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vir de son sac et s'en défait (6). Son foible encore est de purifier sans fin la maison qu'il habite (7), d'éviter de s'asseoir sur un tombeau, comme d'assister à des funérailles, ou d'entrer dans la chambre d'une femme qui est en couche (8); et lorsqu'il lui arrive d'avoir, pendant son sommeil, quelque vision, il va trouver les interprètes des songes, les devins et les augures, pour savoir d'eux à quel dieu ou à quelle déesse il doit sacrifier (9). Il est fort exact à visiter, sur la fin de chaque mois, les prètres d'Orphée, pour se faire initier dans ses mystères (10): il y mène sa femme; ou, si elle s'en excuse par d'autres soins, il y fait conduire ses enfants par une nourrice (11). Lorsqu'il marche par la ville, il ne manque guère de se laver toute la tête avec l'eau des fontaines qui sont dans les places : quelquefois il a recours à des prêtresses, qui le purifient d'une autre manière, en liant et étendant autour de son corps un petit chien, ou de la squille (12). Enfin, s'il voit un homme frappé d'épilepsie (13), saisi d'horreur, il crache dans son propre sein, comme pour rejeter le malheur de cette rencontre.

NOTES.

(1) Ce chapitre est le premier dans lequel on trouvera des additions prises dans les manuscrits de la Bibliothèque Palatine du Vatican, qui contient une copie plus complète que les autres des quinze derniers chapitres de cet ouvrage. M. Siebenkees, sur les manuscrits duquel on a publié cette copic, doutoit de l'authenticité de ces morceaux nouveaux; mais ses doutes sont sans fondement, et il paroit ne les avoir conçus que par la difficulté d'expliquer l'origine de cette différence entre les manuscrits. M. Schneider a levé cette difficulté, et a démontré toute l'importance de ces additions, lesquelles nous donnent non seulement des lumières nouvelles sur plusieurs points importants des mœurs anciennes, mais dont la plupart complètent et expliquent des passages inintelligibles sans ce secours. Ce savant a observé qu'elles prouvent que nous ne possédions auparavant que des extraits très imparfaits de cet ouvrage. Cette hypothèse explique les transpositions, les obscurités et les phrases tronquées qui y sont si fréquentes; et celles qui se trouvent même dans le manuscrit palatin font soupçonner qu'il n'est lui-même qu'un extrait plus complet. Cette opinion est en outre confirmée, pour ce manuscrit comme pour les autres, par une formule usitée spécialement par les abréviateurs, qui se trouve au chapitre xi et au chapitre xix. (Voyez la note 9 du premier et la note 2 du second de ces chapitres.) Cependant les difficultés qui se rencontrent, particulièrement dans les additions, viennent sur-tout de ce qu'elles ne nous sont transmises que par une seule copic. Tous ceux qui se sont occupés de l'examen

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critique des auteurs anciens savent que ce n'est qu'à force d'en comparer les différentes copies qu'on parvient à leur rendre jusqu'à un certain point leur perfection primitive.

(2) D'après une correction ingénieuse de M. Siebenkees, le manuscrit du Vatican ajoute : « Dans une source. » Cette ablution étoit le symbole d'une purification morale; le laurier dont il est question dans la suite de la phrase passoit pour écarter tous les malheurs de celui qui portoit sur soi quelque partie de cet arbuste. ( Voyez les notes de Duport, et, sur ce caractère en général, le chap. xxi d'Anacharsis.) J'ai parlé, dans la note 14 du Discours sur Théophraste, des opinions religieuses de ce philosophe, et d'un livre que la religion des Athéniens avoit été surchargée de beauécrit sur le présent chapitre en particulier. Il me paroit coup de superstitions nouvelles depuis la décadence des républiques de la Grèce, et sur-tout du temps de Philippe et d'Alexandre. Voyez chapitre xxv, note 3.

