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lui-même il trompe jusqu'à la personne qui le

commet.

puissance motrice universelle, et non une puis

sance mouvante.

Moteur suppose un mouvement actuel : « La

On dit une mollesse séduisante (J. J.), et des soins séducteurs et insidieux (ID.). La fable d'Es-force motrice est dans toute la substance du corps ther a un côté séduisant (VOLT.); il y a dans Corneille des défauts que les acteurs ne peuvent guère pallier par une fierté étudiée et des éclats de voix séducteurs (ID.). Les sciences et les lettres sont par elles-mêmes des arts séduisants. Combien de citoyens aujourd'hui prévenus

Pour ces arts séduisants que l'Arabe cultive! VOLT.
Mais séducteur se dit particulièrement bien de
l'art d'un homme adroit qui cherche à tromper.
Un regard de Tullie, un seul mot de sa bouche
Peut plus, pour amollir cette vertu farouche,
Que les subtils détours et tout l'art séducteur
D'un chef de conjurés et d'un ambassadeur. VOLT.
CONSOLATEUR, CONSOLANT.

Un espoir consolateur est un à-propos; il a par lui-même le pouvoir de consoler, il agit par luimême, mais il n'est fait que pour la circonstance. Un espoir consolant est un lieu commun; c'est quelque chose de propre à consoler tous ceux qui viendront à se trouver dans une certaine situation; mais, pour qu'il soit efficace, il faut qu'on l'approprie aux temps, aux lieux, aux personnes; on peut y trouver de quoi se consoler, mais encore faut-il savoir l'y trouver.

En général, ce qui est consolateur console, fait l'action de consoler, agit pour consoler: l'imagination est une faculté consolatrice (J. J.); ce qui est consolant offre seulement matière à consolation: idée consolante. Même différence entre bienfaiteur et bienfaisant l'un annonce un agent, l'auteur de certains bienfaits, et l'autre une qualité d'où peuvent sortir des bienfaits. << Montrez-moi le soleil comme un astre bienfaisant, ouvrage d'un Dieu bienfaiteur.» LAH. Divinité, providence bienfaitrice (ID.).

CONTRADICTEUR, CONTREDISANT. Les contradicteurs et les contredisants sont ceux qui contredisent.

Mais les contradicteurs contredisent actuellement, dans un cas particulier : cette proposition a trouvé des contradicteurs; et les contredisants sont ceux qui d'ordinaire contredisent, ou bien qui pourront ou pourraient contredire. « Comme les contredisants prennent pour vrai le contraire de ce qu'on leur dit, les complaisants semblent prendre pour vrai tout ce qu'on leur dit. » P. R. « Cette preuve est incontestable, et il la faut défendre contre tous les contredisants. » Boss.

MOTEUR, MOUVANT.

Une force motrice est celle qu'on considère par rapport à un mouvement particulier, qu'elle produit effectivement. « La machine dont les forces motrices se trouvent à tout moment sans action, se lasse d'elle-même. » MONTESQ. Une force mouvante a naturellement et toujours la propriété générale de produire le mouvement; mais elle n'est point spécialisée, appliquée actuellement à produire tel effet dans telles circonstances. L'eau d'ordinaire demeure stagnante et immobile; cependant Fénelon a raison de l'appeler l'une des plus grandes forces mouvantes que l'homme sache employer. Les théologiens attribuent à Dieu une

en mouvement. » VOLT. Mouvant ne suppose qu'un mouvement idéal ou possible : « La force mourante n'appartient point à la matière. » MARM. « Vous ne trouverez jamais dans l'idée d'un corps qu'il ait la force mouvante sur un autre corps indépendant de lui. » FÉN.

DOMINATEUR, DOMINANT.

Ces deux mots diffèrent absolument comme prédomination et prédominance : l'un se rapporte à l'action, et l'autre à l'état. Dominateur exprime une qualité développée par le sujet et considérée par rapport aux faits qui en émanent; dominant désigne plutôt une qualité soufferte par le sujet et considérée en lui: pouvoir dominateur, force dominatrice; passion dominante, humeur dominante.

