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OBÉISSANCE, SOUMISSION. L'une et l'autre nsistent à se conformer à ce que les autres veuit.

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Telle est la différence principale; les suivantes en dérivent.

L'obéissance peut être forcée. « Les animaux L'obéissance regarde la conduite, la soumission sans raison, qui n'ont pas été domptés, obéissent sentiments. On obéit aux ordres de quel-d'une obéissance forcée qui leur laisse toute leur férocité. » MASS. La soumission est toujours volontaire, quelque puissants que soient les motifs qui y déterminent; elle étouffe toute révolte intérieure et supprime les murmures.

D

Obéissance exprime plutôt un fait particulier, et soumission une disposition générale et constante. On connaît l'obéissance d'Isaac (Mass.). « Certains maris débonnaires ne servent dans

timide et d'une parfaite soumission. » LABR. « Les Pères de l'Eglise, après s'être efforcés de persuader aux enfants une humble et fidèle soumission, ont été les premiers à les décharger de toute obéissance, dès qu'il était question d'embrasser un état où leur salut devait être en danger. » BOURD.

l'un, c'est-à-dire qu'on les exécute; on se souet à la volonté de quelqu'un ou à une autorité, est-à-dire qu'on s'y tient dévoué ou respectueument attaché. « Les vérités qui sont propres à ndre les hommes doux, humains, soumis aux is, obéissants aux souverains, intéressent l'E1, et viennent évidemment de Dieu.» VOLT. ossuet écrit à l'abbesse d'un couvent : « Prenez soin particulier de vos filles qui sont à rece-leur famille qu'à montrer l'exemple d'un silence Dir: faites-leur promettre d'entrer dans un esprit Fa soumission particulière, et de se gouverner ar la règle et l'obéissance, et non point par les temples. Cet orgueil secret poussa Adam à émanciper de l'obéissance due à son souverain ‚ à son Dieu.... Il y a des lois sí vénérables que ous ne pouvons presque nous départir de l'attalement respectueux et de la soumission qu'elles L'obéissance est moins étendue que la soumisigent de nous. » BOURD. L'obéissance est sion; elle n'est qu'active et ne consiste jamais rompte ou exacte; la soumission est humble, qu'à agir selon la volonté d'autrui. La soumission arfaite ou entière. « Les mages n'ont été grands est aussi passive; elle n'assujettit pas seulement la ue pour faire paraître une obéissance plus liberté d'agir, mais aussi les mouvements du cœur rompte et une soumission plus entière. BOURD. et ceux de l'esprit ou de la réflexion : elle fait ar une feinte obéissance on fait semblant d'exé-souffrir avec patience, recevoir avec résignation, uter ce qui est commandé; par une feinte sounission on en impose sur ses dispositions intéieures. On peut prescrire l'obéissance, mais seu.ement prêcher ou persuader la soumission; les sentiments ne se prescrivent point : « Il n'y a Enfin, l'obéissance est plutôt objective et a rapaucune secte de religion qui ne prescrive l'obéis-port à celui qui commande: un conquérant range sance et ne prêche la soumission. » MONTESQ.

La volonté n'a pas nécessairement de part à l'obéissance; ce mot n'exprime que le fait matéiel, à moins qu'on n'ajoute formellement que C'est dans un esprit de soumission qu'on obéit. Dieu veut que nous obéissions à l'Église avec ine entière soumission de cœur. » BOURD. « C'est par son obeissance héroïque, par sa parfaite soumission aux ordres de Dieu que Marie fut élevée la maternité divine. » ID. Rien de plus are qu'un entier assujettissement de la volonté. Qu'est-ce souvent que notre obéissance ? une obéissance de politique, une obéissance de respect humain, une obéissance de contrainte, une obéissance d'habitude, une obéissance d'artifice.» ID. a Seigneur, je recevrai toujours vos ordres avec soumission, et j'y attacherai mon cœur. » ID.-Dans son Abelard, M. de Rémusat dit d'Héloïse: « Elle vécut, puisqu'on le voulait, paisiblement, saintement, elle asservit et sacrifia sans résistance toutes ses actions à ce que réclamaient d'elle le ciel et son amant; mais inconsolable et indomptée, elle obéit et ne se soumit pas, elle accepta tous ses devoirs sans en faire beaucoup de cas, et son âme n'aima jamais ses ver

tus. >

certains maux; et, d'autre part, elle nous fait renoncer à nos propres lumières pour en suivre d'autres avec docilité, celles de la foi par exemple.

