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Dans la prose: l'histoire, les mémoires pour Calas, Sirven et Lally, le dictionnaire philosophique, le commentaire sur Corneille, enfin, la correspondance. Nous ne parlerons que des œuvres qui touchent à notre sujet spécial.

Dans le siècle de Louis XIV, Voltaire a entraîné l'opinion de son époque sur le souverain et son entourage et c'est au contraire son époque qui a dicté les pages de l'Essai sur les mœurs. On y sent l'influence des doctrines de d'Alembert, de Diderot, de tous les encyclopédistes et celle de Frédéric II, qui l'encourageait dans cette voie. C'est l'histoire de la société qu'il a prétendu faire, mais il n'envisage l'humanité que sous ses vilains côtés; aussi, dit-il au comte d'Argental : « J'ai pris les deux hémisphères en ridicule; c'est un coup sûr (1)! Et, en effet, il aggrave, il envenime tout ce qui a été dit contre le Christianisme, et présente le sacerdoce comme le mauvais génie de l'humanité; il montre tous les malheurs et les crimes découlant de cette source (2). Son arme favorite est l'ironie, aussi écrit-il à d'Alembert « le ridicule vient à bout de tout, c'est la plus forte des armes (3). » Une de ses lettres au marquis d'Argens est signée : Christ-moque (4)...

D

Que dirons nous de Candide, de Zadig et de ses contes ou romans? la fable en est assez faible. Le plus célèbre est Candide : il part d'un principe faux, puisqu'il tend à établir que tout est mal en ce monde et que la main d'un Dien puissant et bon ne s'y montre nulle part... Zadiy est une accusation contre la providence, un plaidoyer en faveur du fatalisme. Dans Micromegas, l'auteur ridiculise la petitesse de notre globe et de notre civilisation; il injurie la nature et les hommes. Memnon ou la sagesse humaine, présente la même thèse que Candide... Voltaire, frondeur et léger, plus qu'observateur profond, ne voyait pas que lorsqu'une nation en est arrivée à saper tout ce qui existe, elle ne s'arrête pas dans son œuvre. Il préparait, sans le savoir, les saturnales de 1793.

(1) 15 octobre 1754.

(2) Cette Histoire des mœurs n'est qu'une longue injure au Christianisme.

(3) 26 juin 1766.
(4) 2 mars 1763.

(Châteaubriand.)

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Un mot encore avant de terminer le récit de cette vie si

pleine.

Voltaire a-t-il eu, avant de mourir, quelques velléités de revenir à des sentiments chrétiens et de voir un ecclésiastique ? Condorcet et les philosophes disent non, ses dernières lettres et sa profession de foi, données à l'abbé Gaultier, semblent dire : oui. Toujours est-il qu'il mourut avant d'avoir rempli aucun devoir religieux, qu'il ne put être inhumé à Paris et que son corps fut transporté à l'abbaye de Scellières dont l'abbé Mignot, son neveu, était commendataire.

En présence de ces éléments contradictoires nous nous abstiendrons de réflexions. Cette esquisse biographique, déjà trop longue pour un dictionnaire de morale, ne le comporte pas.

Une chose m'étonne toujours quand je pense à Voltaire : avec un esprit supérieur, raisonnable, éclairé, il est resté complètement étranger au Christianisme. Jamais il n'a vu ce que chacun voit Que l'établissement de l'Évangile, à ne considérer que la morale et le rapport humain, est la plus grande révolution qui se soit opérée sur la terre. Il est vrai de dire qu'au siècle de Voltaire, les théologiens défendaient le Christianisme comme une vérité fondée sur des lois émanées de l'autorité spirituelle et temporelle. Les philosophes l'attaquaient comme un abus venu des prêtres; on n'allait pas plus loin que cela. Je ne doute pas que si on eût présenté à Voltaire l'autre côté de la question, son intelligence lucide et prompte n'en eût été frappée. On rougit de la manière mesquine et bornée dont il traitait un sujet qui n'embrasse rien moins que la transformation des peuples, l'introduction d'une morale supérieure, un principe nouveau de société, enfin le changement total de l'humanité. (Châteaubriand).

