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ontés de quelqu'un, on y coopère; c'est une ni-action, une action aussi peu contraignante e possible et exercée sur l'intelligence, et non le sentiment ou sur l'âme. D'ailleurs, c'est, tout par rapport aux affaires et aux résoluns, qui les doivent terminer, qu'on a de l'inence. Les plébéiens augmentèrent leur inence dans les décisions publiques. » MONTESQ. On ne laissait au peuple presque aucune inuence dans les suffrages. » ID. « Jean II, roi de astille, n'avait aucune influence dans les affaires e l'Europe.» VOLT. « Lorsque Corneille donna le id. les Espagnols avaient sur tous les théâtres e l'Europe la même influence que dans les afires publiques. » ID. « Le régent ne laissa ja ais, ni à ses complaisants, ni à ses favorites, ucune influence dans les grandes affaires. »> ARM. « Ce sont toutes ces associations tacites 1 formelles qui modifient de tant de manières les oparences de la volonté publique par l'influence e la leur. J. J.

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magie et du prodige; effet d'une supériorité plus ou moins vaguement sentie et dont on est comme accablé. « On dit qu'une vipère ou un crapaud, fixant le rossignol, lorsqu'il chante, le fascine par le seul ascendant de son regard, au point qu'il perd insensiblement la voix et tombe. » BUFF. L'ascendant prodigieux que les femmes ont sur les hommes en Orient (MONTESQ.). « Je n'ai que trop éprouvé, dit le joueur désespéré, l'ascendant affreux de la destinée qui me poursuit. » D'AL. « Toujours subjugué par l'ascendant de l'ermite, Zadig le suivit malgré lui à la dernière couchée. VOLT.

Son cœur (de Brutus) indépendant Sur mes sens étonnés prend un fier ascendant. (César, dans la Mort de César). ID. « L'ascendant de la volupté entraîne une âme mondaine; elle ne peut résister à ce charme impérieux. MASS. « L'alguazil nous regarda de travers, et nous imposa silence; je ne sais pourquoi ces gens-là ont un ascendant sur nous (voleurs). » LES. L'empire est quelquefois volontaire de la part de celui qui le subit; avec moins de mollesse et d'insouciance, on parviendrait à le secouer. Mais l'ascendant est totalement insurmontable comme la destinée, dont il semble un effet. De plus, on prend l'ascendant comme le dessus, et on exerce l'empire comme le commandement; l'un se considère au moment où il s'établit, l'autre se considère bien aussi au moment où on en use. Je laisse la foi prendre sur moi l'ascendant et exercer son empire. » BOURD.

L'autorité est une espèce d'influence tout à fait istincte, celle qui est exercée par des hommes e poids et de considération, par les hommes u'on respecte et qu'on honore à cause de leur aractère, de leur âge, de leur vertu, de leur saesse. L'autorité d'un père (LES.) de l'antiquité PASc.), de l'Eglise (ID.), d'un grand docteur (FÉN.). Quelle prudence doit avoir une femme pour cquérir et conserver sur ses enfants l'autorité, ans perdre l'amitié et la confiance! » FÉN. Prêtres, ayez pour vos frères le zèle et la tenIresse d'un pasteur; et vous aurez bientôt sur Le crédit est une espèce d'influence facile à ca. ux l'autorité d'un maître. » MASS. L'autorité ractériser et à reconnaître, l'influence auprès mpose, persuade, et on suit son impulsion, d'un prince ou d'un grand, qu'on dirige dans la arce qu'on ne peut s'empêcher de lui rendre dispensation de ses bienfaits. « Le crédit est hommage. l'usage de la puissance d'autrui.... Aussi parle-tLe pouvoir est une influence puissante, pres-on du crédit d'un simple particulier auprès d'un sante, qui fait qu'on n'a pas la force de nous résister, qu'on se rend à nos désirs, et c'est d'ordinaire à cause d'un grand attachement. Mais cette influence n'est pas aussi générale, aussi étendue, aussi complète, aussi dominante que celle qui est désignée par empire. La personne sur qui j'ai du pouvoir ne sait guère me rien refuser, elle me cède presque toujours; la personne sur qui j'ai de l'empire est à ma dévotion, je règle tous ses mouvements, je lui commande, je la gouverne, je la mène absolument. L'empire est essentiellement absolu. « Quand on réfléchit que ces hommes, à qui on est si jaloux de faire sentir son pouvoir et sur qui on veut prendre un empire absolu, sont des hommes comme nous....» BOURD. « Que me dirait ici la philosophie, de la force de la puissance, de l'empire de la raison, qui est la reine de la vie humaine? » Boss.

