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tencieux, ce qui est plus rare que la science, et | ce prince n'a pas plus de grace, lorsqu'à la tête de ses camps et de ses armées il foudroie une ville qui lui résiste, ou qu'il dissipe les troupes ennemies, du seul bruit de son approche.

peut-être que la probité, je veux dire de la dignité; il ne la devoit pas à l'éminence de son poste; au contraire, il l'a ennobli : il a été grand et accrédité sans ministère, et on ne voit pas que ceux qui ont su tout réunir en leur personne l'aient effacé.

Vous le perdites il y a quelques années, ce grand protecteur : vous jetâtes la vue autour de vous, vous promenâtes vos yeux sur tous ceux qui s'offroient et qui se trouvoient honorés de vous recevoir; mais le sentiment de votre perte fut tel, que, dans les efforts que vous fites pour la réparer, vous osâtes penser à celui qui seul pouvoit vous la faire oublier et la tourner à votre gloire. Avec quelle bonté, avec quelle humanité ce magnanime prince vous a-t-il reçus! n'en soyons pas surpris; c'est son caractère, le même, messieurs, que l'on voit éclater dans toutes les actions de sa belle vie, mais que les surprenantes révolutions arrivées dans un royaume voisin et allié de la France ont mis dans le plus beau jour qu'il pouvoit jamais recevoir. Quelle facilité est la nôtre, pour perdre tout d'un coup le sentiment et la mémoire des choses dont nous nous sommes vus le plus fortement imprimés! Souvenons-nous de ces jours tristes que nous avons passés dans l'agitation et dans le trouble; curieux, incertains quelle fortune auroient courue un grand roi, une grande reine, le prince leur fils, famille auguste, mais malheureuse, que la piété et la religion avoient poussée jusqu'aux dernières épreuves de l'adversité! Hélas! avoient-ils péri sur la mer ou par les mains de leurs ennemis? nous ne le savions pas on s'interrogeoit, on se promettoit réciproquement les premières nouvelles qui viendroient sur un évènement si lamentable: ce n'étoit plus une affaire publique, mais domestique; on n'en dormoit plus, on s'éveilloit les uns les autres pour s'annoncer ce qu'on en avoit appris. Et quand ces personnes royales, à qui l'on prenoit tant d'intérêt, eussent pu échapper à la mer ou à leur patrie, étoit-ce assez? Ne falloit-il pas une terre étrangère où ils pussent aborder, un roi également bon et puissant qui pût et qui voulût les recevoir ? Je l'ai vue, cette réception, spectacle tendre s'il en fut jamais! On y versoit des larmes d'admiration et de joie :

S'il soutient cette longue guerre, n'en doutons pas, c'est pour nous donner une paix heureuse; c'est pour l'avoir à des conditions qui soient justes et qui fassent honneur à la nation, qui ôtent pour toujours à l'ennemi l'espérance de nous troubler par de nouvelles hostilités. Que d'autres publient, exaltent ce que ce grand roi a exécuté, ou par lui-même, ou par ses capitaines, durant le cours de ces mouvements dont toute l'Europe est ébranlée; ils ont un sujet vaste et qui les exercera long-temps: Que d'autres augurent, s'ils le peuvent, ce qu'il veut achever dans cette campagne. Je ne parle que de son cœur, que de la pureté et de la droiture de ses intentions; elles sont connues, elles lui échappent; on le félicite sur des titres d'honneur dont il vient de gratifier quelques grands de son état : que dit-il? qu'il ne peut être content quand tous ne le sont pas, et qu'il lui est impossible que tous le soient comme il le voudroit. Il sait, messieurs, que la fortune d'un roi est de prendre des villes, de gagner des batailles, de reculer ses frontières, d'être craint de ses ennemis; mais que la gloire du souverain consiste à être aimé de ses peuples, en avoir le cœur, et par le cœur tout ce qu'ils possèdent. Provinces éloignées, provinces voisines, ce prince humain et bienfaisant, que les peintres et les statuaires nous défigurent, vous tend les bras, vous regarde avec des yeux tendres et pleins de douceur ; c'est là son attitude: il veut voir vos habitants, vos bergers, danser au son d'une flûte champêtre sous les saules et les peupliers, y mêler leurs voix rustiques, et chanter les louanges de celui qui, avec la paix et les fruits de la paix, leur aura rendu la joie et la sérénité.