FABRICATEUR, FABRICANT.

Fabricant est une expression générale et vague qui désigne l'état sans application présente : on distingue parmi les industriels des fabricants et des artistes. Fabricateur montre le fabricant qui exerce actuellement sa profession. Aussi dit-on bien un fabricant tout court et sans plus de détermination, au lieu qu'on ne se sert de fabricateur que quand il s'agit de la fabrication d'une chose particulière qu'on indique ou qui est facile à sous-entendre. Lafontaine dit du cheval de bois :

Stratagème inouï, qui des fabricateurs

Paya la constance et la peine....

« L'ardeur d'acquérir des actions (de Law) donnait à peine aux fabricateurs le temps de les multiplier. » MARM.

D

Il est bon de remarquer ici, en confirmation de la règle posée en commençant, que les adjectifs terminés en eur, à la différence des autres, soit en continuant à en être synonymes, soit en passant à une autre signification, désignent des qualités moralement imputables par la seule raison qu'ils supposent de la part de l'agent déploiement d'activité, intention de parvenir à un but et moyens employés pour l'atteindre. Il y a mérite ou démérite à être, non pas conciliant ou séduisant, c'est l'affaire de la nature, mais conciliateur ou séducteur. C'est afin de rendre cette idée étrangère aux mots en ant, que Pascal a mis et dû mettre trafiqueur, au lieu de trafiquant dans la phrase suivante : « Giézi et Simon le magicien, ces deux premiers trafiqueurs des choses saintes sont exécrables partout. » De même, le mot fabricateur s'emploie seul pour signifier un défaut moral: fabricateur de faux actes, fabricateur de nouvelles, etc. On peut même dire d'une manière plus générale que fabricateur est relatif au sujet, qu'il en marque toutes les qualités bonnes ou mauvaises, morales ou intellectuelles. « Tel qui sera toute sa vie un mauvais versificateur, serait peut-être devenu un grand fabricateur d'étoffes. » J. J. « Il y a là immensité et unité de dessein qui démontrent un fabricateur intelligent, immense, unique, incompréhensible. VOLT.

Il ne faut jamais dire aux gens :
Écoutez un bon mot, oyez une merveille,
Savez-vous si les écoutants

En feront une estime à la vôtre pareille?

LAF.

Enfin, fabricateur étant la traduction exacte | qu'il a vu certain personnage gagner gros, uniet comme le calque du mot latin fabricator, est quement parce qu'il était affublé comme tel charplus noble que son synonyme et par conséquent latan, antérieurement connu et qui traînait après préférable pour le figuré. « Le fabricateur souve- soi force écoutants. rain. » LAF. « Le Pémiourgos représentait le maître et le fabricateur du monde. » VOLT. « Un orgueilleux fabricateur de systèmes. » D'AL. ARGUMENTATEUR, ARGUMENTANT. Le terme d'argumentateur est une qualification La tortue, portée en l'air par deux canards, particulière et active, qui montre le sujet comme tombe et crève aux yeux des regardants, c'estatteint de la manie d'argumenter; celui d'argu-à-dire de ceux qui l'avaient aperçue par hasard. mentant est une qualification commune et passive,« La petite guerre littéraire (avec Fréron) n'est qui n'exprime, de la part du sujet, aucune action pas prête à finir; tant qu'il y aura des regardants, louable ou répréhensible. « L'Eglise grecque, à il y aura des combattants. » VOLT.'. peine établie, était déchirée par les disputes de ses prêtres, devenus presque tous sophistes.... Le sujet était digne des argumentants. » VOLT. L'abbé de Saint-Pierre allait souvent disputer à des thèses au collège de Caen, sa patrie, où il avait acquis la réputation d'un subtil et redoutable argumentateur.» D'AL.

