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Des citoyens pervers (VOLT.), des complots pe vers (ID.).

VIDUITÉ, VEUVAGE. Etat d'une personne a été mariée, et qui a perdu son conjoint.

Par sa terminaison, viduité exprime que chose d'abstrait et de général, un état absolu:" lieu que la terminaison verbale de reuvage sig fie une action particulière ou le résultat d' action particulière, et annonce par conséque un état relatif. On dit la viduité, simplemen « Des trois espèces de chasteté, savoir celle de virginité, celle de la viduité et celle du mariaga. la chasteté conjugale est la plus difficile. Bora « La viduité est regardée parmi nous, non pla comme un état de désolation, mais comme un état désirable. » Boss. « Les deux époux peuvent être alors séparés, mais à condition de vivre. chacun, jusqu'à la mort de l'autre, dans un état de viduité, qui n'aura ni l'attrait ni les séduc tions du divorce. » MARM. « Malheureux de survivre à celle dont l'amitié lui aurait adouci toutes les peines de la vieillesse, dans cet état de solitude, qui est la viduité de l'âme, d'Alembert avoue que son courage ne suffit point à son malheur. » ID. Mais on dit, en parlant d'une personne en particulier, son reuvage. « Elle avait

D

« C'était surtout depuis son reurage que son cœur me semblait flétri. » MARM. Elle avait du goût pour la grande représentation, la magnificence et le jeu, qui l'avaient suivie à Paris dans son veuvage. » S. S. Dans son reurage, Cornélie, mère des Gracques, perdit presque tous ses enfants. » ROLL.

ple, d'un siècle, du monde, lesquels peuvent être considérés comme étant arrivés à tel ou tel état sous le rapport des mœurs. Auguste était un prince vicieux, qui régnait dans un âge déjà corrompu et dépravé (COND.). J. J. Rousseau soutient que l'homme n'est pas naturellement vicieux, mais il représente comme corrompu et dépravé le monde tel que l'a fait la civilisation. Corrompu et dépravé ne signifient pas une altération du même genre. Corrompu, de corrumpere, rompre intérieurement ou tout à fait, marque un changement de la substance, des éléments, une dissolution des parties. Dépravé, de depravare, contourner, rendre tortu, faire aller de travers, indique un déréglement, un écart de la droite ligne, du droit chemin, de l'ordre, du modèle. Il faut purifier ce qui est corrompu; il faut redresser ce qui est dépravé. Un cœur cor- | rompu est comme de l'eau qui n'est pas saine ou pure, comme un fruit gâté, qui est en proie à un travail intérieur de décomposition. Mais une raison dépravée, un jugement ou un goût dépravé sont dérangés, désordonnés, faux, tout de travers. Des mœurs corrompues manquent de pureté, d'innocence, d'intégrité, de sainteté; des mœurs dépravées manquent de perfection, de rectitude, de droiture, de régularité. La corrupréformé sa maison pendant son reuvage. » Les. tion est plutôt interne et attaque le fond, les sentiments; et la dépravation est plutôt externe, relative à la forme, aux mœurs, à la conduite. « Les doutes sur les devoirs naissent de la corruption de nos cœurs.... Ces amas pénibles de décisions (sur les cas de conscience) sont les tristes fruits de la dépravation des mœurs. » MASS. « Le plus sûr moyen de dépraver la multitude, c'est de corrompre en elle cette espèce d'instinct moral. » MARM. « Le Français est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe. » DUCL. Pervers, de perversus, renversé, tourné sens dessus dessous, désigne, comme vicieux, un penchant naturel. Mais il s'en distingue, ainsi que de corrompu et de dépravé, par les deux caractères suivants. Quelquefois il est théorique, il regarde la spéculation plutôt que les sentiments, les idées plutôt que les dispositions à agir doctrine, erreur, opinion perverse; perversité de principes. « Quand il se rencontre dans la poésie des maximes perverses ou des sentiments vicieux.... » LAH. Outre cela, c'est un terme de morale sociale, il donne l'idée de la conduite qu'on tient à l'égard Que si quelquefois viduité se rapporte aussi à des autres. L'homme vicieux, corrompu ou dé- une personne, au moins ce mot n'a aucune relapravé ne tient pas une conduite estimable, n'est tion au temps: il fait concevoir une situation, et rien moins qu'homme de bien; l'homme pervers non un événement, des circonstances agréables n'est rien moins qu'honnête homme, c'est un ou pénibles où se trouve quelqu'un, et non ce méchant, il fait le mal qui nuit à autrui et que qui lui arrive. « Toute l'Eglise est veuve: et les punit la société. « L'incrédulité (sur ce qui con- veuves chrétiennes, qui ont porté dans leur macerne la conscience) ne fut jamais que le raffine-riage la figure de l'union de l'Eglise avec Jesusment d'une vanité sophistique dans des esprits Christ, portent encore dans leur veuvage l'état de qui voulaient être tranquillement vicieux, ou im- sa viduité. » Boss. punément pervers. » MARM.

