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les choses fluentes ou qui passent. Rien de plus constant que ce caractère du verbe, d'indiquer des faits, des phénomènes, des accidents, quelque chose de contingent et de passager. Comment se pourrait-il donc que l'adverbe, qui tient incontestablement du verbe, portât un caractère opposé? Il n'y a à cela nulle apparence.

de l'adjectif, d'où il dérive. On doit s'attendre, par conséquent, à trouver d'ordinaire dans l'adverbe subjectivité et dans la phrase adverbiale objectivité; de plus, il arrivera souvent que l'idée exprimée avec toute sa force ou toute sa valeur primitive par le substantif de la phrase adverbiale sera modifiée dans l'adverbe de la même manière que dans l'adjectif d'où l'adverbe a été formé. LITTÉRALEMENT, À LA LETTRE. Selon la lettre, selon la valeur des paroles ou des mots. Dans cet exemple la différence de l'adverbe et de la phrase adverbiale dépend du sens de l'ad

Se conduire sagement veut-il dire montrer par sa conduite qu'on est sage, qu'on possède toujours la sagesse? Non, mais montrer par une action qu'on est sage en tant que faisant cette action, et rien de plus. En effet, n'est-ce pas par allusion à une seule action qu'on dit à quelqu'un:jectif qui a servi à former l'adverbe. LittéraleVous avez fait sagement (ACAD.)?

Je me tais.

Vous ferez sagement.

MOL.

ment, d'une manière littérale, signifie, en conséquence de la terminaison adjective al, d'une manière qui a rapport à la lettre, mais quant à la

D

< Clovis rendit ce pays à Gondebaud. Il fit sage-forme, sous le point de vue extérieur ou gramment. COND. « Ils ont sagement compris que.... »matical. A la lettre veut dire, au contraire, conVOLT. Mais avec sagesse se rapportera plutôt à formément à la valeur du discours considéré intoute la conduite. « La république de Marseille trinsèquement, quant à l'esprit ou à l'idée. « Il n'éprouva jamais ces grands passages de l'abaisse- ne faut pas prendre littéralement ce qui ne se dit ment à la grandeur; aussi se gouverna-t-elle que par métaphore; il ne faut pas prendre à la toujours avec sagesse. » MONTESQ. « La puissance lettre ce qui ne se dit qu'en plaisantant. » ROUB. mitigée que les évêques de Rome exercent aujour- Prendre, entendre, expliquer, traduire quelque d'hui avec sagesse.» VOLT. chose littéralement ne regarde que l'interprétaIl le reçut froidement (ACAD.), il m'a répondu tion logique et grammaticale; prendre, entendre, froidement (ACAD.), se disent bien dans l'oc- accomplir, exécuter quelque chose à la lettre recasion. « Tu as raison, répondit froidement la garde l'interprétation et la signification des mots mouche.» FÉN. Avec froideur conviendra mieux fondamentales, essentielles. Les écoliers et les s'il est question de quelque chose d'habituel. commentateurs sont exposés à entendre les textes « Un grand homme qui verrait tous les jugements trop littéralement; les domestiques auxquels on qu'on fait de lui s'apercevrait que plusieurs re- donne des commissions ou des instructions, les gardent ses belles qualités avec froideur. » NIC. gens prévenus ou qu'on complimente sont exposés « Un jour que le parlement tenait une assem- à entendre trop à la lettre ce qu'on leur dit. La blée, le roi, Henri II, s'y rendit. Deux conseil-haute poésie demande souvent à n'être pas rendue lers recommandèrent éloquemment la réforme des mœurs et la tolérance des religions. » VOLT. « Il est beau de parler avec éloquence et de toucher le cœur. » ID.

L'opinion de nos deux devanciers nous paraît donc plus fausse que vraie, et M. Guizot a fait sagement de ne la point admettre dans sa compilation. D'ailleurs, ne fût-elle qu'incertaine, nous devrions encore la retirer d'une théorie où nous croyons n'avoir rien avancé que d'incontestable.

littéralement; si vous êtes chargé pour quelqu'un d'ordres importants, il faut les rendre à la lettre. En un mot, littéralement est pour le sens formel, et à la lettre pour le sens intrinsèque.

