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'êtres invisibles qui, suivant l'expression de rénelon, voltigeaient sans cesse de côté et d'auге. - Travailler incessamment à augmenter la connaissance qu'on a de soi-même (MAL.); travailler sans cesse a augmenter ses richesses, à améliorer les routes, à dessécher les marais.

sure le tour, la circonférence et le circuit; on entre ou on se renferme dans l'enceinte, dans l'enclos, ou bien on en sort. Babylone avait, diton, vingt-quatre lieues de circonférence (VOLT.). Son enceinte enfermait tout un grand pays (Boss.). « La colline de l'Aventin, d'une médiocre hauteur, et de douze stades de tour, était renfer

On a renoncé aux vaines pompes du monde, et on les désire uniquement, on y aspire inces-mée dans l'enceinte de la ville. » ROLL. samment, on les recherche sans relâche, on ne travaille que pour cela.» BOURD. « Les vains efforts des puissances européennes sont comme les flots de la mer, qui sans cesse agitent sa surface sans jamais en changer le niveau; de sorte que les peuples sont incessamment désolés sans aucun profit sensible pour les souverains. » J, J. Sans cesse et sans relâche ne se disent pas non plus indifféremment. Sans cesse signifie sans cesser, sans finir, sans suspendre l'action, et suppose une action quelconque; sans relâche, sans relâcher ou se reidcher, sans détendre ou se détendre, annonce une action pour laquelle on est tendu, attentif, appliqué, animé, plein d'ardeur. Notre ombre nous suit sans cesse; un ennemi nous poursuit sans relâche. Dans l'insomnie on veille sans cesse; le seul moyen d'éviter la surprise, c'est de veiller sans relâche. Telasco, qui croyait voir les Castillans comme des tigres affamés, prêts à déchirer son amante. se tenait près d'elle avec l'inquiétude de la lionne qui garde ses lionceaux. Ses yeux étincelants étaient sans cesse ouverts sur eux, et les observaient sans reldche. » MARM.

1° Tour, circonférence, circuit. Périmètre ou étendue circulaire.

Les Romains, toujours avides de butin et de gloire, étaient toujours sous les armes, et entreprenaient continuellement de nouvelles conquêtes.

- Fermement attachés à certaines maximes de politique, ils les suivaient constamment, malgré la diversité des temps et des conjonctures, malgré les changements de la fortune; et, comme tous les citoyens étaient exacts à prendre part aux délibérations de la place publique, de même les jeunes gens se rendaient assidûment aux exercices du champ de mars. Ce peuple, d'une activité infatigable, méditait incessamment l'asservissement du monde, travaillait sans cesse à augmenter ses forces, à étendre sa puissance, et combattait sans relâche ceux de ses ennemis qui pouvaient et qui osaient lui disputer l'empire.

1° TOUR, CIRCONFÉRENCE, CIRCUIT ; 2o ENCEINTE, ENCLOS. Ce qui embrasse un objet, un espace, rond ou à peu près tel, et le limite de tous les côtés.

Tour, circonférence et circuit expriment quelque chose d'abstrait, une ligne; enceinte et enclos désignent, au contraire, quelque chose de concret, une borne, une muraille, une haie, un fossé. Le tour, la circonférence et le circuit terminent l'objet; l'enceinte et l'enclos l'enferment. Une chose a tant de mètres ou de lieues de tour, de circonférence, de circuit; une enceinte ou un enclos est de bois, de pierre, etc. « Il paraissait difficile de sortir de cette prairie. Elle avait quatre lieues de tour; et ce qui en faisait l'enceinte n'était qu'une toile de fin lin, qui semblait tendue d'elle-même tout autour.» LES. On me