(3) Une eau où l'on avoit éteint un tison ardent pris sur l'autel où l'on brûloit la victime : elle étoit dans une chaudière à la porte du temple; l'on s'en lavoit soi-même, ou l'on s'en faisoit laver par les prêtres. (La Bruyère.) 11 falolive, dit Virgile, Æneid., lib. VI, v. 229; et, au lieu loit dire, asperger. Spargens rore levi et ramo felicis d'ajouter << sort du temple,» il falloit traduire simplement,

<< Après s'ètre aspergé d'eau sacrée, etc. »

(4) Le manuscrit du Vatican porte: « Voit-il un serpent << dans sa maison; si c'est un paréias, il invoque Bacchus; « si c'est un serpent sacré, il lui fait un sacrifice, » ou bien « il lui bâtit une chapelle. » Voyez sur cette variante la savante note de Schneider, comparée avec le passage de Platon cité par Duport, où ce philosophe dit que les superstitieux remplissent toutes les maisons et tous les quartiers d'autels et de chapelles. L'espèce de serpent appelée pareias, à cause de ses mâchoires très gros es, élcit consacrée à Bacchus : on portoit de ces animaux dans les processions faites en l'honneur de ce dieu, et l'on voit dans Démosthène, pro Corona, page 515, édit. de Reiske, que les superstitieux les élevoient par-dessus la tète en poussant des cris bacbiques. L'espèce appelée sacrée étoil, selon Aristote, longue d'une coudée, venimeuse et velue; mais peut-être ce mot, qui a empêché les naturalistes de la reconnoître, est-il altéré. Aristote ajoute que les espèces les plus grandes fuyoient devant celle-ci.

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« Si en marchant il voit une chouette, il en est effrayé, et | << n'ose continuer son chemin qu'après avoir prononcé ces « mots, Que Minerve ait le dessus! » On attribuoit à l'influence d'Hécate l'épilepsie et différentes autres maladies auxquelles bien des gens supposent encore aujourd'hui des rapports particuliers avec la lune, qui, dans la fable des Grecs, est représentée tantôt par Diane, tantôt par Hécate. Les purifications dont parle le texte consistoient en fumigations. (Voyez le Voyage du jeune Anacharsis, chap. xxi.)

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(8) Le manuscrit du Vatican ajoute, « En disant qu'il « lui importe de ne pas se souiller; » et continue, « Les << quatrièmes et septièmes jours, il fait cuire du vin par « ses gens, sort lui-même pour acheter des branches de myrte et des tablettes d'encens, et couronne en ren<< traut les Hermaphrodites pendant toute la journée. » Les quatrièmes jours du mois, ou peut-être de la décade, étoient consacrés à Mercure. (Voyez le scol. d'Aristoph., in Plut., v. 1127.) Le vin cuit est relatif à des libations ou à des sacrifices, et les branches de myrte appartiennent au culte de Vénus. Les Hermaphrodites sont des hermès à tête de Vénus, comme les hermérotes, les herméraclès, les hermathènes, étoient des hermès à tête de Cupidon, d'Hercule, et de Minerve. (Voyez Laur., de Sacris gent. Tr., de Gronov., tome VII, page 176; et Pausanias, livre XIX, II, où il parle d'une statue de Vénus en forme d'hermès.) Ils se trouvoient peut-être parmi ce grand nombre d'hermès votifs posés sur la place publique, entre le pœcile et le portique royal. (Voyez Harpocr., in Herm.) Le culte de Vénus étoit souvent joint à celui de Mercure. (Voyez Arnaud, de Diis synedris, chap. xxiv.) Quant au septième jour, si le chiffre est juste, ce ne peut pas être le septième du mois, qui étoit consacré, ainsi que le premier, au culte d'Apollon, et non à celui de Vénus. Il faut donc supposer que le sacrifice se fait tous les sept jours, et ce passage devient très important par la célèbre question sur l'antiquité d'un culte hebdomadaire chez les peuples dits profanes. J'observerai, à l'appui de cette opinion, qui est celle de M. Visconti, que, sur les premiers monuments païens de l'introduction de la semaine planétaire dans le calendrier romain, introduction qui paroît dater du deuxième siècle de l'ère chrétienne, Vénus occupe le septième rang parmi les divinités qui président au jour de cette période (voyez les Peintures d'Herculanum, tome III, planche 50); que le jour sacré des mahométans est le vendredi, et qu'il paroît que ce jour étoit fété dans l'antiquité par les peuples ismaélites, en l'honneur de Vénus Uranie (voyez Selden, de Diis syris, segm. 11, chapitres II et Iv); enfin, que la Vénus en forme d'hermès dont parle Pausanias étoit précisément une Vénus Uranie, déesse qui avoit à Athènes un culte solennel, et un temple situé près de la place publique, et par conséquent près des hermès dont j'ai parlé. Des cérémonies hebdomadaires en l'honneur de cette divinité pouvoient avoir passé en Grèce par les conquêtes d'Alexandre, comme l'observation du sabbat paroit s'être introduite à Rome par la conquête de la Palestine. (Voyez, outre les passages d'Ovide, d'Horace et de Tibulle, celui de Sénèque, que cite saint Augustin, de Gir. Dei, lib. VI, cap. x1, où le célèbre stoïcien repro

