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tion. » P. R. « Ainsi par une nouvelle perfection d'oraison il faudrait adorer Dieu dans une abstraction de tous ses décrets, par conséquent dans une abstraction de Jésus-Christ même.» Boss.

La précision, de præcidere, retrancher, est un effet de la justesse et de la netteté de l'entendement, qui écarte tout ce qui est étranger ou superflu elle convient partout, dans les affaires comme dans les sciences. L'abstraction, du latin abstrahere, tirer à soi en arrachant, marque l'effort d'un esprit spéculatif pour détacher des choses, par une espèce de violence de la pensée, un point de vue particulier. La précision opère le dégagement, l'épuration des idées; ce mot ne se prend qu'en bonne part; ce qui est Aprécis est clair. L'abstraction produit des idées factices, d'une entente difficile, parce qu'elles ne correspondent pas à toute la réalité, à la réalité 1 telle qu'elle est; ce qui est abstrait peut être subtil, insaisissable à l'esprit, faute de rapport avec les perceptions des sens. Une idée précise : est démêlée de toute autre, et par conséquent distincte; une idée abstraite est une idée simple, qui peut être obscure, parce qu'elle donne une existence séparée à une qualité, à une partie qui dans la réalité se trouve jointe à d'autres. Une question précise est énoncée en termes qui ne permettent pas qu'on s'y trompe; une question abstraite est relative à un sujet purement spirituel, comme sont ceux que traitent les métaphysiciens, les mathématiciens, les savants. « Tout ce que vous venez de me dire est furieusement abstrait, et j'ai bien de la peine à le fixer devant moi. » MAL.

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soire. Les prédictions sont faites par toutes sortes de personnes, savants, astrologues, fées, devins, aruspices. La Bible rapporte les prédictions de Joseph à Pharaon (Boss.), et l'Evangile la prédiction du vieillard Siméon à Marie (Boss., Mass.), ainsi que les prédictions de Jésus-Christ touchant la ruine de Jérusalem et la conversion des gentils (BOURD., FÉN., Boss., MASS.). Les apôtres eux-mêmes (Boss.) et plusieurs saints ont fait des prédictions (Boss.). « Les prédictions des oracles étaient comme celles de l'almanach de Liége.... » VOLT. « Les Chaldéens et les sages d'Egypte, et surtout cette secte de philosophes indiens que les Grecs appellent gymnosophistes, étonnaient les peuples par des prédictions trop précises pour venir purement par la connaissance des astres. » Boss. « Catherine (de Médicis), qui croyait aux astrologues, les avait mis en vogue à la cour, et ne s'en désabusa pas, quoique toutes leurs prédictions s'en fussent allées en fumée. » ID. « La mère (de la jeune fille) qui comptait sur les prédictions de la fée la regardait dejà comme une reine. » FÉN.

Les prophéties sont les prédictions des prophètes, des prédictions révélées à des prophètes. Les prophètes étaient chez les Juifs, avant la loi nouvelle, des hommes choisis de Dieu pour apprendre d'une manière plus ou moins enveloppée l'avenir à son peuple, surtout pour ce qui regardait les destinées de la nation et la venue du Messie. Ils ne parlaient point de leur propre mouvement; ils recevaient l'inspiration de Dieu et étaient des instruments entre ses mains. Elie montant au ciel promet à Elisée seul son double esprit de zèle et de prophétie. » Mass. « Jérémie voyait que ses prophéties ne faisaient qu'accroître les péchés du peuple. » Boss. « L'esprit de prophétie ne quitta point Jonas dans le ventre de cet énorme poisson. » ID. Quoiqu'il n'y

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pelle quelquefois prophéties les prédictions des personnages, comme les sibylles, Cassandre, qui ont passé pour être inspirés. Depuis Jésus-Christ il y a eu de faux prophètes et de fausses prophéties, d'abord à l'époque de la prise de Jérusalem, et ensuite vers le temps de la réformation.

