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repentir et de peine'. La terminaison ance, ence, I dans ce qu'on fait. L'ordonnance est une action : latin antia, entia, désigne l'existence, la durée. on est chargé de l'ordonnance d'un repas (RAC.). la possession d'être, l'état de subsister; du mot Ces deux mots sont encore synonymes dans le ens être, qui est. Ainsi, la souvenance ( mot sens de commandement. Alors ordre désigne touégalement disgracié) n'est pas un simple souve-jours la chose en elle-même et dépouillée de canir, quelquefois momentané, accidentel, fugitif; ractères particuliers, le simple acte d'autorité c'est un souvenir durable, constant, fidèle, tou- exercé sur quelqu'un; l'ordonnance fait considéjours plus ou moins présent en quelque sorte 2.-rer celui dont cet acte émane ou la forme de sa Ainsi, l'espérance désigne une habitude, une dis- promulgation; c'est un ordre donné par une ol position de l'âme, une manière d'être l'espé- plusieurs personnes qui ont droit et pouvoir de le rance fait des actes, elle habite, pour ainsi dire, donner, et sa promulgation est solennelle, enen nous; tandis que nous n'aurons souvent qu'un tourée d'apparat. Ensuite, l'ordonnance est et espoir léger, instantané, qui passe, s'éclipse plus générale et plus permanente. Elle concerne comme une lueur, un éclair. - Ainsi, la concurun plus grand nombre de personnes et est plus rence désigne un état libre et habituel de con- étendue: on se soumet aux divers articles d'une cours, et le concours n'est qu'un acte de concur- ordonnance; on formule une ordonnance. L'ordre, rence: on met un prix au concours, et les tout passager, ne vaut que pour le moment; l'orpersonnes sont en concurrence. — La même diffé- donnance peut passer pour un ordre permanent. rence est très-sensible dans déplaisir et déplai- | pour un règlement qui demeure et doit atteindre sance, et mille autres mots semblables. » On un grand nombre de personnes dans l'avenir. dit, un moment d'oubli; on est dans l'oubliance. Une autre observation tend à confirmer la règle, c'est que tous les noms en ance sont du genre féminin, et presque tous leurs synonymes de même radical du genre masculin.

ORDRE, ORDONNANCE. Tous deux indiquent la disposition de certaines choses réunies.

Mais, ordre n'ayant pas de terminaison significative, exprime cette disposition en elle-même et d'une manière absolue. Ordonnance l'exprime relativement à celui qui l'a produite et à la manière dont il l'a produite. On dit ordre en parlant des choses qui sont au rang, à la place où elles doivent être essentiellement, naturellement; et on ne dit ordonnance qu'en parlant de celles qu'il dépend de l'homme d'arranger, comme une bataille, un poëme, un tableau, un bâtiment, un festin, un ballet. L'ordre de bataille est la disposition selon laquelle une armée doit être rangée, et l'ordonnance de la bataille est la disposition selon laquelle une armée est ou a été rangée pour combattre. Il y a souvent peu d'ordre dans l'ordonnance d'un ouvrage. - On admire dans un bel ordre cet ordre lui-même, et dans une belle ordonnance l'habileté de l'ordonnateur. « Paul Emile dit à ceux qui vantaient avec étonnement la belle ordonnance de ses fêtes et de ses jeux, que c'était du même fonds d'esprit que partait l'habileté et à bien ranger une armée en bataille et à bien ordonner un festin. » ROLL. L'ordre est une chose: on en a ou on en manque, on en met

1. « Le vice laisse, comme un ulcère en la chair, une repentance en l'àme, qui toujours s'égratigne et s'ensanglante elle-même. » MONTAIGN, «Le plus souvent une longue et inutile repentance est le salaire de la course et hátiveté de la délibération et consultation. CHARR.

2. a J'ai souvenance marque un temps éloigné. » MARM. Pourquoi ne dirait-on pas qu'une longue souvenance du passé éclaire un vieillard sur l'avenir?» ID. L'ane vint à son tour, et dit : J'ai souvenance Qu'en un pré de moines passant..., Je Londis de ce pré la largeur de ma langue.

Mais la jouissance

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LAF.