che aux Romains de son temps de perdre par cette fête juive la septième partie de leur vie.) Par un passage d'Athénée, liv. XII, chap. iv, il est à peu près certain que les Perses avoient très anciennement un culte hebdomadaire ; et, selon Hérodote, 1, 150, ils avoient appris le culte d'Uranie des Arabes et des Assyriens, et avoient appelé cette déesse Mitra · ce qui semble prouver qu'ils l'ont associée à Mithras, leur divinité principale.

Mais notre texte peut aussi être altéré, et il peut y être question du sixième jour du mois ou de la décade, consacré à Vénus. (Voyez Jamblichus, dans la Vie de Pythagore, chap. xxvIII, sect. 152, où l'on cite une explication mystique que le philosophe de Samos a donnée de cet usage.) Dans ce cas, il est toujours très remarquable que les jours du Soleil, de Mercure et de Vénus occupent dans notre semaine le même rang que les jours consacrés par la religion des Grecs aux divinités qui répondent à ces corps célestes occupoient dans le mois d'Athènes, ou dans chacune des trois parties dans lesquelles il étoit divisé; c'est-à-dire que les uns et les autres tombent sur les premiers, quatrièmes et sixièmes jours de ces périodes. Ces superstitions grecques sont sans doute dérivées de l'usage égyptien de consacrer chaque jour à une divinité (voyez Hérodote, liv. II, chap. LXXXII); et c'est vraisemblablement à Alexandrie que cet antique usage s'est confondu successivement avec la semaine lunaire ou planétaire que paroissent avoir observée les autres nations de l'Orient, avec la consécration du sabbat chez les Juifs, et avec celle du dimanche chez les chrétiens.

(9) « Vous ne réfléchissez pas à ce que vous faites étant « éveillés, disoit Diogène à ses contemporains; mais vous << faites beaucoup de cas des visions que vous avez en dor<< mant. >>

(10) Instruire de ses mystères. (La Bruyère.) On ne se faisoit pas initier tous les mois, mais une fois dans la vie, et puis on observoit certaines cérémonies prescrites par ces mystères. (Voyez les notes de Casaubon.) Le mot que tous les traducteurs de ce passage ont rendu par initier est pris souvent par les anciens dans un sens fort étendu (voyez Athénée, liv. II, chap. x); je crois qu'il faut le traduire ici par purifier. Il faut observer, au reste, que les mystères d'Orphée sont ceux de Bacchus, et ne pas les confondre avec les mystères de Cérès. Toute la Grèce célébroit ces derniers avec la plus grande solennité, au lieu que les prêtres d'Orphée étoient une espèce de charlatans ambulants, dont les gens sensés ne faisoient aucun cas, et qui n'ont acquis de l'importance que vers le temps de la décadence de l'empire romain. (Voyez Anacharsis, chap. xx1; et le savant mémoire de Fréret sur le culte de Bacchus.)

(11) Le manuscrit du Vatican ajoute ici une phrase défectueuse, que, d'après une explication de M. Coray, appuyée sur les usages actuels de la Grèce, il faut entendre: << Il va quelquefois s'asperger d'eau de mer; et si alors « quelqu'un le regarde avec envie, il attache un ail sur sa « tête, et va la laver, etc. » Cette cérémonie devoit détourner le mauvais effet que pourroit produire le coup

d'œil de l'envieux. On trouvera plusieurs passages anciens sur l'influence maligne que l'on attribuoit à ce coup d'œil, dans les commentateurs de ce vers des Bucoliques de Virgile (ecl. 1, v. 103):

Nescio quis teneros oculus mihi fascinat agnos.

L'eau de mer étoit regardée comme la plus convenable aux purifications. (Voyez Anacharsis, chap. xx1; et Duport, dans les notes du commencement de ce chapitre.)

