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n'est qu'une esquisse dessinée avec du charbon sur le mur d'une hôtellerie où l'on couche une nuit. » VOLT.» En Egypte, les maisons étaient appelées des hôtelleries, où l'on n'était qu'en passant. » Boss.

TERMINAISONS ERIE ET MENT.

Chuchoterie, chuchotement. CHUCHOTERIE, CHUCHOTEMENT. Action de chuchoter, c'est-à-dire de parler bas à l'oreille de quelqu'un pour n'être pas entendu d'autres per

sonnes.

La terminaison erie étant fréquentative, marque une plus grande abondance de paroles, une suite de chuchotements, ou un chuchotement prolongé. Mais la principale différence entre ces deux mots provient de ce que cette même terminaison désigne, non-seulement l'action comme ment, mais encore le résultat de cette action, l'ouvrage qu'elle produit: chuchotement détermine le genre de bruit, et chuchoterie le genre d'entretien. Le chuchotement peut ennuyer et importuner; la chuchoterie peut intriguer, parce qu'elle implique une intention de se cacher, et a rapport au sujet même dont on s'entretient en chuchotant. Ce qui déplaît dans le chuchotement. c'est le fait et l'air : lorsque J. J. Rousseau passait dans les rues, il croyait remarquer a un chu- | chotement ricaneur. » Ce qui déplaît dans la chu- | choterie, c'est le discours. « Elle avança son visage comme pour me parler à l'oreille. Je tremblai qu'on ne cherchât du mystère à cette chuchoterie. » J. J.

tions de nos réformés furent suivies partout de sédition et de pilleries. » Boss. « Avant-hier, on roua un violon qui avait commencé la danse (une révolte à Rennes) et la pillerie du papier timbré.» SÉV.

BADINERIE, BADINAGE. L'idée commune à ces deux mots est celle qu'ils tiennent du verbe badiner, d'où ils dérivent l'un et l'autre.

Mais badinage exprime le genre et badinerie un trait le badinage, une badinerie. Jamais on ne dit d'une manière absolue la badinerie. — « A examiner la cadence du vers phaleuque, on dirait qu'il est fait exprès pour le badinage et pour l'amusement. » ROLL. « L'esprit de badinage. » S. S. « Le talent de plaire aux femmes consiste dans une espèce de badinage. » MONTESQ. — « Le portrait de Mme de Mirepoix (en vers, par Montesquieu) est une badinerie qui fut faite à Lunéville pour amuser une minute le roi de Pologne. » MONTESQ.

Toutefois, si on ne dit pas la badinerie absolument, on dit bien un badinage comme une badinerie. Mais alors badinage signifie une action ou une manière d'agir; et badinerie, un produit, ce qui résulte du badinage. Un badinage est une occupation ou une manière de faire faire des vers, c'est s'amuser à un charmant badinage (VOLT.); une badinerie est la chose qui provient du métier de badiner, en quelque sorte. Je n'aime pas ce badinage, c'est-à-dire cette manière ou cette action de badiner je n'aime pas cette badinerie, c'est-à-dire ce qui vient d'être dit ou fait en badinant. Un auteur a un badinage, c'est-àdire une façon particulière de badiner :

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Imitons de Marot l'élégant badinage. BOIL. TERMINAISONS ERIE ET AGE. Mais ce qu'un auteur a composé en badinant est une badinerie. « La métamorphose de la perruPillerie, pillage. Badinerie, badinage. Bavarderie, bavardage. Radoterie, radotage. Raba-que de Chapelain en comète est une badinerie qui n'a jamais été achevée. » BOIL. Des personnes cherie, rabdchage. Etc. Lainerie, lainage. un peu sérieuses traiteront de badineries le proCes terminaisons, toutes deux communes et peu cès du chien et les extravagances du juge (dans nobles, désignent également l'action et son ré- les Plaideurs); mais enfin je traduis Aristophane.» sultat. Mais l'une est diminutive, l'autre collec- RAC. tive et compréhensive; l'une présente l'idée en petit, l'autre en grand. Les noms en erie s'emploient souvent au pluriel pour signifier les divers traits, les faits ou les tours particuliers, les différents cas où l'action se réalise, où un défaut se manifeste. Les noms en age tiennent plus de l'absolu; ils ne s'emploient guère qu'au singulier pour représenter la chose comme un tout considéré en lui-même et qui est d'une certaine na-puérilités. » BOURD. ture. Un discours plein de rabâcheries n'est que du rabáchage.