Du reste, précision n'est plus employé aujour- | d'hui dans le sens d'abstraction, comme désignant une faculté ou une opération de l'esprit : on n'a jamais dit faire précision d'une chose, et à présent on ne dit plus même faire une préci-ait point eu de prophètes chez les païens, on apsion ou des précisions, les sciences spéculatives se servent de précisions (Boss.). En logique nous ne donnons que le nom d'abstraction au procédé de l'esprit que Port-Royal et Bossuet appellent indifféremment abstraction et précision. Le mot précision est réduit à ne signifier qu'une manière de faire ou d'exprimer les choses: parler, écrire, exécuter des manoeuvres avec précision. Et quant à précis et abstrait, leur différence saute aux yeux: précis marque une exposition, une indication, une détermination, qui montre juste, net, exactement un objet; au lieu que abstrait emporte d'ordinaire l'idée de subtilité, de profondeur impénétrable, ou du moins de dispute, d'hypothèse, de quelque chose de transcendant et qui demande une grande contention d'esprit. Il ne s'agit pas ici de disputer si Dieu pouvait absolument créer l'homme mortel. Indépendamment de ces questions abstraites, et en regardant seulement les choses comme elles sont établies dans l'Ecriture, il est certain que la mort y est marquée comme la peine précise de la désobéissance d'Adam. » Boss. PREDICTION, PROPHÉTIE. Annonce des choses futures.

Prédiction n'ajoute à cette idée aucun acces

On oppose très-bien les prédictions de JésusChrist aux prophéties des prophètes, et en général les prédictions aux prophéties, comme quelque chose de plus moderne à quelque chose de plus ancien. « Indépendamment des anciennes prophéties et de ses propres prédictions, JésusChrist fait entendre à ses apôtres et leur explique comment il était nécessaire que le Christ souffrit.» BOURD. « Il y eut de tout temps de tels imposteurs, et non-seulement des misérables qui faisaient des prédictions, mais d'autres misérables qui supposaient des prophéties faites par d'anciens personnages. » VOLT.

Entre les prédictions de l'almanach, dont quelques-unes sont fondées sur des calculs certains, celles qui concernent les éclipses, par exemple, y en a-t-il que la crédulité populaire prenne encore pour des prophéties, comme au temps de

Nostradamus?

Quand ces mots expriment nos conjectures sur

les événements ou l'issue des affaires de la vie, prédiction les représente comme étant le fruit de certains calculs, et prophétie, comme de purs pressentiments. Les aruspices et les astrologues avaient fait un art de la prédiction. Les prophètes avaient le don ou l'esprit de prophétie.

Prédiction ayant du rapport à un verbe, prædicere, prédire, s'emploie bien avec le nom de la chose prédite pour régime. La prédiction d'une éclipse, de l'avenir (Mass.), de la dernière catastrophe de l'univers (Boss.).

PREMIER, PRIMITIF, PRIMORDIAL. Ces trois mots ont la même racine, le latin primus, et les dictionnaires les définissent l'un par l'autre ; ce qui prouve suffisamment leur synonymie. On dit également, et sans différence bien apparente, les premières montagnes, les montagnes primitives et les montagnes primordiales (BUFF.).

Premier est un adjectif ordinal: il ne fait connaître les choses que relativement à leur ordre, à leur rang, sous le point de vue du temps ou de l'espace; c'est un terme abstrait qui marque l'époque ou le lieu. Les premières montagnes sont les plus anciennes, ou celles qui sont devant les autres, celles qu'on rencontre d'abord. « Dès le temps de la première chute des eaux.» BUFF. La première ville qu'on trouve en entrant dans le royaume (ACAD.).

Primitif et primordial, au contraire, sont des adjectifs qualificatifs, qui ont plus de rapport entre eux qu'avec le premier. Outre qu'ils se mettent toujours après le nom, à la différence de premier, dont la place d'ordinaire est avant, ils font considérer les choses, non pas extérieurement, mais en elles-mêmes; ils n'expriment pas où elles sont, mais ce qu'elles sont.