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Cet empire absolu sur la terre et sur l'onde,
Ce pouvoir souverain que j'ai sur tout le monde.

(Auguste dans Cinna). CORN.

Or, comme l'empire a du rapport au pouvoir, dont il diffère pourtant d'une manière sensible, l'ascendant a du rapport à l'empire. Ce qui l'en sépare, c'est qu'il est inexplicable et irrésistible. L'ascendant est quelque chose de fatal, dont on ne peut se rendre compte, une espèce de charme de fascination, quelque chose qui tient de la

grand, d'un grand auprès d'un ministre, de celui d'un ministre auprès du souverain. » DUCL.

Marie de Médicis croyait assurer son crédit en donnant l'autorité à un homme (Richelieu) en qui elle mettait toute sa confiance. La Vieuville, qui avait alors toute la faveur, était le seul qui pût balancer le crédit du cardinal. » COND. « Nous employons les talents du ministère à nous rendre recommandables auprès des grands et des puissants, à nous acquérir du crédit et de la considération dans le monde. » MASS. << Dans son enfance, Louis XIV avait à peine du crédit : il ne disposait d'aucune grâce, il n'avait que la voie de la recommandation et des prières auprès du cardinal et de la régente. » VOLT.

INHABITĖ, DÉSERT, SOLITAIRE, SAUVAGE. Epithètes applicables à des lieux où il n'y a pas

d'hommes.

Les lieux inhabités manquent d'habitants, ne sont pas occupés par des hommes. Les lieux déserts (de deserere, abandonner) ont été désertés ou abandonnés; on les a fuis pour une raison quelconque. « Dans ce temps, les terres avancées étaient encore brûlantes, et sont demeurées désertes pendant un long espace de temps. Il semble même que la mémoire s'en soit conservée par la tradition; car les anciens étaient persuadés que les terres de la zone torride étaient inhabitées. »

INHUMER, ENTERRER. (EXHUMER, DÉTE RER). Mettre en terre un corps mort. Etymologiquement, ces deux mots signifer exactement la même chose, mettre en terre: inhumer se compose de in, en, et humus, tem Seulement, inhumer est de formation latine, enterrer de formation française: de là toute différence.

Inhumer l'emporte en noblesse : c'est enter avec des cérémonies religieuses, rendre les de niers devoirs ou les honneurs funèbres; au le qu'enterrer exprime simplement l'acte matér de déposer dans la terre. Le prêtre inhume i morts, le fossoyeur les enterre. On n'inhume pas, on enterre les corps des animaux: un assassi: n'inhume pas, il enterre le cadavre de la person:: qu'il a tuée.

