Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

le résultat de l'action de plisser: cette plissure est bien ou mal faite.

LIGAMENT, LIGATURE. Ces deux termes techniques expriment ce qui attache des choses ensemble.

L'un est un terme de science, c'est-à-dire d'anatomie; l'autre un terme d'art, c'est-à-dire de chirurgie. L'un exprime des liens qui n'ont pas été faits de main d'homme, des parties blanches et fibreuses qui servent, dans le corps de l'animal, à attacher des os ou des viscères; l'autre exprime des liens ou des bandes, produits de l'industrie humaine, et dont les chirurgiens font usage dans différentes opérations.

« Les os sont percés dans les endroits où doivent passer les ligaments qui les attachent les uns aux autres. » FÉN. « N'est-ce rien faire dans un corps humain que d'en ôter les nerfs et les ligaments? C'est un pareil attentat d'ôter à un discours les particules qui en font la connexion. >> Boss. «Il y a une sorte de ligament qui tient d'un bout à la face extérieure du fond de la vessie, et de l'autre au nombril. » BUFF. « Ces graines restent attachées par leurs ligaments à leurs sutures et à leurs valvules. » J. J. - Quand on veut saigner une personne, on lui lie le bras, et « la veine enfle au-dessous de la ligature. » PASC. Pécheurs, il y a déjà trop longtemps que l'enflure de vos plaies est sans ligatures. » Boss.

CC

Enforcement est seul d'usage au figuré: dans l'enfoncement de la vallée, de la scène, du ta- Du reste, ligature a cela de particulier, qu'il bleau; et, au contraire, enfonçure se dit des s'emploie quelquefois dans la langue commune. choses les plus communes, comme de l'assem- << Rien de trop juste sur les membres d'un corps blage des pièces qui forment le fond d'un ton- qui croît, rien qui colle au corps; point de liganeau et de l'assemblage des ais que l'on met àtures. » J. J. « Les papes liaient et ils déliaient un bois de lit pour soutenir la paillasse et les tout sur la terre. Cette ligature les rendait maimatelas. Les sciences spéculatives ont des re- tres du continent. » VOLT. coins et des enfoncements fort peu utiles. >> P. R. Montaigne, en pareil cas, se sert, mais à tort, du mot enfonçures: « Il y a dans les sciences des étendues et enfonçures très-inutiles. »

[ocr errors]

POLIMENT, POLISSURE. Ils rappellent l'action de polir.

L'un fait penser à l'ouvrier qui taille ou frotte pour donner à un corps l'éclat ou le poli, et l'autre appelle l'attention sur le corps même qui a reçu cet éclat ou ce poli. « Combien soudainement viennent à mépris la polissure et richesse des vêtements!» MONTAIGN.

PAREMENT, PARURE. Ce qui pare ou orne. Parement est d'un usage très-restreint; mais, dans les limites où on l'emploie, il signifie une parure riche, noble, distinguée, destinée à des objets relevés. Un parement d'autel est l'étoffe qui décore le devant d'un autel. « On voyait dans la messe luthérienne et les parements et les habits sacerdotaux. Boss. « La grande aigrette a un magnifique parement de plumes soyeuses. » BUFF. << Dans la classe des oiseaux appelés combattants, la crinière des mâles est pour eux un parement de guerre et une sorte d'armure. » ID. Nos pare

ment que parce que les hommes portaient autrefois sur leurs manches de riches étoffes.

Poliment, suivant l'Académie, est peu usitements d'habits n'ont été ainsi appelés primitivedans l'acception où il signifie l'état de ce qui est poli; peut-être ne l'est-il point du tout. Mais l'Académie a raison de dire, sans restriction, que Parure comprend tout ce que la main de polissure signifie l'action de polir ou le résultat l'homme fabrique pour parer, y compris tous de cette action. Seulement nous devons ajouter les colifichets qui n'ont de valeur que par le caque poliment exprime plutôt l'action de polir des price de la mode. Il faut ajouter aussi que parure choses de prix et relevées, les diamants, les gla-entraîne presque toujours une idée de vanité ou ces, le marbre; et polissure, celle de polir des choses communes : la polissure de la vaisselle. PLISSEMENT, PLISSURE. Ils renferment tous deux l'idée signifiée par le verbe plisser.

