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un faible rayon d'espérance fait palpiter et sourire le cœur. Comme l'air prend plus de place quand il n'est pas comprimé, ainsi les petits ennuis deviennent de grands chagrins dans la tête de l'homme qui ne connaît pas la souffrance. Que seraient les contrariétés du riche oisif, pour celui qui vient de perdre santé, fortune, honneur, famille? Eh bien! ce riche oisif croit souffrir parce que le temps aura dérangé une partie de plaisir ou que son tailleur aura mal coupé son habit. Il se plaint; sa plainte n'excite, il est vrai, que le sarcasme, mais il se plaint et souffre souvent réellement.

S'il se disait Je suis riche, bien portant, jeune et honoré, j'ai des années de bonheur devant moi il serait vite consolé; mais il ne se dit pas cela, et il accuse le sort de lui être contraire. Ou donc est son bonheur en ce moment? et ce moment se renouvelle à chaque contrariété, c'est-à-dire tous les jours, dix fois par jour... car, ainsi que le dit l'Imitation, disposez tout selon vos vues, réglez tout selon vos désirs, et toujours vous trouverez qu'il faut souffrir quelque chose...

Si l'homme sérieusement malheureux sait ne voir que la journée que Dieu lui impose, il aura moins de mécompte, car il ne s'est pas fait d'illusion; il vivra d'heure en heure, portant le poids de la vie sans se plaindre.

La journée est donc la même pour le malheureux et le privilégié de la fortune; c'est l'avenir qui fait la différence..... Mais, hélas ! l'avenir est bien incertain. Qui sait le degré de misère qui attend celui que le monde a vu jusque-là comblé des dons de la Providence? Il se réjouit de sa santé il peut être écrasé au bout de son rêve et rapporté chez lui avec des années de souffrance pour l'avenir. Il se félicite de sa richesse : une faillite peut le ruiner et forcer au travail sa main inhabile. Il se complaît dans le pouvoir la moindre révolution politique peut le faire descendre du faîte, et la calomnie l'atteindre dans son orgueil d'honnête homme...

Qui sait, au contraire, ce que Dieu, dans sa justice et sa bonté, réserve à celui qu'il a frappé et qui a subi l'épreuve avec résignation? Si le monde et le temps lui échappent, il a l'éternité.

Ne voyons donc pas plus loin que la journée, et disons avec la sœur martyre du roi martyr : « Que m'arrivera-t-il aujourd'hui,

ô mon Dieu ? Je n'en sais rien; tout ce que je sais c'est qu'il ne m'arrivera rien que vous n'ayez prévu, réglé et ordonné de toute éternité. Cela me suffit, j'adore vos desseins éternels et impénétrables et je m'y soumets de tout mon cœur. »

Le meilleur argument en faveur des vérités du Christianisme, c'est le bonheur intérieur dont jouit le chrétien sincère... un esprit libre, une humeur égale et douce, un visage content exprimant au dehors l'ordre et la paix du dedans. (Mme Swetchine). Si on demande où est le bonheur, si on le cherche sans le trouver jamais, c'est qu'on en a fait un fantôme, ouvrage de l'imagination et non de la nature, c'est qu'on le place dans une sphère qui n'est pas la sienne. L'imagination dit à une jeunesse exaltée que le bonheur est dans l'agitation, l'inconstance et la nouveauté; que ce qui lui manque est toujours meilleur que ce qu'elle possède, que l'inquiétude même du désir est la preuve qu'elle n'a pas trouvé ce qui doit le fixer, que tant que l'espérance est trompée le changement est légitime... Enfin, l'imagination engendre au sein même de l'opulence cet essaim renaissant de goûts capricieux, de prétentions frivoles, de fantaisies passionnées, espèces d'insectes légers, éphémères et dévorants qui ne laissent aucun repos. (Marmontel).

Le bonheur n'est que la santé de l'âme. (Barthelemy). - Quand il n'est pas réglé par la religion le bonheur n'est qu'un éclair; il semble ne briller que pour annoncer l'orage.

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(Ségur).

Le bonheur est le bien qui résulte de tous les autres biens : la perfection dans la vertu.

(Platon).

N'entretenez pas de votre bonheur un homme moins heu

reux que vous.

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(Pythagore).

Ne l'oublions jamais à la ville, au village,
Le plaisir le plus doux est celui qu'on partage.
Heureux ou malheureux l'homme a besoin d'autrui.

Il ne vit qu'à moitié s'il ne vit que pour lui.

(Delille).

Il faut, ici-bas, que nous achetions les instants de bonheur par des sacrifices continuels; ce qui a trop de suite nous fatigue et nous ennuie, même le bonheur.

Il ne faut à l'homme pour être heureux ni richesses, ni dignités; le strict nécessaire suffit au corps, la culture désintéressée des lettres suffit à l'esprit, l'accomplissement du devoir à la conscience. (Lacordaire).

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Destiné par ses parents à la jurisprudence, ses goûts le portèrent vers l'histoire naturelle dans l'étude de laquelle il ne tarda pas à se faire un nom. Plus tard, il s'occupa de psychologie et de palingénésie. Voici le résumé très succinct de son système, qui s'éloigne du christianisme, bien qu'il fit profession d'être très religieux :

« Que devient l'homme à sa mort? se demande-t-il d'abord, et il répond, comme Leibnitz, par la grande loi de la continuitė. L'homme est immortel, mais son âme ne doit pas cesser d'être unie à un corps. Donc, l'homme tout entier doit survivre à cette vie « la mort est une préparation à une métamorphose qui doit faire jouir l'homme d'une vie nouvelle et meilleure, mais son corps sera un corps nouveau qui existe déjà en germe dans le corps actuel. La mort ne fait que le dégager et le développer...»