Toutefois, on n'use pas d'une si grande préc

BUFF.- De plus, inhabité est absolu et n'a rapport à aucun état antérieur. « On a des preuves que ces animaux (les chèvres et les brebis) sont naturellement amis de l'homme, et que dans les lieux inhabités ils ne deviennent point sauvages.» BUFF. « Au milieu de ces vallons inhabités et de ces roches escarpées, saint Bernard se choisit encore un trou profond. Boss. Mais ce qui est désert peut être devenu tel, avoir été évacué. Dans les grands froids, la campagne est déserte (J. J.); à l'époque où les ascètes se retiraient dans les solitudes de la Thébaïde, les villes entières étaient presque désertes (Boss.). Après la mort de Louis XIV, « la cour ne parut plus à Madame qu'une solitude affreuse; elle crut vivre dans une terre déserte et abandonnée. » MASS. La ville de Revel ayant été prise d'assaut par les Russes, ceux-ci furent fort étonnés, en y entrant, de la trouver déserte. Les habitants avaient pu s'em-sion dans le langage commun; on se sert auss barquer sur quelques vaisseaux de Suède (VOLT.). d'enterrer pour dire mettre en terre suivant cerVous appelez inhabité un quartier peu peuplé tains rites. C'est qu'alors on ne veut exprimer d'une ville; un quartier d'une ville vient-il à être aucune solennité, mais indiquer autre chose. frappé d'une contagion, il est bientôt désert. l'endroit de la sépulture, par exemple. Voltaire Enfin, inhabité est un terme de géographie qui traite d'infâme l'ancienne coutume d'enterrer les n'a aucune signification accessoire, qui ne donne morts dans les églises, parce qu'il s'en exhale une des lieux dont il est question aucune idée avan- odeur pestilentielle. « Abraham, étant dans la tageuse ou défavorable; tandis que désert les re- Palestine, demande aux seigneurs du pays jusprésente dans un état de délaissement, de déso- qu'à la terre où il enterra sa femme Sara. » Boss. lation, comme incultes, nus, vides, dépourvus « Je mourrai dans la terre où vous serez enterré de tout. Dans le Télémaque, Philoctète, déposé et j'y choisirai ma sépulture, disait Ruth à Noëpar les Grecs dans l'île de Lemnos, voit arriver à mi. » ID. « Encore qu'il soit écrit qu'Achaz fut lui Neoptolème, et lui crie: « O étranger, quel enterré dans la cité de David, l'Ecriture marque malheur t'a conduit dans cette île inhabitée? O expressément qu'on ne le reçut pas dans le sequ'il me tarde de trouver sur tes lèvres cette lan- pulcre des rois d'Israël. » ID. « Mme la princess: gue que je ne puis parler à personne depuis si de Conti veut être enterrée à sa paroisse simplelongtemps dans cette solitude! Plus haut, il ment, comme la moindre femme.» Siv. avait raconté comment il demeura seul, sans cardinal de Tournon fut enterré dans l'église de 1 secours, sans espérance, sans soulagement, livré la Propagande sans aucune pompe. » S. S. Après à d'horribles douleurs, dans cette île déserte et le combat on enterre les morts sur le champ de sauvage. » bataille. « Le carnage fut si grand et la fuite s prompte, qu'il ne resta personne pour enterre les morts. » ROLL.

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Solitaire a aussi son idée propre, comme désert; mais ce n'est pas celle d'abandon et de dénûment, c'est celle de solitude, d'éloignement du monde. Un lieu solitaire est écarté; on y vit retiré, tranquille, loin de la fréquentation des hommes, des regards et du tumulte. « Je m'asseyais dans les réduits les plus riants et les plus solitaires pour y rêver à mon aise. » J. J. « Paul Emile, malade, s'embarqua pour Vélie, où il demeura assez longtemps près de la mer, dans une maison fort solitaire et fort retirée. » ROLL. « Ce sont des trembleurs, ainsi nommés pour avoir pris la fuite dans un combat. Leur extérieur sert à les faire reconnaître, et les humilie si fort qu'ils ne fréquentent que les lieux solitaires. BARTH.

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Mais on préfère et il faut préférer inhumer, si s'agit, non d'un simple enterrement, mais de funérailles, c'est-à-dire d'un enterrement fait are: pompe. On enterre tout le monde, on inhume les rois; on enterre de toutes les manières, on inhume avec de grandes cérémonies, de grands honneurs. Les rois qui ont bâti les pyramides n'ont pas eu le pouvoir d'y être inhumés, et ils n'ont pas joui de leur sépulcre. » Boss. Au lieu de traîner sur la claie ce prétendu suicide, ca l'inhuma avec la plus grande pompe.» VOLT.