On est argumentateur en vertu d'une activité propre qui fait qu'on se plaît, qu'on cherche à argumenter dans différentes circonstances particulières et qu'on s'y distingue de telle ou telle façon; on est nommé, constitué, argumentant par le choix d'un président ou par le sort. On n'est argumentateur qu'autant et que pour le temps qu'on manifeste sa démangeaison d'argumenter; on est et on demeure argumentant, même alors qu'on n'argumente pas encore ou qu'on n'argumente plus.

On distinguerait de même raisonneur et raisonnant. « De sa nature la pure foi n'est point raisonnante. Boss. Et de même aussi disputeur et disputant. « De très-grandes contestations cesseraient en un moment, si l'un ou l'autre des disputants avait soin de marquer nettement ce qu'il entend par les termes qui sont le sujet de la dispute.» P. R.

AUDITEURS, ÉCOUTANTS; SPECTATEURS, REGARDANTS.

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D

TERMINAISONS EUR ET IF.

Législateur, législatif. Oppresseur, oppressif. Locomoteur, locomotif. Louangeur, laudatif. Indicateur, indicatif. Approbateur, approbatif. Consolateur, consolatif. Imitateur, imitatif. Olfacteur, olfactif, etc. Penseur, pensif (pensant). Contemplateur, contemplatif. Destructeur, destructif. Générateur, génératif. Producteur, productif. Préservateur, préservatif. Persécuteur, persécutif (persécutant).

Eur marque action, déploiement d'une activité propre au sujet et dans des circonstances déterminées. If signifie qui a la faculté de, qui peut; cette désinence a rapport à quelque chose de facultatif, à une puissance secondaire, dont se servent, comme d'instrument, les agents véritables. Armes offensives et défensives, c'est-à-dire qui sont propres à l'attaque ou à la défense, dont on peut se servir pour cela. La plupart des termes de grammaire se terminent en if, substantif, interrogatif, conjonctif, etc., c'est-à-dire dont on se sert pour exprimer les substances, l'interrogation, etc. Lorsqu'il s'agit de l'homme ou des choses qui le concernent, eur indique spécialité d'action, intentionnalité, effort, développement d'activité propre, c'est-à-dire volontaire, et if

relle et non volontaire, non appliquée par choix à tel ou tel objet. De sorte que, entre les adjectifs en eur et ceux en if, il y a la différence de l'acte à la puissance, du faire au pouvoir, ou bien du faire volontaire, d'initiative, précis, spécial, avec efforts et dessein particuliers, au faire involontaire, indéterminé et non par soimême.

Les auditeurs et les spectateurs sont des per-marque simplement la propriété de faire, natusonnes qui se rendent exprès en un certain lieu, à une certaine heure, pour y entendre ou pour y voir certaines choses. Les écoutants et les regardants se disent des personnes qui, trouvant sur leur passage quelque chose de curieux qu'elles ne venaient pas chercher, s'arrêtent pour l'entendre ou pour le voir pendant un temps indéfini, indéterminé. Il y a donc plus d'activité dans les premières, et plus de passivité dans les dernières. Les écoutants et les regardants sont les gens oisifs, les badauds, les flâneurs, qui se trouvent ou se promènent en un lieu sans but et sans dessein.

Ainsi législateur qualifie un prince qui dans le fait porte ou a porté des lois; législatif qualifie le pouvoir ou l'assemblée qui a droit, mission,

1. C'est bien là la seule différence qu'il y ait entre Dans une foire, un charlatan attire des écou-spectateur et regardant. Mais auditeur et écoutant diftants et des regardants; il en fait des auditeurs ferent quelquefois autrement à raison de la diversité et des spectateurs s'il parvient à les persuader de leur étymologie. Auditeur signifie proprement d'entrer sous sa tente pour y entendre ou pour y celui qui entend, qui audit, et ecoutant celui qui voir des représentations de sa façon. Il faut parler écoute, c'est-à-dire qui s'efforce d'entendre, un audibas, de peur des écoutants, c'est-à-dire de peur ni facilité de parler; ce qui augmente encore en moi teur attentif. « Je n'eus jamais ni présence d'esprit, qu'il ne se trouve là par hasard quelqu'un qui cet embarras est l'attention des écoutants. » J. J. entende vos paroles.