C'est pour arriver à ce comble de ses souhaits, la félicité commune, qu'il se livre aux travaux et aux fatigues d'une guerre pénible, qu'il essuie l'inclémence du ciel et des saisons, qu'il expose sa personne, qu'il risque une vie heureuse: voilà son secret, et les vues qui le font agir; on les pénètre, on les discerne par les seules qualités de ceux qui sont en place, et

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qui l'aident de leurs conseils. Je ménage leur | pli de vertus, d'esprit et de connoissances, qui modestie qu'ils me permettent seulement de étoit tel avant le poste de confiance qu'il ocremarquer qu'on ne devine point les projets de cupe, et qui seroit tel encore, s'il ne l'occupoit ce sage prince; qu'on devine au contraire, plus je me sens touché, non de sa déférence, qu'on nomme les personnes qu'il va placer, et je sais celle que je lui dois, mais de l'amitié qu'il ne fait que confirmer la voix du peuple qu'il m'a témoignée, jusqu'à s'oublier en ma fadans le choix qu'il fait de ses ministres. Il ne se veur. Un père mène son fils à un spectacle; la décharge pas entièrement sur eux du poids de foule y est grande, la porte est assiégée; il est ses affaires lui-même, si je l'ose dire, il est haut et robuste, il fend la presse; et, comme il son principal ministre; toujours appliqué à nos est près d'entrer, il pousse son fils devant lui, besoins, il n'y a pour lui ni temps de relâche, qui, sans cette précaution, ou n'entreroit point, ni heures privilégiées : déja la nuit s'avance, les ou entreroit tard. Cette démarche d'avoir supgardes sont relevées aux avenues de son palais, plié quelques uns de vous, comme il a fait, de les astres brillent au ciel et font leur course; détourner vers moi leurs suffrages, qui poutoute la nature repose, privée du jour, enseve- voient si justement aller à lui, elle est rare, lie dans les ombres : nous reposons aussi, tan- puisque dans ces circonstances elle est unique; dis que ce roi, retiré dans son balustre, veille et elle ne diminue rien de ma reconnoissance seul sur nous et sur l'état. Tel est, messieurs, envers vous, puisque vos voix seules, toujours le protecteur que vous vous êtes procuré, celui libres et arbitraires, donnent une place dans l'Ade ses peuples. cadémie Françoise.

Vous m'avez admis dans une compagnie il- Vous me l'avez accordée, messieurs, et de si lustrée par une si haute protection : je ne le dis- bonne grace, avec un consentement si unanime, simule pas, j'ai assez estimé cette distinction que je la dois et la veux tenir de votre seule mupour desirer de l'avoir dans toute sa fleur et nificence. Il n'y a ni poste, ni crédit, ni richesdans toute son intégrité, je veux dire de la de-ses, ni titres, pi autorité, ni faveur, qui aient voir à votre seul choix ; et j'ai mis votre choix à pu vous plier à faire ce choix; je n'ai rien de tel prix que je n'ai pas osé en blesser, pas même toutes ces choses, tout me manque : un ouvrage en effleurer la liberté par une importune solli- qui a eu quelque succès par sa singularité, et citation : j'avois d'ailleurs une juste défiance de dont les fausses, je dis les fausses et malignes moi-même, je sentois de la répugnance à de- applications, pouvoient me nuire auprès des mander d'être préféré à d'autres qui pouvoient personnes moins équitables et moins éclairées être choisis. J'avois cru entrevoir, messieurs, que vous, a été toute la médiation que j'ai emune chose que je ne devois avoir aucune peine à ployée, et que vous avez reçue. Quel moyen de croire, que vos inclinations se tournoient ail- me repentir jamais d'avoir écrit ? leurs, sur un sujet digne, sur un homme rem

FIN.

