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et bois une espèce. Aussi, quand il n'est pas be-être à l'abri de la critique; c'est l'idée presque soin de parler avec une entière précision, quand il n'est pas question de marquer les particularités ni le mode de formation et d'accroissement du bois dans les animaux qui en portent, on peut bien substituer au mot bois celui de cornes. «On met aux petits des rennes des coccons de pin, et quand ils tettent et qu'ils piquent leur mère, elle leur donne des coups de connes. » REGN. « On trouve quelquefois dans ce sable des os d'animaux et des cornes de cerf. BUFF.

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CORRECTION, EXACTITUDE. (CORRECT, EXACT.) Ces mots donnent l'idée d'une certaine application à bien parler et à bien écrire.

Correction, correct, de corriger, ôter les fautes, se rapportent davantage à la forme, à l'expression is indiquent une certaine application à ne point violer les règles de la grammaire et les usages de la langue, à parler ou à écrire avec pureté. Exactitude, exact, d'ex agere, agir ou faire d'après, avec soin et tout à fait, parfaire, regardent plutôt le fond et la vérité des choses: ils marquent une application à parler ou à écrire comme il faut, d'une manière conforme à la réalité. On dit une orthographe correcte (Sáv.), et un raisonnement exact (FÉN., ROLL.). La grammaire est l'art de parler et d'écrire correctement; un ouvrage est exactement vrai (FÉN.), une vérité exactement démontrée (Pasc.). « Virgile est plus correct et plus exact qu'Homère.: » ROLL. plus correct, c'est-à-dire plus châtié, plus exempt de fautes contre sa langue; plus exact, c'est-à-dire plus vrai, plus fidèle dans sa manière de copier et de rendre la nature. Quand un orateur a employé des termes impropres et équivoques, il se reprend de cette manière : ou pour parler plus correctement.... (Bourd., Boss.), Mais quand il a dit quelque chose que la vérité demande qu'on change ou qu'on restreigne, il y revient en disant ou, pour parler plus exactement.... (BOURD., LABR., VOLT.).

«La correction, dit l'Encyclopédie, tombe sur les mots et les phrases; l'exactitude, sur les faits et les choses. » Pareillement Beauzée : « La correction consiste dans l'observation scrupuleuse des règles de la grammaire et des usages de la langue; l'exactitude dépend de l'exposition fidèle de toutes les idées nécessaires au but que l'on se propose. »

toute négative, produite par l'addition decorrecte. « L'enfant qui ne sait pas encore parler apprend une langue qu'il parlera bientôt plus exactement que les savants ne sauraient parler les langues mortes qu'ils ont étudiées. » FÉN. Exactement, c'est-à-dire d'une manière parfaite, et. non pas correctement, c'est-à-dire d'une manière irrépréhensible et conformément à des règles que l'enfant au berceau ne connaît pas plus que Boccace n'en connaissait dans sa langue.

2° Lorsqu'il s'agit du sens d'un ouvrage ou d'un auteur, du fond d'une doctrine, la différence est à peu près la même. Correct est relatif et négatif. Il n'y a rien à redire, rien à changer dans ce qui est correct. Exact est absolu et positif : ce qui est, exact est vrai, orthodoxe., tel qu'il doit être. Une doctrine bonne, excellente, parfaite, est exacte. a Saint Basile est un des plus graves, des plus exacts et des plus savants, comme des plus éloquents écrivains de l'Orient. » Boss. « Les Basile, les Jérôme, les Augustin, les Bernard n'ont rien écrit plus exactement que les lettres où ils traitaient de la doctrine. » ID. Suis-je obligé d'être plus exact théologien que ces cinq examinateurs choisis par le pape? » FÉN. Mais correct devra s'employer d'une manière relative, comme dans les exemples suivants. « Les livres où les ennemis de saint Augustin trouvent le plus à reprendre sont ceux qui sont déclarés les plus corrects par le pape Hormisdas. » Boss. « Grotius avait dessein de retoucher ses commentaires et de les purger tout à fait de ce qu'il y avait de socinier et, en quelque manière que ce fut, de moins pur et de moins correct. » ID. « Si un homme croyait que le corps des ouvrages de Luther et de Calvin est sain et correct, il contredirait toute l'Église.» FEN.

