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sont les radicaux mêmes auxquels on a ajouté la désinence eau pour les former; par exemple, entre tombeau et tombe, troupeau et troupe? Cette question se résout par une simple observation, c'est que tous les noms en eau sont masculins, tandis que leurs radicaux, qui leur servent de synonymes, sont féminins. De là, la différence des uns aux autres. Les noms en eau sont plus particuliers, et leurs synonymes féminins plus généraux. Les premiers ne marquent relativement aux derniers qu'une espèce, mais une espèce bien déterminée, bien distinguée par une destination ou des caractères propres. Différence conforme, du reste, à la signification, primitivement diminutive, de la désinence eau. Aussi, c'est au chapitre des synonymes qui diffèrent uniquement par le genre, que se trouvent les synonymes tombe et tombeau, tonne et tonneau, troupe et troupeau, bande et bandeau, barre et barreau. - Ajoutons une remarque pour confirmer la distinction établie entre ces synonymes, en raison de ce que les uns sont féminins et les autres masculins : les premiers, étant des mots simples, désignent naturellement le genre des choses; et les derniers, étant des mots composés, marquent l'espèce, la sorte, en modifiant l'idée du genre par une idée particulière. Un vaisseau est un vase que distinguent sa grandeur et sa destination, un plumeau, un instrument de plumes ayant un certain usage; des pruneaux sont des prunes qui ont subi une certaine préparation et qu'on met en réserve'.

PORC, POURCEAU. Animal domestique qui a le pied fourchu, qui ne rumine pas et qu'on engraisse pour le manger.

un pourceau (SCARR.); les pourceaux paissent le gland (VOLT.); on appelle pourceau, pourceau d'Epicure, l'homme qui met tout son plaisir à manger.

Un marchand de porcs vend des cochons bons à tuer dès à présent; un marchand de pourceaux en vend qu'il faut d'abord engraisser, et qu'on ne tuera que lorsqu'ils seront devenus porcs.

TERMINAISON ET.

Lacs, lacet.

La désinence française et pour le masculin, ette pour le féminin, de etto des Italiens, est diminutive dans les deux langues. Exemples, en français: batelet, coussinet, cordonnet, châtelet, cervelet, mantelet, osselet, livret, poulet; herbette, maisonnette; et parmi les adjectifs, aigret, paucret, propret. Les mots qu'elle termine, comme ceux qui se terminent en ot, ont un caractère particulièrement familier et gracieux. Aussi, Roncard voulait les multiplier au delà de toute mesure. En s'ajoutant à presque tous les noms de femmes, elle forme des diminutifs appellatifs qui expriment en même temps la familiarité et la tendresse, comme Annette, Mariette, Jeannette, Juliette, venant d'Anne, Marie, Jeanne, Julie; et même Antoinette, Georgette, etc., qui ont pour primitifs des noms d'hommes, Antoine, Georges, etc.

LACS, LACET. Espèce de piége où les animaux vont s'attacher, et qui consiste en un seul lien disposé en noeud coulant (laqueus.).

Au propre, le lacet est un petit lacs. « Les laLe premier de ces deux mots n'étant point fé-cets ne sont autre chose que deux ou trois crins minin, on ne saurait faire usage de la règle précédente pour trouver leurs différences. Il nous semble qu'on peut la trouver par cette autre voie : pourceau, latin porcellus, signifie proprement petit porc, pore qui n'a pas encore pris toute sa croissance, qu'on élève, qu'on nourrit. « On a dit que le paca était semblable à un pourceau de deux mois. BUFF.

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Ainsi, tandis que porc désigne le cochon, lorsqu'il a acquis le développement qui le rend propre à servir de nourriture à l'homme ou même qu'il est actuellement employé à cet usage, pourceau exprime le même animal en tant et pendant qu'on l'élève, qu'on le fait paître, qu'on le mène aux champs.