(12) Espèce d'ognon marin. (La Bruyère.) Le traducteur a inséré dans le texte la manière dont il croyoit que cette expiation se faisoit; mais il paroit que le chien sacrifié n'étoit que porté autour de la personne qu'on vouloit purifier, et la squille étoit vraisemblablement brûlée.

(13) Le grec ajoute même dans l'ancien texte : « Ou un << homme dont l'esprit est aliéné. »

CHAPITRE XVII.

De l'esprit chagrin.

L'esprit chagrin fait que l'on n'est jamais content de personne, et que l'on fait aux autres mille plaintes sans fondement (1). Si quelqu'un fait un festin, et qu'il se souvienne d'envoyer un plat (2) à un homme de cette humeur, il ne reçoit de lui pour tout remerciment que le reproche d'avoir été oublié Je n'étois pas digne, dit cet esprit querelleur, de boire de son vin, ni de manger à sa table. Tout lui est suspect, jusqu'aux caresses que lui fait sa maîtresse Je doute fort, lui dit-il, que vous soyez sincère, et que toutes ces démonstrations d'amitié partent du cœur (3). Après une grande sécheresse, venant à pleuvoir (4), comme il ne peut se plaindre de la pluie, il s'en prend au Ciel de ce qu'elle n'a pas commencé plus tôt. Si le hasard lui fait voir une bourse dans son chemin, il s'incline: Il y a des gens, ajoute-t-il, qui ont du bonheur; pour moi, je n'ai jamais eu celui de trouver un trésor. Une autre fois, ayant envie d'un esclave, il prie instamment celui à qui il appartient d'y mettre le prix; et dès que celui-ci, vaincu par ses importunités, le lui a vendu (5), il se repent de l'avoir acheté. Ne suis-je pas trompé? demande-t-il; et exigeroit-on si peu d'une chose qui seroit sans défaut? A ceux qui lui font les compliments ordinaires sur la naissance d'un fils et sur l'augmentation de sa famille: Ajoutez, leur dit-il,

pour ne rien oublier, sur ce que mon bien est diminué de la moitié (6). Un homme chagrin, après avoir eu de ses juges ce qu'il demandoit, et l'avoir emporté tout d'une voix sur son adversaire, se plaint encore de celui qui a écrit ou parlé pour lui, de ce qu'il n'a pas touché les meilleurs moyens de sa cause; ou, lorsque ses amis ont fait ensemble une certaine somme

pour le secourir dans un besoin pressant (7), si quelqu'un l'en félicite et le convie à mieux espérer de la fortune: Comment, lui répond-il, puis-je être sensible à la moindre joie, quand je pense que je dois rendre cet argent à chacun de ceux qui me l'ont prêté, et n'être pas encore quitte envers eux de la reconnoissance de leur bienfait?

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(4) Il auroit fallu dire : « Si après une grande séche«resse il vient à pleuvoir. » Le lecteur attentif aura déja remarqué dans cette traduction beaucoup de négligences de style qu'on ne pardonneroit pas de nos jours.

texte dit, « Et s'il a eu un bon marché. » M. Barthélemy, (5) Au lieu de ces mots, et dès que celui-ci, etc., le qui a inséré quelques traits de ce caractère dans son chapitre xxv, rend celui-ci de la manière suivante : « Un de << mes amis, après les plus tendres sollicitations, consent « à me céder le meilleur de ses esclaves. Je m'en rapporte << à son estimation; savez-vous ce qu'il fait? il me le donne << à un prix fort au-dessous de la mienne. Sans doute cet « esclave a quelque vice caché. Je ne sais quel poison se «cret se mêle toujours à mon bonheur. »

(6) Le grec porte : « Si tu ajoutes que mon bien est di<< minué de moitié, tu auras dit la vérité. »

(7) Voyez chapitre 1, note 3.

CHAPITRE XVIII.

De la défiance.