Plissement est l'action, et plissure l'art de plisser. Plissure est relatif, non pas à l'agent, mais aux qualités que reçoit son ouvrage. Ce plissement est pénible; cette blanchisseuse n'entend rien à la plissure. Ensuite, plissure marque quelquefois simplement, non pas l'action, mais

de frivolité.

ENJOLIVEMENT, ENJOLIVURE. Ce qui enjolive ou rend joli.

Enjolivement signifie quelque chose de plus grand, de plus relevé, de plus noble, qui ajoute considérablement à la beauté d'un édifice, par exemple. Les enjolivures, dit l'Académie, sont des enjolivements qu'on fait à de certains petits ouvrages de peu de valeur, comme un étui. Enjolivure semble aussi supposer une opération pure

Projection est un terme de science, et projecture un terme d'art. Scission se dit au figuré, et scissure au propre. — II en est de même de position relativement à posture.

ment manuelle. Les fleurs de rhétorique, les traits | l'art chirurgical.
d'esprit, semés dans un livre, en constituent les en-
jolivements; ce qui ne l'empêche pas d'avoir pour
enjolivures des vignettes et des culs-de-lampe.
ÉLARGISSEMENT, ÉLARGISSURE. Ils rappel-
lent tous deux l'action d'élargir.

Le premier exprime cette action et son résultat abstrait, l'augmentation de la largeur; le second désigne son résultat concret ou ce qu'on a ajouté pour élargir.

Secondement, on se sert d'élargissement en parlant d'objets considérables, comme un chemin, un canal, une rivière, et d'élargissure quand il s'agit de petits objets qui se façonnent à la main, comme un vètement et un meuble.

Enfin, élargissement est seul employé au figuré il signifie délivrance de prison.

EMBOITEMENT, EMBOITURE. Ils rappellent tous deux l'état qui résulte de l'action d'emboîter, d'enchâsser une chose dans une autre.

Mais emboiture seul suppose que cet état est produit par le travail de l'homme; c'est particulièrement un terme de menuiserie. Si on dit l'emboîture comme on dit l'emboîtement des os, la première expression n'est ni aussi propre ni aussi relevée que la seconde. « Ce qu'il y a de plus remarquable dans les os, c'est les divers emboîtements des uns dans les autres. >> Boss.

De plus, emboitement désigne simplement le fait ou l'état des os emboîtés; emboiture y ajoute l'idée de complication, d'assemblage et d'agen

[blocks in formation]

La désinence ion marque l'action, la manifestation plus encore que la désinence ment, et elle est moins susceptible de s'objectiver, de se prendre dans le sens de résultat, d'effet ou d'état, c'est-à-dire dans le sens qui est proprement celui de la terminaison ure. Aussi les substantifs en ure ont-ils beaucoup moins de synonymes de même radical parmi les substantifs en ion que parmi les substantifs en ment; et, quand ils en ont, ils en different par les mêmes caractères, mais plus tranchés, par lesquels ils diffèrent de leurs synonymes en ment.

Mixtion, mixture, deux termes de pharmacie qui donnent l'idée d'un médicament obtenu par un mélange, pourraient d'abord sembler synonymes; mais ils ne le sont guère plus que création et créature, nutrition et nourriture, par exemple. La mixtion est le mélange des drogues, et la mixture le médicament qui en résulte. On obtient telle mixture par la mixtion de telles ou telles drogues. Quand on va chez le pharmacien acheter une mixture, il faut souvent attendre qu'il fasse la mixtion.

Fraction est noble et ne s'emploie que dans certaines phrases consacrées, comme en parlant de l'hostie et du pain que rompit Jésus-Christ en présence des pèlerins d'Emmaüs; fracture est de tous les styles, et se dit particulièrement dans

TERMINAISON AGE.

Nue, nuage. Marais, marécage. Ombre, ombrage. Herbe, herbage. Pâture, pâturage. Rive, rivage. Coquille, coquillage. Langue, langage. Bande, bandage. Tricot, tricotage. Cahot, cahotage. Caquet, caquetage. Baragouin, baragouinage. Part, partage. Débâcle, débâclage. Labour, labourage. Cœur, courage. OEuvre, ouvrage.

