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de contours et de couleurs qui plaît à l'œil et fait naître l'admiration.

La beauté morale est celle de l'âme, des sentiments, des actions. « Il y a dans les vérités de la religion, dit Bossuet, une beauté divine qui les rend aimables. »

D'après Platon, notre âme possède en elle l'idée du beau archétype, image de la divinité. Les choses sont d'autant plus belles qu'elles participent davantage de Dieu.

Aristote définit la beauté : une réunion des idées de grandeur, d'ordre et d'unité.

Leibnitz déclare simplement que le beau est ce qui plait et le laid ce qui déplaît.

Polyclète la place dans la parfaite proportion des parties.

Les définitions de la beauté sont donc très variées. L'homme seul la connaît et l'apprécie, parce qu'il est seul capable de saisir les rapports harmoniques des choses. Cette faculté de sentir et de comprendre le vrai beau constitue l'Esthétique.

Ce serait en vain que l'homme prétendrait atteindre au faîte du beau et du bon si la puissance suprême n'avait déposé en lui un rayon d'intelligence, si nous ne cherchions pas à suivre ces voies d'unité, d'harmonie, de beauté, d'ordre et de proportion que nous observons dans les plus merveilleuses productions de la divinité. Aussi, comme l'âme n'est jamais mieux réglée que par l'harmonie de la justice; la beauté, la régularité, la symétrie et les plus nobles attributs du génie sont le résultat de cette recherche du vrai et du beau dans la nature. (Virey).

Bias.

L'un des sept sages de la Grèce, en Ionie, vers l'an 570 avant Jésus-Christ.

Contrairement à la plupart des philosophes, Bias s'abstint de toute recherche sur la divinité et la création. Il condamnait même les spéculations philosophiques. Sa morale était surtout pratique; il consacra sa grande fortune à de nobles actions, en la dédaignant pour son propre compte. Aussi disait-il volontiers : « Je porte tout avec moi. »

Bias mourut à un âge avancé, en plaidant pour l'un de ses amis et fut très regretté de ses compatriotes.

Bible. La Bible est la collection des Saintes Écritures considérées comme base de la religion révélée. Elle est le grand monument historique de la religion au sein de laquelle est né le Christianisme.

La Bible n'est pas, comme l'Iliade ou l'Odyssée, un poème où l'homme raconte et chante les aventures de ses Dieux mêlées à ses propres aventures. C'est un dialogue entre Dieu et l'homme personnifié dans le peuple hébreu. C'est, d'une part, la volonté et l'action divine; de l'autre, la liberté et la foi humaine.

Dieu a inspiré à Moïse les lois qui règlent les devoirs de l'homme, mais il a laissé aux savants la découverte des lois qui président à l'ordre des mondes. Les Livres saints parlent selon ce que pensent et peuvent comprendre les générations auxquelles ils s'adressent : « Beaucoup de choses, dit saint Jérôme, sont racontées dans les écritures selon le jugement des temps où elles se sont passées, et non selon ce que contenait la vérité. »

Plus on pénètre dans l'étude des Livres saints, plus l'inspiration divine y devient manifeste; mais l'interprétation en est devenue, par suite des innombrables traductions qui en ont été faites, difficile et incertaine.

Bien. Dans son acception la plus générale, le Bien est l'accomplissement de toutes les lois qui régissent l'univers, c'est l'ordre qui préside à l'ensemble des phénomènes dont l'enchaînement constitue la nature.

En ce qui concerne l'homme, le Bien est l'accomplissement normal de sa destinée. Les actions qu'il fait et celles que les autres font ne sont bonnes ou mauvaises que par leur concours ou leur opposition à l'ordre général.

A peine sommes-nous nés que le spectacle de l'univers inspire à notre raison cette grande pensée, que chaque être a sa destination spéciale; elle grandit avec nous et l'expérience la confirme. Chaque étre, ainsi que le dit Jouffroy, a son chemin et son rôle, selon son organisation, son sexe et sa position sociale.

L'ordre et le bien sont donc une même chose dans chaque être, l'accomplissement de sa destinée; dans l'univers, l'accomplissement de toutes les destinées; c'est-à-dire ce que Dieu a conçu.

Les forces, par leur nature, tendent à se développer, la matière à rester ce qu'elle est. Le développement est la destinée et le bien des premières, l'inertie est la destination des autres.

Mais les forces intelligentes sont souvent, par leur liberté même, en contradiction les unes avec les autres; au lieu de se développer parallèlement elles se montrent et se choquent; elles sont l'une pour l'autre un obstacle, un empêchement. De là la lutte ou le sacrifice : ce que l'un fait dans l'œuvre générale est le bien, ce que l'autre fait dans le sens contraire est le mal. Le mal est donc pour chaque être l'imperfection de l'œuvre à laquelle la nature le destine.

Le propre des natures raisonnables est de comprendre le bien, comme celui des natures sensibles est de le sentir. Le bien n'est donc pas la satisfaction d'un devoir aveugle, il est l'accomplissement de l'ordre universel en nous, et de même qu'il est nécessaire à notre nature, agréable à notre sensibilité, il devient respectable pour notre raison, parce qu'elle y voit l'ordre. Si notre instinct et notre sensibilité sont individuels et égoïstes, notre raison est impartiale; elle préfère le bien à l'individu, parce que l'individu n'a de prix à ses yeux que comme instrument de l'ordre général (voyez le mot Ordre).

