Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

sons, et y venaient de temps en temps prendre part aux exercices; sans compter des affiliés, c'est-à-dire des hommes vertueux, la plupart établis en des endroits éloignés, s'intéressant seulement aux progrès de l'ordre, se pénétrant de son esprit et pratiquant la règle (BARTH.). Les physiciens appellent agrégats ou même agrégés des amas, des assemblages de particules entre lesquelles il n'y a rien de commun, si ce n'est qu'elles adhèrent les unes aux autres. Dans l'Université, les agrégés tiennent ou appartiennent au corps enseignant, mais ils n'enseignent pas

encore.

affermit dans les saintes dispositions où nous. pouvons être de fuir le péché (BOURD.).

conso

Affermir et consolider diffèrent en ce qu'affermir suppose plutôt une chose simple, et consoli der une chose composée; affermir une muraille, consolider un édifice; affermir une âme, lider une alliance. Ce qui chancelle a besoin d'être affermi; ce qui est rompu, désuni, ou ce qui tend à se rompre, à se désunir, a besoin d'être consolidé.

Arrêter se dit des choses en mouvement; il en est de même de fixer: on arrête et on fire une persienne en empêchant qu'elle ne soit agitée par le vent.

Mais on arrête celle dont on arrête le mouvement, celle qui a été effectivement agitée, et dont on fait cesser seulement l'agitation actuelle; au lieu qu'on fixe celle qui pourrait être mise en mouvement, et dont on prévient toute espèce d'agitation. En sorte que fixer revient à arrêter d'une manière invariable et par conséquent forte. Qui arrête sa vue sur un objet ne l'étend pas plus loin ou au delà; qui la fixe l'ar

D'ailleurs, des deux verbes associare et agregare le second est le seul qui se soit dit en latin dans ce sens. C'est pourquoi dans notre langue il se rapporte plutôt à des corps savants. « Des troupes de prosélytes viennent en foule pour être agrégés dans l'école de Jésus-Christ. » BOURD « Vous voilà agrégé au nombre des bons auteurs; votre livre m'a paru très-bien fait, très-commode et très-utile. VOLT. « Les deux Cassini furent l'un et l'autre agrégés aux plus célèbres académies. S. S. A quelle secte agrégerons-rête précisément, fortement, sans lui permettre nous l'homme de la nature? » J. J. « On a fait injure à Machiavel en agrégeant à son école nos docteurs révolutionnaires.» LAH. «A Genève, les avocats, les notaires, les médecins, forment des corps auxquels on n'est agrégé qu'après des examens publics. » D'AL. Mais en langage commun on dira qu'on est associé à une confrérie (Boss.); que la grâce dans le baptême nous a associés à l'assemblée des saints (MASS.); qu'Aratus associa sa patrie à la ligue des Achéens (COND.), etc.

ASSURER, AFFERMIR, CONSOLIDER, ARRETER, FIXER, ATTACHER. Mettre quelque chose dans un état de stabilité.

On assure ce qu'on met en sûreté, ce qu'on garantit, ce qu'on préserve; on affermit ce qu'on rend ferme, inébranlable; on consolide ce qu'on rend solide, indestructible; on arrête ce dont on empêche le mouvement; on fixe ce qu'on arrête invariablement, à demeure; on attache ce qu'on rend stable en le liant ou en le joignant à autre chose.

aucun écart. « Notre cœur nous échappe à chaque instant; rien ne l'arrête, rien ne le fixe.» MASS.

Attacher une chose, c'est la faire tenir à une autre, au moyen d'une attache, d'un lien ou d'autre chose semblable: attacher les voiles au mât; le lierre s'attache à l'ormeau. Ce qui arrête nos regards nous intéresse; ce qui les fixe nous intéresse vivement, uniquement, nous passionne; ce qui les attache nous captive, nous enchaîne, nous ne pouvons les en détacher, les en séparer.