Quoique cette désinence tire probablement son origine du latin agere, agir, faire, elle est toute française, ainsi que la désinence ment. Dans agus, agium, qui terminent quelques substantifs latins, la syllabe ag fait partie du radical: exemples, magus, mage, et præsagium, de præ sagus, présage. C'est à notre imitation, de l'aveu même de Romani, que les Italiens ont fait leurs noms en aggio, coraggio, oltraggio, omaggio, passaggio, vantaggio, formaggio, erbaggio, etc. Quant à la valeur de cette particule, il faut, pour arriver à la connaître, observer que les substantifs qui finissent en age sont, ou bien à base nominale, ou bien à base verbale. Dans le premier cas, ils signifient, comme les noms en ure, et même plus particulièrement encore, un ensemble, une réunion, une chose plusieurs fois répétée. De là vient que la terminaison age est celle de la plupart de nos noms collectifs, feuillage, branchage, plumage. vitrage, entourage, etc., lesquels équivalent presque à des substantifs ordinaires au pluriel.

Lorsque les substantifs ainsi terminés sont à base verbale, ils rappellent, non pas en général, l'action d'un sujet, comme ion et ment, mais plutôt, comme ure, le résultat de l'industrie, le produit d'un art, une forme donnée, l'opération d'un ouvrier, sa peine, son salaire, etc., ou les qualités de la chose en conséquence d'un travail manuel. Une circonstance à remarquer, c'est que cette désinence, aussi commune pour le moins que la désinence ure en termes d'arts et métiers. se trouve à la fin de substantifs qui sont tous masculins; c'est sans doute parce qu'ils représentent les choses comme façonnées, comme ayant reçu de la main de l'ouvrier quelque chose qui les détermine, les borne et les spécialise.

Du reste, ces deux nuances ne sont pas tellement propres, la première aux substantifs à base nominale, la seconde aux substantifs à base verbale, qu'elles ne se rencontrent quelquefois toutes deux dans un même substantif de l'un ou de l'autre genre. Nous allons montrer d'abord comment elles se modifient, et comment elles donnent une physionomie particulière aux substantifs terminés en age, quand ils sont comparés avec des substantifs de même radical et sans terminaisons significatives.

NUE, NUAGE. Amas de vapeurs élevées dans l'air. Nuage, suivant Beauzée, est plus propre à caractériser un amas de vapeurs fort condensées :

a

כל

le nuage est en quelque sorte la nue qui se concentre, qui se multiplie, qui se répète, une réunion de plusieurs nues. Aussi, selon l'avis des synonymistes Beauzée, Roubaud et Condillac, est-ce sur l'idée d'opacité et d'obscurité qui en résulte que nous nous arrêtons principalement lorsque nous prononçons le mot nuage. Un nuage de traits, un nuage de poussière; avoir un nuage sur les yeux. « Un beau jour sans nuage. » FÉN. En Suède, la lumière de la lune n'est obscurcie par aucun nuage. VOLT. « Alors l'atmosphère est obscurcie par les nuages d'une épaisse fumée.» BUFF. « L'aiguille aimantée peut seule nous conduire, lorsque tous les astres sont voilés par les nuages, les brouillards et les brumes. » ID. « Au dernier jour, un nuage dérobera J. C. à vos yeux.» Boss. On appelle nuages les doutes, les incertitudes et les ignorances de l'esprit humain. « Les apôtres ne comprenaient rien à ce discours, tant étaient épais les nuages qui enveloppaient leurs esprits. » Boss. Plus la philosophie péripatéticienne a été enseignée, plus elle est devenue obscure: un nuage de commentateurs s'est placé entre Aristote et nous. » COND.

Quant à la nue, ce qui la distingue, conformément sans doute à l'étymologie, c'est son élévation. Porter, élever une personne ou une action jusqu'aux nues. Le sommet d'une montagne se perd dans les nues. Les enfants de Noé voulaient porter la tour de Babel jusqu'aux nues (Boss.). « Toutes les fois qu'on se veut guinder au-dessus des nues, on s'y perd. » Boss.

MARAIS, MARÉCAGE. Espaces de terrains couverts d'eaux qui n'ont pas d'écoulement.