les peuples sous son obéissance. La soumission est subjective et se rapporte davantage à celui qui reçoit les ordres : des peuples conquis viennent présenter leur soumission au vainqueur.

OBLIGER, CONTRAINDRE, FORCER, VIOLENTER, NÉCESSITER. Tous ces verbes expriment des actions qui attaquent la liberté de quelqu'un ou y sont contraires.

Entre obliger et forcer la différence est palpable. Ce qui oblige lie, fait un devoir; ce qui force emporte d'assaut ou comme d'assaut. On doit faire, on ne peut guère moralement se dispenser de faire ce à quoi on est obligé; il faut qu'on fasse, il est physiquement et absolument impossible de ne point faire ce à quoi on est forcé. L'obligation restreint l'indépendance; la force détruit ou supprime la liberté. « Aristagore parcourut l'Ionie où il obligea tous les tyrans, par son exemple, par son crédit et peut-être aussi par la crainte d'y être forcés malgré eux, à renoncer à leur autorité. » ROLL. « Artaxerxe victorieux ne put obliger les dix mille poser volontairement les armes, ni les y forcer. » Boss. « Gaston de Foix (gouverneur du Milanez) put bien forcer le clergé à célébrer, et le peuple à se taire; mais il ne put point les obliger à avoir pour

le concile le respect que méritait un si grand nom. ID. N'est-on obligé d'obéir qu'autant qu'on y est forcé, et en est-on dispensé sitôt qu'on peut faire résistance?» J. J. « A l'instant que le gouvernement usurpe la souveraineté, le pacte social est rompu; et tous les simples citoyens, rentrés de droit dans leur liberté naturelle, sont forcés, mais non pas obligés d'obéir. » ID.

ment faire le bien.» PASC. « Nous apprent partout (dans ce livre) que, lorsqu'on reçoi grâce qui fait actuellement garder les précepte elle ne nécessite jamais notre libre arbitre. Bos « Chacun croira que la saine doctrine consiste, croire qu'on est nécessité à suivre toujours le ph grand plaisir. » FÉN. « Locke était un philosoph qui, n'établissant pas de faux principes, n'et point nécessité à tirer de fausses conséquences. LAH. « On concevra facilement que ces molécule organiques, ne pouvant plus pénétrer les partiz qu'elles pénétraient auparavant, seront nécess

mépris tombait bien plus sur la constitution des divers Etats que sur les sujets qui les remplissent, et qui, par cette constitution même, sort nécessités à être ce qu'ils sont.» J. J.

OBSCUR, TENÉBREUX, SOMBRE. Où manque la lumière, la clarté.

Contraindre, du latin constringere, serrer fortement, étreindre, tient le milieu entre obliger et forcer. Ce qui oblige engage; ce qui contraint presse vivement; ce qui force décide invincible-tées de prendre une autre route. ■ BUFF. « Ce ment. Obliger annonce une influence douce; contraindre, une influence pressante; et forcer, une influence souveraine, irrésistible. La loi, la morale, la charité, le serment, une parole donnée, obligent; les considérations graves, les importunités, les obses ions, les besoins urgents, les persécutions, les poursuites judiciaires ou autres, contraignent; la puissance ayant, ou ayant, pour ainsi dire, les armes à la main, force. Dans les Amants jaloux de Lesage, Angélique dit à Cléante, au moment d'accepter la main de Damis « Souvenez-vous au moins que vous m'y obligez..., que vous m'y contraignez..., que vous m'y forcez. » Contraindre dit donc plus qu'obliger et moins que forcer. « On est étonné de voir Néron obligé par degrés de se tuer, sans aucune raison qui l'y contraigne. » MONTESQ. « Des élections contraintes et forcées. » ROLL.