Ils different néanmoins.

Primitif est un mot simple, un radical avec une terminaison qui désigne la faculté, la propriété, l'état. Primordial est composé de la racine commune, primus, et d'un autre mot latin, ordium ou ordia, qui signifie commencement ou origine. En sorte que ce qui est primitif est tel, a telles propriétés, est dans tel état, et ce qui est primordia est de première origine ou de première formation. Les montagnes primitives, comme les races primitives, comme les langues primitives, sont les montagnes natives ou de nature, avec les qualités du commencement, les montagnes telles qu'elles sont en sortant des mains de la nature, et avant d'avoir été changées ou modifiées. Les montagnes primordiales sont les premières qui aient été produites. On décrira la forme primitive de la terre (BUFF.); on racontera comment la terre a reçu sa forme primordiale (BUFF.). Le fer, l'argent, l'or, l'aimant primitifs (BUFF.), ont telles qualités originelles auxquelles le mot primitif fait penser; le fer, l'argent, l'or, l'aimant primordiaux (BUFF.) sont ceux de ces métaux qui ont été les premiers formés au sein de la terre.

En conséquence, l'épithète de primitif s'applique mieux aux qualités, parce que d'ordinaire on ne les conçoit pas comme ayant une origine, comme recevant une forme. « L'attraction est une propriété primitive, » BUFF. « Le blanc pa

raît être la couleur primitive de la nature que le climat et sa nature altèrent et changent. » ID. Par une raison semblable, on dira la chaleur primitive du globe (BUFF.), le feu primitif (ID.), un devoir primitif (MASS.), et non pas primer. dial. Primordial convient seulement quand il est question de matières : roches, masses primordiales (BUFF.). « La lumière peut se diviser en sept faisceaux primordiauz dont chacua est le véhicule immuable d'une couleur primitive. » VOLT. « L'émeril peut être mis au nombre des mines primordiales formées par le feu primitif. » BUFF.

Quelquefois primordial ne se prend pas dans le sens passif, pour signifier de première origine, mais dans le sens actif pour indiquer ce qui constate, atteste ou explique la premiere origine, ce d'où les autres choses tirent leur origine. « Le titre primordial de cette donation de Charlemagne au saint-siége n'a jamais paru. » VOLT. << Toutes les couleurs nous viennent du melange des sept couleurs primordiales. » ID. « Il faut chercher le fondement de cette justice dans la loi primitive de la nature qui veut que le fils tienne l'être de son père et que le père revive dans son fils. Les lois civiles ont imité cette loi primordiale. » Boss. « Le noyau de cette montagne est sans doute de fer primordial produit par le feu primitif, duquel les autres métaux ferrugineux ne sont que des exsudations, des concrétions, des stalactites. » BUFF. « Le mouflon est la tige unique et primordiale de toutes les autres brebis. » ID. « De qui les animaux tiennent-ils toutes ces facultés, sinon de la cause primordiale, du principe d'action, du grand Être qui anime toute la nature?» VOLT. « Le Verbe divin, en tant que raison universelle, renferme dans sa substance les idées primordiales de tous les êtres et créés et possibles. » MAL.

Premier indique où sont les choses, ou bien le temps où elles se sont passées. Primitif les fait connaître quant à toutes leurs qualités; et primordial quant à l'origine qu'elles ont reçue ou qu'elles donnent.

PRÉPARATIFS, APPRÊTS,

APPAREIL. Mesures ou dispositions qui précèdent l'exécution d'un projet.

