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al et il, c'est-à-dire identiques. Elles ont et même | térieure, plus objective dans ses effets; et la déorigine et même valeur. Les adjectifs en aque servent donc à qualifier la chose dont on parle, en tant qu'elle a un rapport essentiel avec l'idée signifiée par leur radical: élégiaque, qui est du genre de l'élégie; maniaque, qui a de la manie, possédé de quelque manie; syriaque, qui est d'un genre originaire de Syrie, langue syriaque. HYPOCONDRE, HYPOCONDRIAQUE. Atteint d'hypocondrie, sorte de maladie qui rend bizarre

et morose.

sinence fique la désigne dans l'objet auquel elle est inhérente, subjectivement, comme constituant son caractère essentiel; et c'est pourquoi on se sert, par exemple, de prolifère en botanique et de prolifique en médecine. C'est la différence qui existe en latin entre horrifer et horri| ficus; horrifer est pittoresque, il fait voir le sujet répandant çà et là l'horreur et l'épouvante. De plus, la terminaison fère, sans doute parce qu'elle se prononce exactement comme la termi

pularisée dans notre langue. Elle se trouve seulement à la fin de quelques termes scientifiques; usités en botanique le plus souvent, et quelquefois en médecine. En conséquence, on ne peut guère se permettre dans le discours commun l'usage de sudorifère; il aurait l'air étrange et prétentieux.

L'hypocondriaque est comme hypocondre, a dunaison latine d'où elle dérive, n'a point été porapport, ressemble à l'hypocondre, on le dirait hypocondre. Celui-ci possède pleinement la qualité à laquelle celui-là ne fait que participer dans une certaine mesure. Hypocondre désigne nettement et sans détour celui qui est malade d'hypocondrie. « Un hypocondre disait des vapeurs un mot profondément douloureux : que c'est un état d'autant plus cruel, qu'il fait voir les choses comme elles sont. » D'AL. Hypocondriaque n'a pas la même force; il se dit d'abord des choses relatives à cette maladie, affection hypocondriaque (ACAD.), mélancolie hypocondriaque (MoL.), les vapeurs hypocondriaques (VOLT.), et ensuite des personnes qui y ont simplement rapport, qui y sont disposées, ou bien qui en tiennent ou s'en sentent quelque peu, ou qui semblent en être atteintes. Un hypocondriaque de sa santé. » S. S. |

TERMINAISONS FIQUE, FÈRE, IF et EUX.

Soporifique, soporifère, soporatif, soporeuz. SOPORIFIQUE, SOPORIFÈRE, SOPORATIF, SOPOREUX. Qui a la propriété d'endormir ou d'assoupir; racine, sopor, sommeil.

Soporifère est purement scientifique et à peu près inusité dans le langage commun. Soporeuz marque la plénitude, l'excès et le danger de l'effet produit par l'objet qualifié : ce qui est soporeux cause un assoupissement lourd, pénible, et qui peut avoir une terminaison fâcheuse. Restent soporifique et soporatif comme mots usuels signifiant simplement qui endort: l'opium est soporifique ou soporatif : c'est un soporifique ou un soporatif.

TERMINAISONS FIQUE ET FÈRE. Sudorifique, sudorifère. Prolifique, prolifère. Fique se rapporte comme aque à la terminaison ique. Mais ce n'est pas une désinence simple, non plus que le latin ficus, d'où cette désinence dérive elle comprend outre et avant ique le mot facere, faire, et signifie que l'objet qualifié fait ou produit ce qui est exprimé par le radical de l'adjectif: béatifique, qui rend heureux; frigo-médecin voulait qu'on l'empêchât de dormir; rifique, qui cause le froid; sudorifique, qui provoque la sueur; morbifique, qui engendre la maladie; maléfique, qui produit le mal, qui a une influence maligne.

