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dits par l'Antechrist; mais les miracles de l'Antechrist sont prédits par Jésus-Christ. Et ainsi, si Jésus-Christ n'étoit pas le Messie, il auroit bien induit en erreur; mais on ne sauroit y être induit avec raison par les miracles de l'Antechrist. Et c'est pourquoi les miracles de l'Antechrist ne nuisent point à ceux de Jésus-Christ. En effet, quand Jésus-Christ a prédit les miracles de l'Antechrist, a-t-il cru détruire la foi de ses propres miracles?

Il n'y a nulle raison de croire à l'Antechrist qui ne soit à croire en Jésus-Christ; mais il y en a à croire en Jésus-Christ, qui ne sont point à croire à l'Antechrist.

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Il en arrivera de même à l'avenir: ou Dieu ne permettra pas de faux miracles, ou il en procurera de plus grands: car les miracles ont une telle force, qu'ila fallu que Dieu ait averti qu'on n'y pensât point quand ils seroient contre lui, tout clair qu'il soit qu'il y a un Dieu; sans quoi ils eussent été capables de troubler.

|

que vous n'êtes pas de mes brebis. (JOAN., 10, 26. ) Ce qui fait croire les faux, c'est le défaut de charité : Eo quòd charitatem veritatis non receperunt ut salvi fierent, ideò mittet illis Deus operationem erroris, ut credant mendacio. (2 Thess., 2, 10.)

Lorsque j'ai considéré d'où vient qu'on ajoute tant de foi à tant d'imposteurs qui disent qu'ils ont des remèdes, jusqu'à mettre souvent sa vie entre leurs mains, il m'a paru que la véritable cause est qu'il y a de vrais remèdes; car il ne seroit pas possible qu'il y en eût tant de faux, et qu'on y donnât tant de croyance, s'il n'y en avoit de véritables. Si jamais il n'y en avoit eu, et que tous les maux eussent été incurables, il est impossible que les hommes se fussent imaginé qu'ils pourroient en donner ; et encore plus que tant d'autres eussent donné croyance à ceux qui se fussent vantés d'en avoir. De même que, si un homme se vantoit d'empêcher de mourir, personne ne le croiroit, parcequ'il n'y a aucun de remèdes qui se sont trouvés véritables par la exemple de cela. Mais comme il y a eu quantité connoissance même des plus grands hommes, la croyance des hommes s'est pliée par-là, parceque, la chose ne pouvant être niée en gésont véritables, le peuple, qui ne peut pas disnéral, puisqu'il y a des effets particuliers qui sont les véritables, les croit tous. De même, ce cerner lesquels d'entre ces effets particuliers qui fait qu'on croit tant de faux effets de la lune, c'est qu'il y en a de vrais, comme le flux

de la mer.

a tant de faux miracles, de fausses révélations, Ainsi il me paroît aussi évidemment qu'il n'y de sortiléges, etc., que parcequ'il y en a de

Et ainsi, tant s'en faut que ces passages du treizième chapitre du Deuteronome, qui portent qu'il ne faut point croire ni écouter ceux qui feront des miracles, et qui détourneront du service de Dieu; et celui de saint Marc: Il s'é-vrais; ni de fausses religions, que parcequ'il y Levera de faux christs et de faux prophètes, qui feront des prodiges et des choses étonnantes, jusqu'à séduire, s'il est possible, les élus mêmes (MARC, 15, 22), et quelques autres semblables, fassent contre l'autorité des miracles, que n'en marque davantage la force.

VII.

rien

Ce qui fait qu'on ne croit pas les vrais miracles, c'est le défaut de charité: Vous ne croyez pas, dit Jésus-Christ parlant aux Juifs, parce

en a une véritable. Car s'il n'y avoit jamais eu rien de tout cela, il est comme impossible que les hommes se le fussent imaginé, et encore plus que d'autres l'eussent cru. Mais comme il y aeu de très grandes choses véritables, et qu'ainsi elles ont été crues par de grands hommes, cette impression a été cause que presque tout le monde s'est rendu capable de croire aussi les fausses. Et ainsi, au lieu de conclure qu'il n'y a point de vrais miracles, puisqu'il y en a de faux, il faut dire, au contraire, qu'il y a de vrais miracles, puisqu'il y en a tant de faux;

et qu'il n'y en a de faux que par cette raison | ture visible. Beaucoup de chrétiens hérétiques qu'il y en a de vrais ; et qu'il n'y a de même de l'ont connu à travers son humanité, et adorent fausses religions que parcequ'il y en a une vé- Jésus-Christ Dieu et homme. Mais pour nous, ritable. Cela vient de ce que l'esprit de l'homme, nous devons nous estimer heureux de ce que se trouvant plié de ce côté-là par la vérité, de- | Dieu nous éclaire jusqu'à le reconnoître sous les vient susceptible par-là de toutes les faus- espèces du pain et du vin.

setés.