AISE, AISANCE. Ces deux mots signifient d'abord une absence de gêne; et, dans ce sens, l'un est passif, l'autre actif, l'un exprime un état, l'autre une facilité à faire quelque chose. On est ou l'on se met à l'aise ou à son aise avec ses supérieurs; on se comporte avec aisance dans la société, on a de l'aisance en ses manières.

Aise et aisance expriment ensuite l'état d'une personne satisfaite de sa position, et donnent l'idée de commodité et de bien-être : on est à son aise ou dans l'aisance.

Mais le premier de ces mots n'est relatif qu'à l'état du sujet qui se trouve commodément, et le second l'est aussi à ce qui le produit, aux objets qui font qu'il est bien. En outre, aise indique un état passager, et aisance un état permanent. L'aise est un accès de joie, on la sent: témoigner l'aise de revoir quelqu'un (MOL.); saint JeanBaptiste, dans le sein de sa mère, saute d'aise à l'approche de Marie (Boss.). L'aisance est un état de joie, elle règne: « Je ne connais rien de plus agréable que de voir régner l'aisance et la joie dans tout un peuple. » FEN. On se trouve quelquefois à l'aise, on est assis à l'aise; on est habituellement, on vit dans l'aisance. - Et l'aisance a non-seulement plus de durée que l'aise, mais encore plus d'étendue; elle embrasse toute une position; elle fait qu'on jouit amplement de tout ce qui est nécessaire pour rendre la vie agréable; de sorte que, ce qui suffit pour vous mettre à votre aise, ne suffirait pas pour vous mettre dans l'aisance. L'artisan qui a de quoi vivre honnêtement est à son aise; l'homme riche et opulent est dans l'aisance.

TERMINAISONS ANCE ET MENT. Allégeance, allégement. ALLEGEANCE, ALLÉGEMENT. Soulagement, diminution de peine.

Si l'allégeance n'est pas plus solide et ne correspond pas à de plus grands maux, elle est au moins plus durable. elle se fait sentir ou doit se faire sentir plus longtemps. Chimène dit au roi dans le Cid:

Enfin mon père est mort, j'en demande vengeance,

Plus pour votre intérêt que pour mon allégeance. Et Camille, dans Horace, à Sabine qui lui apprend que le combat est différé :

ces éloges par l'observation plus régulière des anciennes lois. » MASS. Observance est objectif et ne se rapporte qu'à la chose observée, à la règle. << Dans un monastère Dieu est glorifié par l'obpleurer.servance exacte de la règle. » Bourd.

Et tout l'allégement qu'il en faut espérer, C'est de pleurer plus tard ceux qu'il faudra Allégeance est vieux; on en trouve quelques rares exemples dans Malherbe, Corneille, Molière et Lafontaine. Il a pourtant une nuance spéciale par rapport à allégement, tout comme résonnance à l'égard de résonnement: on dit la résonnance de l'air (DESC.), et le résonnement d'une voûte (ACAD.)

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VACANCES, VACATIONS. Ces deux noms pluriels marquent le temps auquel cessent les exercices publics.

Mais l'un se dit de la cessation des études dans les écoles et dans les colléges, l'autre de la cessation des séances des gens de justice. Cette différence est fondée en raison: les écoliers ne font rien dans le temps où cessent leurs études, ils sont en vacances, c'est-à-dire dans un état de repos absolu; les gens de justice s'occupent de leurs

Allégement n'a jamais cessé d'être usité en prose comme en vers, quoiqu'il se dise assez peu. « Quand nous sommes dans l'affliction à cause de la mort de quelque personne pour qui nous avons de l'affection, il est indubitable qu'il faut recourir directement à la source, et remonter jusqu'à l'origine, pour trouver un solide allégement. » PASc. | « Ce poids est resté jusqu'à ce jour sans allége-affaires pendant qu'ils cessent de s'occuper des ment sur ma conscience.» J. J. affaires publiques, c'est-à-dire durant les vacations, ou temps de repos relatif que la loi leur accorde. Vacances exprime donc d'une manière plus absolue et plus constante l'idée signifiée par

TERMINAISONS ANCE ET ION.

le verbe radical, vacare, avoir du loisir; il n'a aucun rapport à l'action.

Observance, observation. Vacances, vacations. Apparence, apparition. Adhérence, adhésion. Cohérence, cohésion. Dégénérescence, dégénération. Prédominance, prédomination. Séance,zée, en parlant des études, parce que ce n'est « On ne doit pas dire vacations, ajoute Beau

session.