Soporifique, à base nominale, désigne surtout le genre d'état produit, et soporatif, à base verbale, soporare, la puissance de le produire. Le

mais la potion qu'on lui avait donnée était justement soporifique; il faudra pour endormir ce malade une potion très-soporative. Ce qui est soporifique cause tel effet, il endort. « Erdaviraph, Fère, en latin fer, de ferre, porter, signifie ayant bu trois verres d'un vin soporifique, eut une que l'objet qualifié porte, apporte ou cause ce extase. » VOLT. « Les voilà saisis d'une affection que le radical de l'adjectif indique. Lanifère, soporifique et léthargique. » ID. Ce qui est sopolanam ferre, porte-laine; somnifère, latin som-ratif a la vertu, la capacité de causer cet effet, nifer, somnum ferre, porter ou apporter le sommeil, c'est ce qui procure le sommeil, et ainsi des autres, léthifère (lethum, mort), mortifère, pestifère, etc.

Un adjectif, susceptible de prendre ces deux terminaisons, a le même sens à peu près avec l'une et avec l'autre il présente dans les deux cas l'objet, au nom duquel il se joint, comme possédant la qualité de produire la chose exprimée par le radical de l'adjectif. On peut donc considérer comme synonymes sudorifique et sudorifère, prolifique et prolifère.

SUDORIFIQUE, SUDORIFERE. Capable de causer la sueur, sudor.

PROLIFIQUE, PROLIFÈRE. Capable d'enfanter; proles, race,

enfants.

La différence s'aperçoit aisément. La désinence

d'endormir. « Plus, dudit jour, un julep hépatique, soporatif, somnifère, composé pour faire dormir monsieur. » MOL. « Thomas Diafoirus répond que l'opium fait dormir, parce qu'il y a dans l'opium une faculté soporative qui fait-dormir. » VOLT. « Vous avez eu raison de dormir : le diable qui vous affligeait était un diable très-soporatif. » ID. « Le poëme sur la Grâce est un poëme didactique et un peu soporatif. » ID.— Un soporifique ne doit pas être confondu avec un autre spécifique quelconque; il y a des soporatifs qui agissent plus énergiquement que d'autres.

TERMINAISONS FIQUE ET ANT.
Vivifique, vivifiant.

VIVIFIQUE, VIVIFIANT. Qui vivifie ou est pro

fère montre la propriété d'une manière plus ex- pre à vivifier.

Vivifique est pédantesque et à peu près hors | tez à votre odorat, elle vous causera la sensation d'usage, parce qu'il a été calqué sur le latin vivi- d'odeur : il y a des fleurs odorantes (J.J.), comme ficus, à la différence de vivifiant, participe pré- il y en a d'inodores. La chose odoriférante n'a sent du verbe, à forme française, vivifier. pas besoin que vous alliez au-devant ou que vous D'ailleurs vivifique représente la qualité comme l'approchiez de vous: elle se fait bien sentir inhérente à l'objet, indépendamment de l'action d'elle-même, elle vous envoie, elle vous lance de et antérieurement à l'action; vivifiant qualifie l'odeur. « Il y a des corps odoriférants qui, sans l'objet en raison de l'action et de son effet sur ce diminuer sensiblement de leur poids, envoient qui la subit. très-loin des corpuscules. » VOLT. Odorant est un terme didactique, analytique, de naturaliste, simplement désignatif, qui attribue à une chose la propriété de sentir bon ou mauvais : particules odorantes (BUFF.); le pollen est une poussière jaune très-odorante (J. J.). Odoriférant est un mot expressif, descriptif, pittoresque, synthétique, qui fait image et représente une sorte d'irradiation. Un bois (SEV.) et un bocage (FÉN.) odoriférants répandent de tous les côtés comme des

TERMINAISONS FIQUE ET ABLE.

Honorifique, honorable. HONORIFIQUE, HONORABLE. Qui fait qu'on est honoré : titre honorifique ou honorable.

