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Dans la jeuneffe il avoit fait fur la vipere un poëme latin, qui fit beaucoup Charas étoit bon littérateur.

de bruit.

Il mourut en 1698.

XI. Eloge de Roëmer.

Olaüs Roemer naquit à Copenhague en 1644. Il travailla d'abord, fous Bartholin, à mettre en ordre les manufcrits de Ticho - Brahé. Picart vit Roemer en Danemarck en 1672, & l'attira en France. Il v fut bientôt ady mis au nombré des Académiciens. Les édits contre les proteftants l'obligerent à quitter la France en même temps que Huyghens. Il retourna en Danemarck, où le Roi le nomma fon Aftronome. Après avoir amaffé pendant dix-huit ans des obfervations faites avec une précifion & une fagacité peu communes, il se préparoit à en donner les réfultats, lorsqu'il mourut le 19 Septembre 1710.

Tels font les éloges que contient l'ouvrage que nous annonçons. Mr. le Marquis de Condorcet y a inféré une foule M 6 d'ob

d'obfervations & de réflexions importantes fur les divers objets de fciences qu'ont cultivé les favans dont il parle; & nous exhortons nos lecteurs à ne pas fe borner à cette notice. Ils trouveront à la fin du volume une lifte alphabétique des membres de l'ancienne Académie.

O.

DAS

DAS LEBEN UND DIE MEINUNGEN DES HERRN MAGISTER SEB ALDUS NOTHANKER. Erfter Band.

C'est à dire :

LA VIE ET LES OPINIONS DE MAîTRE SEBALDUS NOTHANKER. Premier volume.

C

X

Ne roman, dont il ne paroît encore que le premier volume, a pour but de tourner en ridicule, & même de rendre odieux, les eccléfiaftiques qui perfé. cutent leurs confreres à caufe qu'ils ont des opinions différentes des leurs. L'Auteur prend fon Héros au moment où il commence à vivre avec fon épouse, moment auquel le laisse le petit poëme intitulé Wilhelmine, dont ce roman eft la fuite.

Tous les événements qu'on trouve dans cet ouvrage, font encore difpofés de maniere à donner lieu à des réflexions & à des raisonnements qui regardent prin

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principalement l'état de la littérature en Allemagne.

Nous nous contenterons d'en extraire deux portraits qui nous ont paru bien deffinés, & une converfation qui peint bien les caractères des interlocuteurs, du moins à notre avis.

Maître Sebaldus Nothanker fe trouve par une fuite d'avantures dans le cas de cacher dans une miférable cave, où il habite, le fils de fon mortel ennemi. Ce jeune homme s'étoit enrôlé dans un moment d'ivreffe, & avoit déferté même avant de joindre le régiment. Maître Sebaldus Nothanker eft faifi & jetté dans un cachot avec le déferteur; mais bientôt il en eft retiré par un bas-officier qui le reconnoît pour ce Miniftre qui avoit procuré dix belles recrues au régiment par un fermon fur le devoir de mourir pour le fervice de la patrie.

Le bas-officier mene fon protégé devant le Major du régiment. Voici le portrait du Major traduit auffi fidélement que nous l'avons pu, ainfi que la converfation qui le fuit.

,,Le

,,Le Major étoit un homme de foi,,xante & quinze ans, qui avoit paffé "par tous les grades, & avoit pris le ,,parti des armes à quinze ans. Il étoit ,,brave comme fon épée, mais fi l'on ,,avoir examiné fes principes moraux ,,d'après l'introduction de Miller à la ,,Morale de Mosheim, on les auroit trou,,vés très incohérents & très - contra,,dictoires. Il ne croyoit point à l'im,,mortalité de l'ame, & cependant il ne ,,fe foucioit point de fa vie, l'expofant ,,inceffamment fans néceffité. Il n'étoit ,,pas fort religieux, & ne louoit guere ,,l'état eccléfiaftique, & cependant il ,,l'honoroit & le protégeoit plus que ,,tous les autres. Rarement alloit - il ,,à l'églife, mais il obligeoit fes foldats ,,à s'acquitter régulierement de ce de,,voir. Il juroit & maudiffoit fouvent, ,,mais aucun fubalterne n'ofoit l'imiter ,,en fa présence. Il étoit chafte par ,,tempérament, mais il faifoit obfer,,ver continuellement un jeune foldat qui ,,n'avoit jamais aimé de fille, par ce - » qu'il

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