Les préparatifs, de præ parare, se procurer d'avance, se rapportent à un événement futur; et les apprêts, qui consistent à tenir les choses prêtes, en état pour l'usage qui va en être fait, annoncent un événement prochain. On dit des préparatifs de guerre (ACAD., Boss., FĖN., J. Ja, ROLL., S. S.), et les apprêts d'un combat (VOLT., LES., LAH.). On fait de loin les préparatifs d'une guerre ou d'un siège qui aura peut-être lieu. Henri IV employa quinze ans de paix à faire des préparatifs dignes de l'entreprise qu'il méditait. » J. J. « Cyrus tourna ses vues et sa marche du côté de Babylone, non pour l'attaquer encore, mais pour faire de loin les dispositions et les préparatifs du siége qu'il meditait. » ROLL. Mais on se hâte de faire les apprêts d'une guerre ou d'un siège qui va commencer incontinent. « Rien ne les embarrassait, pas même les murmures de la nation, qui voyait avec peine

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Quel est cet appareil terrible et solennel? ID.
Quel est donc ce spectacle nouveau?
Pourquoi ce livre saint, ce glaive, ce bandeau?
Depuis que le Seigneur m'a reçu dans son temple,
D'un semblable appareil je n'ai point vu d'exemple.
(Joas à Josabet dans Athalie). RAC.

Préparatifs de guerre ou de la guerre, est l'ex-
pression simple et commune :
«Par une sage
prévoyance, on voyait dans une profonde paix
tous les préparatifs de la guerre. » FÉN. Appa-
reil de guerre ou de la guerre, est une expres-
sion grande, sensible, propre à relever les
choses et à frapper: « Mars commençait par le
bruit des armes et par l'appareil frémissant de la
guerre à semer la rage dans tous les cœurs. >> ID.

PRÉPARER, APPRÊTER, DISPOSER. Mettre les choses dans un état convenable pour un certain usage.

Ies apprêts d'une gurrre prochaine avec l'Espagne. S. S. « Crésus fit dresser ses machines contre les murailles comme pour l'assaut. Mais pendant qu'il amusait les Sardiens par tous ces apprêts, la nuit suivante il se rendit maître de la citadelle. » ROLL. Ou bien les préparatifs sont les mesures les plus antérieures à l'événement, les premières, celles par lesquelles on se procure Ies choses nécessaires, de manière à n'être pas pris au dépourvu, à ne pas manquer de ce qu'il faudra avoir au moment d'agir. Les apprêts, au contraire, sont des mesures voisines de l'événement, qui y touchent de près, qui disposent tout pour l'amener aussitôt. Les préparatifs d'un festin se font plus ou moins longtemps à l'avance par l'assemblage des mets et des ustensiles nécessaires; les apprêts se font peu avant qu'on se mette à table par l'assaisonnement et la cuisson des mets ainsi que par l'appropriation des ustensi- Préparer, de præ, parare, amasser ou acquéIes. Les préparatifs supposent de la prévoyance, rir d'avance, marque un usage futur ou simpleproduisent un amas, une provision, quelque ment éventuel et possible. Apprêter, accommochose d'utile; les apprêts demandent et impli- der, rendre ou tenir propre pour, de ad, vers, quent de l'attention, du soin, et aboutissent plu- pour, et de præsto, d'où vient prêt à, près de, tôt à quelque chose d'agréable. Aussi dit-on les sur le point de, marque un usage prochain. préparatifs d'une opération de chirurgie (ACAD.) | Disposer, de dis, de côté et d'autre, et de ponere, et les apprêts d'une parure (J. J.) ou d'une toi-poser, marque une multiplicité de choses à orlette (J. B. Rouss.); des préparatifs de guerre ou de voyage, et des apprêts de noces. « Tous ces grands préparatifs persuadèrent à l'amiral qu'on voulait tout de bon faire la guerre au roi d'Espagne.... La reine de Navarre mourut le 4 juin à Paris, où elle était venue pour faire les apprêts de la cérémonie (du mariage). » Boss. < On fit les apprêts (du mariage) avec toute la magnificence convenable à la qualité des époux.... Les préparatifs du départ de ces époux furent bientôt faits. » LES.