D'un autre côté, littéralement marque plutôt une action et rappelle un agent, au lieu que souvent à la lettre s'emploie en parlant d'un état. Un traducteur traduit littéralement un texte, et ce texte porte telle ou telle chose à la lettre (D'AL.). RIGOUREUSEMENT, À LA RIGUEUR. Avec beaucoup de sévérité, sans faire aucune grâce. Rigoureusement se considère relativement, et à

2o La phrase adverbiale étant composée d'un substantif abstrait et de la préposition à avec ou sans l'ar-la rigueur absolument, en soi. Rigoureusement ticle. Littéralement, à la lettre; rigoureusement, à la rigueur; unanimement, à l'unanimité; follement, à la folie; excessivement, à l'excès; etc. Le changement de préposition ne fait pas varier d'une manière notable le rapport de l'adverbe à la phrase adverbiale. Quelquefois même celle-ci commence indifféremment, ou peu s'en faut, par à ou par avec: rigoureusement, à la rigueur ou avec rigueur; follement, à la folie ou avec folie; excessivement, à l'excès ou avec excès. La présence ou l'absence de l'article est aussi une circonstance trop accessoire pour mériter attention. Devant les grands éléments de différence les petits disparaissent. Pour arriver à des éclaircissements considérables en même temps que certains, il faut encore s'attacher à l'adverbe et voir la double influence qu'il subit, et de la part du verbe, dont il est comme le satellite grammatical. et de la part

exprime la manière d'agir en rapport avec le sujet dont il rappelle la qualité et les sentiments: celui qui punit rigoureusement punit en homme rigoureux. A la rigueur fait abstraction de l'agent; il ne le présente ni sous un jour favorable, ni sous un jour défavorable. Vous ferez à quelqu'un un mérite ou un tort d'avoir agi rigoureusement; vous vous en prendrez à son caractère; celui qui agit à la rigueur va jusqu'où la règle lui permet d'aller. De là vient qu'on se sert plutôt de rigoureusement avec les verbes traiter, punir, pour déterminer et caractériser la conduite qu'on tient envers les autres, et de à la rigueur quand il est question d'actions abstraites, spéculatives: observer ou expliquer une loi, juger une opinion à la rigueur. — D'ailleurs, rigoureusement dit plus, parce que l'adjectif rigoureux signifie plein de rigueur, qui a beaucoup de rigueur. Une vé

rité rigoureusement démontrée l'est en toute ri- | cela. » SÉv. « Se hair mortellement comme enfant gueur.

UNANIMEMENT, À L'UNANIMITÉ. D'un commun accord, d'une commune voix. On conclut quelque chose unanimement, ou à l'unanimité dans une assemblée.

d'Adam. » MAL. « Nous craignons mortellement et nous évitons de nous connaître. » BOURD.

FONCIÈREMENT, À FOND. Connaître une chose foncièrement ou à fond, c'est la connaître parfaitement, de manière à saisir ce qu'elle offre à l'esprit de plus difficile et de plus obscur.

