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La réconciliation avec nos ennemis n'est qu'un desir de rendre notre condition meil

Il n'y a que d'une sorte d'amour, mais il y leure, une lassitude de la guerre, et une crainte en a mille différentes copies. de quelque mauvais évènement 3.

LXXV.

L'amour, aussi-bien que le feu, ne peut subsister sans un mouvement continuel; et il cesse de vivre dès qu'il cesse d'espérer ou de craindre.

LXXVI.

Il est du véritable amour comme de l'apparition des esprits: tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu.

Var. Il n'y a point d'amour pur et exempt du mélange des antres passions, que celui qui est caché au fond du cœur, et que nous ignorons nous-mêmes. (4665—no 79. )

* Var. Qui n'ont jamais fait de galanterie. (1663--n° 83.)

Ce

* LXXXIII.

que les hommes ont nommé amitié, n'est

Var. La justice n'est qu'une vive appréhension qu'on ne nous ôte ce qui nous appartient: de là vient cette considération et ce respect pour tous les intérêts du prochain, et cette scrupuleuse application à ne lui faire aucun préjudice : cette crainte retient l'homme dans les bornes des biens que la naissance ou la fortune lui ont donnés ; et sans cette crainte, il feroit des courses continuelles sur les autres. (1665-no 88.)-On blame l'injustice. non pas par l'aversion que l'on a pour elle, mais pour le préjudice que l'on en reçoit. (4663—no 90.)

2 Var. Ce qui rend nos inclinations si légères et si changeantes, c'est qu'il est aisé de connoitre les qualités de l'esprit, et difficile de connoître celles de l'ame. (4663 — no 95.)

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3 Var. La réconciliation avec nos ennemis, qui se fait au nom de la sincérité, de la douceur, et de la tendresse. (166)— no 93.)

aspire.

qu'une société, qu'un ménagement réciproque | une impossibilité absolue d'arriver où elle d'intérêts, et qu'un échange de bons offices; ce n'est enfin qu'un commerce où l'amour-propre se propose toujours quelque chose à gagner1.

LXXXIV.

XCII.

Détromper un homme préoccupé de son mérite, est lui rendre un aussi mauvais office que celui que l'on rendit à ce fou d'Athènes qui

Il est plus honteux de se défier de ses amis, croyoit que tous les vaisseaux qui arrivoient que d'en être trompé. dans le port étoient à lui 3.

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On s'est trompé lorsqu'on a cru que l'esprit et le jugement étoient deux choses différentes: le jugement n'est que la grandeur de la lumière

Tout le monde se plaint de sa mémoire, et de l'esprit. Cette lumière pénètre le fond des personne ne se plaint de son jugement.

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choses; elle y remarque tout ce qu'il faut remarquer, et aperçoit celles qui semblent imperceptibles. Ainsi il faut demeurer d'accord que c'est l'étendue de la lumière de l'esprit qui produit tous les effets qu'on attribue au jugement".

■ Var. On a autant de sujet de se plaindre de ceux qui nous apprennent à nous connoître nous-mêmes; qu'en eut ce fou d'A

La plus grande ambition n'en a pas la moin-thenes, de se plaindre du médecin qui l'avoit guéri de l'opinion dre apparence, lorsqu'elle se rencontre dans

• I var. L'amitié là plus désintéressée n'est qu'un trafic, où notre amour-propre se propose toujours quelque chose à gagner. ( 4663 — n° 94.)

d'etre riche. (1665—no 404.)

2 Vur. Le jugement n'est autre chose que la grandeur de la lumière de l'esprit, son étendue est la mesure de sa lumière, sa profondeur est celle qui pénètre le fond des choses, son discernement les compare et les distingue, sa justesse ne voit que ce qu'il faut voir, sa droiture les prend toujours par le bon biais,

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sa délicatesse aperçoit celles qui paroissent imperceptibles, et le jugement décide ce que les choses sont; si on l'examine bien, on trouvera que toutes ces qualités ne sont autre chose que la grandeur de l'esprit, lequel voyant tout, rencontre dans la plénitude de ses lumières tous les avantages dont nous venons de parler. ( 1665 – n° 407.)

1 Var. La politesse de l'esprit est un tour par lequel il pense

toujours des choses honnêtes et délicates. ( 1663 — no 99.)

Vur. La galanterie de l'esprit est un tour de l'esprit, par lequel il entre dans les choses les plus flatteuses, c'est-à-dire celles qui sont le plus capables de plaire aux autres. (4665-no 110.) 3 Var. Il y a des jolies choses que l'esprit ne cherche point et qu'il trouve toutes achevées en lui-même; il semble qu'elles y soient cachées comme l'or et les diamants dans le sein de la terre. ( 4663− n 444)

fait trouver la raison; mais celui qui la connoît, qui la discerne et qui la goûte.

CVI.

Pour bien savoir les choses, il en faut savoir le détail; et comme il est presque infini, nos connoissances sont toujours superficielles et imparfaites.

CVII.

C'est une espèce de coquetterie, de faire remarquer qu'on n'en fait jamais.

CVIII.

L'esprit ne sauroit jouer long-temps le personnage du cœur.

CIX.