Tour, mot simple, s'applique à des objets plus petits que circonférence et circuit, composés l'un de circum et ferre, porter autour, l'autre de circum et ire, aller autour. On dit bien le tour du cou (ACAD.), d'une colonne (ID.), d'un arbre (ID.), d'une bûche (BUFF.). Le corps de ce sarigue avait quinze à seize pouces de circonférence, et la queue trois pouces de tour à son origine. » ID. « Ce phoque avait cinq pieds de circonférence à l'endroit de son corps le plus épais, et seulement un pied neuf pouces de tour auprès de l'origine de la queue. » ID. Si quelquefois, comme on le voit dans ces exemples, on se sert de circonférence en parlant d'objets de peu d'étendue, ou c'est en l'opposant à tour qui marque plus de petitesse encore, ou c'est en termes de science, ou enfin c'est par hyperbole et en plai-¦ santant. Il faut un roi qui soit gros et gras comme quatre; un roi qui soit entripaillé comme il faut; un roi d'une vaste circonférence, et qui puisse remplir un trône de la belle manière. » MOL. «Il portait une grande épée dont la garde avait pour le moins trois pieds de circonférence. » LES. De son côté, circuit signifie un long tour, au propre comme au figuré. Au passage des Alpes, Annibal voyant, dans un certain endroit, qu'il était impossible de passer outre, « songea à prendre un long détour et à faire un grand circuit. » ROLL. Dans un chapitre de l'Esprit des lois, intitulé, Du tour de l'Afrique, Montesquieu dit : « Sans faire ce grand circuit, il était plus naturel de faire le commerce de l'Afrique orientale par la mer Rouge, et celui de la côte occidentale par les colonnes d'Hercule. »

Circonférence est un terme de géométrie, de théorie, significatif de la périphérie, de l'étendue circulaire qui se calcule; au lieu que circuit est un mot commun, de pratique, relatif à la mesure itinéraire, à celle qui s'obtient en allant autour de la chose, en en faisant le circuit. On ne dit point le circuit, mais la circonférence, d'un cercle, de la terre, de l'orbite de la lune : « Eratosthène fit à Alexandrie des observations du soleil, qui lui servirent à mesurer la circonférence de la terre. » ROLL. Mais on dit proprement qu'un pays a tant de pas de circuit. a Tout le pays de Romulus n'avait pas trois mille pas de circuit. » VOLT. « Il faut croire que l'auteur a entendu par soixante journées de marche le circuit de toute la province. » ID. En parlant d'une ville, circonférence a de la noblesse, ou convient pour exprimer le résultat d'une estimation rigoureuse; pour circuit, c'est le contraire. « On ne doit pas être surpris si Pékin a près de six de nos grandes lieues de circonférence. » VOLT. « Poitiers est ce qu'on appelle proprement une villace,

qui, tant en maisons que terres labourables, peut avoir deux ou trois lieues de circuit. » LAF. 2o Enceinte, enclos. Barrière circulaire d'une chose, ce qui l'enferme en rond.

« Le mot enclos est commun et même bas. » VOLT. Ou, pour parler plus exactement, il n'est d'usage que quand il s'agit d'objets peu considerables. Je demeurai quelque temps appuye contre une muraille qui servait d'enclos à une vigne.»LES. Voltaire appelle dédaigneusement enclos une méchante église : « Cette foule se précipitait d'un air hébété dans un enclos vaste et sombre. Mais enceinte annonce quelque chose

en matière contingente, en parlant de ce met réel, de ce qui arrive, de ce qui se voit ense vu. Tout homme est mortel; tous les homos meurent mécontents de la vie. Tout corps st conçu par notre raison comme devant être d l'espace; on a fait voir par des experi que tous les corps sont pesants. (Voy., das à 1e partie, la synonymie des substantifs qui d rent uniquement par le nombre, p. 1 et su vantes.)