ATTACHEMENT, DÉVOUEMENT. On a de l'attachement et du dévouement pour un homme ou pour un parti auquel on s'est lié par un engagement volontaire. « Le prince de Condé fut un modèle de l'attachement et du dévouement qui sont dus au roi.» BOURD.

L'attachement est un engagement de cœur qui a ses degrés, et c'est pourquoi ce mot est synonyme d'amitié et d'affection. Le dévouement n'est point un fait de sensibilité, et ce qui le caractérise, c'est d'abord la plénitude des dispositions qu'il exprime : le dévouement est une sorte d'abandonnement et de servitude. Quand on est attaché, on tient beaucoup à la personne, on ne s'en détache pas aisément; quand on est dévoué, on ne s'appartient plus, on s'est donné sans ré

serve.

Assurer est le seul de ces verbes qui soit relatif à des attaques possibles et qui en marque l'inutilité. Ce qui est assuré, n'est point exposé, n'a rien à craindre, ne périclite point. Aussi dit-on assurer contre, tandis que les autres verbes qui suivent s'en ploient simplement ou avec une autre préposition. «Alexandre ne partit qu'a- En second lieu, l'attachement a plutôt rapport près avoir assuré la Macédoine contre les peuples à l'intérêt qu'on prend à la personne ou au barbares qui en étaient voisins.... Après la ba- parti, et à la difficulté de nous en détourner. Le taille d'Issus, il laisse fuir Darius, et ne s'occupe dévouement en a davantage aux services qu'on qu'à affermir et à régler ses conquêtes. » MONTESQ. est prêt à lui rendre: « Ce ne sont que protestaOn assure ce qu'on met à l'abri de certains acci- tions de services et d'un dévouement sans rédents ou de certains risques; on affermit ce serve. BOURD. Je vous suis attaché: je m'intéqu'on assoit sur de bons fondements. Un généresse à tout ce qui vous touche, je me range de ral assure sa position ou les derrières de l'armée; il affermit la discipline et le courage des troupes. La foi assure la raison de l'homme contre le mensonge et l'erreur (BOURD.); l'amour-propre nous affermit dans nos sentiments (LABR.). La grâce nous assure contre les tentations, et nous

SYN. FRANG.

votre parti, et rien ne saurait m'en éloigner. Je vous suis dévoué je suis votre serviteur, votre esclave; je me suis obligé comme par des vœux et une consécration à faire tout ce qu'il vous plaira'.

1. Si, à l'exemple de Roubaud, on veut comparer

24

1° ATTENTION, APPLICATION; 2° RE- c'est arrêter son esprit à la regarder en elleFLEXION, MÉDITATION; — 3° CONTENTION. Ces même, en peser toutes les raisons, toutes les difmots expriment l'action volontaire et plus ou ficultés et tous les inconvénients; c'est ce qui moins forte de l'intelligence. s'appelle attention. » ID. « Il n'y a rien qui rende nos perceptions plus claires et plus distinctes que l'attention. » MAL. -La fatigue de l'applica tion (VOLT.). « Après une vie entière d'étude, et une application infatigable.» MASS. « Une maladie causée par trop d'application. » COND. «Jai des maux de tête presque continuels, ce qui me rend incapable de toute application. » D'AL. «Je n'ai jamais pu supporter l'application du cabinet.... Cependant je suivais exactement l'histoire et la géographie; et comme cela ne demandait point de contention d'esprit, j'y fis des progrès.»>

2o Réflexion, méditation.

