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souffre, il s'agite, il se contracte, jusqu'à ce qu'il ait rencontré l'oreille de l'amitié (1).

On ne peut nier que la recherche et l'aveu de nos fautes ne soit un soulagement et un bien; on sort du tribunal de la pénitence meilleur et consolé, on a satisfait à un besoin moral, on a rejeté le vieil homme, on est devenu un homme nouveau. On était malheureux de ses fautes passées, on est heureux de ses vertus à venir...

La conscience universelle reconnaît dans la confession spontanée faite à l'autorité, un mérite de grâce, une force expiatrice. Il n'y a qu'un sentiment sur ce point depuis la mère qui interroge son enfant sur une porcelaine cassée jusqu'au juge qui interroge, du haut de son tribunal, le voleur et l'assassin.

(J. de Maistre).

Je regarde un confesseur pieux, grave, prudent, comme le plus grand organe de la divinité pour le salut des âmes, car ses conseils servent à régler nos affections, à nous faire remarquer nos défauts, à nous faire éviter les occasions de pécher, à faire restituer ce qui a été enlevé, à réparer les scandales, à dissiper les doutes, à relever l'esprit abattu, enfin à guérir ou à adoucir tous les maux des âmes malades. Et si on peut difficilement trouver dans les affaires humaines quelque chose de plus excellent qu'un ami fidèle, que sera-ce d'un sacrement divin tenu de vous garder sa foi et de vous secourir. (Leibnitz).

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Que de restitutions ou de réparations la confession ne faitelle pas faire chez les catholiques? (J.-J. Rousseau).

A quoi sert la confession? disent les sceptiques. Elle sert à se corriger de ses vices et à avancer à grands pas dans les vertus les plus héroïques.

(1) Le bienfait de la confession a été reconnu, non par les catholiques seulement, mais par les philosophes les plus acharnés contre le catholicisme dans leur besoin de raison: nous lisons dans une lettre de Raynal le meilleur de tous les gouvernements serait une théorie où l'on établirait le tribunal de la confession s'il était toujours dirigé par des hommes vertueux. Dans l'Émile de Rousseau : « la confession est très bonne pour engager les cœurs ulcérés de haine à pardonner.>>

A quoi sert la confession? Demandez-le à ce pauvre enfant que de honteuses habitudes dégradaient et dont la flétrissure s'imprimait déjà sur son visage... Le voici tout changé au physique comme au moral.

Demandez-le à cet ouvrier naguère si libertin, si passionné pour le cabaret et actuellement si sage, si sobre, si rangé, si travailleur... Sa femme et ses enfants trouvent que la confession sert à quelque chose.

Demandez-le à cette femme accablée de misère, chargée d'enfants, maltraitée par son mari... Elle a voulu plusieurs fois, la malheureuse, aller finir ses peines dans la rivière... La pensée de Dieu et de ses enfants l'a retenue. Elle s'approche du confessionnal... Je ne sais ce qu'on lui a dit, mais elle rentre chez elle la paix dans le cœur, presque la joie sur le visage. Elle porte doucement ses peines; elle souffre sans se plaindre les duretés de son mari. Celui-ci s'étonne du changement, puis il admire, puis il aime, puis il imite. Comptez un suicide de moins, une mère conservée à six enfants, un bon ménage et une famille vertueuse de plus. (Mgr de Ségur).

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Confiance. Ce mot est susceptible de beaucoup d'interprétations on a confiance en soi, en ses forces, en son talent; c'est souvent de la présomption. On a confiance en Dieu, en ses amis, dans les évènements, dans sa fortune... Napoléon disait à l'un de ses maréchaux qui, avant ses revers, lui reprochait sa témérité : « Voyez-vous cette étoile? bien, moi, je la vois et je la suis... »

Non, sire.

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Eh

De toutes les vertus, la plus nécessaire à l'homme, dit excellemment le Père Grou (1), c'est la confiance en Dieu, parce que, sans elle, il ne peut rien et qu'avec elle il peut tout.

:

Cette vertu est placée entre deux excès qu'il faut également éviter la présomption et la pusillanimité. Les uns en abusent pour se relâcher dans les voies de la prudence, les autres ont une appréhension trop vive de la justice de Dieu et de la rigueur de ses jugements. La vérité est au milieu.

La confiance est fondée sur la connaissance de Dieu qui nous

(1) Manuel des âmes intérieures.

apprend qu'il est infiniment bon et qu'il ne peut vouloir que le bien de ses créatures.

La justice de Dieu est terrible, dit-on, cela est vrai, mais pour qui? Est-ce pour ceux qui le servent comme leur père, qui sont déterminés à ne jamais lui déplaire? Non; s'ils font des fautes, au premier regard d'amour et de regret qu'ils jettent sur lui, il leur pardonne, et, s'il a à les en punir, il les punit dans ce monde d'une manière profitable pour leur salut. Est-ce pour les pécheurs qui reviennent sincèrement à Dieu que sa justice est terrible? Non. Ils éprouvent aussi les effets de sa grande miséricorde.

Dieu veut sans doute que l'on craigne sa justice, afin qu'on évite le péché, mais en même temps il veut qu'on se confie en lui, plutôt par amour que par crainte, qu'on ne se livre pas à des frayeurs vaines qui n'ont d'autre effet que de nous consterner et nous décourager.

Il faut sans doute, en ce monde, passer par bien des épreuves... mais plus vous accepterez avec confiance les épreuves et les humiliations, plus Dieu vous soutiendra. Votre courage croîtra à mesure que vous perdrez votre propre force et que vous acquerrez la force de Dieu. Avec elle vous deviendrez supérieur à tout, et votre victoire sera l'effet de votre confiance.

