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La nature, épuisée par la douleur, assoupit quelquefois le sentiment dans les malades, et

On paie chèrement les moindres biens, lors- arrête la volubilité de leur esprit; et ceux qui qu'on ne les tient que de la raison. redoutoient la mort sans péril, la souffrent sans crainte.

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La conscience est la plus changeante des qu'elle conserve la même vigueur qu'elle a fait règles.

CXXXIV.

La fausse conscience ne se connoît pas.

CXXXV.

La conscience est présomptueuse dans les forts, timide dans les foibles et les malheureux, inquiète dans les indécis, etc.: organe du sentiment qui nous domine, et des opinions qui nous gouvernent.

CXXXVI.

La conscience des mourants calomnie leur vie'.

ture, et le jugement c'est la raison. Or, l'auteur dit ici que les passions font plus de fautes que le jugement. M. — Je crois qu'il faut entendre par la première de ces deux maximes, que la raison nous trompe, proportion gardée, plus souvent que la nature; Vauvenargues croyant, comme il l'établit dans la seconde maxime, que la raison a moins souvent occasion de faire des fautes que la nature, parceque le nombre des actions qu'elle dirige est beaucoup moins considérable. S.

'La conscience des mourants calomnie leur vie. Montaigne a dit: La pénitence demande à charger. S.

paroître en d'autres temps. Est-on surpris qu'un malade ne puisse plus ni marcher, ni veiller, ni se soutenir? Ne seroit-il pas plus étrange, s'il étoit encore le même homme qu'en pleine santé ? Si nous avons eu la migraine et que nous ayons mal dormi, on nous excuse d'être incapables ce jour-là d'application, et personne ne nous soupçonne d'avoir toujours été inappliqués. Refuserons-nous à un homme qui se meurt le privilége que nous accordons à celui qui a mal à la tête; et oserons-nous assurer qu'il n'a jamais eu de courage pendant sa santé, parcequ'il en aura manqué à l'agonie?

CXLII.

Pour exécuter de grandes choses, il faut vivre comme si on ne devoit jamais mourir.

CXLIII.

La pensée de la mort nous trompe: car elle nous fait oublier de vivre.

CXLIV.

Je dis quelquefois en moi-même : La vie est trop courte pour mériter que je m'en inquiète. Mais si quelque importun me rend visite et qu'il m'empêche de sortir et de m'habiller, je perds patience, et je ne puis supporter de m'ennuyer une demi-heure.

CXLV.

La plus fausse de toutes les philosophies est celle qui, sous prétexte d'affranchir les hommes des embarras des passions, leur conseille l'oisiveté, l'abandon et l'oubli d'eux-mêmes.

CXLVI.

Si toute notre prévoyance ne peut rendre notre vie heureuse, combien moins notre non

chalance!

CXLVII.

Personne ne dit le matin : Un jour est bientôt passé, attendons la nuit. Au contraire, on rêve la veille à ce que l'on fera le lendemain. On seroit bien marri1 de passer un seul jour à la merci du temps et des fâcheux. On n'oseroit laisser au hasard la disposition de quelques heures, et on a raison : car qui peut se promettre de passer une heure sans ennui, s'il ne prend soin de remplir à son gré ce court espace? Mais ce qu'on n'oseroit se promettre pour une heure, on se le promet quelquefois pour toute la vie, et l'on dit : Nous sommes bien fous de nous tant inquiéter de l'avenir; c'est-à-dire, nous sommes bien fous de ne pas commettre au hasard nos destinées, et de pourvoir à l'intervalle qui est entre nous et la mort.

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Les passions ont appris aux hommes la raison 1. CLV.

Dans l'enfance de tous les peuples, comme

Les passions ont appris aux hommes la raison. Cette maxime un peu obscure a besoin d'être éclaircie par celle qui suit. L'auteur a voulu dire, ce semble, que ce sont les passions qui, en portant l'esprit de l'homme sur un plus grand nombre d'objets, et en augmentant la somme de ses idées, lui fournissent les matériaux de la réflexion, qui est le chemin de la raison. Cela se rapporte à ce qu'il a dit ailleurs, que les passions fertilisent l'esprit. S.

