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pour mourir, » MONTAIGN. « Une mère de famille ne doit s'aliter que pour mourir.» J. J. « Un pauvre vieillard alité depuis deux mois et mourant. » VOLT.

RAC.

On prétend à la première place, quand on y aspire, quand on travaille à l'obtenir dans un avenir indéterminé. On prétend la première place, quand on l'exige actuellement comme un droit, comme On se met à genoux pour prier, pour adorer une prérogative qui nous appartient. Dieu; les enfants, dans les écoles, se mettent à On prétend à une charge, à une place, à quelgenoux pour expier des fautes, leurs dissipations, que chose d'élevé, à la main d'une personne. leurs étourderies. S'agenouiller est une expres- Quel est le cœur où prétendent mes vœux? sion extraordinaire, apparemment inventée plus Avec vœux, l'auteur ne pouvait employer que prétard pour désigner l'action de se mettre à genoux tendre à; ce qui nous est dû, ce que nous pouavec d'autres dispositions que celles qu'on avons prétendre est plus que l'objet de nos vœux, généralement en prenant cette posture, qu seu- c'est celui de nos réclamations, de nos exigences. lement abstraction faite de ces dernières. « Mé- Avec le mot faveur, prétendre à est aussi le seul nalque s'étant aperçu qu'il est à genoux sur les tour qui convienne. jambes d'un fort petit homme se retire confus et va s'agenouiller ailleurs. » LABR. On ne peut guère décapiter un condamné qu'il ne s'agenouille. Les chameaux et les éléphants s'agenouillent. Si vous parlez de quelqu'un qu'on a forcé de se mettre d genoux, ou qui s'est mis à genoux simplement, sans éprouver le sentiment d'humilité ou d'adoration dont cette posture est le signe, dites qu'il s'est agenouillé.

SYNONYMIE DES VERBES ACTIFS DONT LE RÉGIME,
D'UNE PART, EST, DE L'AUTRE, N'EST PAS PRÉ-
CÉDÉ DE LA PRÉPOSITION à.

RAC.

de moindres faveurs des malheureux prétendent, Dans le même poëte, Iphigénie dit à Agamemnon: Quelle félicité peut manquer à vos vœux ?

RAC.

de plus grands honneurs un roi peut-il prétendre Auteurs qui prétendez aux honneurs du comique.

BOIL. Mon fils au consulat a-t-il osé prétendre Avant l'âge où les lois permettent de l'attendre ? VOLT. (Brutus). « Pour toute disposition au sacerdoce on porte la témérité d'y prétendre. » MASS.

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Mais on prétend une part dans une distribuPrétendre quelque chose, prétendre à quelque tion, le remboursement des ses avances, etc. << Le chose. Toucher une chose, toucher à une chose.frère de Tacite, Florien, prétendit l'empire par Satisfaire quelqu'un ou quelque chose, satis- droit de succession, comme le plus proche hérifaire à quelque chose. Insulter quelqu'un, in- tier. » Boss. « Charles le Bel mourut; sa femme sulter à quelqu'un ou à quelque chose Suppléer était grosse: Edouard III prétendit la régence quelqu'un ou quelque chose, suppléer à quel- en qualité de petit-fils de Philippe le Bel par sa que chose. Croire quelqu'un ou quelque chose, mère. » VOLT. croire à quelqu'un ou à quelque chose. Chasser le ou la, chasser au ou à la. Etc.

La différence de ces locutions, prises deux à deux, dépend uniquement de la valeur inhérente à la préposition d. Celle-ci dérive de la préposition latine ad, vers, qui marque le but vers lequel tend ou se dirige l'action, la chose à faire, la chose à venir, en général. Employé sans elle, le verbe a un complément direct, comme on dit, c'est-à-dire que l'action qu'il exprime tombe directement, immédiatement, à l'instant, sur la chose ou la personne; avec elle, le même verbe n'a plus qu'un complément indirect, et son action, au lieu d'atteindre le but, c'est-à-dire la chose ou la personne, aussitôt, sans détour, n'y arrive plus que comme à quelque chose d'éloigné, de placé hors de la portée. Ainsi, le verbe n'étant pas séparé de son complément par à, désigne une action précise qui a un terme actuel ou prochain. Que si, au contraire, entre lui et son complément se trouve la préposition a. il en résulte une locution vague et indéterminée, significative d'une action plutôt générale et abstraite que particulière et physique. De sorte que l'action précise, directe, spéciale, se terminant entièrement et complétement dans le premier cas, devient dans le second une action vague, indirecte, générale, abstraite ou incomplète.