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ID.

Les soldats russes commandés pour garder. dans le château de Mittau, les caveaux où étaient inhumés les grands-ducs de Courlande. Sauvage réunit les deux nuances de solitaire et « Si les Anglais ont inhumé le célèbre Oldfield : de désert. On l'applique à des lieux solitaires en côté de leurs rois, ce n'était pas son métier, mais même temps que sans culture et affreux, comme son talent qu'ils voulaient honorer. J. J. « Les sont ceux qui servent de retraite aux animaux honneurs des obsèques de Marlborough et lee: sauvages. J. J. Rousseau dit en parlant de l'Er- magnificence égalèrent, à peu de chose près. mitage, petite campagne charmante et très-bien celles des rois d'Angleterre il fut inhumé i cultivée qu'il habitait à quatre lieues de Paris: Westminster, dans la chapelle de Henti VII. Ce lieu solitaire plutôt que sauvage me trans-S. S. « Ma mère n'était point fâchée que son portait au bout du monde. » On dit un asile solitaire (ACAD.), et un sauvage désert (FÉN.).

mari fût inhumé avec éclat.... Scipion alla done prendre les mesures nécessaires pour rendre les

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érailles superbes.» LES. « François de Borgia determiné à quitter le monde par la vue du lavre d'une reine et d'une impératrice, qu'il eut Ire de faire solennellement inhumer. » BOURD. Le corps de Tatius fut porté à Rome, où il fut humé en grande pompe. » ROLL.' ININTELLIGIBLE, INCOMPRÉHENSIBLE, INONCEVABLE. Insaisissable à notre esprit. Inintelligible, c'est ce qui ne peut être en endu; car notre verbe entendre répond exacteient au latin intelligere, d'où vient inintelligile. Cela ne s'entend point; cette phrase est nintelligible. » VOLT. « Il me fait un crime l'écrire pour être entendu; je n'envie à personne e profond savoir qui n'engendre que des écrits nintelligibles. » J. J.

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d'avoir, dans une ode, appelé Dieu un être inintelligible. Il ajoute avec raison qu'il fallait mettre incompréhensible, d'autant qu'inintelligible exprime toujours un défaut, et qu'incompréhensible peut être appliqué aux choses saintes et respectables, comme les mystères de la religion. Ce qui est incompréhensible est de sa nature impénétrable à notre raison; nous ne pouvons nous en rendre compte; nous y trouvons une obscurité, non pas de forme ou de termes, mais de fond, essentielle, et qui demande, non pas une définition de mots, mais un éclaircissement ou une explication de chose, un dénoûment, une solution. « Sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous (celui de la transmission du péché originel), nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. Le noeud de notre condition prend ses retours et ses plis dans cet abîme. » PASC.