On dit, gros porc; de la viande ou de la chair de porc; rôti de porc, pied de porc; porc frais, porc salé; hachis et bouillon de porc (VOLT.). Le porc, dans certains climats chauds, est une nourriture très-dangereuse (ID.). « Il faut manger de bon gros bœuf, de bon gros porc. » MoL. On dit, d'autre part, étable à pourceaux; l'enfant prodigue fut réduit à garder les pourceaux; gai comme un pourceau dans l'orge, et manger comme

1. Puisque la désinence eau revient à la désinence el, qui fait elle au féminin, il ne peut y avoir entre les synonymes cerveau et cervelle, escabeau et escabelle, d'autre différence que celle qui dérive de leur genre. Voy. p. 9.

de cheval tortillés ensemble et qui font un noeud coulant. » BUFF. « On prend aisément les scarlattes (sorte d'oiseaux) avec des lacets et autres petits piéges. » ID. On dit un lacs de corde (BUFF.), et un lacet de crin (ID.). Avec le lacs on prend les animaux les plus grands et les plus forts, et, par exemple, des ânes sauvages et des éléphants (BUFF.) Avec le lacet on ne prend guère que des oiseaux, comme bécasses, grives, mėsanges, et des lièvres, tout au plus. Lafontaine se sert de lacs quand il s'agit de cerfs. de loups, de gazelles; mais, dans la fable de l'Hirondelle et les petits oiseaux, l'hirondelle conseille aux oisillons de manger le grain du chanvre, parce que De lå naîtront engins à les envelopper,

Et lacets pour les attraper.

Au figuré, lacet indique un piége plus petit que le lacs, plus difficile à apercevoir. « Il se fait en nous, par la possession des biens de la terre," certains noeuds secrets, certains lacets invisibles, qui engagent même un cœur vertueux dans quelque amour déréglé des choses présentes. » Boss. Ou bien lacet est d'un style plus familier.

La coquette tendit ses lacs tous les matins. BOIL. << Monsieur Sancho, dit don Quichotte en souriant, il me paraît que la demoiselle Laure vous tient bien au cœur. Vive Dieu! mon ami, te voilà tombé à ton tour dans les lacets de Cupidon. »

LES.

TERMINAISONS ET ET EAU.

Dameret, damoiseau.

DAMERET, DAMOISEAU. Homme qui cherche à plaire aux dames, en se faisant près d'elles petit, aimable, mignon, en leur contant des gentillesses et des fleurettes.

Damoiseau, écrit d'abord et prononcé damoisel, était le masculin de damoiselle, aujourd'hui demoiselle, et signifiait autrefois un jeune gentilhomme qui n'était point encore reçu chevalier. Dans le sens ironique et familier qu'a conservé ce mot, il exprime un jeune homme qui fait le cavalier et le galant, qui se donne pour réussir auprès des dames, et qui cherche des aventures. Un jeune damoiseau (ROLL.). Dameret indique simplement un petit efféminé qui prend une parure et des manières propres à plaire aux dames; le dameret n'est point nécessairement jeune; au contraire, quand on emploie ce mot, il semble que l'on veuille établir un contraste entre l'âge ou la condition du personnage et les prétentions qu'il a ou qu'on lui prête. Le dameret semble être un damoiseau suranné.

Molière parle d'un vieillard insensé

Qui fait le dameret dans un corps tout cassé. Et Boileau ne veut pas qu'on aille

Peindre Caton galant, et Brutus dameret. D'autre part, Molière donne du damoiseau l'idée la plus vraie, dans le passage suivant de l'École des femmes.

De tous ces damoiseaux on sait trop les coutumes :
Ils ont de beaux canons, force rubans et plumes,
Grands cheveux, belles dents et des propos fort doux;
Mais, comme je vous dis, la griffe est là-dessous,
Et ce sont vrais satans, dont la gueule altérée
De l'honneur féminin cherche à faire curée.

Le damoiseau est avantageux : c'est un petitmaître, la terreur des vieux maris jaloux. Le dameret est langoureux, il soupire, il fait le petit Céladon, et le plus souvent cela ne lui convient guère.