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La viduité est un état idéal, qu'on considère en soi, comme étant tel ou tel indépendamment des temps et des personnes. Le teurage, au contraire, est un état effectif, l'état d'une certaine personne qui y reste un certain temps. La viduité est un état de désolation (Boss.). Pour étourdir sa douleur et consoler son reuvage, c'étaient tous les jours (dans la maison de Sylla) de grands et somptueux repas. » ROLL. La virginité est un état angélique. La viduité la suit de près. Le ca ractère d'une veuve chrétienne est de faire écou

ler tout son amour vers Jésus-Christ comme vers

un époux, mais un époux absent, qui, tout rivant qu'il est, est néanmoins comme mort pour son épouse, et la laisse dans un teurage qui ne finira qu'avec le monde. » Boss.

VIEUX, ANGIEN, ANTIQUE. Qui existe depuis longtemps.

Vieux se rapporte à l'âge, et se dit de ce qui vit. Ancien a rapport au temps, et se dit de ce qui date de plus ou moins loin. Vieux est opposé à jeune Vous n'avez de votre vie été si jeune

Vilipender et tympaniser marquent décri; siffler, berner et bafouer, dérision; honnir et conspuer, réprobation. On vilipende et on tympanise, parce qu'on a envie de rabaisser, et en parlant mal, en publiant du mal d'une personne; on siffle, on berne et on bafoue, parce qu'on trouve sot, impertinent, et en faisant d'une personne son jouet, en la tournant en ridicule; on honnit et on conspue, parce qu'on trouve bas, honteux, indigne, et en couvrant d'opprobre, en livrant à l'anathème, en représentant comme infâme. Vilipende et tympanisé, on est un objet de bruits fâcheux; sifflé, berné, bafoué, un objet de raillerie, un plastron; honni ou conspué, un objet de mépris. Vilipendé par Féron (VOLT.), Voltaire berna et fit bafouer Fréron (ID.); il dit même dans une de ses lettres à d'Alembert : « Il me semble que tous ceux qui ont écrit contre les philosophes sont punis dans ce monde : Fréron a été honni sur tous les théâtres, et Vernet sera pilorié. »