Violenter ressemble beaucoup à forcer, comme la violence à la force. Cependant la violence est une force emportée, brutale, qui se porte à des violences, à des sévices, à de mauvais traitements; en sorte que violenter, mot familier, ou au moins du style commun, signifie forcer à coups de poing ou en montrant le poing, en battant ou en menaçant de battre. Ils reviennent contre leur signature. Ils soutiennent qu'on les a violentés chez le procureur, qu'on les a battus, qu'on les a menacés de la corde s'ils ne signaient pas. VOLT. Voilà l'homme qui nous a violentés, qui ne nous a parlé que de cachots, qui nous a battus pour nous dépouiller de notre bien. » ID. « Pilate condamna Jésus-Chrit avec répugnance, violenté par les cris et par les menaces des Juifs.» Boss. On leur arracha cette faute (à Luther et aux siens), dit M. Basnage. Quoi ! leur fit-on violence pour souscrire à cet acte? Leur fit-on voir des épées tirées ? Les enferma-t-on du moins? Les menaça-t-on ? On leur promit des monastères à piller.... C'est ainsi que Luther, Bucer et Mélanchton sont violentés, selon M. Basnage.»

ID.

α

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Une simple différence de degré sépare d'abord obscur de ténébreux. Ce qui est obscur est sans lumière; ce qui est ténébreur est plein de tenèbres, c'est-à-dire d'une obscurité épaisse (voy. Obscurité, ténèbres, nuit). « La lune semblait vouloir honorer le soleil, en paraissant claire et illuminée par le côté qu'elle tournait vers lui; tout le reste était obscur et ténébreur.» Boss. Les dieux ont commandé aux étoiles et à la lune d'éclairer la nuit, qui par elle-même est obscure et ténébreuse. » ROLL. « Tant de systèmes obscurs et ténébreux. » COND.-Au figuré, obscur signifie simplement difficile à connaître ou à comprendre; mais ténébreux, qui d'ordinaire exprime la même idée avec plus de force," quelquefois aussi y ajoute l'idée d'un sentiment d'horreur pour la chose ou la personne qu'il sert à qualifier. « Le P. Tellier eût fait peur au coin d'un bois. Sa physionomie était ténébreuse, fausse, terrible. S. S.

α

Du plus saint appareil la ténébreuse horreur,
Les autels, les serments, tout enchaîne Séïde.
VOLT.

De complots ténébreux coupables artisans. Io. Sombre, qui est à l'ombre ou dans l'ombre, a un sens tout particulier. Il marque la privation, noc pas d'une lumière quelconque; mais de la lumière du jour, et de ce qui l'accompagne, de la chaleur, par exemple, ou de la joie que le soleil répand partout dans la nature. Quand Corneille parle de l'obscure clarté qui tombe des étoiles, quand Buffon reconnait deux sortes de chaleur, l'une lumineuse, dont le soleil est le foyer, « l'autre obscure, dont le grand réservoir est le globe terrestre,» sombre à la place d'obscure serait impropre, parce qu'il n'est pas question dans ces exemples de marquer la privation du jour, de la lumière solaire. Mais on doit dire un bois sombre (FÉN., VOLT., BUFF.), l'étude sombre et enfumée d'un vil praticien (LABR..

Non loin de ce rivage un bois sombre et tranquille
Sous des ombrages frais présente un doux asile.
VOLT.

Pour éviter la trop grande ardeur du soleil. les éléphants s'enfoncent autant qu'ils peuvent dans la profondeur des forêts les plus sombres, » BUFF. « Quand la partie septentrionale de l'ile

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le Ceylan jouit de la douceur de l'été, la partie néridionale à son tour est plongée dans un air ombre, orageux et pluvieux. » ID.