A l'unanimité représente absolument et en soi cette circonstance du fait; unanimement la re- Mais ici l'adverbe, au lieu de diminuer et d'atprésente en rapport avec les sentiments dont sont ténuer comme à l'ordinaire et comme on vient de animés ceux qui donnent leurs suffrages. Toutes le voir dans les trois exemples qui précèdent imles fois qu'un parti de coalition vote à l'unanimité, médiatement celui-ci, est plutôt augmentatif, il ne vote pas unanimement, tant s'en faut. L'una- comme il nous a déjà paru l'être dans rigoureusenimité d'unanimement suppose union et harmoniement. Cela tient, non pas à la nature de l'adverbe, de tous les sentiments, de toutes les opinions; à mais à la signification toute particulière que doit l'unanimité suppose seulement rencontre de toutes à sa terminaison l'adjectif foncier, d'où foncièreles voix. « Tout le genre humain conspire unaniment tire son origine. Connaître foncièrement, mement à attester telle chose. » D'AG. Il est rare c'est connaître en homme foncier, ainsi qu'on diqu'une décision soit prise à l'unanimité. sait autrefois, c'est-à-dire en homme habile dans FOLLEMENT, À LA FOLIE. Aimer follement ou toute une science, dans tout un art. Connaître d à la folie une personne ou une chose, c'est l'aimer | fond marque peut-être plus de profondeur, parce beaucoup, extraordinairement. qu'il signifie précisément la profondeur, mais il marque moins d'étendue. On possède une science foncièrement; on s'instruit à fond sur un point de droit ou de fait, sur un point de chronologie, d'histoire ou de théologie. Examiner une affaire foncièrement suppose qu'on l'examine dans toutes ses parties, en long et en large, pour ainsi dire; l'examiner à fond, c'est pénétrer jusqu'au fond et ne pas s'arrêter à la superficie.

Follement signifie cette manière d'aimer en rapport avec le sujet qu'elle représente comme fou ou comme un fou; c'est à son égard une qualification vitupérative: à la folie la désigne en soi, objectivement, comme forte, comme extrême, et rien de plus. Ensuite follement, d'une manière folle, qui tient de la folie, est une expression moins stricte et moins rigoureuse; l'idée radicale s'y trouve affaiblie comme dans l'adjectif correspondant.

AISÉMENT, À L'AISE.

L'un est pour l'action, l'autre pour l'état : on fait quelque chose aisément; on repose à l'aise dans un fauteuil.

Ensuite foncièrement montre l'homme, et le montre avec une qualité qui constitue en quelque EXCESSIVEMENT, À L'EXCÈS. Outre mesure. sorte son métier ou sa profession; à fond montre Excessivement est comme furieusement, horri-la chose, et la montre débrouillée et éclaircie. blement, terriblement, prodigieusement, infiniment, un de ces mots hyperboliques qui ont bien perdu de leur valeur originelle à cause de leur dérivation adjective. A l'excès se prend, au contraire, à la rigueur; il dégage, il met à nu l'idée commune et la fait sentir dans toute sa force. C'est au point que excessivement ne signifie plus guère que beaucoup; au lieu que à l'excès marque l'excès ou le trop d'une manière nette et positive. << On dit que la reine pleura excessivement en disant adieu au roi. » Sév. « Voilà les extrémités où vont quelquefois des âmes timides à l'excès ou trop inquiètes. >> BOURD.

MORTELLEMENT, À MORT, À LA MORT. Blessé, frappé moṛtellement, à mort ou à la mort, c'est-à-dire de manière que mort s'ensuive.

Et quand même tous deux se disent en parlant des actions, l'adverbe a seul un caractère de subjectivité toujours facile à reconnaître. Si une porte ne s'ouvre pas aisément, ceux qui entrent sont obligés de la pousser avec effort; si elle ne s'ouvre pas à l'aise, elle est mal faite, mal posée ou arrêtée par un obstacle. Où vous marchez aisément, vous marchez sans peine; où vous marchez à l'aise ne se trouve rien qui vous embarrasse ou vous gène. « Aplanir le chemin du ciel et y faire marcher à l'aise les âmes lâches. » BOURD.

3o La phrase adverbiale étant composée d'un substantif abstrait et de la préposition en. Abondamment, en abondance; effectivement, en effet; réellement. en réalité; totalement, en totalite; conséquemment, en conséquence; etc.