Ces trois mots diffèrent donc comme Entendre, omprendre et concevoir (voy. p. 573). Inintelligible se rapporte à l'expression seule : argon (J. J.), style (VOLT.), phrase (ID.), in- Incompréhensible s'emploie bien quelquefois en criptions (ID.), maximes (MASS.) inintelligibles. parlant d'un discours ou d'un livre; mais c'est : Entasser sur la Trinité force discours inintelli- moins en ayant égard au sens littéral qu'aux idées fibles. » J. J. « On a expliqué Aristote de mille qui échappent, ou dans lesquelles on croit voir açons, parce qu'il était inintelligible. » VOLT. des difficultés ou des contradictions. « JésusPlaton fut inintelligible comme les autres Christ avait dit qu'il pourrait détruire le temple philosophes, mais plus éloquent. » ID. « On ne et le rebâtir en trois jours. Un tel discours était sait ce que c'est qu'une âme légitimée : c'est une incompréhensible pour les Juifs charnels. » VOLT. expression inintelligible. » LAH. « Ce style brus- « Il est permis, en lisant l'Écriture, de ne pas que jette beaucoup d'obscurité dans le dis- comprendre les passages qu'on trouve incomprécours et c'est ce qui est arrivé à Thucydide, hensibles. » J. J. « Rabelais est incompréhensurtout dans les harangues, qui sont, en beau-sible; son livre est une énigme inexplicable : coup d'endroits, presque inintelligibles. » ROLL. Incompréhensible se rapporte à la nature des choses. Dieu est incompréhensible. » PASC., VOLT. Le moyen d'union de l'âme et du corps me paraît absolument incompréhensible. » J. J. « L'homme doit comprendre qu'il est un monstre incompréhensible. » PASC. « Cherchons le repos de notre esprit en nous perdant dans l'abîme sans fond d'une vérité (celle de la grâce) aussi assurée qu'elle est incompréhensible. » Boss. Quelque incompréhensibles que soient les effets de la nature, quelque compliqués qu'ils nous paraissent, nous les jugerons comme les plus évidents et les plus simples. BUFF. « La destruction des templiers est un des événements les » VOLT. « On cherche du plus incompréhensibles. Alors, incompréhensible est objectif, et marque merveilleux, il est partout, puisque les moindres ouvrages de la nature sont incompréhensibles. » | plutôt l'impossibilité de la chose à être saisie par ID. Voltaire reproche à Lefranc de Pompignan

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4. Entre exhumer et déterrer, la différence est la même. Le premier est un terme distingué qui signifie un acte d'autorité; le second est un mot du langage commun qui désigne l'action matériele de fouir la terre pour en retirer un corps mort. « Sous Henri II, le seigneur de Monins, commandant de Bordeaux, ayant été massacré par des séditieux, le connétable Anne de Montmorency, gouverneur du Languedoc, vint avec un maître des requêtes interdire le parlement; il fit exhumer le corps du seigneur de Monins, par tous les officiers du corps de ville, qui furent obligés de le déterrer avec leurs ongles. » VOLT. Au figuré, ces deux mots se disent de l'action de découvrir des choses profondément cachées, Seulement, exhumer est d'un style plus relevé, plus choisi, et deterrer appartient au langage vulgaire exhumer des titres, deterrer des titres:

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c'est une chimère, c'est le visage d'une belle femme, avec des pieds et une queue de serpent: c'est un monstrueux assemblage d'une morale fine et ingénieuse et d'une sale corruption. » LABR.

Inconcevable, dont on ne peut se faire une idée, signifie d'abord au propre ce que l'imagination ne peut se représenter. « Loin de pouvoir imaginer aucun ordre dans le concours fortuit des éléments, je ne puis pas même imaginer le combat, et le chaos de l'univers m'est plus inconcevable que son harmonie. » J. J. Mais ensuite et le plus souvent il se prend, comme incompréhensible, pour qualifier une chose à l'égard de laquelle notre raison succombe, est impuissante.

la raison; de là vient qu'il sert à former un substantif qualificatif, incompréhensibilité. Inconcevable est subjectif, et fait plutôt songer à la faiblesse de notre raison: « Dieu nous est incon; cevable, misérables apprentis que nous sommes. >>

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c'est un mystère, un abime. Votre conduite est inconcevable; c'est à n'y pas croire, je ne l'aurais jamais cru; cela est extraordinaire, prodigieux, cela me passe. J. J. Rousseau dit d'une chose incompréhensible, qu'elle est inconnue, obscure, mystérieuse; ajoutez-y embarrassante, inexplicable; et d'une chose inconcevable, qu'elle est contradictoire, absurde; on pourrait y joindre, incroyable, inadmissible.

1° INJURES, INVECTIVES; POUILLES. Paroles blessantes.

doux. Vous allez d'abord aux invectives. Er que nous ne pouvons pas raisonner enser. sans nous emporter? Là, parlons de sang-ta (Toinette à Argan, Malade imaginaire). Ma L'âme de Clytemnestre, tourmentée et brasée comme un volcan, répand contre p memnon des torrents de reproches, d'intere de douleurs, de fureurs. » LAH. A peine l'at de Saint-Cyran eut fermé les yeux que les 2° SOTTISES, suites se débordèrent en une infinité de nouvel invectives contre sa mémoire. » RAC.