D

vous êtes, et je vois des gens de vingt-cinq qui sont plus vieux que vous. » MOL. Mais ien est opposé à moderne : L'ancienne ce et la Grèce moderne. » ACAD. Ce qui est ex est avancé en âge; ce qui est ancien est ne origine qui remonte haut. Vieillesse donne ée d'un grand âge; ancienneté, celle d'une gine éloignée, d'une grande antériorité (ancien té formé du latin ante, avant). On appelle ux les hommes, les arbres et tout ce qui vit; appelle anciennes les villes, les coutumes, les illes, les liaisons d'amitié ou les haines, tes les choses en un mot qui ont une date, ont pris naissance plus ou moins longtemps int l'époque présente. Lorsque par extension ux s'applique aussi aux choses qui ne vivent 3 proprement, il les représente, comme n'ayant is les qualités de la jeunesse; le vin vieux n'a is de verdeur; un vieil œuf n'est plus frais. Un pux bâtiment est comme un vieillard, il est | luc ou ruineux; un ancien bâtiment a été | nstruit bien avant le temps où nous vivons. vieux livre est un bouquin; un ancien livre t de ceux qui ont été composés par nos ancêes. De vieilles histoires sont insipides à force Vilipender, latin vilipendere, mépriser, estiêtre rebattues; d'anciennes histoires se racon- mer vil, n'est pas aussi exclusivement familier ient déjà il y a longtemps. Vieux est donc qua- que tympaniser, verbe tout français, quoique icatif, significatif d'une qualité bonne ou mau- formé d'un mot venu du latin, tympan, de tymLise; mais ancien est purement chronologique. panum, tambour. « Je ressens de la consolation Antique enchèrit sur vieux. « Là on voit une de voir l'autorité de saint Augustin, autrefois tant iste forêt de cèdres antiques, qui paraissent vilipendée par certaines gens, si hautement réIssi vieux que la terre où ils sont plantés. tablie. Boss. « Les philosophes continueront à ÉN. Ce mot se dit par exagération et en plaisan-être vilipendés et persécutés. » D'AL. « Je conint d'une personne ou d'une chose très-vieille t par conséquent très-surannée, qui n'est plus u tout de mode ou de saison. « Une femme qui uitte Paris pour aller passer six mois à la camagne en revient aussi antique que si elle s'y tait oubliée trente ans. » MONTESQ. « Il semble que chez la plupart des peuples les lois soient récisément comme les meubles antiques et précieux que l'on conserve avec soin, mais dont il y Laurait du ridicule de se servir. » VOLT.

α

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L'adjectif antique enchérit également sur ancien: l'Académie le définit par fort ancien, et eile décide que l'antiquité est une ancienneté re culée. « La littérature romantique a ses racines dans notre propre sol; elle rappelle notre histoire; son origine est ancienne, mais non antique. MME DE STAEL. Les Chinois sont un peuple rigide observateur de toutes ses anciennes lois, et qui se pique d'une antiquité extraordinaire (FÉN.). « De là vient l'aversion des grands d'Espagne à observer entre eux aucun rang d'ancienneté.... Ils croient se trouver mieux de la confusion: tous veulent faire croire l'origine de leur dignité obscure par une antiquité reculée. »> S. S. Plus une nation est antique, plus elle a une religion ancienne. » VOLT. « Moïse ne nous a pas dit un seul mot des anciens monuments de l'Egypte, des mœurs, des lois, de la religion, des usages d'un peuple si antique et autrefois si renommé. » ID.

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1° Vilipender, tympaniser. Maltraiter en paroles une personne, s'attacher à mal parler d'elle, la poursuivre de ses médisances.

serve l'esprit de charité jusqu'à ce qu'on me dise des injures, ou qu'on me joue quelque mauvais tour. Car l'homme est fait de façon qu'il n'aime point du tout à être vilipende et vexé. » VOLT. Vilipender est un terme littéraire, et c'est surtout dans ses écrits qu'on vilipende. L'abbé Cotin a été vilipendé par Boileau (D'AL.). « Tantôt J. J. Rousseau a justifié certains prêtres contre l'Encyclopédie, et tantôt il les a vilipendės.» VOLT. « Ces nuances délicates échappent ou sont regardées avec dégoût, d'où il arrive que le pauvre auteur est justement vilipendé par les Féron, sans que personne prenne le parti du pauvre diable. ID. « A l'égard de la nation allemande, que cet auteur vilipende et qu'il traite d'imbécile en termes équivalents, cela nous pa aît ingrat et injuste: ce n'est pas tout de se tromper, il faut être poli. » ID.

D

On tympanise, au contraire, par des propos qu'on répand dans le monde, en disant du mal hautement et de tous côtés, comme au son du tambour, dans tous les quartiers, à tous les coins de rues.