VIII.

Il est dit, Croyez à l'Église; mais il n'est pas dit, Croyez aux miracles; à cause que le dernier est naturel, et non pas le premier. L'un avoit besoin de précepte, non pas l'autre.

Il y a si peu de personnes à qui Dieu se fasse paroître par ces coups extraordinaires, qu'on doit bien profiter de ces occasions, puisqu'il ne sort du secret de la nature qui le couvre que pour exciter notre foi à le servir avec d'autant plus d'ardeur, que nous le connoissons avec plus de certitude,

On peut ajouter à ces considérations le secret de l'esprit de Dieu caché encore dans l'Écriture. Car il y a deux sens parfaits, le littéral et le mystique; et les Juifs, s'arrêtant à l'un, ne pensent pas seulement qu'il y en ait un autre, et ne songent pas à le chercher : de même que les impies, voyant les effets naturels, les attribuent à la nature, sans penser qu'il y en ait un autre auteur; et comme les Juifs, voyant un homme parfait en Jésus-Christ, n'ont pas pensé à y chercher une autre nature: Nous n'avons point pensé que ce fût lui, dit encore Isaïe (Is., 53, 3): et de même enfin que les hérétiques, voyant les apparences parfaites du pain dans Si Dieu se découvroit continuellement aux l'Eucharistie, ne pensent pas à y chercher une hommes, il n'y auroit point de mérite à le croire; autre substance. Toutes choses couvrent quelet s'il ne se découvroit jamais, il y auroit peu de que mystère; toutes choses sont des voiles qui foi. Mais il se cache ordinairement, et se décou-couvrent Dieu. Les chrétiens doivent le reconvre rarement à ceux qu'il veut engager dans son service. Cet étrange secret, dans lequel Dieu s'est retiré, impénétrable à la vue des hommes, est une grande leçon pour nous porter à la solitude, loin de la vue des hommes. Il est demeuré caché sous le voile de la nature, qui nous le couvre, jusques à l'incarnation; et quand il a fallu qu'il ait paru, il s'est encore plus caché en se couvrant de l'humanité. Il étoit bien plus reconnoissable quand il étoit invisible que non pas quand il s'est rendu visible. Et enfin, quand il a voulu accomplir la promesse qu'il fit à ses apôtres de demeurer avec les hommes jusqu'à son dernier avènement, il a choisi d'y demeurer dans le plus étrange et le plus obscur secret de tous, savoir, sous les espèces de l'Eucharistie. C'est ce sacrement que saint Jean appelle dans l'Apocalypse une manne cachée (Apoc., 2, 17); et je crois qu'Isaïe le voyoit en cet état, lorsqu'il dit en esprit de prophétie: Véritablement vous êtes un Dieu caché. (Is., 45, 15.) C'est la le dernier secret où il peut être. Le voile de la nature qui couvre Dieu a été pénétré par plusieurs infidèles, qui, comme dit saint Paul (Rom., 1, 20), ont reconnu un Dieu invisible par la na

noître en tout. Les afflictions temporelles couvrent les biens éternels où elles conduisent. Les joies temporelles couvrent les maux éternels qu'elles causent. Prions Dieu de nous le faire reconnoître et servir en tout; et rendons-lui des graces infinies de ce qu'étant caché en toutes choses pour tant d'autres, il s'est découvert en toutes choses et en tant de manières pour nous.

IX.

Les filles de Port-Royal, étonnées de ce qu'on dit qu'elles sont dans une voie de perdition; que leurs confesseurs les mènent à Genève; qu'ils leur inspirent que Jésus-Christ n'est pas en l'Eucharistie, ni à la droite du Père: sachant que tout cela étoit faux, s'offrirent à Dieu en cet état, en lui disant avec le prophète : Vide si via iniquitatis in me est. (Ps., 158, 24.) Qu'arrive-t-il là-dessus? Ce lieu, qu'on dit être le temple du diable, Dieu en fait son temple. On dit qu'il faut en ôter les enfants; on dit que c'est l'arsenal de l'enfer: Dieu en fait le sanctuaire de ses graces. Enfin on les menace de toutes les fureurs et de toutes les vengeances du ciel, et Dieu les comble de ses faveurs. Il faudroit avoir

perdu le sens pour en conclure qu'elles sont | suivoient sa doctrine par ses miracles; les autres dans la voie de perdition.

