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RUDIMENTS. No

quelques lignes de là, il rappelle que Galilée expliqua les véritables principes de l'astronomie devant le doge et les sénateurs de Venise sur la tour de Saint-Marc.

Les rudiments sont les éléments les plus élémentaires, ceux qui ne font que débrutir ou dégrossir ce mot vient du latin rudis, brut, grossier, inculte, ignorant. « Il a fallu beaucoup de temps pour que des hommes doués d'un talent singulier, aient formé et enseigné aux autres les premiers rudiments d'un langage imparfait et barbare. » VOLT. « Ignace de Loyola n'ayant pu apprendre en Espagne les premiers rudiments de la grammaire, il alla se mettre en sixième, dans Paris, au collège de Montaigu. » ID. De ces rudiments informes (exclamations formées de voyelles) il y a un chemin immense pour arriver à la syntaxe. » ID. « Ce sont là les rudiments de la philosophie, qui sont loin, je l'avoue, du génie de nos sophistes. » LAH. Les rudiments, c'est-à-dire l'a b c.

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es éléments, des métaux, des minéraux, des [ ierres, des plantes et des animaux. » MOL. Dans is systèmes de certains philosophes grecs, le u, auquel ils donnent le nom et le rôle de ieu, est moins un principe qu'un élément, dit ondillac, en propres termes, car ce n'est touurs qu'une matière très-subtile dont les parties roduisent toutes choses par leurs transformaons et leurs combinaisons. L'homme a deux rincipes, Dieu et la terre; en tant qu'âme, il st en Dieu, comme dans son seul principe et sa eule cause; tout le reste est tiré des éléments; ar tout le reste est terrestre et corporel (Boss.). - « Albert le Grand enseignait les principes du haud, du froid, du sec et de l'humide. » VOLT. Aristote tient que tous les corps terrestres sont Composés de quatre éléments, la terre, l'eau, air et le feu. » FÉN. PRINCIPES, ÉLÉMENTS, ions sur une science ou un art. Les principes sont des règles, des préceptes, uelque chose de général qui s'adresse à des es- PRIVÉ, APPRIVOISÉ. Ces deux mots se disent rits qui réfléchissent et raisonnent. « Personne des animaux soumis au pouvoir de l'homme par 'a connu mieux que Dumarsais la métaphysi- opposition à ceux qui en sont indépendants. ue de la grammaire; personne n'a plus appro- Grammaticalement, ce sont deux participes. ondi les principes des langues. » VOLT. « Quittez Néanmoins, comme dans d'autres acceptions, es recueils modernes, et étudiez fort sérieu-privé est un adjectif pur, et que d'ailleurs le ement toute la suite et tous les principes de la verbe priver auquel il correspond est peu usité eligion dans ses sources. » FÉN. Les éléments, en comparaison d'apprivoiser, prive a une signitu contraire, sont quelque chose de simple, de fication tout adjective, il marque un état, une sensible, de matériel, en quelque sorte, qui est qualité, et ne rappelle point d'action. Apprion pour les commençants. On enseigne à des roisé, au contraire, a toujours avec le verbe lomestiques les éléments du salut (BOURD.), à d'où il dérive un rapport qui se présente nécesdes enfants, qu'on catéchise, les éléments de sairement à l'esprit. L'animal privé est tel; 1 anila religion (Boss., ROLL.). « Nous sommes en-mal apprivoisé a été rendu tel. En disant qu'un core dans les préludes de notre science; ne sou-animal est privé, vous attirez sur ses qualités haitons pas de demeurer dans ces premiers éléments. » Boss. « Ignorait-elle les premiers éléments de la religion qu'on enseigne aux plus petits enfants dès qu'ils savent parler? » FÉN. « Mes réponses dérivent immédiatement des premiers principes de la justice et des premiers éléments du bon sens. » J. J. « Pour ce qui regarde l'art oratoire, les principes généraux, les premiers éléments sont en tout temps et en tous lieux les mêmes. » LAH. « Les Grecs et les Romains donnaient un temps considérable et une application particulière à l'étude de leur propre langue, au lieu qu'il est très-rare que nous apprenions la nôtre par principes.... Chez les Romains, l'unique emploi des grammatistes ou littérateurs était d'enseigner aux enfants les premiers éléments de la langue grecque ou latine. ROLL. « La même année parurent les Institutes de Justinien; c'est un livre qui contient les éléments et les principes du droit romain. » ID.

