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Le chat était souvent agacé par l'oiseau : L'un s'escrimait du bec; l'autre jouait des pattes.... Jamais en vrai combat le jeu ne se tournait. LAF. Un fâcheux, par ses continuelles importunités, et un solliciteur par ses instances, vous harcèlent; ils ne vous laissent pas un instant respirer. On vous agace par des malices, par des traits piquants; c'est un jeu.

PUANTEUR, INFECTION, vaise odeur.

FÉTIDITÉ. Mau

Puanteur exprime cette idée sans aucun accessoire. Infection, du latin inficere, imprégner, corrompre, désigne la mauvaise odeur d'un corps corrompu, laquelle est propre à communiquer la corruption. La puanteur peut résulter d'un objet à l'état naturel, de la saleté, de la stagnation des eaux, de la combustion de certains corps, et n'être mauvaise qu'en ce qu'elle est forte et désagréable; l'infection s'exhale d'un corps en putréfaction ou chargé de principes dé1étères, et c'est toujours une odeur mauvaise en Ce sens qu'elle est funeste ou malfaisante. La puanteur offense l'odorat; l'infection empeste, attaque la santé.

si infecte que ses femmes n'osaient approcher d'elle pour la servir. » FÉN.

Et quant à la noblesse, infection, venant seul du latin, convient mieux pour le style élevé et figuré : l'infection de votre cœur (FÉN.), de son âme (MASS.). << Saint Victor ne connaît pas de cachot plus rempli d'ordures que le monde, par l'infection de tant de péchés. » Boss. « Tout se sent de l'infection de nos déréglements et de nos exemples. MASS. « Les sociétés populaires étaient les cloaques de la population, d'où l'infection et la mort se répandaient dans toutes nos provinces.» LAH.

Fétidité et fétide sont des mots empruntés du latin et introduits dans notre langue au XVIII° siècle pour l'usage des sciences naturelles : ils expriment la puanteur propre et inhérente à certains animaux ou à certains corps. « L'odeur du putois est si fétide qu'on l'a d'abord distingué et dénommé par là. » BUFF. « Des marécages couverts de plantes aquatiques et fétides. » ID. PUBLICAIN,

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FINANCIER, PARTISAN, TRAITANT, MALTÔTIER. Noms divers donnés autrefois aux receveurs des impôts.

Ce qui est puant sent bien mauvais, soulève et fait bondir le cœur. « Le même mouvement, Publicain, latin publicanus, doit être mis dit saint Augustin, fait exhaler la puanteur avant tous les autres; car c'est le seul qui s'apde la boue et la bonne odeur des parfums.»plique proprement, d'abord à l'antiquité latine, Boss. « Ces hommes étaient fort sales: il n'y puis par extension à l'antiquité grecque. « Les avait dans tout le pays rien de puant ni de mal-publicains ou receveurs d'impôts étaient fort propre que l'ordure de leur nez, et ils n'a- odieux au peuple juif. Jésus-Christ met ensemble vaient point d'horreur de la manger. » FEN. les femmes de mauvaise vie et les publicains. » Les embarras, les incommodités, la puanteur, FÉN. Saint Mathieu avait été publicain (BOURD.). qui résultent de sept étages établis les uns sur Les publicains appartenaient à l'ordre des chevales autres.» VOLT. « N'est-il pas bien agréable à liers, et ils prenaient à ferme les revenus de l'État l'Etre des êtres de brûler sur une pierre des (MONTESQ.). Dans son Histoire romaine, Rollin a boyaux et des pieds d'animaux? Qu'en peut-il ré- consacré un article aux publicains, chargés du sulter, qu'une puanteur insupportable? » ID. recouvrement des deniers publics, et qui réponMais ce qui est infect est dangereux, il faut le daient à ce qu'on a appelé chez nous fermiers fuir. « La plupart des geôles en Europe sont des généraux, receveurs généraux. Labruyère se cloaques d'infection qui répandent les maladies sert aussi de ce mot en parlant des Grecs. «< Hoet la mort. » VOLT. « La plus grande partie des mère est encore et sera toujours: les receveurs blessés mourut par l'infection de tant de chevaux des droits, les publicains ne sont plus, ont-ils tués. ID. « Une âme qui retombe après sa con- été? Leur patrie, leurs noms sont-ils connus? »— version n'est plus qu'un sépulcre plein d'infec- Quand ce mot se dit par rapport aux temps motion; elle n'exhale plus qu'une odeur de mort dernes, ce qui arrive quelquefois, il se prend fatale à tous ceux qui l'approchent. MASS. toujours en mauvaise part, il emporte l'idée « Des maladies se mirent dans le camp par l'in-d'avidité et d'extorsion. « N'avez-vous point été fection des corps morts dont toute la campagne frappés de l'énergie avec laquelle l'Antifinancier était couverte. » ROLL.« Des maladies mortel- peint la misère du peuple et les vexations des les, causées par l'infection des eaux bourbeu-publicains?» VOLT. « Cette égalité serait tout à ses. » ID. fait détruite, si les publicains étaient autorisés à vexer impunément les peuples. » COND.

