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DLII.

jaloux, et de peuples également instruits dans Il ne faut pas autant d'acquit pour être habile leurs intérêts, par les arts, ou par le commerce, la politique et dans la guerre, et aussi liés par que pour le paroître. qu'ils sont séparés par leurs limites.

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DLXXV.

On oublie un affront qu'on a souffert, jus

· Égaler. L'auteur emploie toujours cette locution; c'est une faute. Il faut égaliser. B.

De s'en revancher est une expression défectueuse, et il auroit mieux valu dire, d'en prouver sa reconnoissance. Mais la pensée, pour être exprimée incorrectement, n'en est pas moins belle, et n'en méritoit pas moins d'être conservée. F. vancher; tel est le texte de l'édition donnée en 1797 par M. de Fortia sur les manuscrits de l'auteur. On lit dans l'édition de 4806 et dans celle de 4820 revenger: c'est une faute. B.

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Nous nous persuadons quelquefois nos propres mensonges pour n'en avoir pas le démenti, et nous nous trompons nous-mêmes pour tromper les autres.

DLXXXV.

La vérité est le soleil des intelligences.

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DCII.

L'éloquence vaut mieux que le savoir.

DCIV.

DCV.

PREMIER

DISCOURS SUR LA GLOIRE,

ADRESSE A UN AMI.

Ce qui fait que nous préférons très justement l'esprit au savoir est que celui-ci est mal nommé, C'est sans doute une chose assez étrange, et qu'il n'est ordinairement ni si utile, ni si étendu que ce que nous connoissons par expé-mes à la gloire, on soit obligé de leur prouver mon aimable ami, que, pour exciter les homrience, ou que nous pouvons acquérir par ré-mes à la gloire, on soit obligé de leur prouver flexion. Nous regardons aussi l'esprit comme la auparavant ses avantages. Cette forte et noble cause du savoir, et nous estimons plus la cause passion, cette source ancienne et féconde des que son effet : cela est raisonnable. Cependant vertus humaines, qui a fait sortir le monde de la barbarie et porté les arts à leur perfection, celui qui n'ignoreroit rien auroit tout l'esprit qu'on peut avoir ; le plus grand esprit du monde maintenant n'est plus regardée que comme une erreur imprudente et une éclatante folie. Les n'étant que science ou capacité d'en acquérir. hommes se sont lassés de la vertu ; et ne voulant plus qu'on les trouble dans leur dépravation et leur mollesse, ils se plaignent qu'elle se donne au crime hardi et heureux, et n'orne jamais le mérite. Ils sont sur cela dans l'erreur; et quoi qu'il leur paroisse, le vice n'obtient point d'hommage réel. Si Cromwell1 n'eût été prudent, ferme, laborieux, libéral, autant qu'il étoit ambitieux et remuant, ni la gloire, ni la fortune n'auroient couronné ses projets; car ce n'est pas à ses défauts que les hommes se sont rendus, mais à la supériorité de son génie et à la force inévitable de ses précautions. Dénués de ces avantages, ses crimes n'auroient pas seulement enseveli sa gloire, mais sa grandeur même ".

Les hommes ne s'approuvent pas assez pour s'attribuer les uns aux autres la capacité des grands emplois. C'est tout ce qu'ils peuvent, pour ceux qui les occupent avec succès, de les en estimer après leur mort. Mais proposez l'homme du monde qui a le plus d'esprit : oui, dit-on, s'il avoit plus d'expérience, ou s'il étoit moins paresseux, ou s'il n'avoit pas de l'humeur, ou tout au contraire; car il n'y a point de prétexte qu'on ne prenne pour donner l'exclusion à l'aspirant, jusqu'à dire qu'il est trop honnête homme, supposé qu'on ne puisse rien lui reprocher de plus plausible: tant cette maxime est peu vraie : qu'il est plus aisé de paroître digne des grandes places que de les remplir.

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Ce n'est donc pas la gloire qu'il faut mépriser; c'est la vanité et la foiblesse ; c'est celui qui méprise la gloire, pour vivre avec honneur dans l'infamie 3.

Olivier Cromwell, né à Huntington le 3 avril 1603, le jour même que mourut la reine Élisabeth, s'empara en 1646 de la ville d'Oxford, et fit, aussitôt après, prononcer par le Parlement la déposition de Charles Ier, second roi de la maison des Stuarts. Le 9 février 4649 il envoya ce prince à l'échafaud, abolit la monarchie et lui substitua la république. Usurpateur du nouveau gouvernement, il prit le titre de Protecteur, sous lequel il gouverna despotiquement l'Angleterre jusqu'à sa mort. arrivée le 3 septembre 1638. Mais l'Angleterre, qui a oublié son despotisme, admire aujourd'hui son génie et est fière de sa gloire. B.

Ses crimes n'auroient pas seulement enseveli sa gloire, mais sa grandeur même. Cette expression, enseveli sa gran

Pour décider qu'un auteur se contredit, il deur méme, signifie-t-elle que ses crimes auroient fait oublier faut qu'il soit impossible de le concilier.

sa grandeur, ou qu'ils l'auroient détruite ? S.