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toute l'attention; en disant qu'un animal est apprivoisé, vous faites allusion à son caractère antérieur, aux efforts qu'il a fallu faire pour le changer, à l'action et au talent de celui qui l'a changé. Un animal est plus privé qu'un autre, et mieux apprivoisé; un animal est fort privé, et très-bien apprivoisé. « Le magot ne s'apprivoise qu'avec peine et ne se prive jamais parfaitement. » BUFF.

De là résulte une autre différence qui saute aux yeux et la seule qui ait été signalée par les synonymistes, c'est que les animaux privés le sont quelquefois naturellement, et que toujours les animaux apprivoisés ont été apprivoisés, domptés, réduits par l'homme. « Les cochons d'Inde sont naturellement doux et privés. » BUFF. « Il n'est point d'oiseau libre dans les champs qui se montre aussi privé que la bergeronnette, qui fuit moins et moins loin, qui soit aussi confiant, qui se laisse approcher de plus près. » ID. Nos bœufs, nos chevaux, nos chiens, nos canards, Quelquefois même les éléments n'ont rien de nos oies, nos pigeons, nos cygnes sont des anithéorique, sont concrets, pour ainsi dire, résul-maux privés : bien qu'ils remontent à des indivitent d'observations particulières. « En attendant le sacre, on amusa le roi (Louis XV) de l'attaque d'un petit fort dans le bout de l'avenue de Versailles, et à lui montrer ces premiers éléments militaires. S. S. Voltaire parle d'un enfant qui en contemplant le ciel apprit par lui-même les premiers éléments de l'astronomie, et, à

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dus qui ont été apprivoisés, ils ne l'ont point été eux-mêmes, ils sont nés dans l'état de domesticité. Les lions et les ours apprivoisés ont été eux-mêmes apprivoisés. « Quoique l'ours paraisse doux pour son maître, et même obéissant lorsqu'il est apprivoisé, il faut toujours s'en défier et le traiter avec circonspection. » BUFF.

Cependant cette différence est loin de s'étendre à tous les cas. Il y a des animaux prives qui ne sont pas nés tels, mais que l'homme a rendus tels. Comment different-ils donc des animaux apprivoisés ?

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Outre que privé se rapporte davantage à l'état et aux qualités acquises, et apprivoisé à l'action qui a réduit à cet état, prité est proprement opposé à sauvage, et apprivoisé à farouche. « Le canard, si privé la veille, est devenu sauvage aujourd'hui au lieu de présenter le bec, il tourne la queue et s'enfuit. J. J. On demanda à Diogène quelle était la bête qui mord le plus fort? Entre les farouches, répondit-il, c'est un médisant; et entre les apprivoisés, c'est un flatteur. FÉN. Les animaux privés ne s'enfuient plus, restent volontiers avec nous, deviennent familiers, domestiques; les animaux apprivoisés ne sont plus méchants, ne font plus de mal, de viennent traitables. Les ures, dit César, ne peuvent se priver ni s'apprivoiser : non possunt assuescere ad homines et mansuefieri. On prive des animaux fuyards, des cerfs, par exemple, et différentes sortes d'oiseaux. C'était une pie privée. » S. S. « Les oiseaux privés attirent les autres dans le piége.» ROLL. On se sert d'un | canard privé pour attirer les canards sauvages. »>> ACAD. Pour connaître si les rennes qui avaient passé par là étaient sauvages ou privées. REGN. Des chevaux sauvages et des chevaux privés (BUFF.), des grues, des autruches privées (ID.). J'ai eu des cerfs privés et enfermés dans des enclos. ID. Mais on apprivoise des bêtes féroces ou malfaisantes. « On fut obligé de l'envoyer au supplice, comme un monstre qu'on désespérait d'apprivoiser. » VOLT.« Il y a des animaux si féroces, qu'ils ne s'apprivoisent jamais. » ROLL. « Ces choses forcent la nature du gouvernement despotique sans la changer: sa férocité reste; elle est pour quelque temps apprivoisée. MONTESQ. Comme ce lion était apprivoisé, le roi même le caressait souvent. FEN. « Lorsque les aigles ne sont point apprivoisés, ils mordent cruellement. BUFF. Ce vautour est d'une telle férocité qu'on ne peut l'apprivoiser. »