Un titre honorifique attire des honneurs, des honneurs fixes, assurés, réglés : majesté, altesse, sainteté, éminence, excellence, grâce, révé- | rence, etc., sont des titres honorifiques; le Bas-flots d'odeur. On dit bien aussi un bois odorant, Empire a multiplié outre mesure les titres honorifiques; César fit rendre ou accepta des décrets honorifiques (LAH.). Un titre honorable est propre à faire honorer; honorable est une qualification, non pas effective, comme honorifique, mais facultative ou de droit. Ce qui est honorifique est honoré ou fait honorer, ce qui est honorable est à honorer.

TERMINAISON FÉRANT.

Terminaison qui vient, comme la terminaison fère, du verbe latin ferre, porter, jeter, répandre. Elle correspond aussi à la désinence fer des adjectifs latins; mais, parce qu'elle en change le son, le seul mot où elle se trouve, savoir odoriférant, latin odorifer, n'est point relégué parmi les termes scientifiques, mais admis dans tous les genres de style.

TERMINAISONS FÉRANT ET ANT.

Odoriférant, odorant. ODORIFÉRANT, ODORANT. Qui a de l'odeur. En latin odorifer et odorus.

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mais en entendant par le mot bois, non pas une collection d'arbres ou un bosquet envoyant au loin l'odeur des fleurs dans les airs, mais la substance d'un arbre particulier auquel on trouve de l'odeur en le flairant le cèdre est un bois odorant. Ce qui est odorant n'est pas inodore; ce qui est odoriférant embaume, d'où il suit qu'en général la chose odoriférante a plus d'odeur que la chose odorante: « Le nard odoriférant. » MARM.

TERMINAISON IEN.

Garde, gardien.

Cette terminaison a pour origine le latin anus, a, um, de même que la terminaison ain, dont elle n'est qu'une variété : troïen, trojanus; prétorien, prætorianus. Elle a aussi le même sens; elle désigne des relations extérieures de temps, comme quotidien, ancien, et plus souvent de lieu, comme phénicien, assyrien, athénien, égyptien, indien, péruvien, parisien, lesquels marquent tous un rapport du sujet qualifié avec le pays où il est, ou plutôt d'où il est. Par analogie, elle sert à marquer, non plus à quel lieu on appartient, mais à quelle société, à quelle école, à quelle secte, à quelle profession: témoin les mots, chrétien, théologien, cartésien, épicurien, logicien, grammairien, chirurgien, musicien, opticien, physicien, pharmacien, comédien, galérien. Après ce court, mais suffisant aperçu, l'ordre exige avant tout la comparaison du substantif qualificatif gardien avec son syno

Un objet odoriférant d'abord a de l'odeur en ce sens qu'H contient et porte en soi ou sur soi une matière odorante quelconque le musc et la civette ont une poche odoriférante remplie d'une liqueur ou d'une humeur odorante (BUFF.). Les animaux porteurs d'une telle matière sont dits eux-mêmes odoriférants, et cette épithète se donne aussi à l'homme qui a toujours sur soi des senteurs : « Notre odoriférant marquis. » VOLT.nyme garde à terminaison indifférente. -Odoriférant qualifie ensuite des choses en mouvement qui vont portant de l'odeur avec elles et la répandant çà et là. « Sophronyme brûla des parfums, et il s'éleva un nuage odoriférant au milieu des airs. » FÉN. « Cette fumée odoriférante que nous voyons s'élever d'une composition de parfums.» Boss. - Enfin odoriférant signifie qui exhale de l'odeur sans sortir de place, suivant une troisième acception du verbe latin ferre, et c'est alors seulement qu'il y a synonymie entre odoriférant et odorant: bois odoriférant ou odorant; plante odoriférante ou odorante.

GARDE, GARDIEN. Ces deux mots marquent également une personne au soin ou à la garde de qui l'on a confié quelque chose.