N'avons-nous point ici quelque écoutant? MOL. Dans la fable des Devineresses, Lafontaine dit

Cela est joué avec ce sentiment, cette douceur, cette fureur qui passent des mouvements des actrices dans l'âme des écoutants. » VOLT.

charge, de porter des lois. On dit un parti op- << A peine eûmes-nous avancé quelques pas, que presseur, et une puissance oppressive (MARM.). Socrate devint tout pensif. » ID. « Ils s'en allaient Locomoteur se dit de ce qui opère la locomotion, émus et pensifs. » MARM. « Je marchais dans les muscles locomoteurs; et locomotif, de ce qui a la ténèbres, seul, triste, pensif, quand tout à coup puissance d'opérer la locomotion, faculté locomo- un flambeau fut découvert.» MONTESQ.'. tive. Un discours louangeur loue effectivement; un CONTEMPLATEUR, CONTEMPLATIF. discours laudatif est propre à louer dans toutes les circonstances: aussi, y a-t-il un genre laudatif, et non un genre louangeur. Indicateur emporte l'idée d'une indication volontaire, le doigt indicateur; indicatif, celle d'un indice naturel, les signes indicatifs d'une maladie. Un geste approbateur approuve, et est fait à dessein dans une circonstance particulière, afin d'approuver; un geste approbatif a la propriété de signifier l'approbation dans toutes les circonstances, qu'il la signifie ou non dans un cas particulier et pour telle ou telle personne; il ne marque pas le fait, mais le pouvoir. Ce qui est consolateur, console, et on le donne dans l'intention formelle de consoler; ce qui est consolatif a la propriété de consoler. On distinguera semblablement imitateur et imitatif, olfacteur et olfactif, etc. Mais certains exemples méritent un examen plus particulier.

PENSEUR, PENSIF. Ces deux mots sont également propres à exprimer l'état d'un homme dont l'esprit est occupé de quelque objet.

Mais le penseur pense avec conscience, avec volonté et une intention bien formelle, celle d'arriver à la connaissance de ce qui l'occupe; il agit, il fait effort pour arriver à cette connaissance qu'il poursuit. « L'antithèse est une figure de pensée, et ce sont les écrivains penseurs qui en ont fait l'usage le plus heureux. » LAH. L'homme pensif ne recherche rien, ne poursuit pas de but; il est soumis à la nécessité, à des circonstances impérieuses, il est passif, tandis que le penseur est actif, réfléchi.

Je vous vois tout pensif, seigneur, de ses dédains.

MOL.

« Je le laissai fort pensif et fort repentant d'une si lourde faute. » S. S.

D'ailleurs, pensif ne marque pas toujours déploiement actuel de pensée, mais apparence qu'on pense, qu'on a la propriété de penser : avoir l'air pensif, ce n'est pas nécessairement penser.

Une différence qui dérive de ce qui précède, c'est que pensif entraîne l'idée d'accident, d'éventualité, au lieu qu'un penseur est un homme qui a l'habitude de penser. Cela doit être, puisqu'on n'est pensif qu'au gré des circonstances, dont on ne peut pas disposer, qui sont variables et incertaines. Penseur est proprement un substantif et signifie que la pensée est comme la substance, l'essence, le fond, l'état constant d'une personne. << Louis Racine était l'héritier non penseur d'un père qui avait cent fois plus de goût que de philosophie. » VOLT. «J. J. Rousseau était bien plus naturellement sensible que penseur, et avait une très-vive imagination, beaucoup plus qu'une tête philosophique. LAH. Pensif, au contraire, est un adjectif et attribue la pensée comme un accident, comme quelque chose de survenu dans le sujet.