A mort a plus de précision et implique plus de certitude; il signifie proprement, de sorte que la mort s'ensuivra. « Il est advenu à plusieurs d'entre les gladiateurs, étant blessés à mort de force plaies, d'envoyer demander au peuple s'il était content de leur devoir. » MONTAIGN. Mortellement, Il faut d'abord répéter ici la remarque faite au d'une manière mortelle, qui a rapport à la mort, commencement de l'article précédent, c'est que qui est capable de la donner, emporte seulement le changement de préposition dans la phrase adque la mort pourra s'ensuivre, paraît devoir s'en-verbiale substantive n'en produit aucun de bien suivre. On dit plutôt malade mortellement que sensible dans le rapport de cette phrase explicamalade à mort, parce que la mort n'est guère jamais que l'effet probable et éloigné de la ma- | ladie. Au figuré, mortellement et à mort sont synonymes comme ayant tous deux le sens d'excessivement: haïr mortellement ou à mort; mais mortellement est plus vague et moins énergique. « Je hais mortellement à vous parler de tout

tive avec l'adverbe qu'elle sert d'ordinaire à définir. Ainsi, en rigueur, à la rigueur et avec rigueur paraissent différer de rigoureusement à peu près de la même manière; ainsi, qu'on dise verser des pleurs en abondance ou avec abondance, cela revient au même, ou peu s'en faut, par rapport à verser des pleurs abondamment. Il ne peut

donc encore y avoir ici entre l'adverbe et son ex- et en abondance; mais en abondance présente plication d'autres différences que celles qui tien-distributivement, et comme on le ferait pour les nent au double caractère verbal et adjectif de l'adverbe. On ne se prive d'aucune lumière en ne tenant point de compte du sens particulier de la préposition en.

parties d'un tout, les pleurs sur lesquels abondamment n'appelle pas ainsi l'attention. L'adverbe a le sens de beaucoup, sans détail; il énonce le fait, mais ne décrit pas la chose; c'est par rapport à celle-ci une expression vague, abstraite, idéalisée, par cela même qu'elle en détourne l'esprit pour le fixer sur le sujet qui agit ou sur son action. Ce n'est pas que abondamment soit impropre à marquer la succession et l'étendue, mais il la marque dans le fait et non dans la chose; il a plus de rapport au temps et à la force qu'à l'espace et au nombre. Il pleut abondamment, quand il pleut longtemps et d'une manière forte, remar

ABONDAMMENT, EN ABONDANCE. Beaucoup. Abondant, d'où vient abondamment, n'est point un adjectif qui se distingue et s'éloigne par sa terminaison du substantif abondance; il a, au contraire, sous tous les rapports, la plus grande ressemblance avec lui. Leur valeur primitive se trouve donc aussi pure, aussi entière dans l'adjectif, et par conséquent dans l'adverbe, que dans le substantif. Il s'ensuit que toute la différence qu'il peut y avoir encore entre l'adverbe abon-quable; la pluie est tombée en abondance, quand damment et la phrase adverbiale substantive en abondance est celle qui se tire du rôle grammatical de l'adverbe, de son intimité avec le verbe, celle de l'accident à l'être, du subjectif à l'objectif. L'adverbe convient mieux en parlant de ce qui arrive boire (LES.), suer (SÉv.) abondamment. La phrase adverbiale se dit seule en parlant de ce qui est : les mets étaient en abondance sur la table (LES.);

Je prétends que chez moi tout soit en abondance. DEST. L'adverbe se rapporte au phénoménal essentiellement marqué par le verbe; la phrase adverbiale se rapporte à l'être essentiellement exprimé par le substantif.

Cependant la différence n'est pas toujours aussi grande, et en abondance se dit aussi, comme abondamment, des choses qui se passent ou arrivent. Mais abondamment les qualifie en rapport avec le sujet, et en abondance les représente en rapport avec l'objet. On pleure abondamment : « Ce n'est pas qu'Achille n'ait pleuré abondamment, et que cela n'arrive aux héros avec bienséance. » LAF. On verse des pleurs en abondance: « Ce vieillard lui fit connaître, par les larmes qu'il versait en *abondance, qu'il ressentait une vive douleur. » LES.

elle est tombée en grande quantité, de manière à inonder les routes et les plaines, à faire déborder les fleuves, à tremper profondément la terre.