Comme correct exprime une idée simplement négative et exact une idée positive, celui-ci est propre à enchérir sur celui-là. Voici une édition de mes ouvrages beaucoup plus exacte que les précédentes, qui ont toutes été assez pen correctes. BOIL. « Ce Boileau dont je vous a tant vanté le style correct et exact.» VOLT. Réduire un écrit à une plus grande correction et exactitude.

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Boss.

CORRIGER, AMENDER, RÉFORMER. Produire un changement en mieux.

Mais cette distinction, aisée à trouver, ne suffit On corrige un défaut ou quelque chose de dépoint. Car on emploie également correction et fectueux; on amende ce qui est vicieux. On corcorrect, exactitude et exact en parlant de l'ex-rige un thème, on amende une terre. Qui se corpression et du style, d'une part, et des pensées, des doctrines, des choses plus ou moins vraies, de l'autre.

α

1° En fait de style et d'expression, ce qui est correct n'est ni défectueux ni répréhensible; ce qui est exact est soigné et exemplaire. « Boccace fixa la langue toscane: il est encore le premier modèle pour l'exactitude et la pureté du style. » VOLT. Despréaux fixait la langue française par l'exactitude la plus correcte.» ID. Le style de Boileau est parfait dans notre langue, comme celui de Boccace dans la sienne; mais la perfection du style de Boileau consiste surtout à être exempt de fautes, à ne pas violer des règles établies, à

rige renonce à ses mauvaises habitudes; qui s'amende se perfectionne intérieurement. On corrige, comme on purge, de quelque chose; on amende, comme on purifie, simplement. L'action de corriger a lieu par exclusion, par retranchement, en effaçant ou en adoucissant; celle d'amender consiste en une opération intime qui porte sur la substance de la chose, qui en vivifie le principe ou les principes. En corrigeant, vous faites disparaître ce qu'il y a de mauvais; en amendant, vous fortifiez la tendance au bien, vous faites subir aux puissances, aux facultés, un changement favorable. La chose ou la personne corrigée est irréprochable; le jeune homme

mendé a gagné sous le rapport des sentiments et de la conduite, une terre amendée est plus éconde, un projet de loi amende est plus efficace, plus propre à produire de bons effets. Ce qui est corrigé est mieux; ce qui est amendé va mieux. Correction se dit de l'état des choses, et amendement de la santé ou de la conduite des personnes, des terres quant à leur fertilité, et des projets de lois ou d'arrêtés quant à leurs dispositions. Un ouvrage corrigé est correct, chatié, pur; un ouvrage amende produira de meilleurs fruits, sera d'un effet meilleur.

Réformer exprime un grand changement, c'est à-dire un changement entier, radical, ou bien un changement dans tout un ordre de choses, général. On corrige quelquefois en ôtant de simples taches ou en diminuant la force; on amende en améliorant, en donnant un nouveau degré de bonté; mais on réforme en transformant, en substituant un état à un autre. On peut être un peu corrigé ou un peu amende; on est réformé ou on ne l'est pas.

cherche de tous côtés jusqu'à ce qu'il ait retrouvé la voie. » FÉN. « Une jeune vigne étendait ses branches souples également de tous côtés. »ID. « D'abord que Jésus-Christ entre dans le temple, il regarde tout et de tous côtés. » Boss. « Je dois de tous côtés. » REGN. « Nous considérons le monde en tournant la tête de tous côtés. » MAL. Quand les hommes lèvent la tête et regardent de tous côtés, ils ne suivent pas toujours ceux qui vont devant. » ID. « Louis XIV, quoique partout affaibli, résistait, ou protégeait, ou attaquait encore de tous côtés.» VOLT. « François Ier se voyait seul contre l'Europe; et cependant, loin de se décourager, il résista de tous côtés. » ID. « Il a fallu pratiquer une infinité de canaux pour porter les eaux (du Nil) de tous côtés. » ROLL.

De toutes parts se dit d'une action partant de différents points pour aboutir à un sujet ou à un point unique. On est poursuivi ou accablé, des hommes arrivent, accourent, s'assemblent de tou tes parts. Dans le monde la divinité reluit, dans un palais les ornements brillent, la lumière ou l'obscurité entre dans l'âme de toutes parts. De toutes parts, c'est-à-dire de partout. 1« Qu'ai-je pu faire pour mon livre, moi éloigné, moi contredit, moi accablé de toutes parts? » FÉN. « La charité s'éteint; la nuit entre de toutes parts dans l'âme. » Ib. « Les peuples y (à Salente) accouru

D'autre part, la réforme s'étend à toute une classe de choses ou d'hommes. On corrige un défant ou un abus particulier; on réforme tout un Etat ou tout un système de conduite. « Pour corriger les abus (chez les Romains au temps des Gracques), il s'agissait de réformer tout l'Etat universellement corrompu. » ROLL. On corrigerent bientôt en foule de toutes parts. » ID. « Les des vers ou des fautes de versification; on réforme un poëme ou une tragédie. Pareillement, on dit l'amendement d'un criminel (Boss.), et la réforme d'un monastère.