D

Leur différence tient à la terminaison du second, et beaucoup plus encore à l'absence de terminaison dans le premier. Garde étant un radical nu, exprime l'idée commune en soi, d'une manière absolue et objective; par la raison contraire, gardien l'exprime relativement et subjectivement.

1o Dans garde, ce qui domine, c'est l'idée d'un état et d'un état bien déterminé, réglé, souLa chose odorante est telle que si vous la por- mis à des lois qu'on ne peut enfreindre. Un prince

(Boss., MONTESQ., RAC.), une citadelle (J. J.), des prisonniers (Boss., Lɛs.) ont des gardes qui veillent sur eux selon une manière prescrite. Gardien annonce plutôt une occupation qu'un état, c'est-à-dire une charge plus particulière, plus relative', qui laisse plus de liberté dans le choix des moyens; et c'est pourquoi ce mot convient surtout au figuré pour désigner une sorte d'office ou un office moins rigoureux, dont les obligations ne sont pas fixées par des règlements. « Le sage ne doit jamais avoir d'autre gardien de son secret que lui-même. » GIR. « Le travail et la sobriété furent les premiers gardiens de cette liberté. » VOLT. « La crainte est la gardienne de l'innocence.» Boss. Notre ange gardien dirige notre conduite et nous assiste comme et quand il le juge à propos.- «Saint Chrysostome nous représente les anges inclinés devant Jésus-Christ dans l'Eucharistie, et lui rendant le même respect que les gardes de l'empereur rendent à leur maitre. » Boss. « Celui qui n'ose toucher à son argent, qui n'en est que le triste gardien, est proprement celui qu'on appelle avare. » ID.

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assister; gardiens toujours fervents et infatigables, qui ne se relâchent jamais un instant du soin qu'ils prennent de notre salut. » ID.

TERMINAISONS IEN ET EUR.

Rhetoricien, rhéteur.

RHETORICIEN, RHÉTEUR. Ces noms se donnent tous deux à ceux qui cultivent le talent de la parole.

Mais l'un qualifie le sujet en raison de ce qu'i sait, des règles, des doctrines, qu'il a adoptées; l'autre, en raison de ce qu'il enseigne, des moyens de succès, qu'il propose à l'orateur. Dans l'un vous considérez son érudition, son attachement aux règles de la rhétorique; dans l'autre, son originalité et la profession qu'il fait de tels ou tels procédés oratoires. Le rhétoricien consommé connaît et possède toutes les ressources de l'art décrites par les rhéteurs; à cet égard, il n'y a plus rien à lui apprendre. Le rhéteur consommé comprend l'éloquence et en expose les préceptes d'une manière qui ne laisse rien à désirer.

la forme et dont les discours sont apprêtés, vides et emphatiques. « Depuis trente années on prête l'oreille aux rhéteurs, aux déclamateurs, aux énumérateurs. » LABR. Le rhétoricien n'a qu'une éloquence de collége; le rhéteur n'a qu'une éloquence de sophiste.

TERMINAISONS IEN ET IQUE.