Au figuré, obscur, indiquant primitivement le éfaut de la lumière, qui est la condition de la ue et de la connaissance, se dit des choses difciles ou impossibles à distinguer, à comrendre; ténébreux, ou renchérit sur le premier not et signifie trés-obscur, ou s'applique à ce qui st horrible, à ce qui inspire de l'effroi. Mais comme sombre exprime au propre le manque de a lumière du jour, laquelle anime et égaye la ature, la rend toute riante, il a pour accessoire a tristesse. Il y a dans le sujet du Paradis er du je ne sais quelle horreur ténébreuse, un sublime sombre et triste, qui ne convient pas nal à l'imagination anglaise. » VOLT.

Un homme obscur n'est pas intelligible ou 'est pas connu, il ne brille pas. Un homme énébreux est très-inintelligible, comme étaient Héraclite (FÉN.) et Spinosa (MASS.) parmi les phi osophes, ou il est odieux par ses noires machiations, par ses projets enveloppés de voiles mpénétrables :

Artisans ténébreux de fraudes et de brigues. VOLT. Jn homme sombre est triste, chagrin, d'une umeur mélancolique, insupportable à lui-même t aux autres: sombre chagrin (MOL.), sombre | ristesse (MONTESQ.), sombre mélancolie (ACAD., MOL.), vie sombre et retirée (VOLT.), air sombre et sévère (BOIL.), humeur sombre et incompatible (FÉN.).

OBSCURCIR, OFFUSQUER. Diminuer la clarté. Obscurcir, rendre obscur, vient du latin obscurus, mot qui paraît indécomposable. Offusquer a été fait du latin ob, devant, et de fuscus, sombre, obscur.

L'obscurcissement consiste dans une modification de l'objet; et l'action d'offusquer, dans l'interposition d'un corps, qui empêche la vue de objet. Ce qui obscurcit le soleil lui fait perdre de son éclat; ce qui l'offusque lui laisse tout son éclat, mais met entre lui et nous un voile qui ne nous permet plus de le bien voir. Dans le premier cas, c'est la clarté du soleil qui est diminuée, et dans le second c'est la clarté de la vue du soleil. Une lampe venant à manquer d'huile, sa lumière se trouve obscurcie; elle est offusquée toutes les fois qu'il y a devant un corps opaque qui s'oppose à ce qu'on la perçoive. Une maison défectueuse sous le rapport des feginêtres est par cela même obscurcie; elle est offusquée par un bâtiment, un mur, une montagne, ou toute autre chose semblable qui la masque sans peut-être la priver de jour.

Obscurcir appelle l'attention sur l'objet; offusquer fait concevoir un corps intermédiaire et est relatif à un observateur de l'objet. « Les fausses suppositions des philosophes ont obscurci la lumière naturelle de la vérité, et offusqué la raison.» BUFF. Que si, au figuré, obscurcir se prend aussi subjectivement, se dit aussi de la raison, il se distingue toujours de son synonyme en ce qu'il ne suppose point que la diminution d'intelligence est causée par quelque chose qui cache, qui voile, qui intercepte la lumière. Tout

SYN. FRANC.

|

ce qui trouble la raison, tout ce qui la paralyse ou la rend moins puissante, la peur ou la vieillesse, par exemple, l'obscurcit; tout ce qui élève entre elle et la vérité des nuages, l'offusque. « Notre raison est souvent offusquée des nuages de nos passions. BOURD. « On ne cherche que les ténèbres; les fumées s'épaississent autour de l'esprit, et la raison en est offusquée. » Boss.

Dans le discours, une concision excessive et les omissions obscurcissent la pensée, dont elles laissent une partie hors de la vue de l'esprit, « Les omissions de cet auteur obscurcissent la foi. » Boss. Trop de paroles, au contraire, offusque la pensée en créant des embarras qui s'opposent à la vue de l'esprit. « Les grandes éruditions ne font souvent que beaucoup offusquer le raisonnement. ID.