Appareil diffère bien des deux premiers mots. Au lieu d'être distributif et de ne s'employer qu'au pluriel, comme ceux-ci, il est collectif et ne s'emploie qu'au singulier. Et, ainsi que tous les mots collectifs, il est synthétique, relatif à l'apparence, à l'aspect des choses, à l'impression produite par leur ensemble. Les qualifications des préparatifs et des apprêts se tirent des choses préparées ou apprêtées; celles de l'appareil, de l'effet que la vue de leur réunion fait sur le spectateur : les préparatifs sont suflisants ou insuffisants, les apprêts minutieux, recherchés, faits en plus ou moins de temps; mais l'appareil est lugubre, pompeux, magnifique, superbe, terrible, effroyable. « Cette paix ne rassura pas les Athéniens par rapport au roi de Perse. Les grands préparatifs qu'il faisait leur donnaient de l'ombrage, et leur faisaient craindre que le but de ce formidable appareil ne fût d'attaquer la Grèce. » ROLL. Il suit de là encore que appareil, à la différence de ses deux synonymes, est un terme poétique, distingué ou de haut style. On dit les préparatifs (ACAD.) et les apprêts (LAF.) d'un repas, mais l'appareil d'un festin (J. J.); les apprêts d'une mort (VOLT., ROLL.) ou d'un mariage (LES.), mais l'appareil d'un trépas (VOLT.) ou d'un hymen (RAC., VOLT.). Il ne mêlera pas L'appareil des festins à celui du trépas. VOLT.

donner pour un usage quelconque.

Préparer a pour accessoire l'idée de prévoyance; apprêter, celle d'attention et de soin; disposer, celle d'ordre et d'arrangement. On prépare pour un usage qui doit ou peut avoir lieu; on apprête pour un usage qui va avoir lieu, on dispose pour un usage qui demande l'ajustement ou le concours d'un certain nombre d'objets ou d'opérations.

Les intendants militaires préparent des munitions pour une campagne plus ou moins éloignée; la veille de la bataille, les soldats apprêtent leurs armes; le général en chef dispose le camp, les troupes, des sentinelles. De même, on prépare des subsistances et des vins bien avant la consommation, au moment de la récolte; on n'apprête les mets que quand on va les servir; on dispose la salle où le repas en rangeant tout ce qui doit y être employé, y figurer, y trouver place.

Qui veut la paix se prépare à la guerre, la guerre fût-elle encore incertaine et peu probable. Rien de plus fâcheux que les visites qu'on reçoit à l'instant même où on s'apprête à sortir. Il y a des promenades pour lesquelles les femmes se disposent comme pour le bal.

On est préparé à une chose qui peut arriver, quand on s'y attend, quand on a pris d'avance ses mesures pour n'en être pas surpris dans le cas où elle arriverait. On est prêt à faire une chose qu'on va faire, quand on peut l'exécuter dans le moment et qu'il n'y a plus rien qui soit capable de retarder. Disposé à une chose se dit d'un homme qui s'est intérieurement composé de telle sorte, qui a tellement réglé ses pensées, ses affections, ses désirs, que tout en lui y tend, y incline ou s'y porte.

PREROGATIVE, PRIVILEGE. Ces mots donnent l'idée de quelque chose dont jouit à l'exclusion des autres un ordre, un corps, une magistrature, ou un simple particulier. A Rome les pa

triciens, et chez les nations modernes la noblesse, | tous les autres impôts autant et plus réellement

le clergé, et les corporations religieuses ont eu des prérogatives et des priviléges.

Le

que les roturiers. S. S. « Les protestants Foulaient avoir des priviléges, des cours de justic érigées exprès pour leurs affaires.» ID. princes du sang avaient le privilége de n'èm jugés que dans la cour des pairs. » VOLL

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merce dans les Indes à une compagnie de marchands plus intéressés que riches. » ID. La Dictionnaire encyclopédique, au mot exécuteur, détaille tous les priviléges du hourreau de Paris. » ID. « On a par de petits priviléges encouragé la profession des hommes qui travaillent aux mines; on a joint à l'augmentation du travail celle du gain. » MONTESQ.