Ces terminaisons donnent toutes deux l'idée d'une action ou d'un état signifié par le verbe radical; avec cette différence que la première ayant évidemment le plus grand rapport avec le participe présent, tient comme lui de l'adjectif ainsi que du verbe, et, par conséquent, exprime une action plus prolongée, un état plus permanent, plus absolu, ou bien même le résultat de l'action marquée par ion.

OBSERVANCE, OBSERVATION. L'idée d'observer quelque chose de prescrit, une loi ou une règle, est commune à ces deux mots. Mais ils ne sont synonymes que quand ils se disent également en matière religieuse. Dans tout autre cas, on ne se sert que du mot observation.

qu'une suspension accordée au plaisir. Mais on peut dire vacances en parlant des séances des gens de justice, parce que, ce temps étant abandonné à leur disposition, ils peuvent, à leur gré, l'employer à leurs affaires personnelles ou à leur récréation : dans le premier cas, ils sont en vacations; dans le second, ils sont en vacances. »

Pendant les vacances, c'est-à-dire pendant que les tribunaux vaquent, il y a une chambre des vacations, c'est-à-dire qui agit et remplit de son action ce temps de loisir. « Les vacances de la chicane font partir bien des gens.... Je m'en vais courir en Bretagne pendant les vacances, et, à mon retour, je m'abandonnerai à toute la chicane.» SEV. Mais on ne reste pas ainsi oisif pendant les vacations. « Mettre à profit un temps de vacations pour faire un ouvrage. » D'AG. « Lamoignon passait les vacations à Basville; il y méditait les discours qu'il devait prononcer à la ren

-

APPARENCE, APPARITION. Ces deux mots qui signifient ce qui se présente aux yeux sous une certaine forme, sont très-peu synonymes, mais très-propres à faire toucher au doigt la différence des deux terminaisons.

Observation signifie proprement l'action d'observer, un fait particulier. « Le généreux Éléazar demeura ferme dans l'observation de la loi, malgré les ordres du tyran et la sévérité de ses menaces.» BOURD. Observance désigne l'action habi-trée du palais. » ROLL. tuelle d'observer, la pratique. « Notre repos est dans l'observance exacte de la loi de Dieu.» Boss. · Polyeucte devant l'autel de Jupiter se refuse à l'observation du culte païen. « Pline, Elien et d'autres auteurs n'ont pas craint de donner aux éléphants une religion naturelle et l'observance Apparence tient de l'adjectif, c'est la qualité d'un culte. » BUFF. L'observation est d'un de ce qui est apparent; apparition tient plus du homme qui observe, qui fait l'action d'observer; verbe, c'est la manifestation subite de ce qui apet une action est toujours quelque chose de pas-paraît. L'un est l'aspect continuel d'un objet sous sager. L'observance est d'un homme qui est ob- la même forme, l'autre est le fait instantané, servant, qui a la qualité d'être observant; et la l'action de se montrer tout à coup. possession d'une qualité suppose toujours de la durée.

ADHÉRENCE, ADHÉSION. Union, jonction d'une chose qui tient à une autre.

D'autre part, observation est un mot subjectif, « Ces deux termes, dit Laveaux, s'emploient qui fait penser à la personne qui agit. « La ré-souvent l'un pour l'autre. Cependant adhérence a forme se vante d'une observation étroite de l'E- plus de rapport à l'état, et adhésion en a davanvangile.» Boss. « L'Église d'Auvergne a mérité tage à la force qui produit cet état. L'adhérence

ne subsiste plus quand les corps sont séparés; pour les séparer, il faut vaincre l'adhésion. »

deux longues harangues dans les deux premières sessions du concile de Lyon. » VOLT. « On y décrète (à ce concile), dans la vingt-quatrième ses

Adam. » ID. En transportant ce mot à nos corps délibérants, que ne lui a-t-on laissé cette signification restreinte, qui résulte nécessairement de sa terminaison?