ID.

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Un animal privé peut n'être point apprivoise; il reste avec nous, vit dans notre société, mais sans perdre son caractère mauvais. « Cette perriche, quoique privée depuis longtemps, conserve toujours un naturel sauvage et farouche; elle a même l'air mutin et de mauvaise humeur.»BUFF. Le loup pris jeune se prive, mais ne s'apprivoise point; il reprend avec l'âge son caractere fé. roce (ID.). De même un animal apprivoise peut n'être pas privé: il est doux, innocent, sans danger pour nous; mais il est peu domestique et se tient loin de nous le plus qu'il peut. Les chats, quoique' habitants de nos maisons ne sont pas des animaux entièrement domestiques; ceux qui sont le mieux apprivoisés n'en sont pas plus asservis on peut même dire qu'ils sont entièrement libres. Ils ne font que ce qu'ils veulent.... La plupart sont à demi sauvages, ne connaissent pas leurs maîtres, ne fréquentent que les greniers et les toits. » BUFF.

PRIVER, FRUSTRER, FRAUDER, SEVRER. Ötz à quelqu'un la jouissance de quelque chose. C'est ce que priver exprime simplement e sans accessoire.

Frustrer, frustrare, de frustra, en vain, xgnifie priver quelqu'un de ce qu'il espérait, de ce qu'il attendait, de ce qu'il prétendait ou de ce qui lui était dû. Souvent la privation empêche qu'on ne continue à avoir, détruit ou interrompt une possession actuelle; toujours l'action de frustrer empêche qu'on n'obtienne, s'oppose i une possession à venir, et à la possession d'une chose sur laquelle on compte ou on a lieu de compter. On prive un homme de ses biens, de sa liberté, de la vue de ses enfants; on le frustre de ses droits, de ses prétentions, d'un prix qu'il a mérité, d'un héritage qui lui est dû, de son attente, de ce qu'il espère. « Rien de plus miserable que cette fâcheuse agitation d'une ime toujours frustrée de ce qu'elle espère. » Boss. « Il cherche des expédients pour frustrer la divinité de l'adoration qui lui est due. ID. « Albret, frustré de sa prétention par le mariage de Marimilien, rendit Nantes au roi. ID. « J'avais espéré que........ Je me dédommage de cette attente frustrée.... » J. J. « Jeu odieux aux hommes, qui se trouvent par là frustrés de ce qui leur est dû et de ce qui leur appartient par de si justes titres. BOURD. Mon dessein n'était pas de le frustrer de la petite rétribution qu'il avait méritée. » LES.

«

A me ravir Célie il se va préparer...... Trouve ruses, détours, fourbes, inventions, Pour frustrer mon rival de ses prétentions. Mot. Mon oncle mourra donc sans faire un testament; Et je serai frustré, par cette mort cruelle, De l'espoir d'obtenir la charmante Isabelle! REGN. - A l'égard de ce qu'on n'a pas encore, priver se dit bien aussi quelquefois, mais alors il ne marque pas comme frustrer une action qui blesse la justice ou cause le désappointement : Dieu, en privant les bêtes de la faison, ne leur a pas fait de tort et n'a pas contrarié leur espérance comme un père qui frustre ses enfants de sa succession Et en parlant d'une succession, on en price la personne qui ne sait pas qu'elle doit hériter ou qui n'est pas fondée à l'espérer parce qu'elle s'en est rendue indigne; mais hors de là et pour l'ordinaire on dit proprement frustrer d'une succession ou d'un héritage. « Louis XIV regardait sa renonciation (aux Pays-Bas) comme nulle, sur ce principe : qu'un père ne saurait, par aucun acte, frustrer ses enfants de leurs droits.» Cos. « Mithridate accuse les Romains d'avoir supposé