Prérogative, prærogativa (præ rogare, demander avant), est le nom qu'on donnait, à Rome, à la centurie, à laquelle on demandait d'abord son suffrage dans les comices. Aujour-« Henri IV accorda le privilége exclusif du con d'hui ce mot signifie un titre à certains hommages, une préférence, une distinction, une dignité, une préséance. « C'est l'ordre du monde qui a attaché certaines prérogatives d'honneur | et de préférence à la naissance et à la qualité. > NIC. « Disputer sur les préséances, sur les prérogatives, sur la dignité. BOURD. Emilius Scaurus était prince du sénat, c'est-à-dire celui que le censeur, lisant publiquement la liste des sénateurs, avait nommé le premier. On ne déférait ordinairement ce titre honorable qu'à un ancien sénateur qui eût déjà été honoré du consulat ou de la censure; et il jouissait toute sa vie de cette prérogative. VERT. « Nous ne vous disputons point, disait aux patriciens le tribun Junius, les premiers rangs, ni l'éclat de la magistrature, et nous n'envions point les marques d'honneur à ceux que la fortune ou le courage ont élevés parmi vous. Nous sommes disposés à vous céder tout le brillant de vos prérogatives.» ROLL. « Sur le dernier article de ceux qui regardent le gouvernement en général, c'est-à-dire sur les prérogatives, les honneurs et les distinctions des rois ou de ceux qui gouvernent, vous aurez à observer ce qui regarde les cérémonies, principalement par rapport au rang et aux questions de préséance.» D'AG. « Il n'y a pas de pays qui n'ait pas ses dignitės, et ses grands distingués de tous par leurs prérogatives.» S. S. « L'armure complète était une prérogative d'honneur à laquelle les écuyers ne pouvaient prétendre. VOLT. Sous Henri II les princes et les princes

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eurent la prérogative d'avoir des habits rouges, soit en soie, soit en laine.» ID. « Toute la prérogative des baronnets de Jacques Ier consistait à passer devant les chevaliers. » ID.

Privilége, privati ou de privis lex, désignait à Rome une loi faite pour des particuliers ou les particuliers pour qui cette loi était faite. Il exprime dans notre langue un avantage réel et positif qui met en dehors de la loi commune: c'est, par exemple, l'exemption des charges imposées à tous, ou des grâces, ou le droit d'être jugé autrement, ou par un autre tribunal que le reste des citoyens. « Nulle exemption de la loi ne sera jamais accordée. Les citoyens mêmes qui ont bien mérité de la patrie doivent être récompensés par des honneurs, et jamais par des priviléges. » J. J. «C'est à vous que ce commandement s'adresse. Ne vous flattez pas d'avoir un privilége qui vous en dispense. » BOURD. « Il n'y a rien à perdre à être noble franchises, immunités, exemptions, priviléges, que manque-t-il à ceux qui ont un titre? LABR. « Il dit que, bien que les magistrats lui aient permis tels transports de bois qu'il lui plairait sans payer de tribut, pour éviter néanmoins l'envie du peuple, il n'a point voulu user de ce privilége. » ID. « Tous les priviléges de la noblesse sont anéantis, et elle paye la taille et

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La prérogative est un honneur, et se rapporte au rang; elle relève ou met au-dessus des autres. Le privilége a plutôt rapport à l'intérêt; c'est un avantage dont on est favorisé parmi les autres et contre le droit commun. Plus saint Jean a eu de distinction, de faveur et de considération auprès de son maître, plus il a éprouvé les rigueurs de la loi de Jésus-Christ. De sorte que cette prérogative, dont le fils de Dieu l'honora, ne fut point un privilége pour lui. » BOURD. Après la mort de Louis XIV, ses enfants naturels et légitimes furent dépouillés des priviléges que leur père leur avait accordés solennellement en 1714. Il ne leur resta que la prérogative de traverser, comme les princes du sang, ce qu'on appelle au parlement le parquet (VOLT.). « Les prérogatives héréditaires éteignent l'émulation, restreignent le choix pour les places, et rendent inutiles les talents de ceux qui manquent de l'illustration nécessaire pour arriver aux places : les priviléges en argent sont une des principales causes de la mauvaise administration des finances et de la misère du peuple. » ID.