Les jésuites n'ont pas laissé néanmoins d'en tirer cette conclusion; car ils concluent de tout que leurs adversaires sont hérétiques. S'ils leur reprochent leurs excès, ils disent qu'ils parlent comme des hérétiques. S'ils disent que la grace de Jésus nous discerne, et que notre salut dépend de Dieu, c'est le langage des hérétiques. S'ils disent qu'ils sont soumis au pape : c'est ainsi, disent-ils, que les hérétiques se cachent et se déguisent. S'ils disent qu'il ne faut pas tuer pour une pomme: ils combattent, disent les jésuites, la morale des catholiques. Enfin, s'il se fait des miracles parmi eux, ce n'est pas une marque de sainteté ; c'est au contraire un soupçon d'hérésie.

Voilà l'excès étrange où la passion des jésuites les a portés; et il ne leur restoit plus que cela pour détruire les principaux fondements de la religion chrétienne. Car les trois marques de la véritable relation sont la perpétuité, la bonne vie et les miracles. Ils ont déja détruit la perpétuité par la probabilité, qui introduit leurs nouvelles opinions à la place des vérités anciennes : ils ont détruit la bonne vie par leur morale corrompue et maintenant ils veulent détruire les miracles en détruisant ou leur vérité, ou leur conséquence.

Les adversaires de l'Église le nient, ou en nient la conséquence: les jésuites de même. Ainsi, pour affoiblir leurs adversaires, ils désarment l'Église, et se joignent à tous ses ennemis, en empruntant d'eux toutes les raisons par lesquelles ils combattent les miracles. Car l'Église a trois sortes d'ennemis : les Juifs, qui n'ont jamais été de son corps; les hérétiques, qui s'en sont retirés; et les mauvais chrétiens, qui la déchirent en dedans.

Ces trois sortes de différents adversaires la combattent d'ordinaire diversement; mais ici ils la combattent d'une même sorte. Comme ils sont tous sans miracles, et que l'Église a toujours eu contre eux des miracles, ils ont tous eu le même intérêt à les éluder, et se sont tous servis de cette défaite : qu'il ne faut pas juger de la doctrine par les miracles, mais des miracles par la doctrine. Il y avoit deux partis entre ceux qui écoutoient Jésus-Christ : les uns qui

qui disoient: Il chasse les démons au nom de Belzebuth. Il y avoit deux partis au temps de Calvin : celui de l'Église, et celui des sacramentaires, qui la combattoient. Il y a maintenant les jésuites, et ceux qu'ils appellent jansénistes, qui contestent. Mais les miracles étant du côté des jansenistes, les jésuites ont recours à cette défaite générale des Juifs et des hérétiques, qui est qu'il faut juger des miracles par la doctrine.

Ce n'est point ici le pays de la vérité : elle est inconnue parmi les hommes. Dieu l'a couverte d'un voile qui la laisse méconnoître à ceux qui n'entendent pas sa voix. La porte est ouverte aux blasphèmes, et même sur les vérités les plus certaines de la morale. Si l'on publie les vérités de l'Évangile, on en publie de contraires, et on obscurcit les questions en sorte que le peuple ne peut discerner. Aussi on demande: Qu'avez-vous pour vous faire plutôt croire que les autres? Quel signe faites-vous? Vous n'avez que des paroles, et nous aussi. Si vous n'avez point de miracles, on dit que la doctrine doit être soutenue par les miracles; cela est une vérité dont on abuse pour blasphemer la doctrine. Et si les miracles arrivent, on dit que les miracles ne suffisent pas sans la doctrine; et c'est une autre vérité pour blasphemer les miracles.

Que vous êtes aises, mes pères, de savoir les règles générales, pensant par-là jeter le trouble, et rendre tout inutile! On vous en empêchera, mes pères : la vérité est une et ferme.

X.

Si le diable favorisoit la doctrine qui le détruit, il seroit divisé, omne regnum divisum, etc. Car Jésus-Christ agissoit contre le diable, et détruisoit son empire sur les cœurs, dont l'exorcisme est la figure, pour établir le royaume de Dieu. Et ainsi il ajoute : In digito Dei, etc., regnum Dei ad vos, etc. (Luc, 11, 17, 20.)