Mais attention et application, par leur préfixe ad, à, vers, marquent un mouvement de l'esprit vers l'extérieur ou le dehors. Réflexion et méditation, au contraire, désignent un développement tout intérieur de la pensée. Les physiciens, les observateurs de toute sorte, et en général tous ceux qui étudient ou qu'on instruit, ont besoin d'attention ou d'application; les métaphysiciens, les mathématiciens, les auteurs, et en général tous ceux qui, abstraits ou recueillis en eux-mêmes, s'occupent de leurs idées, calculent, raisonnent, délibèrent, ne peuvent | J. J. réussir qu'à force de réflexion ou de méditation. Attention et application nous supposent actuellement en rapport avec des objets, et c'est pourquoi on ne dit guère faire attention ou s'appliquer sans indiquer à quoi; mais on dit bien réfléchir et méditer, absolument, sans représenter le sujet comme adonné ou attaché à quelque chose. Le travail de l'esprit, dans l'attention et l'application, consiste seulement à bien recevoir les manifestations des choses ou les enseignements des maîtres; dans la réflexion et la méditation, il crée, il produit des résultats, des fruits, auxquels on donne les noms mêmes des facultés d'où ils proviennent: de sages réflexions, les méditations de Descartes. Il faut de l'attention et de l'application pour comprendre; de la réflexion et de la méditation pour inventer ou composer.

1° Attention, application.

«Lorsque la réflexion est profonde et longtemps fixe, elle s'appelle méditation.» MARM. « Méditer, c'est réfléchir longtemps et profondément sur un sujet.» COND. D'où il suit que la meditation est à la réflexion comme l'application à l'attention.

elle

Mais, en outre, la méditation semble plus créatrice que la réflexion, plus indépendante de données expérimentales. Ainsi, dans une certaine acception, la réflexion n'est autre chose que la conscience ou le sens intime sous l'empire de la volonté, et alors elle ne crée pas plus que l'attention et l'application : elle recueille des faits; seulement, c'est au dedans de nous. De même, lorsqu'elle consiste, comme la méditation, non à acquérir des idées, mais à comparer, à modifier, à combiner celles que nous avons, est moins originale. La réflexion est la mère de Par l'attention nous tendons vers l'objet; par la prudence et de la sagesse. «L'esprit orné de l'application nous sommes étendus dessus, tout connaissances utiles, et depuis longtemps exercé du long. L'application est donc une attention | à la réflexion, Xénophon écrivit pour rendre les suivie, soutenue, persévérante, ou simplement hommes meilleurs en les éclairant. » BARTH. une grande attention. Ce n'est pas seulement de l'attention, mais de l'application que demande l'étude. « Avec de l'attention on se corrige de ses mauvaises habitudes, avec de l'application on en acquiert de bonnes. » COND. C'est ainsi qu'elle se conduisait dans le monde, avec peu d'attention pour ses intérêts propres, avec plus d'application pour les intérêts de ses amis. » MARM. L'attention peut être si faible, qu'elle ne soit pas même volontaire; mais on ne saurait en dire autant de l'application. Au jour du jugement dernier, il nous faudra penser aux vérités de l'Evangile Prévenons le trouble de cette attention forcée pour une application volontaire. » Boss.

Légère attention (ACAD.). C'est faute d'attention qu'il n'a pas relevé cette erreur (ID.). Il y a une attention vive, mais peu durable, qui ne saisit que le dehors, et qui se contente de couler rapidement sur la surface de son objet (D'AG.). Notre attention est mêlée de volontaire et d'involontaire. » Boss. « Considérer une chose, dévouement, non pas avec attachement, mais avec affection, on trouvera qu'il s'en distingue comme d'attachement. Quant à la différence d'affection et d'attachement, voy. Amour, tendresse, inclination, etc., p. 338.

« Selon les habiles d'entre les anciens, l'art de l'éloquence consiste dans les moyens que la réflexion et l'expérience ont fait trouver pour rendre un discours propre à persuader la vérité et à en exciter l'amour. » FÉN. La méditation est la mère des grandes conceptions, de celles qui dépendent plus du génie que de l'expérience. « La méditation a produit les Archimède, les Newton, les Pascal: les lois, les arts, presque toutes les grandes conceptions lui doivent leur existence.» MARM. « Montesquieu médita pendant vingt ans l'exécution de l'Esprit des lois, ou plutôt toute sa vie en avait été la méditation continuelle.» D'AL. L'homme réfléchi est moins abstrait que le méditatif, moins retiré en lui-même. moins étranger aux réalités, moins spéculatif.

