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Enfin, le mot ais est dépréciatif, apparem- | le caractériser en lui-même; dire qu'il est rempli nent parce qu'étant vieux il n'est plus bon qu'à d'erreurs et de calomnies (PASc.), ou de bonnes ignifier des vieilleries, des choses de peu de va-plaisanteries (VOLT.), c'est faire songer à l'au

eur.

teur, à son action, à son délit ou à son mérite. Si les places sont pleines d'indignes sujets, les LAF. affaires se feront mal; si les places sont remplies d'indignes sujets, c'est qu'on a mal choisi.

La table où l'on servit le champêtre repas
Fut d'ais non façonnés à l'aide du compas.
A ces mots il saisit un vieil Infortiat,
Dont quatre ais mal unis formaient la couverture.

BOIL.

u bien ais désigne, non pas une planche qui
ert, mais une planche ou une partie de planche
ui a servi à quelque usage, un débris. « J. J.
Rousseau est un malheureux singe de Diogène
ui croit s'être réfugié dans quelques vieux ais
e son tonneau. » VOLT. « Les Athéniens, jetant
es ais et des portes à l'endroit où le marais était
implement boueux et plus ferme qu'ailleurs, ils
mportèrent la plus grande partie du fossé,
près avoir eu l'avantage du combat.» ROLL.
Ses ais demi-pourris (du lutrin), que l'âge a rela-
chés,

Sont à coups de maillet unis et rapprochés. BoIL.
Périssons, s'il le faut; mais de ces ais brisés (du
lutrin)

Entralnons, en mourant, les restes divisés. Bom.
Deux ais pourris sur trois pieds inégaux

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Enfin, comme rempli marque le résultat d'une action, il exprime plutôt quelque chose d'accidentel. Alexandrie était une ville pleine d'étrangers; a à l'époque des fêtes dyonysiales, la ville d'Athènes était remplie d'étrangers. » MARM. Un homme est plein de lui-même en général et toujours; il est rempli de lui-même, lorsqu'il vient d'obtenir quelque succès, de remporter quelque avantage. Une rivière est pleine de poissons (ACAD.); un jour de première représentation on trouve la salle de spectacle remplie de monde (LES.). Dans une ville populeuse, les rues sont toujours pleines de monde; lorsqu'un prince visite une ville, toutes les rues par où if passe sont remplies.

1° PLUS (DE), D'AILLEURS, OUTRE CELA; 2° AU RESTE, DU RESTE, AU DEMEURANT, AU SURPLUS. Ces locutions adverbiales ou ces différentes manières de parler servent à marquer l'addition d'une nouvelle raison, d'un nouveau trait, à ce qu'on a déjà dit.

Formaient la table où les époux soupèrent. VOLT. PLEIN, REMPLI. Qui contient tout ce qu'il eut contenir; qui abonde en quoi que ce soit. C'est ce qu'expriment simplement de plus, Plein est un adjectif : il marque une qua- d'ailleurs et outre cela. Pour réussir, il ne suffit ité. Rempli est un participe: il signifie une pas de le vouloir; il faut de plus, d'ailleurs ou qualité qui est l'effet d'une action. Plein quali- outre cela, c'est-à-dire encore, être secondé par ie le sujet comme étant tel; et rempli le qua- les circonstances. Mais au reste, du reste, au lifie comme étant tel par suite d'une modification demeurant et au surplus joignent à cette idée de subie. Aux noces de Cana, les vases se trouvè- quelque chose de nouveau l'idée que ce qu'on rent pleins de vin; c'était un miracle, car cha- ajoute amène la fin ou la conclusion du discours, cun les avait vus d'abord remplis d'eau. Pharaon de ce qu'il y avait à dire. Ils ne sont pas seulevit en songe sept épis pleins et sept épis vides; ment additionnels, mais complémentaires; ils un animal vorace mange jusqu'à ce qu'il soit reviennent, non pas à encore, mais plutôt à enrempli (BUFF.). Des femmes, dont le cœur est fin. Tel homme est un bourru; au reste, du plein de bons sentiments, a s'en vont de la co-reste, au demeurant, au surplus, c'est-à-dire médie le cœur rempli de toutes les beautés et de toutes les douceurs de l'amour. » PASC. « En vain on au rait un cœur plein de justice (qualité naturelle) et un esprit rempli de justesse (qualité acquise, on ne peut parvenir à aucune magistra