Injures et invectives sont de tous les styles, même du plus relevé; sottises et pouilles, au contraire, manquent de noblesse.

1o Injures, invectives.

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Les injures se considérant essentiellement quant à leur effet propre, qui est d'offenser, chagriner, ne peuvent être dirigées que contr les personnes; on fait aussi des invectives contr les choses, contre les vices (J. J.), contre cer tains livres (ID.), contre les grandeurs ou le injustices du monde (MASS.), contre la religio: (Boss., VOLT.).

Les invectives ne se considérant que par rap

sente quelquefois un genre de discours pris a
point de vue littéraire, abstraction faite de tout
ce qui en résulte de fâcheux. Dans les plai-
doyers romains on était convenu, sans doute,
de regarder l'invective comme une figure ora-
toire. » MARM. « Chaque ligne dans Aristophane
est une insulte ou une allusion; et ce n'est pas
ainsi que doit invectiver la véritable comédie.»
ID. « M. Lefranc de Pompignan a-t-il fait de
belles invectives contre les deistes de nos jours?»
VOLT. « L'abbé Desfontaines, ce compilateur
d'invectives hebdomadaires. » D'AL.
2° Sottises, pouilles.

Injure, latin injuria (in jus, contre le droit) est un substantif pur; invectives, du latin invehi, s'emporter ou se déchaîner contre, est un substantif verbal. Les injures ont rapport au fond, au sens des paroles; les invectives, à la forme, à la manière dont les paroles sont expri-port à la forme, au mode d'action, ce mot reprémées, ou au fait de leur expression. On dit des injures, on charge d'injures, les injures sont des choses; on fait des invectives comme on fait des déclamations, les invectives sont des faits. Les injures sont fondées ou mensongères; on les trouve plus ou moins blâmables; on répond à des raisons par des injures. Mais on s'emporte en invectives, ou on en entend; les invectives sont, suivant la force primitive du mot, véhémentes, furieuses et quelquefois brutales. On s'est servi d'injures pieuses pour combattre Montesquieu; quel avantage la religion a-t-elle tiré des invectives tant de fois répétées contre l'illustre auteur de l'Esprit des lois? (D'AL.). Dans l'antiquité les orateurs ne s'épargnaient pas les injures; quand elles n'étaient que des mensonges, elles ne compromettaient que celui qui les avait proférées; et quand elles étaient fondées, on pensait qu'un homme libre avait le droit de tout dire, et qu'un homme pouvait sans honte entendre des invectives (LAH.). Démosthène s'opposa fortement à cette loi, en ménageant beaucoup néanmoins celui qui l'avait proposée, louant ses bonnes intentions, ne parlant de lui qu'avec estime; manière de réfuter bien plus efficace que ces violentes invectives dont le style aigre et pas sionné n'est propre qu'à aliéner les esprits, et à rendre suspect un orateur qui décrie lui-même sa cause et en montre le faible en substituant des injures aux raisons, seules capables de persuader. » ROLL.

Injures est plutôt usité au pluriel pour désigner les choses outrageuses qu'on se reproche, tandis que invective se prend plus souvent au singulier, pour signifier le fait ou le discours qui les produit ou les manifeste. « Afin qu'il ne semble pas que je veuille faire aujourd'hui une invective inutile (contre les protestants), je conduirai ce discours avec une telle modération que sans les charger d'injures, je les presserai par de vives raisons tirées des Ecritures divines. >> Boss.

