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maine, se montre avec un visage naturel, et se | lité de leur bonne fortune. (1665- n° 97.)

découvre par la fierté; de sorte qu'à proprement parler, la fierté est l'éclat et la déclaration de l'orgueil. (1665 — no 37.)

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Le premier mouvement de joie que nous avons du bonheur de nos amis, ne vient ni de la bonté de notre naturel, ni de l'amitié que nous avons pour eux ; c'est un effet de l'amourpropre qui nous flatte de l'espérance d'être heureux à notre tour, ou de retirer quelque uti

On lit dans les éditions de Brotier et de M. de Fortia : pour nous dégager de notre infidélité. Cependant les éditions de 1666, 1671 et 1675, dans lesquelles on retrouve encore cette pensée, sont conformes à celle de 1665,

XV.

Dans l'adversité de nos meilleurs amis, nous trouvons toujours quelque chose qui ne nous déplaît pas. (1665— no 99. )

XVI.

Comment prétendons-nous qu'un autre garde notre secret, si nous n'avons pas pu le garder nous-mêmes? (1665. — no 100.)

XVII.

notre

Comme si ce n'étoit pas assez à l'amourpropre d'avoir la vertu de se transformer luimême, il a encore celle de transformer les objets, ce qu'il fait d'une manière fort étonnante; car non seulement il les déguise si bien qu'il y est lui-même trompé, mais il change aussi l'état et la nature des choses. En effet, lorsqu'une personne nous est contraire et qu'elle tourne sa haine et sa persécution contre nous, c'est avec toute la sévérité de la justice que l'amour-propre juge de ses actions: il donne à ses défauts une étendue qui les rend énormes, et il met ses bonnes qualités dans un jour si désavantageux, qu'elles deviennent plus dégoûtantes que ses défauts. Cependant dès que cette même personne nous devient favorable, ou que quelqu'un de nos intérêts la réconcilie avec nous, seule satisfaction rend aussitôt à son mérite le lustre que notre aversion venoit de lui ôter. Les mauvaises qualités s'effacent, et les bonnes paroissent avec plus d'avantage qu'auparavant ; nous rappelons même toute notre indulgence pour la forcer à justifier la guerre qu'elle nous a faite. Quoique toutes les passions montrent cette vérité, l'amour la fait voir plus clairement que les autres; car nous voyons un amoureux agité de la rage où l'a mis l'oubli ou l'infidélité de ce qu'il aime, méditer pour sa vengeance tout ce que cette passion inspire de plus violent. Néanmoins aussitôt que sa vue a calmé la fureur de ses mouvements, son ravissement rend cette beauté innocente; il n'accuse plus que lui-même, il condamne ses condamnations; et par cette vertu miraculeuse de l'amour-propre, il ôte la noirceur aux mauvaises actions de sa maîtresse,

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XXVI.

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Il y a des crimes qui deviennent innocents et On n'oublie jamais mieux les choses, que même glorieux par leur éclat, leur nombre et quand on s'est lassé d'en parler. (1665-no 144.) | leur excès: de là vient que les voleries publiques

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LI BIS.

Il y a de belles choses qui ont plus d'éclat quand elles demeurent imparfaites, que quand elles sont trop achevées. (1665-n° 262.)

LII.

La magnanimité est un noble effort de l'orgueil par lequel il rend l'homme maître de luimême, pour le rendre maître de toutes choses. (1665-n° 271.)

LIII.

Le luxe et la trop grande politesse dans les états sont le présage assuré de leur décadence, parceque tous les particuliers s'attachant à leurs intérêts propres, ils se détournent du bien public. (1665-no 282.)

LIV.

De toutes les passions, celle qui est la plus inconnue à nous-mêmes, c'est la paresse; elle est la plus ardente et la plus maligne de toutes, quoique sa violence soit insensible, et que les dommages qu'elle cause soient très cachés: si nous considérons attentivement son pouvoir, nous verrons qu'elle se rend en toutes rencontres maîtresse de nos sentiments, de nos intérêts et de nos plaisirs : c'est la rémore qui a la force d'arrêter les plus grands vaisseaux, c'est une bonace plus dangereuse aux plus importantes affaires que les écueils et que les plus grandes tempêtes. Le repos de la paresse est un charme secret de l'ame qui suspend soudainement les plus ardentes poursuites et les plus opiniâtres résolutions. Pour donner enfin la véritable idée de cette passion, il faut dire que la paresse est comme une béatitude de l'ame, qui la console de toutes ses pertes, et qui lui tient lieu de tous les biens. (1665 — no 290.)