EFFECTIVEMENT, EN EFFET. Ces expressions s'emploient pour confirmer ou pour rectifier, pour appuyer ou pour corriger ce qui a été vu, conçu ou avancé.

Mais effectivement se dit dans l'ordre des faits, et en effet dans l'ordre des idées. Effectivement ajoute ou oppose la réalité, ce qui arrive, se passe ou a lieu dans le monde des phénomènes; en effet ajoute ou oppose la vérité, ce qui est, ce qui est en soi ou essentiellement. Ces choses sont effectivement telles qu'elles peuvent ou doivent être; ces choses peuvent ou doivent être en effet telles qu'elles sont. Une chose, dont on n'a pas fait voir encore qu'elle est effectivement, n'existe que dans l'esprit, dans l'imagination, en idée ou en projet; ce n'est qu'une fiction, une promesse, une hypothèse : une chose, dont on n'a pas encore démontré qu'elle est en effet, n'est qu'en apparence, elle n'est pas de droit, légitimement ou véritablement. Effectivement est pour ainsi dire un terme historique dont se sert un homme qui en appelle à l'expérience, à l'existence physique et actuelle; en effet est l'expression logique ou abstraite qu'emploie un homme qui ne regarde qu'à l'idée, à l'essence, aux principes, à ce qui doit être.

On ne peut se servir que d'abondamment quand l'esprit se représente seulement un sujet et non pas un objet, une matière en grande quantité: suer abondamment: il fournit abon- Une grâce effectivement suffisante (PASC.) et damment à tous nos besoins (LES.); Dieu se suf- une grâce suffisante en effet (ID.) suffisent, ne fit abondamment à lui-même (MAL.); pour pro- sont pas suffisantes que de nom, n'ont pas que duire abondamment, il faut être nourri large- l'air d'être suffisantes. Mais la grâce effectivement ment (BUFF.).- En abondance, au contraire, est le suffisante suffit de fait, il lui arrive de suffire; et mot propre, quand l'idée prédominante est celle la grâce suffisante en effet suffit au fond, en soi, de la chose, d'une matière qui est abondante. quant à sa valeur essentielle, elle doit suffire.. « Le maigre, loin d'échauffer la nourrice, lui Cette récompense vous est due; vous l'avez effournit du lait en abondance. » J. J. « Nous n'a- fectivement méritée par votre conduite: cet emvons qu'à nous tourner vers Dieu, il nous don-ploi vous est dû; vous en êtes en effet digne par nera de quoi nous nourrir en abondance. » RAC. A moins d'être abondamment pourvu de certaines choses, on ne peut les donner en abondance. Avoir du vin abondamment, c'est en avoir beaucoup sous le point de vue subjectif, c'est-à-dire à souhait, de quoi satisfaire pleinement son envie de boire: avoir du vin en abondance, c'est en avoir beaucoup sous le point de vue objectif, c'est-à-dire en grande quantité et dans un grand nombre de vaisseaux.

vous-même, par ce que vous êtes (et non par ce que vous avez fait), par votre capacité, par vos qualités.

« Cela est arrivé effectivement. » ACAD. « Une preuve qu'il y a d'autres sujets de poëme que la colère d'Achille, c'est que j'en ai trouvé effectivement (Homère). » FÉN. « Diogène condamna cet homme parce qu'il avait effectivement volé ce dont on l'accusait. ID. « Toutes ces choses se peuvent rencontrer dans les animaux et s'y rencontrent