Comme sur les maris accusés de souffrance
De tout temps votre langue a daubé d'importance,
Qu'on vous a vu contre eux un diable déchaîné,
Vous devez marcher droit pour n'être point berné;
Gare qu'aux carrefours on ne vous tympanise.
(Chrysalde à Arnolphe, dans l'École des
femmes).

ISABELLE.

MOL.

« On va me tympaniser par la ville (pour s'être séparée d'avec son mari), et je vais donner la comédie à tout Paris. »

SYN. FRANC.

65

COLOMBINE.

«Eh! madame, c'est vous éterniser que de faire un coup d'Etat comme celui-là!» REGN. « Je n'oserais passer sur ces bienséances sans me faire tympaniser par la ville. » DEST. « Il fallait que ma diffamation fût universelle. Il ne suffisait pas de la répandre dans les cercles et parmi la bonne compagnie; il fallait qu'elle s'étendît parmi tout le peuple et dans les plus bas étages. Mais l'affectation de me tympaniser ainsi à mon insu pouvait scandaliser les simples. » J. J. « Cela ferait un procès; ce procès ferait du bruit.... On n'a déjà que trop tympanisé ma dévotion. » VOLT. La Force (Mlle de) est enfin condamnée. Sur le fait de son hyménée

On vient de la tympaniser.

2° Siffter, berner, bafouer.

LAF.

α

bernez. Un singe jouer aux échecs ! » Les-L
bafouer paraît être un fréquentatif et into
une action multiple ou iterative : on est br.
Depu
par tout le monde ou sans cesse. .
mort du roi, jusqu'à sa dernière chute, Pr
chartrain était devenu un simulacre qu'es
cessait de bafouer. » S. S. « Toute cette théolog
d'Epicure fut parmi les anciens si générakoz
bafouée. que.... » LAH. « C'est à Fréron à mese
tester, puisque je l'ai rendu ridicule, et que ).
l'ai fait bafouer de Paris à Vienne. » VOLT. D
cherchez jamais à employer l'autorité là ci Üz
s'agit que de raison, ou consentez à être bafon
dans tous les siècles comme les plus impertices
de tous les hommes. » ID. «Un seul Chinos :
voulu contredire Confucius, et il a été universel
lement bafoué. » ID. « Une religion bafouée dan

Maltraiter en paroles une personne, se moquer toute l'Europe. » ID. On a vendu à Paris sit d'elle, l'immoler à la risée.

:

LAF.

mille Akakia en un jour, et le plus orgueillen de tous les hommes (Maupertuis) est le plus bafoué. » ID.

3° Honnir, conspuer. Maltraiter en paroles une personne, la flétrir comme odieuse, la signaler a l'aversion des gens de bien.

Conspuer, conspuere, cracher sur, a beaucoup « Cet ouvrage a été honni et plus d'énergie.

Un paon muait un geai prit son plumage. Quelqu'un le reconnut: il se vit bafoué, Berne, siffle, moqué, joué. Nous sifflons, comme connaisseurs et comme juges, ce qu'on nous présente, ou quand on nous présente quelque chose dans l'espérance d'obtenir notre approbation. C'est ainsi qu'on siffle un acteur, c'est-à-dire un homme qui a la pré-conspué. ACAD. tention et qui tâche de se faire applaudir. « Dans Quand on est honni, on est simplement déshoune compagnie de fleuristes, ayant voulu m'éver-noré, sans gloire, inglorius. Honnir une fill tuer à mon tour et hasarder de m'extasier à la vue d'une tulipe dont la couleur me parut vive et la forme élégante, je fus moqué, hué, sifflé de tous les savants. » J. J. « M. le cardinal de Bouillon voulait qu'on mît après l'énoncé des propositions que M. de Cambrai ne les avouait pas; ce qui fut sifflé par les cardinaux, si on ose employer ce terme. » Boss. « Quelle platitude (de certains éditeurs de Boileau)! Elle sera sifflée à Paris comme dans les collèges de l'Oratoire. >> LAH. Si vous faites cette proposition, on vous sifflera.» ACAD.