Nous l'avons dit: Seul, parmi les êtres créés, l'homme est libre de faire le bien ou le mal, seul, il est maître de ne pas concourir à l'ordre général de l'univers, est-ce à dire qu'il ne doive s'occuper que de lui? Non, certes; en fut-il plus malheureux, son devoir serait de s'oublier pour ses semblables. Mais, loin de là, c'est son bien qu'il y trouverait, d'abord comme membre de cette société pour laquelle il travaillerait; ensuite, parce qu'il en acquerrait de la considération à ses propres yeux comme à ceux de ses compatriotes; enfin, parce qu'il ne serait plus sujet à ces mécomptes éternels qu'on éprouve en n'agissant que dans la seule vue de son intérêt personnel.

Il n'est pas une situation sociale dans laquelle on n'ait l'occasion de faire le bien. Dans telle classe que le sort nous ait fait naître, notre destinée est entre nos mains: nous serons heureux ou malheureux selon que nous serons vertueux, éclairés, égoïstes, envieux ou méchants. Quelle noble mission que celle des puissants de la terre! Objets de toutes les sollicitudes, ils n'ont à

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s'occuper que du bien général, à exercer le noble patronage que la société leur a délégué. Voilà leur destination, la seule qui puisse les honorer et les rendre dignes de vénération. Et si, au lieu de cette vue généreuse, ils songent encore à eux, si l'ambition les dévore, s'ils écoutent la vanité ou la voix des plaisirs, si la sensualité ou l'orgueil s'emparent de leur âme, c'en est fait de leur bonheur, de leur avenir, de leur gloire. Maudits par leurs contemporains, oubliés de la postérité, ils recueilleront le fruit de leurs funestes erreurs.

En résumé, le bien a été la pensée du Créateur, il doit être celle des hommes, et le malheur est le lot de ceux qui ne la comprennent pas ou qui, la comprenant, ne s'y conforment pas de tout cœur.

Bienfaisance.

Action ou habitude de faire du bien. Quel usage plus doux pourriez-vous faire de votre opulence et de votre pouvoir? dit Massillon; et en effet vous attirer des hommages? mais l'orgueil lui-même s'en lasse. Commander aux hommes et leur donner des lois ? Mais ce sont là les soins de l'autorité, ce n'en est pas le plaisir. Voir, autour de vous, multiplier à l'infini vos serviteurs? Mais ce sont des témoins qui vous embarrassent et vous gênent. Habiter des palais somptueux? Les soucis et les chagrins viennent y habiter avec vous. Y rassembler tous les plaisirs? Ils peuvent remplir ces vastes édifices, mais ils laissent toujours votre cœur vide. Trouver tous les jours dans votre opulence de nouvelles ressources à vos caprices? La variété des ressources tarit bientôt, tout s'épuise; il faut revenir sur ses pas et recommencer ce que l'ennui rend insipide et ce que l'oisiveté a rendu nécessaire...

Employez vos biens et votre autorité à tous les usages que l'orgueil et les plaisirs peuvent inventer, vous serez rassasiés, jamais satisfaits : ils vous montreront la joie, mais ne la laisseront pas dans votre cœur. Employez-les à faire des heureux, à rendre la vie plus douce et plus supportable à des infortunés que l'excès de la misère a peut-être réduits mille fois à souhaiter, comme Job, que le jour de leur naissance eût été la nuit éternelle de leur tombeau; vous sentirez alors le plaisir d'être né grand; vous goûterez la véritable douceur de votre état c'est le seul pri

vilège qui le rend digne d'envie. Toute cette vaine montre qui vous entoure est pour les autres ; ce plaisir-là est pour vous seul. Tout le reste a ses amertumes. La joie de faire du bien est tout autrement douce et touchante que la joie de le recevoir. Revenez-y encore, c'est un plaisir qui ne s'use point; plus on le goûte, plus on se sent digne de le goûter. On s'accoutume à sa prospérité propre et on y devient insensible, mais on sent toujours la joie d'être l'auteur de la prospérité d'autrui. Chaque bienfait porte dans notre âme ce plaisir doux et secret, et le long usage qui endurcit le cœur à tous les plaisirs de la vie, le rend ici plus sensible.

La bienfaisance est le bonheur de la vertu, il n'y en a point de plus grand et de plus assuré. (Bernardin de St-Pierre).

La bienfaisance est un besoin de l'âme heureux, elle nous rend notre bonheur plus doux, l'étend, le multiplie, en prévient les dégoûts; malheureux, elle charme et suspend nos misères; on ressent moins ses maux en consolant ses frères.

Bienséance.

(X).

La bienséance exprime un rapport moral entre une action, une expression et une idée de modestie, de grâce ou de pudeur. La convenance n'exprime qu'un rapport avec les usages. On peut choquer les convenances sans être sot ou vicieux, on ne manque à la bienséance que par ignorance ou grossièreté.

Bienveillance.- La bienveillance n'est pas une vertu. Elle naît du caractère. Inconnue à certains êtres, malheureusement organisés, elle est naturelle à l'homme bon et quelque peu civilisé. Aussi n'est-ce pas de cette bienveillance innée que je veux m'occuper, mais de celle qui s'acquiert, de celle que donne le Christianisme.

Celle-là est indépendante de l'humeur, du caprice, des événements; elle est stable autant que l'autre est passagère et prompte à s'enfuir à la première occasion.

Dégagée du moi, elle est toute à celui qui a besoin de nous; heureuse de lui être utile, de le distraire de ses maux, elle écoute

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