TERMINAISON ETTE.

Amour, amourette. Nonne, nonnette. Char, charrette.

Désinence diminutive, ne différant de la précédente que par le genre des noms qu'elle termine. Elle donne à ces noms, tous féminins, un caractère si tranché que leur différence d'avec leurs radicaux, qui leur servent quelquefois de synonymes, saute aux yeux tout d'abord. Personne n'ignore, par exemple, qu'une lancette est une petite lance à l'usage des chirurgiens. «Ayant ouï dire qu'Hippocrate recommande, quand on saigne, de faire une large ouverture, le frater en fit une qui paraissait plutôt un coup de lance que de lancette. » LES. Une femmelette est une faible femme, une femme de peu de capacité, de valeur ou de mérite. Elle a voulu faire l'héroïne, elle n'est qu'une femmelette (MARM.).

AMOUR, AMOURETTE. Affection d'un sexe pour l'autre.

Amourette, suivant l'Académie, est un terme

diminutif et familier qui désigne un amour de pur amusement sans véritable passion. La différence qu'il y a du sérieux au badin, dit Girard, à l'égard du même objet, fait celle de l'amour et de l'amourette. Celle-ci amuse simplement, et celui-là occupe. » Condillac, de son côté, considère l'amourette comme un amour peu sérieux, ou encore comme un petit attachement qu'on n'ose avouer, soit parce qu'on n'est plus d'âge à se permettre l'amour, soit parce qu'on rougit d'aimer une personne trop au-dessous de soi.

NONNE, NONNETTE. « Noms donnés autrefois aux religieuses, et employés encore dans le style badin. »

« Nonne est le mot simple; il signifie une fille religieuse. Nonnette est un diminutif de nonne; c'est une jeune religieuse. Le premier de ces termes exprime donc l'état ou la qualité de la personne; le second, sa jeunesse ou quelque chose de tendre ou de fin. » ROUB.

« Ceux qui ont imaginé que ces captives furent employées au service de l'arche, ne songent pas que les Juifs n'eurent jamais de nonnes et que la virginité était chez eux en horreur.» VOLT.

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Char, traduit immédiatement du latin, currus, carrus, s'emploie figurément pour exprimer, dans le style élevé, toutes sortes de voitures; et, au propre, il signifie particulièrement des voitures d'apparat dont on fait et dont autrefois surtout on faisait usage dans les courses, dans les triomphes et les cérémonies publiques. La voiture appelée charrette sert à transporter des fardeaux et les objets nécessaires pour les besoins de l'agriculture ou de la vie; elle a ordinairement deux ridelles, et le timon du char s'y trouve remplacé par deux limons.

TERMINAISONS ETTE ET ON.

Toinette, Toinon. Fanchette, Fanchon. Susette Suson.

Ces deux désinences diminutives, en s'ajoutant aux mêmes radicaux, servent à former des noms appellatifs de femmes entre lesquels il y a synonymie. Tels sont les termes de familiarité et de tendresse, Toinette et Toinon, Fanchette et Fanchon, Susette et Suson.

Mais les uns dénotent, dans les femmes qui les portent, de la gentillesse et de la grâce; les autres, à terminaison essentiellement masculine, s'appliquent à des femmes sans façon, un peu luronnes, à de grosses réjouies qui tiennent de la virago. On ne les trouve guère employés qu'au village; encore ne s'y donnent-ils qu'aux domestiques. A un poëte qui fait parler ses bergers