un faux testament d'Attale pour frustrer Aristo-
nic, fils d'Eumène, du royaume de son père,
qui lui appartenait de droit. ROLL. Dans le
Tartufe, Tartufe frustre Damis des biens de son
père en acceptant la donation que lui en fait ce-
lui-ci :

Et songez qu'il vaut mieux encor qu'il en mésuse,
Que si de l'en frustrer il faut qu'on vous accuse.

MOL

Hé bien! vous sourirez que votre oncle, à son age
Fasse, devant vos yeux, un si sot mariage;
Qu'il vous frustre d'un bien que vous devez avoir!
REGN.

Frauder, c'est frustrer par quelqué fraude, oindre la tromperie à l'injustice, priver furtivenent de ce qui est dû, attendu ou promis. Dieu, plutôt que de manquer à ses enfants, et que de les frauder du souverain bien qu'il leur promet gratuitement, éclairerait un homme hourri dans les forêts d'une île déserte. » FÉN. 2. Deux officiers gaulois du parti de César maltraitèrent leurs cavaliers, qu'ils fraudaient 30uvent de leur prêt, et trompèrent même César, par qui ils se faisaient payer pour un plus grand nombre d'hommes qu'ils n'en avaient effectivement. » ROLL. « Plus on met le peuple en occaision de frauder le traitant, plus on enrichit *-celui-ci et on appauvrit celui-là. Pour arrêter la fraude, il faut donner au traitant des moyens de vexations extraordinaires, et tout est perdu. » MONTESQ.

L'ambitieux le met souvent (l'honneur) à tout brû

ler....

Ce marquis, à savoir frauder ses créanciers. BOIL. Sevrer veut dire au propre ôter à un enfant l'usage du lait de sa nourrice. Au figuré et dans un style voisin du familier, c'est priver quelqu'un de quelque chose de doux ou d'agréable. « Dieu | nous sètre de ces douceurs par nos infirmités. » FÉN. Il faut se sevrer des joies les plus innocen tes, quand Dieu nous les refuse. » ID. « Plus je m'apercevais que je rencontrais les regards de presque tout le monde sous les miens, plus j'étais averti de sevrer leur curiosité par ma retenue, » S. S. « Les maladies l'ont assiégé dès son enfance, et l'ont sevré dans son printemps de tous les plaisirs de la jeunesse. » VAUV. « Comme il est une classe de littérateurs fort avide de ces petits détails historiques, nous n'avons pas cru devoir les en serrer. » D'AL. « Je suis obligé de me sepour quelque temps du plaisir de vous MARM.

vrer voir.

Hau tement d'un chacun elles blâment la vie,
Non point par charité, mais par un trait d'envie
Qui ne saurait souffrir qu'un autre ait les plaisirs
Dont le penchant de l'âge a sevré leurs désirs.

MOL.

rivera prochainement: on demeure (REGN.), on
e t enterré (ROLL.) dans un lieu voisin; on ar-
rive (J. J.), on aborde (MONTESQ.), on mène quel-
qu'un (RAC., LAF.) dans un lieu proche ou pro-
chain. D'autre part, on ne dit pas qu'une
époque, une saison, une disgrâce est voisine,
absolument, ou, d'une manière relative, qu'elle
est voisine d'une autre ou d'autre chose. Enfin,
le substantif voisin ne se prend qu'au propre et
désigne quelqu'un à côté de qui on habite; au
lieu que nos proches et notre prochain sont des
hommes avec lesquels nous entretenons des rela-
tions abstraites de parenté ou de charité.
est vrai que voisin s'emploie aussi au figuré;
mais ou bien il n'exprime encore aucune idée de
temps et de mouvement : ce discours emphatique
est voisin du galimatias (ACAD.); ou bien, au
lieu de qualifier la chose qui est près d'arriver, il
s'applique à la personne qui va la subir : un
homme, dont la ruine est proche ou prochaine,
est voisin de sa ruine.