L'esprit de défiance nous fait croire que tout le monde est capable de nous tromper. Un homme défiant, par exemple, s'il envoie au marché l'un de ses domestiques pour y acheter des provisions, il le fait suivre par un autre, qui doit lui rapporter fidèlement combien elles ont coûté. Si quelquefois il porte de l'argent sur soi dans un voyage, il le calcule à chaque stade (1) qu'il fait pour voir s'il a son compte. Une autre fois, étant couché avec sa femme, il lui demande si elle a remarqué que son coffre-fort fût bien fermé, si sa cassette est toujours scellée (2), et si on a eu soin de bien fermer la porte du vestibuble; et, bien qu'elle assure que tout est en bon état, l'inquiétude le prend, il se lève du lit, va en chemise et les pieds nus, avec la lampe qui brûle dans sa chambre, visiter lui-même tous les endroits de Sa maison; et ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'il s'endort après cette recherche. Il mène avec lui des témoins quand il va demander ses arrérages (3), afin qu'il ne prenne pas un jour envie à ses débiteurs de lui dénier sa dette. Ce n'est pas chez le foulon qui passe pour le meilleur ouvrier qu'il envoie teindre sa robe, mais chez celui qui consent de ne point la recevoir sans donner caution (4). Si quelqu'un se hasarde de lui emprunter quelques vases (5), il les lui refuse souvent; ou, s'il les accorde, [il ne les laisse pas enlever qu'ils ne soient pesés : il fait suivre celui qui les emporte, et envoie dès le lendemain prier qu'on les lui envoie.] (6) A-t-il un esclave qu'il affectionne et qui l'accompagne dans la ville (7), il le fait marcher devant lui, de peur que, s'il le perdoit de vue, il ne lui échappât et ne prît la fuite. A un homme qui, emportant de chez lui quelque chose que ce soit, lui diroit: Estimez cela, et mettez-le sur mon compte, il répondroit qu'il faut le laisser où on l'a pris, et qu'il a d'autres affaires que celle de courir après son argent (8).

NOTES.

(1) Six cents pas. (La Bruyère.) Le stade olympique, avoit, selon M. Barthélemy, quatre-vingt-quatorze toises

et demie. Le manuscrit du Vatican porte: « Et s'assied à « chaque stade pour le compter. >>

(2) Les anciens employoient souvent la cire et le cachet en place des serrures et des clefs. Ils cachetoient même quelquefois les portes, et sur-tout celles du gynécée. (Voyez entre autres les Thesmoph. d'Aristoph., v. 422.)

(3) « Quand il demande les intérêts de son argent, afin « que ses débiteurs ne puissent pas nier la dette. » Il faut supposer peut-être que c'est avec les mêmes témoins qui étoient présents lorsque l'argent a été remis.

(4) Le grec dit : «Mais chez celui qui a un bon répondant.»> (5) D'or ou d'argent. (La Bruyère.)

(6) Ce qui se lit entre les deux [] n'est pas dans le grec, où le sens est interrompu; mais il est supplée par quel

ques interprètes. ( La Bruyère. ) C'est Casaubon qui avoit suppléé à cette phrase défectueuse, non seulement par les mots que La Bruyère a désignés, mais encore par les quatitue ce passage, dans lequel on reconnoîtra avec plaisir

tre précédents. Voilà comme le manuscrit du Vatican res

un trait que Casaubon avoit deviné : « 11 les refuse la plu<< part du temps; mais, s'ils sont demandés par un ami << ou par un parent, il est tenté de les essayer et de les 11 veut les essayer aux yeux de celui à qui il les confie, « peser, et exige presque une caution avant de les prêter. pour lui prouver que c'est de l'or ou de l'argent fin. Ce sens du verbe grec, restitué dans cette phrase par M. Co

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ray, est justifié par l'explication que donne Hésychius du substantif qui en dérive.

(7) La Bruyère a ajouté les mots, « Qu'il affectionne. M. Coray a joint ce trait au précédent, en l'appliquant à l'esclave qui porte les vases.

(8) Dans les additions du manuscrit du Vatican, à cette phrase difficile et elliptique, il faut, je crois, mettre le dernier verbe à l'optatif attique de l'aoriste, et traduire :

<< Il répond à ceux qui, ayant acheté quelque chose chez « lui, lui disent de faire le compte, et de mettre l'objet << en note, parcequ'ils n'ont pas en ce moment le temps « de lui envoyer de l'argent : Oh! ne vous en mettez pas « en peine; car, quand même vous en auriez le temps, je « ne vous en suivrois pas moins; » c'est-à-dire, quand même vous me diriez que vous m'enverrez de l'argent

sur-le-champ, je préfèrerois pourtant de vous accompagner chez vous ou chez votre banquier pour le toucher moi-même.