Marécage exprime un espace plus étendu : c'est tout un pays où il y a des marais. « La bécasse fouille dans la terre molle des petits marais et des environs des sources. » BUFF. « L'Amérique est couverte de marécages immenses qui rendent l'air très-malsain. » VOLT. « Le buffle réussirait dans nos provinces où il se trouve des marais et des marécages. » BUFF. On dessèche un marais; on chasse dans les marécages. Un pays peut n'être qu'un grand marécage: tel est celui qu'occupent les marais Pontins.

OMBRE, OMBRAGE. Trace obscure que fait un corps qui intercepte les rayons de la lumière.

On se promène à l'ombre d'un parasol; on se couche sous l'ombrage d'un hêtre. L'ombre peut être produite par un corps simple ou de peu d'étendue sur un ca lran, on juge de l'heure par l'ombre de l'aiguille. L'ombrage suppose toujours quelque étendue, et résulte de l'ensemble ou de la réunion des branches et des feuilles des arbres; ce qui fait dire à Condillac que le mot ombrage emporte tout à la fois l'idée d'ombre, celle d'arbres et celle d'un certain espace. On est à l'ombre dans une grotte, derrière un mur; on n'est sous l'ombrage que dans un bosquet ou sous un arbre. < La terre est opaque, elle fait ombre. » BUFF. « Les arbres diminuent par leur ombrage la chaleur du soleil. » ID.

sité, si bien qu'il signifie toutes sortes d'herbes ou un nombre considérable de plantes de différentes espèces. Herbage équivaut à herbes, comme chevelure à cheveux.

Ensuite, quoique herbage ne soit pas à base verbale, il rappelle quelquefois une action, une destination assignée par l'homme: on appelle herbages les herbes des prés où l'on met les animaux pour les engraisser, et plus particulièrement encore les prés mêmes qui ont cett destination et qu'on ne fauche jamais; ou bia, encore, les herbes spécialement cultivées et apprêtées pour la nourriture de l'homme. « Les Italiens vivent beaucoup d'herbages. » J. J. « Quelqu'un des savoureux herbages qui croissent dans nos jardins, certains laitages de nos montagnes, voilà ce qui couvre et orne la table. distinguera de même lait de laitage. Celui qui vit de lait se nourrit du lait tel qu'il est fourni par les animaux; celui qui vit de laitage se nourrit de toutes sortes de mets, fromage, beurre, crème, etc., dont le lait est la base, et préparés par la main des hommes.

ID. - On

PÂTURE, PÂTURAGE. Lieu où paissent les bestiaux.

Il y a de l'herbe dans la pâture, mais en petite quantité; les pâturages en sont tout couverts. On dit, une vaine pâture, et de gras pâturages. «Pour obtenir de beaux boeufs, il faudrait faire un règlement par lequel on abolirait les vaines pâtures, en permettant les enclos. » BUFF. « Le bœuf devient d'une taille prodigieuse dans les contrées où le pâturage est riche et toujours renaissant. >> ID.

« Pâture, dit Roubaud, signifie un terrain inculte et entièrement négligé qui ne peut donner qu'une herbe rare, courte et pauvre. » Ce qui implique une seconde différence, savoir que dans la pâture croît naturellement la nourriture des animaux qui paissent, au lieu que les pâturages sont des lieux que l'homme cultive et prépare pour y faire paître les bestiaux.

RIVE, RIVAGE. Partie de terre qui va ou s'étend en pente douce jusqu'à une eau qu'elle termine ou limite.

& Rive, dit Condillac, signifie seulement le bord que l'eau bat, au lieu que rivage comprend une plus grande étendue de terre. » Et Roubaud: « Le 'rivage est une rive étendue. La rive n'a point ou n'a guère de largeur; le rivage a une largeur plus ou moins considérable. L'eau, en se débordant, couvre la rive et s'étend sur le rivage. Le rivage a un bord; on n'en attribue point à la rive. »

La rive est simple comme le mot qui l'exprime: elle n'a pas d'étendue ou de largeur. C'est souvent un terme abstrait, purement indicatif : la rive droite, la rive gauche, la rive opposée, la rive orientale ou occidentale. Le rivage, au contraire, suppose une assez grande étendue; aussi a-t-il des bords : D

HERBE, HERBAGE. Plantes qui servent à nourrir les animaux. Un lapin vit d'herbe ou d'herbage. Herbe a rapport à la nature des plantes, et herbage emporte une idée de collection, de diver

[blocks in formation]

fixe; au lieu que le langage, comme la corporation, est quelque chose qui aspire à être ce qui est marqué par le radical, c'est-à-dire ici une sorte, une façon ou une manière de langue. « Je commence à m'apercevoir que le langage du pays (de Valence) est un langage mêlé d'espagnol et d'italien, deux langues que j'entends assez bien.» RAC. BANDE, BANDAGE. La bande et le bandage servent à envelopper certaines parties du corps et à les contenir dans un certain état.