Enfin, non-seulement la réflexion se rapporte plutôt à quelque chose d'antérieur vers quoi elle marque un retour, avec quoi ou sur quoi elle opère, mais en général elle regarde plutôt le passé et la méditation l'avenir. « Le remords naît de la réflexion.» Boss. Vous réfléchissez sur ce qui a été dit ou fait; vous méditez un projet. une vengeance. La méditation, au lieu d'être rétrospective, est préparatoire. «La plupart des gens qui n'apprennent point leurs discours par cœur ne se préparent pas assez; il faudrait étu

dier son sujet par une profonde méditation, préparer tous les mouvements et donner de l'ordre à tout cela.» FÉN. « Tout était si familier et si présent à Diderot, qu'il semblait toujours préparé à tout ce qu'on avait à lui dire, et ses apercus les plus soudains étaient comme les résultats d'une longue méditation. » MARM.

3° Contention.

«

α

Contention renchérit encore sur application et sur méditation: il marque une action de l'esprit, non-seulement forte et très-forte, mais violente. D'ailleurs, ce mot tout relatif au sujet, est le seul propre à représenter l'effet, même physique, produit sur le sujet par le trop grand effort de l'intelligence. L'ambitieux travaille beaucoup, fait de violentes contentions d'esprit et de corps, et se consume de veilles. » BOURD. « L'intérêt donne de la santé aux faibles, et leur fait soutenir des travaux, des veilles, des contentions d'esprit, capables de ruiner les tempéraments les plus robustes. » ID. « Ce n'est point par des réflexions pénibles et par une contention continuelle qu'on se renonce. » FÉN. «Que des plaisirs purs réparent les forces du magistrat, épuisées par un long travail, et détendent les ressorts de son âme, fatigués par une trop grande contention.» D'AG.

D

ATTENTION, SOIN, VIGILANCE, EXACTITUDE. Chacun de ces mots signifie le contraire de la négligence, à savoir une certaine diligence, ou un effort de l'esprit afin de bien faire. La plupart des affaires demandent, pour être traitées convenablement, beaucoup d'attention, de soin, de vigilance ou d'exactitude. Sans attention, sans soin, sans vigilance et sans exactitude on ne peut guère réussir dans ce qu'on entreprend. « L'esprit d'attention, de vigilance, d'exactitude, fait le caractère essentiel du sous-principal. » ROLL. On peut y ajouter l'esprit de soin.

α

Avec de l'attention (d'ad tendere, tendre vers, s'appliquer à), on pense, ou on a l'esprit à ce qu'on fait, on prend garde à ce qui arrive; on n'est pas distrait, étourdi, léger, malavisé. Avec du soin (de senium, vieillesse, sévérité, ennuis, peines, soucis), on songe et on a cœur à ce qu'on fait, on s'en soucie. Avec de la vigilance (de vigilare, veiller, ne pas dormir), on ne s'endort pas, on a les yeux sans cesse ouverts, on est continuelle ment sur ses gardes et précautionné. Avec de l'exactitude (d'ex agere, agir ou faire d'après, tout à fait, parfaire), on n'omet rien, on fait tout à point, d'une manière fidèle, complète, juste, régulière.

Il faut de l'attention pour bien entendre ou bien voir, pour découvrir ou remarquer, pour éviter des fautes de langage. Il faut du soin pour polir, pour finir, pour perfectionner, pour culti ver et faire fructifier. Il faut de la vigilance pour n'être pas surpris, pour être ou mettre en sûreté, à l'abri, pour conserver ou préserver. Il faut de l'exactitude pour bien exécuter, pour bien rapporter, pour obéir ou se conformer comme il faut à des ordres, à une loi ou à des conventions.

Un observateur est proprement attentif; un ouvrier, soigneux; un garde, vigilant; un ministre,

un historien, un témoin, un commissionnaire, exact.