α

Berner et bafouer ont une tout autre force: ce n'est pas seulement désapprouver des idées, des sentiments, des productions qu'on critique, c'est traiter la personne même d'une manière offensante et humiliante, lui faire une avanie, l'insulter. « Je fus arrêté par la frayeur d'être hué, sifflé, berné. » J. J.

Pauvre bête!

Pauvre innocent! tu ne les voyais pas (ces parasites)

D

Te chansonner au sortir d'un repas, Siffler, berner ta bénigne imprudence! VOLT. Berner marque une action unique. « Socrate fut condamné à la ciguë, après avoir été berné par Aristophane. » VOLT. « J'ai appris que Mme de Richelieu a berné et confondu publiquement un ignorant prédicateur de jésuite, qui s'est avisé de disputer contre elle sur l'attraction et sur le vide.» ID. « Je voudrais bien savoir si, quand on bernerait M. Boursault sur le théâtre, il serait assez heureux pour faire rire le monde. » MOL. «Marin avait dit qu'en le montrant au doigt j'avais insulté la majesté du trône, berné le gouvernement et injurié la magistrature. BEAUM. « Sandis dit le Gascon, je crois que vous me

(REGN., LES.) ou une famille (LAF.), c'est lui ôter
l'honneur par un viol. « Je parus dans une loge
(à une représentation de Zaire), et tout le par-
terre me battit des mains. Il est doux de n'être
pas honni dans son pays. » VOLT. « Je suis comme
ces Grecs qui renonçaient à la cour du grand roi,
pour venir être honnis par le peuple d'Athènes. »
ID. « Il est juste que le Catilina de Crebillon soit
honoré, et le mien honni. » ID. « Les belles-let-
tres sont un peu honnies, et le théâtre désert. »
ID. - Mais quand on est conspué, on est repoussé
comme quelque chose de détestable, d'horrible.
«La bulle Unigenitus, disaient ses partisans,
mal accueillie sans doute, et même conspuée à
sa naissance, avait fini par être unanimement
reçue. » D'AL. « Ces systèmes absurdes sont con-
spués avec horreur par le monde entier.» LIE.
Connaissez-vous certain rimeur obseur,
Sec et guindé, toujours froid, toujours dur,
Chassé, battu, détesté pour ses crimes,
Honni, berné, conspue pour ses rimes? VOLI.
VILLE, CITÉ. Assemblage d'un grand nombre
de maisons dans une même enceinte.

La ville se considère sous le point de vue phy-
sique, la cité sous le point de vue politique.
a Les maisons font la ville, mais les citoyens
font la cité. » J. J. On dit les murailles de la
ville (ACAD.), détruire une ville (MONTES.), et
les lois de la cité (LAH.), gouverner une cité
(MONTESQ.). Deux hommes de la même rille ha- .
bitent le même lieu; deux hommes de la même
cité appartiennent au même corps politique, ont
la même patrie. On détruit une ville en la ra-
sant; on détruit une cité en abolissant sa consti-
tution. « Quelquefois les Romains abusaient de
la subtilité des termes de leur langue : ils détrui-
sirent Carthage, disant qu'ils avaient promis de

conserver la cité, et non pas la ville.» MONTESQ. que dans le style soutenu. Saint Augustin a dé

x Les féciaux faisaient des imprécations contre eux-mêmes et contre leur cité, en cas qu'il leur arrivât d'en imposer. Ils répétaient ces protestations et ces serments, lorsqu'ils arrivaient à la porte de la ville. » COND.