comme on parle au village Boileau reproche de changer

telle qu'on n'en peut plus rien retrancher et qu'elle doit être suivie rigoureusement, à la letLycidas en Pierrot, et Philis en Toinon. tre. La forme n'est pas aussi sacramentelle; elle Que de femmes se récrieraient, et à bon droit, si, laisse plus de latitude; elle renferme des parties au lieu de les appeler Marguerite, Jeanne ou variables, facultatives ou arbitraires. La forme Jeannette, on se permettait à leur égard la déno- | d'un compliment, surtout quand il doit être long, mination, plus que commune et plus que fami- m'embarrasse toujours. « Le courtisan a des forlière, de Goton ou de Jeanneton! Dans le Mariage mules de compliments différents pour l'entrée et de Figaro, Susanne, sa fiancée, est généralement pour la sortie. » LABR. — La forme, d'ailleurs, nommée Suson par tous les personnages, surtout se considère plutôt absolument, en elle-même, par ceux dont elle dépend. Mais le comte, au mi- et par opposition au fond: elle est importante; il lieu de ses cajoleries, l'appelle Susette; Figaro ne faut pas la négliger. La formule est relative lui-même dit, ma Susannette, et Marceline: aux termes mêmes qui l'expriment on appelle « Embrasse ta mère, ma jolie Susannette. » formulaires des recueils de formules.

TERMINAISON OT.

Char, chariot.

Désinence diminutive et familière du même genre que la désinence et; elle fait ote au féminin et vient de l'italien otto. Les mots qu'elle termine sont, ou des substantifs, comme ballot, petite balle, bachot, petit bac, caillot, petite masse de sang caillé, Jeannot, le petit Jean, capot, petite cape; ou des adjectifs, comme vieillot, bellot.

TERMINAISON AIN.

Nonne, nonnain.

Ain en français, en latin anus, a, um, indique souvent les personnes par rapport au lieu qu'elles habitent ou occupent, auquel elles sont particulièrement attachées, ou d'où elles tirent leur origine. Africain, Africanus, qui est d'Afrique; Romain, Romanus, qui est de Rome; le chapelain est attaché à la chapelle, comme le sacristain à la sacristie, comme le châtelain au château, comme le mondain au monde. Outre le lieu, cette désinence marque aussi par analogie l'ordre religieux auquel on appartient, la communauté dans laquelle on réside, à laquelle on est attaché: ainsi dominicain, franciscain, génovéfain.

CHAR, CHARIOT. Ces deux mots diffèrent comme char et charrette. (Voy. pag. 220.) « Le Cirque servait à la course des chevaux et des chariots.... Le char de ces sortes de courses était extrêmement petit et bas. » ROLL. «< Denys de Syracuse avait envoyé à Olympie son frère Théaride pour y disputer en son nom le prix de la course des cha- NONNE, NONNAIN. Religieuse cloîtrée, agrériots. Quand il fut arrivé dans l'assemblée, la gée à une famille et soumise à une mère spiribeauté aussi bien que le nombre des chars attirè-tuelle; termes de style badin. rent les yeux et l'admiration de tous les spectateurs. » ID.

TERMINAISONS OT et ETTE.

Chariot, charrette.

CHARIOT, CHARRETTE. Ces deux mots diminutifs different principalement, sinon uniquement, par le genre. (Voy. page 10.)

TERMINAISON ULE.

Forme, formule.

Il y a dans nonnain un rapport spécial à l'ordre dont la religieuse fait partie, à la communauté où elle réside. Nonne signifie simplement l'état ou la qualité d'être religieuse, sans spécifier aussi expressément de quel ordre.

Ma fille est nonne; ergo c'est une sainte.

Vénus en fit (de ce monastère) un séminaire Il était de nonnains.

Ensuite nonnain a une terminaison masculine, et, si on a appelé nonnette une sorte de mésange, on a nommé nonnain une espèce de pigeon (BUFF.). De là suit que la nonnain a quelque chose de l'homme; c'est une luronne, comme en général les femmes portant des noms masculins, Toinon, Terminaison venant directement du latin ulus, Fanchon, Suson. Nonnain se dira particulièreula, ulum, et diminutive dans les deux langues. ment bien d'un jeune homme, qui, se faisant Au lieu d'avoir le caractère de familiarité des pré-passer pour fille, entre en cette qualité dans un cédentes, et de servir comme elles à former des couvent de nonnes (VOLT.). noms propres, elle se trouve à la fin d'un grand nombre de termes scientifiques, tels que globule, teinule, ventricule, pédicule '.