Il suivait tout pensif le chemin de Mycènes. RAC.

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Ils diffèrent absolument de même que les deux mots précédents. Contemplateur, qui se livre à la contemplation; contemplatif, qui s'y abandonne, qui s'y laisse aller. Un contemplateur gouverne ses pensées; un esprit contemplatif se berce dans ses rêves. Un saint personnage est contemplateur, quand il fait des réflexions suivies sur des sujets de dévotion; il est contemplatif, quand il s'abandonne à des inspirations mystiques. Vous donnerez le nom de contemplateur à celui qui contemple volontairement, avec ordre et conscience, les attributs et les œuvres de Dieu, et celui de contemplatif à l'esprit qui s'abîme dans des méditations profondes, mais creuses, mais irrégulières.

La contemplation du contemplateur a toujours un objet fixe et bien déterminé, mais non pas celle de l'esprit contemplatif; et c'est pourquoi on peut mettre un régime après contemplateur, mais non pas après contemplatif : contemplateur des merveilles de la nature. « Philosophes de nos jours, de quelque rang que vous soyez, ou observateurs des astres, ou contemplateurs de la nature inférieure, et attachés à ce qu'on appelle physique. » Boss. Jean-Jacques est indolent, paresseux, comme tous les contemplatifs. » J. J.

C'est, du reste, avec une entière raison qu'on oppose la vie contemplative à la vie active. Dans l'âme contemplative il y a de la mollesse, un goût de far-niente, de mysticité, de quiétude. DESTRUCTEUR, DESTRUCTIF.

Ce qui est destructeur produit ou a produit la destruction; ce qui est destructif est propre à la produire, pourrait bien la produire, renferme des principes de destruction. Ce que l'objet destructeur est effectivement, l'objet destructif l'est en puissance. On dit, un fléau (VOLT.), un tonnerre (ID.), un fanatisme (ID.), un fleuve (ID.), un torrent (BUFF.), un glaive (MARM.) destructeur, l'art destructeur de la guerre (ID.): toutes ces choses détruisent. Mais on dit, un vice (COND., S. S.), un principe (ACAD.), ou un préjugé (MONTESQ.) destructif, une doctrine destructive (ACAD.), parce que ces choses et autres semblables peuvent seulement devenir des causes de destruction. GÉNÉRATEUR, GÉNÉRATIF.

Générateur, qui engendre, qui fait l'action d'engendrer; génératif, qui est propre à engendrer: principe générateur, vertu générative. La perception, la conscience et la raison sont les facultés génératrices de nos idées, si on les

4. Quoique adjectif, pensant signifie bien aussi comme penseur, qui pense essentiellement et continuellement. Mais penseur représente la qualité de penser comme active, comme produisant des fruits, comme originale, comme consistant dans un travail; au lieu que pensant désigne une qualité passive, une qualité qu'on possède et qui sert à indiquer ce qu'est le sujet plutôt que ce qu'il fait. Un penseur est un philosophe; un être pensant est doué de pensée.

considère comme ayant produit ou comme produisant actuellement nos idées; ce sont les facultés génératives de nos idées, si on les considère comme ce qui nous rend capables d'avoir des idées.

Mème différence entre producteur et productif: agent producteur, force productive (LAH.).

TERMINAISONS EUX ET ANT.

Saigneux, saignant. Coûteux, coûtant. Fumeux, fumant. Écumeux, écumant. Pleureux, pleurant. Ennuyeux, ennuyant. Outrageux, outrageant. Radieux, rayonnant. Langoureux, languissant. Amoureux, amant.

Les adjectifs en eux sont la plupart à base no.

Pareillement, ce qui est préservateur préserve: moyen préservateur; ce qui est préservatif a la vertu ou la faculté de préserver; un remède pré-minale: tous les adjectifs en ant ont, au conservatif, des lois préservatives (MARM.).

