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«Oh! pour cela, de vous j'ai douté bien souvent, "Mon Dieu ! Mais j'écartai ce désespoir funeste; «Car je suis jeune encore, un fils encor me reste. «Eh bien! ce fils? » Grand Dieu, m'écriai-je, ce fils "Est-il mort? » – Non, oh! non, il vit puisque je vis! « Mais, mon ami, ce fils à présent m'épouvante ! « Je ne sais quelle idée affreuse, décevante, « Dévaste maintenant tous ces jeunes esprits;

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<< Mais d'une mort brutale ils semblent tous épris. « Ce n'est pas désespoir d'un amour qu'on méprise, "Ou folle ambition dont leur ame est éprise,

« Ou misère, ou malheur, ou crainte de souffrir, «Je ne sais, ce n'est rien : ils meurent pour mourir. << Ici, quand par hasard un journal homicide << Raconte, en ses détails, quelque affreux suicide, « Il le lit plusieurs fois, puis il rêve long-temps; << Et lorsque j'interromps ce rêve que j'entends, << Il me répond, à moi, sans changer de visage : « Cet homme-là, ma mère, avait un grand courage! «En vous, ô mon ami, j'ai confiance et foi :

<< Puisqu'il est sans pitié, prenez pitié de moi. «Pauvre femme perdue en ma douleur profonde, « Je suis trop triste, hélas; je ne sais plus le monde. « Vous êtes jeune encore et vous devez savoir

« Quels vœux et quels désirs cet enfant peut avoir; "Il faut les deviner, il faut les satisfaire.

« Hélas! pendant long-temps, moi j'ai voulu le faire! «Seule, je l'ai tenté, mais de sévères voix

« Sur moi cruellement ont parlé quelquefois. << Quand j'appelais ici les concerts et les fêtes, « Mélant mes cheveux gris parmi de blondes têtes, << On se riait de moi! Vous, il faut le sauver. «S'il veut jouer, qu'il joue... Aime-t-il une femme << Indigne, il peut l'aimer: malgré sa vie infâme, «<< S'il veut me l'amener, je la recevrai bien : << Veut-il du luxe? hélas! qu'il prenne tout mon bien. « Donnez-lui, quoi que soit ce que son cœur envie, « Un amour qui lui fasse au moins aimer la vie ! << Lui faut-il que je meure... eh! je mourrai bientôt...

«

Non, je le sauverai,» répondis-je. Ce mot
N'était pas prononcé qu'un bruit épouvantable
Vient nous glacer tous deux d'une crainte effroyable.
Je cours, et, dans sa chambre, étendu sur son lit,
Mis avec soin, vêtu de son plus bel habit,
Le jeune homme gisait, la tête fracassée !!!
Je cherche, pour savoir la funeste pensée
Qui, si jeune, lui fit désirer le tombeau,

Et je trouve un papier rangé près d'un flambeau
Et j'y lis ces seuls mots, sous le sang que j'essuie :
« Je meurs, pardonnez-moi, ma mère, je m'ennuie. »

Oh! barbares enfans, que si le lendemain
Vous eussiez près de moi parcouru le chemin

Où marchaient les cercueils du fils et de la mère,
Vous auriez pour mourir la main bien moins légère.

FREDERIC Soulié.

TABLE DES MATIÈRES.

Vieux Voyageurs français. — Ives d'Évreux, par M. Fer-
Dinand Denis.

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- Roman, par M. Jules de Saint-Félix.

Pages.

Visite fiscale dans le département de la Mayenne, par
M. Frédéric Soulié
Esquisses et portraits.

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- II. Lady Graham

Notre Ami le Juste-Milieu, par M. Louis de Maynard.
Guillaume d'Orange, par M. A. Barchou de Penhoen
Mon voyage à Brindes.

Au directeur de la Revue de

Paris, par M. Jules Janin

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Lettre à un ami de la province sur quelques livres nou-

veaux, par M. Ad. Guéroult

.

Vera-Cruz (Journal d'un Voyageur)

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74

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Un Bal sous Louis XIV, par M. Paul de Musset.

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Les comtes de Gowrie, par M. Gra-

Paris au bord de l'eau. Du pont de Bercy au Pont-neuf,
par M. Paul Vermond

Lettre inédite de Louis Lambert, par M. H. de Balzac.
Poésies populaires de nos provinces. Goudouli.-Des-
pourrins. La Monnoye, par M. X. Marmier
Italie. Sienne. Radicoffani.

Rome, par M. Méry.

--

Paris au bord de l'eau (2e article), par M. Paul Vermond. 293
Une Mère, poésie, par M. Frédéric Soulié

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