Il faut être attentif à la prière, aux leçons, à tout ce qui exige de la présence d'esprit, ou à ce qui demande qu'on y ait égard, qu'on en tienne compte. Il faut être soigneux de tout ce qui mérite qu'on s'en mette en peine, qu'on s'en occupe sérieusement. Il faut être vigilant à la vue et dans la crainte du danger. Il faut être exact à ses devoirs, à ses promesses, à un rendez-vous.

Attention semble être plutôt le terme général, avec un rapport particulier à la spéculation, aux choses à connaître. Le soin est une attention à faire, attention mêlée d'intérêt, de goût, et d'un peu d'inquiétude ou de peine. La vigilance est une attention continuelle et relative à des choses ou à des personnes qui nous sont confiées, dont nous avons la garde. L'exactitude est une attention à ne pas s'écarter du vrai, du juste, de l'ordre ou des ordres, de la règle ou de ce qui a été réglé.

« Avec quelle exactitude un convalescent obéit à toutes les ordonnances du médecin ! avec quelle attention il prend garde aux temps, aux heures, aux manières, à tout ce qui lui est marqué!» BOURD. Avec quel soin il entretient ce commencement de santé ! et avec quelle vigilance il se tient constamment en garde contre ce qui avait causé sa maladie !

1o ATTÉNUER, PULVÉRISER; 2o PILER, BROYER, TRITURER. Réduire de force un corps en très-petites parties ou en molécules.

Atténuer, rendre ténu, et pulvériser, mettre en poudre, expriment l'effet d'une opération de la nature. Piler, broyer et triturer désignent, au contraire, des actions de l'industrie humaine qui, par là, modifient les substances suivant ses desseins et ses besoins.

1° Atténuer, pulvériser.

Atténuer se dit exclusivement en parlant des fluides, soit qu'ils produisent, soit qu'ils éprouvent l'atténuation, le phénomène qui résout un corps en particules. « Les éléments du fer et des autres minéraux donnent de la dureté aux matières liquéfiées ou atténuées par l'eau. » BUFF. « Le fer entre dans la composition des êtres vivants, et lorsqu'il est suffisamment atténué par des acides convenables, il se volatilise et acquiert une tendance à végéter, pour ainsi dire. » ID. « Les exhalaisons, les vapeurs, dont nous sommes continuellement environnés, forment un ciel bleu dans un temps serein, quand elles sont assez hautes et assez atténuées pour ne nous envoyer que des rayons bleus. » VOLT. « Le vent emporte ces exhalaisons, les sépare; elles s'atténuent, elles deviennent salutaires, de mortelles qu'elles étaient. » ID. En médecine, on appelle atténuants les remèdes qui semblent augmenter la fluidité des humeurs.

Pulvériser n'est usité que par rapport aux corps solides. « Cette substance tirée des pyrites est cassante, presque friable, et se pulvérise aisément. » BUFF. « J'ai pris ce falun pour une espèce de pierre calcaire, friable, pulvérisée par le temps.» VOLT. « Je viens de voir, dans la Gazette de France, un article du tonnerre qui a pulvérisé une femme. » ID.

Ensuite, pulvériser ressemble plus qu'atténuer à piler, broyer, triturer: l'effet qu'il marque est dû quelquefois à l'action d'un homme; seulement, cet effet n'a pas été voulu comme bon en lui-même, et comme propre à mettre les choses à notre usage. « Quand on pulvérise les cubes de cet aimant, ils se décomposent en paillettes brillantes couleur de feu.» BUFF. « Après avoir pulvérisé des pierres ollaires, des observateurs en ont tiré du fer par le moyen de l'aimant. ID. Voltaire dit, au sujet du veau d'or qui, suivant la Bible, fut jeté au feu et réduit en poudre : « Il est impossible de pulvériser l'or en le jetant au feu; l'extrême violence du feu le liquéfie, mais ne le calcine point. »

2o Piler, broyer, triturer.