ture

sans argent. VOLT. Des bergers pleins d'ignorance, comprennent que Jésus-Christ est le Sa uveur des hommes; « d'où leur est venue cette science de Dieu dont ils sont remplis ? » BOURD.

Au figuré, être plein d'une chose annonce la préoccupation: « Je vous conte tout cela parce que j'en suis plein. » VOLT. Etre rempli indique une influence subie et suppose qu'on a été touché, frappé, pénétré. « Remplis de la mort de Jésus-Christ qui vient de nous être remise devant les yeux. » Boss. « On n'est touché que de cela, on en est rempli et possédé. » BOURD. Des soldats courageux vont au combat pleins d'ardeur; des soldats vont au combat remplis d'ardeur, quand ils ont été animés par une allocution.

Plein fixe uniquement l'esprit sur le sujet qualifié; rempli rappelle le verbe remplir, l'action de remplir et celui qui remplit. Dire qu'un livre est plein de bon sens (Sév.) ou de défauts, c'est

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pour l'achever de peindre, pour ce qui reste ou pour ce qu'il y a de plus à en dire, il a un cœur excellent.

1° De plus, d'ailleurs, outre cela.

De plus ne se distingue par aucun accessoire, n'a rapport qu'au nombre, sert uniquement à multiplier les raisons, les traits, les détails. « Les principales raisons des pyrrhoniens sont que nous n'avons aucune certitude de la vérité des principes...; de plus, que personne n'a d'assurance, hors la foi, s'il veille ou s'il dort. » PASC. « Outre que vos pères Reginaldus, etc., l'ont permis dans la spéculation, comme je l'ai déjà dit, j'ai à vous dire de plus que vous avez plusieurs auteurs qui l'ont permis en mots propres. ID. « Montécuculli confessa son crime à la question, et déclara, de plus, qu'il avait été suborné par Antoine de Leve. » Boss. « Il n'était jamais permis aux marchands de risquer le bien d'autrui, et ils ne pouvaient même risquer que la moitié du leur. De plus, ils faisaient en société les entreprises qu'ils ne pouvaient faire seuls. » FÉN. « Les plantes fournissent des aliments aux sains et des remèdes aux malades.... De plus, les arbres fruitiers, en penchant leurs rameaux vers

D

la terre, semblent effrir leurs fruits à l'homme.» ID. « L'archimandrite reçut un présent fort honnête, et, de plus, sur l'esprit de son secrétaire, des compliments.... » J. J. « Flaccus avait une avarice insatiable...; de plus, un commandement capricieux et fantasque. » ROLL.

Il est, selon l'usage, Venu maint créancier; de plus, un gros visage, Un maître de trictrac qui ne m'est pas connu.

REGN.

bien la vieille la plus grognon que je cons
ma vie. » J. J. « M. Le Maître, bon compositer
fort vif, fort gai, jeune encore, assez bien in
peu d'esprit, mais au demeurant très-
homme. » ID.