Ajoutez à cela que badinerie indique quelque chose de plus petit que badinage : les badineries sont des enfantillages ou des puérilités. « Etre paré, courir de çà et de là, se déguiser, se masquer, sont des jeux d'enfants; nous nous rions de leurs badineries. » Boss. « On remarque dans les amitiés sensibles des soins, de petites libertés, ou pour les mieux nommer, des badineries et des

On distinguera de même bavarderie et bavardage. Bavardage est général et tout relatif à la

PILLERIE, PILLAGE. Action de piller et perte forme: le bavardage; le bavardage des commėqui en résulte.

res (ACAD.), des provinces (SÉv.), des académies Tous les synonymistes, Condillac, Laveaux et (J. J.), de la conversation (ID.). Mais bavarderie Leroy, qui ont traité ces deux mots, leur ont est particulier et se rapporte au fond, à la matrouvé les mêmes différences. Le pillage porte sur tière. « Le maréchal me prit en particulier avec des objets d'un plus grand prix, il est plus désas- ses bavarderies. » S. S. « Marc-Tulle Cicéron, treux et entraîne plus de dégât. Il est commis, dans ses bavarderies éloquentes, dit quelque d'ailleurs, par des soldats, par un corps d'ar-part.... » VOLT. « Voici ma bavarderie académimée; au lieu que la pillerie est l'action de pil-que (un discours académique). » ID. Ce que vous lards, d'un ramas de voleurs armés, de séditieux venez de conter là est du bavardage, et une baou d'émeutiers, par exemple, qui ne font que varderie. — Que si bavarderie, au lieu de marpiller de tous les côtés. « Les premières prédica- quer, comme d'ordinaire, un fait, un trait, dé

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signe une disposition habituelle, il la représente comme fréquentative, comme une sorte de démangeaison. « Si un hérétique s'était souillé d'un crime pareil à celui de Théodose, avec quelle complaisance tous les historiens déploieraient contre lui leur bavarderie! » VOLT.

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Pareillement, une radoterie est un trait de radotage. Ma fille, il faut que je vous conte: c'est une radoterie que je ne puis éviter. » SÉv. « Ma tragédie n'est pas un jeu d'enfant, mais elle tient beaucoup du radotage. » VOLT. Rabâchage signifie le défaut, et rabácherie ce qui en provient. Ensuite, rabdchage indique quelque chose de moins petit et une moins grande répétition des mêmes choses. La Guerre de Genève est un rabachage de la Pucelle. » DUDEFF.

Appliquez la même règle de distinction à caqueterie et caquetage, clabauderie et clabaudage, badauderie et badaudage (ACAD., 1692, J. J.), flagornerie et flagornage (BEAUM.), filouterie et filoutage (VOLT.), etc.

LAINERIE, LAINAGE. Marchandises de laine. Lainerie, par sa terminaison si familière aux petites industries, rappelle plus particulièrement l'art ou le travail de l'ouvrier; tandis que la terminaison de lainage suggère seulement l'idée d'étendue, de grande collection. Le commerce des lainages est le commerce des choses de laine, en général ou en gros; le commerce des laineries est celui des ouvrages, des draps, des étoffes faites avec de la laine. Le lainage comprend les laines brutes comme celles qui sont travaillées, et même ces dernières n'ont reçu qu'une façon en grand, qui n'est pas descendue aux détails, qui n'a point été appliquée aux petits objets, qui a peu modifié, par conséquent, la matière première. Enfin, lainage, comme plus absolu, a plus de rapport à la nature, au genre de matières; et lainerie, comme relatif, en a davantage à la façon, au genre d'ouvrage.

TERMINAISONS ERIE ET ADE.

Fanfaronnerie, fanfaronnade. FANFARONNERIE, FANFARONNADE. Action de faire le fanfaron, ou ce que dit le fanfaron, vanterie en paroles.

le fanfaron, tandis que la fanfaronnerie caractérise un homme qui est fanfaron. « Le duc de Villars avait une valeur brillante, avec une fanfaronnerie poussée aux derniers excès et qui ne le quittait jamais. » S. S.

TERMINAISON AIL.

TERMINAISONS AIL ET ERIE.
Bercail, bergerie.

BERCAIL, BERGERIE. Lieu destiné à renfermer les moutons.