Deux objets adhèrent en vertu de la force d'adhésion, et leur union qui en résulte est l'adhésion, que le lien du mariage est perpétuel depuis rence. Les parties d'un tout ont entre elles peu ou beaucoup d'adhérence, et, si on veut les disjoindre, il faut une force assez grande pour surmonter la force d'adhésion qui les tient unies.» BUFF. Au figuré, l'adhérence est une attache, un lien, quelque chose de souffert, par quoi on est retenu. Les apôtres étaient capables de mouvements involontaires, et ils leur cédaient quelque chose par exemple, saint Barnabé n'était peut-être pas sans quelque passion et sans trop d'adhérence à son sens, quand il se sépara de saint Paul au sujet de saint Marc.» Boss. Mais l'adhésion est un attachement, un acte volontaire par lequel on se joint à quelqu'un ou à quelque chose. « Les saints, en témoignage de leur pleine adhésion à la volonté de leur Dieu, s'écriaient amen. » ID. Dans son adhésion et sa soumission à l'Église, un chrétien doit se défaire de toute adhérence à son propre sentiment (BOURD.). L'adhérence étant involontaire et par conséquent aveugle, ce mot se prend d'ordinaire en mauvaise part : adhérence à P'erreur (Boss.).

COHÉRENCE, COHÉSION. Liaison de choses qui se touchent mutuellement par tous les points. La différence de ces mots est absolument la mème que celle des deux précédents. La cohérence résulte de la cohésion : l'une marque l'état, l'autre la force. Si les corps perdaient leur cohérence, si Dieu suspendait l'action de la force de cohésion, tout serait réduit en poussière (BUFF.).

DÉGÉNÉRESCENCE, DEGÉNÉRATION. Abâtar

dissement.

Voltaire avait donné l'exemple de la précision à l'égard de ces deux mots. Il avait dit, d'une part: « Les séances du parlement (jusqu'à Philippe le Bel) duraient environ six semaines ou deux mois. Et, d'un autre côté, dans le drame intitulé Socrate, il fait dire à un juge qui se lève pour terminer la séance du jour : « Oui, oui, nous les pendrons (les géomètres) à la première session. Allons dîner. » A la première session veut dire évidemment la première fois que nous nous assemblerons de nouveau pendant quelques heures pour juger.

TERMINAISONS ANCE ET TÉ.

Impuissance, impossibilité. Naissance, nativité. La terminaison ance rappelle le verbe et l'adjectif; quand elle ne marque pas une action, mais un état, elle a toujours quelque rapport à un agent. La terminaison té ne rappelle que l'adjectif, et désigne une qualité ou un état dans un objet, sans aucun rapport à un sujet qui agit. Ensuite, quoique ces deux désinences dérivent directement du latin, la première se trouve dans notre langue plus souvent ajoutée à des radicaux français ou plutôt ayant une forme française, comme croyance, défaillance, dissemblance, prévoyance.

IMPUISSANCE, IMPOSSIBILITÉ. Tous deux expriment une certaine insuffisance de force par rapport à un effet.

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La dégénération mène à la dégénérescence, elle en est le commencement; c'est un progrès vers l'état marqué par ce dernier mot. Ordinairement momentanée, la dégénération ne s'étend pas à L'impuissance, dit Condillac, est dans la toute la race et n'atteint que quelques individus. cause qui ne peut produire la chose; l'impossibi— En médecine, on désigne plutôt par dégénéralité est dans la chose qui ne peut être produite. » tion que par dégénérescence une altération qui survient dans les solides ou dans les liquides, parce qu'on la considère par rapport à sa cause. PREDOMINANCE, PRÉDOMINATION. Supériorité qui consiste à se faire le plus remarquer ou sentir. La prédominance est la qualité de ce qui est prédominant, et la prédomination est l'action de ce qui prédomine: l'un marque l'état, l'autre le fait. On dit que des objets sont en prédominance, et non en prédomination.

SÉANCE, SESSION. Temps employé par une assemblée ou par une compagnie à l'examen ou à l'expédition de ce qui les occupe.

La différence évidente de ces deux mots contredit la règle générale. La séance qui devrait, en vertu de sa terminaison, avoir plus de durée et de permanence, ne désigne, au contraire, qu'une portion du temps dont session désigne la durée entière. C'est là une de ces nombreuses anomalies que le xix siècle a introduites dans notre langue. Auparavant session signifiait les quelques heures, le temps de chaque jour, où les membres d'un concile se réunissaient : « Innocent IV prononça contre l'empereur Frédéric II,

Mettre quelqu'un dans l'impuissance et dans l'impossibilité de faire ce qu'il veut, c'est l'en empêcher en lui suscitant des difficultés; mais ces difficultés sont telles dans le premier cas qu'elles ne lui permettent pas d'agir ou d'agir suffisamment, et telles dans le second qu'elles rendent la chose inexécutable en soi, impossible.