Or bien, dit-il, qui l'a fait si se taise:
Au demeurant, qu'il n'y retourne plus. Lar
Voilà quel est en bref le compagnon.
Au demeurant, assez haut de stature,
Large de croupe, épais de fourniture,
Flanqué de chair, gabionné de lard. J. B. Roca,
Marot termine ainsi le portrait de son valet:
Sentant la hart d'une liene à la ronde;

Au demeurant, le meilleur fils du monde. Buffon se sert de ce mot, non pas familièrement mais pour exprimer la familiarité à la fin de description qu'il fait de l'oiseau appelé par lule

D'ailleurs annonce un autre raison, quelque chose d'espèce différente, et emporte une idée de diversité. « Le chancelier ennemi des supplices. et d'ailleurs assez favorable aux protestants, conseillait cette douceur à la reine. Toss. « Ce n'est pas pour rabaisser Aristote, que l'on a tiré ces exemples de ses livres; et il est visible d'ail- | leurs que les points où on l'a repris sent de très-moqueur : « Au demeurant, c'est un oiseau asse peu d'importance. » P. R. « Travaillez avec con- familier qui semble aimer l'homme, s'approtie fiance, et n'allez pas vous figurer que vous des habitations et vient se percher jusque sur le manquez de talent; vous en avez plus que vous cheminées. >> ne pensez. D'ailleurs l'amour du bien, la vertu. la générosité, vous élèveront l'âme.» J. J. Comme je re ardais cette condescendance de ma part comme un acte de lâcheté, et que d'ailleurs je ne voulais pas donner au peuple (en ne communiant pas) un nouveau prétexte de crier à l'impie, je refusai net le ministre. » ID. « On consent que Pyrrhus aurait pu tailler entièrement en pièces les Romains s'il les avait poursui vis plus vivement. Mais sa coutume n'était pas de Fousser les ennemis vaincus à toute outrance. D'ailleurs la nuit qui survint arrêta la poursuit et mit en sûreté les fuyards. » ROLL.

Au surplus s'emploie surtout quand il est question de choses qu'on compte ou qu'on appris cie. « Je fis l'amant (le héros de la Nouvelle Hloïse) aimable et jeune, lui donnant au surplus les vertus et les défauts que je me sentais. » J.¡ Don Diègue, sûr du courage de son fils, à qui vient d'apprendre son aff. ont et de commander vengeance, poursuit:

Meurs, ou tue. Au surplus, pour ne te point flatter Je te donne à combattre un homme à redouter. CORY. Après avoir fait connaître extérieurement par la date de l'impression, ainsi que par les noms des imprimeurs et des auteurs, deux réponses farte à l'un de ses traités, Bossuet dit à la fin : « Av surplus, j'avouerai que ces réponses sont toute deux de bonne main, toutes deux vives, tout deux avantes. » « Il a quelques défauts, m

PLUS, MIEUX. (Aimer PLUS, aimer MIECT Plus et mieux sont des particules comparatives Aimer plus et aimer mieux emportent aussi uze idée de comparaison et quelquefois de prefrence.

Outre cela emporte une idée d'abondance ou même de surérogation, et indique une raison qui va outre, qui enchèrit, qui augmente la force d celles qui suffisaient par elles seules. « Je vous demande si je dois être garant d'autre chose que de ce que je cite d'Escobard, et s'il faut, outreau surplus il est honnête homme.» ACAD. cela, que je réponde des citations qu'il fait lui même dans les passages que j'en ai pris. » PASC. « L'anonyme dit : J'aurais souhaité que M. Bossuet nous eût rapporté les termes d'Ama larius. Aussi l'avais-je fait; et outre cela, j'avais expressément marqué l'endroit où il les aurait pu trouver. Boss. « M. Despréaux n'a pas seulement reçu du ciel un génie merveilleux pour la satire, mais il a encore, outre cela, un jugement excellent qui.... » RAC. « Je n'avais pas un sou de rente; mais j'avais un nom, des talents, j'étais sobre. Outre cela, quoique paresseux, j'étais laborieux cependant quand je voulais l'être. »> J. J.

Mais plus a rapport à la quantité, et mieur a la manière; de là une difference souvent tres remarquable. a Jamais injustice ne fut plus her reuse ni mieux colorée. » VOLT. « La musique et la poésie par excellence, c'est la poésie ou musique qui peint le plus et qui exprime le mieux. » MARM. « L'amour qui se cache le plus n'est pas toujours celui qui se cache le mieur. JD. « Il faut s'enquérir, non quel est le plus st

2o Au reste, du reste, au demeurant, au sur- vant, mais le mieux savant. MONTAIGN. plus.