Ensuite, les prérogatives viennent de la naissance ou sont essentiellement inhérentes au corps ou à l'ordre. « Dans les Mémoires de l'Académie des belles-lettres se trouve une dissertation sur les prérogatives de la main droite sur la main gauche. » VOLT. « A Florence, les nobles étaient ambitieux de commander, et regardaient même la souveraineté comme une prérogative de leur naissance. » COND. — Les priviléges, au contraire, sont le fruit de certaines concessions: on ne les a que par bénéfice. « Les monarchies se corrompent lorsqu'on ôte peu à peu les prérogatives des corps, ou les priviléges des villes. » MONTESQ. a Vous me direz que cette innocence si pure, c'est la prérogative du fils de Dieu. Mais, ô mon maître, vous êtes innocent par nature, Marie ne l'est que par grâce; vous l'êtes par excel lence, elle ne l'est que par privilege. » Boss. La prérogative est plutôt permanente et essentielle; le privilége, accidentel et variable. Un de nos critiques a écrit que saint Léon avait poussé plus loin que les autres les prérogatives de son siége: mais ce critique parle-t-il de la prérogative essentielle, qui est celle de la primauté, ou de certains priviléges accidentels qui peuvent croître ou diminuer avec le temps?» Boss. « Quelques-uns (dans le parlement d'Angleterre) établirent le droit d'accorder des pri

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viléges, comme faisant partie de la prérogative il se dit principalement des personnes et de leurs royale.» COND. rapports être bien, mériter, se justifier auprès Il suit enfin de la distinction précédemment de quelqu'un. Il suppose d'ordinaire entre les établie que la prérogative appartient d'ordinaire hommes des relations d'attachement, de bons à quelqu'un de plus élevé. « La paix de West- offices ou de protection. Etre près d'une perphalie fixa enfin les prérogatives de l'empereur, sonne, c'est n'en être pas éloigné. « Le fils d'Alet les priviléges des états. » COND. On jugeait cinous, Laodamas, était assis près de lui. » FÉN. que, moins on secourrait le roi (Charles Ir) dans A la table d'Esther l'insolent (Aman) près du roi ses besoins pressants, plus il serait facile de A déjà pris sa place. ruiner les prérogatives de la couronne, et de rétablir les priviléges de la nation. ID. « Ce roi des Indes éclatait de rire au récit des états généraux (de la Hollande), des états particuliers, des prérogatives de la noblesse, des priviléges des villes, etc. » ID.

PRÈS, PROCHE, AUPRÈS. Prépositions qui marquent proximité.

Près est l'expression ordinaire, celle d'où on doit partir pour déterminer précisément les nuances et l'emploi légitime des deux autres, celle qui a la signification la plus étendue; car c'est la seule qui se dise du temps aussi bien que du lieu se voir près de sa dernière heure, près de mourir, près du temps de la moisson, etc. (ACAD.).