OBSCURCIR, ÉCLIPSER, EFFACER. C'est surpasser quelqu'un par des qualités brillantes; c'est, par son éclat, sa beauté, sa gloire, empêcher d'apercevoir l'éclat, la beauté, la gloire d'un autre ou des autres.

L'action d'obscurcir est la plus faible: elle se borne à faire moins paraître ce que celles d'éclipser et d'effacer font totalement disparaître. Nous haïssons ceux qui nous éclipsent ou nous effacent, et même ceux qui nous obscurcissent. « Tout ce qui brille plus que nous nous blesse; tout ce qui nous efface ou nous obscurcit nous trouve inexorables. MASS. «< Quintilien, en parlant de Ménandre, ne craint pas de dire que, par l'éclat de son nom et la beauté de ses ouvrages, il a obscurci, ou plutôt effacé la gloire de tous ceux qui ont écrit dans le même genre.» ROLL. « La magnificence de ce jeune prélat, le nombre de ses amis et des créatures de sa maison lui attiraient une cour qui obscurcissait en quelque manière celle du souverain. » VERT.

Eclipser et effacer diffèrent aussi.

On éclipse pour un moment, dans une occasion. « Si l'esprit des gens de lettres a quelquefois le malheur d'éclipser celui de l'amateur, ils sont perdus dans son opinion. » MARM. Mais on efface pour toujours. a Cicéron efface la gloire de tous les autres orateurs romains.» ROLL. On a vu s'établir entre le rossignol et d'autres oiseaux des luttes dans lesquelles il s'efforçait de les éclipser; en général il efface les autres oiseaux par ses sons moelleux et flûtés, et par la durée non interrompue de son ramage (BUFF.). Telle femme, à qui il est arrivé d'éclipser les autres dans un bal, est peut-être effacée par plusieurs dans le cours ordinaire de la vie.

Outre cela, éclipser, en raison de sa signification primitive, se dit toujours de qualités éclatantes; ce sont plutôt des qualités solides que suppose effacer. « Ce qu'il y avait de plus admirable à Babylone, ce qui éclipsait tout le reste, était la fille unique du roi, nommée Formosante.... Le dernier qui parut était le roi des Scy. thes: la taille de ce monarque, imposante et majestueuse, effaçait celle de ses rivaux. VOLT. Un jeune homme, qui en éclipse un autre par sa parure, a quelquefois la douleur de voir cet autre l'effacer par son esprit (J. J.)

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Obscurité et ténèbres diffèrent d'abord comme l'abstrait du concret. L'obscurité est quelque chose d'idéal, une qualité, et on dit bien l'obscurité des ténèbres. « Des éclairs continuels formaient un jour (dans cet orage) malgré l'obscurité des ténèbres. » REGN. « Ici commence l'œuvre des ténèbres dans lequel je suis enseveli, sans qu'il m'ait été possible d'en percer l'effrayante obscurité. » J. J. Les ténèbres sont, au contraire, quelque chose de matériel, un objet Dieu sé para la lumière des ténèbres (BUFF.). Etre dans l'obscurité, est une expression communément usitée et qui signifie un rapport local, quelque chose de spirituel qui n'est representable ni aux sens ni à l'imagination. Mais on dit, en considérant les ténèbres comme un nuage, une fumée, des vapeurs, dissiper où percer des ténèbres (ACAD.). Nous marchons dans l'obscurité (PASc.), nous sommes environnés de ténèbres (J. J.). « Portons avec joie le joug de la foi, aimons ses saintes ténèbres, adorons Dieu humblement dans cette vénérable obscurité. » Boss. « Nous aimions mieux les ténèbres que la lumière.... Nous nous plaisions dans l'obscurité. » ID. « Il faut que les enfants s'habituent de bonne heure aux ténèbres; autrement ils pleurent et crient sitôt qu'ils se trouvent à l'obscurité. » J. J. « Ne raisonnez pas avec celui que vous voulez guérir de l'horreur des ténèbres.... On ne voit plus avoir peur de l'obscurité quiconque est accoutumé d'y être. » ID. De ces exemples il résulte que l'obscurité est comme le lieu, une sorte de contenant, une abstraction, au lieu que les ténèbres sont des choses, une sorte de contenu, de corps ou de matière.