CHAPITRE XIX.

D'un vilain homme.

Ce caractère suppose toujours dans un homme une extrême malpropreté, et une négligence pour sa personne qui passe dans l'excès et qui blesse ceux qui s'en aperçoivent. Vous le verrez

quelquefois tout couvert de lèpre, avec des ongles longs et malpropres, ne pas laisser de se mêler parmi le monde, et croire en être quitte pour dire que c'est une maladie de famille, et que son père et son aïeul y étoient sujets (1). Il a aux jambes des ulcères. On lui voit aux mains des poireaux et d'autres saletés qu'il néglige de faire guérir; ou, s'il pense à y remédier, c'est lorsque le mal, aigri par le temps, est devenu incurable. Il est hérissé de poil sous les aisselles et par tout le corps, comme une bête fauve : il a les dents noires, rongées, et telles que son abord ne se peut souffrir. Ce n'est pas tout (2): il crache ou il se mouche en mangeant, il parle la bouche pleine (5), fait en buvant des choses contre la bienséance (4), ne se sert jamais au bain que d'une huile qui sent mauvais (5), et ne paroît guère dans une assemblée publique qu'avec une vieille robe (6) et toute tachée. S'il est obligé d'accompagner sa mère chez les devins, il n'ouvre la bouche que pour dire des choses de mauvais augure (7). Une autre fois, dans le temple et en faisant des libations (8), il lui échappera des mains une coupe ou quelque autre vase; et il rira ensuite de cette aventure, comme s'il avoit fait quelque chose de merveilleux. Un homme si extraordinaire ne sait point écouter un concert ou d'excellents joueurs de flûte; il bat des mains avec violence comme pour leur applaudir, ou bien il suit d'une voix désagréable le même air qu'ils jouent : il s'ennuie de la symphonie, et demande si elle doit pas bientôt finir. Enfin si, étant assis à table, il veut cracher, c'est justement sur celui qui est derrière lui pour lui donner à boire (9).

ne

NOTES.

(†) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Et qu'elle pré

« serve sa race d'un mélange étranger. »>

(2) Le grec porte ici la formule dont j'ai parlé au cha

pitre xi, note 9, et au chapitre xvi, note 1.

(3) Le grec ajoute: « Et laisse tomber ce qu'il mange. >>

(4) Le manuscrit du Vatican ajoute : « Il est couché à « table sous la même couverture que sa femme, et prend

<< avec elle des libertés déplacées. >>

(3) Le manuscrit du Vatican fait ici un léger changement, et ajoute un mot qui, tel qu'il est, ne présente aucun sens convenable; M. Visconti propose de le corriger

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(9) Le grec dit : « Il crache par-dessus la table sur celui << qui lui donne à boire. » Les anciens n'occupoient qu'un côté de la table, ou des tables, qu'on plaçoit devant eux, et les esclaves qui les servoient se tenoient de l'autre côté. Au reste, les quatre derniers traits de ce caractère appartiennent peut-être au chapitre suivant. La transposition manifeste de plusieurs traits du caractère xxx au caractère xi doit inspirer naturellement l'idée d'attribuer à

une cause semblable toutes les incohérences de cet ouvrage, plutôt que de les mettre sur le compte de l'auteur.

CHAPITRE XX.

D'un homme incommode.

Ce qu'on appelle un fâcheux est celui qui, sans faire à quelqu'un un fort grand tort, ne laisse pas de l'embarrasser beaucoup (1); qui, entrant dans la chambre de son ami qui commence à s'endormir, le réveille pour l'entretenir de vains discours (2); qui, se trouvant sur le bord de la mer, sur le point qu'un homme est près de partir et de monter dans son vaisseau, l'arrête sans nul besoin et l'engage insensiblement à se promener avec lui sur le rivage (3) ; qui, arrachant un petit enfant du sein de sa nourrice pendant qu'il tette, lui fait avaler quelque chose qu'il a mâché (4), bat des mains devant lui, le caresse, et lui parle d'une voix contrefaite; qui choisit le temps du repas, et que le potage est sur la table, pour dire qu'ayant pris médecine depuis deux jours, il est allé par haut et par bas, et qu'une bile noire et recuite étoit mêlée dans ses déjections (5); qui, devant toute une assemblée, s'avise de demander à sa

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