Les injures peuvent être modérées, dites de sang-froid; les invectives sont passionnées, emportées, violentes, éclatantes. « Mon Dieu! tout

Sottises est populaire, et pouilles familier seulement. Les gens du peuple étant toujours supposés de sottes gens, des gens qui parlent d'une manière impertinente, à tort et à travers, on donne le nom de sottises à leurs injures. « Dans ce livre de La Beaumelle on trouve que la Discorde va dire des sottises au pape. L'auteur a cru que sottises était synonyme d'injures : cela est vrai dans la bouche du peuple et sous la plume des mauvais critiques, mais non pas cher ceux qui savent le français. » LAH. « Le jour où M. le duc d'Orléans fut donner l'eau benite à la dauphine, la foule du peuple dit tout haut toutes sortes de sottises contre lui. » S. S « C'était à son sujet que j'avais eu dispute avec l'armurier, et ce misérable manoeuvre m'avai: dit de lui mille sottises que je n'avais pu souffrir.» LES.

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MADAME JACOB

(revendeuse à la toilette, dans Turcaret).

« Une insolente! moi! je suis une insolente.... Jour de Dieu! ne vous y jouez pas! s'il ne tient qu'à dire des injures, je m'en acquitterai aussi bien que

vous. D

MADAME TURCARET.

a Oh! je n'en doute pas la fille d'un maréchal de Domfront ne doit pas demeurer en reste de sottises. 1D.

Pouilles, injure qui consiste à traiter de poul leux, est toujours un terme de plaisanterie qui peut se dire ou se trouver dans la bouche des personnes les plus distinguées par leur rang ou par leur esprit. Voltaire écrit au roi de Prusse :

Dieu fasse que vous me pardonniez toutes les nuilles que j'ai dites à Votre Majesté, et la haine rdiale que j'ai pour votre métier de César! » t au commencement d'une lettre à un intendant Moulins, on lit : « Un peu de maladie m'a rivé de la consolation de vous écrire des pouilles e ma main. Hélas! cruel que vous êtes, c'est ien vous qui faites l'intendant avec moi, en ne épondant point à mes requêtes! » « Comme Ame de Thianges était très-propre pour son nanger, le roi prenait plaisir à lui faire mettre des cheveux dans du beurre, et à lui faire d'autres vilenies pareilles. Elle voulait s'en aller, chantait pouilles au roi, mais sans mesure, et quelquefois, à travers la table, faisait mine de lui jeter ces saletés au nez. » S. S.

INQUIÉTER, TOURMENTER, VEXER, MOLESTER, PERSÉCUTER. Causer de la peine à quelqu'un, lui susciter quelque chose de fâcheux.

Inquiéter, rendre inquiet, c'est faire une pe tite peine, celle qui consiste simplement à troubler le repos, à ne pas laisser jouir de la tranquillité ou du calme. « Qu'un hypocrite trouble par ses entreprises le repos de ceux qu'il lui plaît d'inquiéter.... » BOURD. Tourmenter, de torquere, tordre, exprime, au contraire, la plus forte des peines, une torture. Un besoin nous inquiète; la douleur nous tourmente: « Dieu avait uni à notre âme un corps immortel si bien assorti avec elle, qu'elle n'était ni inquiétée par aucun besoin, ni tourmentée par aucune douleur. Boss. « L'Eglise fut tourmentée d'une cruelle manière sous l'empereur Valens. » ID. L'homme inquiété n'est pas paisible; l'homme tourmenté est au supplice, en proie à la souffrance. Le créancier qui vous inquiète altère à peine votre repos; le créancier qui vous tourmente vous traite sans aucun ménagement.

Vexer et molester impliquent l'un et l'autre l'idée d'injustice. Les choses peuvent nous inquiéter et nous tourmenter; les personnes seules sont capables de nous vexer et de nous molester. Et lorsque nous sommes inquiétés ou tourmentés, soit par les choses, soit par les personnes, nous pâtissons, notre àme est désagréablement affectée; au lieu que quand on nous vexe ou qu'on nous moleste, nous avons le sentiment d'un tort qui nous est fait, et nous éprouvons en conséquence de l'indignation.

Vexer annonce une injustice commise par abus d'autorité ou de pouvoir; et molester, une injustice commise par la mauvaise foi, qui cherche chicane et qui querelle hors de propos.

