Page images
PDF
EPUB

Pascal, le traité de l'homme pour Malebranche et une ode de Malherbe pour La Fontaine : le hasard l'offrit à ses yeux dans le cabinet de son père, il en lut avidement quelques pages et demanda la permission de l'emporter. L'émotion qu'il éprouva à cette lecture fut indicible: la poésie antique et toute la littérature profane pâlirent devant ces grandes figures qui exaltaient son imagination...

Bossuet, à peine âgé de dix-huit ans, avait déjà reçu la tonsure et de nouveaux devoirs vinrent bientôt après resserrer les liens qui l'attachaient à l'Église. Le 24 novembre 1640, il fut nommé à un canonicat de la cathédrale de Metz; mais bien que chanoine, il vint à Paris continuer ses études et il y arriva le jour où l'on y portait Richelieu mourant.

Malgré sa grande jeunesse, Bossuet ne tarda pas à se faire un nom à la cour; on parlait, jusque dans l'intimité de l'hôtel Rambouillet, de la prodigieuse facilité du jeune ecclésiastique, et l'évêque de Lisieux, après l'avoir entendu, s'écria : « Ce jeune homme sera une des plus grandes lumières de l'Église. »

Au mois de septembre 1648, il reçut le sous-diaconat des mains de l'évêque de Langres. Il se livra pendant plusieurs années à l'étude de la théologie, et reçut le bonnet de docteur en 1652. Il avait vingt-cinq ans, et se consacra dès lors, avec un absolu dévouement, à la défense de la religion.

En 1664, après bien des années de méditations, il fut admis à prêcher devant Louis XIV qui fut si frappé de son éloquence qu'il fit écrire à son père pour le féliciter d'avoir un tel fils.

Ce fut dans la période de 4664 à 4669 qu'il eût le bonheur de ramener Turenne et Dangeau à la religion. Ce dernier a raconté quelle marche avait suivie Bossuet pour détruire ses erreurs.

Le 13 septembre 1669, Bossuet fut nommé évêque de Condorre; en 4670, le roi le choisit pour élever l'héritier du trône de France et le 8 juin 4674, l'Académie lui ouvrit ses portes. Ces divers honneurs trouvèrent le prélat fidèle à cette noble alliance de la religion, de la philosophie et des lettres, qui caractérisait son talent et remplissait sa vie.

En réfléchissant sur les différentes branches des sciences humaines qu'il était convenable de faire étudier à son élève, il fut conduit à écrire un traité sur la connaissance de Dieu et de soi

même. Il semble avoir posé en l'écrivant les bornes de l'entendement humain. Jamais aucun philosophe n'a été plus clair, plus élégant et plus sublime ; jamais il n'a été plus consolant dans ses espérances et complet dans ses preuves.

Lorsque l'éducation du Dauphin fut terminée, Bossuet reprit ses études favorites et bientôt après, Louis XIV le nomma évêque de Meaux. Au milieu de ses occupations pastorales, il trouva encore le temps d'organiser des conférences et des missions, de faire un catéchisme diocésain et de publier de nombreux écrits sur la communion pascale. Sa correspondance spirituelle y occupa aussi une grande place; ce qu'on remarque surtout dans cette partie de ses œuvres, c'est le sentiment de patience inaltérable, d'indulgence et de bonté qui y respire et qui montre Bossuet sous un point de vue qui semble avoir échappé aux regards de la postérité. C'est à sa sollicitude pour les religieuses de son diocèse que les lettres chrétiennes doivent les élévations sur les mystères et les méditations sur l'Évangile. Peu de temps après, en 1688, il publia un grand ouvrage contre la Réforme : l'Histoire des variations de l'Eglise protestante. Rien de plus fort n'a jamais été dit pour ramener les dissidents au sein de l'Église mère.

Nous parlerons peu de la partie vulnérable de cette vie si pleine; elle sort de notre sujet, et on a peine à concevoir aujourd'hui l'importance que la France entière attachait à cette affaire il s'agit du quiétisme et de madame Guyon.