-

Une autre différence à remarquer, et la seule quelquefois à laquelle on ait égard, c'est que proche et prochain supposent des objets moins considérables que voisin. « Qu'on fasse réflexion combien, dans un camp, dans une maison, on est mal informé des faits particuliers qui se passent dans un camp voisin, dans une maison prochaine. VOLT. « Le moulin le plus proche et le marché voisin sont pour ce paysan les bornes de l'univers. » J. J.

A l'égard de tous les mots qui suivent, voisin marque le genre; mais il a cela de propre d'abord, qn'il se dit principalement des hommes, et non pas exclusivement des objets peuples, princes, Etats voisins. « Les vices de l'homme le rendent quelquefois inférieur aux bêtes, dont il est plus voisin que de l'homme par ses indignes inclinations.» ROLL. Ensuite, chacun de ses synonymes suivants a sa nuance distinctive.

α

Contigu, contiguus, de cum tangere, être en contact avec, indique un grand voisinage, ou plutôt un contact. « On peut présumer que les deux continents sont contigus, ou du moins trèsvoisins vers le nord à l'orient de l'Asie. » BUFF. Lorsqu'on rompt la pierre, et qu'on en sépare la coquille, on observe toujours que la pierre a reçu l'empreinte ou la forme de la surface avec tant d'exactitude, qu'on voit que toutes les parties étaient exactement contigues et appliquées à la coquille. » ID. « Je n'attribuerai point à Dieu une présence corporelle en chaque lieu; car il n'a point une superficie contigué à la superficie des autres corps. » FÉN. « Les rues étaient bordées de maisons qui n'étaient point contigues, ayant de chaque côté un vide qui les séparait les unes des autres. » ROLL.

PROCHE, PROCHAIN; VOISIN, CONTIGU, ADJACENT, ATTENANT, JOIGNANT. Qui n'est pas loin, qui est près ou à peu de distance. Proche et prochain ont été distingués l'un de l'autre dans la Ire partie, p. 260 et 261. Ils ont cela de particulier par rapport à voisin et à leurs autres synonymes suivants, qu'ils impliquent l'idée de mouvement, et peuvent se dire du temps et de tout ce qui arrive. Une chose est proche ou prochaine, qui approche ou dont on approche. Il crut les ennemis fort proches de lui (D'AL.); il se retira dans un château qui était proche (VERT.); elle n'a fait qu'entrer dans la chambre prochaine (RAC.); le temps de leur mal- Adjacent, adjacens, est un terme spécial de heur était proche (Boss.); sentir sa mort pro-éométrie et de géographie. En géométrie on chaine (LAF.); un danger prochain (ROLL.).

Voisin, latin vicinus, de vicus, village, quartier, rue, signifie proprement du même village, du même quartier, de la même rue, et ne regarde que la situation: une montagne voisine d'un fleuve. Un lieu voisin n'est point éloigné; un lieu proche ou prochain est tel, qu'on y ar

SYN. FRANG.

appelle angles adjacents des angles immédiatement contigus l'un à l'autre, de manière à avoir un côté commun. Hors de là, le mot adjacent ne se dit guère qu'en parlant de la position respective des différentes parties de la terre. « Il y a plusieurs îles adjacentes à la Grèce fort connues dans l'histoire. » ROLL. « Le consul manda au

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sénat que Venouse et les terres adjacentes lui paraissaient un lieu fort propre pour y envoyer une colonie.» ID. « Une montagne fort élevée et presque adjacente à celle de Chimboraço, l'une des plus hautes des Cordilières, dans la province de Quito, s'écroula tout à coup. » BUFF. « L'empereur d'Allemagne, Ferdinand II, contient Bethlem - Gabor par un traité qui lui laisse la Transylvanie et les sept comtés adjacents. » VOLT. « Le maréchal de Chamilly, son oncle, l'avait fait succéder à son commandement de Poitou, Saintonge, Angoumois, pays d'Aunis, la Rochelle et iles adjacentes. » S. S.