L'idée de contagion est si particulière à infection, que ce mot signifie quelquefois le venin, la matière pestilente, tandis que puanteur se dit de l'odeur qui en sort. « On a beau blanchir le sépulcre plein de pourriture et d'infection, la puanteur se répand. » MASS. « Il faut voir sortir de votre cœur toute cette infection; il en faut sentir toute la puanteur. » FÉN. « On se pare de modestie et d'innocence, tandis que le dedans est plein d'infection et de puanteur. » MASS.

Quant au degré, infection dit évidemment plus que puanteur; aussi l'infection a-t-elle pu être définie une grande puanteur. « La reine tomba malade d'une maladie qui la rendait si puante et

Des quatre mots suivants financier est le plus noble, et maltótier le plus bas. « Si vous en croyez des personnes aigries l'une contre l'autre, et que la passion domine, l'homme docte est un savantasse, le financier un maltôtier. » LABR. Financier est aussi plus général que ses synonymes, et plus relatif à la théorie, à la science. C'est la dénomination honorable de tous ceux qui prennent part aux finances, à l'administration des deniers publics. Les financiers forment un ordre dans l'Etat. « Si vous autorisez le luxe, les gentilshommes voudront être comme les seigneurs; les financiers surpasseront les seigneurs

mêmes; et tous les bourgeois voudront marcher | « Le roi enrichissait une armée infinie de frei sur les traces des financiers. » FÉN. tants et d'employés à ces divers genres d'impôts

Interrogeons marchands, financiers, gens de
Courtisans, magistrats.

guerre, BOIL.

S. S.

Maltôtier et maltôte viennent de male tolla.

« Il n'y a pas encore longtemps que les finan-mal tollir, comme on a dit autrefois, lever ciers ne voyaient que des protecteurs dans les gens de condition, dont ils sont aujourd'hui les rivaux. » DUCL. « Avant le système de Law, il n'y avait que quelques financiers qui eussent des idées nettes de tout ce qui concerne les espèces, le crédit public.... » VOLT.

D

DAVID.

<< Comment veux-tu que j'aie amassé ce trésor dans un aussi petit pays qui n'a jamais fait le moindre commerce? »

JOAB.

<< Je n'en sais rien, je ne suis pas financier. » ID. Les partisans et les traitants ont été chez nous ce qu'étaient les publicains chez les anciens, les fermiers de l'impôt, des gens avec lesquels les ministres passaient des marchés pour le recou- | vrement des revenus publics, et auxquels ils demandaient quelquefois des avances dans les besoins pressants de l'Etat.

Seulement les partisans étaient en grand, et les traitants en sous- ordre. Suivant Etienne Pasquier, partisan, dans cette acception, fut inventé sous Henri III, et on le trouve défini dans les anciens dictionnaires, celui qui fait des partis, des offres aux rois ou aux princes pour la levée des impôts. Le traitant traite ou fait des traités pour des portions moins considérables, pour la rentrée des droits d'un petit pays; c'est plutôt un sous-fermier qu'un fermier principal ou général, un agent, un employé, qu'un grand entrepreneur. Au mot de partisan s'attache l'idée d'énormes richesses gagnées illicitement.

α

N'approfondissez pas la fortune des partisans. » LABR. On achète à deniers comptants, comme une métairie, la splendeur des partisans. » ID. « Y a-t-il eu dans la Grèce des partisans? Que sont devenus ces importants personnages qui méprisaient Homère, qui ne lui rendaient pas le salut?» ID. « Il semble qu'il ait à sa disposition la bourse d'un partisan. » LES.

VALÈRE.

Ce fameux partisan, par exemple, pourquoi.... (Ne le prendriez-vous pas pour gendre)?

MADAME GROGNAC.