LES CARACTÈRES

DE THEOPHRASTE,

TRADUITS DU GREC

PAR LA BRUYÈRE,

AVEC DES ADDITIONS ET DES NOTES NOUVELLES,

PAR J. G. SCHWEIGHÆUSER.

AVERTISSEMENT

DE M. SCHWEIGHÆUSER.

En 1799 (an VII ), M. Coray donna une édition grecque et françoise de l'ouvrage entier, qu'il éclaircit par une traduction nouvelle, et par des notes aussi intéressantes pour la critique du texte que pour la connoissance des mœurs de l'antiquité. Ce savant helléniste, presque compatriote du philosophe qu'il interprète, a même expliqué quelquefois très

Depuis la traduction des Caractères de Théophraste par La Bruyère, cet ouvrage a reçu des additions importantes, et d'excellents critiques en ontheureusement, par des usages de la Grèce moderne, éclairci beaucoup de passages difficiles.

En 1742, Needham publia les leçons de Duport sur treize de ces Caractères. En 1765, Fischer résuma, dans une édition critique, presque tout ce qui avoit été fait pour cet ouvrage, et y ajouta des recherches nouvelles. En 1786, M. Amaduzzi publia deux nouveaux Caractères, que Prosper Petronius avoit découverts, et qui se trouvent à la suite des anciens, dans un manuscrit de la Bibliothèque Palatine du Vatican. En 1790, M. Belin de Ballu traduisit ces deux Caractères en françois, et les joignit à une édition de La Bruyère, dans laquelle il ajouta quelques notes critiques à celles dont Coste avoit accompagné la traduction de Théophraste dans les éditions précédentes.

En 1798, M. Goetz publia les quinze derniers Caractères avec des additions considérables sur les papiers de M. Siebenkees, qui avoit tiré cette copie plus complète du même manuscrit où l'on avoit trouvé deux derniers chapitres, mais qui malheureusement ne contient pas les quinze premiers.

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des particularités de ceux de la Grèce ancienne. En dernier lieu, M. Schneider, l'un des plus savants philologues d'Allemagne, a publié une édition critique de ces Caractères, en les classant dans un nouvel ordre, et en y faisant beaucoup de corrections. Son travail jette une lumière nouvelle sur plusieurs passages obscurs de l'ancien texte et des additions, que cet éditeur défend contre les doutes qu'on avoit élevés sur leur authenticité. Il prouve par plusieurs circonstances, auxquelles on n'avoit pas fait attention avant lui, et par l'existence même d'une copie plus complète que les autres, que nous ne possédons que des extraits de cet ouvrage. Je traiterai avec plus de détails de cette hypothèse très probable dans la note 1 du chapitre XVI.

Les importantes améliorations du texte, les versions nouvelles de beaucoup de passages, et les éclaircissements intéressants sur les mœurs, fournis par ces savants, rendroient la traduction de La Bruyère peu digne d'être remise sous les yeux du public, si tout ce qui est sorti de la plume d'un écrivain si

distingué n'avoit pas un intérêt particulier, et si l'on n'avoit pas cherché à suppléer ce qui lui manque. C'est là le principal objet des notes que j'ai ajoutées à celles de ce traducteur, et par lesquelles j'ai remplacé les notes de Coste, qui n'éclaircissent presque jamais les questions qu'on y discute. Je les ai puisées en grande partie dans les différentes sources que je viens d'indiquer, ainsi que dans le commentaire de Casaubon, et dans les observations de plusieurs autres savants qui se sont occupés de cet ouvrage. J'ai fait usage aussi de l'élégante traduction de M. Lévesque, qui a paru en 1782 dans la collection des Moralistes anciens; des passages imités ou traduits par M. Barthélemy dans son Voyage du jeune Anacharsis; et de la traduction allemande commencée par M. Hottinger de Zurich, dont je regrette de ne pas avoir pu attendre la publication complète, ainsi que celle des papiers de Fonteyn qui se trouvent entre les mains de l'illustre helléniste Wyttenbach.