d'Iamblique, de Porphyre et des autres, ta estimés de Julien, sont pleins de ces prestige trompeurs, que le peuple prenait pour des mi racles. » Boss. « Ajouter foi trop légèrement aux prodiges, c'est ébranler sans le vouloir le fondements de la croyance que l'on doit an vrais miracles rapportés dans les livre saints. D'AL. « Les miracles de Jésus-Christ et des apôtres sont si vrais, qu'on ne doit pas risquer d'affaiblir le profond respect qu'on a pour eux, en leur associant de faux prodiges. VOLT. « Ces vrais miracles sont assez nombreux.... Mais c'était une impieté et une folie de vouloir soutenir ces prodiges, que Dieu digna lui-même opérer en Judée, par des fables absurdes. » ID.

Toutefois cette différence n'est pas toujours observée. Prodige se prend bien aussi dans le sens d'une manifestation réelle de la puissance

Attenant et joignant sont du langage commun ou même familier. On ne s'en sert guère qu'en parlant de maisons, de jardins et autres possessions en terres, et ils semblent différer très-peu. Cependant attenant est plus usité et convient surtout quand il est question d'une chose cousi-divine. Mais dans ce cas même il ne laiss› pas dérée relativement à une autre principale, à la- de se distinguer encore de miracle. Le prodige, quelle elle tient comme accessoire. « Des bour- de pro agere, agir ou faire au dehors, devant, au geois riches sont ensevelis dans l'église, tandis loin, produire, mettre au jour, donner en que les pauvres pourrissent dans le cimetière at- spectacle, est un miracle éclatant, public, sotenant. VOLT. « Lorsque à la fin des séances le lennel, qui se montre à beaucoup de regards, e public quittait le Lycée, ce parti se rassemblait qui d'ordinaire consiste dans un grand phénoaussitôt dans le salon attenant. » LAH. & Sous le mène de la nature, propre à être vu de tout k vieux toit de la maison attenante à la ferme, il monde. « C'est ainsi que parla Moise, quand il vint se retirer avec sa femme et ses enfants. » vit l'éclatant miracle que Dieu, par son miniMARM. Au contraire, la chose joignante peut ne stère, avait opéré, divisant les eaux de la mer pas faire partie, ne pas être dans la dépendance Rouge.... Saisi d'étonnement à la vue du prode celle à laquelle elle touche. « Myrtis ordonna dige, il s'écrie que Dieu est magnifque dans sa qu'on lui bâtît un tombeau joignant le chemin le sainteté. » BOURD. « La sainteté d'un grand est plus fréquenté. L. F. « Saint-Germain, lieu uni- le chef-d'oeuvre de la grâce; la sainteté d'un roi que pour rassen 'er les merveilles de la vue, en est le miracle; celle du plus grand et du l'immense plain-ted d'une forêt toute joi-plus absolu des rois en sera le prodige. ■ In gnante..., Louis XI l'abandonna pour Versailles, le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux.»

S. S.

α

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Peuple ingrat! quoi! toujours les plus grandes mer-
veilles

Sans ébranler ton cœur frapperont les oreilles?
Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours
Des prodiges fameux accomplis en nos jours?
RAC.

