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plûpart de ceux qui nous parlent d'un état de nature, femblent ne s'en être fait aucune idée. Les hommes ne font pas dégénérés; au contraire, leur raifon n'a pas encore été fuffifamment développée.

U.

ÉLO.

ÉLOGES DES

ACADÉMICIENS

DE

L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIEN CES morts depuis 1666 jufqu'en 1699: par le Marquis de Condorcet, de la même Académie, & de la Société royale de Turin: à Paris, 1773. 1 vol. in 12.

Ce

ces.

Nes éloges ont été présentés par l'Auteur à l'Académie royale des fcienMeffieurs d'Alembert & l'Abbé Boffut ont été chargés en conféquence de les examiner & d'en faire leur rapport à la compagnie, qui les a adoptés & jugés dignes de l'impreffion. Cet ouvrage manquoit à l'hiftoire des fciences. Mr. de Fontenelle fut par la réglement de 1699 chargé de faire les éloges des Académiciens morts, en fa qualité de fecrétaire; & il s'en eft acquitté jufqu'en 1742. Mais les fçavans morts avant 1699 n'ont point eu d'éloge. C'est cette lacune que Mr. le Marquis de Condorcet a effayé de remplir. Il avoue qu'au bout d'un fi long efpace de temps il lui

a été fouvent impoffible de rien découvrir fur la vie privée des Académiciens qui font l'objet de fon travail, & qu'il a été obligé de borner leur hiftoire à une courte notice de ce qu'ils ont fait dans les fciences.

Nous allons parcourir ces différents éloges, & en faire paffer fous les yeux de nos lecteurs les traits les plus remarquables.

I. Eloge de la Chambre.

Marin Cureau de la Chambre, Médecin ordinaire du Roi, naquit au Mans vers 1613. Le Chancelier Séguier fe l'attacha. La confiance de ce miniftre fourniffoit à la Chambre le moyen d'être utile aux gens de lettres; & il en faififfoit avidement toutes les occafions. Il étoit bien éloigné de dédaigner les fciences, après avoir fait fortune par elles; efpece d'ingratitude qui n'eft malheureufement que trop commune. Le Cardinal de Richelieu lui donna une place dans l'Académie françoife, lors de fon

éta

établiffement en 1635: il le chargea en 1640 de répondre au livre de Horfent, en faveur des prétentions de la Cour de Rome. La Chambre intitula le fien, philalethes, ami de la vérité. Les ouvrages de phyfique, dont on trouve la lifte dans l'hiftoire de l'Académie françoife, font entiérement oubliés. Ils font écrits d'un ftyle moins inintelligible que celui des écoles; mais on y rencontre des traits de ce bel efprit bourgeois & pédantesque, qui infectoit alors tous nos livres de profe, hors ceux de Defcartes & de Pafcal. Notre la Chambre avoit entrepris un grand ouvrage: L'art de connoître les hommes; ou n'en a imprimé que le fyfteme de l'ame. Ce livre eft rempli d'affertions étranges; & non feulement l'Auteur ne fut point perfécuté, mais il n'en eut pas moins la réputation d'un homme religieux. promettoit encore un commentaire fur Hippocrate & une traduction de la phyfique d'Ariftote; mais il n'a laiffé qu'un difcours préliminaire & le premier des

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huit livres de la phyfique. La Chambre mourut le 29 Novembre 1675.

II. Eloge de Roberval.

Gilles Perfone naquit en 1602 au village de Roberval, diocefe de Beauvais; & il a porté dans la fuite le nom du lieu de fa naiffance. Il vint à Paris en 1629. On a de lui un ouvrage de phyfique, intitulé, Ariftarque de Samos. Il fut l'ennemi déclaré de Defcartes, & fit contre fa géométrie des objections, telles qu'on ne peut croire qu'un fi habile géometre les ait propofées de bonne foi. Il le furpaffa cependant quelquefois, & fut lui prouver qu'il méritoit auffi d'être compté parmi les géometres. Une vanité mal entendue nuifit à la réputation & au repos de Roberval. Pourquoi fautil que tant d'hommes, faits pour contribuer aux progrès des fciences, perdent à combatre un homme fupérieur, les forces qu'ils ne devroient employer que con tre la réfiftence de la nature, & facrifient fi miférablement à une petiteffe

d'a

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