difficile, ce semble, de le distinguer de posture. L'attitude est pittoresque et essentiellement relative au beau. Elle est belle, gracieuse, élégante, admirable. La posture, de son côté, est relative au bien, physiquement ou moralement, c'est-à-dire qu'elle est commode ou incommode, modeste ou indécente. Sans compter que attitude conserve toujours son caractère spécial par lequel il convient seul quand on considère les choses au point de vue de l'art. Un homme se plaindra d'être dans une posture forcée et contrainte, qui le met mal à l'aise; la critique reprochera à un artiste d'avoir donné à ses personnages une attitude forcée et contrainte, c'est-à-dire maniérée. « La principale beauté de ce portrait de Verrès consiste à peindre un préteur du peuple romain dans l'attitude où le représente Cicéron, appuyé nonchalamment sur une femme.... Verrès paraissant en cette indigne posture semble braver la bienséance publique.» ROLL.

Piler et broyer signifient deux sortes d'actions différentes on pile en frappant, on broie en pressant et en frottant. On pile du ciment, du verre; on pile dans un mortier. « Ces pierres (argentifères) sont jetées dans des trous pour y être Toutes les fois qu'en écrivant on veut reprépilées et réduites en limon, par le moyen de senter à l'imagination et faire comme un portrait quantité de gros marteaux que l'on fait agir. » ou un tableau, le mot attitude doit être préféré. REGN. On broie sous une meule ou sous ses << Son enjouement, sa douceur, sa figure agréadents. « C'est Dieu qui nous a donné des mains ble m'ont laissé de si fortes impressions que je pour prendre la nourriture, des dents pour la vois encore son air, son regard, son attitude. » couper et la broyer, un estomac pour la digė- | J. J. « Elle brodait près d'une fenêtre. Son attirer. » ROLL. On broie des couleurs, et cela se tude était gracieuse, sa tête un peu baissée laisfait au moyen d'une molette qu'on promène, en sait voir la blancheur de son cou; ses cheveux, la pressant, sur une table très-dure où la sub-relevés avec élégance, étaient ornés de fleurs..... stance à broyer se trouve placée.

ID. « L'homme se soutient droit et élevé, son attiTriturer, du latin tritura (tritor, broyeur), du | tude est celle du commandement, sa tête regarde grec τpíбev, broyer, est un terme didactique ou le ciel et présente une face auguste sur laquelle savant. « Le docteur Sangrado disait que ces ali- est imprimé le caractère de sa dignité. » BUFF.— ments étaient les plus convenables à l'estomac, Mais on se servira de posture quand il s'agira de comme étant les plus propres à la trituration, déterminer si on est debout, assis, à genoux, apc'est-à-dire à être broyés plus aisément. LES. puyé sur un bâton, couché, et couché de telle « Le zinc est phosphorique; sa chaux paraît lu- ou telle manière bonne ou mauvaise, sans prémineuse en la triturant. » BUFF. Outre cela, la tendre faire une image. Mme de Sévigné et Voltrituration suppose d'ordinaire plusieurs sub- taire remarquent que la posture, qu'on est obligé stances qu'on cherche à mélanger en même de prendre pour écrire,« fait mal, tue la poitemps qu'on les broie. « Il faut triturer le mer-trine. » C'est ainsi qu'on doit parler. Mais on peut cure avec l'argent pour en faire l'amalgame. » rendre par attitude cette manière de tenir le BUFF. « Le soufre se mêle au mercure à peu corps, dans le cas où on veut la peindre. « Un près comme les graisses lorsqu'on les triture en- peintre arrive chez moi; il me trouve écrivant semble. devant votre portrait; il me peint dans cette attitude.» VOLT. C'est très-improprement que J. J. Rousseau dit, dans une de ses lettres : Toute autre attitude que celle de me tenir droit me suffoque. »

ATTITUDE, POSTURE. Etat ou situation du corps, manière dont il est placé, manière dont les membres se trouvent les uns par rapport aux autres.

