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(Moniteur, No. 321.-Mardi, 8 Août, 1797.)

DIRECTOIRE EXÉCUTIF.-ARMÉE D'ITALIE.

Buonaparté, Général en. Chef, de l'Armée Italie, au Directoire Exécutif.—Au Quartier-Général de Milan, le 14 Thermidor, l'an 5 de la République Françoise, une et indivisible.

Citoyens Directeurs,

Après quinze jours d'une navigation assez heureuse, la flotte qui étoit partie de Venise, composée de plusieurs vaisseaux de ligne et de quelques frégates, sous les ordres du Capitaine Bourdé, ayant à bord quelques troupes de débarquement, commandées par le Général Gentilly, a mouillé dans la rade de Corfou. Quatre bâtimens de guerre Vénitiens, qui s'y trouvoient, ont augmenté notre escadre.

Le 10 Messidor, nos troupes ont débarqué, et pris possession des forts de Corfou, où elles ont trouvé 600 pièces de canon, la plus grande partie en bronze.

Un peuple inmense étoit sur le rivage, pour accueillir nos troupes avec les cris d'allégresse et d'enthousiasme qui animent les peuples lorsqu'ils recouvrent leur liberté.

A la tête de tout ce peuple étoit le Papa, ou chef de la religion du pays, homme instruit et déjà d'un

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âge avancé; il s'approche du Général Gentilly, et lui dit :

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François, vous allez trouver dans cette île un peuple ignorant dans les sciences et les arts qui illustrent les nations: mais ne le méprisez pas pour cela; il peut devenir encore ce qu'il a été : apprenez, en lisant ce livre, à l'estimer." Le général ouvrit avec curiosité le livre que lui présentoit le papa, et il ne fut pas peu surpris en voyant que c'etoit l'Odyssée d'Homère.

Les île de Zante, Céphalonie, Saint-Maure, ont le même désir et expriment le même vou, les mêmes sentimens pour la liberté. L'arbre de la liberté est dans tous les villages.

Des municipalités gouvernent toutes les communes, et ces peuples espèrent qu'avec la protection de la Grande Nation, ils recouvreront les sciences, les arts et le commerce qu'ils avoient perdu sous la tyrannie des oligarches.

L'île de Corcyre étoit, selon Homère, la patrie de la princesse Nausicaa. Le citoyen Arnaud, qui jouit d'une réputation méritée dans les belles lettres, me mande qu'il va s'embarquer pour faire planter le drapeau tricolore sur les débris du palais d'Ulysse. Le chef des Maniotes, peuple vrai descendant des Spartiates, et qui occupe la péninsule où est situé le cap Matapan, m'a envoyé un des principaux du pays, pour marquer le désir qu'il auroit de voir dans son port quelques vaisseaux François, et d'être utile en quelque chose au grand peuple. Je lui ai ré

pondu la lettre dont vous trouverez ci-joint la

copie.

(Signé)

BUONAPARTÉ.

Copie de la Lettre du Général Buonaparté au Chef des Maniotes.-De Milan, le 12 Thermidor,

an 5.

Le Consul de la République Françoise à Trieste m'a instruit de l'attention qu'avoit eue, votre Seigneurie, de m'envoyer une députation pour me faire connoître le désir qu'elle avoit de voir dans son port des bâtimens François, et d'être de quelqu'utilité aux braves soldats François de l'armée d'Italie.

Les François estiment le petit mais brave peuple Maniote, qui seul de l'ancienne Grèce a su conserver sa liberté. Dans toutes les circonstances qui pourront se présenter, ils lui donneront toujours des marques de leur protection, et prendront un soin particulier de favoriser ses bâtimens et tous ses ci toyens.

Je prie votre Seigneurie d'accueillir agréablement les porteurs de la présente, qui ont le plus grand désir de voir de plus près les dignes descendans de Sparte, auxquels il n'a manqué, pour être aussi res nommés que leurs ancêtres, que de se trouver sur un plus vaste théâtre.

La première fois que quelqu'un des parens de votre Seigneurie auront occasion de venir en Italie,

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je la prie de vouloir bien me les adresser. J'aurai un vrai plaisir à leur donner des marques de l'estime

que j'ai pour votre personne et vos compatriotes.

(Signé) BUONAPARTÉ.

(Moniteur, No. 5, Mardi, 26 Septembre, 1797.)

ARMÉE D'ITALIE.

Buonaparté, Général en Chef de l'Armée d'Italie, aux Soldats et Citoyens de la Huitième Division Militaire.

Soldats et citoyens de la huitième division militaire,

Le Directoire Exécutif vous a mis sous mon commandement militaire.

Cette tâche pénible pour moi sera utile à votre tranquillité.

Je connois le patriotisme du Peuple des départemens méridionaux. Des hommes, ennemis de la liberté, ont en vain cherché à vous égarer.

Je prends des dispositions pour rendre à vos belles contrées le bonheur et la tranquillité.

Patriotes républicains! rentrez dans vos foyers. Malheur à la commune qui ne vous protégera pas ; malheur aux corps constitués qui couvriroient de l'indulgence le crime et l'assassinat!

Et vous, généraux, commandans des places, officiers, soldats, vous êtes dignes de vos frères d'armes d'Italie. Protégez les républicains, et ne souffrez pas que des hommes couverts de crimes, qui ont livré Toulon aux Anglois, qui nous ont obligés à un siége long et pénible, qui ont, dans un seul jour, incendié treize vaisseaux de guerre, rentrent et nous fassent la loi!

Administrateurs municipaux, juges de paix, descendez dans votre conscience. Etes-vous amis de la République, de la gloire nationale? Etes-vous dignes d'être les magistrats de la grande nation? Faites exécuter les lois avec exactitude, et sachez que vous serez responsables du sang versé sous vos yeux. Nous serons vos bras, si vous êtes à la constitution et à la liberté; nous serons vos ennemis, si vous n'êtes que les agens de Louis XVIII et de la cruelle réaction que soudoie l'or de l'étranger. (Signé) BUONAPARTÉ,

Buonaparté, Général en Chef-Au Quartier-Gbnéral de Passeriano, le 26 Fructidor, an 5.

Soldats!

Nous allons célébrer le 1er Vendémiaire, l'époque la plus chère aux François; elle sera un jour bien célèbre dans les annales du monde.

C'est de ce jour que date la fondation de la Ré

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