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continu de chaleur, qui peut es.* en faire la perfection.

Les cir

Enfin la troifieme regle, à laquelle font affervis les récits pathétiques, c'est que le ftyle en foit vif & ferré. conftances doivent fe précipiter les unes fur les autres. Chacune doit être préfentée avec le moins de mots qu'il eft poffible. Il n'y a point de véhémence fans rapidité. Toute defcription, toute réflexion épifodique fera exclue. La paffion va toujours à fon but par le plus druit chemin. Elle ne s'arrête point, elle ne fe détourne point fur fa route. Décrire avec trop de foin une ou deux circonftances entre plufieurs également ou peut-être plus frappantes, c'eft manquer le caractere de la paffion; c'eft enclaver mal à propos une ou deux defcriptions dans une plus étendue; c'est diftraire notre attention; c'eft rallentir l'impreffion qui fe faifoit fur nous; c'est par conféquent la détruire, puifqu'elle ne fe peut faire qu'à l'aide d'une chaleur tou jours croiffante. Les réflexions, les

fimples pensées mêmes font encore bien plus condamnables. La paffion ne les connoît abfolument point dans les premiers inftants de fon défordre. Elle n'a.. que des mouvements.

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POÉSIES TIRÉES DES SAINTES ÉCRITURES, DÉDIÉES A MADAME LA DAUPHINE, PAR M. DE REYRAC, Chanoine régulier de la congrégation de chancelade, Prieur - Curé de St. Sulpice & St. Maclou d'Orléans; des Académies des Sciences de Toulouse & de Bordeaux. A Paris, chez Délalain Libraire, rue & à côté de la Comédie françoife, 1772.

I vol. in 12.

L

es odes qui compofent ce recueil, font tirées, pour la plûpart, des Pleaumes. Les autres font prifes des Prophetes. Mr. de Reyrac ne s'eft point aftreint à traduire: il s'eft bien plus attaché à faifir l'efprit, à rendre les images, à fe pénétrer de l'onction touchante des Prophetes, qu'à les verfifier froidement & d'une maniere fervile & trainante. Son but, en publiant ces poéfies, a été d'être utile aux perfonnes pieufes, & d'infpirer à la jeuneffe le goût de la vertu & l'amour des vérités de la reli

gion. Il fe plaint avec raifon de ce que dans l'éducation, on garde un filence profond fur l'écriture, fur les écrits fi fublimes de Moife, de David & d'Ifaie (*). Gravés de bonne heures dans les cœurs des enfants, des écrits fi

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purs

refferre

roient chaque jour plus étroitement les nœuds facrés qui les attachent à l'être fuprême & aux puiffances. Tous les ,,âges, toutes les conditions y puiferoient des principes fürs & des reffour,, ces infinies. La jeuneffe en deviendroit , plus aimable & plus fenfée; la vieilleffe plus douce; l'amitié plus délicieuse & plus conftante. Les devoirs de toute ef„, pece, mieux connus, feroient plus refpectés & mieux remplis. On n'exalteroit ,, pas avec tant d'enthoufiafme cette philofophie du fiecle; & l'on verroit plus de vrais philofophes. On prononceroit ,, moins les grands mots de patrie & d'hu,,manité; mais on ferviroit mieux la pre,, miere, & l'autre feroit plus honorée.

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Un

(*) Difc. Prélim.

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Un pere tranfmettroit à ses enfants, avec ,, le dépôt de la foi, l'amour inviolable de ,,fon Roi, & les fentiments honnêtes qu'il

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auroit lui-même reçu de fes ancêtres. On ,, ne foumettroit point aux loix du calcul ,, des myfteres profonds. La religion ré,,vélée, qui eft le plus ferme lien de la ,, paix & de l'ordre chez les hommes, ne trouveroit dans l'univers que des efprits ,, auffi foumis qu'éclairés; & il n'y auroit ,, que des ignorants ou des cœurs corrom,, pus, qui blafphémeroient contre fa morale & fes dogmes. Les fouverains, en ,,jettant les yeux du haut de leur trône ,, fur la vaîte étendue de leurs domina,, tions, n'y appercevroient que des peu ples fideles, & des gens de lettres pacifiques & vertueux. L'homme enfin, eftimé de fes femblables, ne rencontreroit parmi eux que des modeles & des bienfaiteurs."

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Il eft encore d'autres avantages précieux téfervés à l'écriture, & qui lui font fingulierement propres. Ceux qu'elle offre à l'efprit ne le cedent point à

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