Un aigle sur un champ prétendant droit d'aubaine,
Ne fait point appeler un aigle à la huitaine. BoIL.
Le lion ayant dépecé le cerf tombé dans les lacs
de la chèvre, s'attribue toutes les parts:
La seconde (dit-il), par droit, me doit échoir encor:
Comme le plus vaillant, je prétends la troisième. LAF.
L'estime où je vous tiens ne vous doit point sur-
(prendre,

Et de tout l'univers vous la pouvez prétendre.

MOL. (Misanthr., Oronte à Alceste). « Ce grand maître avec un pouvoir arbitraire sur les sujets conquis, le prétend encore sur les sujets conquérants. » MONTESQ.

TOUCHER une chose, TOUCHER A une chose. Toucher une chose, c'est mettre la main dessus pour la palper, s'en emparer, la recevoir, etc. Toucher à une chose, c'est y porter la main de manière seulement à être légèrement en contact avec elle ou avec quelqu'une de ses parties. Quelquefois même toucher à, loin d'indiquer un contact entier, précis, n'indique qu'une simple proximité. Ainsi, un édifice touche à un autre, quand il en est voisin à une distance indéterminée; au lieu que, ma maison touche la sienne, le lambris touche le mur, signifient qu'il n'y a rien entre deux. Il y a un champ qui touche celui de mon père. » MONTESQ. On dit aussi, il est si grand qu'il touche au plancher, c'est-àdire, qu'il est près d'y atteindre, et nous touPRETENDRE quelque chose, PRÉTENDRE À chons au printemps, à l'été, à la fin, etc., pour, quelque chose. nous en approchons. Enfin, je n'en puis plus

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D

douter, nous touchons presque à l'île d'Ithaque. FEN. - De là la raison pour laquelle, quand on défend, on dit plutôt, ne touchez pas à cela, que | ne touches pas cela; c'est qu'on veut marquer qu'il ne faut pas se permettre le plus léger attouchement. Or, ne pas toucher à une chose, signifiant s'abstenir d'y porter la main de peur de l'endommager, d'en altérer, ou d'en détacher quelque partie, ce tour a été employé figurément dans le sens de, ôter quelque partie d'une chose, ou simplement la modifier. Ainsi, au lieu que toucher ses revenus, c'est mettre la main dessus, les recevoir, toucher à ses revenus, c'est les écorner, comme on dit, en employer, en dépenser une partie. On dit continuellement avec la négative, ne pas toucher à une loi, à un ouvrage, à un article de règlement, à la religion, pour, n'y rien changer.

SATISFAIRE quelqu'un ou quelque chose, SATISFAIRE A quelque chose.

Le verbe actif satisfaire signifie donner un plaisir, un contentement précis, causer une satisfaction, et se dit toujours en parlant des personnes, de leurs passions, de leurs facultés, de leurs besoins, de leurs espérances. Satisfaire à indique, non pas une satisfaction précise donnée effectivement à une personne ou à une passion précise, mais une conformité à une règle morale, à une obligation générale. « On satisfait ses inclinations, on satisfait à son devoir. » SUARD.

un

On satisfait ses parents, ses créanciers, homme qu'on a offense, ses passions, l'esprit, les sens, en faisant en sorte qu'ils soient contents; et ce tour est plus relatif à l'effet produit, lequel effet est toujours bien déterminé.