La différence entre au reste et du reste a été établie dans la Ire partie, p. 67.

Au demeurant est familier; circonstance suffisamment caractéristique et qui rend superflue toute autre détermination. « Cet honnête homme m'avait ci-devant escroqué dix louis. Il fut chassé de la maison. C'est au demeurant un homme d'honneur, loué dans les journaux, et à qui Rousseau a, je crois, adressé une épître. » VOLT. Mme Clot, bonne femme au demeurant, était

Vous témoignez en tout une bonté profonde,
Et joignez aux bienfaits un air si gracieux,
Qu'on ne vit jamais dans le monde
De roi qui donnât plus, ni qui sût donner mieus.

LAF

Aimer plus et aimer mieur diffèrent de même

mère a plus de tendresse; le père a une affection La mère aime plus, le père aime mieur: A mieux entendue, il aime bien, et qui aime te bien châtie, emploie au besoin les corrections. Dans les Fâcheux de Molière, Eraste, somme de

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En fait d'amour, la quantité ou le degré épend de la sensibilité, du cœur, et la manière, e l'esprit ou de la raison. De là une autre difféence entre aimer plus et aimer mieux, quand es deux locutions marquent une préférence. Aimer plus indique une préférence de goût, n plus grand attachement. Elle a perdu son Is aîné qu'elle aimait plus que sa vie. » SEV. Je me sens pour vous de la tendresse; et, après les chevaux, vous êtes la personne que j'aime plus.» (Maître Jacques à Harpagon, dans Avare). MOL. « J'aimais l'auteur de cet artile, mais j'aime encore plus la vérité. » VOLT. On dit que les mères aiment plus leurs derniers Infants qu'elles ont dans un âge avancé. » ROLL. Diane de Foitiers fit donner la charge de rand maître de l'artillerie à Charles de Cossé de Brissac, celui de tous les seigneurs qu'elle aimait e plus, et qui avait le plus d'agrément. » Boss. Plus d'une fois Mithridate, au moment d'un langer ou d'une défaite, fit périr celle de ses emmes qu'il aimait le plus. » LAH.

d'une manière absolue, et après lui il ne faut jamais mettre de que, parce que le second terme est sous-entendu ou énoncé auparavant. L'aîné est plus riche que le cadet; le cadet est riche, mais l'aîné l'est davantage. « Y a-t-il plus de perte que de gain? Il y en a davantage. » COND.

On ne dit pas ou du moins on ne dit plus davantage que. Davantage ne se prend point dans le sens relatif et développé. Mais plus s'emploie très-bien d'une manière absolue, tout comme davantage, auquel cas les deux mots diffèrent encore.

Plus est précis; davantage, vague. On se sert de plus pour exprimer une supériorité d'espèce appréciable, ou d'une mesure fixée; et de davantage pour indiquer une supériorité indéterminée par sa nature ou de fait. Les Scythes disent à Alexandre dans Quinte-Curce : « A mesure que tu as pius, tu désires davantage. » LAB. « Ce qui se rapproche le plus de nos mœurs est toujours ce qui nous plaît davantage. » VOLT. « Le climat a quelque puissance; le gouvernement cent fois plus; la religion jointe au gouvernement encore davantage.» ID. Selon l'oracle du Sauveur, celui à qui on remet le plus aime davantage. Boss. De mes deux campagnes l'une me rend plus, l'autre me plaît davantage.