Pour ce qui concerne d'abord prodige et miracle, prodige, du latin prodigium, qui a le même sens, se dit spécialement en parlant de l'antiquité païenne, au lieu que miracle, du latin miraculum, chose à admirer, miranda res, est le mot dont on se sert proprement quand il est question de la religion chrétienne ou juive. Au point de vue moderne, c'est-à-dire chrétien, les prodiges sont des prestiges, des tromperies, des œuvres du malin esprit, d'autant plus que les anciens non-seulement regardaient comme des prodiges des faits naturels ou imaginaires, mais encore leur attribuaient faussement une signification prophétique; les miracles, au contraire, sont véritables, authentiques, réellement opérés par l'intervention de Dieu. « Et la première bête fit de grands prodiges (Apocalypse): elle, c'està-dire la philosophie et la magie. Tous les écrits

Le grand miracle de la mor de Jesus-Christ est la conversion d'un pécheur mourant ; et cependant il n'est point de pécheur qui ne se promette le mème prod ge en ce dernier moment. » MASS. « Dieu rend témoignage à la doctrine de Jésus-Christ par tant de signes, par tant de miracles, par tant de prodiges. » Eoss. << Tout ce qui s'est fait sous le regnede Louis XIV tient beaucoup du miracle et du prodige.» BOIL. -Prodige l'emporte donc sur miracle, sinon en force ou en valeur, du moins en étendue. On dit une grandeur prodigieuse, et une guérison miraculeuse. Prodigieusement signifie beaucoup, et miraculeusement par miracle, d'une manière divine, divinitus. Un homme est un prodige d'érudition; une femme, un miracle de beauté : c'est par la quantité que se recommande l'un, et par la qualité que brille l'autre.

Quant aux merveilles (de mirabilia, choses qui tiennent de ce qui est admirable), ce sont des espèces de miracles ou de prodiges. Merveille est comme un diminutif de miracle, et plus encore de prodige. « Les incrédules disent qu'il n'est pas possible que Dieu ait fait de plus grands miracles pour établir la religion juive que pour établir le christianisme.... Selon eux, il est indigne de Dieu de ne fortifier son second culte que par de petites merveilles, après qu'il a fondé le premier sur les plus grands prodiges. ▾ VOLT. D'autre part, merveille n'exprime pas, comme prodige et miracle, le fait, l'action, un

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événement, quelque chose d'accidentel et de la plus folle, la plus dissipatrice, la plus ceci, passager, mais le résultat ou quelque chose de la plus cela, qu'il est possible d'imaginer. » Skv. permanent. Dieu a rendu témoignage à la doc-« La famille de cette femme l'a fait interdire trine de Jésus-Christ par des miracles et des prodiges (Boss.); nos yeux sont accoutumés au cours du soleil et à toutes les autres merveilles de la nature (Mass.). On est témoin d'un prodige ou d'un miracle; on contemple une merveille, l'une des sept merveilles du monde, on raconte · des merveilles d'un pays. « Hérode, instruit des merveilles qu'on publiait de Jésus-Christ, s'attend à lui voir opérer des prodiges. » MASS.

Dans l'antiquité païenne, surtout à l'époque de la plus grande ignorance, les prodiges étaient, dit-on, très-fréquents; ils ont cessé ou on les a réduits à des faits naturels, à mesure que la science, faisant des progrès, a rendu les hommes moins crédules et plus instruits des lois qui président à la production des phénomènes les plus capables d'effrayer, tels que le tonnerre, les éclipses, les apparitions de comètes et les aurores boréales. Depuis l'établissement définitif du christianisme, les miracles, c'est-a-dire les prodiges particuliers, opérés dans une maison ou une église, devant quelques témoins, comme la guérison surnaturelle d'un malade et la résurrection d'un mort, sont devenus rares tout au moins. Mais il reste pour objet à l'admiration humaine les merveilles de la création ou de la nature, et les merveilles de l'art ou de l'industrie.

PRODIGUE, DISSIPATEUR ; — DÉPENSIER. Qui ne tient pas assez à l'argent, qui en fait un usage peu ou mal mesuré.

Prodigue, de pro agere, pousser en avant, loin, trop loin, marque l'excès; dissipateur, de dissipare, répandre çà et là, disperser, exprime le gaspillage. Le prodigue dépense trop ou plus qu'il ne faut; le dissipateur dépense mal ou autrement qu'il ne faut : l'un fait d'énormes dépenses, l'autre fait de folles dépenses.