NAISSANCE, NATIVITÉ. Ces deux mots expriment l'instant ou le jour où une créature humaine vient au monde.

Mais l'un, malgré sa terminaison latine, est un mot tout français, tandis que l'autre est traduit directement du latin nativitas. De là leur différence. Naissance est un terme ordinaire et commun qui s'applique indifféremment à toute créature humaine; et nativité, un terme de rituel, consacré par l'Église pour signifier la naissance de Jésus-Christ ou de quelque saint personnage: la nativité de Notre-Seigneur, la nativité de la Vierge, la nativité de saint Jean-Baptiste.

Nativité s'est dit aussi dans le langage de l'astrologie ou par allusion à cette prétendue science. « C'est mon étoile, disent-ils, c'est mon ascendant, c'est l'astre puissant et bénin qui a éclairé

ma nativité, qui met tous mes ennemis à mes pieds. » Boss. « Les historiens remarquent que souvent à la nativité des grands personnages, il s'est vu des choses qui ont servi de présages de ce qu'ils devaient être pendant la vie. » ID.

TERMINAISON IS.

Ramas, ramassis. Pal, Palis.

lieu où se fait une action. Mais les uns représen tent toujours la chose d'une manière passive et absolue, et les autres d'une manière active et relative. De sorte que les noms en is sont aux noms en ment à peu près comme les noms à terminaisons indifférentes. A quoi il faut ajouter que la terminaison is ne cesse pas d'emporter quelquefois une idée de confusion, tandis que ment, de son côté, exprime une action ou un état plutôt intérieur qu'extérieur.

GAZOUILLIS, GAZOUILLEMENT. Petit bruit agréable que font les oiseaux en chantant, les ruisseaux en coulant.

La désinence is n'est pas plus latine que les désinences ment et age. Aussi les noms auxquels elle s'ajoute ne trouvent-ils guère de synonymes à radicaux identiques que parmi les noms en Mais le gazouillis exprime un bruit plus désorment et en age; ils ont même encore moins de donné, plus embrouillé, plus confus. Ensuite, il noblesse que ces derniers, comme on peut en caractérise ce bruit en lui-même, et ne le désijuger par les mots hachis, gâchis, margouillis,gne pas par rapport aux objets ou aux êtres qui dégobillis. C'est une terminaison essentiellement le produisent dans un moment donné, comme passive, qui marque le résultat d'une action, un gazouillement. « L'ani est appelé à Cayenne bouilassemblage, et souvent, en raison de son carac-leur de canari, ce qui veut dire qu'il imite le tère de dépréciation, un mélange ou un amas bruit que fait l'eau bouillante dans une mar'confus.

RAMAS, RAMASSIS. Réunion de choses de peu de valeur qu'on a ramassées.

Mais le second enchérit sur le premier. « Un ramas, dit Condillac, est une collection ou un recueil fait sans choix. Mais il peut y avoir du bon, au lieu que dans le ramassis tout est mauvais. »

mite, et c'est en effet son vrai ramage ou gazouillis. » BUFF. « On n'entendait plus que le gazouillement des oiseaux ou la douce haleine des zéphyrs qui se jouaient dans les rameaux des arbres. » FÉN.

GARGOUILLIS, GARGOUILLEMENT. Bruit que fait l'eau agitée dans certains endroits.

Gargouillis signifie un bruit qui résulte d'une

gargouille et produit un gâchis, un mélange boueux, comme les enfants qui barbotent. Le bruit exprimé par gargouillement provient d'une action cachée, d'une agitation de l'eau dans la gorge, dans l'estomac et dans les entrailles. LOGIS, LOGEMENT. Lieu où on loge, où l'on demeure.