TRAIN, ÉQUIPAGE. Ces mots sont définis de même par l'Académie suite de valets, de he vaux, de mulets, etc. Autrefois les grands

de grand et se prend plus volontiers au figuravaient et aujourd'hui les princes et les ambas

a

« Où trouverez-vous cet abri? Le déluge a inondé toute la terre. Il faut chercher donc le moyen de sortir de toute l'enceinte du monde. » Boss. « Le vaste enclos des Gobelins était rempli alors de plus de huit cents ouvriers.... C'est dans cette enceinte des Gobelins qu'on fabriquait des ouvrages de rapport. » VOLT. Les villes ont des enceintes, et les champs des enclos.

L'homme seul vit, dit-on, dans l'enceinte des villes. BOIL. Tout vivait en commun sous le bon roi Saturne; Aucun n'avait d'enclos ni de champ séparé. ID. D'ailleurs, tandis qu'enceinte garde plutôt le sens primitif d'un contenant, enclos exprime plutôt un contenu; pour l'ordinaire, l'enceinte est ce qui environne, et l'enclos est l'espace environné. « Alonzo allait souvent nourrir sa profonde mélancolie autour de l'enceinte sacrée des murs qui renfermaient Cora. L'enclos de vierges était vaste et ombragé d'arbres épais. MARM.

D

TOUT, CHAQUE. Ces deux mots désignent également la totalité des individus de l'espèce exprimée par le nom appellatif avant lequel on les place.

Mais tout n'est pas relatif comme chaque aux particularités des individus; il suppose uniformité dans le détail et exclut les exceptions et les différences. Chaque, au contraire, fait penser aux individus dans l'espèce, à leurs singularités à ce qui les distingue un à un; il suppose et indique nécessairement des différences dans le détail.

Tout homme, c'est-à-dire un homme quel qu'il soit tout homme a des passions, c'est une qualité commune à l'espèce. Chaque homme, c'est-à-dire chacun des hommes en particulier chaque homme a sa passion dominante, c'est une qualité propre ou individuelle qui tient à la spécialité du tempérament.

Tout corps est étendu; chaque corps a ses propriétés. Toute peine mérite salaire; à chaque peine accordez un salaire qui lui soit proportionné, celui qu'elle mérite.

TOUT, TOUS LES. Expressions universelles collectives qui désignent, comme celles de l'article précédent, la totalité des individus d'une espèce, mais sans rapport à ces individus, à leurs caractères propres et distinctifs.

Tout est abstrait, a priori, préférable dans l'ordre des idées, en matière absolue et nécessaire; tous les se dit plutôt dans l'ordre des faits,

sadeurs ont encore un train, un équipage, Le train regarde la suite; c'est une sorte dattirail (P. R.), ce qu'on traine après sti; il est plus ou moins nombreux; on l'augmente (Boss. J. J.) ou on le diminue. On embarrasse la vale de son train (BOIL.). « Le train d'un grand seigneur est susceptible de plus et de moins. Redeiser votre suite au moindre nombre de gens qu'il soit possible. J. J. « La suite de Trajan était fort modeste et médiocre; il était quelquefois oblige de s'arrêter dans les rues pour laisser passer le train des autres. » ROLL. « Elle a un grand train, deux carrosses à six chevaux, un fourgon, buit cavaliers, enfin à la grande. Siv. «Le train de Mme de Montespan était de quarante-cing personnes.» ID.

Équipage regarde l'éclat et le luxe : c'est une sorte d'appareil: l'orgueil (Mass.), la porte 21, la magnificence (Boss., MONTESQ.) des pages; un riche (LABR.), un brillant (Beta), un panpeux (BOIL.), un somptueux (MCL), un magnifique (Boss., ROLL.) équipage. Un trais peut être aussi magnifique, mais c'est plutôt bre des personnes et des choses, que par la beauté des livrées, des chevaux et des votares. « Le train de ce légat était magnifique, il etait composé de plus de cent vingt domestiques, a VOLT.

«Que saint Sulpice était éloigné de vouloir en imposer par la magnificence de ses équipages et la pompe de son cortège! Les pauvres formes tout son train. » Boss.