Les délicats sont malheureux : Rien ne saurait les satisfaire. LAF. < Cela ne leur suffit pas encore (aux jésuites). Il faut pour satisfaire leur passion qu'ils accusent ces saintes filles d'avoir renoncé à J. C. » PASC. On satisfait à son devoir, à une loi, à une objection, à un ordre, etc., en prenant les moyens de faire par rapport à eux ce qu'on doit; et l'attention ici est appelée, non sur l'effet spécial qui est produit, mais sur la manière générale dont on se comporte par rapport à une règle. « Avec quelle tranquillité a-t-elle satisfait à tous ses devoirs? Boss.

non pas au fait de l'insulte, mais au genre de faute qu'on commet en tenant une conduite insultante.

En conséquence, le premier s'emploie bien dans les récits pour marquer qu'une insulte est ou a été faite. « Cet ivrogne a insulté son hôte. Il est allé l'insulter jusque chez lui. » ACAD. Est-ce mon maître ou moi que l'on veut insulter? VOLT.

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L'impie paraît élevé comme le cèdre du Liban et semble insulter le ciel par une gloire orgueilleuse. » MASS. « Les grands hommes du paganisme n'auraient osé insulter tout haut un culte si insensé. » ID.

Insulter à convient mieux dans la morale et en style dogmatique où l'on défend d'insulter et où l'on raisonne sur l'inconvenance de l'insulte. « Il ne faut pas insulter aux malheureux, à ses juges, au public, à la misère publique, à la raison, au bon sens, au bon goût, à la douleur d'un affligé, etc. » ACAD. « Il n'est pas permis d'insulter à un mourant. » VOLT. « C'est une marque de férocité et de bassesse d'insulter à un homme dans l'ignominie. » VAUV. « Lorsqu'un homme a sujet d'être dans la tristesse ou dans la joie, c'est lui insulter en quelque sorte, que de ne pas entrer dans son sentiment. » MAL.-Comme satisfaire à exprime moins l'effet spécial, la satisfaction, que l'action, ou la tentative de le produire, de même insulter à se rapporte moins à l'insulte effectuée qu'à l'action qui y tend. Nous n'insultons pas celui, mais nous insultons à celui qui est au-dessus de nos insultes, de manière que l'action n'aboutit pas à son but. « Astarbé, en mourant, regarda le ciel avec mépris et arrogance, comme pour insulter aux dieux. » FÉN. « N'approche pas de lui, mon fils, car il croirait que tu voudrais lui insulter dans son malheur. » ID. C'est ainsi que Pascal s'est servi de satisfaire à en parlant de Dieu : « L'âme doit lui rendre grâce comme redevable, lui satisfaire comme coupable. »

SUPPLÉER quelqu'un ou quelque chose, SUPPLÉER A quelque chose.

Quand on supplée une chose, le supplément est justement ce qu'il faut pour réparer le manque ou l'absence, et il est du même genre que ce qui manque. Un juge en supplée un autre. Pour faire une acquisition, il lui manquait six mille francs, son père les a suppléés. « Certains animaux servent par leur force, comme les boeufs, à suppléer ce qui manque à notre force bornée. » FÉN. << Dieu promet de suppléer (par la grâce) ce qui manque (aux forces de la raison humaine), quand il ne manque point par l'indisposition déméritoire de la volonté. » ID.

Ici l'honneur m'oblige et j'y dois satisfaire. CORN. Pourrai-je entre vous deux régler alors mon âme, Satisfaire aux devoirs et de sœur et de femme? ID. « Cette variété de la terre fait le charme des paysages, et en même temps elle satisfait aux divers besoins des peuples. » FÉN. « Cette lettre satisfait à la plupart de ses difficultés. » PASC. Mais, quand on supplée à une chose, ce qu'on < S'arrêter à éclaircir une équivoque, pour satis- supplée est à peu près ce qu'il faut pour réparer faire à la demande d'un auteur. » MAL. le manque ou l'absence d'une chose; c'en est INSULTER quelqu'un, INSULTER A quelqu'un | l'équivalent, quoique non du même genre que ou A quelque chose.

