agréable dans des affaires pour lesquelles il faut de la raifon & de la jufteffe d'ef prit, d'avoir à traiter avec des personnes intelligentes qui faififfent aifément les chofes, il ne l'eft pas moins, quand il s'agit d'objets où il faut de la délicateffe. de fentiment, d'avoir à faire avec des hommes de goût, parce qu'ils fentent vivement ce qui eft bon & convenable, pendant que le défaut de goût ferme tous les chemins par lefquels on pourroit pénétrer dans l'ame. Un goût faux & petit eft prefque plus dangereux encore; quand une fois il s'eft rendu maître des efprits, on employe envain avec eux l'éloquence, la poéfie, la mufique & tous les autres arts. On a à faire à des fophiftes que l'on ne peut réduire par aucun argument, qui ont toujours. quelque fubtilité toute prête pour se tirer d'embarras. Ces mauvais effets font auffi produits par un goût de mode purement arbitraire, qui ne trouve rien de beau qué ce qui eft conforme aux regles imaginai res d'une beauté chimérique; il ne juge

point d'après des principes, ou d'après le fentiment naturel; mais il compare tout, comme la coupe des habits, à la forme à laquelle on s'eft habitué, & rejette même l'excellent par la feule raifon qu'il n'eft point à la mode.

MÉMOIRES POUR SERVIR A L'HIS

TOIRE DU MONDE MORAL ET PO

LITIQUE.

The true knowledge of Mankind is Man. (Pope). A Amfterdam, chez D. J. Changuion, 1772. Un volume in 12mo. de 196 pages, fans l'introduction, qui eft de 32 pages.

Voici

oici un livre qui mérite d'être connu. Nous en aurions parlé plutôt fi nous n'avions pas attendu la feconde partie qui devoit paroître inceffamment après la premiere, & qui n'a pas encore paru.

Nous donnerons d'abord une idée générale de tout l'ouvrage, que nous puiserons dans l'introduction de notre Auteur; nous nous fervirons de fes propres termes, autant que nous le Enpourrons. fuite nous expoferons en peu de mots le contenu des deux livres qui compofent la premiere partie.

L'Au

"

L'Auteur qui a vulu garder l'anonyme; fe propofe dans cet ouvrage, qui confiftera dans une fuite de traités, de donner une analyse de l'ame humaine; d'en faire l'hiftoire, finon complette, ,, du moins en partie; de faifir, s'il eft ,,poffible, on n'ofe pas dire les premiers principes de nos paffions, mais au moins quelques phénomenes par lefquels ,, on puiffe expliquer tout ce qui regarde ,, nos paffions, nos vertus, & nos vices; de les ramener ainfi à leur fimplicité », primitive, & d'ouvrir par là une nou" velle route pour traiter la morale avec », plus de dignité & d'une maniere plus

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créé

Car il eft incontef

utile à la fociété. ,,table que jufqu'ici on a trop multiplié ,, les principes des paffions & des opérations de l'ame humaine: on a prefque pour chacune un principe à part; ,, ce qui n'a pas laiffé que de jeter beau,, coup d'obscurité fur plufieurs parties ,, de la morale & de la politique. Il y ,, apparence que le moral, de même que ,,le phyfique de ce monde, eft conduit

a

"} avec

"

,, avec plus de fimplicité. On fera voir dans la fuite qu'au lieu de lever les dif

"

ficultés & de délier le nœud gordien, ,, on n'a fait autre chofe que le couper tout court. Les mêmes principes que

"

le

nous établiffons au commencement de ,, cet ouvrage, nous ferviront monde politique, comme pour le mon

"

pour

,, de moral; & quand même ce ne feroient que de fimples phénomenes, ils feroient toujours de la plus grande uti,,lité, fi par ce moyen on pouvoit parvenir à expliquer ce qui avoit embarraffé jufqu'ici, foit dans le moral foit dans le politique.

Le but de l'Auteur n'a pas été de faire un livre agréable. A cette occafion il fait des réflexions fenfées fur ce qu'on appelle l'esprit, fur ces traits faillants qui éblouiffent dans le moment qu'ils paffent, mais qui ne laiffent point de traces après eux.

Voici la méthode qu'on s'eft propo,,fé de fuivre dans cet ouvrage: on comdonner une histoire mora

"2 mencera par

,, le