2° Mais non-seulement garde est absolu, et gardien relatif, de plus garde est objectif, se Mais ordinairement ces mots se prennent dans rapporte davantage à la chose gardée, et gardien un sens général pour qualifier de mauvais oraest subjectif, c'est-à-dire rappelle particulière-teurs ou de mauvais écrivains. Alors rhetoricien ment l'action de la personne qui garde et la ma- signifie écolier, maladroit ou pédant. « L'auteur nière dont elle garde. de l'histoire de Turenne (M. de Ramsay), a copié Avec garde et le nom de l'objet gardé on forme partout; mais il n'a point rendu son héros intéune foule de désignations complexes qui repré- ressant: il l'appelle grand, mais il ne le rend pas sentent la personne sous le point de vue objectif, tel, il le loue en rhetoricien. » VOLT. Rhéteur garde-côtes, garde-chasse, garde-vaisselle, garde-signifie déclamateur, qui ne se préoccupe que de malade. Et le mot garde est, en effet, si peu subjectif et si peu significatif de l'action, qu'il se dit des choses même inanimées dans lesquelles l'objet est conservé intact, garde-meuble, garde-robe, garde-manger. Gardien, au contraire, a plus rapport à ce qui se fait qu'à ce qui est; il marque spécialement la surveillance effective, accomplie, et le soin avec lequel on s'acquitte de sa charge. Le garde veille de plus loin, et le gardien de plus près. Il y a dans les prisons des gardes, c'est-à-dire des soldats qui veillent de la manière déterminée, ordonnée, à la sûreté extérieure ; et des gardiens, c'est-à-dire des agents qui, par des moyens qu'ils jugent convenables, veillent à la sûreté intérieure. L'expression, garde des sceaux, donne-t-elle le moins du monde l'idée du zèle et de l'attention du ministre de la justice à garder les sceaux qui lui sont confiés? Or, c'est précisément une des idées attachées au mot gardien. «Outre l'aréopage, il y avait à Athènes des gardiens des mœurs et des gardiens des lois. » MONTESQ. « Un chien, bon et fidèle gardien, n'aboie qu'à l'approche des voleurs. » J. J. « L'Eglise catholique a toujours été une fidèle gardienne du dépôt de la foi. » Boss. « A toute heure et à tous moments les anges se tiennent prêts pour nous

4. Quant à gardeur, il est tellement relatif et particulier, que, comme escroqueur, par exemple, il ne se dit qu'avec indication des choses qu'on garde, et ce qui le distingue parfaitement des deux autres mots, c'est que ces choses sont toujours des animaux qu'on mène paître : gardeur de cochons (VOLT.), de brebis (ID.), gardeuse de vaches ou de dindons (ACAD.).

Stoïcien, stoïque. Platonicien, platonique. Ionien, ionique; éolien, éolique; dorien, dorique; italien, italique. Sardonien, sardonique.

STOÏCIEN, STOÏQUE. Conforme à la philosophie de Zénon, qui enseignait, à Athènes, sous un portique, σtoά.

Stoicien fait entendre qu'on appartient à la secte fondée par Zénon, et stoïque, qu'on participe essentiellement aux qualités d'un type mo ral, conçu par les stoiciens, type de vertu austère et qui demande un courage inébranlable. Le stoïcien est partisan du stoïcisme, il professe les doctrines, il tient à l'école de Zénon; le stoïque, sans être peut-être de cette secte, sans peut-être avoir jamais entendu parler de son existence et de son enseignement, sans pouvoir en comprendre les idées, a la qualité de la stoicité, c'est-àdire est en rapport de participation intime avec l'idéal de sagesse et de fermeté que les stoïciens

ont établi.

toire des systèmes et des opinions philosophiques; Stoicien a naturellement sa place dans l'hisil ne regarde que l'esprit et la doctrine. « Perse s'adonna de bonne heure à la philosophie stoi

cienne qu'il étudia sous Cornutus.» LAH. « Les subtilités, les exagérations stoïciennes, qui forment le fond de la philosophie de Sénèque. » ID. « Cette doctrine fut celle de Zénon et de la secte stoicienne. » MARM. Stoïque convient dans les peintures de caractères, il exprime une qualité intérieure qui est un principe de conduite. « J'ai regardé avec des yeux assez stoïques les libelles diffamatoires qu'on a publiés contre moi. BOIL. Vertu, âme, courage (ACAD.), intrépidité (J. J.), sagesse (MARM.), rigueur (D'AL.), rigorisme (LAH.), morgue (ID.) stoïque.

