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pourquoi Dieu y a mis des plantes et des animaux, comment la terre a été peuplée, pourquoi les hommes parlent plusieurs langues, pourquoi ils souffrent, pourquoi ils se battent et comment tout cela finira, il le sait. Origine du monde et de l'espèce, question des races, destinée de l'homme en cette vie et dans l'autre, rapports de l'homme avec Dieu, devoirs de l'homme et ses droits; il n'ignore rien, et quand il sera grand il n'hésitera pas davantage sur le droit naturel, le droit politique, le droit des gens, car tout cela sort avec clarté du Christianisme. Voilà ce que j'appelle une grande religion, car elle ne laisse sans réponse aucune des questions qui intéressent l'humanité. (T. Jouffroy).

Causes finales.

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On nomme cause finale le rapport qui existe dans l'univers entre les moyens et la fin, et, dans chaque être en particulier, entre ses facultés et ses fonctions.

Ainsi, la lumière et la chaleur, qui donnent la vie à la nature, paraissent être les causes finales ou la raison de l'existence du soleil. La fécondité, la cause finale de la terre qui produit tout ce qui est nécessaire à la subsistance des êtres animés. La vision est la cause finale de l'organe de la vue, le mouvement, la cause finale de l'existence des organes de la locomotion, etc.

Les causes finales sont infinies et les progrès des sciences consistent à en découvrir de nouvelles, c'est-à-dire de nouveaux rapports entre les êtres.

Les matérialistes nient ces rapports; ils disent avec Lucrèce : « Ne pensez pas que nos yeux aient été faits pour voir les objets, leur existence, telle qu'elle est, a produit l'usage auquel nous les employons. >>

Ainsi nous n'avons pas reçu des yeux pour voir et des oreilles pour entendre; nous voyons et nous entendons parce que nous nous trouvons avoir, par hasard, des yeux et des oreilles...

Telle est la force de raisonnement de cette philosophie épicurienne qu'on s'efforce de renouveler parmi nous.

Au reste, l'opinion que l'œil n'a pas été fait pour voir, ni l'oreille pour entendre, n'est qu'une manière indirecte de nier la divinité Sans l'athéisme, qui en fait le fonds, cette opinion ne

serait que ridicule.

Ce serait en effet une étrange contradiction que l'univers mo

ral et physique, où tout est rapport et relations, de moyens et de fins coordonnés les uns pour les autres, n'eût été, dans sa formation primitive et son développement, que hasard aveugle et rencontre fortuite de parties matérielles formées sans intention, disposées sans ordre, conduites sans intelligence!...

Il y a de l'ordre dans l'univers pour des fins de conservation; de l'ordre dans les états, dans les familles, dans l'homme, dans sa conduite et dans ses travaux; il y a de l'ordre partout... or, qu'est-ce que l'ordre, sinon le rapport des moyens aux fins, des facultés aux fonctions?

Ces rapports sont précisément des causes finales. Nous les découvrons peu à peu, nous les remarquons parce qu'elles existent, nous ne les inventons pas.

Tout, dans l'univers, annonce, prouve dessein, intention, intelligence. Nous ne faisons, par nos découvertes, qu'écarter chaque jour davantage le voile qui couvre ce vaste tableau, et toutes les fois que nous nous servons de quelque objet nouveau, nous ne faisons que découvrir une nouvelle cause finale.

« Les causes finales existent sans aucun doute dans la pensée du Créateur, mais les fins qu'il s'est proposé ne peuvent être connues, nous dit-on, et cette recherche est puérile (4). »

Descartes partage cette opinion avec Bacon qui prétend que a recherche des causes finales est stérile. et, comme les vierges consacrées au Seigneur, ne porte aucun fruit... » Mais cette opinion est opposée à celle de Leibnitz. Bornons-nous à dire ici que lorsque des faits que nous avons scrupuleusement étudiés conspirent évidemment à un but, quand nous les voyons disposés avec ordre, intelligence et prévoyance pour les besoins et le bien de chaque être, nous ne pouvons nous refuser à croire à l'existence d'une intelligence aussi excellente que puissante. Socrate l'admettait déjà avant l'ère chrétienne, et la médecine moderne, bien que souvent matérialiste, l'admet implicitement quand elle avoue «< qu'il n'y a pas d'organe sans fonction.

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Sans le principe des causes finales, la physiologie ne pour

(1) V. M. de Bonald : Recherches philosophiques sur les premiers objets des connaissances morales.

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rait faire un seul pas, se rendre compte d'un seul organe, déterminer une seule fonction. Le principe sur lequel repose toute morale, qui oblige l'homme de bien et fonde la vertu, est de la même nature il s'étend à tous les êtres moraux sans distinction de temps et de lieu. (V. Cousin).

Cause première.

Dieu est la première raison des

choses, car celles qui sont bornées. comme tout ce que nous voyons et expérimentons, n'ont rien en elles qui rende leur existence nécessaire. Il faut donc chercher la raison de l'existence du monde dans la substance qui porte la raison de son existence, laquelle par conséquent est nécessaire et éternelle. Il faut aussi que cette cause soit intelligente, car ce monde qui existe étant contingent, il faut que la cause du monde ait eu égard à tous les mondes possibles. Et cet égard ou rapport d'une substance existante à de simples possibilités ne peut être autre chose que l'entendement qui en a les idées. En déterminer une ne peut être autre chose que la volonté qui choisit. C'est la puissance de cette substance qui en rend la volonté efficace. La puissance va à l'être, l'entendement ou la sagesse au vrai, la volonté au bien. Et cette cause intelligente doit être infinie de toutes les manières et absolument parfaite en puissance, en sagesse et en bonté, puisqu'elle va à tout ce qui est possible, et comme tout est lié, il n'y a pas lieu d'en admettre plus d'une. Son entendement est la source des essences et sa volonté est l'origine des existences. Voilà, en peu de mots, la preuve d'un Dieu unique avec ses perfections. (Leibnitz) (4).