Insulter quelqu'un n'est relatif qu'au fait de Vinsulte, et il se dit toujours d'une personne spéciale qui reçoit une insulte dans un cas particulier. Insulter à ne se dit guère que des choses ou de toute une classe d'hommes, et il est relatif,

ce qui manque. La valeur supplée au nombre, le mérite au défaut de la naissance. « Suppléer par les ressources de son travail à l'insuffisance de son revenu. » J. J. « Gens en qui l'usage du monde, la politesse, ou la fortune tiennent lieu d'esprit et suppléent au mérite. » LABR. « Un

mari est un homme qui abuse de la nécessité de la loi pour suppléer aux agréments qui lui manquent.» MONTESQ.

Et ces mêmes bienfaits Auraient dû suppléer à mes faibles attraits. RAC. Son bien supplée au défaut de son âge. LAF. Or, ce qu'on supplée, quand on supplée à une chose, n'étant pas du même genre que ce à quoi on supplée, suppléer à est préférable toutes les fois qu'il s'agit de réparer le manque d'une chose entière en la remplaçant par une autre équivalente. Dans des temps de disette on a suppléé au pain par le riz et par les pommes de terre. Au contraire, le supplément, quand on supplée une chose, devant être exactement ce qu'il faut, et du même genre que ce qui manque, suppléer, à l'actif, doit s'employer principalement quand il s'agit d'un manque partiel dans une chose qu'on complète en ajoutant rigoureusement ce qui lui manque et en même nature que ce qui lui manque. Ce sac doit être de mille francs, et ce qu'il y aura de moins, je le suppléerai, je suppléerai | le reste. C'est donc conséquemment à la modification générale imprimée par à aux verbes auxquels il se joint, que suppléer à une chose signifie la remplacer, quand elle manque, par une autre équivalente; et suppléer une chose, la fournir, quand elle manque, pour faire un tout complet.

CROIRE quelqu'un ou quelque chose, CROIRE À quelqu'un ou À quelque chose.

Croire à dénote une croyance moins directe, moins ferme, moins pleine, ou plus faible et plus molle. En parlant des personnes, on n'emploie cette locution qu'à l'égard de celles en qui on a une sorte de confiance, aux paroles de qui on ajoute foi avec réserve, et en s'en tenant pour ainsi dire encore éloigné : Croire aux astrologues, aux médecins. » ACAD. Croire quelqu'un, c'est avoir en ses paroles toute confiance et se conduire en conséquence, suivre ses conseils : « Croire les médecins. ACAD.

de mérite à le croire.» PASC. « Wiclef croyait le purgatoire. » Boss.

CHASSER le ou la, CHASSER AU ou à la. On dit chasser le cerf, le sanglier, le chevreuil, le renard, le lièvre, etc.; chasser aux perdrix, aux bécasses, aux oiseaux, au lièvre.

Chasser le ou la, signifie poursuivre effectivement les animaux dont le nom sert au verbe de régime direct; et chasser au ou à la, être à la recherche de ces animaux, afin de les poursuivre si, par hasard, on en rencontre. Un chien qui excelle à chasser le lièvre peut ne rien valoir pour chasser au lièvre; il sera bon coureur et adroit à saisir le gibier, mais il ne saura pas le trouver et le dépister. « Il y a deux espèces de loups-cerviers; les uns plus grands, qui chassent et attaquent les daims et les cerfs; les autres plus petits qui ne chassent guère qu'au lièvre. » BUFF. L'auteur nous montre le sujet, là, actuellement aux prises avec l'objet, ici, seulement à sa quête. Il y a donc un rapport plus étroit d'un côté que de l'autre, entre le sujet qui agit et la chose qu'il fait, ou sur laquelle il agit; il en est moins éloigné. Il en est de même, quand on dit travailler une chose, la terre, par exemple, et travailler à une chose: la première locution fait voir le second terme du rapport, montre la chose modifiée par le sujet, au lieu que ce même terme disparaît presque dans la seconde locution, pour ne laisser voir que le sujet et son occupation.