< Des maximes stoïciennes sont celles que Zénon ou ses disciples ont enseignées; les ouvrages de Sénèque en sont pleins et en tirent leur principal mérite. Des maximes stoïques sont celles qui persuadent un attachement inviolable à la vertu la plus rigide et le mépris de toute autre chose, indépendamment des leçons du Portique; telles sont tant de belles maximes répandues dans le Télémaque. Une vertu stoïque est une vertu courageuse et inébranlable; une vertu stoïcienne pourrait bien n'être qu'un masque de pure représentation; car il n'y a eu, dans aucune école, autant d'hypocrites que dans celle de Zénon. Panétius, l'un de ses disciples, plus attaché à la pratique qu'aux dogmes de sa philosophie, était plus stoique que stoïcien.» BEAUZ.

PLATONICIEN, PLATONIQUE. Conforme aux idées de Platon.

Même différence entre ces deux mots qu'entre les deux précédents, si ce n'est que platonique a un sens moins étendu que stoïque. Platonicien, de l'école de Platon ou qui s'y rapporte; platonique, conforme à un type créé par Platon. « Plutarque a les opinions platoniques, douces et accommodables à la société civile : Sénèque les a stoiques et épicuriennes, plus éloignées de l'usage commun, mais plus fermes. » MONTAIGN. La doctrine platonicienne était enseignée dans l'école de Platon, dans l'Académie; par amour platonique on entend une sorte d'amour entre les personnes de différent sexe, qui a pour caractère essentiel de ne s'adresser qu'à l'âme et d'être dégagée des désirs physiques, suivant la définition que Platon en a donnée.

IONIEN, IONIQUE; ÉOLIEN, ÉOLIQUE; DORIEN, DORIQUE; ITALIEN, ITALIQUE. Tous ces adjectifs servent à qualifier les choses relativement aux pays qu'ils signifient par leur radical. Mais, terminés en ien, ils qualifient en faisant connaître simplement le lieu; et, terminés en ique, ils qualifient, en caractérisant, en déterminant la nature, en annonçant que la chose est de tel ou tel genre. On dira dialecte, mode, ionien, éolien, dorien, si on veut uniquement exprimer en quels pays de la Grèce ils étaient usitės; mais s'agit-il de marquer que ces dialectes et ces modes forment des genres à part, et de les opposer comme tels, il faudra donner aux mêmes adjectifs la terminaison ique.

En cas de doute sur la patrie d'un écrivain grec, on peut obtenir quelque lumière en examinant s'il écrit dans le dialecte ionien, éolien ou dorien. Dans les grammaires grecques se trouve d'ordinaire un chapitre consacré aux caractères

SYN. FRANG.

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distinctifs des dialectes ionique, éolique, dorique et attique; du moins, c'est ainsi qu'on devrait les appeler.

Pourquoi dit-on plutôt, au moins de nos jours, philosophie ionienne, et philosophie italique? C'est que la philosophie des Ioniens a été diverse dans ses directions et ses méthodes, tandis qu'en Italie, en suivant toujours la même voie, elle a donné naissance à un genre de doctrines, à un mode de philosopher qui a ses caractères propres. SARDONIEN, SARDONIQUE. Ris sardonien ou sardonique, sorte de ris convulsif, qui est l'effet d'une contraction dans les muscles du visage. On l'appelle ainsi à cause de sa ressemblance avec celui que causait, dit-on, une plante de Sardaigne, sardoa (herba).

Mais sardonien marque seulement le lieu où croissait cette plante, et d'où est venue au ris sa dénomination. Sardonique caractérise ce ris en lui-même; il en exprime le genre, et c'est pourquoi il se dit seul au figuré, en parlant d'un ris qui annonce beaucoup de malignité. « On changea l'air terrible et fier de la gravure anglaise en un souris traître et sardonique. » J. J. « Nouvelles très-curieuses, et qui vous feront plaisir, répondit Thiriot avec son sourire sardonique. » MARM.