La dévotion mystique de cette femme passionnée séduisait alors la cour et la ville; madame de Maintenon l'avait introduite à Saint-Cyr, l'évêque de Chartres fit naître dans son esprit quelques scrupules, elle désira que Bossuet, l'évêque de Châlons et le supérieur de Saint-Sulpice examinassent les livres et les opinions. de l'illuminée. Fénelon se fit près d'eux l'interprète de ce langage bizarre et essaya de démontrer qu'au fond c'était la doctrine qu'avaient professée les mystiques approuvés par l'Eglise, saint François-de-Sales, sainte Thérèse, etc.

Après plusieurs conférences, les trois commissaires rédigèrent trente-six articles qui contenaient la condamnation de madame Guyon.

Chacun prit parti selon sa croyance, ses passions et ses préju gés; les regards se portaient sur Rome qui faisait attendre un

jugement que toutes les parties provoquaient avec impatience, ainsi que Louis XIV. Ce souverain, fatigué d'attendre, adressa à Rome un mémoire qui se croisa avec le bref d'Innocent XII qui condamnait le livre de l'explication des maximes des saints.

Fénelon se soumit aussitôt et annonça en chaire cette soumission sans réserve au bref du Saint Père. Telle fut la fin de cette longue suite de scènes si animées qui avaient fait tant de bruit et auxquelles succéda tout à coup un silence absolu.

Cette lutte fut le dernier acte saillant de Bossuet. L'illustre évêque, fatigué des travaux de son ministère, et d'une étude constante, tomba malade en 1703, la veille de l'Assomption. Après quelques jours de souffrances cruelles on le ramena de Versailles à Paris, dans son hôtel, rue Sainte-Anne, près de l'église Saint-Roch. Sa santé sembla renaître, mais ce fut momentané, les douleurs occasionnées par la pierre se firent ressentir avec les plus sinistres accidents; il perdit la parole et mourut enfin le 12 avril, sans agonie.

Bossuet, Père de l'Eglise par la parole et l'instruction, est un modèle de morale chrétienne par l'austérité de ses mœurs. Simple évêque de l'une des églises les plus obscures de la catholicité, il a été le conseil de l'Eglise entière et l'appui de la religion pour laquelle il a combattu pendant un demi siècle (1). »

Bouddha.- Nom asiatique du fondateur du Bouddhisme, dans l'Inde, de celui qui est arrivé à la possession de la Bouddhi (Science parfaite).

Son vrai nom était Çakia, parce qu'il était de la famille des Çakyas. Lorsque le désir d'atteindre à la perfection morale l'eut déterminé à se rendre dans le désert, il reçut le nom de Mouni (solitaire). De là les noms de Çakia-Mouni par lesquels il est désigné.

La tradition ne donne pas d'une manière précise l'époque où il véçut; elle varie du vire au XIe siècle avant Jésus-Christ. M. Barthelemy Saint-Hilaire a écrit la vie de Bouddha, que nous ne pouvons donner ici. Il suffira d'une citation pour faire connaître

(1) V. la vie de Bossuet par Roux-Ferrand, placée en tête du discours sur l'histoire universelle. - (Collection Chaix, 1864).

sa pensée et sa détermination de fonder une religion. « Les trois mondes, disait-il avec quelque mélancolie, le monde des Dieux, celui des Assouras et celui des hommes, sont brûlés par les douleurs de la vieillesse et de la maladie. La vie d'une créature est semblable à l'éclair des cieux. Comme le torrent qui descend de la montagne, elle coule avec une irrésistible vitesse. Par le fait de l'ignorance, les hommes roulent en ce monde, de même que tourne la roue d'un potier. Le désir toujours accompagné de crainte et de misère est la racine des douleurs. La maladie ravit aux êtres leur lustre et fait décliner les sens, le corps et les forces; elle amène le temps de la mort et de la transmigration. La créature la plus aimable et la plus aimée disparaît pour toujours. Le sage, en y réfléchissant, s'aperçoit que tout composé, toute agrégation, n'est que le vide qui, seul, est immuable... »