Il est trop riche.....
Gagne-t-on en cinq ans un million sans crime?
REGN.

Laissez-moi carpe devenir :

Je serai par vous repêchée;
Quelque gros partisan m'achètera bien cher.

impôt) à tort, indûment. Haltôtier est une a
pression de dédain; il désigne les plus petta
gens occupés à la perception des impôts. «I
l'avait vue à Paris, où elle était soudoyée par u
maltôtier, et l'avait soufflée à l'homme d'af
faires. » LES. « Pleinœuf était Berthelot, c'est-à-
dire de ces gens du plus bas p-up'e, qui s'enri-
chissent en le dévorant, et qui, des plus abjectes
commissions des fermes, arrivent peu à peu, à
force de travail et de talents, aux premiers étages
des maltôtiers et des financiers par la suite. »
S. S. Ah! fi, m'amour! ne parlons point d'im-
pôt : c'est quelque nouveau venu de maltótier
qui vous a soufflé cet avis-là.» (Proserpine à
Pluton dans la Descente d'Arlequin aux enfers),
REGN. « On obligea tous les nobles (1696) à faire
enregistrer leurs armoiries. Des maltótiers trai-a
tèrent de cette affaire, et avancèrent l'argent. »
VOLT. Du reste, si le maltôtier est méprisable
par la bassesse de sa condition, ses vexations
sont moins odieuses que celles du publicain, et
il ne fait pas de gains aussi scandaleur que le
partisan et le traitant. Maltôtier est quelquefois
un terme purement comique. Dans la comedie
de Démocrite de Regnard, Thaler, à qui le
prince Agélas offre une récompense à choisir,
répond :

Faites-moi maltôtier toujours pour commencer.
J'ai servi volontaire un an dans la marine;
Et me sentant le cœur enclin à la rapine,
Après avoir été dix-huit mois flibustier,
Un mien parent me fit apprenti maltótier,

(Crispin dans les Folies amoureuses). ID.
Sous Latinus, sous ce bon maitre,
Chacun, heureux comme un bon prêtre,
Sans craindre impôt ni maltótier,

Vivait fort bien de son métier. SCARE. PUBLIER, DIVULGUER. Porter une chose à l connaissance du monde, de la multitude, grand nombre.

Publier, c'est donner de la publicité, rendre notoire, annoncer partout; ce mot ne se prend point en mauvaise part, et n'a rapport qu'à la diffusion, à l'étendue de la manifestation. Les cieux publient la gloire de Dieu.» Mass. « Les hérauts dénoncent la guerre et publient les ordres du général. » BARTH. « Notre engagement du bep tême doit être ratifié par un aveu de la bouche. déclaré, publié, notifié à tout le monde chrétien. » BOURD. « Ces compilateurs sont asse imbéciles pour croire partager la gloire des anciens, puisqu'ils la publient. VOLT. Ces monuments (ex-voto) publient la vertu de ceux qui sont ensevelis dans ces tombeaux, comme leur vertu publie que le Dieu pour lequel ils out souffert est le vrai Dieu.» ID. Tout le monde

(Le petit poisson et le pêcheur). LAF. Traitant a bien aussi ce sens défavorable, mais à un moins haut degré, et il se rapporte à un moindre personnage. Racine écrit à son fils: Ménagez cet argent, et souvenez-vous que vous n'êtes pas le fils d'un traitant, ni d'un premier valet de garde-robe. » Dans le prologue des Mé-publiait le bonheur de Callisthène, qui etail

nechmes de Regnard, Plaute dit à Apollon:

Et si j'avais à reprendre naissance,
J'aimerais mieux être portier
D'un traitant ou d'un sous-fermier,
Que Mignon de votre Excellence.

tous les jours à faire bonne chère à la table d'Alexandre. FÉN.

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PAULIN.