Un grand train est nombreux: un grande page est superbe. Bourdaloue a très-bien exp la différence des deux mots dans le passar vant: Otez-moi ce luxe d'habits, cette saperfluité de train, et cette vanité d'équipe. Dans un sens restreint ces mots different d'u manière analogue.

Train signifie le nombre de personnes qu trouve dans une maison ou qu'on a à son service. a Des âmes serviles et mercenaires, que sont la plupart de ces gens qui remp sent vos maisons et qui forment votre train. B Je vous donne huit jours; Et si, dans ce temps-là, prenant un autre Vous ne chassez d'ici tout ce train qui vous pile, Je quitte la maison, et j'emmène ma fille. Dist. Grosse maison, grand train, nombre de gens. LAP

Equipage désigne une des rares distinct que puisse encore affecter le luxe des riches, sa

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oir une voiture plus ou moins belle, plus ou oins élégante, avec des chevaux pour la mener. Commençons par aller acheter un carrosse, et tablissons d'abord l'équipage. » MONTESQ.

M. TURCARET.

A quoi bon un équipage ? N'a-t-elle pas le mien lont elle dispose quand il lui plaît ? »

FRONTIN.

< Oh! monsieur, avoir un carrosse à soi, ou être obligé d'emprunter ceux de ses amis, cela est bien different. » LES.

<< Cinq ou six domestiques composaient tout le train de Mlle Choin; jamais elle n'eut d'équipage. S. S.

Équipage enchérit donc sur train. Il annonce quelque chose de plus considérable ou de plus distinguė. « Le chemin de votre patrie est un sentier étroit et serré. Le train et l'équipage embarrassent dans cette voie. » Boss. « De là les dissipations du patrimoine de Jésus-Christ en meubles, en trains, en équipages.» BOURD. «Cyrus voulut que les satrapes vécussent noblement dans la province, que leur train, leur équipage, leur table, répondissent à leur dignité. » ROLL. TRAITE, TRAJET. Une étendue de chemin déterminée.

Traite, du latin tractus, train, action de traîner ou de se traîner, course, marche, se dit proprement en parlant de la terre, soit qu'on y soit réellement traîné par des chevaux, ou qu'on y aille à pied.

Depuis huit jours entiers, avec vos longues traites,
Nous sommes à piquer des chiennes de mazettes.
De qui le train maudit nous a tant secoués,
Que je m'en sens pour moi tous les membres roués.

MOL.

« Montés sur les meilleurs chevaux des écuries du gouverneur, nous gagnâmes en trois jours le bourg de Longarès, d'où continuant notre traite du même train, nous allâmes coucher à la ville de Daroca. » LES. « Les particuliers pouvaient courir avec les chevaux destinés aux courriers de Louis XI, en payant dix sous par cheval pour chaque traite de quatre lieues. » VOLT. « Vous savez que je n'aime à aller qu'à pied. Si vous avez des jambes, nous nous en servirons, mais à petits pas, car je ne saurais aller vite ni faire de longues traites. » J. J. Mais trajet, de trajicere, traverser, se dit plutôt en parlant des eaux. « Il serait impossible d'aller en deux jours du détroit de Caffa à l'embouchure du Danube, qui est à l'autre extrémité de la mer Noire. C'est un trajet de près de deux cents lieues d'une navigation difficile. » LAH. « L'Amerique méridionale, séparée par de vastes mers des terres de l'Afrique et de l'Asie, était inaccessible pour le plus grand nombre des espèces d'oiseaux, qui n'ont jamais pu fournir ce trajet immense d'un seul vol et sans points de repos. » BUFF. « Le trajet d'un bord de cette rivière à l'autre est d'un grand quart de lieue. » ACAD.

Toutefois, trajet est aussi d'usage quand il est question de la voie de terre; auquel cas il diffère toujours de traite.