Il étoit impossible qu'au temps de Moïse on réservât sa croyance à l'Antechrist, qui leur étoit inconnu. Mais il est bien aisé au temps de l'Antechrist de croire en Jésus-Christ, déja connu.

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Nous ne sommes pas aujourd'hui dans la peine de faire ce discernement; il est pourtant bien facile à faire. Ceux qui ne nient ni Dieu, ni Jésus-Christ, ne font point de miracles qui ne soient sûrs. Mais nous n'avons point à faire ce discernement. Voici une relique sacrée. Voici une épine de la couronne du Sauveur du monde, en qui le prince de ce monde n'a point de puis

Quand les schismatiques 1 feroient des mira- | ou faits par le diable : étant nécessités d'être cles, ils n'induiroient point à erreur. Et ainsi convaincus, s'ils reconnoissoient qu'ils fussent il n'est pas certain qu'ils ne puissent en faire. de Dieu. Le schisme est visible; le miracle est visible. Mais le schisme est plus marqué d'erreur que le miracle n'est marqué de vérité. Donc le mi- | racle d'un schismatique ne peut induire à l'erreur. Mais hors le schisme, l'erreur n'est pas si visible que le miracle est visible. Donc le miracle induiroit à l'erreur. Ainsi un miracle parmi les schismatiques n'est pas tant à craindre; car le schisme, qui est plus visible que le mira-sance, qui fait des miracles par la propre puiscle, marque visiblement leur erreur. Mais quand il n'y a point de schisme, et que l'erreur est en dispute, le miracle discerne.

sance de ce sang répandu pour nous. Dieu choisit lui-même cette maison pour y faire éclater sa puissance.

Ce ne sont point des hommes qui font ces mi

nous oblige à un difficile discernement. C'est Dieu même ; c'est l'instrument de la passion de son fils unique qui, étant en plusieurs lieux, a choisi celui-ci, et fait venir de tous côtés les hommes pour y recevoir ces soulagements miraculeux dans leurs langueurs.

Il en est de même des hérétiques. Les miracles leur seroient inutiles; car l'Église, autori-racles par une vertu inconnue et douteuse, qui risée par les miracles qui ont préoccupé la croyance, nous dit qu'ils n'ont pas la vraie foi. Il n'y a pas de doute qu'ils ne l'ont pas, puisque les premiers miracles de l'Église excluent la foi des leurs, quand ils en auroient. Il y auroit ainsi miracles contre miracles, mais premiers et plus grands du côté de l'Église; ainsi il faudroit toujours la croire contre les miracles.

Voyons par-là ce qu'on doit conclure des miracles de Port-Royal.

Les Pharisiens disoient: Non est hic homo à Deo, qui sabbatum non custodit. (JOAN., 9, 16.) Les autres disoient : Quomodò potest homo peccalor hæc signa facere? Lequel est le plus clair? Dans la contestation présente, les uns disent: Cette maison n'est pas de Dieu; car on n'y croit pas que les cinq propositions sont dans Jansénius. Les autres: Cette maison est de Dieu; car il s'y fait de grands miracles. Lequel est le plus clair?

La dureté des jésuites surpasse donc celle des Juifs, puisqu'ils ne refusoient de croire JésusChrist innocent que parcequ'ils doutoient si ses miracles étoient de Dieu. Au lieu que les jésuites ne pouvant douter que les miracles de Port-Royal ne soient de Dieu, ils ne laissent pas de douter encore de l'innocence de cette maison.

Mais, disent-ils, les miracles ne sont plus nécessaires, à cause qu'on en a déja; et ainsi ils ne sont plus des preuves de la vérité de la doctrine. Oui. Mais quand on n'écoute plus la tradition; qu'on a surpris le peuple; et qu'ainsi, ayant exclu la vraie source de la vérité, qui est la tradition, et ayant prévenu le pape, qui en est le dépositaire, la vérité n'a plus de liberté de paroître: alors les hommes ne parlant plus de la

Ainsi la même raison qui rend coupables les Juifs de n'avoir pas cru en Jésus-Christ, rend les jésuites coupables d'avoir continué de persévérité, la vérité doit parler elle-même aux homcuter la maison de Port-Royal.

Il avoit été dit aux Juifs, aussi bien qu'aux chrétiens, qu'ils ne crussent pas toujours les prophètes. Mais néanmoins les Pharisiens et les scribes font grand état des miracles de JésusChrist, et essaient de montrer qu'ils sont faux,

Pascal veut parler d'un schisme ouvert et reconnu de part et d'autre, tel, par exemple, que celui des donatistes, des calvinistes, etc. Il ne faut point prendre le change.

mes. C'est ce qui arriva au temps d'Arius.