De même encore un parti ou un Etat oppresseur (MARM.) opprime; un pouvoir (ID.) ou un système (ACAD.) oppressif, une politique oppressive (MARM.), n'oppriment pas encore, mais c'est à quoi ils tendent.

traire, pour base un verbe, car tous sont des suit d'abord qu'ils doivent représenter la qualité, participes présents érigés en adjectifs. D'où il les uns comme inhérente au sujet, comme possédée par lui d'une manière permanente, les autres comme développée par le sujet, comme se monuns doivent qualifier en raison de la nature, et trant temporairement en lui; d'où il suit que les les autres en raison d'une action, les uns indiquant ce qu'est le sujet, et les autres ce qu'il

fait.

C'est aussi la différence qui sépare persécuteur et persécutif (VOLT.). Quant à persécutant, plus voisin de persécuteur, puisque tous deux signifient qui persécute actuellement, il n'a pas autant de force, il exprime quelquefois une simple Ce qui est saigneur a du sang, est taché ou importunité, il ne marque pas autant d'action et d'ardeur, et il se dit bien des choses. « Aigre, gnant saigne, fait l'action de saigner: du nez couvert de sang, c'est son état; ce qui est saiinexorable, armée de reproches amers, te trou-saigneux ne tombent pas des gouttes de sang verons-nous toujours, ô vérité, persécutante? » Boss. « Aucune secte chez les Grecs et chez les Ce qui est coûteux coûtera, si on s'y livre, c'est Romains ne fut persécutante. » VOLT. Persécuteur est tout autrement énergique. « Une secte le goût des tableaux; coûtant n'entre que dans la son caractère permanent: tels sont les voyages et fanatique et persécutrice. » VOLT. « Tous les raf-locution, prix coûtant, où il signifie ce que dans finements de la haine oppressive et persécutrice.» le fait a coûté une certaine chose: je vous le cède MARM. L'intolérance tyrannique et persécutrice au prix coûtant. qu'un zèle outré, un fanatisme aveugle ont exercée pendant longtemps. » ID.

TERMINAISON EUX.

Osus, a, um en latin, oso en italien, eux en

comme du nez saignant.

Le vin fumeux a toujours et par sa nature la qualité qu'exprime l'adjectif; des tisons fumants, des cendres ou des viandes fumantes, fument ou jettent de la fumée un instant. Il en est de même au figuré. On dit d'un homme, pour le caracté(BEAUM.), un étourdi; et Marmontel dit d'Helriser en général, que c'est un cerveau fumeux vétius: « Il nous arrivait (à nos réunions) la tête encore fumante de son travail de la mati

née. »

ture: les ruisseaux bondissants et écumeux Ce qui est écumeux écume toujours et par na(FÉN.); un fleuve impétueux qui roule avec précipitation ses flots écumeux (ID.). Ce qui est écu

lui arrive accidentellement d'écumer. « L'onde

était écumante sous les coups des rames innombrables. » FÉN. « Les roues du char de Bocchoris, dans cette bataille, étaient teintes d'un sang noir, épais et écumant. » ID. Avaler une jatte de lait écumant (MARM.).