Même au propre, sardonien s'emploie peu; ce ne peut être qu'une expression d'érudit, qui veut faire connaître la chose, non par sa nature, mais par son origine, ou par sa forme extérieure, par l'espèce de grimace qui la constitue physiquement. Le ris qu'on nomme sardonien n'est autre chose qu'une convulsion de nerfs du visage.»> DESC. « Les vapeurs violentes tirent les muscles de la bouche, mais ce n'est point un véritable ris qu'elles causent, c'est une convulsion; il faut lui donner un autre nom, aussi l'appelle-t-on rire sardonien.» VOLT.

TERMINAISON ISTE.

Dans l'ordre des qualificatifs, cette désinence joue le même rôle que dans l'ordre des substantifs abstraits, la terminaison isme, d'où elle dérive. Comme toutes deux tirent leur origine du grec, elles sont généralement nobles et usitées en matière de science et de spéculation; elles expriment l'attachement à un système, à une doctrine, à une méthode. Cependant, lorsque les mots qui les ont se trouvent correspondre à d'autres mots de valeur à peu près égale, mais autrement terminés, ils se prennent souvent dans un sens défavorable, ou du moins ils marquent quelque chose d'inférieur, surtout si leur radical appartient à la langue vulgaire.

C'est ce qui se remarque déjà dans la langue grecque: le oogtots affecte la qualité qui est propre au oogós; c'est une sorte de charlatan; et de même, le ypaμuations était pour ainsi dire un manoeuvre comparativement au ypaμμateús: celui-ci possédait la science de la grammaire ; celuilà en enseignait les éléments aux enfants; c'était un maître d'école. En français, la même différence est observée entre le grammatiste et le grammairien. Le contraire semblerait devoir avoir lieu, puisque le premier de ces mots vient

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immédiatement du grec, tandis que le second se forme du français grammaire; mais grammatiste est pris du grec avec le sens qu'il a dans cette langue. A cet égard, nous avons imité les Latins: au rapport de Suétone, leur grammatista signifie un faible et le grammaticus un habile grammairien.

TERMINAISONS ISTE, EUR ET IQUE. Dogmatiste, dogmatiseur, dogmatique, DOGMATISTE, DOGMATISEUR, DOGMATIQUE. Qui dogmatise, établit des dogmes; qui parle affirmativement.

<< Le premier se dit proprement des philosophes par opposition à pyrrhonien, et signifie celui qui croit quelque chose; dogmatiseur se dit de ceux qui font des dogmes à leur fantaisie et qui se croient faits pour instruire les autres. >> COND. Dogmatiste, à base nominale, qualifie spéculativement en désignant l'opinion philosophique qu'on a embrassée; dogmatiseur, formé du verbe dogmatiser, qualifie moralement, eu égard, non plus à l'esprit, mais à la conduite; il impute l'habitude et comme la profession de prendre toujours un ton dogmatique. C'est ainsi que le médecin inoculiste pense de telle manière, il est partisan de l'inoculation; au lieu que le médecin inoculateur a telle pratique, il inocule. Le dogmatiste ne partage pas la doctrine de ceux qui doutent de tout, c'est-à-dire la doctrine des pyrrhoniens ou des sceptiques; le dogmatiseur ne doute point du tout de ce qu'il croit et a le défaut de l'énoncer d'une manière tranchante, et qui ne souffre point de contradiction.

nages sont l'un et l'autre membres d'une société qui porte le nom d'académie, et qui a pour objet des matières qui demandent de l'étude et de l'ap plication. » GIR.

Académicien est grec et latin; il tient de son origine une sorte de noblesse qui le rend propre à exprimer, comme dans les deux langues qui l'ont employé d'abord, un philosophe de la secte de l'Académie; et, par suite, il signifie celui qui fait partie d'une compagnie de gens de lettres, de savants ou d'artistes nommée académie.