FORME, FORMULE. Ces mots sont synonymes, en tant qu'ils désignent la manière dont on procède habituellement pour rédiger certains actes, une quittance, une lettre de change, etc.

Formule, petite forme, c'est la forme réduite à ses moindres termes, à ses termes essentiels, 1. Le latin ulus, ula, ulum, est lui-même une imitation du grec: pizzués, tout petit, de μizzòs, dorien, pour izpos, petit; sidov, idylle (petit tableau) d'eidos, image, etc.

TERMINAISONS AIN ET OIR.

Terrain,

terroir.

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cupée ou peut l'être. Oir exprime l'instrument ou le moyen dont on se sert pour telle opération, pour produire tel effet: d'où terroir désigne la terre comme ce dont on se sert pour faire venir telles ou telles plantes, tels ou tels fruits.

Le terrain est un emplacement plus ou moins étendu où l'on peut habiter, élever des bâtiments, camper, développer une armée; on en perd, ou on en gagne. Le terroir est en quelque sorte un instrument bon ou mauvais suivant qu'il peut rapporter plus ou moins, ou bien des fruits de telle ou telle sorte. Un bon terrain est une bonne place, un lieu solide, assez étendu, ou bien riche en minéraux, ou bien même favorable pour certaines productions, mais sans qu'on le cultive: cet arbre demande un terrain humide. Un bon terroir, étant cultivé, produit ou produira beaucoup de fruits ou d'excellents fruits. « Ce fruit ne croît que dans le jardin de mon père, et il faut que le terroir en soit cultivé par sa propre main.» Boss.

TERMINAISON UM.

renferme : le conseil municipal d'une ville vote
un muséum d'histoire naturelle, et les curieus
vont visiter le musée d'histoire naturelle. Le mot
muséum s'applique aussi à tout musée appele
muséum primitivement ou dans le pays qui le
possède, muséum d'Alexandrie, muséum de Flo-
rence, muséum britannique.

TERMINAISONS UM ET ENCE.
Décorum, décence.

DÉCORUM, DÉCENCE. Ce qui convient, eu égard aux temps, aux lieux et aux personnes. On garde, on observe, on blesse le décorum ou la décence.

Le décorum est la décence propre à certaines conditions, surtout aux plus élevées. Un roi garde son décorum (VOLT.); on ne dirait point qu'il garde sa décence; le décorum de la Divinité (MoL.); le décorum philosophique (J. J.); le décorum du ministre (DELAF.); le décorum de la maîtrise (LES.).

Ensuite, à décorum est attachée une légère idée d'emphase et de dénigrement; ce mot exprime des règles de bienséance toutes de convention qui sentent la morgue et la pédanterie. On garde le décorum par respect humain, pour ne pas se faire remarquer, pour ne pas manquer à ce qu'on doit à sa position suivant le monde; on garde la décence, parce qu'on est convaincu au fond qu'y manquer est une faute.

Désinence propre à certains noms latins, admis sans aucun changement dans notre langue. Parmi ces noms se trouvent des termes scientifiques, comme en anatomie, calcaneum, sternum, sacrum, rectum, duodenum, sensorium, ou didactiques, comme criterium, compendium, pensum, rade-mecum. D'autres s'emploient comme termes d'antiquité; ce sont les noms donnés par les Romains à des objets ou à des lieux dont nous ne parlons qu'en rapport avec leur temps: exemples, forum, labarum, Latium, Actium. Tous étrangers au langage commun, ces mots, dans le style de la conversation, ont une teinte de pédanterie, Terminaison substantive et adjective; toujours ou ils entraînent une idée de dénigrement: ainsi, substantive, quand l's se fait sentir dans la profactum, écrit qu'une personne publie pour atta-nonciation, et généralement adjective, quand I's quer ou pour se défendre, factotum, celui qui se mêle de tout dans une maison.

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TERMINAISON US.