On distinguerait semblablement beaucoup d'autres verbes, susceptibles, comme ceux qui précèdent, de prendre et de ne prendre point à devant leur régime. Ainsi, on dit, présider une assemblée, en parlant du fait, et présider à une assemblée, en parlant du droit en général; et c'est à cause de l'extension, donnée à ce verbe par la préposition à, que présider à finit par signifier vaguement, diriger, veiller à: c'est lui qui a présidé d l'exécution de l'entreprise. — Par commander les armées, on entend un fait positif, qui se peut constater physiquement, et de là vient qu'on dit aussi d'une citadelle, qu'elle commande la ville; mais commander aux nations n'implique que l'idée d'une autorité plus indéterminée, d'un commandement sans limites précises, et, si on dit que le capitaine commande à ses soldats, c'est, non pas un fait particulier qu'on rapporte, mais un droit général qu'on énonce. - Applaudir et souscrire quelque chose, c'est faire effectivement l'action propre, physique, nettement marquée par ces verbes : applaudir et souscrire à quelque chose, c'est, dans un sens étendu, moral, idéalisé, l'approuver, y adhérer, y donner son assenLe rapport est le même entre atteindre et atteindre à, qu'entre toucher et toucher à : atteindre à indique seulement qu'on est près d'arri ver à un but, qu'on s'efforce de parvenir jusqu'à lui: on atteint ce dont on va se rendre maître, on atteint à un modèle. — Le verbe penser, dans, vous pensez nous tromper, présente moins d'incertitude et un objet moins éloigné que ce même verbe suivi d'à, dans, vous pensez à nous tromper, car il signifie, là, vous croyez nous tromper, et ici, vous cherchez à nous tromper. manquer aucun sermon du carême, c'est les en

De même, croire à quelque chose, c'est y ajouter foi quelque peu, comme de loin, en se tenant comme à distance, et la croire, c'est en être persuadé, l'admettre comme un dogme, comme une chose démontrée, lui donner place en sa créance. Nous croyons à une chose par une simple adhésion; pour que nous la croyions, il doit y avoir entre elle et nous une sorte d'intimité. « On croit à l'astrologie, à la médecine, au rapport, aux promesses de quelqu'un. » ACAD. « Ces reproches n'étaient point fondés; n'en croyez pas à ses douleurs, elles la trompent. » J. J. Mais on dira: « Ces philosophes croient l'existence de Dieu,timent. et l'immortalité de l'âme. » J. J. « C'est un aveuglement de vivre mal en croyant Dieu. » PASC. << Impie, tu ne croyais pas la religion. » FEN. « Les chrétiens croient tout ce que l'Eglise enseigne. Ils croient les mystères, les articles du symbole, la communion des saints. » ACAD.

Enfin la différence est la même, quand croire et croire à signifient reconnaître l'existence : « On croit aux revenants, aux esprits, aux miracles. » ACAD. On croit Dieu : « Si Dieu se découvrait continuellement aux hommes, il n'y aurait point |

D

|

-

Ne

tendre et, en quelque sorte, les recevoir tous. | lation des Indes et de la Chine n'est pas un livre J'ai arrêté une place pour ne manquer aucun qu'on doive croire sans examen, il s'en faut beausermon du carême. » FÉN. Ne manquer à aucun coup.» VOLT. - Il en est de même de toutes les sermon du carême, c'est se faire un devoir ou phrases où de se trouve placé avant beaucoup : remplir le devoir d'assister à tous. «Quand ai-je elles particularisent, elles supposent une apprémanqué à la messe et aux devoirs des chrétiens à ciation plus exacte et ne sont pas propres à marleur paroisse?» PASC. Manquer une affaire, c'est quer une simple exagération. On ne dira donc pas la perdre, y échouer ou la laisser échapper; indifféremment d'une personne ou d'une chose, manquer à une affaire, c'est ne pas y travailler qu'elle est beaucoup, ou de beaucoup meilleure de tout son pouvoir, c'est s'y rendre coupable de qu'une autre, supérieure ou préférable à une négligence. Dans ce que j'entreprenais, j'agis-autre, qu'un homme est beaucoup ou de beaucoup sais moins pour ne pas manquer les affaires que pour ne pas manquer aux affaires. » MONTESQ.