français, est une terminaison qu'on peut appeler réplétice, parce que effectivement elle marque plenitude, grande quantité, abondance de la qualité exprimée par l'adjectif qu'elle sert à former. Elle est presque toujours à base nominale, et répond assez bien à la terminaison anglaise ful, fanciful, quinteux, useful, avantageux, disgraceful, honteux, ainsi qu'aux terminaisons allemandes, isolément, significatives, voll, plein, reich, riche, et selig, heureux. Ingeniosus, d'in-mant écume dans une certaine circonstance, il genium, esprit, ingenioso, ingénieux, se dit en allemand geistroll et geistreich, ou sinnvoll et sinnreich, c'est-à-dire, plein d'esprit, et riche en esprit, ou en sens. De même, on trouverait en allemand, pour traduire industrieux, deux mots à peu près synonymes, kunstvoll et kunstreich, Une seconde différence tient à la valeur propre c'est-à-dire, plein d'art, et riche en art, et pour de la désinence eux, et consiste en ce que les adtraduire affectueux et verbeux, holdselig et red-jectifs qu'elle termine désignent la qualité comme selig, c'est-à-dire, heureux en affection et en paroles, c'est-à-dire qui en a beaucoup. De même, mystérieux, soucieux, ombreux, gracieux, heureux, etc., équivalent à geheimnissvoll, kummervoll, schattenreich, liebreich ou leutselig glukselig, etc. La désinence eux, peut-on dire encore, annonce que le sujet a beaucoup ou tout plein de la qualité marquée par le radical: l'orgueilleur a tout plein d'orgueil; le peureux, tout plein de peur; le rigoureux, tout plein de ri

gueur.

possédée à un haut degré, en abondance ou même avec excès. Eux va jusqu'à marquer l'affectation. On est pleurant:

On fait le pleureux, comme on fait le piteux,
Madame votre fille est pleurante en un coin. LAF.
comme on fait le langoureux :

Quelles nations, quelles villes,
N'iras-tu faisant le pleureux,
Et parlant d'un ton doucercux,
Prier de t'être secourable?

(La Sibylle à Enée.) SCARR.

<< L'obstination de fermer ma porte aux quidams | plus insultant (contre l'Eucharistie). » BOURD. cajoleurs et pleureux. » J. J. «L'outrageante lettre qu'il m'a écrite, que je vous ai renvoyée.» VOLT.

ENNUYEUX, ENNUYANT. Qui ennuie.

L'un énonce une qualité de nature, l'autre une qualité de fait; le premier qualifie le sujet en raison de ce qu'il est, et le second en raison de ce qu'il fait ou dit.

Qui peut m'avoir écrit ce libelle outrageant? Dest. << Pourquoi me tenez-vous cet outrageant discours?» LES.

Du reste, outrageux, plein d'outrage, dit plus Condillac en juge ainsi dans le passage suivant: qu'outrageant, qui outrage; aussi le premier est« Il me semble qu'on dit ennuyant en parlant il seul applicable aux personnes : infâmes et oud'une chose ou d'une personne au moment qu'elle trageux chevaliers (LES.); un ennemi insolent et ennuie, et qu'on dit ennuyeux quand on parle outrageux (Boss.). Outrageant ne convient qu'aux du caractère qui la rend propre à donner de l'en- choses, parce qu'il est plus faible, et que les nui. Il est ennuyant signifie, il ennuie actuelle-choses n'ont pas la plénitude de l'outrage, ne ment; il est ennuyeux signifie, il est fait pour peuvent être la source de l'outrage, mais peudonner de l'ennui. >> vent seulement l'avoir par communication.

Ce qui prouve bien, d'ailleurs, que ennuyeux exprime une qualité inhérente au sujet, c'est qu'on le fait quelquefois substantif; ce qui n'a jamais lieu pour ennuyant.

Ajoutez que ennuyeux marque plus d'ennui, ou un ennui plus profond, plus fort, qu'ennuyant. « Fatigué de l'excessive longueur d'une marche pompeuse, Vespasien dit qu'il était bien puni, par cette ennuyante cérémonie, de la faiblesse qu'il avait eue de désirer à son âge l'honneur du triomphe. » ROLL. « Soyez sûr qu'il n'y a rien de plus ennuyeux, de plus fastidieux que tous les écrits et tous leurs auteurs. >> DUDEFF.

RADIEUX, RAYONNANT. Qui jette des rayons. est tout rayonnant de lumière. L'effusion abonRadieux marque plus d'éclat : le corps radieur dante de la lumière rend le corps radieux; et l'émission de plusieurs traits de lumière le rend rayonnant. Le soleil est radieux à son midi; à son coucher il est encore rayonnant.