La terminaison ail, comme la terminaison oir, semble désigner l'usage ou la destination des choses. Un gouvernail est un instrument qui sert à gouverner le navire; un éventail, un instrument dont on se sert pour s'éventer; un épouvantail, quelque chose dont on se sert pour épouvanter les oiseaux; un attirail, une grande quantité de choses nécessaires pour certains usages; un soupirail, une ouverture pratiquée à une cave pour lui donner du jour et de l'air, pour lui permettre de respirer en dessous; un tramail, un filet pour prendre du poisson; un sérail, un lieu destiné chez les Turcs à être habité par les femmes. Bercail doit donc aussi exprimer simplement le lieu où l'on renferme les brebis ou les moutons.

Erie, marquant un lieu, signifie celui où les artisans travaillent, comme fonderie, raffinerie, brasserie, apothicairerie, et, par conséquent, bergerie doit rappeler les soins et les opérations du berger, tout comme boucherie et boulangerie, par exemple, rappellent les opérations du boucher et du boulanger.

La bergerie est le lieu particulier où le berger exerce son état, c'est-à-dire donne ses soins aux troupeaux confiés à sa garde. « Ils virent une bergerie solitaire, et un vieillard assis à la porte de la cabane. » MARM. C'est, dans une ferme, le quartier destiné au berger et à ses troupeaux; tandis que le bercail est seulement l'étable où sont renfermés ces derniers. On ramène les brebis à la bergerie, et on les fait entrer le soir dans le bercail.

TERMINAISON ISME.

Roubaud et Butet s'accordent sur le sens de cette terminaison. Elle est grecque d'origine, ainsi que le prouve l'étymologie de sophisme, d'aphorisme, de syllogisme, etc., en grec σópiaux,

Ade, comme age, signifie quelque chose d'étendu, de compréhensif, et, quand il s'agit d'action, quelque chose qui se répète. Et c'est pourquoi les substantifs en erie, la plupart fréquentatifs, ont des synonymes de l'une et de l'autre terminaison. Mais, en ce qui concerne erie et ade dans les deux mots pris pour exemple, poproμòs, ouλloytopos. Aussi est-elle très-releerie marque un défaut dont on fait métier ou vée, et ne s'emploie-t-elle guère qu'en matière de profession, dont on a l'habitude, ou un trait qui science et de spéculation, pour exprimer un en dérive; ade exprime une simple action consis- système ou une doctrine qu'on professe, une métant en gestes ou en paroles, qui apparaît et thode que l'on suit. C'est le sens qu'elle donne, frappe beaucoup, car la terminaison ade est très- par exemple, en philosophie aux mots matérialoin d'être diminutive comme la terminaison erie. lisme, sensualisme, idéalisme, stoïcisme, épicuOn trouve insoutenable la fanfaronnerie d'un risme, cartésianisme; en religion, aux mots homme qui fait de continuelles fanfaronnades. christianisme, mohométisme, jansénisme, moUne gasconnade, une arlequinade, une pasqui-linisme, jésuitisme; en politique, aux mots rénade, une capucinade, ne supposent pas qu'on publicanisme, libéralisme, absolutisme; en gramsoit gascon, arlequin, pasquin, capucin; de maire, aux mots idiotisme, gallicisme, barbarisme. même la fanfaronnade est d'un homme qui fait Ces sortes de substantifs se prennent assez sou

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vent en mauvaise part, et indiquent l'affectation, | lité, dont les deux premiers signifient, ce qui l'abus, l'excès; et, suivant les deux philologues fait qu'on est constitutionnel, et les deux derque nous venons de citer, cela arrive surtout niers, ce qui fait qu'on est libéral. quand il existe dans la langue d'autres substantifs de même radical, propres à exprimer à peu près la même idée.

TERMINAISONS ISME ET TÉ.

Mysticisme, mysticité. Spiritualisme, spiritua

lité. Popularisme, popularité. Etc. MYSTICISME, MYSTICITÉ. Dispositions intérieures des mystiques, c'est-à-dire des philosophes ou des dévots, qui laissent leur esprit s'enfoncer dans de profondes rêveries touchant Dieu et l'immortalité.