D

On dit avec la négation, je n'en dirai, je n'en veux, ne m'en demandez, etc., pas plus et pas davantage. Alors plus est matériel, et davantage formel. Je n'en dirai pas plus, je ne donnerai Aimer mieux signifie une préférence d'option, pas de nouveaux détails, je ne ferai pas d'autres léterminée, non par le sentiment, mais par l'in- révélations; je n'en dirai pas davantage, je ne telligence, par des raisons, et qui consiste à parlerai pas plus longtemps. Je n'en veux pas prendre une chose et à rejeter l'autre, au lieu plus, j'ai assez de la chose dont il est question, que, quand on aime plus, on préfère l'une, j'en possède une assez grande quantité, un assez mais on ne rejette pas l'autre, on accorde seule- grand nombre; je n'en veux pas davantage, je ment à celle-ci une place inférieure dans son ne continue pas à en vouloir. Ne m'en demandez affection. Aimer mieux la mort que l'esclavage. pas plus, vous en avez ce qu'il vous faut, ou il Ces peuples belliqueux aiment mieux la mort n'en reste rien; ne m'en demandez pas davanque la paix; les autres aiment mieux la mort que tage, cessez de m'en demander. Les verbes la guerre. Toute opinion peut être préférée à la neutres exprimant une action pure, sans rapport vie dont l'amour paraît si fort et si naturel. » aux choses, aux matières, et pouvant être relatifs PASC. «Est-il permis de s'abandonner à une phi-au degré, mais non à la quantité, ne se disent losophie sauvage, de se préférer à tout le reste du genre humain, et d'aimer mieux son repos que le bonheur de ses concitoyens?» FÉN. Dans l'École des femmes, Chrysalde et Arnolphe disputent sur les avantages et les inconvénients qu'il y a à épouser une femme d'esprit ou une femme bête. Chrysalde dit à Arnolphe :

Une femme stupide est donc votre marotte? à quoi l'autre répond :

Tant, que j'aimerais mieux une laide bien solle, Qu'une femme fort belle avec beaucoup d'esprit. PLUS, DAVANTAGE. Adverbes comparatifs, qui marquent une supériorité.

Mais plus sert à établir explicitement et directement une comparaison; davantage ne fait que donner l'idée d'une comparaison implicite, qu'il abrége, qu'il clôt, qu'il renverse ou qu'il rappelle. Plus est pour l'ordinaire suivi de la conjonction corrélative que, qui amène le second terme ou le terme conséquent du rapport énoncé dans la phrase comparative; davantage s'emploie

qu'avec davantage : ne restez pas, ne courez pas, ne dormez pas davantage.

PLUSIEURS, MAINT. Un certain nombre de choses ou de personnes.

Plusieurs a été formé du latin plus : c'est le mot ordinaire, de tous les styles. Maint a une origine vulgaire, comme l'indique sa ressemblance avec l'allemand mancher, manche, dont la signification est la même aussi ne s'emploiet-il que dans le langage familier. En plusieurs occasions (ACAD.), est une expression qui convient partout; mais dans une simple lettre J. J. Rousseau écrit: « J'étais à Genève, gai comme pinson, pensant d'ici avoir maintes occasions de vous assurer de mes profonds respects. »

a

Outre cela, l'idée de plusieurs est moins étendue que celle de maint. Plusieurs veut dire plus d'un; pas davantage. « A choses égales, un vaut toujours mieux que plusieurs. » FÉN. « Aristote soutient que l'Etat monarchique est le plus parfait de tous les Etats, parce que dans les autres

il y a plusieurs personnes qui gouvernent. » ID. | liqueur formée dans le corps d'un animal, et tu « Plusieurs faibles, ligués contre un puissant, peut lui nuire à lui-même, ou plus souvent lui imposent la nécessité de modérer son ambi- blesser d'autres en s'insinuant dans leurs chair tion et ses violences. » VAUV. « Saint Paul par une morsure ou autrement. Le renin du sz exhorta Timothée à laisser à des personnes fidèles pent, de l'aspic, de la vipère, du scorpion.ce qu'il avait ouï de lui en présence de plusieurs « Fuyez, me dit Mentor; ici la terre ne pore témoins. Ces plusieurs étaient très-peu de gens.» pour fruit que du poison, et les hommes cont Boss. Mais maint est presque l'équivalent de gieux ne se parlent que pour se communiquer u beaucoup, de moult, et même de mille pris in- venin mortel. » FÉN. définiment. « Il m'a dit maintes belles paroles, m'a fait mille protestations d'amitiés. » DUDEFF. Le devoir d'une femme engage à mille choses; On trouve mainte épine où l'on cherchait des roses.