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Entre rois, entre peuples, entre particuliers, le plus fort se donne des droits sur le plus

La haine est plus vive que l'amitié, moins foible, et la même règle est suivie par les anique la gloire.

CLXXIX.

Si nos amis nous rendent des services, nous pensons qu'à titre d'amis ils nous les doivent, et nous ne pensons pas du tout qu'ils ne nous doivent pas leur amitié.

CLXXX.

maux et les êtres inanimés de sorte que tout s'exécute dans l'univers par la violence; et cet ordre que nous blâmons avec quelque apparence de justice est la loi la plus générale, la plus immuable, et la plus importante de la

nature.

CLXXXVIII.

Les foibles veulent dépendre afin d'être protégés. Ceux qui craignent les hommes aiment

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l'air appartient à l'homme, et l'homme à l'air; et rien n'est à soi, ni à part.

CCII.

O soleil! ô cieux! qu'êtes-vous? Nous avons surpris le secret et l'ordre de vos mouvements. Dans la main de l'Étre des êtres, instruments aveugles et ressorts peut-être insensibles, le monde sur qui vous régnez mériteroit-il nos hommages? Les révolutions des empires, la diverse face des temps, les nations qui ont dominé, et les hommes qui ont fait la destinée de ces nations mêmes, les principales opinions et les coutumes qui ont partagé la créance des peuples dans la religion, les arts, la morale et les sciences, tout cela, que peut-il paroître? Un

Nous méprisons beaucoup de choses pour ne atome presque invisible, qu'on appelle l'homme, pas nous mépriser nous-mêmes.

CXCVII.

Notre dégoût n'est point un défaut et une insuffisance des objets extérieurs, comme nous aimons à le croire, mais un épuisement de nos propres organes et un témoignage de notre foiblesse.

CXCVIII.

Le feu, l'air, l'esprit, la lumière, tout vit par l'action. De là la communication et l'alliance de tous les ètres; de là l'unité et l'harmonie dans l'univers. Cependant cette loi de la nature si féconde, nous trouvons que c'est un vice dans l'homme; et parcequ'il est obligé d'y obéir, ne pouvant subsister dans le repos, nous concluons qu'il est hors de sa place.

CXCIX.

L'homme ne se propose le repos que pour s'affranchir de la sujétion et du travail; mais il ne peut jouir que par l'action, et n'aime qu'elle.

CC.

qui rampe sur la face de la terre, et qui ne dure qu'un jour, embrasse en quelque sorte d'un coup d'œil le spectacle de l'univers dans tous les âges.

CCIII.

Quand on a beaucoup de lumières ', on admire peu; lorsque l'on en manque, de même. L'admiration marque le degré de nos connoissances, et prouve moins souvent la perfection. des choses que l'imperfection de notre esprit.

CCIV.

Ce n'est point un grand avantage d'avoir l'esprit vif, si on ne l'a juste. La perfection d'une pendule n'est pas d'ailer vite, mais d'être réglée.

CCV.

Parler imprudeinment et parler hardiment,

Dieu par la dépendance mutuelle des différentes parties de l'uni

vers, dont aucune ne peut s'isoler des autres ni subsister par elle-même. On n'entend pas ce que veut dire l'air appartient à l'homme, et l'homme à l'air. L'homme ne peut se passer d'air; mais l'air existeroit fort bien sans l'homme. Appartient veut-il dire participe de la nature, etc.? Alors l'idée d'appar

Le fruit du travail est le plus doux des tenir n'a plus de liaison sensible avec l'idée de dépendance explaisirs.

CCI.

Où tout est dépendant, il y a un maître1 :

où tout est dépendant, etc. Cette maxime paroît obscure. Il semble que Vauvenargues a voulu prouver l'existence de

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