J'avois espéré que les onze manuscrits de la Bibliothèque du Roi me fourniroient les moyens d'expliquer ou de corriger quelques passages que les notes de tant de savants commentateurs n'ont pas encore suffisamment éclaircis. Mais, excepté la confirmation de quelques corrections déja proposées et la découverte de quelques scolies peu importantes, l'examen que j'en ai fait n'a servi qu'à m'apprendre qu'aucune de ces copies ne contient plus que les quinze premiers chapitres de l'ouvrage, et qu'ils s'y trouvent avec toutes leurs difficultés et leurs la

cunes.

J'ai observé que, dans les trois plus anciens de ces manuscrits, ces Caractères se trouvent immé diatement après un morceau inédit de Syrianus sur l'ouvrage d'Hermogène, de Formis orationis. On sait que la seconde partie de cet ouvrage traite de la manière dont on doit peindre les mœurs et les caractères, et qu'elle contient beaucoup d'exemples tirés des meilleurs auteurs de l'antiquité, mais qui ne sont ordinairement que des fragments très courts et sans liaison. A la fin du commentaire assez obscur dont je viens de parler, et que le savant et célèbre conservateur des manuscrits grecs de la Bibliothèque royale, M. La Porte du Theil, a eu la bonté d'examiner avec moi, l'auteur paroît annoncer qu'il va donner des exemples plus étendus que ceux d'Hermogène, en publiant à la suite de ce morceau les caractères entiers qui sont venus à sa connoissance. Cet indice sur la manière dont cette partie de l'ouvrage nous a été transmise explique pourquoi on la trouve si souvent, dans les manuscrits, sans la suite, et toujours avec les mêmes imperfections.

Étant ainsi frustré de l'espoir d'expliquer ou de restituer les passages difficiles ou altérés, par le secours des manuscrits, j'ai tâché de les éclaircir par de nouvelles recherches sur la langue et sur la philosophie de Théophraste, sur l'histoire et sur les antiquités.

J'ose dire que ces recherches m'ont mis à même de lever une assez grande partie des difficultés qu'on trouvoit dans cet ouvrage, et de m'apercevoir que plusieurs passages qu'on croyoit suffisamment entendus admettent une explication plus précise que celle dont on s'étoit contenté jusqu'à présent.

Outre les matériaux rassemblés par les commentateurs plus anciens et par moi-même, M. Visconti, dont l'érudition, la sagacité, et la précision critique qu'il a su porter dans la science des antiquités, sont si connues et si distinguées, a eu la bonté de me fournir quelques notes précieuses sur les passages parallèles et sur les monuments qui peuvent éclaircir des traits de ces Caractères.

Pour mieux faire connoître le mérite et l'esprit particulier de l'ouvrage de Théophraste, j'ai joint aux caractères tracés par lui quelques autres morceaux du même genre, tirés d'auteurs anciens; et j'ai fait précéder le discours de La Bruyère sur ce philosophe d'un aperçu de l'histoire de la morale en Grèce avant lui.

Il eût été assez intéressant de continuer cette collection de caractères antiques par des traits recueillis dans les orateurs, les historiens, et les poëtes comiques et satiriques d'Athènes et de Rome, et rassemblés en différents tableaux, de manière à former une peinture complète des mœurs de ces villes. Il seroit utile aussi de comparer en détail les caractères tracés par cès auteurs aux différentes époques de la civilisation, sous le double rapport des progrès des mœurs et de ceux de l'art de les peindre. Mais l'objet et la nature de cette édition m'ont prescrit des bornes plus étroites.

Je regrette que l'éloignement ne m'ait pas permis de soumettre à mon père ce premier essai dans une carrière dans laquelle il m'a introduit, et où je cherche à marcher sur ses traces. Mais j'ai eu le bonheur de pouvoir communiquer mon travail à plusieurs savants et littérateurs du premier ordre, et

sur-tout à MM. d'Ansse de Villoison, Visconti et Suard, qui ont bien voulu m'aider de leurs conseils et m'honorer de leurs encouragements.

APERÇU

DE

L'HISTOIRE DE LA MORALE EN GRÈCE

AVANT THEOPHRASTE.