REGN. Après maints quolibets coup sur coup renvoyés.... LAF.

α

<< Aristote a, comme tous les autres hommes,
mêlé maintes erreurs avec quelques vérités....
Hélas! il en a tant mêlé, que.... » VOLT. « Il est
selon les statuts de dégrader un chevalier de
l'ordre pour certains crimes, surtout de félonie,
dont il y a de grands exemples, et en nombre; à
plus forte raison est-il en la disposition du roi
de faire défaire un officier de l'ordre de sa
charge, dont il y a aussi maints exemples. » S. S.
— On dit maint et maint, comme on dit mille et
mille.

De lå nattront engins à vous envelopper,
Et lacets pour vous attraper,

Enfin mainte et mainte machine.... LAF.
Il n'était point d'adresse à mon adresse égale,

Et j'ai baltu le fer en mainte et mainte salle. MOL. Plusieurs fois signifie plus d'une fois, c'est-à-dire peut-être deux ou trois fois; maintefois revient à bien des fois, mille fois, souventefois ou sou

vent.

Lorsqu'il est question de ce qui peut altére plus ou moins la vie d'un homme, poison indique toujours quelque chose d'extérieur et de reçu, au lieu que parfois venin signifie quelque chose d'intérieur et de produit dans l'homme lui-même. Le duc de Bourgogne étant mort, des médecins procédèrent à l'autopsie, et prétendirent aperce voir le plus violent effet d'un poison très-subtil; mais Maréchal soutint que ce qui avait tué le prince était un venin naturel de la corruption de la masse du sang (S. S.). « Le grand crédit des pécheurs est un fléau que Dieu leur envoie: c'est donner le moyen à un malade de jeter du poison sur une plaie déjà mortelle; c'est metre le feu à une humeur maligne dont le venin nous dévore déjà les entrailles. Boss.- Pareillement au figuré, une passion dont le principe est hors de l'âme est un poison, et une passion conçue dans l'âme même est un venin. « L'effronterie porte toujours un poison plus sûr dans les cœurs que toutes les grâces d'une beauté chaste et pudique. MASS. « Les succès de nos frères forment un poison secret dans notre cœur, qui répand l'amertume sur toute notre vie. » ID. Le renin de la haine (Boss.), de la malignité (ID.), de l'animosité (J. J.), de l'ennui (PASc.), de l'hypocrisie (ID.). « L'enfer m'a soufflé son poison, » dit un jaloux dans Molière. « Le jaloux est toujours occupé à se remplir de fiel et de renin.» Boss.

D

D'ailleurs, le poison empoisonne; il produit actuellement l'effet marqué par ce mot; et le venin est la qualité d'une chose venimeuse, c'est

Enfin, il se peut que plusieurs, comme son primitif plus, et à la différence de maint, soit comparatif, c'est-à-dire ait rapport à un autre nombre. << De toutes ces choses, il y en a plusieurs à rejeter. » ACAD. « J'en ai donné divers exemples, outre plusieurs autres qui se trouve-à-dire qui a seulement la faculté d'empoisonner. ront dans mes remarques. » VAUG.

POISON, VENIN. Au propre, ces mots désignent certaines choses qui peuvent attaquer les principes de la vie par quelque qualité maligne; au figuré, ils se disent de choses capables de blesser l'ame ou qui tendent à détruire les principes de la morale ou de la religion.