SYNONYMIE DES VERBES ACTIFS DONT LE RÉGIME,
D'UNE PART, EST, ET, DE L'AUTRE, N'EST PAS
PRÉCÉDÉ DE LA PRÉPOSITION de.

Approcher quelqu'un, approcher de quelqu'un.
Desirer, espérer obtenir ou faire quelque chose;
desirer, espérer d'obtenir ou de faire quelque
chose. Préférer mourir, préférer de mourir.
Hériter une chose, hériter d'une chose. Traiter
une matière, une question; traiter d'une ma-
tière, d'une question. Etc.

plus savant qu'un autre. On réservera le second tour pour les cas où l'on voudra faire entendre que le degré de prééminence a été mesuré et qu'on pourrait l'indiquer avec quelque rigueur. Girault Duvivier indique à peu près la même différence et la confirme par de nombreux exemples.

et il ne s'en faut de guère. Il ne s'en faut de guère On distingue pareillement il ne s'en faut guère est bon, dit Vaugelas : quand il s'agit d'une quantité comparée avec une autre, comme si l'on mesure deux choses et que l'une ne soit qu'un peu plus grande que l'autre, on dira fort bien qu'elle ne la passe de guère.

Une chose à remarquer relativement aux locutions que nous prenons pour exemples, c'est que

La préposition de, du latin de, hors de, ou sur, touchant, marque l'éduction, l'extraction, la sé-celles où entre de sont pour la plupart plus rares paration, la distinction, ou le sujet particulier dont on parle, dont on s'occupe, dont il s'agit, et son rôle général, quand elle suit un verbe, c'est d'en restreindre l'action en la spécifiant, en désignant déterminément son but, en tirant ce but du milieu des autres, en le distinguant, en le mettant à part. Aussi, quand un même verbe peut s'employer tantôt sans, tantôt avec cette préposition, il exprime, d'un côté, quelque chose de plus général, de plus ordinaire et de plus indéterminé, de l'autre quelque chose de plus particulier, de plus singulier et de plus précis. On approche quelqu'un, un prince, par exemple, habituellement, et c'est là une expression tout idéale qui marque l'accès et la faveur dont on jouit auprès de lui; on approche de quelqu'un dans un cas particulier, et cela signifie, au propre et physiquement, avancer et aller se mettre auprès de lui. On dit bien aussi approcher un homme du commun, mais c'est toujours quand il s'agit d'exprimer l'habitude : il fait le bonheur de tous ceux qui l'approchent; ou bien à l'idée d'aller se placer à côté de quelqu'un s'en trouve mêlée une autre qui la rend moins précise et moins nette : ne m'approchez pas, vous me saliriez.

que celles où il n'entre pas. C'est déjà une preuve que cette préposition s'emploie seulement dans des cas extraordinaires, singuliers, où il est besoin de particulariser. On désire, on espère obtenir ou faire ce qu'on obtient ou ce qu'on fait facilement, communément, tous les jours; on désire, on espère d'obtenir ou de faire quelque chose d'extraordinaire, de difficile, qui demande un bonheur ou des efforts particuliers: ici l'étrangeté et la spécialité du tour ont leur raison dans l'étrangeté et la spécialité de la chose désirée ou espérée. On désire et on espère vaguement obtenir ou faire quelque chose; on désire et on espère fort d'obtenir ou de faire quelque chose. Désirer ou espérer obtenir ou faire est la manière habituelle de s'exprimer, et on ne s'en départ que pour marquer un désir ou un espoir qui sort de l'ordre commun, qui suppose des obstacles, que l'on veut mettre en saillie et sur lequel l'esprit doit s'arrêter. On désire, on espère se promener, voir ou entendre une personne; on désire, on espère de réussir, de gagner un procès, de remporter un prix, de plaire à quelqu'un, d'amasser des richesses. «Je crains toujours de perdre ce que je désire si ardemment de conserver. » J. J.