héros dont on a célébré les crimes fût ensevel
dans la nuit de l'oubli!» BUFF. « Ces siècles
barbarie sont ensevelis pour jamais dans une m
profonde. » ID. « Nous avions entièrement out
le soleil dans la longue nuit de notre ignorance. »› ̧
Boss. « Bacon, né dans le sein de la nuit la pla
profonde. » D'AL. « La révolution nécessaire de
empires a souvent des causes cachées que la nui
des temps nous dérobe. » ID. « A mesure que le
péché dégénère en habitude, la lumiere de Dis
se retire, les ténèbres croissent et augmentent.
et arrive enfin la nuit profonde et l'aveuglemen.
entier. MASS.

Dieu d'Israël, dissipe enfin cette ombre:
Quand sera le voile arraché

Qui sur tout l'univers jette une nuit si sombre?
Jusqu'à quand seras-tu caché? RAC.

OBSERVER, GARDER, ACCOMPLIR. Suivre e agissant ce qui est prescrit par une loi, une regie ou un commandement.

L'idée propre d'observer est celle d'une confer mité à quelque chose qu'on observe ou qu'on regarde, qu'on a devant ou sous les yeux, et q guide. L'idée propre de garder est l'idée negative de retenue, de respect, de crainte de blesser, d'enfreindre ou de laisser échapper. Observer les bienséances, c'est agir selon ce qu'elles demandent, s'y assujettir : les garder, c'est se donner de garde de les choquer. On observe le silence. quand on obéit à une loi qui ordonne de se taire; on garde le silence, quand on s'abstient ou qu'on ne se permet pas de parler. On dit bien observer la discipline, c'est s'y plier; on ne dit pas observer un secret, mais le garder, c'est prendre garde qu'on ne le sache, avoir soin de ne pas le dire:— L'idée propre d'accomplir est celle de plénitude Ensuite, les ténèbres sont une obscurité épaisse, ou d'achèvement. On n'accomplit pas les bien qui a de la consistance pour ainsi dire, et de là séances, le silence, la discipline ou un secret. vient que le mot de ténèbres se met volontiers ce ne sont pas là des choses qu'on effectue, qu' après celui d'obscurité pour en augmenter la va- réalise par la pratique, qui soient susceptibles leur. « Ces personnes recherchant Dieu ne trou-d'être réduites en actes; mais on accomplit de vent qu'obscurité et ténèbres. » PASC. Plutarque devoirs, une loi ou un commandement, et c'est remarque que le bon Dieu venait d'une très-pure les observer d'une manière accomplie ou complète. lumière, et le mauvais de l'obscurité et des ténè- de tout point. & Souverain législateur, Jesusbres. Boss. Dans le profond abîme de la Tri-Christ voulait que toute la loi fût accomplie jus nité notre foi ne trouve que des obscurités et des ténèbres.» BOURD. L'obscurité a lieu, lorsqu'il n'y a pas assez de lumière pour distinguer les objets; les ténèbres, lorsqu'on ne voit rien, parce qu'on manque tout à fait de lumière. » COND. Au figuré, de même : obscurité annonce simple-point écarter. Les accomplir, c'est faire tout ment de la complication et de l'embarras, et ténèbres une entière confusion, une espèce de chaos. Rollin dit au sujet de l'histoire des successeurs d'Alexandre : « C'est peut-être la partie de l'histoire ancienne la plus compliquée et la plus mêlée d'obscurités et d'embarras.... Je n'ai plus d'auteurs anciens qui puissent me conduire dans ces ténèbres et dans ce chaos. >>

a

La nuit se distingue surtout, sinon uniquement, par l'étendue et la durée. La nuit de la tombe:

Les cruels.