On ne doit guère compter sur un homme fragile et mortel; ceux qui sont pour vous seront demain contre vous; les hommes changent comme le vent. Mettez en Dieu toute votre confiance; qu'il soit votre crainte et votre amour : il répondra pour vous et fera ce qui est le meilleur. Quand on en est venu à ne rechercher sa consolation dans aucune créature, c'est alors qu'on commence à goûter Dieu parfaitement et qu'on est, quoiqu'il arrive, toujours satisfait. Alors, on ne se réjouit d'aucune prospérité; aucun revers ne nous contriste, on s'abandonne tout entier avec une entière confiance.

Nous devons, en toute occasion, nous laisser conduire par la volonté de Dieu, sans nous préoccuper des suites qui en découlent, assurés que nous sommes que rien ne saurait nous être envoyé de ce cœur paternel dont il ne nous fasse tirer profit, si nous avons confiance en lui. Cet abandon, pour être parfait, doit

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avoir pour compagne la simplicité.

(Saint François de Sales).

Pour tout et toujours, abandonnons-nous au Seigneur. Jetons-nous dans le sein de sa miséricorde infinie avec la simplicité d'un enfant. (De Ravignan).

Confucius (Kong-fou-tzen). -Philosophe chinois, né six cents ans environ avant Jésus-Christ. Il descendait, dit-on, de Hoang-ti, législateur de la Chine.

Il remplit d'abord avec succès des fonctions administratives, mais il renonça bientôt à tout emploi pour se livrer à la méditation et forma le projet de réformer les mœurs de son pays.

Il parcourut dans ce but plusieurs provinces de l'Empire, entouré de nombreux disciples.

Le roi Lou, émerveillé de ses succès, en fit son premier ministre, mais, fatigué à la longue de ses principes austères, il l'éloigna de la cour.

Rentré dans la vie privée, Confucius prêcha la morale dans tout l'empire chinois et écrivit les ouvrages qui l'ont immortalisé. Il mourut l'an 479, entouré de ses disciples qui lui rendirent une sorte de culte.

Sa philosophie est toute pratique, on en a publié de nombreux fragments sous ce titre : Morale de Confucius.

Conscience. La conscience, dans son acception la plus générale, est la perception de tout ce qui se passe dans notre tête et dans notre cœur. Dans une signification plus restreinte, c'est le sentiment intérieur par lequel l'homme se rend témoignage à lui-même du bien et du mal qu'il fait.

Ce sentiment qne nous portons en nous de la moralité de nos pensées et de nos actes est la religion de bien des hommes, enchantés d'avoir cette pierre de touche à leur service comme remède ou préservatif de toutes les maladies morales.

Plusieurs philosophes, et notamment ceux de l'école écossaise, reconnaissent l'autorité de la conscience et la représentent comme un principe essentiel. « Quelque fondement que l'on donne à nos facultés, dit Smith, soit qu'on les rapporte à une certaine modification de la raison, à un instinct original, appelé sens moral,

ou à quelque autre principe de notre nature, on ne saurait mettre en doute que ces facultés ne nous aient été données pour diriger notre conduite... Elles sont en nous les arbitres de nos actions à qui il appartient d'exercer la surintendance sur nos sentiments, nos passions, nos appétits et de décider jusqu'à quel point chacun de ces principes doit être toléré ou réprimé.

Des philosophes français partagent en général cette opinion: <«< La conscience, dit Pascal, est le meilleur livre de morale que nous ayons, celui qu'on doit consulter le plus souvent.» « Si les passions sont la voix du corps, dit à son tour Rousseau, la conscience est la voix de l'âme. » « La conscience, ajoute M. de Ségur, est un juge impartial placé dans l'intérieur de notre être. « La conscience est le pouls de l'âme; si elle est agitée, l'âme est malade, aussi fournit-elle une preuve de plus de son immortalité, » dit encore Chateaubriant, et ce qu'il dit il l'a mis en pratique. Nous n'en donnerons qu'une preuve, assez remarquable pour être citée L'auteur du Génie du Christianisme, le chantre d'Atala, était en Amérique, heureux de cette première pérégrination qui convenait à sa nature aventureuse. Comment et pourquoi quitta-t-il sitôt cette terre aimée ? Laissons-le raconter lui même cet intéressant épisode de sa vie : « ... Tandis que les patates de mon souper bouillaient, je m'amusai à lire à la lueur du feu, en baissant la tête, un journal anglais tombé à terre entre mes jambes. J'aperçus, écrits en grosses lettres, ces mots : Flight of the King (Fuite du Roi), c'était le récit de l'évasion de Louis XVI et son arrestation à Varennes. Le journal racontait aussi l'émigration et la réunion des officiers de l'armée sous le drapeau des princes français. Une conversion subite s'opéra dans mon esprit : le fracas des armes retentit à mon oreille sous le chaume d'un moulin caché dans des bois inconnus. J'interrompis brusquement ma course et je me dis: « Retourne en France. » Si, continuant mon voyage, j'eusse allumé ma pipe avec le journal qui a changé ma vie, personne ne se fut aperçu de mon absence. Un simple démêlé entre moi et ma conscience me jeta sur le théâtre du monde. J'eusse pû faire ce que j'eusse voulu, puisque j'étais le seul témoin du débat; mais de tous les témoins c'est celui aux yeux duquel je craindrais le plus de rougir..... »

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