Attitude vient de l'italien attitudine, qui a été formé du latin aptitudo, aptitude, disposition à. En conséquence de cette origine italienne, attitude, à la rigueur, ne devrait être employé et ne l'a été d'abord qu'en termes d'art, c'est-à-dire de peinture et de sculpture surtout, et quelquefois de danse, ou en parlant des pantomimes. Ce mot n'a jamais été mis hors de ces limites par les grands écrivains du siècle de Louis XIV, tels que Mme de Sévigné, Labruyère, Molière et Fénelon; et c'est dans ce cas seulement que nos anciens dictionnaires, même celui de Trévoux, permettent de s'en servir. Posture, au contraire, a toujours été du langage commun.

Cependant, attitude a fini aussi par être usité dans tous les styles. C'est alors qu'il est devenu

P

De plus, les personnages mis en spectacle par la peinture et la sculpture étant presque toujours montrés en action, ou plutôt comme allant faire quelque chose, cette nuance reste toujours à attitude; d'autant plus qu'elle résulte aussi du sens étymologique de ce mot: aptitude signifie disposition à faire quelque chose. On dira donc l'attitude et non la posture d'un lutteur, d'un homme qui a le bras levé pour frapper ou les bras ouverts pour embrasser. Charles XII, frappé à mort, avait eu la force de mettre la main sur la garde de son épée, et était encore dans cette attitude. A ce spectacle, etc. » VOLT. « En disant ces mots, il se lève et s'avance dans l'attitude d'un homme qui allait se précipiter.» ID. « Les vainqueurs érigèrent à Philopémen une statue de bronze où

ils le représentaient dans la même attitude dans troisième (BUFF.), et de même un agent de polaquelle il avait tué le tyran. » ROLL. Mais lice happe un filou qu'il rencontre, qui lui tombe posture se dit du corps tel qu'il est, simplement, inopinément sous la main. et sans rapport à ce qu'il est sur le point de faire, « Le lièvre eut beau ruser, les chiens l'attrani aux passions qui l'animent. « Le corps de-pèrent. » ACAD. Un mariage ne lui coûte rien meure comme immobile et dans la même posture.» (à don Juan) à contracter; il ne se sert point MAL. & Virgile prétend que Thésée est assis pour d'autres piéges pour attraper les belles.» MOL. jamais sur une chaise, et que cette posture est « Les sauvages qui vont à la chasse de l'orignal son supplice.» VOLT. « Il s'appuya le front sur poursuivent ces animaux, qui sont aussi légers son bâton et demeura plusieurs moments en cette que des cerfs, avec tant de vitesse qu'ils les lasposture. S. S. «On place le cadavre dans la pos- sent et les attrapent. » BUFF. « Les grives manture d'un homme qui est assis les mains appuyées gent aussi des insectes, des vers; et c'est pour sur les genoux. » Buff. attraper ceux qui sortent de terre après les pluies, qu'on les voit courir alors dans les champs et gratter la terre. » ID.

Enfin, autant sont relevés les arts qui ont d'abord adopté l'expression attitude, autant sont bas ceux qui font un fréquent usage des mots termi'nés en ure. C'est pourquoi Voltaire dit avec raison, à propos d'un vers de Corneille : « Le mot de posture n'est pas assez noble. » « Posture grotesque, bizarre, extravagante; postures de bateleur, de baladin. » ACAD. « Les grues, naturellement assez disposées à la lutte, comme il paraît par les attitudes où elles se jouent, les mouvements qu'elles affectent, et à l'ordre des batailles, par celui même de leur vol et de leurs départs, se défendent vivement: mais les singes reviennent sans cesse au combat; et comme par leurs stratagèmes, leurs mines et leurs postures, ils semblent imiter les actions humaines, ils paraissent être une troupe de petits hommes à des gens peu instruits. » BUFF.

ATTRAPER, HAPPER, GRIPPER. Chacun de ces verbes contient l'idée de saisir et la modifie à sa manière.