Célibat.

Etat d'une personne qui n'a pas été mariée. La grandeur et la sainteté des fonctions ecclésiastiques ont déterminé l'Église à prescrire le célibat aux prètres. Cette question a été agitée très vivement au Concile de Trente, 4545 à 4563.

Le célibat des prêtres n'a rien de bien extraordinaire. L'Église, en le proposant à ses ministres, n'a d'autre but que de

(1) V. aussi Balmès. Vidal, Kant, etc.

les établir dans une liberté parfaite qui leur permette de se donner entièrement à leur ministère. Il est évident qu'un homme non marié est plus disposé à se dévouer au service de Dieu et de ses frères, à s'exposer aux dangers et à se sacrifier même au salut du prochain que ne le ferait un homme chargé de femme et d'enfants. Quels sont les soldats qui marchent au combat avec le plus de cœur? Sont-ce les soldats, les officiers mariés ? l'expérience démontre que le souvenir d'une femme, d'un enfant, a fait mollir plus d'un courage.

Il en serait de même du prêtre s'il était marié; c'est ce que l'Église a compris. Les hommes verraient moins en lui l'homme de Dieu, le ministre de la religion, de la prière et du dévouement. La chasteté sacerdotale entoure le prêtre d'une sorte d'auréole qui l'élève au-dessus de ses frères et lui permet d'altaquer plus librement leurs vices, particulièrement l'impureté et le libertinage. Elle l'aide puissamment dans le ministère si délicat de la confession.

La puissance morale des prêtres réside en grande partie dans le célibat. On sent que les hommes, chargés, par état, d'enseigner et de redresser leurs frères, deviendraient bien plus accommodants s'ils prenaient femme occupés de leur ménage, ils n'auraient guère plus le temps de s'occuper des affaires du bon Dieu ni des consciences de leurs paroissiens. L'homme marié pourra s'attendrir sur le pauvre et l'orphelin, mais il ne se donnera pas tout à eux, celui qui doit les affections premières de son cœur et les premières économies de sa bourse à l'entretien, à l'éducation, à l'avenir de ses propres enfants. Le morceau de pain, qu'il s'ôterait pour substanter l'affamé qui pleure à sa porte, il n'osera l'arracher des mains de son fils. Cette vie que, dans une contagion, il voudrait sacrifier au salut de ses frères, il la doit, il la conservera à sa famille... (De Ségur).

Ce sacrifice, imposé aux prêtres, n'est-il pas au-dessus des forces humaines ?

Non, pour des hommes qui ont été formés de bonne heure à la vertu, qui ont appris à modérer leurs désirs, à commander à leurs passions. Si on ne veut pas croire à leur vertu, si on n'admet pas ce secours céleste qui attend tout prêtre vertueux, on

croira au moins que le soin de leur réputation, la vue du mépris dont on flétrit les prêtres infidèles, peuvent et doivent contenir les autres dans les limites du devoir. Aujourd'hui que le clergé, en France surtout, se distingue, non moins par la sévérité de ses mœurs que par sa piété et ses lumières, quelques exemples de dépravation ne sauraient être imputés à tout le corps, ni altérer l'estime qui lui est due. (L'abbé Boudeville).

Charité.

Dieu.

Amour qu'on a pour le prochain en vue de

Il est un sentiment que le cœur de l'homme recéla longtemps sans le connaître, et que le Christianisme développa. Ce sentiment sublime a prêté à l'humanité un appui, a déterminé des rapports tout nouveaux entre les hommes, leur a révélé le plus beau privilège de leur nature et a changé la face du monde par une révolution morale; ce sentiment est la charité... sentiment essentiellement pratique, qu'on a vainement essayé de confondre avec la philanthropie et la bienfaisance.

La vraie dévotion est la charité; sans elle tout ce qu'on fait pour le salut est inutile.

(Clément XIV).

Employez tant qu'il vous plaira vos biens et votre autorité à tous les usages que l'orgueil ou les plaisirs peuvent inventer, vous serez rassasiés, mais vous ne serez pas satisfaits. Ils vous montreront la joie, mais ne la laisseront pas dans votre cœur.

Employez-les à faire des heureux, à rendre la vie plus douce, plus supportable à des infortunés que l'excès de la misère a peutêtre réduits à souhaiter, comme Job, que le jour de leur naissance eût été celui de leur mort, vous sentirez alors le plaisir d'être né grand, vous goûterez la véritable douceur de votre état. C'est le seul privilège qui le rend digne d'envie. (Massillon).

Le souvenir des charités que l'on a faites est comme un germe fécond qui en produit de nouvelles.

La charité, c'est tout le Christianisme.

(Thibault).
(Bossuet).

Il ne peut y avoir de véritable amour de Dieu dans un cœur où n'habitent pas l'amour du prochain et la charité.

(V. Sabran).

La charité n'est vraie, sincère, méritoire, qu'autant qu'elle

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