A tant par mois, dit-il, j'en donnerai leçon.- Reprit le fils de roi. Le noble poursuivit : Le pâtre dit: Amis, vous parlez bien; mais quoi! Vous me donnez une espérance Belle, mais éloignée; et cependant j'ai faim. Qui pourvoira de nous au dîner de demain? Ou plutôt sur quelle assurance Fondez-vous, dites-moi, le souper d'aujourd'hui? Avant tout autre, c'est celui Dont il s'agit. Votre science Est courte là-dessus: ma main y suppléera. Dans un bois: il y fit des fagots, dont la vente, Qu'il ne faut pas tant d'art pour conserver ses jours; Et, grâce aux dons de la nature, La main est le plus sûr et le plus prompt secours. FIN DU LIVRE DIXIÈME. LIVRE ONZIÈME. 1. Le Lion. Sultan léopard autrefois Eut, ce dit-on, par mainte aubaine', Il naquit un lion dans la forêt prochaine. 2 Le sultan fit venir son vizir le renard, Vieux routier, et bon politique. Tu crains, ce lui dit-il, lionceau mon voisin ; Il a chez lui plus d'une affaire, S'il garde ce qu'il a, sans tenter de conquête. Tels orphelins, seigneur, ne me font point pitié, Ou s'efforcer de le détruire Lui soit crûe, et qu'il soit en état de nous nuire. J'ai fait son horoscope: il croftra par la guerre ; 1. Par les successions des étrangers, confisquées à son profit én vertu du droit d'aubaine dont il jouissait comme sultan. 2. Vizir, ministre du sultan. Pour ses amis, qui soit sur terre : Tâchez de l'affaiblir. La harangue fut vaine. Pourquoi l'irritez-vous? La chose est sans remède. Sauvez le reste ainsi. Ce conseil ne plut pas. Proposez-vous d'avoir le lion pour ami, 1. Voltaire a aussi employé, dans l'intérêt de la rime, craître pour croftre: Qui suis-je et qui dois-je être? Germe inconnu sur la terre jeté, Sur quel terrain puis-je espérer de craître ? II. Le Fermier, le Chien et le Renard', Le loup et le renard sont d'étranges voisins! Les poules d'un fermier; et, quoique des plus fins, Se moque impunément de moi ! Je vais, je viens, je me travaille, Roulant en son cœur ces vengeances, Commit une sottise extrême. 1. Abstemius. 2. Allusion au vieux proverbe : On dit qui a mal voisin. Que il a souvent mal matin. (Renard le nouvel, v. 3527.) 3. Joie. Ce mot ne rime plus avec monnoie, même pour les yeur, car ou écrit monnaie. On disait autrefois monnoye et monusgear. 4. Le pavot d'où se tire l'opium est la fleur attribut du som Le voleur tourne tant qu'il entre au lieu guetté, Parurent avec l'aube on vit un étalage Ne rebroussât d'horreur vers le manoir liquide. Joncha son camp de morts; on vit presque détruit Ajax, à l'âme impatiente, De moutons et de boucs fit un vaste débris, Par qui l'autre emporta le prix. Le renard, autre Ajax aux volailles funeste, 1. Allusion au festin d'Atrée que le soleil n'osa pas éclairer. Cly. temnestre dit dans Racine : Et toi, soleil, et toi.... Recule: ils t'ont appris ce funeste chemin ! 2. Agamemnon, l'aîné des Atrides ou des petits-fils d'Atrée, ayaut enlevé Chrysćis à Chrysès son père, pontife d'Apollon, le dieu, pour venger l'outrage fait à son ministre, envoya dans le camp des Grecs la peste et la mort Ilinde, I). 3. Le camp ou l'armée. Ce vieux mot est encore en usage en provençal et en languedocien. 4. Ajax, après avoir disputé les armes d'Achille sans pouvoir les obtenir, se jeta, dans un accès de rage, sur un troupeau qu'il massacra, croyant y voir les Grecs qui avaient prononcé contre lui. |