CÔTÉS (DE TOUS), DE TOUTES PARTS. Locutions adverbiales de lieu qui expriment une multiplicité de sens ou de directions. On voit un objet, on assiége une ville de tous côtés ou de toutes parts.

aigles s'assemblent rapidement de toutes parts
autour d'un corps mort. » Boss. « Je crus voir
des gens poursuivis de toutes parts. » S. S. « Tous
les Grignan sont arrivés de toutes parts pour le
seconder dans ses sollicitations. » SÉV.

Les amours près de vous volent de toutes parts.
REGN

Pendant cela le mauvais temps l'assaille
De toutes parts.

LAF.

« Votre Majesté appelle de toutes parts ceux qui se distinguent dans la noble carrière des lettres.>> D'AL. « Les marchands abordaient de toutes parts à Alexandrie. » ROLL.« Dès que les Romains furent entrés dans la forêt, ils se virent investis et attaqués de toutes parts. » ID.

Mais de tous côtés est subjectif : il a rapport au sujet dont on parle, lequel a des côtés, un de droite, un de gauche, un de dessus, un autre de dessous, etc. De toutes parts est objectif: il a rapport à des choses étrangères qui partent de différents points ou d'où part l'action, pour aboutir d'ordinaire au sujet dont il est question. « De On voit et surtout on regarde de tous côtés, tous côtés paraît avoir plus de rapport à la chose parce que c'est une action qui dépend du sujet. même dont on parle, et de toutes parts semble Mais on entend de toutes parts, parce que les en avoir davantage aux choses étrangères qui en bruits qu'on entend arrivent sans qu'on cherche vironment celle dont on parle. » GIR. Vous regar- à les entendre. « On ne voyait de tous côtés que dez de tous côtés; vous êtes regardé de toutes des femmes tremblantes et des vieillards courbés, parts. Vous devez de tous côtés; on vous doit de qui se retiraient dans la ville. C'était de toutes wutes parts. On voit un objet de tous côtés, c'est-parts des cris confus de gens qui se poussaient à-dire par tous ses côtés, sous toutes ses faces; on le voit de toutes parts, c'est-à-dire de tous les endroits d'où partent les regards pour l'apercevoir. De même, on assiége une ville de tous côtés, c'est-à-dire par tous ses côtés, et de toutes parts, c'est-à-dire que de toutes parts, ou de divers lieux, sont venus des ennemis pour tomber sur

elle.

De tous côtés indique une action partant d'un seul sujet pour prendre diverses directions. On dit d'une personne qu'elle cherche, qu'elle se tourne, qu'elle voit ou regarde, qu'elle erre, qu'elle doit de tous côtés. De tous côtés, c'est-àdire partout, en tous sens. -Le chien égaré

les uns les autres. » FÉN.

COULER, GLISSER, ROULER. Ces trois verbes expriment un mouvement de translation successif et continu.

Couler, du latin colare, passer par un sas, par une étamine, par un couloir, marque le mouve ment des fluides et des corps solides qui ont été liquéfiés ou réduits en poudre très-fine. Glisser, allemand glitschen, analogue au grec yλíoxpos, glissant, et au latin glacies, glace, c'est se mouvoir en conservant la même surface appliquée au corps sur lequel on se meut. Rouler, de rotula, petite roue, d'où rotulare, ayant même sens que rotare, c'est se mouvoir en tournant sur

soi-même. L'eau, du métal en fusion (BUFF.), le sable d'un sablier, coulent; on glisse sur la glace, un rabot glisse sur une planche quand il ne mord pas (J. J.), des enfants s'amusent à glisser sur une rampe (LAH.); une boule et tout ce qui y ressemble, pierres, cailloux, pommes, œufs, globes célestes ou autres, roulent.