Le constitutionalisme et le libéralisme font qu'on est constitutionnel et libéral, c'est-à-dire qu'on appartient au parti des constitutionnels et des libéraux, qu'on en partage les opinions, les doctrines; la constitutionalité et la libéralité font qu'on est constitutionnel et libéral, c'est-à-dire qu'on a des sentiments conformes, qu'on est attaché de cœur à la constitution et à la liberté et tout disposé à agir en conséquence. Les deux premiers mots signifiant l'opinion et la profession qu'on en fait, le parti qu'on embrasse, ne peuvent se dire qu'en parlant des hommes; les deux autres signifiant la qualité d'être constitutionnel, libéral, peuvent se dire aussi, parmi les choses, de celles qui sont conformes à la constitution et à la liberté : la con-stitutionalité d'une ordonnance; la libéralité de vos principes.

A ces exemples on peut ajouter encore servi

TERMINAISONS ISME et ANCE.

Intolérantisme, intolérance. Tolérantisme, tolérance.

Le mysticisme est une doctrine, la mysticité, une qualité. L'un a rapport aux opinions, l'autre au caractère. Les philosophes qui professent le mysticisme ont pour adversaires les partisans du rationalisme; la mysticité rend rêveur, contemplatif et peu propre aux affaires.lisme et servilité. Le mysticisme est pour la spéculation, c'est une conviction; la mysticité est un sentiment dont on est pénétré, et qui porte à agir d'une certaine manière. On trouve de la mysticité dans l'âme de personnes simples et naïves, dont l'esprit ne connaît et ne connaîtra jamais les idées du mysticisme. Le mysticisme fait qu'on appartient à l'école ou à la secte des mystiques; la mysticité constitue mystique. On dira plutôt mysticisme en parlant des philosophes et des théologiens, lesquels s'occupent de théorie, de discussions et de controverses; et mysticité en parlant des âmes et des livres pieux, qui sont effectivement et foncièrement mystiques.

Il est à remarquer aussi qu'à mysticisme s'attache plus nécessairement l'idée d'excès. Dans le livre des Maximes des Saints Fénelon établit une bonne et saine mysticité (S. S.).

INTOLERANTISME, INTOLERANCE. Ces deux mots servent à exprimer les dispositions de ceux qui ne veulent souffrir d'autres idées religieuses, philosophiques ou politiques, que les leurs..

Isme indique un système, une doctrine qu'on professe; ance marque tout à la fois action et qualité. « L'intolérantisme, dit fort bien Condillac, est un système de conduite fondé sur l'intolérance. Il faut ajouter seulement que ce système est plutôt enseigné ou soutenu en théorie, que pratiqué. L'intolérance, au contraire, est un sentiment conformément auquel on se conduit effectivement: « Elle consiste, suivant le On distinguerait pareillement spiritualisme et même synonymiste, dans un zèle vrai ou faux, spiritualité. « L'âme de Fénelon était naturelle- raisonnable ou excessif, avec lequel on poursuit ment portée à se répandre en spiritualité. » LAH. ceux qui ne suivent pas notre religion. » L'un est -De même popularisme et popularité: « Ne con- pour la spéculation, et réside dans l'esprit; l'aunaître que cette vile adulation sans cesse prodi-tre est pour la pratique, et se trouve dans les guée parmi nous à la plus vile multitude, cet abject popularisme, nommé si improprement popularité.» ID.

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Roubaud distingue à peu près de la même manière héroïsme et héroïcité, stoïcisme et stoïcité. Mais ses exemples sont mal choisis; héroïcité et stoïcité n'ont jamais été employés par des écrivains de quelque poids; d'ailleurs, la différence de stoïcisme à stoïcité se retrouve en grande partie entre les deux adjectifs stoïcien et stoïque, tous deux incontestablement français.

Aujourd'hui que tout est livré à la discussion, et que l'on s'élève sur toutes choses à des théories, à des systèmes, le nombre des noms en isme augmente prodigieusement, et par conséquent aussi le nombre des substantifs de cette désinence ayant même radical que d'autres substantifs à terminaison différente, qui deviennent leurs synonymes. On peut déjà compter parmi les synonymes en isme et en té, constitutionalisme et constitutionalité, libéralisme et libéra

sentiments, d'où il passe dans les actions.

D'ailleurs isme étant propre à marquer un excès, il y a dans l'intolérantisme un degré de plus de violence. « Le monstre de l'intolérantisme, » VOLT. « Un exécrable intolérantisme. » ID.