Cette différence déjà grande peut le devenir davantage. Au lieu d'indiquer la même chose sous deux points de vue différents, ville et cilé peuvent exprimer deux choses différentes, savoir ville une réunion d'habitations, et cité un petit État, une république, toute une contrée gouvernée par les mêmes lois, les mêmes coutumes, les mêmes magistrats. Ainsi entendue, la cité comprend quelquefois plusieurs villes, ou bien elle ne comprend que des villages, des provinces où il y a peu de maisons les unes à côté des autres. C'est toujours un mal d'unir plusieurs villes en une seule cité. » J. J. César dit que toute la cité des Suisses consistait en quatre bourgs ou quatre cantons; il y avait chez les Germains beaucoup de cités et point de villes.

crit la cité et non la ville de Dieu. « Jésus-Christ nous a bâti dans le ciel une cité permanente. » Boss. « Par la culture les déserts sont devenus des cités habitées par un peuple immense qui, circulant sans cesse, se répand de ces centres jusqu'aux extrémités. » BUFF.

Mais du discours enfin l'harmonieuse adresse Rassembla les humains dans les forêts épars, Enferma les cités de murs et de remparts. BOIL. VIS-À-VIS, EN FACE, FACE À FACE, À L'OPPOSITE. Locutions prépositives qui marquent le même rapport de position que devant, si ce n'est que devant rappelle et exclut le derrière et en général les autres aspects de la chose.

Vis-à-vis désigne le rapport de deux objets qui sont en vue ou en regard l'un de l'autre. « Je mettrai dans un recueil en deux colonnes, vis-à-vis l'un de l'autre, mon vrai texte et celui que vous m'imputez. » FÉN. En face suppose que l'objet, devant lequel un autre se trouve situé, a une face. « En face du palais 03 Mais, pour en revenir au cas où les deux mots est un parterre. » S. S. Etre placé dans un se touchent de plus près, c'est-à-dire se réunis- salon en face d'une glace (LAF.). On dit qu'une sent sous l'idée commune énoncée en commen- chose est vis-à-vis, et non pas en 'face, d'un çant, une autre différence provient de ce que trait ou des rayons du soleil. Un point n'est cité est la traduction exacte du latin civitas, qui pas en face d'un autre, il est vis-à-vis, sur la a même signification, et que ville dérive de même ligne. Pour enfiler une aiguille, il faut villa, qui veut dire autre chose, savoir une mai- savoir bien placer le fil vis-à-vis du trou de l'aison de campagne. Ville est le mot ordinaire; guille, et non pas en face. Une maison est vis-àcité convient mieux pour une ville antique. « Je vis d'un arbre; un arbre, en face d'une maison. quittai cette ville (Séville), et je gagnai la campa- - Vis-à-vis d'une personne, se dit sans qu'on ait gne qui conduit à l'ancienne cité de Carmonne.» égard à la face de cette personne, à la partie LES. On appelle encore cité la partie la plus an- antérieure de sa tête où sont ses yeux et sa cienne d'une ville, ce à quoi se réduisait autre-bouche: être placé, à table ou dans un quadrille, fois toute la ville et ce qui se nommait civitas. Cité se dira aussi plutôt pour une ville puis-cisément dans ou devant la face, sous les yeux : sante, célèbre ou magnifique. « En Italie, quoique tout le monde habite les villes, elles sont entièrement désertes et dépeuplées : il semble qu'elles ne subsistent encore que pour marquer le lieu où étaient ces cités puissantes dont l'his- Face à face, une face étant tournée vers l'autoire a tant parlė. MONTESQ. a Jésus tourna sestre, ne se dit que des personnes, et il est corrépas du côté de Jérusalem, cette ville perfide latif, il indique un rapport mutuel, une corres2 où il devait subir le dernier supplice.... Sitôt pondance. qu'il put découvrir cette cité, il se mit à considérer ses hautes et superbes murailles, ses beaux et invincibles remparts, ses édifices si magni- « Je ne tarderai pas de voir face à face Sa Mafiques, et son temple la merveille du monde. »jesté prussienne. VOLT. « Dans le ciel JésusBoss. Plutarque ne voulut jamais quitter Ché-Christ se montrera à découvert, face à face. ronée, la petite ville de Béotie où il avait pris Boss. naissance, pour aller se fixer dans quelqu'une de ces cités célèbres qui étaient un théâtre pour les hommes supérieurs (LAH.).