On dit bien ses pleurs coulaient abondamment | effectivement. » MAL. « L'impénétrabilité des corps

fait concevoir que le mouvement se peut commu- | suite raisonnable et naturelle, selon quelque chose niquer par impulsion, et l'expérience prouve d'antérieur. qu'effectivement il se communique par cette voie.>> ID. « Les hommes se font des idées de vertu qu'ils ne pratiquent jamais effectivement. » Nic. Dans tous ces exemples, effectivement revient à dans le fait ou de fait, réellement. Dans ceux qui suivent, en effet équivaut à dans le vrai, au fond, en soi. | << On s'accordait par complaisance et en paroles, sans se bien entendre en effet. » Boss. « Ils veulent paraître dire quelque chose, lorsque en effet ils ne disent rien. » MAL. « Ce cri instinctif est de toutes les langues et de toutes les conditions, comme en effet il en doit être. » ID. « Céla paraît impossible, et cela l'est en effet; car.... » ID. « Que n'appelle-t-on simplement mauvais ce qui est tel en effet?» NIC. « Les hommes croient qu'on leur doit la civilité, et on la leur doit en effet selon qu'elle se pratique dans le monde. » ID.

S'agit-il d'une preuve à l'appui d'une assertion, effectivement convient quand on invoque des faits, et en effet quand on invoque des principes. En effet se place presque toujours au commencement d'une démonstration fondée, non sur des vérités de fait, sur des expériences, mais sur des axiomes ou sur des vérités déjà prouvées. Nous faisons plutôt usage de l'adverbe dans les sciences d'observation; et, au contraire, nous préférons en effet pour annoncer une preuve déductive et métaphysique.

RÉELLEMENT, EN RÉALITÉ. Effectivement, de fait ou dans le fait.

Réellement se dit plutôt en parlant des choses qui arrivent, se font, se disent, se croient, et en réalité des choses qui existent et qui paraissent telles ou telles. Avez-vous réellement fait le voyage d'Italie? Cet homme paraît être heureux; l'est-il en réalité? Dites de certaines choses qu'elles existent réellement, vous les présentez comme faisant l'action de durer et de vivre; si vous dites qu'elles existent en réalité, vous les qualifiez d'une manière absolue, sans rapport à la durée et à sa continuation, simplement, en opposition aux choses imaginaires.

Conséquemment rappelle l'idée de l'action de se conformer, de céder, d'obéir à quelque chose d'antérieur; en conséquence exprime le rapport essentiel, absolu, qui existe entre ce qu'on fait ou ce qu'on dit et la chose faite ou dite antérieurement. L'un est dans l'ordre des faits ce que l'autre est dans l'ordre des idées. J'ai promis de vous servir, j'agirai conséquemment; quand, dans la soustraction, on emprunte une dizaine sur le chiffre suivant, ce chiffre est diminué en conséquence. On dit conséquemment à, comme conformément à, et en conséquence de, comme en vertu de l'un représente la manière dont les choses se font, et l'autre la manière dont elles sont en soi. Il en est de même des locutions apparemment et en apparence; l'une est pour les événements et relative à nous apparemment il viendra, c'est-à-dire, il viendra, autant que nous en pouvons juger d'après les apparences. Cet homme est calme en apparence, c'est-à-dire, non pas que nous le voyons, mais qu'il se montre calme extérieurement : « Sans la charité toutes les vertus ne sont telles qu'en apparence. » MAL.

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CONFIDEMMENT, EN CONFIDENCE. De façon à ne vouloir pas que la chose soit sue.

Confidemment regarde plutôt la manière d'agir ou d'arriver, et en confidence la maniere d'être : voilà ce qu'il m'écrivit confidemment l'année dernière; un honnête homme doit toujours se taire sur les choses dites en confidence. Et quand l'adverbe et sa définition se disent également en parlant des actions, confidemment en marque une circonstance en rapport avec le sujet dont il exprime la confiance; au lieu que en confidence signifie cette même circonstance en soi, d'une manière absolue, sans aucun retour vers le sujet. « Personne n'entretient confidemment son valet d'amour ou de mariage. » LAH. « Ils pouvaient être certains de Mlle Choin et de Mme la duchesse, et de ce qui, en hommes, approchait le plus confidemment de Monseigneur. » S. S. « Cet amour fait que l'âme, ne se contentant pas d'être instruite par les hommes, mais s'adressant ellemême confidemment au Verbe, lui adhère constamment. » Boss. - « Je vous dis tout cela en