Ceux qui suivent Jésus-Christ à cause de ses miracles honorent sa puissance dans tous les miracles qu'elle produit; mais ceux qui, en faisant profession de le suivre pour ses miracles, ne le suivent en effet que parcequ'il les console et les rassasie des biens du monde : ils déshonorent ses miracles, quand ils sont contraires à leurs commodités.

C'est ce que font les jésuites. Ils relèvent les miracles: ils combattent ceux qui les convainquent. Juges injustes, ne faites pas des lois sur l'heure; jugez par celles qui sont établies par vous-mêmes: Vos qui conditis leges iniquas.

La manière dont l'Église a subsisté, est que la vérité a été sans contestation ; ou si elle a été contestée, il y a eu le pape, et sinon il y a eu l'Église.

Le miracle est un effet qui excède la force

excuse ceux qui l'offrent telle, et que cela les ôte du blâme de la produire sans raison, cela n'excuse pas ceux qui, sur l'exposition qu'ils en font, refusent de la croire.

III.

Croyez-vous qu'il soit impossible que Dieu soit infini sans parties? Oui. Je veux donc vous faire voir une chose infinie et indivisible: c'est un

naturelle des moyens qu'on y emploie, et le point se mouvant par-tout d'une vitesse infinie;

non-miracle est un effet qui n'excède pas la force qu'on y emploie. Ainsi ceux qui guérissent par l'invocation du diable ne font pas un miracle; car cela n'excède pas la force naturelle du diable.

Les miracles prouvent le pouvoir que Dieu a sur les cœurs par celui qu'il exerce sur les corps.

Il importe aux rois, aux princes, d'être en estime de piété; et pour cela, il faut qu'ils se confessent à vous, (Des jésuites.)

Les jansénistes ressemblent aux hérétiques par la réformation des mœurs; mais vous leur ressemblez en mal.

ARTICLE XVII.

Pensées diverses sur la religion.

I.

Le pyrrhonisme a servi à la religion; car, après tout, les hommes, avant Jésus-Christ, ne savoient où ils en étoient, ni s'ils étoient grands ou petits. Et ceux qui ont dit l'un ou l'autre n'en savoient rien, et devinoient sans raison et par hasard et même ils croyoient toujours, en excluant l'un ou l'autre.

II.

car il est en tous lieux, et tout entier dans chaque endroit.

Que cet effet de nature qui vous sembloit impossible auparavant, vous fasse connoître qu'il peut y en avoir d'autres que vous ne connoissez pas encore. Ne tirez pas cette conséquence de savoir; mais qu'il vous reste infiniment à savoir. votre apprentissage, qu'il ne vous reste rien à

IV.

La conduite de Dieu, qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l'esprit par les raisons, et dans le cœur par sa grace. Mais de vouloir la mettre dans le cœur et dans l'esprit par la force et par les menaces, ce n'est pas y mettre la religion, mais la terreur. Commencez par plaindre les incrédules; ils sont assez malheureux. Il ne faudroit les injurier qu'au cas que cela servît; mais cela leur nuit.

Toute la foi consiste en Jésus-Christ et en Adam; et toute la morale, en la concupiscence et en la grace.

V.

Le cœur a ses raisons, que la raison ne connoît pas on le sent en mille manières. Il aime l'être universel naturellement, et soi-même naturellement, selon qu'il s'y adonne; et il se durcit contre l'un et l'autre, à son choix. Vous avez re

Qui blâmera les Chrétiens de ne pouvoir rendre raison de leur croyance, eux qui professent jeté l'un et conservé l'autre : est-ce par raison?

une religion dont ils ne peuvent rendre raison? Ils déclarent au contraire, en l'exposant aux Gentils, que c'est une sottise, stultitiam, etc.; et puis vous vous plaignez de ce qu'ils ne la prouvent pas? S'ils la prouvoient, ils ne tiendroient pas parole: c'est en manquant de preuves qu'ils ne manquent pas de sens. Oui. Mais encore que cela

VI.

Le monde subsiste pour exercer miséricorde et jugement: non pas comme si les hommes y étoient sortant des mains de Dieu, mais comme des ennemis de Dieu, auxquels il donne, par sa grace, assez de lumière pour revenir, s'ils veu

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