Une montagne en mal d'enfant
Jetait une clameur si haute
Que chacun, au bruit accourant,
Crut qu'elle accoucherait sans faute
D'une cité plus grosse que Paris :

Elle accoucha d'une souris.

LAF.

Ces lieux pour nos bergers ont perdu leurs appas,
La ville a tout séduit.

Je l'ai vue à la fin, cette grande cité :
Quel éclat! mais, hélas! quelle captivité !
J. B. Rouss.
Enfin, cité s'emploie seul dans le style figuré
de l'Ecriture, et de préférence en poésie ainsi

vis-à-vis de quelqu'un. Mais en face signifie pré

regarder, dire ou soutenir quelque chose en face de quelqu'un. « Tous deux, en face l'un de l'autre, soutenaient leur assertion avec une égale constance. » MARM.

Me mettant face à face, il me verra peut-être,
REGN.

D

A l'opposite ne s'emploie qu'en parlant des choses, et, parmi les choses, de celles qui sont opposées, l'une d'un côté, l'autre de l'autre. « Le soleil qui se retire, qui se couche, est vu par quelques rayons qui restent sur les montagnes à l'opposite. Boss. « Charles XII porta quelques régiments sur le bord de la Bérézine, à l'opposite de Borislou, comme s'il avait voulu tenter le passage à la vue de l'ennemi. » VOLT. La ville de Calais est à l'opposite de celle de Douvres, l'une en France, l'autre en Angleterre, l'une en deçà de la Manche, l'autre au delà.

VISCÈRES, ENTRAILLES, INTESTINS, BOYAUX. Organes de la vie, qui se trouvent placés au dedans du corps de l'animal.

C'est ce que signifie dans toute sa généralité le mot viscère, qui est un terme d'anatomie : les viscères sont toutes les parties intérieures de l'organisme dont le jeu importe à l'entretien de la vie. « La médecine nous a fait connaître clairement la place et le jeu de nos viscères. » VOLT. « Je ne prétends pas faire ici une leçon d'anatomie; vous savez assez qu'il n'y a pas un viscère qui ne soit nécessaire et qui ne soit secouru dans ses dangers par le jeu continuel des viscères voisins. ID. « Dans les insectes, au lieu de cœur et de poumons, on trouve des parties qui servent de même aux fonctions vitales, et que par cette raison l'on a regardées comme analogues à ces viscères. » BUFF. Parmi les viscères on compte le cerveau, les poumons, le cœur, le foie, la rate, les reins, la vessie, et l'organe digestif, d'un orifice à l'autre.

Entrailles est un mot de la langue ordinaire, qui désigne les viscères contenus dans le ventre. Il ne s'emploie qu'au pluriel, d'une manière collective, générale et vague, et représente les organes abdominaux, en gros, sous les points de vue des gens du monde, relativement à la santé, à la sensibilité morale, ou comme étant cachés, éloignés de la vue, enfoncés. Inflammation d'en trailles, douleurs d'entrailles; avoir pour quelqu'un des entrailles de père, ou simplement avoir des entrailles, émotion d'entrailles, les remords déchirent les entrailles; fouiller dans les entrailles de la terre.

marqué dans les chiens ouverts tout va leurs boyaux ont un mouvement réglé comme celui de la respiration. »

Boyau n'appartient pas seulement à la lary commune, comme entrailles, qui a de la blesse, et peut trouver place dans le haut style: il est vulgaire; il se rapporte non pas aux éntions de l'âme, mais à la forme du conduit inte tinal, ou aux usages qu'on peut faire, dats is arts, de cette partie des animaux. Cette salle d'a qu'un boyau; corde à boyau. < La brebis four à l'homme de quoi se nourrir et se vêtir, sans compter les avantages particuliers que l'on sait tirer de son lait, de sa peau et même de se boyaux. » BUFF.Les boyaur des phoques. bien nettoyés et amincis, sont, chez les Groenlandais, employés au lieu de verre pour leurs fenêtres. ID. Boyau entre dans plusieurs proverbes populaires, et il se dit très-bien en badinant ou en parlant de choses de peu de valeur ou dont on fait peu de cas.