Au figuré, rouler diffère bien des deux premiers mots, qui, au contraire, se ressemblent beaucoup. Rouler, comme en latin versare, désigne une action qui se fait itérativement, qui se répète souvent sur le même objet; de même qu'une boule, après avoir fait un tour, en fait un second, un troisième et ainsi de suite, appuyant souvent sur les mêmes points de sa circonférence. On roule des projets dans sa tête, l'esprit y revient sans cesse, y pense et y repense; un livre roule sur une matière, qu'il tourne et retourne dans tous les sens. On roule dans un pays, quand on y va tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, sans se fixer nulle part. « Je roulai longtemps sur les vagues émues, qui tantôt me faisaient voir la profondeur des mers, et tantôt m'élevaient jusqu'aux nues. » LES.

. Couler et glisser signifient un mouvement doux et facile. Mais celui qui consiste à couler peut être lent et tranquille : le temps coule, il a une marche paisible et uniforme; une période et un vers coulent bien, quand il ne s'y trouve rien d'embarrassé ni de précipité. « La marche de l'hirondelle est peut-être moins rapide que celle du faucon, mais elle est plus facile et plus libre; l'un se précipite avec effort, l'autre coule dans l'air avec aisance. » BUFF. « Ces matières demanderaient d'être traitées avec plus d'étendue; mais la nature de cet ouvrage ne le permet pas. Je voudrais couler sur une rivière tranquille; je suis entraîné par un torrent. » MONTESQ. L'action de glisser, au contraire, est vive et rapide; elle ne fait pas d'impression et on l'aperçoit à peine, tant elle est vite. Il y a des matières délicates sur lesquelles un orateur doit glisser. « Il y a beaucoup de terres qui s'imbibent d'eau facilement; il y en a d'autres sur lesquelles l'eau ne fait que glisser. » BUFF. « La nature du monde est de glisser, de passer vite. » Boss.

COUP (TOUT À), TOUT D'UN COUP. En un in

stant.

Tout à coup, c'est-à-dire brusquement, à l'improviste, sans qu'on s'y attende, de manière à surprendre. Tout d'un coup, c'est-à-dire tout en une seule fois, et non pas à plusieurs reprises ou par progrès. « Ce qui se fait tout à coup n'est ni prévu ni attendu ; ce qui se fait tout d'un coup ne se fait ni par degrés ni à plusieurs fois.» BEAUZ. La mort vient toujours imprévue et pendant qu'à la manière de ces oiseaux niais, nous nous repaissons de ce qu'on présente pour nous amuser, le lacet vient tout à coup, nous sommes pris, et il n'y a plus moyen d'échapper. » Boss. - Labruyère appelle les balles de petits globes qui vous tuent tout d'un coup, s'ils peuvent seulement vous atteindre à la tête. »

« Aux jours de Noë le déluge vint tout à coup, lorsqu'on y pensait le moins. » Boss. N'ayez aucun regret à ce que vous avez écrit: j'y ferai

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Quel sujet tout à coup vous a mis en colère? L'esprit ne se sent point plus vivement frappé Que lorsqu'en un sujet d'intrigue enveloppé D'un secret tout à coup la vérité connue Change tout, donne à tout une face imprévue. BOIL. << Des personnes qui marchaient devant moi s'étant tout à coup brusquement écartées, je vis fondre sur moi un gros chien danois. » J. J. « Quatre valientes vinrent fondre sur moi tout à coup et me jetèrent brusquement dans un carrosse. » LES.

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a Se trouver tout d'un coup (par héritage) dans de grands biens dont l'amas n'a coûté aucune peine. Boss. « Trouver tout d'un coup, en naissant, ce qu'une vie entière de soins et de peine n'aurait pas pu même faire attendre. MASS. a Les lois criminelles n'ont pas été perfectionnées tout d'un coup. » MONTESQ. Un trait de lui le peindra tout d'un coup. » S. S. « Il faut tout d'un coup voir la chose d'un seul regard, et non par progrès de raisonnement. » PASC. Dieu remuera-t-il d'abord les parties de la matière au hasard, pour en former le monde peu à peu, en suivant certaines lois, ou bien le formera-t-il tout d'un coup ? » MAL. « Qu'il m'envoie tout le reste de ce qu'il dit avoir à m'objecter, afin que j'y puisse répondre tout d'un coup, sans avoir la peine d'en faire à deux fois. » DESC. « Il eût fallu changer tout d'un coup l'opinion des hommes, qui ne change qu'avec le temps. » VOLT. « Dans les écrits de Moïse, la poésie naissante paraît tout d'un coup parfaite, parce que Dieu même la lui inspire, et que la nécessité d'arriver à la perfection par degrés n'est qu'une condition attachée aux arts inventés par les hommes. » ROLL.