Traite vient de tractus, qui a une signification active et veut dire l'action de traîner; trajet,

au contraire, est passif, comme le mot trajectus, traversée; l'action de traverser s'exprime en latin par trajectio. D'où il suit que la traite est relative aux personnes et à leur action, tandis que le trajet est objectif et se rapporte au lieu. Il y a d'ici là une bonne traite, c'est-à-dire beaucoup à marcher; et un long trajet, c'est-à-dire une grande distance. On se rend tout d'une traite quelque part, quoique le trajet soit long. - On dit ma traite, pour ce que j'ai fait ou ce que j'ai à faire de chemin.

Adieu, dit le renard, ma traite est longue à faire.

On

LAF. « Il se sentait si fatigué de sa traite. que.... » LES. On ne dit pas mon trajet, le trajet n'est à personne, mais on dit le trajet d'un lieu à un autre. « Nous portons le blessé en suivant ses indications sur la route qu'il fallait tenir pour aller chez lui. Le trajet était long. » J. J. fait une traite ou des traites; cette expression est toute formelle et indépendante d'un lieu fixe. « Les comédiens, ayant une grande traite à faire, s'étaient levés de bonne heure.» SCARR. «Pégase n'a pas accoutumé de faire avec moi de longues traites. » REGN. « La multitude des Juifs, qui allait à plus de deux millions de personnes, ne pouvait faire de longues traites. » VOLT. Mais on fait le trajet, le trajet d'un lieu à un autre; ce mot implique la double idée d'un point de départ et d'un terme, et représente quelque chose de permanent qui existe, qui n'est pas épuisé par l'action d'une personne. Nous trouvâmes le bon homme don Joseph prêt à faire le trajet de ce monde-ci à l'autre. » LES. « On employait le temps de la variation de la mousson à faire le trajet d'Alexandrie à la mer Rouge. » MONTESQ. Molière dit à sa muse, à qui il recommande d'aller faire une visite au roi:

Avec vos brillantes hardes,

Faites tout le trajet de la salle des gardes.... Faire le trajet de la porte Saint-Martin à l'Observatoire (ACAD.).

En deux mots, une traite est une certaine quantité de chemin d'une personne en particulier et faite dans un cas particulier; et le trajet, une certaine quantité de chemin commune et constante d'un lieu à un autre.

TRAITER, AGITER, DISCUTER, DÉBATTRE. Ces mots marquent l'action de deux ou plusieurs personnes qui raisonnent ou confèrent ensemble sur un sujet, une question, une affaire, pour arriver à une solution.

Traiter a cela de particulier, qu'il comprend dans sa signification l'idée de l'effet ou de la solution, tandis que ses synonymes indiquent seulement le travail qui y mène. On traite à fond; on agite, on discute, on débat plus ou moins longtemps. Qui a bien traité a bien résolu; qui a bien agité, discuté ou débattu s'est montré habile dans la délibération. Il faut être sûr de pouvoir traiter une chose en maître, avant de l'agiter, de la discuter ou de la débattre. C'est le fond qu'on considère dans un traité, il est plus ou moins instructif; c'est la manifestation ou la forme qui frappe dans la discussion, comme dans le débat, elle s'ouvre, elle commence, elle finit,

elle dure plus ou moins, elle est brillante ou faible, bien ou mal soutenue. On ne traite jamais, mais on agite, on discute et on débat quelquefois, sans rien décider. « Dans les ProvincesUnies, cinquante villes et tous les nobles doivent traiter une question, la débattre et prendre un parti, pour que les états provinciaux mettent les états généraux en liberté d'agir. » COND. Traiter, c'est en effet agiler, discuter ou débattre, et prendre un parti.

