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FAUNESSE, BUSTE EN MARBRE ATTRIBUÉ A SARRASIN.

pour le cardinal Hercule de Fleury, qui n'avait rien de commun avec l'Hercule de la Fable. Il eût mieux valu, dans le salon d'un roi de France, représenter l'apothéose de Henri IV. Le Moine, envié de ses confrères et se croyant mal récompensé du cardinal, se tua de désespoir en 1737.

Quelques autres ont excellé à peindre des ani

maux, comme DESPORTES et OUDRY; d'autres ont réussi dans la miniature; plusieurs dans le portrait.

Quelques peintres, et surtout le célèbre VANLOO, se sont distingués depuis dans de plus grands genres, et il est à croire que cet art ne périra pas.

SCULPTEURS, ARCHITECTES, GRAVEURS, ETC.

La sculpture a été poussée à sa perfection sous Louis XIV, et s'est soutenue dans sa force sous Louis XV. SARRASIN (Jacques), né en 1598, fit des chefs-d'œuvre à Rome pour le pape Clément VIII. Il travailla à Paris avec le même succès. Mort en 1660.

Collection de Mme Moreau Nélaton.)

PUGET (Pierre), né à Marseille en 1623, architecte, sculpteur et peintre; célèbre par plusieurs chefs-d'œuvre qu'on voit à Marseille et à Versailles. Mort en 1694.

LE GROS et THÉODON ont embelli l'Italie de leurs ouvrages. Ils firent chacun à Rome deux modèles qui l'emportèrent au concours sur tous les autres, et qui sont comptés parmi les chefs-d'œuvre. Le Gros mourut à Rome

en 1719.

GIRARDON (François), né en 1638, a égalé tout ce que l'antiquité a de plus beau, par les Bains d'Apollon et par le Tombeau du cardinal de Richelieu. Mort en 1715.

Les COYSEVOX et les CoUSTOU, et beaucoup d'autres, se sont très distingués, et sont encore surpassés aujourd'hui par quatre ou cinq de nos sculpteurs modernes.

CHAUVEAU, NANTEUIL, MELLAN, AUDRAN, EDELINCK, LE CLERC, les DREVET, POILLY, PICART, DUCHANGE, Suivis encore par de meilleurs artistes, ont réussi

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ANTOINE COYSEVOX.

(D'après le portrait de G. Allou. Musée de Versailles.)

ces les ordonnent. Plus d'un bon
MANSARD (François) a été un
des meilleurs architectes de l'Eu-
rope. Le château ou plutôt le
palais de Maisons, auprès de
Saint-Germain, est un chef-
d'œuvre, parce qu'il eut la li-
berté entière de se livrer à son
génie.

MANSARD (Jules-Hardouin), son neveu, fit une fortune immense sous Louis XIV, et fut surintendant des bâtiments. La belle chapelle des Invalides est de lui. Il ne put déployer tous ses talents dans celle de Versailles, où il fut gêné par le terrain, et par la disposition du petit château, qu'il fallut con

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On reproche à la ville de Paris

dans les tailles-douces, et leurs estampes ornent, dans l'Europe, les cabinets de ceux qui ne peuvent avoir des tableaux.

De simples orfèvres, tels que Claude BALIN et Pierre GERMAIN, ont mérité d'être mis au rang des plus célèbres artistes, par la beauté de leur dessin et par l'élégance de leur exécution.

Il n'est pas aussi facile à un génie né avec le bon goût de l'architecture de faire valoir ses talents qu'à tout autre artiste. Il ne peut élever de grands monuments que quand des prinarchitecte a cu des talents inutiles.

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PIERRE PUGET, PAR LUI-MÊME.

Musée d'Aix.)

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BRAS DE LUMIÈRE PROVENANT DU

CHATEAU DE VERSAILLES.

(Collection de M. Charles Rossigneux.)

de n'avoir que deux fontaines dans le bon goût : l'ancienne, de Jean Goujon; et la nouvelle de Bouchardon; encore sont-elles toutes deux mal placées. On lui reproche de n'avoir d'autre théâtre magnifique que celui du Louvre, dont on ne fait point d'usage, et de ne s'assembler que dans des salles de spectacle sans goût, sans proportion, sans ornement, et aussi défectueuses dans l'emplacement que dans la contruction, tandis que des villes de province donnent à la capitale des exemples qu'elle n'a pas encore

suivis.

La France a été distinguée par d'autres ouvrages publics d'une plus grande importance: ce

sont les vastes hôpitaux, les magasins, les ponts de pierre, les quais, les immenses levées qui retiennent les rivières dans leur lit, les canaux, les écluses, les ports, et surtout l'architecture

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militaire de tant de places frontières, où la solidité se joint à la beauté. On connaît assez les ouvrages élevés sur les dessins de PERRAULT, de LEVAU et de DORBAY.

L'art des jardins a été créé et perfectionné par LE NOSTRE pour l'agréable, et par LA QUINTINIE pour l'utile. Il n'est pas vrai que Le Nostre ait poussé la simplicité jusqu'à embrasser familièrement le roi et le pape. Son élève Collineau m'a protesté que ces historiettes rapportées dans tant de dictionnaires sont fausses; et on n'a pas besoin de ce témoignage pour savoir qu'un intendant des jardins ne baise point les papes et les rois des deux côtés.

La gravure en pierres précieuses, les coins des médailles, les fontes des

(D'après le dessin de Bérain. Musée du Louvre.)

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cacactères pour l'imprimerie, tout cela s'est ressenti des progrès rapides des

autres arts.

Les horlogers, qu'on peut regarder comme des physiciens de pratique, ont fait admirer leur esprit dans leur travail.

On a nuancé les étoffes, et même l'or qui les embellit, avec une intelligence et un goût si rares, que telle étoffe qui n'a été portée que par le luxe méritait d'être conservée comme un monument d'industrie.

Enfin le siècle passé a mis celui où nous sommes en état de rassembler en un corps et de transmettre à la postérité le dépôt de toutes les sciences et de tous les arts, tous poussés aussi loin que l'industrie humaine a pu aller c'est à quoi a travaillé une société de savants remplis d'esprit et de lumières. Cet ouvrage immense et immortel semble accuser la brièveté de la vie des hommes. Il

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(D'après un portrait attribué à Cl. Lefebvre. Musée de Versailles.)

d'œuvre des artistes qui y figurent et même point. Le cadre de ce volume ne nous le permettait pas. Autrement, il eût allu le consacrer tout entier à ce sujet et aux reproductions qu'il comportait. Et c'était refaire en grande partie le beau livre que M. Genevay a composé en 1886 avec le Style Louis XIV.

Nous avons préféré appeler l'attention de nos lecteurs sur les peintres et les sculpteurs que Voltaire ne nomme pas ou ne semble pas estimer à leur valeur. C'est ainsi qu'en peinture nous évoquons le souvenir, négligé par Voltaire, de Philippe de Champagne par l'une de ses plus belles œuvres, que, parmi les sculpteurs, nous nous sommes

A cette liste de Voltaire, si intéressante par ses omissions même et les jugements qui parfois surprennent, nous aurions. voulu joindre les principaux chefsde très grands qui n'y figurent

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VASE A GLACE DU XVII SIÈCLE, EN CUIVRE CISELÉ.

(Collection de M. Edmond Guérin.)

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