COUPLE, PAIRE. On désigne ainsi deux choses dc même espèce.

Couple est tantôt féminin, tantôt masculin. Féminin, il se dit de deux choses mises accidentellement ensemble, et qui n'ont entre elles d'autre rapport que celui de cette rencontre : une couple d'œufs, de pommes, d'écus, de soufflets, c'est-à-dire deux œufs, deux pommes, deux ècus, deux soufflets. Masculin, il exprime quelque chose de plus spécial ou de moins vague, savoir, l'union de deux objets et presque toujours de deux êtres animés qui se conviennent, qui sont faits l'un pour l'autre, ou qui se sont choisis l'un l'autre particulièrement pour propager l'espèce un couple d'amis, de fripons, d'amants; un couple de pigeons, un couple heureux. « Il faut vingt livres de blé pour nourrir une couple de moineaux. » BUFF. « Il n'est pas sans exemple que quelques couples de bécasses se soient arrêtés dans nos provinces de plaine et y aient niché. » ID. Voy. Ire partie, p. 6. 1o Une paire, une couple.

La paire se distingue de la couple en ce u'elle ne marque pas une liaison fortuite et bitraire entre les deux premières choses veues de la même espèce, mais la réunion contante et l'accompagnement de deux choses qui, our l'usage, vont nécessairement ensemble : ne paire de bottes, de gants, de boucles d'oeilles, de flambeaux. On dit une couple de œufs, quand on ne considère que le nombre, t une paire de bœufs quand il s'agit de bœufs estinés à unir leur force et à travailler l'nn vec l'autre un boucher achète une couple de œufs, un cultivateur une paire de bœufs. 2. Une paire, un couple.

rapport aussi direct et aussi prochain que s'accoupler.

COURT, BREF; CONCIS (LACONIQUE), SUCCINCT (SOMMAIRE, ABRÉGÉ). Tous ces adjectifs attribuent une petite étendue en longueur.

Mais il y a cela de particulier à court et à bref, que chacun d'eux a son domaine spécial où ne peut jamais figurer aucun des mots suivants Court se dit seul des corps et relativement à l'es| pace: nez court, habit court. Bref, de son côté, se rapporte à la durée et sert à qualifier, non ce qui est, mais ce qui arrive ou se fait un bref délai (ACAD.), un chant (BUFF.), un cri (ID.), un son (ID.) bref; une syllabe brève se prononce en peu de temps; un parler bref est précipité, rapide. Quand on dit, la vie est courte, on la voit en

s'il s'agit de la représenter comme passant ou s'écoulant, le mot bref est préférable. « La vie s'écoule si vite, qu'il ne faut pas laisser passer dans l'accablement des jours si brefs.» Boss.

Deux amis qui sont toujours ensemble, qui ivent sur le pied d'égalité, ou pairs et comagnons l'un avec l'autre, forment ce qu'on ap-imagination comme une étendue matérielle; mais elle familièrement une paire d'amis; un couple Pamis annonce deux amis entre lesquels l'union t l'intimité sont parfaites. « Si vous voyez M. le ailli de Froulai et M. le chevalier d'Aïdie, dites à cette paire de loyaux chevaliers combien je =uis reconnaissant de leurs bontés. » VOLT. « Et quand on trouverait dans tout l'univers un ou deux couples d'amis véritables, qui peut dire que cette union durera? » Boss.

Mais court regarde proprement la dimension; bref, la durée; concis et laconique, la forme; succinct, sommaire et abrégé, le fond.