Ce caractère de spécialité, attaché à la parti- De produit la même modification de sens dans cule de, la suit dans toutes ses acceptions et dans préférer de mourir, comparé à préférer mourir. toutes les locutions où elle entre. On le trouve, On dira préférer mourir toutes les fois qu'à moupar exemple, dans la phrase il s'en faut de beau-rir ne se trouveront pas ajoutés des mots accescoup, par rapport à cette autre. il s'en faut soires qui le déterminent Je préfère mourir beaucoup. La première suppose une estimation et plutôt que de trahir un ami. Mais, quand le genre ne s'emploie guère que quand il s'agit de nombre de mort sera spécifié de quelque manière, il fauet de qualité : il s'en faut de beaucoup que vous dra se servir de préférer de: Je préfère de mourir soyez aussi âgé que votre frère. « La Russie n'est dans les tourments, de la mort des criminels, plupas peuplée à proportion de son étendue, il s'en tôt que de trahir un ami. Je préfère mourir se faut de beaucoup. » VOLT. La seconde annonce dit absolument, et équivaut à, je préfère la mort; une différence considérable, mais indéterminée je préfère de mourir annonce et doit amener des et tout approximative: il s'en faut beaucoup que circonstances particulières. Dans cette phrase de vous soyez aussi sage que votre frère. « La Re- | Buffon : « Il préfère de périr avec eux plutôt que

de les abandonner, avec eux justifie l'emploi de de après il préfère. Dans cette autre du même auteur: «On préfère d'élever des aigles mâles pour la chasse; les mots, des aigles mâles pour la chasse, donnent au verbe élever une signification précise qui fait que préférer doit être suivi de de. HÉRITER une chose, HÉRITER d'une chose. L'obtenir par succession.

Le premier tour est usité quand il s'agit d'une chose peu ou point spécifiée. Il n'a rien hérité; voilà tout ce qu'il a hérité; il a hérité de grands biens; la vertu est le seul bien qu'il ait hérité de son père. Mais on hérite d'une maison, d'une bibliothèque.

De votre injuste haine il n'a point hérité. RAC. Du reste, la règle souffre ici de nombreuses exceptions, parce que, dans tous les cas où la personne dont on a hérité se trouve indiquée, comme de la précède toujours, l'harmonie exige qu'on ne répète point cette particule devant le nom de la chose.

d'une certaine chasse ou de certaines chasses qui

même phrase devient précise et déterminative. Tout le monde peut parler musique, mais non pas de musique. D'ailleurs parler de musique a rapport au fond, à ce qu'on dit de la musique. « A entendre les Français parler de musique, on croirait que c'est dans leurs opéras que la musique peint de grands tableaux et de grandes passions.» J. J. Je ne suis pas géomètre: on parle géométrie dans un groupe, je m'en éloigne. Mais si je suis géomètre et que j'entende parler de géométrie, je m'y intéresse et je m'approche. « Ces deux princes se mettaient en un coin à parler sciences.» S. S. « C'est à Newton à parler de mathématiques. » VOLT. Parler chasse, c'est parler en général de choses de chasse, de choses relatives à la chasse. Parler de chasse, c'est parler ont eu ou auront lieu. De même, parler affaires n'indique nullement de quelles affaires il peut être question : c'est parler de choses sérieuses; parler d'affaires, c'est parler de certaines affaires, déterminées par la condition, les rapports des interlocuteurs. « Le dissimulé n'a pour ceux qui lui parlent d'affaires que cette seule réponse: j'y penserai. » LABR. Aussi ne peut-on jamais ajouter de déterminations à parler affaires, comme Suivant le grammairien Féraud, on dit indiffé-on en ajoute à parler d'affaires, parler d'affaires remment, traiter une matière, une question, et importantes politiques, qui demandent des contraiter d'une matière, d'une question; cependant, naissances, etc. quand on spécifie la matière, la question, il faut dire traiter de. « Dans son ouvrage, il traite des plantes, des métaux, de l'économie. » « Comme j'ai déjà traité de cette matière dans ma 1x satire, il est bon d'y renvoyer mon lecteur.» BOIL. « Cette histoire des oiseaux serait trop volumineuse, si j'eusse traité de chaque espèce en particulier. BeFF. Un auteur traite des moyens, et non les moyens d'étudier l'histoire.- Mais on dira d'une façon tonte générale : « Les livres qui traitent si exactement les plus hautes sciences sontils des combinaisons purement fortuites?» FÉN.