VISER, MIRER. Regarder avec attention l'endroit où on veut porter un coup.

Viser, de videre, visum, voir, est le terme général, celui qui s'emploie en parlant d'un coup quelconque, d'un coup qu'on veut frapper soimême sans instrument, ou d'un coup de pierre, d'un coup de flèche, etc. Hirer vient de mire, nom d'une espèce de bouton placé vers le bout d'un fusil, d'un canon, et qui sert à viser; par conséquent on ne mire qu'à l'aide d'une arme à feu, pour atteindre d'une balle ou d'un boulet.

Les oiseaux de proie visent de loin les animaux qu'ils veulent tuer pour s'en nourrir (BUFF.). Les Francs, dit Sidonius Apollinaris, deviennent si adroits, qu'ils frappent toujours où ils visent. » VERT.- Un archer eut recours à sa carabine, et mirant au visage de don Quichotte il lui perça la tête de deux balles. » LES.

Un énorme boulet, qu'on lance avec fracas,
Doit mirer un peu haut pour arriver plus bas.

FOLT.

Les intestins sont uniquement et précisément les viscères digestifs qui font suite à l'estomac, sortes de conduits longs et ronds dans lesquels continuent à s'élaborer et à cheminer les matières alimentaires. Le diaphragme sépare transversalement le corps entier de l'animal, et le divise assez exactement en deux parties égales, dont la supérieure renferme le cœur et les poumons, et l'inférieure contient l'estomac et les intestins. » BUFF. Ces organes portent aussi le nom de boyaux. « Le ventre enferme l'estomac, le foie, la rate, les intestins ou les boyaux, par où les excréments se séparent et se déchargent. » Boss. Mais intestin est un terme scientifique, comme viscère, au lieu que boyau est un mot commun. Ce que les médecins et les savants nomment intestin, l'homme du peuple l'appelle boyau. a Ils disent que tous les boyaux d'Arius lui sortirent par le fondement; cela est difficile: ces gens-là n'étaient pas anatomistes. » VOLT. « Il fallait entendre le bruit que mes boyaux faisaient dans mon ventre creux; on eût dit qu'ils s'entre-mangeaient.» LES. Ou bien on préfère intestin à l'égard de l'espèce humaine, et boyau quand il est question de la bête. « L'homme ne pourrait pas se nourrir d'herbe seule; car, n'ayant qu'un estomac et des intestins courts, il ne peut pas, comme le bœuf, qui a quatre estomacs et des boyaux très-longs, prendre à la fois un grand volume de cette maigre nourriture. » BUFF. Dans une description anatomique du corps de l'homme VISQUEUX, GLUANT. Ces mots servent à quaDescartes dit : « Je compte entre les muscles,lifier un liquide épais ou un corps mou, qui non-seulement tous ceux du ventre et de la poitrine, et le diaphragme, mais aussi presque tout le corps des intestins et du ventricule; et j'ai re

Ensuite le verbe viser, tant à cause de sa genéralité que parce qu'il derive évidemment du latin, a un certain caractère de noblesse. « Se promettre de grandes choses pour en venir aux médiocres, et viser bien haut pour atteindre du moins au milieu.» MASS. « Les flèches de Dien sont dressées et ses arcs pointés; il rise et il désigne l'endroit où il veut frapper. Boss. Mirer, au contraire, et par la double raison contraire, convient au style familier principalement, sinon uniquement. Voltaire écrit à son ami Damilaville: « Nos infâmes ennemis se déchirent les uns les autres; c'est à nous à tirer sur ces bêtes féroces pendant qu'elles se mordent, et que nous pouvons les mirer à notre aise. » — – Au figuré, viser est le mot de rigueur; que si on dit aussi mirer une place, un emploi, pour y viser, c'est, comme a soin et raison de le remarquer l'Académie, une locution familière.

s'attache aux choses ou auquel les choses s'attachent de façon qu'il est difficile de les séparer. Ils ne diffèrent point par leur radical, mais

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