Ne pouvant aller plus avant dans cette étude, nous renvoyons à la palingénésie de Bonnet qui ne manque ni d'intérêt, ni de talent, mais qui est le fruit d'une imagination brillante... un peu égarée.

Bouté.

La bonté est une qualité morale qui porte à faire le bien, à être doux, complaisant, humain, indulgent.

Il en est de plusieurs sortes, ou plutôt qui proviennent de sources diverses: ainsi on distingue la bonté du cœur, de celle du caractère. Le bourru bienfaisant dérive de la première, la seconde, au contraire, ne blesse jamais. Lorsqu'elle embrasse toute l'espèce humaine, elle devient philanthropie ou charité, selon qu'elle est plus ou moins désintéressée et empreinte de sentiments religieux.

Si nous considérons la bonté dans le Créateur de toutes choses et que nous jetions les yeux sur l'univers animé, nous re

marquons deux espèces d'êtres bien distincts: l'homme et les animaux privés de raison. Pour ces derniers, on ne peut s'empêcher de reconnaître une sollicitude, qui a placé chaque espèce au milieu de ce qui est nécessaire à ses besoins et qui a attaché à la satisfaction de ces besoins autant de jouissances.

L'homme, au premier abord, ne paraît pas aussi bien partagé et ses chances de souffrances semblent plus multipliées. Mais il faut observer que la plupart des maux qui l'affligent viennent par sa faute et qu'il pourrait les éviter. Les autres sont moins nombreuses qu'on ne le dit et la plupart sont inhérentes à l'ordre général de l'univers par des causes que notre faible intelligence ne peut découvrir.

D'un autre côté, l'homme oublie facilement des années entières de bonheur pour ne se souvenir que du mal présent. Il n'est point de besoins et de facultés dont l'exercice régulier ne soit accompagné d'un sentiment de plaisir.

Si l'on reconnaît la liberté dans l'homme, n'est-il pas juste qu'il soit puni de ses fautes et récompensé de ses vertus ? S'il ne l'est pas toujours en ce monde, il le sera dans l'autre et c'est là une des meilleures preuves d'une vie future. On ne peut en effet admettre que notre existence soit complète ici-bas; et, si elle ne l'est pas, notre condition présente s'explique, et les maux qu'elle entraîne avec elle ne doivent plus nous apparaître que comme une préparation à des biens véritables. Pour que le bonheur soit mérité dans une autre vie, il fallait que nous dussions nous soumettre à certaines lois et que nous eussions à vaincre des obstacles pour nous y conformer. Il fallait, pour que la justice s'exerçât, que l'homme y eût des droits qu'on pût ou respecter ou fouler aux pieds. Il fallait pour la patience et la résignation, des maux à supporter; pour le courage, des dangers à surmonter ; pour la bienfaisance, des peines à soulager; pour la clémence, des injures à pardonner...

Ainsi, les désordres apparents du monde moral deviennent autant d'occasions de vertu, et, ici comme ailleurs, notre bonheur est le but que s'est proposé le Créateur un bonheur mérité...

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(C. M. Paffe).

C'est la bonté qui donne à la physionomie humaine son premier et invincible charme. (Lacordaire).

Ami du bien, de l'ordre et de l'humanité,

Le véritable esprit marche avec la bonté.

(Gresset).

La beauté plaît, l'esprit amuse, la sensibilité passionne, (La Rochefoucault).

la bonté seule attache.

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La bonté d'un vieillard est sa coquetterie,

C'est le dernier rayon sur sa face flétrie.

(E. Augier).

Borromée (Charles) (St.) - Cardinal, archevêque de Milan, né en 1538, mort en 1584.

Appelé à Rome par le pape Pie IV, il fut revêtu de la pourpre dès l'âge de 23 ans. Il fut l'âme du Concile de Trente et s'attacha surtout à réformer les abus qui s'étaient introduits dans l'Église. On lui doit le célèbre Catéchisme connu sous le nom de Catéchisme de Trente.

Nommé archevêque de Milan, il se démit de ses autres charges pour résider dans son diocèse.

Lors de la peste qui désola Milan, en 1576, il porta partout des consolations et des secours, et mourut, à 46 ans, épuisé par les fatigues de son épiscopat.

Il fut canonisé sous le pontificat de Paul V. Charles Borromée fut aussi un écrivain: Il a laissé des manuscrits qui forment aujourd'hui cinq volumes in-folio et parmi lesquels on remarque quelques ouvrages de morale et les Actes de l'Église de Milan.

Bossuet.

Jacques-Benigne Bossuet est né à Dijon le 27 septembre 1627. Sa famille avait un rang très honorable dans la magistrature.

Une grande aptitude à tout apprendre et une mémoire prodigieuse favorisèrent ses études. Son père, bien qu'il eût déjà sept enfants, n'hésita pas à le faire entrer au collège des Jésuites, et bientôt ces derniers lui parlèrent avec enthousiasme de leur nouvel élève. Il n'osait cependant pas se livrer avec trop de confiance à l'espoir que ces louanges faisaient naître, lorsqu'une singulière circonstance vint lui dévoiler, non-seulement l'intelligence hors ligne, mais encore la vocation de son fils: la Bible fut pour Bossuet ce que les éléments d'Euclide avaient été pour

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