Poison, de potio, potion, boisson, signifie primitivement un breuvage préparé pour donner la mort, et ensuite toute substance végétale ou minérale qui, étant avalée ou même appliquée extérieurement, est capable de causer cet effet. Il saura que ma main lui devait présenter

En conséquence, le poison est plutôt mortel, et
souvent le venin n'est que dangereux. Comme
le serpent laisse un venin dangereux sur les
fruits dont il a goûté, le premier pécheur, en
usant, contre l'ordre de Dieu, des biens de la
terre, les infecta, et en fit pour ainsi dire un
poison mortel. » MASS. Racine emploie le mot
poison comme équivalent à mortel venin dans ces
vers si connus de Mithridate:

J'ai pris soin de m'armer contre tous les poison
J'ai su par une longue et pénible industrie
Des plus mortels venins prévenir la furie.
-Le poison est plutôt considéré comme agissant,

Un poison que votre ordre avait fait apprêter. RAC. comme exerçant présentement ses ravages; un

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poison lent. Nous nous représentons plutôt le
venin comme une matière contenue dans la
chose simplement, et qui ne fait pas sentir effec-
tivement sa force: avoir du venin, un homme
sans venin. « C'est par vous
(grands de la terre,
qui protégez le théâtre et les arts qui s'y rappor
tent) que ce poison infecte les villes et les pro-
vinces.... Les livres de nos poëtes passeront entre
les mains de nos neveux, et vos crimes se mu
tiplieront avec le venin dangereux qu'ils portent

2

vec eux. » MASS. - Des regards portent dans les
eurs le poison de l'amour :

D'un regard enchanteur connaît-il (Britannicus) le
poison?
RAC.

De beaux yeux renferment le venin de l'a

lour. »

Oui, fit-elle, vos yeux, pour causer le trépas,
Ma fille, ont un venin que vous ne savez pas. MoL.
PONTIFE, PRÉLAT, ÉVÊQUE. Chef ou prince
e s prêtres.

violet. « La foi de l'Eglise étant suspendue par le spectacle nouveau de deux pontifes dont chacun prétend être l'oint du Seigneur..., saint Bernard paraît au milieu des prélats du royaume assemblés à Etampes pour prononcer sur ce différend; tous les pères du concile respectent en lui je ne sais quelle autorité. » MASS. α S'il y a dans l'exercice du ministère des confesseurs quelques abus à réformer, laissons- en le soin aux prélats et à ceux qui ont autorité dans l'EPontife, latin pontifex, est de ces trois mots le glise. » BOURD. — Quelquefois le nom de prélat eul qui ait été employé avec ce sens dans l'anti-se donne en particulier à un évêque; mais c'est ité païenne. C'est encore aujourd'hui le seul dans le style ordinaire, et quoique ce soit un ui se dise en parlant des grands prêtres de tous titre honorable, il n'a pas l'emphase de pontife, es peuples anciens, y compris les Hébreux. Ap-il ne marque pas tant de grandeur et d'éclat. liqué aux chefs du culte chrétien, il exprime « Six évêques firent des remontrances au roi quelque chose de grand, d'auguste, de majes- Jacques. Ils furent conduits à la Tour.... Les solueux, et ne convient guère qu'à l'égard de Jé- dats finirent par se jeter aux pieds de ces prélats us-Christ et du pape. « Jésus-Christ est le pon- qu'ils conduisaient à regret. » COND. « Payons life éternel d'une nouvelle alliance. » MASS. « Je les dettes d'un vieil évêque obsédé par ses créanais ce que je dois à la sainte horreur du sanc- ciers. On veut qu'il fasse des délégations qui le uaire où le pontife éternel est toujours vivant, réduiraient à vivre bourgeoisement. Bourgeoifin d'intercéder pour nous. » ID. « Il faut consi-sement! ah! quel affront on veut faire à un préérer Jésus-Christ comme le pontife de la loi lat! » LES. ouvelle, le grand prêtre assis à la droite de Dieu. BOURD. « Dans la consécration des papes, n fait passer devant les yeux du nouveau ponife quelques étoupes que le feu consume. » ID. Les Espagnols recurent ordre de l'empereur de nettre le pape en liberté; mais ce pontife se dé guisa en marchand....» Boss. Que si on se sert quel quefois de pontife pour désigner un cardinal, un irchevêque ou tout autre ministre de Dieu moins aut placé que le pape, c'est en termes de liturgie ou dans le style relevé, dans l'oraison funèbre, par exemple, et quand on veut présenter le personnage dont il est question sous son point de vue le plus illustre, le plus glorieux. Massillon, dans l'oraison funèbre de messire de Villeroy, archevêque de Lyon, dit : « Il est glorieux, je l'avoue, à un pontife sacré, d'avoir été, ce semble, formé des mains du Très-Haut, pour ménager les intérêts des rois et la fortune des royaumes: c'est sans doute un endroit éclatant, et l'on peut en faire honneur à sa mémoire. >> Et un peu plus loin : « Telles étaient les ruines de la maison du Seigneur, quand nous y vîmes entrer notre nouveau pontife. Quelles furent nos Bacclamations et nos tendres réjouissances! »