J'entends de tous côtés Publier vos vertus, seigneur, et ses beautés. Rac. Mais divulguer, c'est faire connaître une chose de côté et d'autre, en la tirant du secret où elle devrait être laissée, et, pour employer les termes mêmes de Condillac, c'est rendre publique une chose qui devait être secrète. « Auguste se repentit d'avoir lui-même divulgué les désordres de sa fille. » ROLL. « Divulguer des faits que le public ne doit jamais savoir. » J. J. « Les mystères de Mithra ne doivent point être divulgués.» VOLT. Il court dans Paris la copie d'une lettre de moi sur cette affaire; cette copie est fort infidéle, et celui qui l'a divulguée n'est pas discret. ID. « Bien loin d'exagérer les défauts des autres ou de les divulguer, l'honnêteté les couvre et les excuse.» Nic. « M. de Meaux dira-t-il que c'est moi ou mes amis qui avons parlé indiscrètement, et qui avons divulgué le secret qui était impénétrable de sa part?» FÉN. « Albéroni ne manqua pas de dire que Leurs Majestés Catholiques avaient regardé avec autant d'indignité que de mépris le libelle infâme divulgué contre lui. » S. S.

fligé par un supérieur. Les pères et les maîtres sont assez souvent punis par l'ingratitude des enfants et des élèves, de la faiblesse qu'ils ont eue de ne point les châtier.

Lorsque punir, et c'est le cas le plus ordinaire, exprime aussi, comme châtier, l'action d'une personne sur une autre qui lui est subordonnée, il n'annonce d'autre intention que celle de faire expier le crime par la souffrance. C'est tout ce qui résulte de l'étymologie de ce mot: punire pour pœnire, de pœna, peine, tourment, expiation. Mais châtier, latin castigare, de castum le dessein de rendre bon ou meilleur celui qui agere, rendre pur, irréprochable, bon, marque subit l'action. Qui aime bien, châti bien (et non pas punit bien), dit le proverbe; nouvelle preuve de l'intérêt que porte la personne qui châtie à la personne chatiée.

de tirer vengeance, de donner satisfaction à la On punit en rendant le mal pour le mal, afin loi offensée, de faire un exemple, mais point du tout afin de corriger la personne punie. « Dier n'est pas moins Dieu quand il afflige et quand i punit, que quand il console et use d'indulgence. » PASC. « Dieu rend le mal pour le mal, le supplice pour le péché, quand il punit les pécheurs impénitents, parce qu'il est juste. » Boss. plutôt qu'à corriger. » MASS. « En imposant la « Dieu condamne le zèle qui cherche à punir prêtres impénitents, nous voulons les punir, retraite comme une peine publique à certains hommes ont oublié Dieu.... Ils sont punis, sans nous n'espérons pas de les corriger. » ID. « Les être corrigés. » FÉN. «Il fallait essayer de corriger ce jeune homme, au lieu de le punir.» VOLT. du châtiment. « Vous avez besoin de croix aussi La correction, au contraire, est le but unique bien que moi. Oh! qu'il est bon de nous châtier homme qui a failli, parce qu'on veut lui faire pour nous corriger! » FÉN. « On châtie un connaître sa faute pour la corriger. » Boss. «< Sei

Je sais fort bien qu'Élise a l'esprit trop discret Pour aller divulguer cet entretien secret. MOL. En publiant on répand; en divulguant on révèle mal à propos. « Joseph est témoin d'un si grand mystère (d'un Dieu-homme), et il le goûte en secret sans le divulguer. Les Mages et les pasteurs viennent adorer Jésus-Christ, Siméon et Anne publient ses grandeurs. Boss. « Les disciples de Jésus-Christ publièrent l'Evangile (FÉN.); il ne faut pas divulguer le secret d'un testament qu'on vous confie (Boss.). Un homme à bonnes fortunes d'ordinaire est vain et publie ses conquêtes, il veut que toute la terre en soit instruite (LES.); un amant babillard divulgue les faveurs qu'il obtient, il ne peut s'en taire (MOL.). Au reste, on publie toutes sortes de choses, même de celles qui n'ont d'existence que dans l'esprit, des imaginations, des idées, des opi-neur, vous ne cessiez de chatier mon cœur, y nions; on divulgue seulement ce qui est réel ou effectif, quoique caché jusque-là. Aussi se serton bien de publier, mais non pas de divulguer, avec que. « Les frères mineurs se déchaînèrent contre Jean XXII : ils publièrent qu'il n'était pas pape.... COND.

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dieuse des remords cuisants. » MASS. « Dieu, opérant sans cesse par une sévérité miséricorpour fléchir mon cœur rebelle, et pour me faire rentrer dans le devoir d'une obéissance filiale, m'a chatié par des adversités et des souffrances.» BOURD. « Le Seigneur, notre Dieu, pour nous châtier et nous corriger, s'est mis pour un peu de temps en colère contre nous. » ROLL.