Ont de leur trahison caché la trame impie; Dans la nuit de la tombe elle est ensevelie. VOLT. << Plût au ciel que le nom de tous ces prétendus

ques à un point. » BOURD.

Observer la loi ou les commandements, c'est sy accommoder, y conformer sa conduite. Les garder, c'est être très-attentif, veiller à ne les pont transgresser, à n'y point manquer, à ne se

qu'ils prescrivent sans rien omettre, comme un tâche qu'on remplit entièrement.

fai

Vous observez une méthode, des ordres, dis traditions, vous y avez égard. « En obseruati cette méthode on est sûr de convaincre. » Pas « On croit assez faire pourvu qu'on observe te ordres du général. » Boss. « Jésus-Christ condamne-t-il absolument cette régularité que saient paraître les pharisiens à observer toutes les traditions et toutes les cérémonies? Non. » BOURD. Vous gardez la justice, les règles de la justice, la foi conjugale, vous vous appliquer n'y porter aucune atteinte. « On dirait : J'attends que Dieu me touche pour garder la foi conjugale BOURD. « Gardent-ils dans le jeu la modération

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convenable?» ID. «Vous devez toujours la garder, cette justice. » ID. La justice que vous devez Lagarder entre vous et vos voisins. » FÉN. Garder la neutralité (ID.), les capitulations à l'égard des ze ennemis (ID.), les bornes de la vérité et de la 4› justice (P. R.). — Vous accomplissez les œuvres de la piété ou de la charité, une pénitence, vous y satisfaites pleinement, vous faites jusqu'au bout ce qu'elles exigent. On n'observe pas les règles de la loi de Dieu, on n'en accomplit pas les devoirs. » BOURD. « Quiconque aime Dieu de bonne foi a déjà accompli tous les préceptes dans la disposition de son cœur. » ID. On reprochait aux maximes de Jésus-Christ qu'elles étaient si peu à la portée de la faiblesse humaine, qu'on ne croyait pas que personne pût les accomplir. » MASS. « Tous vos devoirs sont-ils remplis? Les soins de vos places et de vos dignités sont-ils acquittés, les œuvres de la piété accomplies? »

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ID.

α

On observe avec plus ou moins de fidélité : « Il observe les grandes choses avec quelque fidélité. » BOURD. On garde inviolablement des lois (FÉN.), la loi de Dieu (BOURD.): « Il faut que je garde inviolablement les lois de la chevalerie errante. » LES. L'adverbe parfaitement est celui qui va le mieux avec accomplir: « On n'accomplira parfaitement le précepte de l'amour de Dieu que dans le ciel. MAL.

#ODEUR, SENTEUR. Ce que certaines choses nous font éprouver ou percevoir par l'organe du

nez.

a

Odeur, latin odor, est le terme générique et le plus usité. Il se prend au figuré comme au propre met en mauvaise comme en bonne part. Mourir en oder de sainteté; être en bonne odeur, en mauvaise odeur. « Jusqu'à l'âge de deux ou trois ans il ne paraît pas que les enfants soient sensibles ni aux bonnes ni aux mauvaises odeurs. J. J. « J'ai oui dire que les sauvages avaient l'odorat tout autrement affecté que le nôtre, et jugeaient tout différemment des bonnes et des mauvaises odeurs. ID. Odeur dégoûtante (ID.).