D'ailleurs, le caractère verbal, le caractère de subjectivité de réellement se témoigne d'une autre manière encore: si vous dites qu'une chose ou une personne est réellement telle ou telle, le mot réellement a un certain rapport à vous et à votre af-confidence; n'allez pas me trahir et me brouiller firmation; si vous dites qu'elle est telle ou telle en réalité, cela signifie absolument et en soi qu'elle n'est pas telle ou telle qu'en apparence. TOTALEMENT, EN TOTALITÉ. Ils servent à marquer le degré le plus élevé d'une modification; ils annoncent un changement on ne peut pas plus grand.

Mais l'un regarde le sujet ou l'action ou l'événement, l'autre l'objet ou la chose soumise à l'action, changée par l'événement. La maison que le propriétaire rebâtit totalement à neuf, est rebâtie à neuf en totalité, quand on la considère en elle-même. Vous payez totalement, quand vous ne laissez plus de payement à faire; vous payez en totalité, quand, au fond, en elles-mêmes, toutes vos dettes se trouvent éteintes.

CONSÉQUEMMENT, EN CONSÉQUENCE. Par une

avec lui. » DEST. « Thiamis dit aux chevaliers, comme en confidence, que le roi était fort en colère contre eux. >> LES.

CONFIDENTIELLEMENT, EN CONFIDENCE. Même idée commune que pour les précédents.

Mais confidentiellement, par rapport à en confidence et à confidemment, atténue, a moins de rigueur, parce qu'il est formé de l'adjectif confidentiel qui, à cause de sa terminaison, signifie, qui tient de la confidence. Ce que confidemment et en confidence expriment positivement, confidentiellement ne le fait entendre que d'une manière approchante, détournée, affaiblie. Ce qu'on dit confidentiellement n'est point dit officiellement et ne doit point être publié; ce qu'on dit en confidence ou confidemment est dit sous le sceau du secret et ne doit point être révélé.

même, vous-même, lui-même.

Personnellement est formé de l'adjectif personnel, propre ou relatif à la personne, qui la regarde, qui y tient. Ce doit donc être, par rapport à en personne, une expression moins propre, moins rigoureuse, et plutôt significative de la personne morale et abstraite. Etre personnellement responsable d'une chose; s'obliger personnellement. J'y étais, il s'y rendit, le roi commandait en personne.

PERSONNELLEMENT, EN PERSONNE. Moi- | théoriquement en quelque sorte si je vois mon ennemi même dans une nécessité plus pressante, je dois le secourir par préférence à tout autre (BOURD.); il y a une véritable politesse à laisser parler les autres par préférence (J. J.): la coutume de Brabant est favorable aux filles d'un premier mariage par préférence aux mâles d'un second lit. (FEN.). Nous faisons une foule d'actions, nous respirons, nous remuons à chaque instant les paupières instinctivement; les actes faits par instinct ne sont pas accompagnés de conscience, ils se remarquent rarement. - « Ces petits morceaux de fonte ont été formés sans doute accidentellement par le feu des volcans. » BUFF. « Il ne faut pas confondre ce qui est mal par sa nature avec ce qui ne souffre le mal que par accident. » J. J.

PROCESSIONNELLEMENT, EN PROCESSION. En suivant l'ordre exprimé par le mot procession. L'adverbe signifie moins précisément ce que en procession marque en toute rigueur. On ne peut se servir de la phrase adverbiale que quand il s'agit d'une procession véritable, d'une sorte de promenade faite en chantant par le clergé et les fidèles soit dans l'église soit hors de ses murs. Mais on dira qu'un certain nombre de citoyens se rassemblèrent et se rendirent processionnellement chez un personnage pour le féliciter; c'est ce qui arrive assez fréquemment à Londres.