<< Souffrons avec amour et confiance ce que les impies souffrent avec révolte et désespoir. Quelle différence entre ceux que le père châtie comme ses enfants bien-aimés, et les ennemis qui sont punis sans consolation et sans espérance! » FÉN. « J'ai mal usé de ma santé, ô mon Dieu, et vous m'en avez justement puni. Ne souffrez pas que j'use mal de votre punition. Faites que votre grâce me rende vos châtiments salutaires. >> PASC. Il faut savoir châtier à propos, et punir en proportion du crime.

La tendresse châtie, la justice punit. D'où il suit qu'en général châtier signifie quelque chose de moins rigoureux. « Il faut lui apprendre (à J. J. Rousseau) que, si on châtie légèrement un

romancier impie, on punit capitalement un vil séditieux. VOLT.'.

PURGER, PURIFIER, - ÉPURER, NETTOYER. Rendre pur, net, sans mélange, sans altération, sans souillure.

Boss. « Le Saint-Esprit purge toutes les ordures par sa présence. » ID. Dans toutes les accep tions dérivées, purger signifie défaire, débarras ser, délivrer. « Purger les mers des pirates q les infestent. Boss. « J'espère qu'à force de cartons on pourra purger l'ouvrage de toutes erreurs et autres choses mauvaises. » ID. Hercule par geait le monde de voleurs et de tyrans. » ROLL, Romulus se conforma aux coutumes grecques; mais il eut soin de les purger de ce que la Fable y avait introduit d'indécent et d'injurieux à la divinité. » ID. « Purger la langue ecrite des impuretés de la langue usuelle. MARM. « C'est lui qui a purge la terre de tant de monstres. » FÉN. « Jésus-Christ entreprit de purger le monde de l'idolâtrie, de la superstition, de l'erreur. » BOURD. « Il purgea le temple des voleurs qui en faisaient leur caverne.» Boss. « Purger le monde ou l'Eglise des scandales ou des désordres qui y règnent. » MASS. La France fut purgée mauvais citoyens. » ID. Purger un dɔgme des mauvaises conséquences qu'on en tire, une doc

Purger, purum agere, c'est agir ou travailler à rendre pur, préparer la pureté, en agissant contre les matières étrangères, superflues ou mauvaises, mêlées à la chose, en les ôtant, en les chassant. Purifier, purum facere, c'est faire que la chose devienne pure, reprenne sa pureté en vertu d'une opération intime, d'une transformation qui se passe dans la substance de la chose, et sans ablation ou expulsion de matières qui y soient mêlées. L'action de purger a lieu par exclusion: c'est une délivrance ou un affranchissement de telles ou telles choses hétérogènes ou pernicieuses presque toujours désignées. L'action de purifier est tout abstraite, et, au lieu de porter l'attention sur des matières mêlées à la chose, elle la borne à la chose seule : elle s'opère par destruction, absorption ou consomption de principes vicieux qui se trouvent dans la sub-trine des excès dont on la charge. » Boss. stance de la chose et qu'on n'exprime presque jamais. On dit purger de, et purifier simplement. « Il ne faut pour cela que purifier ces mines en les purgeant de la trop grande quantité de matières étrangères qui s'y trouvent. » BUFF. On purge un métal ou le sucre, en le dégageant de telles ou telles matières : on purifie les métaux par la fusion. On se purge d'un crime en se justifiant, en repoussant l'accusation, en éloignant de soi le poids des imputations dont on est l'objet. de même qu'on purge sa conscience en la déchargeant par la confession, de même qu'on purge la mémoire d'un mort en écartant les griefs et les soupçons qui pèsent sur elle on se purifie. quand on est coupable ou pécheur, par la piété, par la pénitence, par les croix que Dieu nous envoie, par le sang de Jésus-Christ, par le baptême, par les flammes du purgatoire.

Purifier est, comme liquéfier, rarésier, putréfier, un terme de chimie. Il suppose une cause ou une vertu active, pénétrante, efficace, qui s'insinue dans les substances, consume ou dissipe ce qu'elles ont d'impur, les raffine, les subtilise, les spiritualise en quelque sorte. C'est le sens qu'il a dans purifier l'air, l'eau, les métaux, la cire, le sang, les humeurs. « Le feu a la vertu d'éclairer, de purifier et d'échauffer. » BOURD. Les orages qui agitent l'air le purifient. Boss. « Il faut purifier tous ces soufres en les faisant fondre et sublimer. » BUFF. Les Espagnols ne 'arrêtent plus à toutes les différentes fontes pour purifier l'argent et le rendre malleable, depuis qu'ils ont trouvé la manière de l'affiner avec le vif-argent. » REGN. « L'air est purifié après une pluie. » VOLT. « On fut d'avis de ne mener le roi à Paris qu'après que les premières gelées auraient purifié l'air. » S. S. « Si l'or est véritable, le feu le purifie et le raffine. Boss. Or, comme purifier marque une action intime, idéale, sans désignation des matières de l'impureté, il s'em ploie très-bien en termes de spiritualité et en morale pour exprimer une sanctification, une