Académiste est un titre prétentieux et de création moderne, que se sont arrogé et qu'ont généreusement donné à ceux qui suivent leurs leçons, les maîtres qui enseignent les exercices du corps, l'équitation, l'escrime, la danse dans des lieux appelés du nom pothpeux d'académies. « Le titre d'académie a été tellement prodigué en France qu'on l'a donné à des assemblées de joueurs, à des tripots. On appela les jeunes gens, qui apprenaient l'équitation et l'escrime dans des écoles destinées à ces arts, académistes et non pas académiciens. » VOLT.

Malgré sa terminaison grecque, académiste, mot du reste à peu près hors d'usage aujourd'hui, doit donc se distinguer par une inferiorite de signification. Un académiste est un apprenti cavalier ou ferrailleur, ou quelque chose de pire encore. « Il se tenait droit sur son cheval en bandant le jarret comme un académiste qu'il était. » LES. « Harlay se ruina autant qu'il le put avec un extérieur austère, et pourtant aussi parfaitement débauché et aussi ouvertement qu'un jeune académiste. » S. S.

MACHINISTE, MÉCANICIEN. Qui par état s'oc cupe de machines.

Ces mots ont entre eux le même rapport que les deux précédents. Mécanicien a été traduit exactement du latin mechanicus, formé lui-même du grec pnyavý. Machiniste a bien une terminalson grecque, mais elle se trouve ajoutée à une base toute française, machine. De là vient à chacune de ces deux désignations son caractère dis

Quant à dogmatique, il sert à désigner, et comme dogmatiste, un partisan du dogmatisme, un philosophe anti-pyrrhonien, et comme dogmatiseur, un présomptueux qui exprime toujours ses opinions impérieusement et décisivement. Mais, d'une part, c'est une qualification plus caractéristique et moins extérieure que dogmatiste: le dogmatiste appartient à telle secte, à telle école; ce mot indique, pour ainsi dire, son adresse, la société dont il fait partie. Le philosophe dogma-tinctif. tique l'est essentiellement, au fond, par lui-même, Machiniste, ainsi que plusieurs noms de même en raison de ses dispositions toutes personnelles, désinence et à radical puisé dans la langue comet quand même aucun autre que lui ne les aurait mune, signifie une occupation manuelle, basse, ou ne les aurait eues. Le premier a embrassé le qui ne comprend que les opérations de l'ouvrier. dogmatisme, s'est enrôlé sous la bannière des Il ressemble sous ce rapport à aubergiste, bananti-pyrrhoniens; le second est doué de dogmati- dagiste, bouquiniste, copiste, droguiste, ébéniste, cité, dirions-nous, s'il était jamais permis de se éventailliste, fumiste, liquoriste, pépiniériste, servir d'un barbarisme. — D'autre part, le dogma-herboriste, modiste, organiste. « Un peuple est tique se considère encore plus en lui-même que le dogmatiseur. Dogmatique annonce un trait du caractère, et dogmatiseur un défaut dans la conduite. Là, c'est une qualité essentielle, intrinsèque et permanente, ici, une qualité de forme, qui n'est rien qu'en fait et par le fait. On dit un esprit dogmatique, et plus ou moins dogmatique; on n'emploie pas ainsi dogmatiseur.

un corps artificiel; le magistrat est le machiniste qui doit rétablir les ressorts, et remonter, au besoin, toute la machine. » COND. Le machiniste de l'Opéra ne fait qu'exécuter selon les idées de l'auteur de la pièce; il n'invente pas, il construit. monte ou conduit des machines. Un dieu pend à la corde, et crie au machiniste. Lar. « A Ecbatane, Alexandre se mit à célébrer des jeux et des fêtes: il lui était venu de Grèce trois mille baladins, machinistes, et autres bons ou vriers pour ces sortes de divertissements. ROLL Le mécanicien est plus savant, développe plu d'intelligence et d'invention; il s'élève jusqu'à i ACADÉMISTE, ACADÉMICIEN. « Ces deux person- théorie, en même temps qu'il pratique, ou plu

TERMINAISONS ISTE ET IEN. Académiste, académicien. Machiniste,

mécanicien.

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