Le prodigue pèche sous le rapport de la quantité, il est trop libéral, il ne sait pas se retenir. « D'une humeur serrée et épargnante, l'ambitieux devient libéral, prodigue même, tout est inondé de ses dons. » MASS.

CATON.

<< Moi avare! j'étais bon ménager; je ne voulais laisser rien perdre; mais je ne dépensais que trop!

RHADAMANTE.

<< Ho! voilà le langage de l'avarice, qui croit toujours être prodigue. » FÉN.

La marquise de Créqui était la femme la plus prodigue aux pauvres et la plus avare pour ellemême. S. S. « Le roi donna à Mme de Warens une pension de quinze cents livres, ce qui était beaucoup pour un prince aussi peu prodigue. » J. J. Mais le dissipateur pèche sous le rapport de l'application ou de la manière, il est désordonné, extravagant, dans ses entreprises, dans la disposition de sa fortune. « Le mondain ne sait pas si ses héritiers seront des sages ou des dissipateurs. BOURD. « Ses parents ont été éblouis de cette somme (une dot de cent mille écus): ils sont avares; mais en même temps on leur a donné

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comme folle; et son fils, qui est un dissipateur, a donné sa maison pour moitié de ce qu'elle vaut. » REGN. « Son économe était un dissipateur.... Il faisait des entreprises continuelles en choses où il n'entendait rien. » J. J. « Pétrone ne passait pas pour un débauché et un dissipateur comme ceux qui se ruinent par des débauches folles et sans goût. » ROLL.

Un prince qui, dans ses largesses, passe les bornes est prodigue; un jeune étourdi qui jette tout par les fenêtres est dissipateur. La destination donnée par le prodigue à ce dont il est maître est peut-être excellente; seulement il va trop loin: un général est prodigue du sang de ses soldats. D'un autre côté, le dissipateur ne fait peut-être que de petites dépenses; seulement il les fait à tort et à travers, inconsidérément, indiscrètement. Il faudrait apprendre au prodigue l'épargne, au dissipateur l'économie; il faudrait accoutumer l'un à se modérer, l'autre à se régler.

L'idée propre de prodigue étant celle d'excès, et l'excès pouvant avoir lieu dans le bien comme dans le mal, prodigue se prend quelquefois en bonne part on dit, en forme de louange, prodigue de ses soins, de ses services, de son sang, de sa vie, etc. « Cet homme est prodigue de son bien pour soulager les malheureux. » ACAD. Mais comme dissipateur implique l'idée de désordre, il signifie toujours quelque chose de répréhensible.

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Enfin, on détermine quelquefois de quoi on est prodigue; on ne dit jamais de quoi on est dissipateur. Également avides et dissipateurs, et non moins prodigues du bien d'autrui que du leur, les courtisans de Néron n'avaient conservé, au lieu de terres et de revenus, que les instruments ou les vices qui avaient acquis et consumé tout cela. » J. J.

Dépensier indique par sa terminaison, ainsi que les mots tracassier, tripotier, minaudier, un goût ou un penchant petit, peu noble, une habitude peu relevée, une sorte de métier. Il se dit proprement de l'humeur, et, dans tous les cas, il impute un défaut vulgaire, qui se trouve chez des personnes de bas étage ou dont on fait peu de cas. « Le président Rose avait marié sa fille à un grave magistrat, qui venait quelquefois lui faire de longues plaintes de l'humeur frivole et dépensière de sa femme. » D'AL. « Malheureusement, Thérèse est peu entendue en économie à tous égards, peu soigneuse et fort dépensière. » J. J. « Avec l'air noble et de l'esprit, le prince d'Harcourt avait tout à fait celui d'un comédien de campagne. Grand menteur, grand libertin d'esprit et de corps, grand dépensier en tout, grand escroc avec effronterie, et d'une crapule obscure qui l'anéantit toute sa vie. » S. S.

PROFANATION, SACRILEGE. Attentat contre les choses de la religion.

La profanation, c'est-à-dire l'action d'un profane, d'un homme qui est devant le temple, pro fano, hors du temple, et qui se permet d'y

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