Agiter, du latin agitare, fréquentatif d'agere, agir, désigne une action iterative ou répétée. On agite à plusieurs reprises, bien des fois, souvent ou longtemps. « Après avoir tant agité cette affaire, il en faut venir à une décision pour avoir la paix.» Boss. « C'est un fameux problème qui a été souvent agité dans les écoles des philosophes, si.... » ID. « Avant la naissance des hérésies, il ne faut pas attendre des Pères la même précaution dans leurs expressions que si les matières avaient déjà été agitées. » ID. « Exa- | minons en finissant cette question souvent agitée, s'il convient de traduire les poëtes en vers. » LAH. « Je vais à mon tour entrer dans quelques détails sur cette question souvent agitée, si la tragédie est plus difficile que la comédie. » ID. Les matières de la prédestination et de la grâce furent longtemps agitées dans le concile de Trente. VOLT.

α

Discuter, latin discutere, secouer dans tous les sens, examiner attentivement, annonce une action calme, réfléchie, exacte. « Sous Louis XIV, les projets étaient examinés dans le conseil, et leurs auteurs furent admis plus d'une fois à discuter leurs propositions avec les ministres en présence du roi. » VOLT. « J'ai tâché de suspendre l'indignation que m'inspirent ces maximes, pour les discuter paisiblement avec vous. » J. J. Au lieu de disputer, discutons.» BUFF. « Les orateurs de l'antiquité étaient des hommes qui étaient sortis des écoles de la philosophie, pleins des idées les plus profondes de la morale et de la politique, analysées, discutées, agitées dans tous les sens. MARM. « L'esprit philosophique fait mépriser les déclamations et les autorités, pour discuter le vrai avec exactitude. » VAUV. « Quelques-uns (des conspirateurs) étaient préteurs, et tenaient actuellement l'audience, écoutant les avocats avec toute la présence d'esprit possible, et discutant attentivement les affaires. » ROLL. Débattre, comme battre et combattre, bataille et combat, suppose de la chaleur et de la vivacité. « Jésus-Christ dit que celui qui annonce le royaume des cieux ne débat point, ne crie point, qu'on n'entend point sa voix dans les rues. » J. J. Fénelon dit de l'affaire du quiétisme, que c'est une cause célèbre, importante à la religion et vivement débattue.» « Les annates surtout furent débattues avec chaleur au concile de Constance.» COND. « Ce procès d'injures intenté à Voëtius fut débattu de part et d'autre avec assez d'ardeur.» DESC. « On voit ces deux opinions vivement débattues dans le livre de Cicéron intitulé Lucullus. » MARM. « L'affaire ayant été débattue avec beaucoup de chaleur,... » ROLL. « L'affaire fut mise en délibération dans le sénat,

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et débattue avec grande vivacité par les differe partis qui s'y élevèrent. » ID.

Quand on discute, on cherche à gagner leg frages; quand on débat, on prétend les empre Il faut être instruit pour bien discuter, et p sionné ou éloquent pour bien debattre. De discussion résulte la vérité, et du debat lar toire. On discute plutôt des questions et 2 causes théoriques ou générales, qui ément peu; on débat plutôt des questions et des can capables de toucher ou d'animer, des interes par exemple. « Les poètes ont soin de choisir u grandes causes à discuter, de grands intérêts . débattre. » MARM.

TRANCHANT, DÉCISIF, PÉREMPTOIRE. CE trois mots se disent également des raisons et de moyens de persuasion efficaces, qui ne permettent plus d'hésiter, de rester incertain.

Il y a dans ce qui est tranchant quelque chos de bref, de brusque, qui coupe court, qui produit son effet tout d'un coup. Il y a dans ce qui est décisif quelque chose de démonstratif, qu produit son effet sans faute, qui determine immanquablement la croyance. Il y a dans ce qui est péremptoire quelque chose qui périme, qui fait périr ou tomber l'opposition, qui fait cesser, non pas le doute proprement, mais la contestation ou la dispute.

Un mot tranchant; un raisonnement décisif; une réponse péremptoire.

Une raison tranchante en finit sur-le-champ, tout de suite, résout la question d'emblee, net. Une raison décisive en finit sûrement, résout la question d'une manière solide, concluante, qui fixe bien l'esprit. Une raison péremptoire en finit sans retour, est sans réplique, résout la question sans appel, sans rien laisser à repartir.