Arrivé à l'âge d'homme, il s'échappa du palais de son père, se dépouilla de ses riches vêtements et resta six années dans la solitude et la méditation, ne prenant pour nourriture que quelques grains de sésanne par jour. La tradition raconte qu'arrivé dans un endroit nommé Baddhimenda (arbre de l'intelligence) il fit vœu de ne pas se lever avant d'avoir reçu l'intelligence suprême. Il resta assis un jour et une nuit, sans mouvement, et ce fut à la dernière veille que, s'étant revêtu de la qualité de Bouddha, il atteignit la triple science, le secret des destinées et du salut universel. Il avait trouvé l'absolu. Une religion nouvelle était fondée...

Voici les principales bases de cette religion :

4o La douleur est inséparable de l'existence.

2o La naissance, en ce monde, a pour causes les passions d'une existence précédente.

3o La suppression des passions est la seule voie pour échapper aux existences ultérieures, à la loi de la transmigration et par conséquent à la douleur.

4o Il faut écarter les obstacles qui s'opposent à cette suppression, à cette extinction des désirs et des passions.

Le quatrième point était le plus important quant à l'application pratique, d'où ressort ce- principe que nul ne doit faire à autrui aucun tort qui puisse l'arrêter dans sa marche vers la perfection, c'est-à-dire la suppression de la passion.

Il y a deux rédactions des livres canoniques du Bouddhisme : l'une en sanscrit, découverte par M. Hodyson, dans l'un des monastères du Népaul; l'autre, que possèdent les prêtres du Ceylan. Elles diffèrent dans les expressions, mais s'accordent sur le fond.

<«<La doctrine de Çakia-Mouni, dit Eugène Burnouf, reposait sur une opinion, admise comme un fait, c'est que le monde visible est dans un perpétuel changement, que la mort succède à la vie et la vie à la mort; que l'homme, comme tout ce qui l'entoure, roule dans le cercle éternel de la transmigration; qu'il passe successivement par toutes les formes de la vie, depuis les plus élémentaires jusqu'aux plus parfaites, que la place qu'il occupe, dans la vaste échelle des êtres vivants, dépend du mérite des actions qu'il accomplit en ce monde, et qu'ainsi, l'homme vertueux doit, après cette vie, renaître avec un corps divin et le coupable avec un corps de damné; que les récompenses du ciel et les punitions de l'enfer n'ont qu'une durée limitée, comme tout ce qui est dans le monde; que le temps épuise le mérite des actions vertueuses, comme il efface la faute des mauvaises et que la loi fatale du changement ramène sur la terre le Dieu et le damné pour les mettre de nouveau à l'épreuve... »

L'espérance que Çakia apportait aux hommes, c'était la possibilité d'échapper à la loi de la transmigration, en entrant, après la mort, dans ce qu'il appelait le Nirvana, c'est-à-dire l'anéantissement! Un signe précurseur annonçait, dès cette vie, l'homme prédestiné à cette délivrance, c'était la possession d'une science illimitée qui leur donnait la vue nette du monde tel qu'il est, c'est-à-dire la connaissance des lois physiques et morales; et pour y arriver, la pratique des six perfections transcendantes : l'aumône, l'énergie, la pureté, la science, la patience, la charité...

Voilà, il faut l'avouer, de bien grandes vertus pour une si triste espérance!

Cette doctrine de l'enfance des nations ne fait-elle pas sentir le bienfait et le progrès moral apporté par le Christianisme?

Bourdaloue.

est mort en 1704.

Bourdaloue, né à Bourges, en 1632,

Il entra dans la Société de Jésus à l'âge de seize ans et y

« PreviousContinue »