C'est à cause de cela que tolérantisme signifie une tolérance qu'on juge trop grande et par conséquent blâmable. Voltaire écrit au président Hénault : « Vous flétrissez l'indulgence, la tolérance, du nom de tolérantisme. » Et le docteur Bartholo, dans le Barbier de Séville, s'écrie: « Qu'a produit notre siècle pour qu'on le loue? Sottises de toute espèce: la liberté de penser, l'attraction, le tolérantisme....»

«

TERMINAISONS ISME ET ERIE.

Bigotisme, bigoterie; cagatisme, cagoterie. Pédantisme, pédanterie. Charlatanisme, charlatanerie. Coquétisme, coquetterie.

Isme et erie terminent quelquefois les mêmes

radicaux et leur impriment le sens de disposi- | mune, sans nulle pédanterie et fort rompu au tions et de manières d'agir mauvaises, et dont on grand monde. » S. S. fait en quelque sorte profession. Mais, en général, isme, désinence spéculative, indique plutôt le système de conduite, le vice en lui-même, dans le caractère, indépendamment de l'application; erie, désinence active, diminutive et fréquentative, est plus propre à marquer les tours, les traits, les pratiques qui en dérivent, ou l'habitude de se livrer à ces tours, à ces traits, à ces pratiques.

BIGOTISME, BIGOTERIE; CAGOTISME, CAGOTERIE. Fausse dévotion.

Bigotisme et cagotisme sont pour la théorie, pour l'idée; ils expriment une manière de penser, un système de croyances, un vice que le moraliste fait connaître dans ses conséquences et ses caractères principaux. « Cadogan remuait par le moyen des prédicants les passions du bigotisme protestant, de manière que les peuples étaient persuadés que la religion de l'État ne pouvait être en sûreté si la république (hollandaise) n'adhérait aux sentiments du roi Georges.>> S. S. « Le Prussien Gresset va dans une cour où l'on aime la philosophie et la liberté de penser, et où l'on déteste le cagotisme. » VOLT.

Dès que du cagotisme on fait profession. Désн. La bigoterie et la cagoterie sont de fait, se rapportent à la conduite; ce sont les pratiques du bigotisme et du cagotisme ou l'habitude de ces pratiques; elles peuvent être décrites par un poëte comique ou satirique, ou racontées par un biographe. « Les Espagnols en moins de deux ans (sous le ministère du comte d'Aranda), ont réparé cinq siècles de la plus infâme bigoterie. » VOLT.

Crois-moi, renonce à la cagoterie; Mène uniment une plus noble vie. ID. En un mot, il y a quelque chose de plus concret et de plus relatif à l'action dans les mots bigoterie et cagoterie. On hait le bigotisme, c'est-à-dire la manière de voir et le vice du bigot; on hait la bigoterie, c'est-à-dire la manière d'agir du bigot. PÉDANTISME, PÉDANTERIE. Affectation de pédant.

Toutefois, si pédantisme ne se prend jamais dans cette acception pratique de pédanterie, pédanterie a quelquefois l'acception spéculative de pédantisme et se rapporte aussi aux savants. Mais alors même pédanterie garde un certain rapport à l'action. Le pédantisme est une qualité ou une manière de penser de pédant. « Un livre plein d'un pédantisme dégoûtant. » (VOLT.) « Ne vouloir être ni conseillé ni corrigé sur son ouvrage est un pédantisme. » LABR. « Le pédantisme grec et latin permit rarement d'imiter Marot et Amyot. »> COND. La pédanterie est une manière d'agir de pédant ou de tout ce qui en résulte. « Il ne faut pas à votre fils d'épitaphe latine : c'est une pédanterie ridicule. » VOLT. « C'est une pédanterie insupportable de s'attacher à corriger dans les enfants toutes ces petites fautes contre l'usage. »J. J. « La forme que les rhéteurs ont prescrite à la chrie (espèce d'acrostiche) est le chef-d'œuvre de la pédanterie. » MARM.

Enfin le pédantisme est plutôt un défaut qui tient à la profession, et la pédanterie un défaut du caractère, propre à l'individu. « Le goût de l'auteur de ce factum est d'une pédanterie qu'on ne peut pas même espérer de corriger. » SÉV. CHARLATANISME, CHARLATANERIE. Tromperie de charlatan.