Malgré les germes de civilisation que des colonies orientales avoient portés dans la Grèce à une époque très reculée, nous trouvons dans l'histoire de ce pays une première période où la vengeance suspendue sur la tête du criminel, le pouvoir arbitraire d'un chef, et l'indignation publique, tenoient lieu de justice et de morale. Dans ce premier âge de la société, au lieu de philosophes moralistes, des guerriers généreux parcourent la Grèce pour atteindre et punir les coupables; des oracles et des devins attachent au crime une flétrissure qui nécessite des expiations religieuses, au défaut desquelles le criminel est menacé de la colère des dieux et proscrit parmi les hommes.

mystères fondés par Eumolpe, quelques générations avant la guerre de Troie, auxquels Cicéron attribue la civilisation de l'Europe, et que la Grèce a regardés pendant une si longue suite de siècles comme la plus sacrée de ses institutions. Dans les initiations solennelles d'Éleusis, la morale étoit présentée avec la sanction imposante de peines et de récompenses dans une vie à venir, dont les notions, d'abord grossières, et même immorales, s'épurèrent peu à peu.

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Dans cette période, les hommes éclairés jouirent d'une vénération d'autant plus grande, que les lumières étoient plus rares; et les talents extraordinaires plaçoient presque toujours celui qui les possédoit à la tête du gouvernement. L'orateur philosophe que je viens de citer observe que parmi les sept sages de la Grèce il n'y eut que Thalès qui ne fut pas le chef de sa république; et cette exception provint de ce que ce philosophe se livra presque exclusivement aux sciences physiques.

Pythagore seul se fraya une carrière différente. Exilé de sa patrie par la tyrannie de Polycrate, il demeura sans fonctions civiles, mais il fut l'ami et le conseil des chefs des républiques de la Grande Grèce. En même temps, pour se créer une sphère d'activité plus vaste et plus indépendante, il fonda une école qui embrassoit

Bientôt des poëtes recueillent les faits héroïques et les évènements remarquables, et les chantent en mélant à leurs récits des réflexions et des sentences qui deviennent des proverbes et des maximes. Ayant conçu l'idée de donner des formes humaines à ces divinités que les peu-à-la-fois les sciences physiques et les sciences ples de l'Asie représentoient par des allégories souvent bizarres, ils furent obligés de chercher dans la nature humaine ce qu'elle avoit de plus élevé, pour composer leurs tableaux des traits qui commandoient la plus grande admiration. Leurs brillantes fictions se ressentent des mœurs d'un siècle à demi barbare; mais elles traçoient du moins à leurs contemporains des modèles de grandeur, et même de vertus, plus parfaits que la réalité.

Les idées que la tradition avoit fournies à ces chantres révérés, ou que leur vive imagination leur avoit fait découvrir, furent méditées, réunies, augmentées par des hommes supérieurs, en même temps que tous les membres de la société sentirent le besoin de sortir de cet état d'instabilité, de troubles et de malheurs.

Alors les héros furent remplacés par des législateurs, et les idées religieuses se fixèrent; elles furent enseignées sur-tout dans ces célèbres

morales, et une association secrète qui devoit réformer peu à peu tous les états de la Grèce, et substituer aux institutions qu'avoient fait naître la violence et les circonstances, des constitutions fondées sur les véritables bases du contrat social 3. Mais cette association n'acquit jamais une influence prépondérante dans la Grèce proprement dite, et n'y laissa guère d'autres traces que quelques traités de morale qui préparèrent la forme qu'Aristote donna par la suite à cette science.

Tant que les républiques de la Grèce étoient florissantes, leur histoire nous offre des actions et des sentiments sublimes; la morale servoit de base à la législation, elle présidoit aux séances de l'Aréopage, elle dictoit des oracles et

De Legibus, II. xiv.

a De Oratore, III, XXXIV.

3 Voyez Meiners, HISTOIRE DES SCIENCES DANS LA GRÈCE, liv. III; et le VOYAGE DU JEUNE ANACHARSIS, chap. LXXV,

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