L'orateur a besoin de moyens tranchants pour emporter la conviction; de moyens décisifs pour parvenir à la tourner en sa faveur; de moyens péremptoires pour en rester maître sans aucune contradiction possible.

Avec ce qui est tranchant, l'effet est prompt; avec ce qui est décisif, il est nécessaire; avec ce qui est péremptoire, il est définitif.

TRANCHANT, DÉCISIF, DOGMATIQUE. Epithètes qualificatives des personnes hardies à juger.

Tranchant est de ces trois mots le plus fort. « Dans ce livre règne un air de suffisance, un ton décisif et tranchant. VOLT. « L'usage du monde et l'expérience lui ont ôté ce ton dogmatique et tranchant qu'on prend dans le cabinet. » J. J.

Ce que l'homme tranchant a de plus que le décisif et le dogmatique, c'est la prétention de maîtriser la croyance des autres: il veut imposer, il est sec, impérieux, rogue, despotique,

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Quand on veut de moi certaines attentions suivies qui me dérangent, je suis sec et tranchant FEN. « Très-poli dans la conversation, mais hardi et tranchant la plume à la main. VOLT. « Laissons en discutant le ton rogue et tranchant à nos frères les libellistes. BEAUM. Le despotisme tranchant du czar Pierre ne s'accommoda point de ce tempérament. » MARM. « Grimm était

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a rogant avec tout le monde.... A son ton natu- | est tranquille l'est par nature, essentiellement, ellement tranchant il ajouta la suffisance d'un arvenu. » J. J.

au

toujours; ce qui est calme l'est accidentellement, dans une occasion particulière. La mer Tranquille L'homme décisif l'est pour lui-même; il s'en (la mer de la Nouvelle-Zemble) est ainsi appelée, ait accroire, il est affirmatif, plein de confiance parce qu'elle n'est point sujette aux tempêtes; n ses lumières et en sa capacité, vain, mais non une mer est calme dans le cas où il lui arrive de as arrogant. « Rien n'est si décisif que l'igno- n'éprouver point de tempêtes. De même, ance; et le doute est aussi rare parmi le peuple figuré, on a naturellement l'âme tranquille que l'affirmation chez les vrais philosophes. » (J. J.), on est tranquille et contemplatif par J. J. «Il paraissait vain, et il avait l'esprit déci- tempérament (ID.), il y a des caractères doux et if.» LES. « Je vous déclare que je suis décisive, tranquilles, comme il y en a de violents (ID.), et que je n'attends point le jugement d'autrui on a un naturel tranquille et modéré (VOLT.); pour régler le mien. » DEST. « On nous accusera mais on a l'esprit calme dans une certaine situad'avoir été trop peu décisifs sur la préférence tion. Ne croyez pas qu'un expédient si violent qu'on croit due à l'auteur de Phèdre. » D'AL. On en apparence soit le fruit du désespoir, j'ai l'esn'accusera personne d'avoir été trop peu tran-prit très-calme en ce moment. » J. J. « J'ai comchant: tranchant indique toujours un défaut.

L'homme dogmatique ne diffère du décisif qu'en ce qu'il est prompt à juger seulement en matières de dogmes ou de doctrines, de sciences, de philosophie; c'est un pédant. « C'est la pro- | kz fonde ignorance qui inspire le ton dogmatique. : Celui qui ne sait rien croit enseigner aux autres ce qu'il vient d'apprendre lui-même. » LABR. « Je trouvai tous les philosophes fiers, affirmatifs, be dogmatiques, même dans leur scepticisme prétendu. » J. J. « Elle voudrait bien voir un bâillon de votre façon mis dans la bouche bavarde de ce professeur dogmatique. » VOLT. « Fidèle imitateur de la réserve de son maître, Platon se préserva toujours de cette affirmation tranchante qui caractérisait l'orgueil dogmatique de tant de sectes de philosophes. » LAH.