Attraper, c'est prendre à une trappe, à un piége, simplement; ou c'est mettre en trappe, dans le piége, un animal, après avoir couru après, ad. Happer se dit d'abord de l'action d'un chien, qui saisit prestement et avidement ce qu'on lui jette ou ce sur quoi il se jette. Gripper, jouer de la griffe, signifie uniquement, au propre, l'action du chat, de celui des animaux que Lafontaine, après Rabelais, appelle grippe-minaud, le minet ou le minaud qui grippe. Dans l'Énéide travestie, Enée, ayant trouvé le rameau d'or :

Il l'arracha d'aussi bon cœur

Qu'un chien ou qu'un chat pille ou grippe Un morceau de chair ou de tripe. SCARR. Et, pour en finir tout de suite avec gripper, ce verbe, au figuré, a pour caractère parfaitement distinctif son manque absolu de noblesse : c'est un terme populaire.

Pour ce qui regarde attraper et happer, mots appartenant au langage commun et moins restreints dans leur application, on attrape ce qu'on saisit adroitement ou en l'atteignant à la course, et on happe ce qu'on saisit brusquement, tout à coup, à l'improviste. Attraper implique ce que happer exclut, l'idée de temps, de préparation, d'embûches ou de poursuite: on parvient à attraper; on happe soudainement, à l'instant. Le renard attrape la proie qu'il guettait, et la gendarmerie des voleurs qu'elle poursuivait; mais l'hirondelle, dans son vol, quitte un insecte pour courir à un autre, et en happe, en passant, un

« Toutes les hirondelles vivent d'insectes qu'elles happent en volant. » BUFF. « Le pélican mange de côté, et quand on lui jette un morceau, il le happe. » ID.

Au pied du lit se tapit le malin,

Ouvrant la griffe; et, lorsque l'ame échappe
Du corps chétif, au passage il la happe. VOLT.
Comme un oiseau de couleur bleue,
Que l'on appelle un martinet,
Nage de l'aile à fleur de l'onde;
Et puis tout à coup son fond sonde,
Afin de prendre au dépourvu
Un petit poisson qu'il a vu,

Et puis, l'ayant happé, le croque. Scarr. ATTRIBUER, IMPUTER. Rapporter une chose à une autre comme ayant été produite par elle.

1° Attribuer, attribuere, tribuere ad, donner à, assigner à, est le terme général : on attribue aux choses et aux personnes. Imputer, imputare, c'est-à-dire porter en compte, de putare, compter, calculer, apprécier, estimer, est particulier; on n'impute guère qu'aux personnes, aux êtres qui sont comptables ou responsables, sur le compte desquelles on peut mettre les choses, aux agents libres. On attribue un phénomène à telle cause; on impute une faute à quelqu'un. On attribue la cause d'un changement à ceci ou à cela (J. J.); on impute tel ou tel crime à un accusé (MARM.). On attribue un malheur au sort ou à Dieu, qui, bien que personnel et libre, n'a pas de compte à rendre; on impute un malheur à l'imprudence ou à l'incapacité d'un homme. « Les malheurs de Cépion furent attribués à la vengeance des dieux.... Les historiens imputent à sa témérité et à son arrogance la sanglante défaite des Romains par les Cimbres. » ROLL.

2° Attribuer se prend bien aussi dans le sens propre d'imputer: on attribue, comme on impute, telle chose à une personne. Mais ce qu'on attribue est indifférent, n'est ni bon ni mauvais; au lieu que ce qu'on impute est louable et plus souvent encore blåmable. On attribue une chose à quelqu'un qu'on regarde comme en étant la cause ou l'auteur, un livre, par exemple; on lui impute une chose dont on lui accorde le mérite ou dont on lui applique le démérite, et, par exemple, un libelle.

3° Quand attribuer est aussi relatif à la valeur des choses, il se prend en bonne aussi bien qu'en mauvaise part : « Attribuer tous les défauts d'Homère à son siècle et toutes ses beautés à lui seul. MARM. Mais imputer se dit plutôt de cho-`

« PreviousContinue »