de retour. « Les deux ducs, s'étant unis par ces témoignages d'amitié mutuelle, vécurent dans une étroite correspondance. Boss.

Liaison, alliance, union, affinité, connexion et connexité expriment un rapport de jonction, rapport plus ou moins étroit, en vertu duquel des choses tiennent les unes aux autres d'une manière plus ou moins forte, plus ou moins inséparable.

Liaison marque le genre, et a la signiâcation la plus étendue. Outre cela, il est relatif à la manière. « Les rapports des effets aux causes dont nous n'apercevons pas la liaison.... » J. J. « Par l'anatomie comparée, on trouve entre l'homme et la femme des différences générales qui paraissent ne point tenir au sexe; elles y tiennent pourtant, mais par des liaisons que nous sommes hors d'état d'apercevoir. » ID.

L'alliance est dans son espèce comme l'accord dans la sienne : elle est établie entre des choses différentes, opposées, disparates. « Quelle alliance peut-il y avoir entre l'humilité de Jésus-Christ et mon orgueil?» BOURD. & Par la plus monstrueuse alliance vous voulez joindre ensemble, dans un même sujet, la piété et la cupidité. » ID. « Faire une alliance du sacré et du profane, du vice et de la vertu. » ACAD.

α

La convenance est un rapport entre choses qui se conviennent, qui vont bien ensemble, qui s'adaptent bien l'une avec l'autre, rapport d'où résulte quelque chose de convenable, de régulier, de bien ou de sagement ordonné. Il y a convenance entre l'architecture d'un édifice et sa destination (ACAD.). Nous voyons tant de justesse dans les mouvements de la nature, et tant de convenances entre ses parties, que nous ne pouvons nier qu'il n'y ait de l'art. » Boss.— « La nature est pleine de convenances et de disconve- L'union est une liaison intime, comme celle nances, de proportions et de disproportions, de deux époux, qui ne sont plus qu'un en quelselon lesquelles les choses ou s'ajustent en-que sorte. « La discipline est comme l'âme de semble, ou se repoussent l'une l'autre. » ID. << Saint Clément, pour attirer les philosophes à la religion, cherche toutes les convenances entre la philosophie et le christianisme. » ID. D Des choses ou des personnes entre lesquelles il y a correspondance, se trouvent en face l'une de l'autre ou en communication; des choses ou des personnes entre lesquelles il y a convenance, s'assortissent.

l'armée, qui en lie et unit ensemble toutes les parties. » ROLL. « Le magistrat est un homme tellement lié, tellement uni et, si nous osons le dire, tellement confondu avec la justice, qu'on dirait qu'il soit devenu une même chose avec elle.» D'AG. « L'union parfaite des esprits. Boss. L'affinité, en vertu de la terminaison du mot,

4. L'harmonie paraît être un concert ou un accord

Concert et accord, pris de la musique, repré-parfait.

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