Tous les mots qui suivent ont uniquement rapport au discours et marquent le contraire de la prolixité. Mais s'ils ne peuvent jamais se mettre à la place de court et de bref pour qualifier quant à l'espace et quant au temps, court et bref s'emMais une paire et un couple se disent plus ploient très-bien comme eux pour déterminer la souvent en parlant de certains animaux et sur-manière dont on s'exprime. En ce sens, les deux tout de certains volatiles appariés ou accou- premiers mots sont étroitement synonymes des plés, c'est-à-dire associés ou réunis par des qua- autres. lités communes : une paire ou un couple de pigeons, de tourterelles, etc. Alors paire suppose que les deux animaux sont égaux (pares), du même âge, de la même grosseur, de la même couvée ou de la même portée : une paire de poulets; quand J. C. fut présenté au temple, le jour de la Purification, on offrit pour lui une paire de tourterelles (Boss.). « Hercule prit deux jeunes garnements et les attacha par les pieds au bout de sa massue, la tête en bas, comme une paire de lapins.» VOLT. Un couple (de copula, lien) marque l'union la plus grande, celle des sexes, et par conséquent suppose toujours que l'un des deux animaux est mâle, l'autre femelle. « Souvent la pie-grièche attaque, et toujours avec avantage, surtout lorsque le couple se réunit pour éloigner de leurs petits les oiseaux de rapine. » BUFF.

D

Toutefois, le mot paire désigne aussi parfois une association conjugale, l'association de deux oiseaux de la même espèce et de sexe différent. Même alors il ne doit pas être confondu avec couple. Paire exprime l'habitude de vivre ensemble, la parité de sort et de fortune, et couple l'union des sexes ainsi que tous les soins qui regardent la naissance et l'éducation des petits. a Il est peut-être plus rare de voir deux paires d'aigles dans la même portion de montagne que deux familles de lions dans la même partie de forêt. BUFF. « Ce couple heureux (d'oiseaux) qui s'est réuni par choix, qui a établi de concert et construit en commun son domicile d'amour, et prodigué les soins les plus tendres à sa famille naissante, craint à chaque instant qu'on ne la lui ravisse.» ID. De même il est certain que s'apparier n'a pas avec la génération un

D

est

Court regarde la dimension, bref la durée. Ce qui est court n'occupe pas beaucoup de place; ce qui est bref ne dure pas longtemps. Un discours écrit, couché sur le papier ou dans un livre, court; un discours qu'on prononce est bref. Un auteur est court, quand ce qu'il dit est contenu dans quelques pages ou dans quelques lignes. « Erasme a dit d'Origène qu'il était court quand il le fallait. » Boss. « Il doit y avoir cinq traités dans mon ouvrage; mais les trois derniers seront très-courts, et il n'y aura plus qu'un volume comme celui que vous avez. » ID. « Les mandements de Massillon sont la plupart aussi courts qu'une lettre.» LAR. Mais vous avertissez une personne qui vous parle d'être brève, c'est-à-dire d'avoir bientôt fini. << Parlez, mais surtout soyez bref. » MoL., REGN. « Ne m'ennuyez pas par un long discours. - Je serai bref. » DEST. Un orateur ne doit se permettre que de brèves digressions (Boss.).

Concis, avec son synonyme laconique, regarde la forme; succinct regarde le fond, ainsi que sommaire et abrégé. Ce qu'on appelle concis est considéré quant au style, littérairement; ce qu'on qualifie de succinct est déclaré tel eu égard à la chose et à ses circonstances, qu'on ne développe point. Le concis manque d'ornement, le succinct de détails. Quand vous jugez qu'une narration est concise, vous vous placez au point de vue de l'art ; et vous vous placez au point de vue des faits, quand vous jugez qu'elle est succincte. Une narration concise est vive; une narration succincte, substantielle. On dit un style ou un tour

(MARM.) concis, une langue concise (ROLL.), des phrases et des périodes concises (ACAD.), les formes concises du style de Labruyère (MARM.); mais on dit en pensant aux choses qui font la matière du discours, et non à la manière de les présenter, un mémoire (REGN.), un compte (S. S.), un récit (LES.), un avis (Boss.), un extrait (LAH.) succinct; une histoire (VOLT.), une exposition (BOURD.), une indication (BUFF), une analyse (LAH.) succincte. « Je traiterai de ces expéditions de la manière la plus succincte qu'il me sera possible, sans pourtant rien omettre de ce qui me paraîtra digne d'attention. » ROLL.

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Car c'était en notre langue, Laconique extrêmement. D'ailleurs, laconique fait connaître la manière de dire plutôt que celle d'écrire, et parfois il est relatif au caractère dont il indique un defaut. << Catinat était peu agréable dans le commandement, parce qu'il était sec, sévère, laconique.» S. S. « L'orgueil et même la dignité affecte une expression froide et laconique'. » MARM.