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1° TRANQUILLE, CALME; 2o POSÉ, RASSIS. Exempt de trouble et d'agitation.

Tranquille et calme ont une plus grande étendue de signification que posé et rassis. Ils se disent des choses, et non pas seulement de l'homme une eau tranquille ou calme, un lieu tranquille ou calme.

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mencé par des propos galants. Je m'attendais aux communes alarmes, aux cris perçants, à la colère, aux larmes; mais qu'ai-je vu? la fermeté, l'honneur, l'air indigné, mais calme avec grandeur. » VOLT. « On mène une vie tranquille, et non pas calme; calme ne s'applique point à un état durable. - « Au milieu de ce fracas, et des fanfares et des tambours, notre ami Freind avait repris la tranquillité que vous lui connaissez. Il était calme comme l'air dans un beau jour après un orage.» VOLT.

Tranquille est absolu; calme, relatif on est tranquille en soi; on est calme relativement à quelque chose, dans un péril, par exemple. Un général a un courage tranquille (VOLT.), simplement; et un courage inaltérable et calme au milieu du carnage (ID.). On dira bien absolument que les Anglais sont plus tranquilles que les Italiens; et, d'une manière particulière, en ayant égard à la diversité des impressions que la musi que fait sur eux : « La même musique produit des effets si différents sur les deux nations, l'une est si calme, et l'autre si transportée, que cela paraît inconcevable. » MONTESQ.

Tranquille, faisant considérer la personne indépendamment de toute relation, est propre à

Sitôt que du soir les ombres pacifiques
D'un double cadenas font fermer les boutiques...,
Que dans le Marché-Neuf tout est calme et tran-lui attribuer un défaut d'activité; calme, par la

quille,

Les voleurs à l'instant s'emparent de la ville.

BOIL.

Outre cela, quand il est question de l'homme, tranquille et calme qualifient sa manière d'être, posé et rassis sa manière d'agir. Il importe à la paix de notre âme et à notre bonheur que nous soyons tranquilles et calmes; à nos résolutions

et

notre conduite, que nous soyons posés et rassis. Tranquille ou calme, un homme est, se trouve, reste, vit sans trouble et sans agitation; posé ou rassis, un homme juge, raisonne, se comporte, fait des démarches, sans trouble et sans agitation. Un homme tout à fait incrédule ne peut se procurer le repos de l'esprit, se mettre dans une situation qui rend un esprit calme et tranquille (BOURD.). « Un général doibt estre provident et bien advisé, et par ainsi rassis, froid, posé, eslongné de toute témérité et précipitation. » CHARR.

α

1° Tranquille, calme. Qui est dans un état exempt de trouble et d'agitation.

raison contraire, la représente comme manquant
de sensibilité, comme impassible. Un homme
tranquille signifie quelquefois l'opposé d'un
homme remuant, turbulent, inquiet; tenez-vous
tranquille, c'est-a-dire gardez-vous ou abstenez-
vous d'agir. Un homme calme est inaccessible aux
impressions; à la différence de l'homme tran-
quille qui ne s'émeut pas, il ne se laisse pas
emouvoir. « Autant que le premier Denys avait
été vif et entreprenant, autant le second était-il
paisible et tranquille. » ROLL.

Mornai, parmi les flots de ce torrent rapide,
S'avance d'un pas grave et non moins intrépide;
Incapable à la fois de crainte et de fureur,
Sourd au bruit des canons, calme au sein de l'hor-

reur,

D'un œil fermé et stoïque il regarde la guerre
Comme un fléau du ciel, affreux, mais nécessaire.
VOLT.

2o Posé, rassis. Qui pense et agit d'une manière exempte de trouble et d'agitation.

Posé, qui va posément, sans précipitation, a surtout rapport à l'extérieur. On dit un air posé Tranquille est absolu; calme, relatif : ce qui (MoL., DEST., MARM.), un ton pose (J. J.).

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