Proche est proprement adjectif, et, s'il y a trop de rigueur à dire avec Condillac qu'il n'est jamais bien que lorsqu'on l'emploie comme adjectif, il est certain qu'il ne convient comme préposition qu'avec le verbe être, et dans les cas où on peut à volonté le prendre pour une préposition ou pour un adjectif. « Le fer étant proche de l'aimant s'y vajoindre.» P. R. Proche, c'est-à-dire ou près ou voisin. Oh! que ne suis-je couvert de cheveux blancs, courbé et proche du tombeau ! » FÉN. « Quand on est éloigné de cette haie, on s'imagine qu'elle peut mettre à couvert; mais quand on en est proche. on trouve que c'est un faible secours. » LAROCH. Dans toutes les conditions le pauvre est bien proche de l'homme de bien, et l'opulent n'est guère éloigné de la friponnerie. LABR. « Le caprice est dans les femmes tout proche de la beauté, pour en être le contre-poison. ID. Sur cette dernière phrase Marmontel remarque que tout près n'eût pas été si bien, que tout proche présente mieux l'image d'une plante à côté d'une autre. C'est qu'en effet proche pouvant être considéré comme un adjectif offre à l'esprit, non pas comme près, l'idée d'un rapport abstrait, mais l'idée du caprice comme de quelque chose de concret, de réel, de semblable à une plante. « Les Alpes et l'Apennin règnent bien plus près de la Méditerranée que de la mer Adriatique.... La ligne du sommet de la Grande-Bretagne est bien plus proche du bord occidental que de l'oriental de l'Ocean. » BUFF. On arrive près d'un lieu; on est proche d'un lieu, ou un lieu est proche d'un autre.

Auprès, contenant l'article, est moins vague que près, et signifie tout près: on ne dit pas tout auprès, ce serait un pleonasme. La rivière qui passe près d'une ville peut en être encore à une certaine distance; la rivière qui passe auprès d'une ville la touche. Mais ce qui par-dessus tout distingue auprès, c'est son caractère moral;

RAG.

Mais on est auprès d'une personne qu'on aime,
dont on est aimé, de qui on attend secours, es-
time, appui. « Ulysse va se présenter à Pénélope:
il s'asseoit auprès d'elle; il lui reproche son air
d'indifférence. » FÉN. Clytemnestre dit à
Achille dans Iphigénie :

Vous êtes en ces lieux
Son père, son époux, son asile, ses dieux....
Auprès de votre époux, ma fille, je vous laisse.
RAC.

Dans Amphitryon, Mercure dit à Amphitryon
lui-même qu'Amphitryon

Est auprès de la belle Alcmène A jouir des douceurs d'un aimable entretien. MOL. << Etre avec les gens qu'on aime, cela suffit: rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d'eux, tout est égal. » LABR. « Enivré du charme de vivre auprès d'elle, je voyais toujours en elle une tendre mère, une sœur chérie, une délicieuse amie, et rien de plus. »

J. J.

PRÉSAGE, AUGURE. Signe par lequel on juge de l'avenir, ou induction relativement à l'avenir. Les premières démarches d'un administrateur et les premières actions d'un enfant sont par rapport à leur conduite future un bon ou un mauvais présage, un bon ou un mauvais augure; on en conçoit ou on en tire un bon ou un mauvais présage, un bon ou un mauvais augure.

Cependant, à le bien prendre, présage exprime plutôt le signe, la chose d'après laquelle nous présumons; et augure notre présomption même, l'idée que nous nous faisons. Tel événement nous paraît un heureux présage; on dira plutôt qu'il nous semble d'un heureux augure, ou que nous en tirons un heureux augure. Une chose présage le succès, et le fait augurer; les choses n'augurent pas, il n'y a que les hommes qui augurent, preuve que le mot augure est plus propre à marquer l'interprétation, le travail de l'esprit. Le présage a une existence hors de l'entendement, c'est un indice; l'augure est quelque chose de purement subjectif, c'est une conjecture. Chez les Romains, la foudre tombée à gauche était un présage favorable (COND.), ou bien d'un bon augure (MONTESQ.). L'injustice d'un plaideur n'est pas un présage infaillible de celle de sa cause; mais la prévention du juge veut presque toujours en tirer un augure certain. (D'AG.).

De là suit une seconde différence pour les cas où les deux mots signifient l'un et l'autre ce sur quoi nous jugeons ou notre jugement même. Le présage a une valeur propre, indėpendante de notre estimation; il est fondé sur des rapports réels ou des raisons fraisemblables

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