Volupté. La volupté est le dernier degré, la quintessence du plaisir ou du bonheur.

Il y a deux sortes de voluptés la volupté physique et la volupté morale. A en croire Aristippe et Épicure, la première est la seule vraie; mais la religion nous prouve que la seconde est autant au-dessus de la première que l'esprit et le cœur sont

au-dessus des sens. Le sceptique Montaigne lui-même partageait cette opinion.

La rêverie est la volupté des âmes aimantes. (Alibert).

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Zèle.

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Expression d'une volonté active et empressée. Affection vive, ardente pour le succès de quelque chose ou les intérêts de quelqu'un. Le zèle est trop souvent un excès nuisible ou indiscret.

En religion, le zèle conduit à la sainteté, lorsqu'il est sage et bien entendu. Quels effets ce sentiment n'a-t-il pas opéré dans le monde ? Cependant ce zèle, si fécond en bons résultats, a été blåmé par la plupart des philosophes, mais les faits sont là pour répondre à leurs assertions. Le zèle a parfois, il est vrai, dépassé les bornes dans les guerres de religion et nous convenons volontiers que les persécutions ne convertissent pas... mais nous parlons ici des peuples encore barbares et civilisés par nos missionnaires. Peut-on nier que partout où ils ont fait connaître l'Évangile, les esprits se sont éclairés, les mœurs se sont

adoucies?

Zénon.

Zénon, philosophe stoïcien, naquit dans l'Ile de Chypre 362 ans avant J.-C. Il avait 45 ans à la mort de Platon.

Ruiné dans des spéculations commerciales, il se promenait un jour dans les rue d'Athènes, quand il entendit un homme lisant des mémoires sur Socrate. Il s'arrêta, écouta cette lecture nouvelle pour lui et frappé de ces belles pages sur la tempérance, la volupté et la vertu, il demanda où l'on enseignait de telles doctrines. On lui enseigna l'école de Cratès et il suivit ses leçons.

Il avait alors trente ans.

L'enseignement de Cratès tournait alors au cynisme. Dégoûté

500 DICTIONNAIRE RAISONNÉ DE PHILOSOPHIE MORALE

de cette doctrine, il fonda lui-même la secte stoïcienne. Devenu célèbre, il fut adulé du peuple d'Athènes et reçut les hommages de plusieurs souverains.

Ses principaux ouvrages de morale sont : Du devoir; De la vie selon la nature; De la loi ; Des passions.

Il reprochait à Platon son mysticisme et pour échapper à ses illusions poétiques, il se rapprocha du panthéisme. En logique, il s'éloignait peu d'Aristote dont il rendit l'argumentation plus serrée et plus sévère.

Juvénal a dit de lui qu'il ne différait de Diogène que par la tunique; mais cette appréciation n'est pas juste puisqu'il prenait la morale pour guide, en l'exagérant. En effet son stoïcisme défendait la douleur et les regrets, même à la tendresse paternelle.

Zoroastre.

Législateur religieux des populations bactriennes et fondateur de la religion appelée le Parsisme, du nom des Perses qui l'adoptèrent. Platon l'a signalé le premier. Zoroastre vivait environ cinq siècles avant J.-C.

La doctrine de Zoroastre est fondée sur l'existence de deux principes Ormuzd ou Oromaze, principe du bien, et Ahrimane principe du mal. Selon lui, « le premier doit l'emporter à la longue, car il est le créateur de la pureté.

D

Ormuzd a créé toutes choses parfaites; Ahrimane pénètre dans cette œuvre pour la bouleverser. Il y jette l'hiver, la paresse, les mauvaises pensées, la maladie, la mort, les animaux malfaisants, les plantes nuisibles, etc.

Zoroastre enseigne aux hommes comment ils peuvent combattre le mal et contribuer au bien. Il prescrit la prière, le travail, l'agriculture. « Après la lutte, dit-il, se trouvera le repos et la récompense dans la vie immortelle. >>

FIN.

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