Prélat, du latin prælatus, porté ou placé avant, distingué par sa place, n'est usité que #par rapport au christianisme et même au catholicisme. Il désigne un des hommes qui composent bole conseil, et, pour ainsi dire, l'état-major de la religion, sous la haute direction du pape, à qui est réservé le nom de pontife. « Aussi voit-on les souverains pontifes vêtus de leur habit de cérémonie, qui les fait reconnaître entre tous les prélats de l'Eglise.» BOURD. On appelle prélats les patriarches, les cardinaux, les primats, les archevêques, les évêques, les légats, les chefs d'ordres religieux, les abbés ou prieurs de couvents, tous ceux en un mot qui possèdent une dignité considérable avec une juridiction spirituelle, et, de plus, tous ceux des ecclésiastiques de la cour de Rome qui ont droit de porter le

Evêque, du grec éñíσxоños, inspecteur, surveillant, intendant, est le nom propre et vulgaire des prélats chargés de veiller au gouvernement d'une Eglise, comme les curés, de cura, soin, sont les curateurs d'une paroisse, pourvoient à ses besoins spirituels. « Si les affaires étaient jugées à Rome, les évêques étaient dans la nécessite d'abandonner leurs églises. » COND. « M. de Villeroy endura plus de sollicitations pour se résoudre à subir ce fardeau sacré, que les autres n'en emploient pour l'obtenir; il sut être évêque après l'avoir refusé. » MASS. « Nous remerciâmes Dieu d'avoir donné pour évêque à cette ville celui que le prince lui avait déjà donné pour gouverneur. » ID.

<< Ainsi vous êtes pontife par la puissance et par la hauteur des fonctions que vous exercez dans l'Eglise; vous êtes prélat par la dignité et par le rang que vous occupez dans la hierarchie ecclésiastique; vous êtes évêque par la consécration et par le gouvernement spirituel que vous avez d'un diocèse. Le pontificat est une domination; la prélature, une distinction; l'épiscopat, une charge. La domination du pontife lui donne le droit de commander et de présider; la distinction du prélat lui attribue la préséance et des prérogatives honorifiques; la charge d'évêque impose le devoir de veiller et de pourvoir aux besoins spirituels d'un troupeau. » ROUB.

PORTER, POUSSER, MOUVOIR. Ces trois verbes sont pris ici au figuré, en tant qu'ils signifient agir fortement sur la volonté de quelqu'un pour le déterminer à faire quelque chose.

Mais porter annonce une action facile, et pousser une action faite avec effort. Celui qu'on porte à faire une chose n'oppose point de résistance. « Voilà ce que la nature nous inspire (selon Zénon), à quoi elle nous porte, l'honnêteté et la vertu. ROLL. « Son caractère le portait à la réflexion. BARTH. Plus je considère ce qui me porte dans ce cas à tel mouvement plutôt qu'à tel autre, plus je ressens clairement qu'il n'y a

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