« Le Talmud est un ramas des traités et des sen-action visible, celle de l'eau qui tombe d'une tences des anciens maîtres des Juifs: on y trouve, parmi une infinité de fables impertinentes, de beaux restes des anciennes traditions du peuple juif.» Boss. « Le livre de Mirabeau l'économiste est un ramas indigeste de choses bonnes et mauvaises. » LAH. Mais le ramassis est tout mauvais. << Ce dictionnaire passe pour un ramassis de phrases sonores et inintelligibles. » J. J. « Un journaliste ne doit pas charger sa feuille du ramassis des platitudes que l'ignorance débite dans les rues.» BEAUM.

Il en est de même quand ces deux mots s'appliquent aux personnes. On dit un ramas d'étrangers, de gens inconnus (VOLT.), et c'est déjà une expression de mépris; mais ramassis y ajoute encore. << Prenez des domestiques tout formés, c'est-à-dire des coquins déjà tout faits, des coureurs de conditions, ce ramassis de canaille ruine le maître et corrompt les enfants. » J. J.

PAL, PALIS. Pieu ou pièce de bois aiguisée par un bout.

Palis se dit du pal, considéré comme faisant partie d'un ensemble, d'une palissade, si bien même que ce mot signifie quelquefois à lui seul le lieu entouré de palis: entrer dans le palis. Le pal n'entraîne pas cette idée accessoire; il ne fait pas partie du tout, il a des usages individuels : le supplice du pal.

TERMINAISONS IS ET MENT. Gazouillis, gazouillement. Gargouillis, gargouillement. Logis, logement.

En s'ajoutant à la même base verbale, ces deux terminaisons forment des substantifs qui signifient également le résultat d'une action, ou bien le

Le premier de ces mots est absolu, le second relatif. On se sert de l'un pour désigner en ellemême la chose dont il s'agit : on dit un bon, un mauvais logis, un logis spacieux, commode, grand ou petit; on se sert de l'autre pour désigner la chose relativement aux personnes auxquelles elle appartient on dit mon logement, votre logement, le logement du concierge, tandis qu'on ne dirait pas mon logis, votre logis, le logis du concierge. Le logement, suivant l'expression de Beauzée, annonce une destination personnelle. On demeure dans le logis, on reste dans le logement. Le mot logis implique une permanence, une durée de séjour que ne suppose pas le mot logement on cherche un logement, et non un logis, pour une seule nuit. On offre à un voyageur un logement dans sa maison ou dans son logis.

Dans les expressions, ne bouger du logis, garder le logis, demeurer au logis, logis exprime le logement habituel, constant, et ne pourrait être remplacé par son synonyme. Si on lit sur les enseignes des auberges, bon logis à pied et à cheval, ce n'est pas que logis exprime un lieu où on ne loge que momentanément, mais c'est qu'on veut faire connaître ce lieu en lui-même, et dans ce logis chaque voyageur trouve un logement. Lorsque des troupes en marche arrivent dans une ville, on distribue aux soldats des billets de lo

gement. « Les soldats ont droit de logement chez les particuliers. » ROLL.

Logement n'est pas seulement relatif sous le rapport des personnes ou de la durée, mais aussi sous le rapport de l'étendue; il a moins de compréhension que logis, c'est un terme partitif : dans un logis chaque personne a son logement. | a Le logis, dit Condillac, est une maison où on loge; le logement est la partie qu'on occupe dans cette maison.» «Ma petite maison est bien jolie, votre logement vous y paraîtra bien à souhait. »> Sév. 11 me mena au logement qui m'était destinė: voilà, me dit-il en y entrant, votre appartement. J. J. Logement signifie même l'étendue relative d'une maison: il y a dans une maison ou dans un logis, plus ou moins de logement.

TERMINAISONS IS ET AGE.

Pâtis, pâturage. Treillis, treillage. Patrouillis, patrouillage.

Les substantifs en is se trouvent avec les synonymes en age à peu près dans les mêmes rapports qu'avec les synonymes en ment: ils ont cela de caractéristique qu'ils présentent l'idée commune sous un point de vue passif et absolu, comme si leur terminaison était celle des participes passés, ou qu'elle n'eût par elle-même aucune valeur.

PÅTIS, PÂTURAGE. Lieux où l'on met paître les bestiaux.