La jeunesse change ses goûts par l'ardeur du sang, et la vieillesse conserve les siens par l'ac

coutumance.

CX.

On ne donne rien si libéralement que ses conseils 1.

CXI.

de la hair.
Plus on aime une maîtresse, plus on est près

CXII.

Les défauts de l'esprit augmentent en vieillissant, comme ceux du visage.

CXIII.

Il y a de bons mariages; mais il n'y en a point de délicieux.

CXIV.

On ne se peut consoler d'être trompé par ses ennemis et trahi par ses amis, et l'on est souvent satisfait de l'être par soi-même.

CXV.

Il est aussi facile de se tromper soi-même sans s'en apercevoir, qu'il est difficile de tromper

4 Var. Bien des gens connoissent leur esprit, qui ne connois les autres sans qu'ils s'en aperçoivent.

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CXXI.

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Il suffit quelquefois d'être grossier pour n'être

On fait souvent du bien pour pouvoir impu- pas trompé par un habile homme.

nément faire du mal.

1 Var. Rien n'est plus divertissant que de voir deux hommes assemblés, l'un pour demander conseil et l'autre pour le donner: l'un paroît avec une déférence respectueuse, et dit qu'il vient recevoir des instructions pour sa conduite, et son dessein le plus souvent est de faire approuver ses sentiments, et de rendre celui qu'il vient consulter garant de l'affaire qu'il lui propose. Celui qui conseille paie d'abord la confiance de son ami des marques d'un zèle ardent et désintéressé, et il cherche en même temps, dans ses propres intérêts, des règles de conseiller; de sorte que son conseil lui est bien plus propre qu'à celui qui le reçoit. (1665 -no 148.)

Var. La coutume que nous avons de nous déguiser aux autres pour acquérir leur estime, fait qu'enfin nous nous déguisons à nous-mêmes. (1663-no 123.)

CXXX.

La foiblesse est le seul défaut que l'on ne sauroit corriger.

CXXXI.

Le moindre défaut des femmes qui se sont abandonnées à faire l'amour, c'est de faire l'amour.

Var. Si on étoit toujours assez habile, on ne feroit jamais de finesses ni de trahisons. (4665-no 128.)

2 Var. On est fort sujet à être trompé, quand on croit être plus fin que les autres, (1663—no 129.)

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Nous nous vantons souvent de ne nous point ennuyer, et nous sommes si glorieux, que nous ne voulons pas nous trouver de mauvaise compagnie 1. CXLII.

Comme c'est le caractère des grands esprits

On est quelquefois aussi différent de soi- de faire entendre en peu de paroles beaucoup

même

que des autres.

CXXXVI.

Il y a des gens qui n'auroient jamais été amoureux, s'ils n'avoient jamais entendu parler de l'amour.

CXXXVII.

de choses, les petits esprits, au contraire, ont le don de beaucoup parler et de ne rien dire.

CXLIII.

C'est plutôt par l'estime de nos propres sentiments que nous exagérons les bonnes qualités des autres, que par l'estime de leur mérite; et

On parle peu quand la vanité ne fait pas nous voulons nous attirer des louanges, lorsparler. qu'il semble que nous leur en donnons 2.

CXXXVIII.

On aime mieux dire du mal de soi-même, que de n'en point parler.

CXXXIX.

Une des choses qui fait que l'on trouve si peu de gens qui paroissent raisonnables, et agréables dans la conversation, c'est qu'il n'y a presque personne qui ne pense plutôt à ce qu'il veut dire, qu'à répondre précisément à ce qu'on lui dit. Les plus habiles et les plus complaisants se contentent de montrer seulement une mine attentive, au même temps que l'on voit dans leurs yeux et dans leur esprit un égarement pour ce qu'on leur dit, et une précipitation pour retourner à ce qu'ils veulent dire; au lieu de considérer que c'est un mauvais moyen de plaire aux autres ou de les persuader, que de chercher si fort à se plaire à soi-même, et que

Var. Dans l'édition de 1666, qui est celle où cette réflexion a paru pour la première fois, on lit des excellents originaux, au lieu de des méchants originaux.

1ar. Quand la vanité ne fait point parler, on n'a pas envie de dire grand chose. ( 4663 — no 159.)

CXLIV.

On n'aime point à louer, et on ne loue jamais personne sans intérêt. La louange est une flatterie habile, cachée et délicate, qui satisfait reçoit : l'un la prend comme une récompense différemment celui qui la donne et celui qui la de son mérite; l'autre la donne pour faire remarquer son équité et son discernement.

CXLV.

Nous choisissons souvent des louanges empoisonnées, qui font voir par contre-coup en ceux que nous louons des défauts que nous n'osons

découvrir d'une autre sorte.

CXLVI.

On ne loue d'ordinaire que pour être loué.

1 Var. On se vante souvent mal à propos de ne se point ennuyer; et l'homme est si glorieux, qu'il ne veut pas se trouver de mauvaise compagnie. (1665- no 143.)

2 Var. C'est plutôt par l'estime de nos sentiments que nous exagérons les bonnes qualités des autres, que par leur mérite, et nous nous louons en effet, lorsqu'il semble que nous leur donnons des louanges. (1663—no 146.)

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