En second lieu, le mot radieux marque la propriété, la qualité de la chose, et le mot rayonmême est plus ou moins radieux; et quand il rénant, le fait présent. Un corps lumineux par luipand sa lumière, il est plus ou moins rayonnant. Radieux exprime l'état ou la nature, quelque OUTRAGEUX, OUTRAGEANT. Qui outrage. chose de constant. « Boufflers, au comble des Ces deux termes qualifient en faisant connaî- honneurs, de la gloire, de la confiance, n'avait tre, l'un ce qu'est le sujet, l'autre ce qu'il fait. qu'à demeurer en repos, à jouir d'un état si raRoubaud les a parfaitement distingués en leur dieux. »S. S. Dans le Lutrin, Sidrac raconte qu'auappliquant la règle de distinction ci-dessus éta-trefois il y avait dans le choeur un vaste lutrin qui cachait le chantre,

blie.

« Outrageux, dit-il, formé du substantif outrage, espèce particulière d'offense, désigne la nature de la chose, sa propriété ou son caractère, l'effet qu'elle doit par elle-même produire; elle est faite pour outrager, c'est le propre de la chose d'offenser cruellement. Outrageant, participe présent du verbe outrager, converti en adjectif verbal, exprime l'action d'outrager, le fait, l'effet de cette action; elle outrage, on en est outragé, offensé cruellement. Ainsi, discours, un procédé outrageant fait un outrage: le discours, le procédé outrageux fait outrage. »

un

Outrageux qualifie en soi, quant à la nature ou à l'idée, et s'emploie bien dans le dogmatique. « Il est de la bonté du prince de réprimer les médisances et les railleries outrageuses. » Boss. <«< Ne nous laissons jamais emporter à des dérisions outrageuses. & ID. « On appelle zèle ce qu'il y a dans la médisance de plus outrageux et de plus calomnieux. >> BOURD. << Est-il un crime plus outrageux au Saint-Esprit que le scandale?» ID. << Il faut savoir douter, et ne jamais s'exprimer avec une insolence outrageuse.» VOLT. Outrageant qualifie un fait ou en raison d'un fait, et est surtout d'usage dans les récits, dans l'historique. « Souvenez-vous des outrageantes paroles dont a usé M. Jurieu, en m'appelant déclamateur et calomniateur.» Boss. « Il fallait que la main (de Wiclef et de Calvin) traçât sur le papier tout ce que le cœur avait conçu de plus outrageant et de

Tandis qu'à l'autre banc le prélat radieux, Découvert au grand jour, attirait tous les yeux. «La tête et le cou du paon se dessinent avec grâce sur ce fond radieux (formé par sa queue qu'il relève). » BUFF.- Rayonnant désigne un fait, un accident, quelque chose qui arrive. « Tel fut le discours de Julie à son lit de mort; ses yeux brillaient d'un feu surnaturel, elle paraissait rayonnante. » J. J. « Il délivra l'âme du purgatoire l'âme lui apparut rayonnante et en habit blanc.» VOLT.

Au figuré, on dit un visage, un air radieux ou rayonnant, pour signifier qu'on voit éclater sur le visage, ou dans l'air, la joie, la satisfaction. Mais l'un indique une satisfaction plus solide, plus pleine et plus constante, comme celle qui résulte de la santé; l'autre, une satisfaction plus vive et plus passagère, comme celle qui provient d'un accès de joie ou d'exaltation.

Enfin radieux est un terme absolu qui s'emploie seul et se comprend de lui-même; au lieu que rayonnant est relatif et ordinairement suivi d'autres mots qui le déterminent: rayonnant de lumière, rayonnant de gloire, de joie, de grâces et de beauté (FÉN.), une femme rayonnante de diamants (MARM.).

LANGOUREUX, LANGUISSANT. Qui est dans un état d'abattement et de faiblesse.

Le langoureux est tout plein de langueur; le languissant languit. On dira d'un convalescent qu'il est encore un peu languissant, et d'un au

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