4° La phrase adverbiale étant composée d'un substantif abstrait et de la préposition de ou par. Forcément, de ou par force; preferablement, de ou par préférence; instinctivement, par instinct; accidentelle ment, par accident; miraculeusement, par miracle; provisoirement, par provision.

Les différences à trouver entre l'adverbe et la phrase adverbiale substantive sont toujours les mêmes et dépendent toujours des deux seuls principes posés en commençant, que la préposition de la phrase adverbiale soit avec ou à ou en. Il n'importe pas non plus, ou il importe fort peu, qu'elle soit de, par, ou toute autre tout se réduit toujours, pour distinguer l'adverbe de son explication, à considérer le caractère contracté par l'adverbe dans la société du verbe et le sens précis de l'adjectif d'où l'adverbe a pris nais

sance.

D'autres fois, ce qui distingue l'adverbe, c'est une nuance d'indétermination et de vague qu'il a puisée en passant par l'adjectif. Miraculeusement ne veut pas dire tout à fait par miracle, mais d'une manière miraculeuse, qui tient du miracle, comme par miracle. Dans provisoirement en rapport avec par provision, l'idée est aussi atténuée : cet adverbe ne suppose ni prévoyance, ni prudence, ni précaution, comme le fait encore un peu la phrase adverbiale. Il signifie d'une manière toute générale et vague, en attendant, et comme par provision.

SII. Adverbe et phrase adverbiale adjective.

1° La phrase adverbiale étant composée d'un adjectif pris substantivement et de la préposition à. Aveuglement, à l'aveugle; étourdiment, à l'étourdie; amiablement, à l'amiable; légèrement, à la légère; présentement, à présent; préalablement, au préalable; etc.

Jusqu'à présent les différences entre l'adverbe et sa définition ont dû être puisées à deux sources. Puisque l'adverbe tient du verbe par sa destination et de l'adjectif par son origine, il fallait Ainsi, de ou par force est donné par nos dic-examiner ce qui résulte de cette double dépentionnaires comme explication de forcément; de dance pour la valeur comparative de l'adverbe même de ou par préférence à l'égard de préféra- par rapport à celle de la phrase adverbiale. blement: de même par instinct, par accident, | Quelle nuance de signification est en général impar miracle, par provision, à l'égard d'instinc-primée à l'adverbe par l'influence qu'il subit de tirement, d'accidentellement, de miraculeusement la part du verbe? Voilà ce qu'il s'agissait d'aet de provisoirement.

Mais forcément, préférablement, instinctivement et les autres conviennent mieux pour marquer de quelle manière un fait s'est passé; de force, de préférence, par instinct, etc., se diront plutôt pour exprimer de quelle nature, de quelle sorte est en elle-même l'action énoncée, indépendamment des temps et des personnes.

Lorsqu'on vous contraint de faire une chose, vous la faites, il vous arrive de la faire forcément; les actes faits de force ou par force ne sont point imputables. On dira d'une manière narrative et historique : il a aimé les biens de la terre préférablement à son salut éternel (BOURD.); le disciple Ananie fut choisi préférablement à tout autre (ID.); la nature a doué certains esprits préférablement aux autres d'un peu plus de finesse et de sens, etc. (J. J.). Mais on dira absolument,

bord de déterminer. Ensuite, tel adjectif particulier, d'où vient tel adverbe, a-t-il une terminaison qui modifie sensiblement l'idée représentée purement et sans altération par le substantif de la phrase adverbiale, et cette même modification n'est-elle pas aussi sensible dans l'adverbe correspondant? Telle était la seconde question. En cherchant à résoudre l'une et l'autre on arrive et nous sommes arrivés à deux sortes d'éclaircissements applicables, l'une à certains exemples, l'autre à d'autres, et quelquefois toutes deux aux mêmes.

Or, l'un de ces deux moyens d'investigation et de distinction nous échappe maintenant : c'est le dernier. De ce que l'adjectif, d'où dérive un adverbe, a telle ou telle terminaison qui modifie de telle ou telle manière l'idée radicale, on ne peut rien conclure relativement à la différence de

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