Le charlatanisme s'attribue plutôt aux savants, aux hommes qui s'occupent de théorie et de systèmes. « Tenons-nous en garde contre l'autorité magistrale qui veut subjuguer, et contre le charlatanisme, qui accompagne et qui corrompt si souvent les sciences. » VOLT. « On revint à Mairan, et on renvoya dans les espaces imaginaires le charlatanisme du carré de la vitesse.» ID. Mais charlatanerie se dit en parlant de toutes sortes de gens, d'industriels, d'intrigants et de fripons.

Que si les deux mots peuvent s'employer aussi à l'égard des mêmes personnes, ils ne laissent pas de différer encore dans ce cas. Le charlatanisme est le genre, et la charlatanerie un trait: le charlatanisme, une charlatanerie, des charla

encyclopédique, M. de Jaucourt a développé le charlatanisme de la médecine. » VOLT. « La ridicule charlatanerie de deviner les maladies et les tempéraments par des urines est la honte de la médecine. » ID.

COQUÉTISME, COQUETTERIE. Ce qui constitue une coquette ou la coquette.

Pédantisme est un terme de spéculation, c'est-taneries. « A l'article Charlatan du Dictionnaire à-dire exclusivement propre à caractériser une manière de voir ou de juger en matière de littérature, de science ou de systèmes. Le pédantisme de l'érudition (LAH.); des traducteurs (D'AL.), délivrer la pensée des brassières du pédantisme (MARM.); Molière a défait le public du pédantisme des Femmes savantes (VOLT.); Léopold de Lorraine a établi dans Lunéville une espèce d'université sans pédantisme (ID.). Pédanterie, au contraire, est un mot relatif aux actions et à la conduite: aussi se dit-il de plusieurs choses à l'égard desquelles pédantisme ne conviendrait point du tout. Caton, qui aimait par pédanterie les vieilles gens, s'attacha à Fabius. » FÉN. « Si un homme se renferme dans les bornes de son état, nous croyons remarquer en lui une affectation d'être toujours ce qu'il doit être, et nous appe

Coquétisme est très-peu usité. Mais Regnard l'a employé avec une admirable précision dans la comédie de la Coquette. Isabelle y dit à Colombine: « Savante comme tu l'es, tu devrais te mettre à montrer le coquétisme en ville; tu serais bientôt riche. » Coquétisme est donc réservé pour la théorie, et coquetterie pour la pratique: le coquétisme est la science; et la coquetterie, l'art.

TERMINAISON IE.

lons cela de la pédanterie. » COND. « Les peuples Part, partie (repart, repartie). Garant, garantie. corrompus appellent pédanterie une exactitude scrupuleuse sur les mœurs. » ID. « Le marquis d'Arcy était un homme d'une vertu peu com

Chapelle, chapellenie.

La terminaison féminine ie est en grec, en latin

De là il suit que garant exprimera une chose qui a par elle-même ou à qui l'on trouve la vertu de garantir, tandis que garantie signifiera un garant donné à dessein. On dira donc mieux : sa conduite passée est un garant de sa sagesse à l'avenir; et il donne sa conduite passée pour une garantie de sa sagesse à l'avenir. On a ou l'on prend pour garant; on donne une garantie ou pour garantie.

et en français, l'une des plus communes; ce qui | donc à boire de l'eau sur la garantie de Celse.. fait que sa valeur générale est très-difficile à dé- LES. terminer. Nous nous bornerons à dire qu'elle rend abstraits les substantifs à la fin desquels elle se trouve, et leur imprime un sens analogue à celui des substantifs en té. Butet les appelle abstractifs-absolutifs, parce qu'ils présentent l'abstraction poussée jusqu'au plus haut point, parce qu'à force d'abstraction ils deviennent absolus et ressemblent fort aux substantifs sans terminaison significative. Mais parmi eux il en est dont on peut réduire la terminaison à celle du participe passé: tels sont, bouillie, saisie, repartie, rôtie. Or, cette observation nous paraît suffire pour mener à caractériser précisément les quelques noms de cette désinence qui ont pour synonymes des substantifs sans terminaison significative.

PART, PARTIE. Ce qui entre dans la composition d'un tout.

En termes de jurisprudence, on ne se sert que du mot garantie, parce qu'en matière d'affaires et de procès il ne s'agit que de garants volontaires, formellement donnés, qui reçoivent expressément la destination de garantir. De sorte qu'entre garant et garantie la différence est analogue à celle qui existe entre indice et indication.