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Purger a tellement rapport aux choses dont il marque l'expulsion, qu'il s'emploie bien avec les noms de ces choses pour complément direct. Les peines du purgatoire sont destinées à purger le reste des péchés de cette vie. » PASC. Nos péchés seront purgés plus purement par notre mort que par nos pénitences. » FÉN. « Ap-destruction de toutes les taches contractees, un pliquons-nous à purger ces fautes vénielles. >>

1. Sévir, latin sævire, de sævus, furieux, irrité, cruel, ce n'est pas toujours punir avec l'emportement et la férocité marquée par la racine de ce mot; c'est quelquefois simplement punir sur-le-champ, sans forme de procès, par mesure d'ordre. « Quelquefois il faut, au moment même du délit, sévir pour des fautes sur lesquelles le législateur n'a rien statué, parce qu'elles sont légères, et qui néanmoins auraient des suites, si elles étaient tolérées. » (Des règlements de police). COND. « Pour faire tomber la Constitution et ses troubles, il ne s'agissait que de sévir contre la personne du cardinal de Noailles en S. S. Payer, donner une paye, une récompense, est ironique. On l'a payé de son insolence (ACAD.) « M. de Pompignan attaqua tous les gens de lettres dans son discours à l'Académie; il en a été payé,

particulier, et en gros contre d'autres de son parti. »

VOLT.

certain perfectionnement intérieur. Dieu purise nos âmes par la grâce, par les sacrements, par le sang de son fils, par le baptême, par les croir, par le feu de la tribulation ou des afflictions. Des principes purs et salutaires purifient les mœurs, l'âme, les intentions.

Épurer, c'est, conformément à la valeur de la particule initiale e (voy. p. 126 et 127), purger ou purifier avec soin et entièrement. Ce verbe exprime d'ordinaire une action successive, qui dure. qui a des degrés, et appliquée à une chose déjà bonne par elle-même, à laquelle on ajoute un nouveau degré d'excellence. On rend l'or ou l'argent encore plus pur, on lui donne un nouveau degré de finesse en l'épurant dans le creuset. On épure les liqueurs par une opération lente, c'est-à-dire en les filtrant; et il y en a, suivant l'Académie, qui, sans être filtrées, s'épurent avec le temps. ■ A

Nettoyer, rendre net, c'est, non pas faire qu'une chose ne renferme rien qui lui nuise, qui la rende mauvaise, mais faire qu'elle ne soit couverte d'aucune matière qui la salisse, d'aucune ordure, c'est la rendre propre. « Un paysan, qui se sentait mordu de vermine, nettoya une et deux fois sa chemise, mais à la troisième il la jeta au feu. » ROLL. « Vous avez nettoyé votre langue de cette rouille barbare et de cette crasse bour

mesure que le globe s'attiédissait, le chaos se débrouillait, l'atmosphère s'épurait. » BUFF. — Au moral, les nuances sont les mêmes. « Après que la patience des saints aura été épurée jusqu'au degré que Dieu veut, il mettra fin au temps des épreuves. Boss. « L'exercice de l'amour épure le cœur en lui apprenant à aimer de plus en plus.» ID. « Nous avançons dans la possession de la vérité à mesure que l'amour de la vérité s'épure en nous. » ID. « Dans les temps du chris-geoise.» VOLT. Nettoyer se distingue par deux tianisme, les lois civiles se sont de plus en plus épurées. » ID. « C'est là cette parfaite purification, par laquelle l'amour s'épure peu à peu. » ID. A force de vouloir épurer la religion, les sectes protestantes ont fini par n'en avoir plus. MASS. Il faut beaucoup d'années pour épurer la langue et le goût. » VOLT. « Cela fait voir combien il a fallu de temps pour épurer la langue.» ID. On épure ses goûts, sa raison, son esprit, son jugement, ses idées, ses vues, ses pen-personnes ou les choses dont on nettoie une place sées, ses affections, ses sentiments, ses intentions, ses mœurs, son style, le langage, en les rectifiant, en les perfectionnant de plus en plus.