D'autre part, le sens étymologique de rive n'é- | chose de constitué, de reconnu, qui a une forme tant pas altéré comme celui de rivage, par une terminaison significative, et d'ailleurs la rive étant étroite de sa nature, une ligne mathématique, pour ainsi dire, ce mot s'applique plutôt aux rivières et aux ruisseaux, au lieu que rivage s'emploie de préférence en parlant de la mer. « Tous les rois des Amorrhéens qui habitaient la rive occidentale du Jourdain, et tous les rois cananéens qui possédaient les rivages de la grande mer (Méditerranée), ayant appris que le Seigneur avait séché le Jourdain, eurent le cœur dissous. >> VOLT.

COQUILLE, COQUILLAGE. Enveloppe dure et calcaire des mollusques testacés, tels que les limaçons et les moules.

La coquille est simple; le coquillage, artistement travaillé, a une forme plus variée. Montaigne aime à voir Scipion « nonchalamment et pué rilement baguenaudant à amasser et choisir des coquilles. >>« Ce que nous voyons de plus ingénieux parmi les animaux sont les réservoirs des fourmis les coquillages des limaçons, etc. » Boss, Coquillage est un terme pittoresque.

Des coquilles se considèrent par rapport à leur nombre; elles se comptent. « Je crois voir un enfant sur le rivage, amassant des coquilles, jusqu'à ce qu'accablé de leur multitude, il finisse par tout jeter. » J. J. Des coquillages sont toutes sortes de coquilles, des coquilles de toute grandeur, de toute couleur et de toute forme. « Les sauvages se parent de plumes et de coquillages.» J. J. Une couche de glaise parsemée de coquillages formait le lit des ruisseaux. » ID.

LANGUE, LANGAGE. Système de signes à l'aide desquels on exprime ses pensées et ses sentiments. Le langage est plus compréhensif que la langue: il y a le langage des yeux, celui des gestes ou le langage par signes: le langage se sert de tout pour exprimer les pensées. La langue est le langage oral, elle n'emploie que la parole. « Le langage, dit Condillac, d'accord avec Beauzée sur ce point, est l'art de communiquer ses pensées; le langage des sons articulés se nomme langue. » Le langage comprend, pour ainsi dire, toutes sortes de langues.

Toutefois, dans une acception dérivée, ce mot, à la différence de celui de langue, se prend pour une espèce ou manière de parler, de se servir de la langue votre langage me déplaît: voilà un singulier langage. « Les Bedas ne parlent pas la langue de Ceylan, et leur langage n'a aucun rapport avec toutes les langues des Indes.» BUFF. Ducerceau a mêlé à la langue épurée de son siècle le langage marotique, qui énerve la poésie par sa malheureuse facilité. » VOLT. C'est qu'alors, bien qu'à base purement nominale, langage se rapporte à celui qui parle, à l'ouvrier qui se sert de la langue et à la forme qu'il donne au discours. C'est une nuance que nous avons déjà trouvée aux mots herbage, laitage. pâturage et coquillage, quoique leur base ne soit pas non plus verbale, excepté celle de pâturage.

De cette seconde différence en découle une troisième comme le corps, la langue est quelque

La bande est simple, le bandage compliqué et fait avec art; en telle sorte que la bande entre dans la composition du bandage. Bande appartient à la langue commune; bandage est plutôt un terme de l'art chirurgical.