On peut ajouter à ces deux exemples chapelle et chapellenie, traités comme synonymes par Beauzée, et qui signifient, l'un et l'autre, un édifice sacré avec un autel où l'on dit la messe. Ils ne sont synonymes que dans la jurisprudence canonique; hors de là, le mot chapellenie est inconnu, on se sert toujours de celui de chapelle.

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Part vient du latin pars, gén. partis, qui correspond au mot français pour le sens comme pour la forme. Partie dérive du participe passé, partitus, du verbe partire, diviser, partager; partie, partita, sous-entendu res, c'est-à-dire, chose divisée, ou plutôt chose qui résulte d'une Or, dans le langage des canonistes, chapelle a division, ce qui provient d'un partage. En consé- un sens absolu, et chapellenie en a un relatif : le quence, partie rappellera toujours spécialement premier donne l'idée d'une église particulière et qu'il y a eu division, soit effective, soit mentale, indépendante, d'un édifice isolé, entièrement et que la chose a été détachée d'un tout. De son détaché et séparé de toute autre église le second côté, part étant un radical pur, sera absolu il désigne une partie d'église qui a été faite chapelle, signifiera, non pas quelque chose d'effectif ou de qui a reçu la destination d'une chapelle telle concret, comme partie, mais quelque chose d'i-est, dans l'église paroissiale de Saint-Sulpice, déal ou d'abstrait; non pas quelque chose qui est de fait, mais quelque chose qui doit être. Avoir part se dit à priori et suppose un partage à faire: mais qu'un objet ait des parties, c'est quelque chose d'actuel et de réel. On fait les parts, en attribuant à chacun selon son droit; on ne fait pas les parties, elles existent de soi dans les choses.

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« La partie, dit Girard, est ce qu'on détache du tout; la part est ce qui en doit revenir. Le premier de ces mots a rapport à l'assemblage; le second, au droit de propriété. On dit, une partie d'un livre et une partie du corps humain; une part de gâteau, et une part d'enfant dans la succession. »

Repart, employé par Molière pour repartie, doit se dire aussi dans un sens général, absolu, à priori, pour caractériser, et non pour ra

conter.

Il a le repart brusque et l'accueil loup-garou. Mais on citera de quelqu'un une repartie brus que, ou fine, plaisante, spirituelle.

derrière le choeur, la chapelle de la Vierge; c'est proprement une chapellenie. - Ensuite, chapellenie se prend seul, à cause de sa signification passive, pour ce qui est donné ou attribué à un chapelain comme bénéfice attaché à la chapelle. En quoi il ressemble à chanoinie, châtellenie et baronnie.

TERMINAISONS IE ET ISME.

Néologie, néologisme.

NÉOLOGIE, NÉOLOGISME. Invention ou emploi de termes nouveaux, ou nouvelle application de termes usuels. Deux mots grecs, vέoc, nouveau, et λóyog, discours, servent à composer le radical commun.

Dans néologie la terminaison simple ie étant peu significative par elle-même, c'est à la terminaison composée logie qu'il faut s'adresser pour | avoir la valeur précise du mot entier. Or, a logie, dit Roubaud, sert ordinairement à désigner un GARANT, GARANTIE. Ces mots se disent des genre de science, de connaissances, de traitė, choses qui en rendent d'autres sûres, qui les font comme dans théologie, chronologie, astrologie, attendre avec confiance: sa conduite passée est un et souvent une qualité du discours, comme dans garant, ou une garantie de sa sagesse à l'avenir. amphibologie, battologie. Ce mot, par lui-mème, Garant, dans les anciennes langues du nord ne se présente pas sous un mauvais aspect, puiswarrant, signifie d'abord la personne qui répond qu'il signifie parole. » Dans néologisme la termid'une chose; c'est le radical pur du verbe garan-naison simple isme est assez significative pour tir, d'où dérive garantie. Garantie désigne proprement ce qui résulte de l'action de garantir et rappelle expressément cette action. « Bois de l'eau, Gil Blas, me dit le docteur, tu guériras; Celse même t'en sera garant.... Je continuai

indiquer elle seule le caractère qui distingue le mot entier de son synonyme. Isme exprime un système, une doctrine que l'on professe, et quelquefois l'affectation, l'abus, l'excès de la chose, comme dans fanatisme, sophisme, purisme.

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