3 Pour vivre avec honneur dans l'infamie. On peut vivre avec un certain éclat dans l'infamie; mais peut-on y vivre avec honneur? S.

A la mort, dit-il, que sert la gloire? Je réponds : Que sert la fortune? que vaut la beauté? Les plaisirs et la vertu même ne finissent-ils pas avec la vie? La mort nous ravit nos honneurs, nos trésors, nos joies, nos délices, et rien ne nous suit au tombeau. Mais de là qu'osons-nous conclure? sur quoi fondons-nous nos discours? Le temps où nous ne serons plus estil notre objet? Qu'importe au bonheur de la vie ce que nous pensons à la mort? Que peuvent, pour adoucir la mort, la mollesse, l'intempérance ou l'obscurité de la vie?

Nous nous persuadons faussement qu'on ne peut dans le même temps agir et jouir, travailler pour la gloire toujours incertaine, et posséder le présent dans ce travail. Je demande : Qui doit jouir? l'indolent ou le laborieux? le foible ou le fort? Et l'oisiveté, jouit-elle ?

L'action fait sentir le présent; l'amour de la gloire rapproche et dispose mieux l'avenir. Il nous rend agréable le travail que notre condition rend nécessaire. Après avoir comme enfanté le mérite de nos beaux jours, il couvre d'un voile honorable les pertes de l'âge avancé; l'homme se survit; et la gloire, qui ne vient qu'après la vertu, subsiste après elle.

Hésiterions-nous, mon ami? et nous seroit-il plus utile d'être méprisés qu'estimés, paresseux qu'actifs, vains et amollis qu'ambitieux ?

Si la gloire peut nous tromper, le mérite ne peut le faire; et s'il n'aide à notre fortune, il soutient notre adversité. Mais pourquoi séparer des choses que la raison même a unies? pourquoi distinguer la vraie gloire du mérite dont elle est la preuve?

Ceux qui feignent de mépriser la gloire pour donner toute leur estime à la vertu, privent la vertu même de sa récompense et de son plus ferme soutien. Les hommes sont foibles, timides, paresseux, légers, inconstants; les plus vertueux se démentent. Si on leur ôte l'espoir de la gloire, ce puissant motif, quelle force les soutiendra contre les exemples du vice, contre les légèretés de la nature, contre les promesses de l'oisiveté? Dans ce combat si douteux de l'activité et de la paresse, du plaisir et de la raison, de la liberté et du devoir, qui fera pencher la balance? qui portera l'esprit à ces nobles efforts, où la vertu, supérieure à soi-même, fran

chit les limites mortelles de son court essor, et d'une aile forte et légère échappe à ses liens? Je vois ce qui vous décourage, mon très cher ami. Lorsqu'un homme passe quarante ans, il vous paroît peut-être déja vieux. Vous voyez que ses héritiers comptent ses années et le trouvent de trop au monde. Vous dites : Dans vingt ans, moi-même je serai tout près de cet âge qui paroît caduc à la jeunesse ; je ne jouirai plus de ses regards et de son aimable société : que me serviroient ces talents et cette gloire qui rencontrent tant de hasards et d'obstacles presque invincibles? les maladies, la mort, mes fautes, les fautes d'autrui, rompront tout-à-coup mes mesures... Et vous attendriez donc de la mollesse, sous ces vains prétextes, ce que vous désespérez de la vertu? ce que le mérite et la gloire ne pourroient donner, vous le chercheriez dans la honte? Si l'on vous offroit le plaisir par la crapule, la tranquillité par le vice, l'accepteriez-vous?

Un homme qui dit : Les talents, la gloire, coûtent trop de soins, je veux vivre en paix si je puis, je le compare à celui qui feroit le projet de passer sa vie dans son lit, dans un long et gracieux sommeil. O insensé! pourquoi voulezvous mourir vivant! votre erreur en tout sens est grande. Plus vous serez dans votre lit, moins vous dormirez. Le repos, la paix, le plaisir, ne sont que le prix du travail.

Vous avez une erreur plus douce, mon aimable ami : oserai-je aussi la combattre? Les plaisirs vous ont asservi; vous les inspirez; ils vous touchent; vous portez leurs fers. Comment vous épargneroient-ils dans une si vive jeunesse, s'ils tentent même la raison et l'expérience de l'àge avancé? Mon charmant ami, je vous plains: vous savez tout ce qu'ils promettent et le peu qu'ils tiennent toujours. Pour moi, il ne m'appartient pas de vous faire aucune leçon. Vous n'ignorez pas quel dégoût suit la volupté la plus chère, quelle nonchalance elle inspire, quel oubli profond des devoirs, quels frivoles soins, quelles craintes, quelles distractions insensées.

Elle éteint la mémoire dans les savants, dessèche l'esprit, ride la jeunesse, avance la mort. Les fluxions, les vapeurs, la goutte, presque toutes les maladies qui tourmentent les hom

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