[ocr errors]

« Les Egyptiens enveloppent le corps (mort) avec des bandes faites de fin lin. » BUFF. « Bacchus avait une couronne d'or composée de pampres et ornée de certaines bandes blanches qui l'environnaient de tous côtés. » ROLL. « Des chaussures anciennes avaient une ou plusieurs semelles au-dessous du pied, et des bandes qui liaient le pied nu par-dessus. » ID. « A peine l'enfant est-il sorti du sein de la mère, qu'il est entouré de linges et de bandages de toute espèce.» BUFF. « A la Chine, quand une fille a passé l'âge de trois ans, on lui casse le pied, et on l'enveloppe de plusieurs bandages jusqu'à ce qu'il ait pris son pli. » ID. « Alexandre, ôtant le bandage et l'appareil de sa plaie, fit voir sa jambe sans témoigner la grandeur de son mal. » RÓLL. TRICOT, TRICOTAGE. Sorte de tissu fait en mailles.

Tricot n'y ajoute aucune idée accessoire et ne fait considérer la chose que par rapport à ses qualités intrinsèques. Tricotage rappelle l'action de tricoter, l'habileté du tricoteur, et les qualitės du tissu qui résultent de la main-d'œuvre. Un tricot est de laine ou de coton, et le tricotage en est lâche ou mal fait. En un mot, le tricot diffère du tricotage de même que le tissu de la tissure.

Pareillement, la grille, outre qu'elle est plus simple ou moins compliquée que le grillage, ne se rapporte pas comme lui à l'art ou à l'industrie de l'ouvrier qui l'a faite, mais uniquement à sa destination.

Entre treille et treillage la différence est encore plus marquée : la treille est, dans un berceau de ceps de vignes, ce qui est donné ou fourni par la nature, et treillage désigne proprement la partie qui est due à l'art humain, à l'industrie du trei!lageur. « Les beaux treillages bien sculptés! » J. J. « Des treillages façonnés en corbeilles et en berceaux. » MARM.

CAHOT, CAHOTAGE. Espèce de saut que fait une voiture en roulant sur un chemin pierreux ou mal uni.

Le cahotage est une suite ou une répétition de cahots; c'est un mouvement fréquent qui se fait par cahots ou qui est causé par les cahots. Le cahot produit une seule secousse, le cahotage en produit de continuelles: l'un fait verser, l'autre fatigue.

En outre, celui-là est pour l'idée, celui-ci pour le fait je n'aime pas le cahot des voitures;

le cahotage de cette voiture m'a brisé. C'est tou- | DEBACLE, DÉBÂCLAGE. Ils donnent l'idée d'un jours la différence d'aboi à aboiement; d'acte à embarras ôté, surtout en parlant d'un port qu'encombraient des bateaux.

action, etc.

CAQUET, CAQUETAGE. Babil, grande abondance de paroles inutiles.

Dans débâcle le fait est présenté en lui-même : la débâcle permet de se mouvoir librement; dans Caquet est absolu, et caquetage relatif à l'ac-débâclage il est considéré par rapport à l'action :

tion de caqueter. Dire qu'un homme n'a que du des règlements prescrivent le débâclage à certaicaquet, c'est le caractériser en lui-même; dire nes époques, et l'on donne tant aux ouvriers qu'il n'a que du caquetage, c'est faire songer au pour cette opération. Le débâclage a tellement bruit qu'il fait en parlant, à l'effet qu'il produit pour caractère l'activité, qu'il est toujours le fait sur les autres. On a le caquet bien affilé, on volontaire de l'homme; au lieu que la débâcle est rabat le caquet de quelqu'un; et dans ces locu- souvent involontaire, fatale, inattendue : telle est tions caquetage serait impropre, parce qu'il n'ex-la débâcle d'une rivière couverte de glace. La prime rien de constant, d'absolu, parce qu'il est différence revient donc à celle de treille et de treilpour le fait et non pour l'idée. - « L'idée d'ad-lage.

- α

fertile.

-

mettre un tiers dans les secrets caquetages de LABOUR, LABOURAGE. Tous deux donnent Pideux femmes ne t'a pas révoltée. » J. J. « Y a- | dée du remuement de la terre fait pour la rendre t-il de la politesse à étourdir tout le monde d'un vain caquet? » ID. - Lorsque les perroquets sont rassasiés, ils font un caquetage continuel et bruyant. BUFF. Linnæus compare le ramage du lagopède à un caquet babillard et à un rire moqueur. ID.