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On craint toujours de voir ce qu'on aime, quand on vient de faire des coquetteries ailleurs. (1675- no 372.)

LXIV.

On doit se consoler de ses fautes, quand on a la force de les avouer. (1675 — no 375. )

SECOND SUPPLEMENT.

PENSÉES

TIRÉES DES LETTRES MANUSCRITES

QUI SE TROUVENT A LA BIBLIOTHÈQUE DU ROI'.

I.

L'intérêt est l'ame de l'amour-propre : de sorte que comme le corps privé de son ame est sans vue, sans ouïe, sans connoissance, sans sentiment et sans mouvement; de même l'amour-propre séparé, s'il le faut dire ainsi, de son intérêt, ne voit, n'entend, ne sent et ne se remue plus de là vient qu'un même homme qui court la terre et les mers pour son intérêt devient soudainement paralytique pour l'intérêt des autres; de là vient le soudain assoupissement et cette mort que nous causons à tous ceux à qui nous contons nos affaires; de là vient leur prompte résurrection lorsque dans notre narration nous y mêlons quelque chose qui les regarde de sorte que nous voyons dans nos conversations et dans nos traités, que dans un même moment un homme perd connoissance et revient à soi, selon que son propre intérêt s'approche de lui ou qu'il s'en retire.

Lettre à madame de Sablė, manusc., folio 211.

II.

Ce qui fait tant crier contre les maximes qui découvrent le cœur de l'homme, est que l'on craint d'y être découvert. (MAXIME 103.) Manusc., folio 510.

est fait, on en est assez content pour ne se mettre pas d'ordinaire fort en peine du succès de l'entreprise que l'on veut faire réussir ; et il est certain que ceux qui s'exposent et font autant qu'il est nécessaire pour prendre une place que l'on attaque, ou pour conquérir une province, ont plus de mérite, sont meilleurs officiers, et ont de plus grandes et plus utiles vues que ceux qui s'exposent seulement pour mettre leur honneur à couvert; il est fort commun de trouver des gens de la dernière espèce, et fort rare d'en trouver de l'autre. (MAXIME 219.) Lettre à M. Esprit, manusc., folio 173.

V.

Le goût change, mais l'inclination ne change point. (MAXIME 252.)

Lettre à madame de Sable, manusc., folio 223.

VI.

Le pouvoir que des personnes que nous aimons ont sur nous, est presque toujours plus grand que celui que nous avons nous-mêmes. (MAXIME 259.)

Lettre à madame de Sable, manusc., folio 244.

VII.

Ce qui fait croire si facilement que les autres ont des défauts, c'est la facilité que l'on a de croire ce que l'on souhaite. (MAXIME 397.) Lettre à madame de Sablė, manusc., folio 223.

VIII.

Je sais bien que le bon sens et le bon esprit ennuient à tous les âges, mais les goûts n'y mènent pas toujours, et ce qui seroit bien en un temps, ne seroit pas bien en un autre. Ce qui me fait croire que peu de gens savent être L'espérance et la crainte sont inséparables. vieux. (MAXIME 423.) (MAXIME 168.)

III.

Lettre à madame de Sable, manusc., folio 222.

IV.

Il est assez ordinaire de hasarder sa vie pour empêcher d'être déshonoré; mais quand cela

Nous avons indiqué les numéros des Maximes auxquelles les Pensées de ce Supplément peuvent servir de variantes.

Lettre à madame de Sablé, manusc., folio 202.

IX.

Dieu a permis, pour punir l'homme du péché originel, qu'il se fît un bien de son amourpropre pour en être tourmenté dans toutes les actions de sa vie. (MAXIME 494.)

Manusc., folio 540.

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