Succinct, sommaire, abrégé.

α

de réduction. Suivant Platon, les idées générale sont des idées sommaires ; et, suivant Aristote ce sont des idées abrégées.

CRAINDRE, - APPRÉHENDER, REDOUTER AVOIR PEUR. On craint, on appréhende, redoute un danger, et on en a peur.

Craindre est le terme générique. Il a rependant plus d'analogie avec appréhender. Toss deux expriment une simple vue de l'esprit; is supposent un danger à venir, et se rapportent à la prudence. On craint, on appréhende un événement, ou qu'un événement n'arrive. Redouter ne s'emploie pas de cette manière, et si avoit peur se dit quelquefois en ce sens, c'est par exagération, comme de remarque très-bien l'Académie.

Mais on oraint un danger probable, et on appréhende un danger possible. C'est par sagacite et parce qu'on voit bien ce qui peut arriver qu'on craint et qu'on s'alarme; c'est par précaution et parce qu'on pressent ce qui pourrait bien arriver qu'on appréhende et qu'on s'inquiète. On a des raisons de se croire menacé du danger qu'on craint : c'est ainsi qu'un plaideur qui sent la faiblesse de sa cause craint de la perdre. On appréhende, quoique tout à fait incertain si de dan ger se réalisera jamais.

Loin d'agir en amant qui, plus que la mort même, Apprehende toujours d'offenser ce qu'il aime, Il.... MOL. Tout ce que nous avons un peu appréhende a été que la brigue ouverte de certaines gens ne tirât l'affaire à des excessives longueurs. Boss. « Siméon ne disant rien en particulier à Marie lui laisse appréhender toutes choses. » ID. & un grand trouve l'occasion de faire plaisir à ur homme de bien, il doit appréhender qu'elle ne lui échappe. LABR. La plupart des femmes (en Suède, après la réformation,) appréhendaient que, faute de l'usage du sel et des exorcismes ordinaires, leurs enfants ne fussent pas bien baptisés.» Vert.

'Succinct signifie un genre dont sommaire et On redoute ce qui est supérieur ou ce qui proabrégé désignent des espèces. Ce qui est succinct vient d'une cause supérieure, terrible, qui fai: n'est pas circonstancié ou détaillé; ce qui est trembler, à laquelle on ne peut avantageusesommaire pourrait ou pourra l'être; ce qui estment résister. Redouter le crédit, la puissance, abrégé l'a été. Sommaire laisse entrevoir des dé- les forces de quelqu'un, une brigue, le courroux veloppements possibles. « La Direction de Féne-d'un maître, la justice de Dieu, le jugement des 'lon est un examen sommaire de tous les devoirs connaisseurs. En naissant dans la pompe et du prince. > LAH. « L'histoire d'une nation ne dans l'éclat, Jésus-Christ n'aurait été que respeut jamais être écrite que fort tard; on com- pecté, que révéré, que redouté, et il voulait être mence par quelques registres très-sommaires. » aimé. » BOURD. « Après avoir convaincu les criVOLT., Mais abrégé rappelle des développements minels d'Etat, au moment qu'ils attendaient une donnés ailleurs. « Que ne puis-je rapporter ici, sentence de mort et qu'ils redoutaient son juste dans un recueil abrégé, tout ce que les Pères ont courroux, Théodose leur rendait la vie. » ID. dit de l'invocation de Marie ! » BOURD. « C'est une Sors vite de ces lieux, redoute mon courroux. récapitulation et répétition abrégée de ce qui a été représenté au long dans les visions précédentes. » Boss. « Combien l'ancienne philosophie grecque devait être abrégée dans l'Encyclopédie!» LAH.- Ce qui est sommaire est une espèce d'esquisse; ce qui est abrégé est une sorte

4. Précis se distingue absolument comme concis des autres mots de cette famille. Is different neanmoins l'un de l'autre. Voy., Ire partie, p. 154.

REGN.

« Caïus Gracchus redoutait la tribune, qui avait été si funeste à son frère. » ROLL. « Comme Pompée redoutait la fortune et la valeur de ce grand capitaine (César), il tâcha de le tirer du gouvernement des Gaules. » VERT. « Je redoutais moins le caractère de Mme la maréchale que son esprit; c'était par là qu'elle m'en imposait. »J. J. «La nature a-t-elle fait les enfants pour être obéis et craints? leur a-t-elle donné un air im

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