Mais le labour se considère absolument, en soi, par rapport à la terre seule et indépendamment de l'action effective de labourer. On donne à une terre un ou deux labours; un labour est léger, superficiel, profond. a La terre de Labrador est On appelle caquets, au pluriel, des discours ainsi nommée, parce que le labour y est ingrat.» futiles, des propos malins sur le compte d'au- VOLT. « Souvent les grains de fer se montrent par trui; et, dans ce sens, caquetage est un nom le labour à quelques pouces de profondeur.» collectif qui équivaut à caquets, toujours avec BUFF. « Est-il bien prouvé que vingt-cinq mille cette différence que les caquets se qualifient hommes vigoureux soient plus utiles avec deux en eux-mêmes ou par rapport à leur nature, et sceaux qu'ils ne le seraient au labour? » BEAUM. le caquetage par rapport au fait, au bruit, à la Labourage, au contraire, fait penser à l'action de manifestation, à l'éclat. labourer, à l'opération, à la peine, au salaire de BARAGOUIN, BARAGOUINAGE. Langage cor-l'ouvrier qui laboure, à la saison où on laboure; rompu et inintelligible. en un mot, à tout ce qui concerne l'art du labou

[ocr errors]

Le baragouin est en quelque sorte une langue :rage et sa pratique. L'art, le temps, les instruon parle baragouin. Baragouinage en désigne l'ex-ments du labourage; s'occuper de labourage; surpression. Toute langue étrangère est un baragouin pour qui ne la connaît pas; notre propre langue peut devenir un baragouinage dans la bouche de celui qui, en parlant, confond ou embrouille les mots. Le baragouin, c'est le fond, c'est la chose; le baragouinage, c'est le fait de sa manifestation: | on ne comprend rien au baragouin d'un homme dont on écoute le baragouinage, ou dont le baragouinage étourdit, fatigue, impatiente.

PART, PARTAGE. Portion d'un tout qui échoit ¿quelqu'un.

Partage (portem agere) est le résultat de l'action de partager; il suppose une distribution: on a et on prend part, et non partage, à quelque chose; mais on a, on reçoit en partage, une chose tombe en partage. La part se considère par rapport à la chose, et partage par rapport à l'événement qui la fait échoir à tel ou tel.

veiller, payer le labourage de ses terres. « Le labourage mis en honneur a adouci les peuples farouches.» FÉN. « La promenade se dirigea vers le coteau, d'où nous jouîmes du spectacle du labourage. » MARM. « Dans un dialogue qui a pour titre Hiéron, Xénophon montre quel avantage ce serait pour un Etat si le prince était attentif à récompenser ceux qui excelleraient dans le labourage et dans la culture des terres. ».ROLL.

COEUR, COURAGE. Disposition de l'âme opposée à la crainte.

Le premier de ces mots sert à caractériser un sujet en soi, intrinsèquement, et le second à le faire connaître extérieurement, comme ouvrier, par ses actions.

C'est ainsi que Girard les distingue: « Le cœur, dit-il, bannit la crainte et la surmonte; il ne permet pas de reculer et tient ferme dans l'occasion: En parlant d'un objet qui me revient, je dirai le courage est impatient d'attaquer; il ne s'emégalement voilà une belle part, et voilà un barrasse pas de la difficulté, et entreprend harbeau partage; la première expression sera rela-diment. Le cœur soutient dans l'action; le coutive à l'objet, et la seconde au sort, à l'accident rage fait avancer. » qui me l'assigne exclusivement à tout autre. D'un fout on fait deux, trois, six parts, et chacune devient le partage de quelqu'un.

On a du cœur ou on en manque: on signale son courage, on combat avec courage. « Nos pères croyaient que celui qui ne se venge pas n'a point Part se rapporte davantage, non-seulement à de cœur; ils ne faisaient pas attention que c'était la chose, mais aussi au tout auquel tenait la faire un usage pernicieux du courage que de part, et partage se rapporte, non-seulement au l'employer à la destruction du genre humain. » fait, mais encore à la personne qui reçoit la part VAUV. L'homme de cœur se conduit avec courage, distribuée : la témérité est le partage de la jeu-se distingue par des traits de courage.

nesse.

OEUVRE, OUVRAGE. Ce qui résulte d'un travail.

« PreviousContinue »