3

sensation. Les odeurs servent à distinguer les corps; une personne aime ou craint les senteurs. En disant de certaines plantes qu'elles ont de l'odeur, telle ou telle odeur, vous en faites connaître une propriété; en appelant certains pois des pois de senteur, vous indiquez l'effet qu'ils produisent, non pas sur le sens du goût comme les autres pois, mais sur celui dont le nez est l'organe. Le lièvre laisse après lui une odeur, et c'est par la senteur de sa piste (FÉN.) ou de cette odeur que les chiens le découvrent. Montaigne rapporte, d'après Plutarque, qu'il y a, dit-on, aux Indes des hommes sans bouche, se nourrissant de la senteur de certaines odeurs. » On lit dans Gil Blas: Notre odorat fut saisi tout à coup d'une senteur agréable; nous nous tournâmes aussitôt du côté de l'Orient d'où nous venait cette odeur. >>

QEIL, REGARD, OEILLADE, COUP D'OEIL. ACtion de la vue. Jeter les yeux, un regard, une œillade, un coup d'œil sur quelqu'un.

Entre l'œil et le regard se trouve une double différence qui demande à être indiquée d'abord. L'œil est proprement l'organe, et le regard son exercice, ou bien ce qui en part, ce qui en émane.

α

Il marche sans dessein: ses yeux mal assurés N'osent lever au ciel leurs regards égarés. RAC. Les yeux, quoiqu'on les dise figurément jetės par une personne, ne la quittent point, ne sont pas considérés hors et indépendamment d'elle; les regards, au contraire, sont comme des traits qui se détachent et peuvent très-bien se rapporter à la personne qui les reçoit. « J'étais tenté de sortir de la ville à l'heure même pour me soustraire aux yeux du peuple, dont je ne soutenais les regards qu'avec peine. » LES. « Nelson avait plus de douceur dans les traits et dans le langage. Ses yeux surtout, ses yeux avaient l'éloquence de l'âme. Son regard, le plus touchant du monde, semblait pénétrer jusqu'au fond des cœurs et lui ménager avec eux de secrètes intelligences. » MARM. & Ses yeux, pleins de larmes, suivaient Senteur, ce qu'on sent, ne s'emploie qu'au pro- avec effroi les regards égarés du comte. » ID. pre et désigne toujours quelque chose d'agréable. « J'accablai à cent reprises le premier président Aussi se dit-il particulièrement bien des parfums, de mes regards assenés et forlongés avec persédes essences, de tout ce que l'industrie de vérance. L'insulte, le mépris, le dédain, le trioml'homme compose pour le plaisir de l'odorat. phe lui furent lancés de mes yeux jusqu'en ses « L'humilité est de la nature de ces senteurs pré-moelles. S. S. — D'un autre côté, le mot œil ou cieuses qui ne se conservent jamais mieux que dans un vase bien fermé. » BOURD. « Il y avait des parfums en eaux, en essences, en poudres, en pastilles. Quand tout l'empire de Flore, avec les deux Arabies, et les lieux où naît le baume, seraient distillés, on n'en ferait pas un assortiment de senteurs comme celui-là. » LAF.

Autre différence tout aussi importante. L'odeur est objective: c'est quelque chose qui est dans les objets ou qui en émane. « Les zéphyrs nous faisaient respirer un air plus doux, et emportaient une partie des odeurs des arbres et des fleurs. >> LES. La senteur est subjective: c'est ce qui est senti par le sujet, l'impression qu'il reçoit. « L'effet des senteurs nous paraît par l'impression qu'elles font sur la tête. » Boss. La senteur est l'odeur sentie ou en tant qu'elle fait

yeux, pris pour le fait de porter les yeux quelque part, exprime une action fortuite, vague, involontaire, et non pas active, énergique, attentive, comme est celle que désigne regard, c'est-à-dire action de prendre garde. Qui jette les yeux sur une personne ou une chose la voit; qui jette ses ou des regards sur elle la voit parce qu'il fait effort, ou la voit avec ardeur, en fait l'objet de ses recherches, de son étude, de sa contemplation, de sa considération, de ses égards. Alors notre globe, comme un point de matière abandonnée, échappe à nos yeux et n'est plus un objet digne de nos regards. » BUFF. « C'est sur Alcibiade que la république a les yeux, et que tous les regards s'attachent avidement. » LAH. « Je crois les dames de Sicile de trop bon goût pour être capables de jeter les yeux sur un sujet si peu digne de

D

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