On vere en opprimant, on vere le subordonné, le sujet, le faible, le pauvre. « Autrement, il n'y a pas d'homme riche ou puissant qui ne pût vexer impunément toutes les victimes qu'il voudrait se choisir dans les rangs inférieurs.» BEAUM. « Un pauvre peuple vexé et opprimé par l'excès et la dureté de ses exactions (du prêtre). » MASS. « La jeunesse patricienne verait ceux des plébéiens qui étaient les plus faibles et les plus exposés l'injure. ROLL. « Le seigneur et ceux qui lèvent les revenus du prince vexeront l'esclave tour à tour.» MONTESQ. « Que les souverains reprennent à eux tant de droits (usurpés par le

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clergé) dont on a si souvent abusé pour exer les ujets qu'ils doivent protéger.» VOLT.

Mais on moleste en tracassant, on moleste celui contre qui on élève de mauvaises difficultés, à qui de gaieté de cœur on fait des algarades. « Albéroni publiait que le roi d'Espagne aurait une armée et une flotte nombreuses, pour maintenir ses droits et ses amis, si aucun était molesté en haine de cette amitié. » S. S. « Vous m'apprenez qu'on tourmente les protestants d'Alsace.... Ils sont des sujets très-fidèles, et n'ont jamais remué : je serais bien surpris qu'on les molestat.... » VOLT. Descartes écrit aux magistrats d'Utrecht qui l'inquiétaient sous de mauvais prétextes : « Après une telle réponse (de ma part), je ne pensais pas qu'il fût possible que vous eussiez aucune intention de me molester. »

D'ailleurs, la vexation est plus particulièrement une exaction, un vol fait par un supérieur à un inférieur; l'action de molester consiste à causer du désagrément, des embarras, des tracasseries. « La malédiction prononcée dans l'Evangile contre les publicains ne doit regarder que ceux qui abusent de leur emploi pour vexer le peuple. » VOLT. « Je demande comment on a souffert qu'un homme tel que Jurieu molestât un homme tel que Bayle?» ID.

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Persécuter signifie tourmenter ou vexer avec persévérance, persistance, opiniâtreté (en latin pertinacia, pervicacia). Ce mot enchèrit donc sur tous les autres par l'idée de suite, de constance, d'acharnement qu'il exprime. « Payons les dettes d'un vieil évêque obsédé, tourmenté, persécuté par une foule importune de créanciers. » LES.

Ils (les chrétiens) font des vœux pour nous qui les persecutons;

Et depuis tant de temps que nous les tourmentons, Les a-t-on vus mutins? CORN.

Alors, disait David à Dieu, je saurai pourquoi vous avez permis que ce juste fût vexé et persécuté. » BOURD. Montesquieu ne fut pas persécuté : il ne fut qu'un peu molesté pour ses Lettres persanes. » VOLT.

INSPIRATION, INSINUATION, PERSUASION, INSTIGATION, SUGGESTION. (INSPIRER, INSINUER, PERSUADER, INSTIGUER, SUGGÉRER ). Manières ou moyens de porter, d'engager, de décider quelqu'un à quelque chose, de le faire agir comme on veut.

Inspiration (du latin in spirare, souffler dans) désigne primitivement l'action de Dieu, qui mit dans le corps de l'homme un souffle de son esprit, ou celle de l'Esprit saint, qui souffle où il veut, ou celle d'un génie ou du génie, qui anime les artistes d'un souffle divin. Hors de cette application unique, inspiration est de tous ces mots le plus général. Ce qu'on nous inspire, on nous le met dans l'esprit; l'inspiration est un souffle, un principe d'action, et celui qui suit l'inspiration d'un autre agit par lui, et non par soi. Voilà sur ce mot tout ce qu'on peut dire de plus caractéristique.

à

L'insinuation (in sinu, dans le sein) est essentiellement adroite. Elle consiste à s'insinuer, se glisser dans le sein, à s'emparer de l'esprit ou de la volonté d'une manière sinueuse ou détournée.

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