Cal, calus.

ne se prononce pas. Les substantifs en us viennent tous du latin; ce qu'il suffit de remarquer pour les distinguer des synonymes qu'ils peuvent avoir: tels sont anus, chorus, fœtus, hiatus, sinus,

uterus.

CAL, CALUS. Durillon qui vient aux pieds, aux genoux, aux mains, ou soudure naturelle qui rejoint les fragments d'un os rompu.

Calus, quoique le mot latin s'écrivit par deux!, n'est autre que ce mot lui-même, comme le prouvent et sa prononciation et l'usage que l'on en fait au figuré, pour signifier un endurcissement d'esprit et de cœur qui se forme par la longue habitude. En conséquence, cal appartient au langage commun, et calus à celui de la chirurgie: c'est pourquoi calus se dit plutôt en parlant d'un rompu, et cal quand il s'agit d'un endurcissement de la peau.

Museum, grotte ou temple des Muses, était le nom latin de la fameuse bibliothèque d'Alexandrie. En français, nous appelons naturellement ainsi tout édifice du même genre, comme nous donnons encore à certains monuments, imités de ceux d'Athènes, les noms grecs d'Odéon et de Panthéon. Cependant on se sert plus communé-os ment du mot musée, non-seulement parce que sa terminaison est toute française, mais encore parce que, d'après cette terminaison, il désigne, non l'édifice lui-même, comme muséum, mais ce qu'il contient, idée qu'il importe le plus d'expri

mer.

Muséum ne se dit plus guère qu'en parlant d'objets scientifiques, de collections de minéraux, d'oiseaux, de coquillages, et encore quand on ne veut appeler l'attention que sur le lieu qui les

TERMINAISON IER.

Manœuvre, manouvrier. Coudre, coudrier.

Il se peut que cette terminaison tire son origine du latin arius, car les mots saunier, chevrier, farinier, par exemple, correspondent exactement au latin, salinarius, caprarius, fari

Noisetier seul rappelle l'idée du fruit que porte l'arbrisseau en question. Buffon assure que, dans un terrain près de Modène, on trouve, en creusant jusqu'à une certaine profondeur, « des arbres tout entiers, comme des noisetiers avec les noisettes dessus. »

TERMINAISONS IER ET EUR.

narius. Quoi qu'il en soit, ier se trouve souvent [on le transplante, etc.; des chatons de coudrier à la fin de radicaux totalement étrangers à la (BUFF.); les gelinottes cachent leur nid sous des langue latine, et, dans tous les cas, il exprime coudriers (ID.). lidée d'une profession commune, vulgaire, d'un métier. Si bien même que cette désinence se construit avec des noms de fruits pour désigner l'arbre qui fait la fonction ou le métier de les produire; usage inconnu dans la langue latine où les noms d'arbres ne se terminent point en arius: exemples, cerisier, cerasus; poirier, pirus; prunier, prunus; olivier, oliva. Il y a plus, ier peut ausi terminer les noms de choses entièrement inanimées, dont la destination est de servir d'instruments ou de moyens, comme balancier, escalier, pilier, chandelier, salière, qui ne dérivent pas non plus de noms latins en arius. Quelquefois les substantifs en ier se prennent au moral comme qualificatifs défavorables, comme signifiant dans les personnes un petit défaut ou quelque chose de déplaisant : tels sont tracassier, tripotier, minaudier. Dans ce dernier, comme dans le premier sens, la désinence ier est fort analogue à la désinence abstraite erie.

MANOEUVRE, MANOUVRIER. Ouvrier qui travaille de ses mains.

Etant dépourvu de terminaison significative, manœuvre exprime cette idée purement et simplement; ier y ajoute pour accessoire que c'est par métier, par état, qu'on se livre à cette sorte d'occupation. Le manœuvre travaille sous un autre ouvrier; il ne fait pas un ouvrage qui lui soit propre et dont la production constitue un métier; le manourrier travaille pour ceux qui ordonnent ou entreprennent l'ouvrage, ce qu'il fait n'est rapporté qu'à lui, et tous ceux qui font les mêmes choses que lui exercent la même profession.