Vous avez hérité ce nom de vos aïeux. CORN.
Le père de Fléchier avait hérité de ses ancêtres
une petite terre qu'il cultivait lui-même. » D'AL.
TRAITER, TRAITER DE.

Le rende mater, avec et sans de, s'emploie aussi dans les de négocier, de travailler à Daccommodeme i d'une affaire. On dit, traiter une and ceux qui travaillent à la régler ont Thainde de la traiter, quand elle est du nombre de celles qu'ils négocient d'ordinaire: Les ambassadeurs traitent la paix et la guerre. On se servira de traiter de, quand il sera question d'une adaire extraordinaire, soit en elle-même, soit seulement pour ceux qui en sont chargés, soit par les circonstances rares qui s'y trouvent réunies, soit par les obstacles qui s'opposent à sa conclusion. On ne dira pas, en parlant d'un notaire ocempe d'une simple affaire de sa compétence: c'est in qui traite de cette affaire; mais bien: c'est lui qui rite cette affaire.

PARLER AFFAIRES, MUSIQUE, PEINTURE, POLITIQUE, CHASSE, CHICANE, semblent équivaloir à parler d'affaires, de musique, etc.

Cependant, la phrase sans la préposition sert à Marquer l'espèce d'entretien d'une manière généale, l'espèce d'occupation, le mode, la forme independamment de la matière ou des sujets sur tele discours. Dans certaines réunions vers musique ou chasse. Avec de, la

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SYNONymie des verBES ACTIFS DONT LE RÉGIME EST PRÉCÉDÉ, D'UNE PART, DE LA PRÉPOSITION à, DE L'AUTRE, DE LA PRÉPOSITION de. Commencer à et de. Continuer à et de. S'empresser à et de. Essayer, s'efforcer, tâcher à et de. Obliger, forcer, contraindre à et de. Se jouer d quelqu'un, se jouer de quelqu'un. Prier à et de dîner. S'occuper à et de. Manquer à et de. Oublier à et de. Prêt à, prêt de. C'est à vous à, c'est à vous de. Ne servir à rien, ne servir de rien. Etc.

Tel est le résultat des deux chapitres précédents. Interposées entre un verbe et son régime, les prépositions à et de produisent un effet directement contraire. L'une en étend et en généralise la signification, l'autre la détermine et la spécifie. Autant l'une est indéfinie, vague et abstraite, autant l'autre est distinctive, précise et délimitative. L'une modifie l'action du verbe qu'elle suit de manière à la montrer comme tendant à un but éloigné, incertain et hors de la portée, et l'autre de manière à la montrer comme atteignant un but présent, prochain et bien marqué. La première fait prendre le verbe antécédent dans un sens large, général, et comme expressif d'une suite indéterminée d'actions, ou d'une action indéfinie; l'autre le fait prendre dans un sens rigoureux, strict, particulier et comme significatif d'une action unique, bien délimitée, bien circonscrite. Cette valeur relative des deux prépositions n'est-elle pas conforme à leur origine? Ad signifie vers, le point où l'on va, où l'on tend, où l'on cherche à aller, où l'on ne sait pas si on arrivera; de, de, hors de, le point précis, certain, fixe du départ. D'ailleurs, qu'on

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