D

Purger la langue, c'est en retrancher les expressions barbares, triviales ou incorrectes. La purifier, c'est, par une action intime exercée sur son génie même, faire qu'elle se développe d'une façon plus régulière et prenne de meilleurs tours de phrases. L'épurer, c'est la purger et la purifier avec soin, de plus en plus, jusqu'à la rendre élégante, polie et délicate.

accessoires. D'abord il marque pour l'ordinaire une action complète en un seul coup. Ainsi on nettoie la tranchée ou on la balaye, c'est-à-dire que, comme d'un seul coup de balai, on y fait place nette en expulsant les assiégeants. « Charles XII et les siens poursuivent les Turcs de chambre en chambre, tuent ou blessent ceux qui ne fuient point, et en un quart d'heure nettoient la maison d'ennemis. » VOLT. Ensuite, les

sont considérées avec mépris comme une écume
ou une crasse qu'on enlève. On nettoie la mer
de corsaires, les chemins de voleurs. « Jésus-
Christ nettoya le temple de voleurs, comme il les
appelle.» Boss. « Nettoyer la province des jé-
suites qui s'y trouvent. » S. S.

Et toi, Neptune, et toi, si jadis mon courage
D'infâmes assassins nettoya ton rivage,
Souviens-toi que, pour prix de mes efforts heureux,
Tu promis d'exaucer le premier de mes vœux.
(Thésée dans Phèdre). Rac.

QUALITÉ, TALENT. On entend par qualités ou par talents d'une personne quelle elle est (qualis), ce qu'elle est, ce qui la distingue.

Mais la qualité est quelque chose de passif, une manière d'être; et le talent, quelque chose d'actif, une aptitude, une vocation. Avec telles qualités on a tel caractère et par suite telles mœurs, on est bon ou mauvais, parfait ou imparfait; et avec tels talents on est propre à telles fonctions, à faire telles ou telles choses, on est plus ou moins habile. On se fait aimer ou hair par ses qualités; on se fait rechercher par ses talents. On dit les qualités d'un honnête homme, d'une femme, d'un mari; et les talents d'un négociateur, d'un courtisan, d'un artiste. La qualité rend tel ou tel, le talent fait réussir. « Les séminaires sont des maisons où on dresse de jeunes clercs, dont on démêle les bonnes et les mauvaises qualités, les unes pour les faire croître, et les autres pour les retrancher et les corriger; et dont on étudie le naturel, le génie, les forces, les talents, afin de les appliquer chacun à ce qui leur convient. » BOURD. & M. de La Chaussée fut connu et estimé de bonne heure de La Motte, qui, entre autres qualités estimables, avait celle d'encourager et de faire valoir les talents naissants. » D'AL. « Le chien a par excellence toutes les qualités intérieures qui peuvent lu attirer les regards de l'homme. Un

Q

naturel ardent, colère, même féroce et sangui-
naire, rend le chien sauvage redoutable à tous
les animaux, et cède dans le chien domestique
aux sentiments les plus doux : il vient en ram-
pant mettre aux pieds de son maître son courage,
sa force, ses talents; il attend ses ordres pour
en faire usage. » BUFF. On a une qualité, on
exerce un talent. « Il ne sera pas dit qu'on
triomphe de mon adresse; ma qualité de fourbe
s'indigne de tous ces obstacles, et je prétends
faire éclater les talents que j'ai reçus du ciel. »
(Hali, valet dans le Sicilien). MOL. « Sans avoir
brillé par des talents supérieurs, une conduite
uniforme, des vues toujours pures et toujours
dirigées vers le bien public, un attachement
constant aux maximes aristocratiques, en un
mot toutes les qualités d'un excellent citoyen et
d'un sage sénateur avaient acquis à Catulus une
grande autorité. » ROLL. On a le talent et non la
qualité de faire une chose. « Vous êtes d'une
certaine qualité, et vous ne vous sentez point
d'autre talent que celui de faire de froids dis-
cours. » LABR.

Les qualités peuvent se rapporter au cœur ou à l'âme; les talents se rapportent toujours à l'esprit. De là pour les unes et pour les autres deux différentes sortes d'estime. « Quelles sont donc les qualités du cœur et les talents de l'esprit dont la nature a doué l'homme à l'exclusion de la

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