Les pâtis sont des espèces de landes ou de friches que la main de l'homme n'a point modifiées, cultivées; les pâturages, au contraire, ont été rendus propres par la culture à nourrir le bétail. Il y a donc entre ces deux mots la même différence qu'entre la pâture et le pâturage, si ce n'est que le pâtis, quoique n'étant pas préparé, est au moins favorable pour l'alimentation des animaux qui paissent. a Le pâturage, dit Roubaud, est un champ où le bétail pâture et se repait. Le pâtis est une terre où l'on met paître le bétail. La pâture est un terrain inculte où le bétail trouve quelque chose à paître. »

bien fait, élégant. On se sert du treillis comme d'une chose utile en soi, pour enclore certains espaces sans intercepter l'air ni la vue; il y a des treillages qui ne servent qu'à la décoration.

Enfin, la terminaison age ayant beaucoup de compréhension, imprime au mot treillage une idée de grandeur ou d'étendue qui n'est pas dans treillis: en sorte que les treillis sont de petits treillages qu'on place, non dans les jardins pour les embellir ou former des berceaux, mais devant les fenêtres ou autres choses pour les clore et les garantir de tout accident.

LAF.

Il (le chien) dit au loup par un treillis, Ami, je vais sortir.... PATROUILLIS, PATROUILLAGE. Ce qui résulte de l'action de remuer de l'eau sale et bourbeuse.

L'un des deux mots fait considérer ce résultat passivement, objectivement et en lui-même : quel patrouillis est-ce là? L'autre le présente comme étant fait par quelqu'un ou comme se faisant maintenant quel patrouillage faites-vous là? « Le patrouillis, dit Condillac, est un lieu où l'on a patrouillé, et le patrouillage est l'action de celui qui patrouille. » Ces deux mots ne different pas toujours autant, car il n'y aurait guère entre eux de synonymie; mais toujours patrouillis signifie la chose comme étant, et patrouillage la représente comme se faisant.

TERMINAISONS IS ET ANCE.

Sursis, surséance.

SURSIS, SURSÉANCE. Délai par lequel les poursuites qu'on est en droit de faire, ou le jugement d'un procès, ou l'exécution d'une obligation, sont renvoyés à un temps plus éloigné.

Sursis est visiblement le participe passé du verbe surseoir, et il exprime le délai d'une manière absolue. Surséance y ajoute l'idée accessoire de durée, et presque toujours ce mot est accompagné d'autres qui déterminent le temps plus ou moins long du délai surséance de tant de jours, de semaines, de mois. Sursis, c'est le délai comme chose accordée ou obtenue; sur

assez long pendant lequel l'affaire est suspendue. << Accordez-nous, Seigneur, un an, une longue surséance: et si l'olivier rapporte du fruit, à la bonne heure; sinon vous le couperez. » Boss. D'ailleurs sursis est encore plus exclusivement que surséance un terme de palais.

Le pâtis est un lieu naturellement plein d'herbe: dans Lafontaine, un cerf qui s'est sauvé dans une étable à bœufs, promet à ceux-ci de leur ensei-séance, c'est le délai comme temps d'ordinaire gner les pâtis les plus gras, apparemment au milieu des bois. Le pâturage est un lieu soigné et entretenu de façon qu'il y vienne beaucoup d'herbe un cultivateur met des pâturages en terres à blé ou des terres à blé en pâturages. La pâture ressemble au pâtis en ce qu'elle exclut aussi l'idée du travail de l'homme; mais par cela seul que le mot påture est du genre féminin, la påture est vague, vaine, vaste, indéterminée: on peut en tirer quelque chose pour la nourriture des bestiaux, sans toutefois qu'elle soit faite pour cela, par la nature comme le pâtis, ou par l'homme comme le pâturage.

TERMINAISON AMINI.

Cette terminaison est unique dans notre langue : le mot brouillamini, à la place duquel Voltaire a une fois employé embrouillamini, nous semble être le seul où elle se trouve. Nous en ignorons l'origine. Probablement elle a été inventée par le caprice. Mais notre ignorance sur ce point ne peut ici causer aucun regret, car l'étymoCe que l'on considère dans l'un, c'est la na-logie d'amini n'est pas nécessaire à connaître ture; dans l'autre, c'est la façon. Un treillis est pour distinguer brouillamini de son synonyme de fer, de bois, de fer d'archal; un treillage est brouillement.

TREILLIS, TREILLAGE. Ouvrages de bois ou de métal formant des petits carrés ou imitant les mailles d'un filet.

SYN. FRANC.

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