Confiturier, confiseur.

CONFITURIER, CONFISEUR. Celui qui s'occupe par état de choses confites ou de confitures. Les désinences ier et eur servent en effet toutes deux à qualifier les personnes par rapport à ce qu'elles font habituellement. Mais ier s'emploie quand il s'agit des professions les plus communes, et eur quand il est question des plus relevées, des plus nobles. En conséquence, il n'est besoin d'aucun talent pour être confiturier: il suffit de vendre des confitures. L'état de confiseur demande de l'habileté, même de la science: il consiste nonseulement à vendre, mais encore et surtout à faire des confitures.

La différence est la même entre oiselier et oiseleur.

TERMINAISON ASTRE.

TERMINAISONS ASTRE ET IER.

Pilastre, pilier.

PILASTRE, PILIER. Pile, latin pila, signifie amas. Les deux substantifs masculins pilier et pilastre déterminent la signification si vague de leur radical: ils désignent un amas de pierres · artistement empilées, de manière à former une sorte de colonne ou une partie d'édifice propre à en soutenir d'autres.

Par sa terminaison, pilier n'exprime rien autre chose qu'un instrument ou un moyen employé a l'usage que nous venons de dire. Mais la termi

Manoeuvre est la dénomination propre de certains aides qui servent les maçons et les couvreurs, et qui apprennent l'art plutôt qu'ils ne l'exercent; ce qui fait que pour désigner un mauvais ouvrier, nous disons quelquefois, c'est un manœuvre, comme nous disons, c'est un apprenti, un novice. Manourrier est une dénomination générale qui s'applique à toutes sortes de gens de journée salaies, et qu'on considère comme une classe occu-naison de pilastre fait naître une bien grande difpant tel rang dans la société. Le manœuvre n'a pas de métier; il prête ou loue son travail à ceux qui en ont un. Le manouvrier a un métier, mais le moins élevé et le plus précaire. Comme le manauvre n'a point d'existence sociale, ni, pour ainsi dire, de personnalité, il est quelquefois un objet de mépris et s'entend quelquefois adresser la qualification injurieuse de goujat. COUDRE, COUDRIER. L'arbrisseau qui porte des noisettes et qu'on nomme aussi noisetier.

Le coudre est considéré, abstraction faite de toute fonction végétative, comme une sorte de bois ayant certaines propriétés, et susceptible, stant travaillé, de prendre telles ou telles formes: bois de coudre, baguette de coudre, cerceaux de coudre.» ACAD. Le mot coudrier, au contraire, est propre à rappeler toutes les qualités de l'arbrisseau comme plante, toutes les particularités de sa croissance et de sa culture: le coudrier vient dans tels endroits, il atteint à telle hauteur, il a des feuilles de telle forme; on l'ente,

férence entre ce mot et son synonyme. Pilastre
vient de pil, pila, et d'astruere, bàtir auprès ou
contre. Le pilastre est donc une colonne bâtie
auprès ou contre l'édifice, engagée en partie dans
le mur. Lafontaine dit de la maison de Philé-
mon et de Baucis:

Cependant l'humble toit devient temple, et ses murs
Changent leur frêle enduit aux marbres les plus durs.
De pilastres massifs les cloisons revêtues
En moins de deux instants s'élèvent jusqu'aux nues.
Le pilier, au contraire, est isolé et libre. « Il
leva un des pans du pavillon et entra sous la tente,
où il ne trouva qu'un pilier de marbre blanc,
qui était placé au milieu. » LES. « Les Philistins
mirent Samson au milieu de la salle, entre deux
piliers qui soutenaient l'édifice. » Boss.

Or, afin de les mettre en harmonie avec le tout, en raison de leur place, on donne toujours au pilastre la forme carrée, et ordinairement au pilier la forme ronde.

Enfin, la terminaison de pilier étant vulgaire

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